Avec Jacques Bainville,
déconstruire le premier et le plus sordide
des pseudo "mythes fondateurs" de la Révolution et du Système
« Les ridicules légendes de la Bastille », les « canailles… et les plus sinistres gredins… de mauvaises gens, des criminels capables de tout », disait Bainville… Ridicules et tragiques légendes, oui, mais annonciatrices et créatrices de la Terreur.
Il n'y a a jamais eu de "prise" de la Bastille, mais la perfidie d'une poignée d'émeutiers sanguinaires, brutes avinées, assassins et terroristes dans l'âme, qui, après avoir promis liberté et vie sauve aux quelques dizaines d'hommes présents dans le lieu, n'eurent rien de plus pressé que de les massacrer, de couper leurs têtes et de les promener dans les rues au bout de piques ! C'est le même geste qui a tué Hervé Cornara à Saint Quentin Fallavier le 26 juin 2015 ou le père Hamel le 26 juillet 2016 à Saint-Etienne-du-Rouvray. Ce qui légitime la question : comment peut-on à la fois organiser des hommages à leur égard et se réjouir du 14 juillet ? Il est vrai que nous ne sommes pas à quelques confusions prêt.
Et tout cela a commencé avec et par la pseudo "prise" de la Bastille, vocabulaire convenu employé pour masquer une horreur et une monstruosité, matrice de la Terreur, comme l'a fort bien montré l'historien François Furet qui avait pourtant commencé sa trop courte carrière… à l'extrême-gauche ! Furet écrit que, dès cet épisode du 14 juillet 89, la Terreur est en gestation, "la culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l'été 1789", et la prise de la Bastille inaugure "le spectacle de sang, qui va être inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires"...
Certes, c'est la Fête de la Fédération (14 juillet 1790) que l'on commémore le 14 juillet, mais l'ambigüité persiste. De nombreux journalistes et autres ignorants répètent à satiété tous les 14 juillet : c'est "la prise de la Bastille" que l'on célèbre. Une ambigüité malsaine et savamment entretenue par le Système, qui persiste à parler des "valeurs républicaines".
Denis Tillinac a écrit : "Les valeurs républicaines, ça n'existe pas !" À sa suite Chantal Delsol, Eric Zemmour et bien d'autres, de plus en plus nombreux le répètent…
Les seules "valeurs républicaines" que nous rapporte ce monstrueux "14 juillet 1789", c'est la Terreur, le Totalitarisme, le Génocide…
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Lisons l'historien Jacques Bainville, qu'Éric Zemmour nomme "le grand Bainville" (Journal, Tome III, note du 15 juillet 1929) :
"Supposons qu'on apprenne ce soir qu'une bande de communistes, grossie des éléments louches de la population, a donné l'assaut à la prison de la Santé, massacré le directeur et les gardiens, délivré les détenus politiques et les autres. Supposons que cette journée reste dépourvue de sanctions, que, loin de là, on la glorifie et que les pierres de la prison emportée d'assaut soient vendues sur les places publiques comme un joyeux souvenir. Que dirait-on ? Que se passerait-il ?
D'abord les citoyens prudents commenceraient à penser qu'il ne serait pas maladroit de mettre en sûreté leurs personnes et leurs biens. Tel fut, après 1789, le principe de l'émigration. Mais peut-être y aurait-il aujourd'hui plus de français qu'en 1789 pour accuser l'imprévoyance et la faiblesse du gouvernement et pour les sommer de résister à l'émeute.
Aujourd'hui le sens primitif du 14 juillet devenu fête nationale est un peu oublié et l'on danse parce que c'est le seul jour de l'année où des bals sont permis dans les rues. Mais reportons-nous au 14 juillet 1789 comme si nous en lisions le récit pour la première fois. Il nous apparaîtra qu'il s'agissait d'un très grave désordre, dont l'équivalent ne saurait être toléré sans péril pour la société, qui a conduit tout droit en effet à la Terreur et au règne de la guillotine, accompagnée des assignats. Et le gouvernement qui a laissé s'accomplir sans résister ces choses déplorables serait digne des plus durs reproches.
Nous avons connu un vieux légitimiste qui disait, en manière de paradoxe, que Louis XVI était la seule victime de la Révolution dont le sort fût justifié. Quel avait donc été le tort de Louis XVI ? Quand on lit les Mémoires de Saint-Priest, on s'aperçoit que l'erreur du gouvernement de 1789 n'a pas été d'être tyrannique (il n'était même pas autoritaire) ni d'être hésitant, ni d'être fermé aux aspirations du siècle. Son erreur, énorme et funeste, a été de ne pas croire au mal. Elle a été de ne pas croire qu'il y eût de mauvaises gens, des criminels capables de tout le jour où ils ne rencontrent plus d'obstacle.
Saint-Priest montre Louis XVI dans toutes les circonstances, et jusqu'au 10 août, ou peu s'en faut, convaincu que tout cela s'arrangerait et que ni les émeutiers de la Bastille ni les révolutionnaires n'étaient si méchants qu'on le disait, et d'ailleurs, au moins au début, bien peu de personnes le lui disaient. A la Convention, pendant son procès, Louis XVI répondait encore poliment, comme à des juges impartiaux et intègres. D'ailleurs on peut voir dans les Mémoires de Broussilof, par le général Niessel, que Nicolas II avait sur l'espèce humaine exactement les mêmes illusions, les mêmes illusions mortelles.
Malheur aux peuples dont les chefs ne veulent pas savoir qu'il existe des canailles et restent incrédules quand on leur dit qu'il suffit d'un jour de faiblesse pour lâcher à travers un pays ses plus sinistres gredins !"
Cette analyse est toujours d'actualité. Puissent tous ceux qui vont défiler en hommage à ces jours de terreur, se dire que ce n'est peut-être pas aussi glorieux qu'ils l'imaginent.
Henri Bec