Manuel Valls : « La France ne peut plus accueillir d’immigrés »
L’ancien Premier ministre a répondu à quelques questions du Point. Extraits.
Mitterrand disait en matière d’immigration qu’un « seuil de tolérance » avait été franchi. Le pensez-vous également s’agissant de notre époque ?
Soyons francs : notre échec à intégrer et à assimiler – ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas de réussites – est évident. Cette réalité nous explose au visage depuis des années. Nous subissons un détournement du droit d’asile, une hausse de l’immigration familiale, une homogénéité des zones d’origine, une concentration géographique des populations immigrées pauvres qui ne peut conduire qu’à renforcer des ghettos gangrenés par la violence et le trafic. Il faut une autre politique de peuplement, avec pas plus de 40 % de logements sociaux dans les villes et pas plus de 30 % d’étrangers dans un quartier. Par ailleurs, nous n’avons pas besoin d’immigration économique…
Même en considérant les emplois non pourvus et le vieillissement de la population ?
Alors, il faudra des quotas très ponctuels dans des secteurs qui ont du mal à recruter, avec des règles simples. Il faut également une plus grande fermeté aux frontières de l’Europe pour dire vraiment stop à l’immigration illégale.
Vous parleriez d’« immigration zéro » ?
C’est un slogan. Il y aura toujours des flux migratoires que nous devons maîtriser et choisir. Mais nous devons privilégier l’assimilation et la reconstruction des quartiers populaires. Et l’Europe doit investir massivement en Afrique, dont la population aura doublé en 2050.
Vous avez été ministre de l’Intérieur. Vous n’ignorez pas la complexité de la maîtrise des flux migratoires…
Évidemment, et personne ne peut rester indifférent aux drames qui se produisent en Méditerranée. Mais il faut sortir du discours général sur « une politique ferme mais humaine ». La France ne peut plus accueillir d’immigrés. Et, si le cadre européen ne le permet pas, il faudra reprendre des éléments de notre souveraineté.