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Education - Page 2

  • C'est la rentrée !

     

    A l'occasion de la rentrée scolaire, notre ami Jean-Pierre Pélaez a rédigé, spécialement pour les lecteurs de ce blog, une note particulièrement bien sentie, sur "quelques évidences" relatives à l’Éducation nationale.

    C'est toujours avec un immense plaisir que nous lisons ses chroniques frappées au coin du bon sens, accompagnées d'un humour décapant. Nous comprenons, qu'il ne soit pas en odeur de sainteté auprès de nos édiles locales qui ne s'avisent cependant jamais de publier le moindre démenti, parce qu'elles se reconnaissent sans difficultés dans ces portraits sans concession et n'ont pas la hauteur suffisante pour apprécier l'humour intelligent ; sans compter la médiocre politique culturelle mise en œuvre : un bon auteur ferait certainement désordre...

    A lire jusqu'au bout, et à diffuser sans modération !

    Merci Jean-Pierre.

     

    A l’occasion de la rentrée des classes

    contre le déni de réalité

    rappel de quelques évidences !

     

                    Un récent article du 26 août, à la une de Midi-Libre, s’inquiète de la réforme des collèges qui stresse les enseignants. Et il est vrai que pour ce qui est du stress -et pas seulement depuis la dernière réforme dite Belkacem, tout aussi absurde que les précédentes-, les malheureux enseignants ne connaissent que cela depuis trente ans, pris dans un système qui poursuit lentement mais sûrement sa décomposition.

                Un extrait d’un autre article du Point (signé Louise Cunéo) sur un stage de formation qui lui était consacré permettra de juger de la teneur de la dite réforme :

                « Et les formateurs de suggérer que deux enseignants, l'un de sciences de la vie et de la terre et l'autre de lettres modernes par exemple, pourront l'an prochain se retrouver à travailler ensemble autour d'un sujet commun: « Gargantua, Emma Bovary mangent-ils équilibré ? » (sic). À l'énoncé de cet exemple érigé en modèle, Marie et tous ses voisins ont été stupéfaits. L'une des inspectrices a poursuivi la présentation du Powerpoint: « Vous pourriez mettre en place un exercice de réécriture de menu mangé par Gargantua, façon bio… » À la lecture du document rétroprojeté, il apparaissait clairement que les deux enseignantes de français et de SVT qui avaient rédigé ce sujet n'avaient pas réussi à se mettre d'accord, puisqu'une autre problématique sur « les enjeux de l'alimentation » était également notée. Deux titres étaient même suggérés: « Je me nourris, tu te nourris, il se nourrit » ou « Faut-il manger végétarien à la cantine ou pas? ».

                  Tout est dit ! On comprend que nos enseignants soient stressés !

              J’ai longtemps pratiqué moi même ce métier, ayant enseigné le français et surtout le latin. Sans stress pour la bonne raison que voyant dès le début l’inutilité d’une quelconque critique, et considérant, selon le principe des stoïciens que «tout ce contre quoi je ne peux rien faire me laisse indifférent» (en l’occurrence remuer des momies, ou rendre lucides des aveugles), je me suis limité à  faire mon travail du mieux possible, dans un contexte débilitant, et sans me soucier d’une quelconque directive, mais aussi parce que je n’exerçais fort heureusement qu’à mi-temps, en complément de mes activités d’auteur dramatique. Mais cela m’a donné aussi le recul pour mesurer l’étendue des désastres.

                Dire que, depuis vingt ou trente ans, on apprend encore quelque chose dans nos collèges, et plus récemment au lycée, serait prendre les Français pour des imbéciles, même si beaucoup le disent, par niaiserie incurable ou font semblant de le croire, par obligation et avec des arrière-pensées professionnelles, carriéristes ou politiciennes.

                Plus d’exigence, plus de discipline, plus de redoublement, plus de contrôle de quoi que ce soit, bientôt plus de notes (et de toute façon, elle ne servent déjà plus à rien) ; les conseils de classe sont des chambres d’enregistrement, des lieux de parlotes stériles, et sans effet. Travailleur assidu ou paresseux invétéré, intelligent et doué ou complètement stupide, motivé ou pas motivé du tout, sachant lier et écrire ou pas, les élèves remontent jusqu’au Bac pour tous, au terme d’une suspense insoutenable qui les verra tous sauter de joie et s’embrasser en criant : « J’y crois pas, c’est super, c’est génial ! » Le Brevet des Collèges et plus récemment le Bac ne signifient plus rien et n’ont plus aucune valeur. Et là encore on comprend le stress d’enseignants, obligés de donner un examen à des ignares, enseignants auxquels on a enlevé tout pouvoir, tous moyen de faire apprendre quoi que ce soit, sinon le dogme des Droits de l’Homme et les niaiseries socialistes en vogue, valeurs de la République, vivre ensemble, haine de la nation, lutte contre les discriminations etc…  Obligés de se couler dans des quotas de réussite imposés par le Ministère et le Rectorat (et gare à qui ne les respecte pas !) ces enseignants -et ce n’est pas le moindre des paradoxes !- qu’on prend encore plus que les autres français pour des imbéciles semblent pourtant contents, malgré leur stress, d’être traités ainsi puisque pour la plupart -même si le nombre semble en diminution- ils votent à gauche ou pour un Parti Socialiste qui avec ses frères ennemi de l’UMP est le grand responsable de cette déliquescence ! Et ils tremblent à l’idée de voir Marine Le Pen au pouvoir : mais, dans leur domaine d’activités, comment pourrait-elle faire pire ? On se le demande.

                Depuis trente ans, mis entre les mains de pédagogistes qui ont appuyé leurs carrières sur des théories fumeuses, d’inspiration vaguement rousseauiste (tout le monde il est beau, tout le monde il et gentil !) notre système d’enseignement est devenu une vaste pétaudière sur laquelle pérore un certain nombre d’ayatollahs, toujours les mêmes, au premier rang desquels figue l’inénarrable  Philippe Meirieu, invité il y a deux ou trois ans des Chapiteaux du Livre de Sortie-Ouest, pour prêcher la bonne parole pédagogique, pompier pyromane qu’on appelle dans tous les médias socialistes (pardon pour le pléonasme) pour éteindre l’incendie qu’il a allumé, et dire les remèdes qu’il faut pour remettre sur pied le cadavre qu’il a créé, sorte de docteur Frankenstein qui a produit un monstre et qui court après pour le rendre encore plus monstrueux !

                Je connais bien Rousseau pour avoir notamment rédigé à l’Université un mémoire de maîtrise sur lui, c’était  un esprit brillant et révolutionnaire qui a apporté beaucoup à la Littérature et aux idées, notamment dans le domaine social et politique. Mais ses théories sur la bonté naturelle de l’homme, fondées sur l’étude livresque de tribus d’Amérique ou ses théories éducatives -émanant d’un homme qui a abandonné tous ses enfants et n’en a jamais éduqué le moindre- théories destinés à rester théoriques, appliquées à la lettre, et souvent mal comprises par ces Diafoirus, ont abouti aux imbécillités qui sous tendent les différentes réformes de ces trente dernières années, depuis la réforme Haby dans les années 70, avec le lancement du collège unique jusqu’à la réforme des rythmes scolaires de l’apprenti Peillon et celle, aussi absurde qu’inapplicable de Mme Belkacem.? On comprend une fois de plus que les enseignants soient stressés !

               Et à ce sujet, et au regard de tout ce stress, j’ai d’ailleurs du mal à comprendre- d’autant qu’il est plus que mal payé- pourquoi certains font encore ce métier et, comme le fils de Géronte, ce que de jeunes étudiants -même s’ils sont de moins en moins nombreux à se précipiter sur les concours d’enseignement- peuvent aller faire dans cette galère ! A moins, -et c’est là peut-être l’explication- que ces impétrants ne souhaitent découvrir ce que le mot absurdité veut  dire, à moins que, lecteurs et admirateurs de Kafka, Jarry, Ionesco ou Beckett, ou bien, plus classiques, de Molière et Courteline, ils n’aient envie de vivre au quotidien les œuvres de ces grands auteurs...

               Car dans le domaine du comique et de l’absurde, ou tout simplement de l’imbécillité, depuis trente ans, le théâtre de l’Éducation Nationale brille des feux les plus éclatants : pédagogie différenciée, rénovée, collège unique, collège pour tous, collège de l’an 2000, parcours diversifiés, individualisés, apprendre à apprendre, soutien scolaire, remédiation, élèves en difficulté, classes hétérogènes, séquences didactiques, catéchisme et circulaires pédagogiques,  bac pour tous, Évangile selon Saint-Meirieu,  élève mis au centre du système éducatif, rythmes scolaires, semaine de quatre jours, de  cinq  jours, de quatre jours et demi, ouverture sur le monde extérieur, éducation à la citoyenneté, et j’en passe, et pour terminer les réformes Peillon et Belkacem, les innombrables néologismes de l’imbécillité sortis de cette institution pour aggraver un peu plus la situation constituent un véritable pain complet ! Qui plus est, tout cela écrit dans une langue inaccessible au commun des mortels,

                Car ces pédagogues, il faut le savoir, produisent en la matière de pures merveilles. Ainsi, la maîtresse, l’instituteur devenus professeurs des écoles disent aux élèves, au lieu de tenir un crayon, qu’ils vont apprendre à manier loutil scripteur. Un outil scripturaire est un stylo, un référentiel bondissant est un ballon, et un bloc mucilagineux à effet soustractif  n’est pas le président Hollande,  comme on pourrait le penser, c’est tout simplement une gomme. Les rédactions sont des productions écrites, les courses d’école des sorties de cohésion, les cancres et les nullards sont des élèves en difficulté, les idiots des élèves à besoins éducatifs spécifiques. La palme revenant  au conseil supérieur des programmes de la déconstructrice des stéréotypes, Mme Belkacem. Dans ses rapports, on peut lire que l’élève n’apprendra plus à écrire mais à maitriser le geste graphomoteur et automatiser progressivement le tracé normé des lettres. Il n’y aura plus de dictée mais une vigilance orthographique. Quand un élève aura un problème on tentera une remédiation. Avec la gymnastique… ou plutôt l’éducation physique et sportive, on franchit le mur du son : courir, c’est créer de la vitesse, nager en piscine cest se déplacer dans un milieu aquatique profond standardisé et traverser leau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête, et le badminton est une activité duelle médiée par un volant. Et moi, je propose pour désigner les auteurs de toutes ces âneries des apprenants nayant pu terminer leur parcours pédagogique différencié.

               On le voit, tous les records sont battus, le seuil limite, le mur du son de l’imbécillité ont été dépassés depuis trente ans dans le collège unique des pédagogues innovateurs et différenciés, dernier système maoïste au Monde, où un pseudo-égalitarisme monstrueux produit les pires inégalités et les pires injustices qui soient, et où une animation à la crème pédagogique remplace l’acquisition d’une quelconque connaissance ou d’un semblant d’esprit critique  !

               Quel en est le résultat aujourd’hui ? Quiconque ira enseigner dans tel ou tel collège, pourra le constater  mais il est vrai que les ministres en charge de toutes ces réformes stupides, lorsqu’ils sortent d’un Ministère où l’on travaille sur des élèves fictifs et des établissements fictifs, n’y vont que pour une promenade récréative, en compagnie de Monsieur le Recteur, Monsieur le Député UMPS, Monsieur le Président UMPS du Conseil Général et Monsieur le Chef d’Établissement, qui les accueillera, loin de tout ce qui pourrait les interpeller.

                Le résultat, c’est que les écoles de la République sont devenus des sortes de zoos dans lesquels, au milieu des cris, des bagarres, des disputes, des insultes les plus grossières, des incivilités les plus hétérogènes, des livres ou des cahiers oubliés, des devoirs qui ne sont pas faits, dans une absence  quasi-totale de discipline, entre diverses interventions des pompiers, du planning familial, de la sécurité routière, et j’en passe, entre les problèmes de cantine ou de cars scolaires, les interventions de parents d’élèves pour faire annuler telle option ou telle heure de retenue,  au rythme d’emplois du temps de plus en plus incohérents, les professeurs -si l’ont peut encore les appeler ainsi tant le mépris qu’on leur applique empêche de les considérer comme tels!-  accomplissent une sorte de travail d’animation et de garderie plus que de transmission d’un quelconque savoir ! Et les quelques malheureux élèves qui ont encore envie d’apprendre quelque chose travaillent le plus souvent au milieu des quolibets et des invectives des autres !

               Connaissant la situation, et montrant par là le courage qui les anime, tous les ans, dans les documents de rentrée, les chefs d’établissement rappellent les lois et circulaires restreignant jusqu’à l’absurde les motifs d’exclure du cours un élève. Ainsi, l’exclusion d’élèves qui en empêchent le bon déroulement -et ils sont nombreux !-, est devenu un crime de lèse-majesté, et la preuve qu’on ne  sait pas les “intéresser”, jusqu’à ceux-là même qui ne s’intéressent à rien, catégorie non répertoriée par les pédagogues innovateurs, et tout est fait pour rendre le métier de professeur impossible, tout en écoeurant les élèves qui ont envie d’apprendre, et en achevant de les persuader de rejoindre les bataillons de ceux qui passent leurs journées à s’amuser, se battre, s’insulter, perturber les cours et faire les imbéciles ! Travailler et apprendre sont la marque du “bouffon” et le dernier recours de ces malheureux élèves est de travailler en cachette, au moins de ne pas trop le montrer. De toute façon, tout le monde remonte de classe en classe, sans aucune exigence, et c’est bien la preuve que chacun a le niveau souhaité, jusqu’au brevet des collèges, avec ses sujets pour ignorants et ses dictées de quatre lignes et demi, puis jusqu’au baccalauréat où l’on peut même en cas d’échec -un comble !- conserver les notes de son choix pour la fois suivante.

               Notre pays avait il y a trente à quarante ans le meilleur système d’instruction du monde, envié dans tous les pays ! Aujourd’hui, il doit figurer parmi les derniers, il est selon un mot qui n’est pas le mien, mais celui de JP Brighelli,  “une fabrique du crétin”, ou une préparation à la barbarie. Heureusement -preuve suprême de la réussite du système, claironnée par nos ministres- 90 % des élèves ont le bac, un bac avec lequel nombre d’entre eux iront grossir les amphis bondés des universités et produire des copies dont une bonne proportion s’apparente à des charabias remplis de fautes d’orthographe, avant d’aller  au bout d’un an ou deux faire la mise en rayon au supermarché du coin, ou pointer à Pôle Emploi !

               Et dire que pour cela, tous nos Ministres de l’Education Nationale ont  perçu précisément un salaire de ministre ! Heureusement qu’ils n’étaient pas payé au mérite, comme le préconisent certains car, au vu des résultats de leur action ministérielle, ils percevraient tout juste le RSA !

               Au train où vont les choses, je ne sais d’ailleurs pas qui ces ministres vont trouver bientôt pour faire ce métier de gardien de zoos sans cages pour un salaire parmi les plus bas d’Europe, juste derrière la Bulgarie : des recrutés de pôle emploi par un chef d’établissement autonome, plus ignorants encore que leurs élèves,  des chômeurs en fin de droit, après un stage de pédagogie active, de malheureux étudiants qui ne trouveront pas à faire autre chose, des présidentes de l’association des parents d’élèves venus développer leurs sens aiguë de la maternité, des pédagogues théoriciens voulant vérifier le bien fondé de leurs études, en tout cas pas des professeurs dignes de ce nom travaillant à transmettre nos savoirs et les valeurs de notre civilisation.

                Plus grave encore, au bout de toute cette réalité, il faut dénoncer dans notre pays un moins d’école, fil conducteur des politiques depuis trente ans, et qui correspond à la faiblesse grandissante de l’Etat et de la Nation, terme, avec le mot de Patrie, que le responsable des nouveaux programmes de Mme Belkacem se sont précisément vantés d’avoir banni des textes qui les définissent.

     

    JEAN-PIERRE PELAEZ

    Auteur Dramatique/ Sociétaire SACD

    Président de Théâtre d’Auteurs en Languedoc

    LE MARS DES AUTEURS

    Courriel  jppelaez@wanadoo.fr

    site internet : www.jeanpierrepelaez.com

  • Chèque sans provision à l'Education Nationale

     

    Nous ne partageons pas toujours les idées de Jean-Paul Brighelli, en particulier sur son engagement pour un laïcisme dangereux ou sur son admiration pour Voltaire.

    Mais comme nous le faisons régulièrement, nous n'hésitons pas à reproduire toute note intéressante. L'article qu'il a donné le 7 juin dans LE POINT en fait partie.

     

     

    Faute de convaincre les enseignants avec des réformes absconses, François Hollande a choisi de les acheter. Pas cher. Et en fermant les yeux sur l'essentiel.

    Judas a trahi le Christ pour quarante deniers, selon la tradition. C'est peu pour un fils de dieu, mais cela restait important au Ier siècle. Hollande veut acheter le vote des enseignants pour 27 euros de plus par mois – c'est ce qui restera de toutes les belles promesses de Mme Vallaud-Belkacem une fois que l'on aura tenu compte de l'augmentation parallèle du prélèvement pour pension civile et de la conversion de l'indemnitaire en indiciaire. Un milliard promis, des clopinettes à l’arrivée.

    Cadeaux à crédit

    27 euros ! Une belle somme pour tenter une conscience enseignante ! Ah, j'oubliais les milliers de postes créés par le gouvernement « socialiste » – sur le papier, parce que, dans les faits, les jurys de concours peinent à affecter à des étudiants à peu près compétents les places qui leur sont octroyées pour remplacer, déjà, les départs à la retraite de plus en plus nombreux. Et encore, une fois les concours passés, reste le filtre indispensable de la validation par les inspecteurs, qui n'envoient pas forcément au feu des gens qui ne sont pas capables de le soutenir. Ou qui affichent des convictions peu conformes aux contraintes laïques de la République. J'oubliais aussi les promesses (« Words ! Words ! Words ! ») de sur-revalorisation concernant… les enseignants les plus dociles, comme l'a souligné le Snalc. J'ai travaillé douze ans en ZEP, mais je ne crois pas que cela suffise à me mettre dans les petits papiers d'un ministre qui me présume d'extrême droite puisque je dis la vérité. La prime spécial lèche-bottes ! Il fallait y penser.

    François Bayrou a eu beau jeu de dénoncer des promesses « clientélistes » : « Je pense que les enseignants français sont mal payés, plus mal payés que les autres, mais je voudrais bien que le gouvernement nous dise d'où il tire cet argent. » C'était le 2 mai dernier au micro de BFM. Et de préciser : « Depuis des semaines a commencé la grande opération clientéliste, qui consiste à essayer de récupérer, catégorie par catégorie, les voix des uns et des autres, en signant des chèques dont on n'a pas évidemment le premier euro sur son compte. »

    Parce que c'est l'une des singularités plaisantes des brèves de comptoir distillées par le gouvernement. C'est aux futurs gouvernements de 2017-2020 qu'incombera la tâche de ramener les salaires enseignants… au niveau de 2010. Imaginez que le Père Noël vous fasse des cadeaux payables à crédit.

    Revaloriser pour de bon

    Pour être tout à fait sérieux deux minutes, il faut dire que la profession d'enseignant est moins rémunératrice en France que partout ailleurs en Europe. Et, contrairement à ce que d'aucuns s'imaginent, pour un temps de travail devant les élèves nettement supérieur à la moyenne de l'OCDE. Les curieux trouveront tous les chiffres ici : un enseignant français, dont le salaire n'a cessé de baisser, selon les propres données du ministère, trois fois plus vite que pour les autres fonctionnaires depuis 2012 (et 15 fois plus vite si l'on prend en compte les années antérieures), gagne en moyenne 2 000 euros par mois (brut). « Alors que le salaire moyen annuel du professeur des écoles est de 24 724 euros, on est à 42 891 en Allemagne, 25 123 en Angleterre, 27 754 en Espagne, 30 335 en Belgique, 32 225 aux Pays-Bas, 48 360 en Norvège, 31 699 en Finlande, selon Eurostat. Il atteint même 70 450 euros au Luxembourg. » Futurs collègues, fuyez au Grand-Duché ou chez Mme Merkel !

    Et fuyez vite, parce que d'ici quelques années vous n'en aurez plus les moyens, vu que l'allemand (entre autres) disparaît des classes de collège.

    L'argent coule, mais pas pour les enseignants ni les élèves

    Pourtant, l'argent coule à flots au ministère. Il coule pour les cadres administratifs. Il coule pour l'informatisation à tout prix – un prix élevé, si possible, cela fera plaisir aux copains de Microsoft, comme je le racontais ici même il y a quelques mois. Il coule pour des activités périscolaires forcément indispensables. Il coule pour l'enseignement des langues et cultures d'origine – il va même couler de plus en plus. Il coule enfin pour le « service civique », qui a lui aussi des finalités éducatives.
    Il ne coule pas pour les enseignants, il ne coule pas pour les élèves en difficulté, à qui il faudrait donner infiniment plus que les rogatons du « socle de compétences », il ne coule pas pour ceux qui se battent au quotidien pour transmettre des savoirs – le mot inqualifiable !

    Alors, revaloriser sérieusement les salaires enseignants ? Figurez-vous que des études concordantes ont montré que plus les enseignants sont bien payés, plus les élèves progressent – sans doute parce qu'une profession attractive attire les meilleurs.

    François Hollande attirera peut-être quelques enseignants avec la pellicule de miel dont il enrobe son éponge de vinaigre. Il n'attirera pas la majorité de celles et ceux qui se battent aujourd'hui au quotidien pour leurs élèves, et contre des réformes qui sont autant de mauvais coups portés aux enfants de France. Voter Hollande en 2017, c'est vouloir explicitement le retour des mêmes, et des mêmes recettes, qui achèveraient de crucifier le système éducatif français. C'est voter pour Judas.