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La Nouvelle Revue de Presse

 

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SUR LE CANTON

 

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EN FRANCE

 

UNE ANALYSE TRÈS PERTINENTE D'YVAN BLOT

MACRON ET L'OPINION

 

Blot Yvan.jpg1/ Macron Jupiter ? Ses atouts

On peut analyser, à la façon d’Aristote, le phénomène Macron en étudiant sa cause finale, la philosophie qui l’inspire, sa cause formelle qui sont les réseaux oligarchiques qui structurent le pouvoir depuis longtemps, sa cause efficiente, c’est l’homme Macron et son narcissisme du mérite, et sa cause matérielle qui est liée à sa formation d’inspecteur des finances et de banquier.

a/ Cause finale : l’esprit maçonnique

Sur sa photo officielle, Macron présente trois livres sur son bureau : les Mémoires de Guerre de Charles de Gaulle, les œuvres de Stendhal (franc-maçon bonapartiste) et les nourritures terrestres d’André Gide, bourgeois non conformiste, sensuel et homosexuel.

Il se réclame du 18ème siècle : « l’Europe et le monde attendent que nous défendions l’esprit des Lumières » déclare-t-il dans son deuxième discours présidentiel devant la pyramide du Louvre (symbole maçonnique). L’esprit des Lumières semble être ce qui donne du sens à sa vie, comme pour Ivan Karamazov, le personnage de Dostoïevski.

b/ Cause formelle : les réseaux de l’oligarchie

Faute d’être un homme du peuple, ce riche bourgeois est un homme de réseaux : réseau des anciens de l’Ecole Nationale d’Administration, réseau de l’inspection général des finances, réseau des milieux bancaires. Ce financier trouve des appuis dans les réseaux médiatiques, très soumis à la finance et dans les réseaux maçonniques. Son ministre de l’intérieur Gérard Collomb est un maçon de haut grade, comme l’homme chargé des investitures du parti « En marche » aux élections législatives, Jean-Paul Delevoye. La puissance de ces réseaux oligarchiques compense, en termes de pouvoir, son manque total d’enracinement populaire.

Les institutions oligarchiques de la France le favorisent. Aux élections législatives qui suivent sa victoire aux présidentielles, son parti obtient 32,32% des voix au premier tour et 49%  au deuxième tour avec 350  députés élus sur 577  soit plus que la majorité absolue. Ce très beau résultat en sièges est dû à la loi électorale qui favorise les partis modérés. Ainsi, le Front National avec 13%  des voix au premier tour n’obtient pas 13%  des sièges soit 75 députés mais 8 seulement. Macron a donc une solide majorité à l’assemblée nationale mais ses représentants n’ont été élus que par 16%  des électeurs inscrits au premier tour. Il est fort au parlement mais faible au niveau du peuple. C’est cette force des réseaux oligarchiques qui donne l’impression d’un Macron tout puissant, qui pourrait mériter le surnom de Jupiter.

Les réseaux médiatiques montrent leur préférence pour l’oligarchie et leur indifférence au reste du peuple. Une anecdote reflète cette réalité : pendant la campagne électorale, l’oligarque Nathalie Kosciusko Morizet a une altercation avec un citoyen lambda (maire d’un gros village de province) et les medias s’indignent massivement contre cette « agression », espérant sans doute lui faire gagner des voix aux élections législatives où elle était désavouée par le peuple.. La justice convoque le suspect. A la même période, le maire de Montfermeil est renversé délibérément par un jeune voyou en scooter : pas un mot dans les médias. Ce maire Pierre Bernard est catholique conservateur et n’appartient pas à la nouvelle aristocratie mondialiste et maçonnique ! Deux poids deux mesures dans les médias et aussi au niveau judiciaire !

c/ La cause efficiente, l’homme lui-même.

Macron est essentiellement narcissique, comme l’étaient Gide et Stendhal. Dans son livre « Révolutions », il écrit 250 fois les mots « je, moi » dans les 50 premières pages et une seule fois le mot « France ». Dans le chapitre consacré à sa femme, il parle quatre fois plus de lui que d’elle. Dans la pièce de Shakespeare, « le Marchand de Venise », il est comme le niais qui choisit le coffret en argent où est écrit : « qui me choisit aura ce qu’il mérite ». Shakespeare oppose à cette formule celle, sacrificielle, du coffret de plomb : « qui me choisit est prêt à risquer et à donner tout ce qu’il a ». Ses hurlements dans certains discours ou lorsqu’on le contredit sont dus à ce centrage sur soi.

Néanmoins, il a une forte maitrise de soi, et il a fait de brillantes études à l’ENA mais il a échoué deux fois à entrer à l’Ecole Normale Supérieure malgré son goût pour les belles lettres. C’est un ambitieux et c’est une grande force en politique. Il a des atouts importants.

Il est relativiste et pragmatique. Il prend parti tour à tour pour et contre la dépénalisation du cannabis, en 2014 il se dit socialiste mais il dit l’inverse au Puy du Fou en 2015. Il oscille sur les 35 heures de temps de travail ou sur le mariage homosexuel. Il est nomade et déclare en février 2017 à Lyon : «  il n’y a pas de culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse, » répétant le credo des élites mondialistes. Il est cynique et semble mépriser le « petit peuple » : en juillet 2017, il déclare «  une gare, c’est un lieu où l’on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». C’est le reflet du monde moderne décrit par le philosophe Heidegger où les hommes sont avant tout considérés comme des matières premières pour l’économie (on ne parle plus du personnel mais de « la ressource humaine »).

La cause matérielle, qui fait à la fois la force et la faiblesse de Macron, est l’économie et la finance. Il a été inspecteur des finances, ministre de l’économie, banquier chez Rothschild. Il essayera sans doute de modifier le code du travail comme le social-démocrate allemand Schroeder autrefois. On peut appliquer à Macron la phrase de de Gaulle sur Giscard : son problème, c’est le peuple. Giscard n’a fait qu’un mandat de président puis a été chassé par le peuple au profit de Mitterrand. L’histoire se répétera-t-elle ?

2/ la faiblesse sociologique du macronisme

On a remarqué que, en raison notamment de l’abstention, qui touche un Français sur deux et bien plus dans la jeunesse, Macron n’a obtenu le soutien explicite que de 18%  des inscrits sur les listes électorales et 24%  des suffrages exprimés aux élections présidentielles. 80%  des Français ne sont pas macronistes, d’autant plus que son positionnement personnel sur le plan des idées est contradictoire avec l’évolution récente de l’opinion publique.

Selon le sociologue et géographe Christophe Guilluy, la France est en train de scinder en deux parts. La première partie qui coïncide avec ce que représente Macron, est composée de catégories sociales supérieures qui bénéficient de la mondialisation (cadres supérieurs de sociétés) ou qui sont protégées de celle-ci (haute fonction publique, enseignants d’Etat). Cela fait tout de même près de 40%  des Français.

Mais la deuxième partie de la population représente ceux qui perdent au change et qui se raccrochent à leurs valeurs traditionnelles pour bénéficier du capital culturel collectif qui les protège contre les menaces étrangères. On se souvient de Jean Jaurès qui disait : « les pauvres n’ont que la patrie ». Ce sont les catégories en croissance, notamment beaucoup de jeunes, qui souffrent de l’immigration de masse et de la délinquance montante (de 1,5 million de crimes et délits en 1968 à 4,5 millions aujourd’hui), issue pour une grande partie de l’immigration. A cela s’ajoute le malaise créé par le chômage (10%  de la population mais 25%  chez les jeunes de moins de 25 ans), et les faillites d’agriculteurs, de petites entreprises commerciales et artisanales. Guilluy considère que cette France « périphérique » représente 60%  de la population. Elle augmente avec le déclin des classes moyennes provinciales. Il appelle cette France « périphérique » par opposition aux  les grands centres urbains comme Paris où les gens souffrent moins et votent centre gauche, donc Macron.

Cette France n’est guère représentée dans les milieux du pouvoir. Les medias officiels se sont félicités du pourcentage élevé de femmes dans la nouvelle assemblée. Mais ils sont restés discrets sur l’absence d’ouvriers (deux personnes sur 350  députés macronistes !), l’absence d’une façon plus générale des catégories souffrantes de la population. Celles-ci, peu représentées dans les instances politiques sont muselées par les médias qui ne parlent que des classes dirigeantes ou bien des immigrés ! Le pauvre n’intéresse pas les médias s’il est Français de souche ! Le sentiment d’injustice ne fait que croître.

3/ Le durcissement conservateur de l’opinion publique

Les changements de l‘opinion publique sont liés à cette formule célèbre depuis Eschyle, l’auteur tragique du Vème siècle avant notre ère : « paqos maqein »,( en caractères latins pathos mathein) qui signifie en grec : on apprend par la souffrance. Ainsi, le nombre de personnes favorables à la peine de mort augmente et atteint 52% (+7% entre 2014 et 205). Le chiffre est de 37%  chez les cadres mais de 67%  chez les ouvriers et de 53%  chez les retraités. Ce sont les plus faibles qui se rebiffent ! Doit-on les insulter comme le font les oligarques sur les medias ?

69%  de citoyens pensent qu’on évolue vers trop d’assistanat et rejettent une démagogie de gauche.

La nostalgie envers la France d’autrefois frappe 70%  de la population mais ce chiffre est plus fort chez les plus jeunes avec 78% (contre 65% chez les plus de 65 ans). Cela montre bien que la montée du conservatisme est plus forte chez les jeunes. 70% disent s’inspirer de plus en plus des valeurs du passé. 43%  seulement (contre 57%) pensent que l’avenir offrira plus d’opportunités ! 21%  seulement pensent que la France n’est pas en déclin. Ce chiffre est de 24%  chez les cadres mais de 14%  chez les ouvriers !

4/ La crainte croissante de l’immigration et de l’islam

68%  des Français pensent que la moitié des immigrés ou « une grande majorité » (34%) n’est pas bien intégrée. Pour 61% des Français, les immigrés ne font pas d’efforts pour s’intégrer. Pour 65% il y a trop d’étrangers en France (ces 2 résultats ne sont pas publiés dans la brochure de la fondation Jean Jaurès mais ont été publiés dans le Figaro, moins porté semble-t-il sur la censure du politiquement incorrect). 61%  des Français ont le sentiment de ne plus être autant chez soi qu’autrefois.  Ce sentiment ne touche que 47%  des cadres mais 72%  des ouvriers !

40%  des gens pensent que l’islam est compatible avec les valeurs de la France (contre 92%  pour le catholicisme). 74%  pensent que l’islam cherche à imposer sa loi dans le pays. Le chiffre de ceux qui pensent que l’islam  porte des germes de violence et d’intolérance est passé de 33%  en 2015  à 46% en 2017 ; Le pourcentage de jeunes méfiants envers l’islam est plus fort (52%) que le pourcentage de gens plus âgés (43%). 81% pensent que l’intégrisme islamique est une grave menace. Ce chiffre a cru d’un tiers chez les jeunes de moins de 35 ans en un an !

5/Une nouvelle lutte des classes en France ?

Les questions d’immigration et d’islam montent un clivage important entre la France mondialiste plus riche et la France qui souffre. Un tiers des ouvriers et un tiers des jeunes de moins de 35 ans considèrent que la démocratie telle qu’elle fonctionne à présent n’est pas nécessairement le meilleur système.

On assiste à une coupure de la France en deux. Les satisfaits ne s’inquiètent pas de l’immigration, de l’insécurité et du chômage. Mais ils pratiquent des comportements d’évitement grâce à leurs revenus. La hausse des prix du foncier a éliminé les plus faibles financièrement des centres villes. Les catégories supérieures s’arrangent pour mettre leurs enfants dans les écoles où il y a très peu d’immigrés : moyennant quoi ils donnent des leçons d’ouverture et d’antiracisme à ceux qui n’ont pas les moyens de faire pareil. Les privilégiés méprisent le reste de la population considéré comme xénophobe et peu ouvert moralement. Le « petit peuple » écoeuré de ne jamais avoir la parole sur les médias et d’être stigmatisé injustement s’abstient aux élections ou vote pour les partis populistes. Beaucoup d’ouvriers ont quitté les partis et syndicats de gauche et se tournent vers les partis  patriotes.

6/ La crise de confiance à l’égard des institutions et de la classe politique

a/ L’effondrement de la confiance des citoyens

Les médias, les députés et les partis politiques font l’objet d’une défiance générale : 73% des Français n’ont pas confiance dans les médias, pensent qu’ils font de la propagande, mentent et censurent la réalité. 74%  n’ont pas confiance dans les députés. 89%  n’ont pas confiance dans les partis politiques et jugent que les chefs de ces partis sont incompétents et sans moralité.

La défiance à l’égard des syndicats et de l’Union européenne touche les deux tiers des citoyens selon les enquêtes IPSOS auxquelles nous nous référons.  La méfiance envers les banques, la justice et les grandes entreprises concerne un citoyen sur deux.

Par contre, les Français font confiance à l’armée (84%), la police (77%) et les petites et moyennes entreprises. Parmi les élus, seuls les maires ont une bonne côte de confiance(66%)

L’envers de cette méfiance est que les Français demandent plus d’autorité (88%) et 85%  disent qu’on a besoin d’un vrai chef pour remettre de l’ordre.

65%  des Français pensent que les politiques sont majoritairement corrompus, 84%  pensent que les hommes politiques agissent pour leurs intérêts personnels et pas dans l’intérêt des Français. On comprend alors le taux d’abstention énorme (51%) aux dernières élections législatives.

78%  trouvent que leurs idées ne sont pas représentés et que la démocratie représentative fonctionne mal.

70%  voudraient être consultés lors de référendums (démocratie directe).

b/ La confiance dans l’opposition est faible.

Les Républicains sont considérés comme ayant les mêmes défauts que les socialistes ou le parti de Macron.

Le Front National est considéré comme différent mais toutefois sans solutions réalistes (66%), éloigné des préoccupations des gens (68%) et incapable de gouverner le pays (69%).

60% trouvent même ce parti dangereux. C’est peut-être à rapprocher de l’opinion des Français sur l’euro : 75%  souhaitent rester dans l’euro (+8 points en un an). Même les ouvriers sont favorables à l’euro (63%).

7/ Conclusion : la fragilité de Macron

Le nouveau président français a quelques atouts mais il reste minoritaire dans l’opinion publique. Ayant conscience de cette faiblesse, il s’attache à se donner une dimension internationale pour renforcer son prestige. Il sait que les Français souhaitent aujourd’hui un vrai chef. Ses entretiens avec le président de la Russie ou le président américain ont pour but de renforcer le prestige intérieur du président Macron. Il a besoin d’être considéré par eux comme quelqu’un d’important.

Les réformes sociétales souhaitées par la classe dirigeante et une majorité de la maçonnerie ne sont pas un atout pour le président sauf sur certains sujets concernant les mœurs.

La confiance sera liée aux résultats économiques. Macron veut désétatiser l’économie française, réduire les dépenses publiques mais il affrontera la gauche sur ce terrain difficile. A l’inverse, s’il apparaît trop faible sur les sujets comme l’insécurité, le terrorisme ou l’immigration de masse, il perdra du terrain au profit des partis qui investiront le champ patriotique.

Comme sa force est dans les réseaux oligarchiques et non dans le peuple, il ne cherchera pas à mettre en place une vraie démocratie directe. Tout au plus aurait-il recours au référendum sur des sujets d’exception.

Le vrai problème pour son succès dans la durée est sa capacité à surmonter le lutte des classes croissante dans le pays et à satisfaire les classes qui souffrent le plus de l’immigration de masse, de l’insécurité et du chômage. Cela supposerait de sa part un très grand virage pour se libérer des pesanteurs sociologiques qui font de lui le représentant des élites privilégiées et l’homme volontiers méprisant à l’égard du « petit peuple », petit peuple qui est voué, surtout quand on voit le vote des jeunes, à devenir de plus en plus majoritaire.

[1] Le Club international de discussion de Valdai a été créé en Russie en 2004 et regroupe des experts pour examiner la situation internationale et la place de la Russie. Le président Poutine vient chaque année à la principale session.

Les données démoscopiques uilisées dans cette note sont issues essentiellement de « Fractures françaises » de Gérard Courtois, Gilles Finchelstein, Pascal Perrineau et Brice Teinturier, à partir des travaux de l’institut Ipsos/Stéria d’avril 2015 ; Editions Jean Jaurès

Ivan Blot, Ancien député, Expert au Club de Valdaï (1)

Coprésident des Volontaires pour la France

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DANS LE MONDE

Attentats de Barcelone:

"le Maroc avait alerté sur les binationaux"

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Emmanuel Dupuy, président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE)

© Copyright : Le360 : Adil Gadrouz

 

"Les services marocains avaient alerté, particulièrement sur des binationaux espagnols", dévoile le président de l'Institut prospective et sécurité en Europe, Emmanuel Dupuy. Il estime que l'attentat barcelonais remet à l'ordre du jour la nécessité pour l'Europe de s'inspirer du BCIJ marocain.

Les services marocains avaient bel et bien alerté sur des binationaux espagnols, et particulièrement sur le "Molenbeek espagnol", Ripoll, localité où résidaient les membres de la cellule terroriste à l'origine de l'attaque au bélier de jeudi 17 juillet, sur les Ramblas, au centre de Barcelone (13 morts et plus de 120 blessés), et l'attentat de Cambrils, province de la Tarragone, qui a fait un mort. C'est ce que vient de dévoiler le président de l'Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), Emmanuel Dupuy, dans une interview à nos confrères français de la "Nouvelle République".

Le spécialiste français en questions de sécurité ne manque pas de planter au passage une pique à la Catalogne qui, du fait de son "autonomisme", avait justement refusé de collaborer, en déclinant l'offre de "participer au pacte national espagnol d'échange d'informations sur le terrorisme islamiste". Ceci, "alors que 30% des fichés S espagnols vivent en Catalogne".

"On sait aujourd'hui que la plupart des membres de la cellule démantelée en Catalogne sont marocains ou binationaux",  souligne le président de l'IPSE. "La coopération existe déjà, notamment entre le Maroc, l'Espagne, le Portugal et la France (G4)", relève-t-il encore. Seulement voilà, "il manque à cette coopération une dimension que, justement, seul le Maroc a mise en place: la dimension judiciaire".

"En 2015, le Maroc a, en effet, créé un Bureau central d'investigations judiciaires, qui regroupe tout le renseignement venant aussi de la criminalité, des trafics, des financements suspects, etc", rappelle-t-il. "Depuis 2015, ce bureau (Bureau central des investigations judiciaires) a empêché une cinquantaine d'attentats, démantelé 300 cellules, fait arrêter et incarcérer plus de 2.000 +revenants+ d'Irak ou Syrie", fait-il valoir.

Autre grief fait par l'expert, il concerne la France elle-même, accusée de ne pas avoir suivi l'exemple du Maroc en créant un équivalent français du Bureau central des investigations judiciaires (surnommé "le FBI marocain"). "Le rapport Fenech, post attentat 2015, avait préconisé la création d'un tel bureau en France, mais cela n'a pas été suivi d'effet", déplore-t-il.

L'expert français estime néanmoins que "l'attentat barcelonais pourrait remettre ce sujet (création d'un bureau central des investigations judiciaires) à l'ordre du jour".

"Une coopération plus serrée encore entre des pays cibles et le Maghreb" s'imposerait aujourd'hui plus que tout autre temps, exhorte l'expert français, en plaidant pour l'élargissement de cette coopération au-delà de la France, l'Espagne, le Portugal et le Maroc, pour inclure aussi l'Italie.

Ziad Alami

Le 360

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Algérie : la quasi-totalité des frontières

avec les pays limitrophes fermées

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Avec le Maroc et la Mauritanie, les frontières de l'Algerie sont officiellement fermées. Avec ses voisins du Sud, à savoir le Mali et le Niger, c'est une fermeture de fait, à cause de la situation d'insécurité et des accusations de "complot sioniste" sur la migration. Enfin, avec la Libye, la relation n'est réelle qu'avec Fayez Al-Sarraj, tandis que les hommes du général Haftar ont clairement montré que la confiance n'est pas à l'ordre du jour.


Dédaigneuse et hautaine avec ses deux voisins subsahariens, comme le prouvent les récentes déclarations racistes contre les migrants originaires de ces pays, Alger semble regretter d'appartenir au continent noir.

Nourrissant une haine viscérale contre le Maroc et source d'insécurité pour la Mauritanie, il ne lui reste désormais que la Tunisie avec qui les échanges terrestres existent encore.

Gâchis diplomatique et économique

En somme, c'est un vrai gâchis diplomatique et économique. Si l'on observe la carte de l'Afrique, rares sont les pays qui comptent autant de frontières terrestres qu'elle, à part peut-être le Soudan, le Mali, la RD Congo, la Tanzanie ou le Burkina Faso.

C'est une situation que lui envieraient beaucoup d'autres Etats, parce que source d'opportunités. Sauf que son choix stratégique de vivre en autarcie économique et diplomatique la pousse à ignorer les relations de bon voisinage avec les six pays qui l'entourent.

Avec le Maroc d'abord, c'est une lapalissade que d'affirmer qu'Alger cherche à maintenir des relations heurtées, d'où le refus catégorique de se pencher sérieusement sur la réouverture des frontières.

Ennemi choisi...

Aujourd'hui, Alger persiste dans cette option de s'isoler du Maroc qu'elle s'est choisie, malgré un discours officiel affirmant régulièrement la volonté de construire le Maghreb. Sur une bonne partie de la frontière, murs et grillages sont devenus un décor bien ordinaire.

Concernant la Mauritanie, la décision de fermer la frontière est venue de Nouakchott. Cela n'a sans doute pas été du goût d'Alger, mais son voisin du sud n'a d'autre choix que de "déclarer zone militaire interdite aux civils" cette partie de son territoire, s'il veut se prémunir contre d'éventuelles attaques terroristes.

Car, l'Algérie est considérée par Nouakchott comme le principal repaire des trafiquants et terroristes pouvant s'introduire dans le nord du pays. Elle en a fait l'amère expérience, en 2005, quand le GSPC algérien a attaqué une unité de l'armée mauritanienne, faisant une quinzaine de morts.

Pour ce qui est du Mali et du Niger, les échanges officiels sont inexistants pour deux raisons. La première c'est qu'Alger estime que ces deux pays ne sont qu'émetteurs de migrants, quand ils ne servent pas de lieu de transit pour les Nigérians, les Ivoiriens, les Camerounais et les Tchadiens.

"Sida, crimes, drogues..."

Or, la position officielle, maintes fois exprimée par la présidence algérienne, c'est que les Africains sont sources de "Sida", de "crimes, de drogues et de plusieurs autres fléaux". Ce sont en effet deux proches collaborateurs de Abdel Aziz Bouteflika qui avaient tenu de tels propos. L'un, Farouk Ksentini est son président de la Commission des droits de l'homme, directement rattachée à la présidence. L'autre, Ahmed Ouyahia, est son chef de cabinet.

Evidemment, de tels propos se traduisent sur le terrain par une fermeture de fait de la frontière avec le Mali par les autorités algériennes. De plus, ces déclarations honteuses ne sont pas tombées dans l'oreille de sourds. Les Africains au sud du Sahara savent désormais à qui ils ont affaire.

L'autre raison pour laquelle les frontières restent étanches , c'est que la zone n'est pas la mieux indiquée pour ceux qui espèrent profiter d'un commerce transfrontalier à cause de l'insécurité et de l'absence d'infrastructures. Pas un seul opérateur économique ne s'y aventure. La nature ayant horreur du vide, la place est occupée par les trafiquants en tous genres et bien sûr par les terroristes algériens et rebelles maliens dont le pays de repli demeure l'Algérie.

Méfiance de Haftar

Il reste bien sûr la Libye. Alger entretient de bonnes relations avec Hafez Al-Sarraj. De trop bonnes relations, estiment les partisans du général Khalifa Haftar, l'autre homme fort de la Libye. Pas plus tard qu'en mai dernier, quand le ministre algérien des Affaires étrangères fraîchement nommé a commis l'impair en se rendant au sud de la Libye, le Parlement de Tobrouk, favorable à Haftar, a vivement dénoncé ce geste.

"Au moment où l'on combat le terrorisme pour sauvegarder la souveraineté nationale (...), nous avons constaté aujourd’hui l’entrée du ministre algérien des Affaires étrangères et sa tournée dans les villes du sud libyen sans contrôle ni autorisation, comme s’il s’agissait d’une ville algérienne. Et il s’est entretenu avec des personnalités qui portent toujours de la haine envers les Libyens", écrivait-il dans un communiqué. Cela explique d'ailleurs qu'Alger ait échoué à réunir les deux frères ennemis libyens.

L'isolement d'Alger est donc certain. Tant que cela ne concernait que ses voisins, cela n'avait aucune importance pour les hommes du régime de Bouteflika. Leur suffisance avec leurs "frères du Maghreb" et leur arrogance avec "les pays de leur profondeur naturelle" ne sont plus à démontrer.

Rejet des ensembles régionaux

Sauf que, aujourd'hui, d'autres paramètres sont en jeu. D'un côté, il y a le continent à qui elle tourne le dos. Au niveau africain, après avoir torpillé la construction de l'Union du Maghreb arabe, l'Algérie ne veut se rapprocher d'aucun groupe sous-régional, ni du Comesma dont font partie l'Égypte et la Tunisie, ni de la CEDEAO avec laquelle elle a une très longue frontière. Sa diplomatie du chéquier, qui a longtemps permis de se faire des amis çà et là, ne marche plus tellement, à cause des prix du baril de pétrole qui se sont effondrés.

De l'autre, il y a la France d'Emmanuel Macron qui montre qu'elle sait se passer d'Alger, quitte à égratigner l'amour propre des caciques qui pensent qu'il suffit de claquer 11 milliards de dollars par an dans des armes pour faire peur à certains et forcer la sympathie d'autres. Alger n'est conviée ni dans le G5 Sahel, ni dans les consultations sur la question migratoire, ni dans la résolution de la question libyenne.

Alors que ce pays se proclame comme profondément enraciné dans l’Afrique, force est de constater qu’il n'échange, par la voie terrestre, qu’avec un seul des six pays dont il partage des frontières.

Cette situation, inédite sur le continent, fait de l’Algérie l’un des pays les plus isolés au monde. Et les frontières fermées sont emblématiques de l’autarcie d’un pays dont les très hauts responsables ne cachent plus leur méfiance, voire leur haine, des autres.

Le 360
Par Mar Bassine

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