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Billet d'humour : parlez-vous le Macron ?

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Emmanuel Macron devant le Congrès réuni à Versailles. ©Ja cques witt/pool/REA.

 

Avec ses "celles et ceux" et ses "tous et toutes", le nouveau président veut aussi casser les codes du langage. Au secours !

Le clin d'oeil de Philippe Eliakim

C’est cela le talent. Avant même de lancer la moindre réforme, Emmanuel Macron a déjà apporté à la France une conquête qui fera sans doute date dans l’histoire : le celzécisme. Pour dire la vérité, ce sont Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo qui, les premiers, ont commencé à dire "celles et ceux" à la place de "ceux", afin, imagine-t-on, de se concilier les faveurs de leurs électrices. Mais c’est bien le nouveau président de la République qui, par sa constance à la répéter sur toutes les estrades, est parvenu à populariser cette expression joyeuse et bienvenue. En quelques mois à peine, le celzécisme est devenu une sorte de sésame langagier dans tout le pays, témoignant de notre volonté collective de réhabiliter les femmes et de les insérer enfin dans la société. "Celles et ceux qui s’apprêtent à commettre un attentat…", disait l’autre matin un journaliste à la radio. C’est le moindre respect qu’on doit aux porteuses de ceinture d’explosifs.

Alors, bien sûr, nous disons bravo ! Mais notre devoir est aussi de mettre en garde les contribuables : cette généreuse avancée sémantique risque de leur coûter pas mal d’argent. Car le celzécisme ne consiste pas seulement à dire "celles et ceux" à la place de "ceux". Il s’agit d’une doctrine globale, d’un principe universel qui a vocation à se saisir du champ lexical dans son ensemble pour y faire entrer partout le principe d’égalité. Est-il acceptable, dans la France de 2017, de continuer à clamer que "l’homme est un loup pour l’homme", alors qu’en réalité ce sont "l’homme et la femme qui sont des loups et des louves pour l’homme et la femme" ? Combien de temps va-t-on devoir patienter pour que les livres d’histoire convertissent la honteuse "Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen" en ce qu’elle aurait toujours dû être, une "Déclaration des Droits de l’Homme et de la Femme et du Citoyen et de la Citoyenne" ?

Et que penser de ces tournures impersonnelles auxquelles, c’est vrai, on ne prête guère attention aujourd’hui, mais qui, quand on y réfléchit, sonnent comme des insultes à la gent féminine ? "Celles et ceux qui ont pris leur parapluie ont eu tort, car il ou elle fait beau", voilà comment, demain, il ou elle faudra s’exprimer, car il ou elle n’est plus tolérable de laisser la discrimination se nicher au coeur même de nos phrases et de notre inconscient. Si, comme dit le vieil adage, "l’homme et la femme sont l’avenir de l’homme et de la femme", alors il n’y a plus une minute à perdre.

Pour en revenir aux contribuables, il (ou elle) est encore trop tôt pour leur révéler combien coûtera la réécriture de millions de pages de formulaires administratifs, la réédition de la totalité des manuels scolaires et la reprise du fronton du musée de l’Homme. Mais cela ne sera pas donné. Que cela ne gâche pas notre plaisir ! Si l’on peut se permettre une dernière fois cette horrible transgression, le président Emmanuel Macron est quand même un grand homme.

Note de la rédaction : il s'agit d'un "billet d'humour". S'il prend comme point de départ des faits réels, tout n'est pas à prendre au premier degré...

Capital

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