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Education - Page 2

  • Nouvelle offensive du totalitarisme à l’école

     

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    L’année 2016 aura vu, entre autres, une nouvelle offensive socialiste contre l’enseignement libre. Sur la suggestion de Mme Vallaud-Belkacem, le gouvernement a pris deux mesures dirigées contre ces établissements…

    – invoquant l’article 14 déciès de sa liberticide loi Egalité et Citoyenneté, adoptée en décembre dernier, il a obtenu du Parlement l’autorisation de préparer dans les six mois une ordonnance instituant un régime d’autorisation remplaçant la simple déclaration actuelle ;

    – par le décret n° 2016-1452 du 28 octobre 2016, relatif au contrôle de l’enseignement dans les établissements libres ou dans les familles, il fait du « socle commun » de connaissances le critère majeur de ladite autorisation. Ainsi, les établissements libres devront aligner leurs programmes et méthodes sur ceux de la « grande maison ».

    Ces mesures ont été adoptées au mépris de l’opposition des établissements privés, de leurs personnels, de la Fédération nationale de l’Enseignement privé, de l’association des parents d’élèves des établissements hors contrat (FPEEI), de l’Association des Maires de France et des parlementaires d’opposition. De plus, afin de s’épargner toute joute parlementaire et d’empêcher le débat de s’installer dans le pays, avec le risque de se trouver acculé au retrait de son projet, comme en 1984, le pouvoir s’apprête à légiférer par ordonnances.

    Belle leçon de démocratie de la part de gens qui n’ont que ce mot à la bouche ! Mme Vallaud-Belkacem inscrit son projet dans le cadre de la lutte contre la radicalisation de la jeunesse.

    Ne feignons pas de ne pas comprendre le dessein réel du pouvoir socialiste. Il ne s’agit pas de lutter contre la radicalisation des jeunes, mais d’assurer l’alignement idéologique, moral et politique de l’enseignement libre sur l’Éducation nationale. Un propos d’une collaboratrice du ministre en dit long : Mme Caroline Beyer affirme que « la liberté de l’enseignement ne connaît qu’une limite : le respect des valeurs de la République ».

    C’est clair : non le respect de la morale et du droit, mais celui des « valeurs de la République », c’est-à-dire du conformisme de gauche, du politiquement correct qui imbibe toute notre société et enserre les âmes et les cœurs. La radicalisation musulmane importe peu aux socialistes ; ce dont ils se défient, c’est de la morale chrétienne des écoles catholiques hors contrat, de leurs programmes originaux, de leurs pratiques pédagogiques différentes, si loin de l’idéologie universaliste et égalitaire « républicaine ».

    L’actuel ministère aura-t-il le temps de légiférer avant l’élection du printemps prochain ? Et, dans l’affirmative, François Fillon défera-t-il ce qui aura été fait, s’il est élu ? On ne sait, mais assurément la liberté de l’enseignement (quoique inscrite dans la Constitution) ne va vraiment pas de soi dans ce pays.

    Yves Morel

    Politique magazine

  • La politesse serait-elle de retour ?

     

    Nous avons estimé utile de consacrer une page spéciale de notre blog à une vertu bien française, venue du fond de notre civilisation et de nos traditions, la politesse.

    Frédéric Rouvillois, professeur de droit public, dont nous avons déja analysé un de ses ouvrages (ICI) vient de publier un Dictionnaire nostalgique de la politesse. Une leçon de savoir vivre qu'il ne serait pas inutile de mettre dans les mains de tous les thuriféraires du vivre ensemble.

    Vous trouverez ci-dessous :

    - Un entretien de l'auteur avec Stéphane Kovac dans Le Figaro du 8 décembre.

    - Un autre entretien avec Alexis Feertchak dans Le Figaro.

    - Une excellente recension de ce nouvel ouvrage de Frédéric Rouvillois par Alexis Feertchak dans le Figaro Magazine.

    - Une note de Jean-Claude Mignard, ancien haut fonctionnaire qui estime, à juste titre que le grand retour de la politesse participe du grand retour de la France.

     

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    Pourquoi est-ce important  de maîtriser les bonnes manières aujourd'hui ?

    À vrai Rouvillois F.jpgdire, c'est important pour de très nombreuses raisons, certaines purement pragmatiques, d'autres beaucoup moins. Parce que le savoir-vivre est la condition du vivre ensemble, parce que la politesse s'avère particulièrement vitale lorsque les conditions d'existence sont plus difficiles et parce que la maîtrise des codes est un moyen d'intégration et, le cas échéant, au sein de l'entreprise par exemple, un argument supplémentaire permettant de départager deux candidats de même valeur. D'où le développement contemporain des manuels de savoir-vivre dans l'entreprise. À quoi s'ajoute le fait que la politesse est un moyen de réenchanter un peu un monde terne et prosaïque, de lui rendre des couleurs, de la poésie. La politesse n'est jamais loin de la nostalgie.

    À l'heure des nouvelles technologies, a-t-on encore le temps d'être poli ?

    Les nouvelles technologies ne font, sur ce point, que confirmer une tendance déjà ancienne, puisqu'elle remonte au lendemain de la Première Guerre mondiale. Dans un monde où tout va vite, dans cette civilisation de l'homme pressé, on a de moins en moins de temps : or, par définition, la politesse implique de donner un peu de son temps aux autres, gratuitement. Autant dire qu'elle va à rebours de l'évolution contemporaine. Ce qui me paraît du reste une raison supplémentaire pour essayer de la respecter…

    François Fillon veut que l'on enseigne la politesse à l'école. N'est-ce pas plutôt aux parents  de le faire ?

    François Fillon a sans doute raison d'insister là-dessus, même si c'est d'abord à la famille d'inculquer aux enfants, dès leur plus jeune âge, les règles de la politesse, c'est-à-dire, du respect de l'autre. L'école, sur ce plan, ne peut être qu'un lieu de confirmation et de mise en œuvre des acquis. En somme, si l'on attend qu'elle apprenne la politesse aux plus jeunes, ont fait sans doute fausse route. Cela ne saurait être son rôle, et elle n'en a pas les moyens.

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    Le temps retrouvé de la politesse

     

    Dictionnaire nostalgique de la politesse : Pourquoi avoir ainsi intitulé votre ouvrage ? Y a-t-il des raisons d'être nostalgique en matière de politesse ?

    Il se trouve qRouvillois2.jpgue dans la politesse elle-même, il y a quelque chose qui relève nécessairement de la nostalgie parce que celle-ci nous renvoie à des us et des coutumes qui sont ceux de notre enfance, de notre jeunesse, certains qui se sont accentués, d'autres qui ont été effacés par le temps. Parler de politesse, c'est aussi parler de soi, de ses parents, de ses grands-parents, de toute une tradition qui se trouve derrière nous et d'où nous viennent nos codes de politesse. Il y a cette forme de douceur et de tendresse dans la politesse qui me semblait renvoyer à la nostalgie. C'est l'aspect le plus personnel que j'ai essayé d'instiller dans ce Dictionnaire nostalgique.

     

    Votre dictionnaire est aussi un livre d'histoire et de géographie. Vous évoquez la Chine impériale, l'Allemagne, les pays arabes. En montrant combien les règles de la politesse ont évolué et sont « la mesure du temps perdu », vous restez dans la nostalgie sans jamais basculer dans le désespoir du « c'était mieux avant » ...

    Le désespoir est le contraire de la nostalgie. Il y a inscrit dans la nostalgie l'idée d'un retour ou de retrouvailles, ce que ne permet pas le désespoir. Être désespéré de l'homme, c'est ne pas voir qu'il a toujours reproduit les mêmes merveilles et les mêmes crimes, les mêmes sottises et les mêmes choses admirables. L'homme poli de l'époque d'Aristote, de Cicéron ou de Saint-Augustin ressemble au fond à l'homme poli de l'époque de Louis XV ou à l'homme poli de l'époque de François Hollande. La géographie et l'histoire nous enseignent le caractère à la fois éternel et universel de la politesse, la permanence de sa nécessité, même si ses formes évoluent. Alors, elle peut être plus ou moins sophistiquée, chatoyante, complexe, byzantine, sincère, mais elle est toujours là. Comme le langage, elle est un des éléments fondamentaux des rapports sociaux, un élément sans lequel ceux-ci seraient assez rapidement condamnés à dérailler.

     

    Et aujourd'hui, comment notre époque regarde-t-elle la politesse ?

    La politesse connaît des hauts et des bas, mais il faut constater que l'on est plutôt dans un haut relativement à la période des années 1960 ou 1970 quand celle-ci était considérée comme ringarde, archaïque, périmée, bourgeoise, bref, réservée aux lecteurs du Figaro (rires…). Les choses ont changé positivement à partir de la fin des années 1980 et du début des années 1990. On a assisté à une espèce de renversement, qui est lié à mon sens à l'émergence de l'univers de la crise. Il y a sans doute un rapport entre la crise économique et sociale, la montée du chômage, le sentiment que la vie devient plus difficile, le sentiment que l'on a quitté les Trente glorieuses et la prise de conscience de l'utilité de la politesse. Quand tout va bien, la politesse est juste la cerise sur le gâteau. Quand les choses deviennent plus difficiles, elle reprend toute sa force et son utilité s'impose. Les gestes quotidiens de la politesse deviennent le liant de ce fameux vivre ensemble.

     

    La politesse est-elle donc une affaire politique ?

    Il y a d'abord une proximité dans les mots de politesse et de politique qui paraît évidente en français et dans d'autres langues. Dans les deux cas, il y a une racine qui apparaît commune - même si en fait ce n'est pas vrai - qui est celle de polis, la cité en grec, qui signifie plus largement la société, le fait d'être ensemble, d'être en relation avec autrui. Il semblerait que l'étymologie réelle de politesse viendrait de « pulizia » qui veut dire la propreté en italien. Pour autant, je suis très amateur des fausses étymologies. En l'espèce, la proximité entre politesse, politique et polissage dit beaucoup de l'objectif de la politesse, qui est précisément de fluidifier les relations au sein de la société. En polissant les rapports sociaux, elle permet qu'il y ait le moins possible de rugosité à l'intérieur de la société. Sans elle, la polis risque de basculer dans un rapport de violence verbale voire physique.

     

    Que répondre à ceux qui vous diront que les règles bourgeoises de la politesse sont un éloge de l'hypocrisie, qu'elles sont une sorte de paravent de l'ordre établi ?

    Mais, déjà, un paravent, ce n'est pas rien ! Ce n'est pas intrinsèquement mauvais. Certes, la politesse est effectivement une forme d'hypocrisie, mais il s'agit - si je puis le dire ainsi - d'une forme d'hypocrisie vertueuse. Ce n'est pas nouveau et nous en avons toujours eu conscience. Molière nous a tout appris sur la nature humaine dans le Misanthrope. Il nous décrit bien les limites de la politesse, de la bienséance et du savoir-vivre quand ceux-ci tombent trop évidemment dans l'hypocrisie, mais il montre également que si nous voulons être comme Alceste dans la transparence totale, nous finirons seul, loin des autres, y compris dans notre vie amoureuse. Cette hypocrisie vertueuse permet tout simplement de mettre un peu d'huile dans les rouages sociaux. Il faut savoir ne pas tout dire, sinon c'est la guerre.

     

    Pour qu'une société tienne debout, faut-il que ses membres partagent une certaine ressemblance dans les codes de politesse qu'ils adoptent ? En particulier, dans le cadre d'un projet politique multiculturaliste, quand les codes de politesse des différentes communautés sont extrêmement différents et sources de possibles incompréhensions, la politesse n'est-elle pas une gageure supplémentaire ?

    Vous avez certainement raison. À partir du moment où la politesse est un moyen de vivre ensemble, il y a un risque d'incompréhension des différents systèmes de politesse qui pourraient cohabiter entre eux. Si l'on a des communautés distinctes les unes des autres, qu'il existe des codes de politesse dans une communauté qui sont tout à fait dissemblables de ceux d'une autre communauté qui vit à côté, cela signifie que nous aurions un vivre ensemble à l'intérieur des communautés, mais pas entre elles. Ceci peut poser problème pour des choses extrêmement basiques. Le fait de cracher dans la rue a longtemps été considéré comme tout à fait normal, y compris en Occident. Mais, dans nos pays, cette pratique ne l'est plus depuis belle lurette alors qu'elle reste tout à fait admise dans d'autres systèmes de politesse. Pour que la politesse se constitue comme un liant au sein de la société, il faut que celle-ci soit relativement homogène ou qu'il existe de forts rapports hiérarchiques. Au 18e siècle, il n'y avait pas un seul système de politesse. Il y avait une politesse de la ville et une politesse des champs. Mais en définitive, elles n'avaient pas tellement l'occasion de se rencontrer. Les risques de friction n'étaient pas considérables. À la campagne, on se moquait éventuellement du noble qui se comportait comme à la Cour. De même, à la ville, on se moquait du paysan qui arrivait avec ses gros sabots. Dans une société urbaine comme la nôtre, où les communautés cohabitent entre elles, le risque me semble beaucoup plus grand.

     

    Votre dictionnaire permet de se rendre compte que les règles de politesse sont extrêmement marquées par l'altérité des sexes et la différence des âges. Avec la rupture de mai 68, la théorie du genre, le jeunisme, ces nouvelles tendances de fond n'ont-elles pas tendance à fragiliser la politesse telle qu'on la connaissait jusque-là ?

    Je dirais qu'elles ont tendance à la rendre plus compliquée et plus incertaine. Les nouveaux surgeons du féminisme radical pour lesquels la différence des sexes est purement culturelle nous expliquent que la femme est un homme comme les autres et qu'il n'y a pas lieu de la traiter autrement. En même temps, d'autres femmes considèrent dans le métro qu'il n'est pas normal que les hommes ne cèdent pas leur place aux dames. Au fond, ce discours féministe est-il vraiment une tendance lourde en dehors de certaines élites autoproclamées et de microcosmes présents dans certains centres urbains? Je ne le crois pas. Pour la plupart d'entre nous, la différence des sexes qui fait que la femme est une femme, que l'homme est un homme, subsiste. Le plus souvent d'ailleurs, la femme est assez contente qu'on lui reconnaisse un certain nombre de privilèges galants, même si l'anthropologie inégalitaire qui se développe au 19e siècle et qui consacrait cette galanterie bourgeoise n'existe plus.

     

    Vous parlez aussi du culte de la performance, de la vitesse, de la rationalisation… Un tel monde permet-il d'être poli ?

    C'est le problème principal qui se pose à nous aujourd'hui. Quand je pense en particulier à ce qu'a pu écrire Françoise Mélonio sur Tocqueville et la manière dont la politesse pouvait se pratiquer aux États-Unis, je me dis que la question est moins celle du rapport entre la politesse et la démocratie que celui qui s'établit entre la politesse et la modernité technicienne. Ce monde tous azimuts fait que nous n'avons plus le temps de rien, sauf de gagner de l'argent ou de gagner en efficacité. Or, la politesse est par définition quelque chose de gratuit, ce qui est incompatible avec l'idée de performance, d'efficacité et de productivité.

     

    La politesse est-elle vraiment un don gratuit ? N'existe-t-il pas une forme de contre-don, même implicite ?

    Il y a effectivement un contre-don qui est le remerciement de celui envers qui l'on est poli. Il existe un autre contre-don, plus subtil, qui est simplement le plaisir que l'on éprouve soi-même à tenir la porte à quelqu'un. Mais dans un système où le seul but est d'aller au plus simple, au plus utile et au plus rentable, cette idée de gratuité compensée seulement par le remerciement ou le plaisir d'être poli devient illusoire. La première caractéristique de la politesse est en effet que l'on accepte de donner du temps à autrui. Dans la civilisation pressée de Paul Morand, le temps est la chose au monde la moins bien partagée. Il y a là une vraie raison d'éprouver de la nostalgie pour la politesse qui prenait le temps de s'exprimer. Les 18e et 19e sont des siècles où les gens avaient le temps de déposer des cartes de visite, d'écrire de longues lettres terminées par des formules de politesse plus alambiquées mais aussi plus belles les unes que les autres. Cette époque-là n'est plus. Le fait d'avoir commencé mon dictionnaire nostalgique par le mot abréviation est au fond assez significatif de ce mouvement. En même temps, je remarque que revient en force l'idée que la lenteur est quelque chose d'important et qu'il y a des « limites » aux choses - pour reprendre le titre d'une jeune revue que j'aime beaucoup. Ce sont des valeurs qui sont intrinsèquement bonnes et qu'on peut essayer de retrouver. Ce sont des éléments qui font que, encore une fois, politesse pas morte !

     

    Le narcissisme est-il l'autre ennemi d'une politesse qui repose d'abord sur la modestie ?

    Est poli celui qui ne se met pas systématiquement en avant, celui qui ne veut pas faire son malin, celui qui est fréquemment dans l'understatement. Se prendre pour l'illustre Gaudissart de Balzac, c'est un peu le contraire de la politesse. Je remarque que, de nos jours, la vie n'est plus qu'un immense entretien d'embauche ! Voilà pourquoi, dans notre monde prosaïque et nombriliste, obsédé par l'utilité et par la vitesse, la politesse est plus que jamais nécessaire. Elle demeure l'une de ces petites vertus qui permettent de tenir debout.

     

    Si vous aviez un geste de politesse auquel vous teniez particulièrement, lequel serait-ce ?

    Le baisemain m'amuse beaucoup parce qu'il a volontairement un côté un peu archaïque, une illusion rétrospective qui fait que l'on croit que c'est très ancien alors qu'en réalité, la généralisation de sa pratique ne remonte qu'au début du XXe siècle seulement. Il y a une sorte d'incongruité poétique de ce geste de déférence qui m'amuse beaucoup et que l'on perçoit aussi dans la manière dont il est ressenti par la personne qui le reçoit. En matière de baisemain comme souvent quand la politesse est en jeu, l'unique certitude est que le tact doit l'emporter sur la règle et l'esprit sur la lettre.

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    Par Alexis Feertchak

    Une excellente recension [Figaro magazine 18.11] de ce nouvel ouvrage de Frédéric Rouvillois qui, pierre à pierre, construit une œuvre.  Une œuvre diverse et originale, toujours en lien avec le fond de notre civilisation et nos racines nationales. Une œuvre qui compte désormais dans notre famille de pensée, l'actualise et la fortifie.

     

    Parcourir les entrées du Dictionnaire nostalgique de la politesse dans le métro donne encore davantage de force au titre de ce beau livre surtout quand, bon­dés, les wagons verts deviennent le lieu de querelles peu urbaines pour trou­ver une place assise. On ne pourra alors qu'acquiescer quand Frédéric Rouvillois re­marque qu'il n'y a « rien de plus affligeant que le regard de désarroi d'un vieux monsieur à qui personne n'offre sa place dans le métro et qui hésite entre l'épuisement de la sta­tion debout et l'humiliation d'une demande qui sera peut-être refusée ».

    Le premier mérite de cet ouvrage est de rappeler que la politesse est affaire de politique, non qu'elle vous place d'un côté ou de l'autre de l'échiquier, mais, plus profondément, qu'elle constitue « le fameux "vivre-ensem­ble", ce "tissu social" si indispensable et si facile à déchirer ». Sans la civilité, les liens sociaux se délitent au point de se réduire à une lutte des uns contre les autres jusque pour les choses les plus insignifiantes. Même s'ils ne font pas l'objet de lois votées à l'Assemblée nationale ou de décrets en Conseil d'Etat, les usages de la poli­tesse assurent des fonctions sociales précises : intégration à l'intérieur d'une communauté ; distinction entre les groupes qui la composent ; hiérar­chisation entre ses membres et réso­lution des conflits qui y naissent.

    Son deuxième mérite est de ne pas être un dictionnaire désespéré. Si l'auteur est conscient que la politesse est la mesure du temps perdu, que Mai 68 a été une grande rupture et que la civilité ordinaire fait face à des défis considérables, il connaît trop bien les règles de la bienséance pour tomber dans le piège du « c'était mieux avant » en sachant précisément que « si certains ont toujours soupiré après le bon vieux temps, d'autres se sont toujours gaussés de ces regrets inutiles ». Car la politesse, loin d'être inscrite dans le marbre, n'a cessé de voir ses règles évoluer. Frédéric Rouvillois dresse ainsi, en plus de 400 pages, un véritable dictionnaire historique d'une vertu dont les formes ne sont ni éternelles ni uniformes.

    Son troisième mérite est d'être aussi un dictionnaire amou­reux. Aidé par les illustrations d'Emmanuel Pierre, le profes­seur de droit de son état présente dans une langue élégante les règles de la bienséance comme un objet de plaisir quoti­dien, loin des sanctions qui les accompagnent souvent dans l'univers enfantin. De là à jouer avec la politesse, il n'y a qu'un pas car, en la matière, « le tact doit l'emporter sur la règle et l'esprit sur la lettre ».

    Alexis Feertchak

     

    Dictionnaire nostalgique de la politesse, de Frédéric Rouvillois, illustré par Emmanuel Pierre, Flammarion, 420 p., 25 C. 

     

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    Renaissance de la politesse,

    renaissance de la France

     

    Le Figaro nous apprend que la politesse est redevenue une vertu refuge pour les Français. Une vraie bonne nouvelle, en ces temps où elles sont plutôt rares !

    L’autre jour, je sors mon véhicule de mon garage. Un motard, trouvant mes manœuvres trop longues à son goût, commence à m’invectiver. J’ouvre ma portière et lui dis simplement : « Y a-t-il quelque chose pour votre service, Monsieur ? » Il démarra en trombe sans demander son reste.

    Je me souviens d’un conducteur sortant de son véhicule et allant trouver un suiveur peu aimable en lui disant : « Monsieur veut-il que je lui enseigne la courtoisie française ? » Là encore, le mal embouché prit la fuite.

    La politesse est une force. On se souvient de la muflerie du petit Hollande devant un Vladimir Poutine impassible.

    J’aborde toujours un inconnu par « Bonjour, Monsieur », une inconnue par « Bonjour, Madame » « Mademoiselle » (jusqu’à soixante ans environ pour « Mademoiselle »). En retour, je n’ai la plupart du temps qu’un « Bonjour ».

    Bof !

    La politesse était naturelle jusque dans les années soixante-dix. Mais l’arrivée au pouvoir, dans tous les médias, des soixante-huitards lui a porté un coup fatal.

    Mon Beauf, croqué par Cabu, était obséquieux devant son chef et grossier en privé.

    Les futurs libéraux-libertaires avaient déguisé la politesse en hypocrisie. Elle était un paravent social à abattre afin de magnifier la libération des masses (encore) laborieuses. La mondialisation économique et le partage mondial du travail n’avaient pas encore sévi, avec le chômage chronique qui en résulte dans nos pays dits développés.

    Là aussi, les gauchos avaient réussi leur infernal travail d’autodestruction. Ils avaient, sous couvert de libération, fait de la politesse une fourberie généralisée et haïssable.

    Ils avaient réussi à faire oublier que la politesse est avant tout le respect de l’autre, eux qui, désormais, n’ont à la bouche que le « vivre ensemble ». Ce « vivre ensemble » qui est comme la confiture : moins on en a et plus on l’étale.

    La courtoisie est une vieille tradition française. La politesse fait son grand retour, elle est pleine d’avenir.

    Le grand retour de la politesse participe du grand retour de la France, de la nation française.

     

    Jean-Charles Mignard

    Ancien haut fonctionnaire

  • Deux textes essentiels du cardinal Wojtyla sur la famille

     

    173284753.jpgC’est une initiative particulièrement heureuse et bienvenue que viennent de prendre les éditions Téqui en publiant deux textes essentiels du Cardinal Wojtyla sur la famille en tant que communio personarum.

    Ces deux articles, écrits en 1974, constituent le fondement sur lequel l’auteur, devenu le Pape Jean Paul II, élaborera son magistère sur le mariage et la famille. C’est dire leur importance pour saisir la portée de ce magistère. On y trouve déjà les principes qui seront déployés dans les grands textes magistériels qui, de Redemptor hominis à Evangelium vitae et à Familiaris consortio, sans oublier les grandes catéchèses, feront de la famille l’un des axes majeurs du pontificat. Mais on y trouve surtout le soubassement conceptuel sur lequel se fonde ce magistère.

    Deux points suscitent une attention particulière. Le premier est « l’anthropologie théologique », qui renvoie au Commencement (p. 29) afin d’y retrouver la vérité du mariage et de la famille. C’est là un point capital. La vérité d’une chose se manifeste à son origine et non dans un « présent » qui hypertrophie les apparences au détriment de l’essence.

    Tout le positivisme sociologique contemporain se trouve ainsi radicalement contesté dans sa prétention à adapter la norme à la réalité, car cette réalité lui échappe ; il n’en saisit que des apparences perverties et non la vérité ontologique. L’anthropologie wojtylienne de la famille, métaphysique avant d’être théologique, porte en cela un coup décisif à une certaine « modernité » dont elle fait apparaître l’insigne faiblesse conceptuelle.

    Le second point capital est le réalisme profond dans lequel s’ancre la notion de communio personarum. Comme il le fera pour les droits de l’homme dans sa première encyclique, Wojtyla ramène le personnalisme, toujours menacé de verser dans le subjectivisme, à la réalité première que constitue l’aptitude ontologique de la personne à la communion. Il en résulte une conception profondément réaliste du lien conjugal qui actualise la communio personarum dans le mariage, expressément soulignée à plusieurs reprises (p. 43 et 47 notamment).

    Ces deux contributions majeures du Cardinal Wojtyla sont introduites par une préface de Mgr Livio Melina, éminent théologien moraliste, qui met très bien en perspective les fondements mais aussi les prolongements de la théologie wojtylienne du corps dans une fidélité à la pensée de saint pape polonais qui lui a valu récemment d’être mis à l’écart de la direction de l’Institut Jean Paul II pour les études sur le mariage et la famille de l’Université pontificale du Latran…

    L’ouvrage est complété, enfin, par le texte d’une conférence prononcée par l’un des plus remarquables interprètes du magistère de saint Jean Paul II, le Cardinal Carlo Caffarra, qui vient opportunément remettre de l’ordre et de la substance dans des questions qui, hélas, s’enlisent à nouveau dans une pseudo « pastorale » étriquée, aussi ridicule que désuète.

    Il est à espérer que la publication de ce texte magistral annonce l’édition en français des œuvres majeures de ce grand théologien, témoin admirable du renouveau de la pensée catholique sous les pontificats de saint Jean Paul II et de Benoit XVI.  

    Cardinal Karol Wojtyla, Famille et communion des personnes, préface de Mgr Livio Melina, annexe du Cardinal Carlo Caffarra, Téqui, 2016. 

    Jean-Baptiste DONNIER - Politique magazine

  • C'est la rentrée !

     

    A l'occasion de la rentrée scolaire, notre ami Jean-Pierre Pélaez a rédigé, spécialement pour les lecteurs de ce blog, une note particulièrement bien sentie, sur "quelques évidences" relatives à l’Éducation nationale.

    C'est toujours avec un immense plaisir que nous lisons ses chroniques frappées au coin du bon sens, accompagnées d'un humour décapant. Nous comprenons, qu'il ne soit pas en odeur de sainteté auprès de nos édiles locales qui ne s'avisent cependant jamais de publier le moindre démenti, parce qu'elles se reconnaissent sans difficultés dans ces portraits sans concession et n'ont pas la hauteur suffisante pour apprécier l'humour intelligent ; sans compter la médiocre politique culturelle mise en œuvre : un bon auteur ferait certainement désordre...

    A lire jusqu'au bout, et à diffuser sans modération !

    Merci Jean-Pierre.

     

    A l’occasion de la rentrée des classes

    contre le déni de réalité

    rappel de quelques évidences !

     

                    Un récent article du 26 août, à la une de Midi-Libre, s’inquiète de la réforme des collèges qui stresse les enseignants. Et il est vrai que pour ce qui est du stress -et pas seulement depuis la dernière réforme dite Belkacem, tout aussi absurde que les précédentes-, les malheureux enseignants ne connaissent que cela depuis trente ans, pris dans un système qui poursuit lentement mais sûrement sa décomposition.

                Un extrait d’un autre article du Point (signé Louise Cunéo) sur un stage de formation qui lui était consacré permettra de juger de la teneur de la dite réforme :

                « Et les formateurs de suggérer que deux enseignants, l'un de sciences de la vie et de la terre et l'autre de lettres modernes par exemple, pourront l'an prochain se retrouver à travailler ensemble autour d'un sujet commun: « Gargantua, Emma Bovary mangent-ils équilibré ? » (sic). À l'énoncé de cet exemple érigé en modèle, Marie et tous ses voisins ont été stupéfaits. L'une des inspectrices a poursuivi la présentation du Powerpoint: « Vous pourriez mettre en place un exercice de réécriture de menu mangé par Gargantua, façon bio… » À la lecture du document rétroprojeté, il apparaissait clairement que les deux enseignantes de français et de SVT qui avaient rédigé ce sujet n'avaient pas réussi à se mettre d'accord, puisqu'une autre problématique sur « les enjeux de l'alimentation » était également notée. Deux titres étaient même suggérés: « Je me nourris, tu te nourris, il se nourrit » ou « Faut-il manger végétarien à la cantine ou pas? ».

                  Tout est dit ! On comprend que nos enseignants soient stressés !

              J’ai longtemps pratiqué moi même ce métier, ayant enseigné le français et surtout le latin. Sans stress pour la bonne raison que voyant dès le début l’inutilité d’une quelconque critique, et considérant, selon le principe des stoïciens que «tout ce contre quoi je ne peux rien faire me laisse indifférent» (en l’occurrence remuer des momies, ou rendre lucides des aveugles), je me suis limité à  faire mon travail du mieux possible, dans un contexte débilitant, et sans me soucier d’une quelconque directive, mais aussi parce que je n’exerçais fort heureusement qu’à mi-temps, en complément de mes activités d’auteur dramatique. Mais cela m’a donné aussi le recul pour mesurer l’étendue des désastres.

                Dire que, depuis vingt ou trente ans, on apprend encore quelque chose dans nos collèges, et plus récemment au lycée, serait prendre les Français pour des imbéciles, même si beaucoup le disent, par niaiserie incurable ou font semblant de le croire, par obligation et avec des arrière-pensées professionnelles, carriéristes ou politiciennes.

                Plus d’exigence, plus de discipline, plus de redoublement, plus de contrôle de quoi que ce soit, bientôt plus de notes (et de toute façon, elle ne servent déjà plus à rien) ; les conseils de classe sont des chambres d’enregistrement, des lieux de parlotes stériles, et sans effet. Travailleur assidu ou paresseux invétéré, intelligent et doué ou complètement stupide, motivé ou pas motivé du tout, sachant lier et écrire ou pas, les élèves remontent jusqu’au Bac pour tous, au terme d’une suspense insoutenable qui les verra tous sauter de joie et s’embrasser en criant : « J’y crois pas, c’est super, c’est génial ! » Le Brevet des Collèges et plus récemment le Bac ne signifient plus rien et n’ont plus aucune valeur. Et là encore on comprend le stress d’enseignants, obligés de donner un examen à des ignares, enseignants auxquels on a enlevé tout pouvoir, tous moyen de faire apprendre quoi que ce soit, sinon le dogme des Droits de l’Homme et les niaiseries socialistes en vogue, valeurs de la République, vivre ensemble, haine de la nation, lutte contre les discriminations etc…  Obligés de se couler dans des quotas de réussite imposés par le Ministère et le Rectorat (et gare à qui ne les respecte pas !) ces enseignants -et ce n’est pas le moindre des paradoxes !- qu’on prend encore plus que les autres français pour des imbéciles semblent pourtant contents, malgré leur stress, d’être traités ainsi puisque pour la plupart -même si le nombre semble en diminution- ils votent à gauche ou pour un Parti Socialiste qui avec ses frères ennemi de l’UMP est le grand responsable de cette déliquescence ! Et ils tremblent à l’idée de voir Marine Le Pen au pouvoir : mais, dans leur domaine d’activités, comment pourrait-elle faire pire ? On se le demande.

                Depuis trente ans, mis entre les mains de pédagogistes qui ont appuyé leurs carrières sur des théories fumeuses, d’inspiration vaguement rousseauiste (tout le monde il est beau, tout le monde il et gentil !) notre système d’enseignement est devenu une vaste pétaudière sur laquelle pérore un certain nombre d’ayatollahs, toujours les mêmes, au premier rang desquels figue l’inénarrable  Philippe Meirieu, invité il y a deux ou trois ans des Chapiteaux du Livre de Sortie-Ouest, pour prêcher la bonne parole pédagogique, pompier pyromane qu’on appelle dans tous les médias socialistes (pardon pour le pléonasme) pour éteindre l’incendie qu’il a allumé, et dire les remèdes qu’il faut pour remettre sur pied le cadavre qu’il a créé, sorte de docteur Frankenstein qui a produit un monstre et qui court après pour le rendre encore plus monstrueux !

                Je connais bien Rousseau pour avoir notamment rédigé à l’Université un mémoire de maîtrise sur lui, c’était  un esprit brillant et révolutionnaire qui a apporté beaucoup à la Littérature et aux idées, notamment dans le domaine social et politique. Mais ses théories sur la bonté naturelle de l’homme, fondées sur l’étude livresque de tribus d’Amérique ou ses théories éducatives -émanant d’un homme qui a abandonné tous ses enfants et n’en a jamais éduqué le moindre- théories destinés à rester théoriques, appliquées à la lettre, et souvent mal comprises par ces Diafoirus, ont abouti aux imbécillités qui sous tendent les différentes réformes de ces trente dernières années, depuis la réforme Haby dans les années 70, avec le lancement du collège unique jusqu’à la réforme des rythmes scolaires de l’apprenti Peillon et celle, aussi absurde qu’inapplicable de Mme Belkacem.? On comprend une fois de plus que les enseignants soient stressés !

               Et à ce sujet, et au regard de tout ce stress, j’ai d’ailleurs du mal à comprendre- d’autant qu’il est plus que mal payé- pourquoi certains font encore ce métier et, comme le fils de Géronte, ce que de jeunes étudiants -même s’ils sont de moins en moins nombreux à se précipiter sur les concours d’enseignement- peuvent aller faire dans cette galère ! A moins, -et c’est là peut-être l’explication- que ces impétrants ne souhaitent découvrir ce que le mot absurdité veut  dire, à moins que, lecteurs et admirateurs de Kafka, Jarry, Ionesco ou Beckett, ou bien, plus classiques, de Molière et Courteline, ils n’aient envie de vivre au quotidien les œuvres de ces grands auteurs...

               Car dans le domaine du comique et de l’absurde, ou tout simplement de l’imbécillité, depuis trente ans, le théâtre de l’Éducation Nationale brille des feux les plus éclatants : pédagogie différenciée, rénovée, collège unique, collège pour tous, collège de l’an 2000, parcours diversifiés, individualisés, apprendre à apprendre, soutien scolaire, remédiation, élèves en difficulté, classes hétérogènes, séquences didactiques, catéchisme et circulaires pédagogiques,  bac pour tous, Évangile selon Saint-Meirieu,  élève mis au centre du système éducatif, rythmes scolaires, semaine de quatre jours, de  cinq  jours, de quatre jours et demi, ouverture sur le monde extérieur, éducation à la citoyenneté, et j’en passe, et pour terminer les réformes Peillon et Belkacem, les innombrables néologismes de l’imbécillité sortis de cette institution pour aggraver un peu plus la situation constituent un véritable pain complet ! Qui plus est, tout cela écrit dans une langue inaccessible au commun des mortels,

                Car ces pédagogues, il faut le savoir, produisent en la matière de pures merveilles. Ainsi, la maîtresse, l’instituteur devenus professeurs des écoles disent aux élèves, au lieu de tenir un crayon, qu’ils vont apprendre à manier loutil scripteur. Un outil scripturaire est un stylo, un référentiel bondissant est un ballon, et un bloc mucilagineux à effet soustractif  n’est pas le président Hollande,  comme on pourrait le penser, c’est tout simplement une gomme. Les rédactions sont des productions écrites, les courses d’école des sorties de cohésion, les cancres et les nullards sont des élèves en difficulté, les idiots des élèves à besoins éducatifs spécifiques. La palme revenant  au conseil supérieur des programmes de la déconstructrice des stéréotypes, Mme Belkacem. Dans ses rapports, on peut lire que l’élève n’apprendra plus à écrire mais à maitriser le geste graphomoteur et automatiser progressivement le tracé normé des lettres. Il n’y aura plus de dictée mais une vigilance orthographique. Quand un élève aura un problème on tentera une remédiation. Avec la gymnastique… ou plutôt l’éducation physique et sportive, on franchit le mur du son : courir, c’est créer de la vitesse, nager en piscine cest se déplacer dans un milieu aquatique profond standardisé et traverser leau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête, et le badminton est une activité duelle médiée par un volant. Et moi, je propose pour désigner les auteurs de toutes ces âneries des apprenants nayant pu terminer leur parcours pédagogique différencié.

               On le voit, tous les records sont battus, le seuil limite, le mur du son de l’imbécillité ont été dépassés depuis trente ans dans le collège unique des pédagogues innovateurs et différenciés, dernier système maoïste au Monde, où un pseudo-égalitarisme monstrueux produit les pires inégalités et les pires injustices qui soient, et où une animation à la crème pédagogique remplace l’acquisition d’une quelconque connaissance ou d’un semblant d’esprit critique  !

               Quel en est le résultat aujourd’hui ? Quiconque ira enseigner dans tel ou tel collège, pourra le constater  mais il est vrai que les ministres en charge de toutes ces réformes stupides, lorsqu’ils sortent d’un Ministère où l’on travaille sur des élèves fictifs et des établissements fictifs, n’y vont que pour une promenade récréative, en compagnie de Monsieur le Recteur, Monsieur le Député UMPS, Monsieur le Président UMPS du Conseil Général et Monsieur le Chef d’Établissement, qui les accueillera, loin de tout ce qui pourrait les interpeller.

                Le résultat, c’est que les écoles de la République sont devenus des sortes de zoos dans lesquels, au milieu des cris, des bagarres, des disputes, des insultes les plus grossières, des incivilités les plus hétérogènes, des livres ou des cahiers oubliés, des devoirs qui ne sont pas faits, dans une absence  quasi-totale de discipline, entre diverses interventions des pompiers, du planning familial, de la sécurité routière, et j’en passe, entre les problèmes de cantine ou de cars scolaires, les interventions de parents d’élèves pour faire annuler telle option ou telle heure de retenue,  au rythme d’emplois du temps de plus en plus incohérents, les professeurs -si l’ont peut encore les appeler ainsi tant le mépris qu’on leur applique empêche de les considérer comme tels!-  accomplissent une sorte de travail d’animation et de garderie plus que de transmission d’un quelconque savoir ! Et les quelques malheureux élèves qui ont encore envie d’apprendre quelque chose travaillent le plus souvent au milieu des quolibets et des invectives des autres !

               Connaissant la situation, et montrant par là le courage qui les anime, tous les ans, dans les documents de rentrée, les chefs d’établissement rappellent les lois et circulaires restreignant jusqu’à l’absurde les motifs d’exclure du cours un élève. Ainsi, l’exclusion d’élèves qui en empêchent le bon déroulement -et ils sont nombreux !-, est devenu un crime de lèse-majesté, et la preuve qu’on ne  sait pas les “intéresser”, jusqu’à ceux-là même qui ne s’intéressent à rien, catégorie non répertoriée par les pédagogues innovateurs, et tout est fait pour rendre le métier de professeur impossible, tout en écoeurant les élèves qui ont envie d’apprendre, et en achevant de les persuader de rejoindre les bataillons de ceux qui passent leurs journées à s’amuser, se battre, s’insulter, perturber les cours et faire les imbéciles ! Travailler et apprendre sont la marque du “bouffon” et le dernier recours de ces malheureux élèves est de travailler en cachette, au moins de ne pas trop le montrer. De toute façon, tout le monde remonte de classe en classe, sans aucune exigence, et c’est bien la preuve que chacun a le niveau souhaité, jusqu’au brevet des collèges, avec ses sujets pour ignorants et ses dictées de quatre lignes et demi, puis jusqu’au baccalauréat où l’on peut même en cas d’échec -un comble !- conserver les notes de son choix pour la fois suivante.

               Notre pays avait il y a trente à quarante ans le meilleur système d’instruction du monde, envié dans tous les pays ! Aujourd’hui, il doit figurer parmi les derniers, il est selon un mot qui n’est pas le mien, mais celui de JP Brighelli,  “une fabrique du crétin”, ou une préparation à la barbarie. Heureusement -preuve suprême de la réussite du système, claironnée par nos ministres- 90 % des élèves ont le bac, un bac avec lequel nombre d’entre eux iront grossir les amphis bondés des universités et produire des copies dont une bonne proportion s’apparente à des charabias remplis de fautes d’orthographe, avant d’aller  au bout d’un an ou deux faire la mise en rayon au supermarché du coin, ou pointer à Pôle Emploi !

               Et dire que pour cela, tous nos Ministres de l’Education Nationale ont  perçu précisément un salaire de ministre ! Heureusement qu’ils n’étaient pas payé au mérite, comme le préconisent certains car, au vu des résultats de leur action ministérielle, ils percevraient tout juste le RSA !

               Au train où vont les choses, je ne sais d’ailleurs pas qui ces ministres vont trouver bientôt pour faire ce métier de gardien de zoos sans cages pour un salaire parmi les plus bas d’Europe, juste derrière la Bulgarie : des recrutés de pôle emploi par un chef d’établissement autonome, plus ignorants encore que leurs élèves,  des chômeurs en fin de droit, après un stage de pédagogie active, de malheureux étudiants qui ne trouveront pas à faire autre chose, des présidentes de l’association des parents d’élèves venus développer leurs sens aiguë de la maternité, des pédagogues théoriciens voulant vérifier le bien fondé de leurs études, en tout cas pas des professeurs dignes de ce nom travaillant à transmettre nos savoirs et les valeurs de notre civilisation.

                Plus grave encore, au bout de toute cette réalité, il faut dénoncer dans notre pays un moins d’école, fil conducteur des politiques depuis trente ans, et qui correspond à la faiblesse grandissante de l’Etat et de la Nation, terme, avec le mot de Patrie, que le responsable des nouveaux programmes de Mme Belkacem se sont précisément vantés d’avoir banni des textes qui les définissent.

     

    JEAN-PIERRE PELAEZ

    Auteur Dramatique/ Sociétaire SACD

    Président de Théâtre d’Auteurs en Languedoc

    LE MARS DES AUTEURS

    Courriel  jppelaez@wanadoo.fr

    site internet : www.jeanpierrepelaez.com

  • Chèque sans provision à l'Education Nationale

     

    Nous ne partageons pas toujours les idées de Jean-Paul Brighelli, en particulier sur son engagement pour un laïcisme dangereux ou sur son admiration pour Voltaire.

    Mais comme nous le faisons régulièrement, nous n'hésitons pas à reproduire toute note intéressante. L'article qu'il a donné le 7 juin dans LE POINT en fait partie.

     

     

    Faute de convaincre les enseignants avec des réformes absconses, François Hollande a choisi de les acheter. Pas cher. Et en fermant les yeux sur l'essentiel.

    Judas a trahi le Christ pour quarante deniers, selon la tradition. C'est peu pour un fils de dieu, mais cela restait important au Ier siècle. Hollande veut acheter le vote des enseignants pour 27 euros de plus par mois – c'est ce qui restera de toutes les belles promesses de Mme Vallaud-Belkacem une fois que l'on aura tenu compte de l'augmentation parallèle du prélèvement pour pension civile et de la conversion de l'indemnitaire en indiciaire. Un milliard promis, des clopinettes à l’arrivée.

    Cadeaux à crédit

    27 euros ! Une belle somme pour tenter une conscience enseignante ! Ah, j'oubliais les milliers de postes créés par le gouvernement « socialiste » – sur le papier, parce que, dans les faits, les jurys de concours peinent à affecter à des étudiants à peu près compétents les places qui leur sont octroyées pour remplacer, déjà, les départs à la retraite de plus en plus nombreux. Et encore, une fois les concours passés, reste le filtre indispensable de la validation par les inspecteurs, qui n'envoient pas forcément au feu des gens qui ne sont pas capables de le soutenir. Ou qui affichent des convictions peu conformes aux contraintes laïques de la République. J'oubliais aussi les promesses (« Words ! Words ! Words ! ») de sur-revalorisation concernant… les enseignants les plus dociles, comme l'a souligné le Snalc. J'ai travaillé douze ans en ZEP, mais je ne crois pas que cela suffise à me mettre dans les petits papiers d'un ministre qui me présume d'extrême droite puisque je dis la vérité. La prime spécial lèche-bottes ! Il fallait y penser.

    François Bayrou a eu beau jeu de dénoncer des promesses « clientélistes » : « Je pense que les enseignants français sont mal payés, plus mal payés que les autres, mais je voudrais bien que le gouvernement nous dise d'où il tire cet argent. » C'était le 2 mai dernier au micro de BFM. Et de préciser : « Depuis des semaines a commencé la grande opération clientéliste, qui consiste à essayer de récupérer, catégorie par catégorie, les voix des uns et des autres, en signant des chèques dont on n'a pas évidemment le premier euro sur son compte. »

    Parce que c'est l'une des singularités plaisantes des brèves de comptoir distillées par le gouvernement. C'est aux futurs gouvernements de 2017-2020 qu'incombera la tâche de ramener les salaires enseignants… au niveau de 2010. Imaginez que le Père Noël vous fasse des cadeaux payables à crédit.

    Revaloriser pour de bon

    Pour être tout à fait sérieux deux minutes, il faut dire que la profession d'enseignant est moins rémunératrice en France que partout ailleurs en Europe. Et, contrairement à ce que d'aucuns s'imaginent, pour un temps de travail devant les élèves nettement supérieur à la moyenne de l'OCDE. Les curieux trouveront tous les chiffres ici : un enseignant français, dont le salaire n'a cessé de baisser, selon les propres données du ministère, trois fois plus vite que pour les autres fonctionnaires depuis 2012 (et 15 fois plus vite si l'on prend en compte les années antérieures), gagne en moyenne 2 000 euros par mois (brut). « Alors que le salaire moyen annuel du professeur des écoles est de 24 724 euros, on est à 42 891 en Allemagne, 25 123 en Angleterre, 27 754 en Espagne, 30 335 en Belgique, 32 225 aux Pays-Bas, 48 360 en Norvège, 31 699 en Finlande, selon Eurostat. Il atteint même 70 450 euros au Luxembourg. » Futurs collègues, fuyez au Grand-Duché ou chez Mme Merkel !

    Et fuyez vite, parce que d'ici quelques années vous n'en aurez plus les moyens, vu que l'allemand (entre autres) disparaît des classes de collège.

    L'argent coule, mais pas pour les enseignants ni les élèves

    Pourtant, l'argent coule à flots au ministère. Il coule pour les cadres administratifs. Il coule pour l'informatisation à tout prix – un prix élevé, si possible, cela fera plaisir aux copains de Microsoft, comme je le racontais ici même il y a quelques mois. Il coule pour des activités périscolaires forcément indispensables. Il coule pour l'enseignement des langues et cultures d'origine – il va même couler de plus en plus. Il coule enfin pour le « service civique », qui a lui aussi des finalités éducatives.
    Il ne coule pas pour les enseignants, il ne coule pas pour les élèves en difficulté, à qui il faudrait donner infiniment plus que les rogatons du « socle de compétences », il ne coule pas pour ceux qui se battent au quotidien pour transmettre des savoirs – le mot inqualifiable !

    Alors, revaloriser sérieusement les salaires enseignants ? Figurez-vous que des études concordantes ont montré que plus les enseignants sont bien payés, plus les élèves progressent – sans doute parce qu'une profession attractive attire les meilleurs.

    François Hollande attirera peut-être quelques enseignants avec la pellicule de miel dont il enrobe son éponge de vinaigre. Il n'attirera pas la majorité de celles et ceux qui se battent aujourd'hui au quotidien pour leurs élèves, et contre des réformes qui sont autant de mauvais coups portés aux enfants de France. Voter Hollande en 2017, c'est vouloir explicitement le retour des mêmes, et des mêmes recettes, qui achèveraient de crucifier le système éducatif français. C'est voter pour Judas.