G-BDQD17ZWM0

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Patrimoine cinématographique • Le Dialogue des Carmélites

hqdefault copie.jpg

Le remarquable site "Je Suis Français" a eu l'excellente idée, alors que l'on va célébrer, à coup de déclarations très romantiques et d'erreurs historiques majeures, les débuts de la Révolution française, de publier une belle analyse de Pierre Builly - chroniqueur cinématographique habituel de cette publication - d'un film de 1960, "Le Dialogue des Carmélites", dialogues écrits par Georges Bernanos en Tunisie dans le courant de l’hiver 1947-1948. C'est un exemple, parmi des milliers, de la barbarie qui s'est emparée du pays dans ces années dénommée, à juste titre "La Terreur".

Il n'est pas inutile de s'en souvenir alors que des menaces identiques planent à nouveau. 

*****

Synopsis : Durant la Révolution française, le clergé est persécuté. C’est la période de la Terreur. Dans un carmel à Compiègne, la vie des religieuses bascule. En mai 1789, deux jeunes filles prennent le voile au carmel de Compiègne. Si la première se donne joyeusement à l’existence austère qui l’attend, la seconde, Blanche de la Force, que tourmente depuis l’enfance une horrible peur de la vie et de la mort, entre en dévotion avec toutes ses angoisses et prend le nom de Sœur Blanche de l’Agonie du Christ. La mère supérieure meurt peu après, dans d’atroces souffrances morales. Elle confie Blanche à mère Marie de l’Incarnation. Cependant, à la porte du couvent se pressent les révolutionnaires, porteurs d’un mandat de réquisition…  ■ 

En fin d'article, vous trouverez le lien vous permettant de visionner le film dans son intégralité.

 

Builly Pierre.jpg

Par Pierre Builly

Dialogue des Carmélites de Philippe Agostini et du R. P. Bruckberger (1960)

Durée du film : 1h52

Avec Jeanne Moreau (Mère Marie de l’Incarnation), Alida Valli (Mère Thérèse de Saint-Augustin), Madeleine Renaud (la Mère prieure) … George Wilson , Pierre Brasseur

 

Marche au supplice

D’une vision télévisée très ancienne, je ne conservais guère que le souvenir des dernières séquences, qui sont absolument bouleversantes, sauf à être de ceux qui ricanent devant le sacré et le vrai pathétique et qui relatent le martyre des seize Carmélites de Compiègne, guillotinées le 17 juillet 1794, seulement onze jours avant que le buveur de sang Robespierre et sa clique de fous furieux soit conduite à l’échafaud le 27 juillet (9 Thermidor an II). On peut ne voir là qu’une coïncidence ou peut-être bien l’exaucement par Dieu du vœu solennel que les religieuses avaient formé pour obtenir la fin des violences et la paix pour l’Église et l’État. 

noeud.jpg

Dernières séquences, donc. Alors que l’une des religieuses – la plus fragile, la plus jeune, la plus angoissée – Blanche de La Force (Pascale Audret) est tombée dans le piège des révolutionnaires, a fait défection, s’est soustraite à l’exécution, alors que ses compagnes, appelées l’une après l’autre à la guillotine, y montent en chantant le Veni Creator et que leur chant s’estompe à mesure qu’elles sont l’une après l’autre coupées en deux, lorsque, la dernière Carmélite assassinée, le silence se fait,  monte d’un coin de la foule hystérique et assoiffée de sang le même chant, la même pureté, de Blanche qui rejoint ses sœurs et monte à l’échafaud les rejoindre au Paradis…

Dans mes souvenirs, c’était un beau film grave et austère, poignant aussi –arret.jpg mais le sujet l’est tout autant – pas du tout un film à regarder distraitement, un film qui demande un certain état d’esprit, une certaine attention… Un peu comme le lumineux Thérèse d’Alain Cavalier, athée qui a perçu mieux que quiconque le mystère du cloître et de la sainteté… J’avais eu beau lire et relire les beaux dialogues écrits par Georges Bernanos en 1948, juste avant sa mort, sur la base de La dernière à l’échafaud, nouvelle écrite en 1931 par l’écrivain allemand Gertrud von Le Fort descendante d’immigrés français réformés mais convertie au catholicisme, je ne me souvenais plus que le film avait une telle intensité.

Le DVD vient de paraître. D’abord, un coup de gueule sur l’infâme qualité du son, souvent chuintant, souvent presque inaudible. Entre deux crises de rage sur ce massacre, l’émerveillement devant  la beauté, l’austérité, la rigueur, l’intelligence du film. Philippe Agostini, son réalisateur, est davantage connu pour ses qualités du directeur de la photographie des plus grands : Ophuls, Carné, Autant-Lara, Grémillon et tant d’autres. Il est, là, touché par une sorte de grâce, son sujet, le texte qu’il porte le poussant vers les sommets. 

Joie.jpg

Film grave sur des sujets graves, disais-je en introduction : des tas de mystères, la vocation, la clôture, la Foi, le courage, la peur de la mort. Il n’y a pas un moment, dans le film, où on frôle la bassesse ou l’ordinaire, la trivialité des choses ; on est continuellement tiré vers des domaines rares. Comment peut-il se faire que des jeunes filles veuillent épouser le Christ ? Et c’est la première séquence : à Compiègne, au mois de mai 1789, Blanche de La Force (Pascale Audret) et Marie-Geneviève Meunier (Anne Doat), vêtues en mariées deviennent Blanche de l’Agonie du Christ et Constance de Saint Denis martyre, entrent, pour la totalité de leur vie derrière les grilles qui les retirent à jamais du monde et jurent obéissance et soumission complètes à la Prieure de leur Ordre (Madeleine Renaud). Vous ne comprenez pas ? Moi non plus. Et alors ?

Tribunal.jpg

Toujours est-il qu’au fur et à mesure que la Révolution spolie, humilie, disperse les religieuses, celles-ci cristallisent leur résistance à l’injure et à la haine. Les carmélites, guidées par leur aumônier (Georges Wilson) ne voient plus devant elles que la perspective du martyre.

Le martyre, ce n’est évidemment pas une attraction masochiste et suicidaire pour le supplice : c’est un témoignage et une acceptation. Et, comme le rappelle l’Aumônier à Mère Marie de l’Incarnation (Jeanne Moreau, admirable) qui, in fine, miraculeusement préservée, ne cherche qu’à rejoindre ses sœurs, elle n’est pas là pour mourir, mais pour préserver le Carmel. La nouvelle Prieure, Mère Thérèse de Saint Augustin (Alida Valli, souveraine) lui en donne l’ordre par un seul regard. 

Le Carmel demeure, les tueurs sont morts.   

 

Cliquez sur l'image ci-dessous pour visionner le film.

 

3d-dialogue_des_carmelites_moreau.0.jpg

 

 

Dialogue des Carmélites de Philippe Agostini et du R. P. Bruckberger (1960).

 

Durée du film : 1h52

 

Avec Jeanne Moreau (Mère Marie de l’Incarnation), Alida Valli (Mère Thérèse de Saint-Augustin), Madeleine Renaud (la Mère prieure) … George Wilson , Pierre Brasseur.

Écrire un commentaire

Optionnel