C’est avec une certaine indignation, que l’on a appris que le président Macron avait visité la veuve du mathématicien Maurice Audin pour lui confirmer que son mari avait été tué par l’armée à l’époque de la guerre d’Algérie, ce que l’on pensait d’ailleurs savoir. S’il s’agissait d’une mise au point historique, il aurait suffi d’un communiqué émanant d’un service. En revanche cette visite présidentielle en forme de repentance est scandaleuse : ledit Audin était en effet membre du Parti communiste algérien. Non content d’adhérer au parti de la trahison, il avait besoin de s’associer à un clone de celui-ci issu de la rébellion à laquelle son pays faisait alors face au prix du sang de nombre de ses enfants ! En bon français cela s’appelle une trahison. L’on peut regretter qu’Audin ait été mis à mort d’une manière irrégulière. Cependant le préjudice n’est pas grand : un beau procès avec hermines, plaidoiries et réquisitoire aurait dû, dans un Etat normalement constitué, aboutir devant un peloton d’exécution. La démarche présidentielle est donc une célébration de la trahison et une injure pour la glorieuse armée d’Algérie, victorieuse mais trahie. Il est vrai que le même président Macron, ce progressiste revendiqué, s’était déjà illustré dans l’inversion des valeurs en panthéonisant la reine des faiseuses d’anges…
L’on peut aussi faire une analogie avec le président Nicolas Sarkozy qui, pour proposer un modèle à la jeunesse, n’avait rien trouvé de mieux que Guy Moquet, un autre communiste. Sous l’occupation allemande celui-ci, fils de député Front Popu, avait été arrêté par la police française pour propagande communiste. Emprisonné alors que l’Allemagne nazie et l’URSS s’entendaient comme larrons en foire, Guy Moquet a fait les frais de la rupture entre les deux monstres totalitaires. L’on peut lui accorder quelques circonstances atténuantes du fait que son engagement était dû à l’éducation et à l’exemple déplorables donnés par un père communiste, et qu’il n’a pas eu de chance. C’est peut-être une victime (comme il y en a eu, hélas, un grand nombre) mais certes pas un héros national. Et, aux plans littéraires, philosophique et patriotique, sa lettre n’a pas grande valeur…
Ces présidents trouvés, nourris de technocratie et de pensée cosmopolite, sont largement étrangers aux traditions nationales, ce qui les amène à proposer en modèles de fausses valeurs, et à s’appuyer sur elles pour monter des coups politiques. Il convient de s’y opposer en rappelant qu’être communiste est toujours un dérèglement criminel, et que l’idéologie responsable de millions de morts ne saurait être considérée comme une généreuse erreur de jeunesse. Ces présidents qui se veulent comme des illustrations vivantes de la raison moderne se montrent comme des fourriers de la déraison la plus barbare. La démagogie et l’ignorance, à défaut d’être des excuses, sont des explications. Cependant aucun redressement national ne pourra venir de ces héroïsmes frelatés. Seul le mépris peut répondre à ce dévoiement de la mémoire nationale, qui opposera toujours à ces nains politiques et à leurs idoles ses gloires authentiques, de Jeanne d’Arc à Philippe Pétain en passant par Louis XIV.
François Marceron
NB : L’on espère, sans trop y croire, que la prochaine municipalité parisienne, rompant avec l’esprit révolutionnaire de l’actuelle équipe rose-rouge-vert, arrachera la scandaleuse plaque de rue attribuée à Maurice Audin (et quelques autres...)