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Livre - Notre sélection : Les Morticoles

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Léon Daudet, étudiant en médecine à la fin du XIXe siècle, ne supportait pas le monde des hôpitaux parisiens soumis au despotisme de professeurs agrégés des universités jouant les mandarins arrogants, prétentieux, bouffis d’orgueil et de bêtise. Il détestait ces roitelets, grands et petits pontifes en blouses blanches, utilisant leurs savoirs comme autant d’armes de domination, s’enferrant dans des querelles de soins absurdes, servant avant tout leurs intérêts de carrière, reléguant les malades au second plan. Léon Daudet décida de ridiculiser leurs comportements dignes de Diafoirus en publiant un roman : Les Morticoles.

L’histoire se trouve simple à résumer. Un naufragé échoue sur une île entièrement commandée par les médecins. La société y prend la forme d’un gigantesque centre hospitalier gouverné par d’implacables lois sanitaires. L’ensemble des citoyens se voit présumé malade. Ceux en bonne santé sont déclarés dissimulateurs et subissent toutes sortes de traitements absolument farfelus. La population vit en cobayes permanents. Comprenant rapidement la situation, le nouvel arrivant décide d’entamer une carrière médicale. Il devient membre du personnel soignant puis, intriguant à merveille, s’élève vers les sommets. Il découvre, à cette occasion, les batailles « savantes » où les théories les plus sérieuses se trouvent devoir affronter les pires élucubrations thérapeutiques. Il apprend surtout qu’en ce lieu, le plus sûr moyen d’obtenir une promotion ne tient pas en la compétence mais en l’art de lécher les orteils des supérieurs.Capture.JPG

Léon Daudet, écrivant cet ouvrage, n’imaginait certainement pas la crise du Covid-19 que la France allait traverser, 125 ans plus tard. Mais il connaissait les hommes. Il savait les moquer. Surtout, il n’ignorait rien des risques et dangers des mécanismes de pouvoirs. Quels que soient leur bonne foi ou leur sincérité, leur sérieux ou leur moralité, leur bassesse ou leur noblesse, les médecins, lorsqu’ils gouvernent une société, ne peuvent que la réduire à un territoire de morticoles. Que leurs diagnostics s’avèrent vrais ou faux, que leurs recommandations soient bonnes ou mauvaises, là se situe la discussion médicale, mais pas le débat politique. Le constat politique fondamental est que notre société accepte de se soumettre, mois après mois, à un pouvoir scientifique imposant sa loi. Nombre de nos droits ont été placés en situation de mort cérébrale. Notre démocratie subsiste, mais en apnée. Chancelante, elle joue les infirmières dociles. Elle tend les compresses. Elle tient les fichiers, contrôle les formulaires. Mais elle ne commande plus. Notre Parlement, depuis bien longtemps, a déposé les armes de la souveraineté qui lui ont été confiées par le suffrage universel. Les députés vivent à plat ventre devant quelques satrapes de la haute administration sanitaire.

Et chacun peut constater, jour après jour, le regard ironique, combien la pratique du léchage d’orteil, si chère aux morticoles, domine notre pays.

Olivier Barrat

 

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