Allocution de M. Robert Ménard, maire de Béziers
Le 26 juillet dernier, il y a tout juste un an, le Père Jacques Hamel était assassiné alors qu’il célébrait la messe. Egorgé par deux islamistes, aux cris d’Allah Akbar.
Réunis, regroupés au pied de notre cathédrale, sur cette petite promenade qui porte son nom, résonnent encore, dans nos têtes, dans nos âmes, les derniers mots de ce vieux prêtre, de ce vieil homme, frêle, fragile, sans aucune défense. Sur le point de mourir, c’est en s’écriant « Satan, va-t-en ! Va-t-en Satan ! » qu’il s’est effondré, revêtu de son étole rouge, celle des martyrs justement.
D’un côté un cri de haine, de l’autre le rejet de cette haine. D’un côté, ce qu’il faut bien appeler le mal ; de l’autre, une supplique pour y échapper, pour s’en défendre, pour le chasser.
Mais échappe-t-on au mal ? On peut toujours, lâchement, refuser de le voir, de le désigner, de le combattre – qui, parmi nous, parle encore de Satan ? – il n’en reste pas moins présent au cœur de l’homme, au cœur des hommes.
Le drame de Saint-Etienne-du-Rouvray nous dit, dans sa nudité, que certains ont fait allégeance au mal, ont juré notre perte, qu’ils sont prêts à perdre leur vie pour s’emparer de notre mort.
Béatifier le Père Hamel, bien sûr. C’est l’affaire de l’Église et du Pape François qui entend saluer un martyre, un homme qui accepte – je cite le Saint Père – « une mort certaine et à court terme (…) par un don total, radical et sans retour de soi pour les autres ».
Ce qui est en revanche notre affaire, c’est d’avoir le courage de dire, de donner un visage à ce mal qui, mois après mois, depuis des années maintenant, terrifie, ensanglante notre pays, gangrène notre monde.
Les assassins du père Hamel ne visaient pas seulement un homme, un homme d’église, ils visaient à travers lui ce que nous sommes, cette civilisation vieille de 2000 ans, ce regard, fait de respect, que nous portons les uns sur les autres, les hommes sur les femmes, les croyants sur les non croyants. Ils visaient cette histoire et cette culture partagées, cet apprentissage d’une liberté qui se nourrit de celle des autres.
C’est tout cela que ces deux islamistes ont tenté d’égorger un mardi, au matin, juste après l’homélie, dans une église, petite, humble, sans faste, où s’était retrouvée une poignée de fidèles.
C’est cela que nous voulons défendre, que nous devons défendre. Sans esprit de vengeance mais avec fermeté. Une fermeté qui se nourrit du sentiment, de la conviction que nous sommes dans notre droit, qu’il en va du monde que nous laisserons à nos enfants, d’un monde que nous ne voulons pas voir menacé par de nouveaux Saint-Etienne-du-Rouvray. C’est inacceptable, c’est intolérable. Nous ne l’accepterons pas, nous ne le tolèrerons pas.
Pour le Père Hamel, martyre de l’Eglise. Pour toutes les victimes de cet islamisme qui tue. Pour ne plus se contenter de fleurs et de couronnes. Pour l’obligation qui est la nôtre, non pas de pardonner, encore moins d’oublier mais de refuser cette culture de mort. Pour la vie, nous allons, ensemble, respecter une minute de silence.