L’Église connaît des temps difficiles. Il n'est pas inutile de tenter d'y voir clair, de déterminer les causes de cette crise, d'établir les responsabilités, de chercher dans l’histoire des cinquante dernières années l’évolution des idées qui ont peu à peu gangréné l'institution.
C'est donc un n° spécial de La Lettre que nous vous proposons aujourd'hui.
Ce premier article reprend la lettre de Mgr Vigano du 22 août dernier (un peu longue mais essentielle) qui constitue un témoignage accablant dans le difficile dossier des crimes sexuels commis par de membres du clergé et volontairement cachés.
Vous lirez ensuite la remarquable analyse sous la signature d'Hilaire de Crémiers dans Politique magazine. Vous comprendrez beaucoup.
Le troisième article évoque une information toute récente, qui constitue ce que l'on pourrait qualifier de trahison du Vatican envers l’Église de Chine.
Nous portons également à votre connaissance la thèse d'Iben Thraholm, journaliste danoise, qui considère que ces faits trouvent leur origine à l'époque stalinienne.
Vous trouverez enfin un bref reportage sur les relations ambiguës que le pape François entretien avec Bono un chanteur brésilien.
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TÉMOIGNAGE - Par Son Excellence Carlo Maria Viganò Archevêque titulaire d’Ulpiana, Nonce apostolique
En ce moment tragique pour l’Église dans diverses parties du monde – les États-Unis, le Chili, le Honduras, l’Australie, etc. – les évêques ont une très grave responsabilité. Je pense en particulier aux États-Unis d’Amérique, où j’ai été envoyé comme nonce apostolique par le pape Benoît XVI le 19 octobre 2011, fête commémorative des premiers martyrs d’Amérique du Nord. Les évêques des États-Unis sont appelés, et moi avec eux, à suivre l’exemple de ces premiers martyrs qui ont apporté l’Évangile sur les terres d’Amérique, à être des témoins crédibles de l’amour incommensurable du Christ, qui est le chemin, la vérité et la vie.
Certains prêtres et évêques, abusant de leur autorité, ont commis des crimes horribles au détriment de leurs fidèles, mineurs, victimes innocents, et jeunes gens désireux d’offrir leur vie à l’Église. Ou bien par leur silence, ils n’ont pas empêché que de tels crimes continuent d’être perpétrés.
Pour restaurer la beauté de la sainteté du visage de l’Épouse du Christ, qui est terriblement défigurée par tant de crimes abominables, et si nous voulons vraiment libérer l’Église du marais fétide dans lequel elle est tombée, nous devons avoir le courage de d’abattre la culture du secret et de confesser publiquement les vérités que nous avons gardées cachées. Nous devons abattre la conspiration du silence par laquelle prêtres et évêques se sont protégés aux dépens de leurs fidèles, une conspiration du silence qui risque, aux yeux du monde, de faire paraître l’Église comme une secte, une conspiration du silence semblable à qui prévaut dans la mafia. « Tout ce que vous avez dit dans l’obscurité sera proclamé sur les toits. » (Luc 12 : 3)
J’ai toujours cru et espéré que la hiérarchie de l’Église puisse trouver en elle-même les ressources spirituelles et la force de dire toute la vérité, de se corriger et de se renouveler. C’est pourquoi, même si on m’a demandé à plusieurs reprises, j’ai toujours évité de faire des déclarations aux médias, même si c’était mon droit de le faire, afin de me défendre contre les calomnies publiées à mon sujet, y compris par des prélats de haut rang de la curie romaine. Mais maintenant que la corruption a atteint le sommet de la hiérarchie de l’Église, ma conscience m’impose de révéler ces vérités concernant l’affaire déchirante de l’archevêque émérite de Washington, Théodore McCarrick, que j’ai connue au cours de la mission qui m’a été confiée par saint Jean-Paul II, comme délégué aux représentations pontificales de 1998 à 2009, puis par le pape Benoît XVI, comme nonce apostolique aux États-Unis d’Amérique, du 19 octobre 2011 à fin mai 2016.
En tant que Délégué aux Représentations Pontificales auprès de la Secrétairerie d’État, mes responsabilités ne se limitaient pas aux Nonciatures Apostoliques, mais incluaient également le personnel de la Curie Romaine (embauches, promotions, processus d’information sur les candidats à l’épiscopat, etc.) et l’examen des cas délicats, y compris ceux concernant les cardinaux et les évêques, confiés au délégué par le cardinal secrétaire d’État ou par le Substitut de la Secrétairerie d’État.
Pour dissiper les soupçons insinués dans plusieurs articles récents, je dirai immédiatement que les nonces apostoliques aux États-Unis, Gabriel Montalvo et Pietro Sambi, tous deux prématurément décédés, n’ont pas manqué d’informer immédiatement le Saint-Siège dès qu’ils ont appris le comportement gravement immoral de l’archevêque McCarrick avec des séminaristes et des prêtres. En effet, selon ce qu’a écrit le nonce Pietro Sambi, la lettre du père Boniface Ramsey, O.P., datée du 22 novembre 2000, a été rédigée à la demande du défunt nonce Montalvo. Dans cette lettre, le père Ramsey, professeur au séminaire diocésain de Newark de la fin des années 1980 jusqu’à 1996, affirme qu’une rumeur récurrente au séminaire disait que l’archevêque « partageait son lit avec des séminaristes », en invitant cinq à la fois pour passer le week-end avec lui dans sa maison près de la plage. Et il a ajouté qu’il connaissait un certain nombre de séminaristes, dont certains ont été plus tard ordonnés prêtres pour l’archidiocèse de Newark, qui avaient été invités dans cette maison et avaient partagé le lit de l’archevêque.
Le bureau que j’occupais à l’époque n’a été informé d’aucune mesure prise par le Saint-Siège après que le nonce Montalvo eut porté ces accusations à la fin de 2000, alors que le cardinal Angelo Sodano était secrétaire d’État.
De la même manière, le nonce Sambi transmit au cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone un mémorandum d’accusation contre McCarrick par le prêtre Gregory Littleton du diocèse de Charlotte, réduit à la laïc pour viol de mineurs, accompagné de deux documents du même Littleton, dans lequel celui-ci racontait l’histoire tragique des abus sexuels commis à l’époque par l’archevêque de Newark et par plusieurs autres prêtres et séminaristes. Le nonce a ajouté que Littleton avait déjà transmis son mémorandum à une vingtaine de personnes, y compris les autorités judiciaires civiles et ecclésiastiques, la police et les avocats, en juin 2006, et qu’il était donc très probable que l’information serait bientôt rendue publique. Il a donc appelé à une intervention rapide du Saint-Siège.
En rédigeant une note [1] sur ces documents qui m’ont été confiés, en tant que délégué aux représentations pontificales, le 6 décembre 2006, j’ai écrit à mes supérieurs, le cardinal Tarcisio Bertone et le Substitut Leonardo Sandri, que les faits attribués à McCarrick par Littleton étaient d’une telle gravité et d’une telle bassesse qu’ils provoquaient chez le lecteur un sentiment de confusion, de dégoût, de chagrin profond et d’amertume, et qu’ils constituent des crimes de séduire, demander des actes dépravés de la part de séminaristes et de prêtres, de façon répétée et simultanée avec plusieurs personnes, moquerie d’un jeune séminariste qui tentait de résister aux séductions de l’archevêque en présence de deux autres prêtres, absolution des complices de ces actes dépravés, célébration sacrilège de l’Eucharistie avec les mêmes prêtres après avoir commis de tels actes.
Dans ma note, que j’ai remise le même jour du 6 décembre 2006 à mon supérieur direct, le Substitut Leonardo Sandri, j’ai proposé à mes supérieurs les points suivants :
- Étant donné ce qui semblait qu’un nouveau scandale d’une gravité particulière, dans la mesure où il concernait un cardinal, allait s’ajouter aux nombreux scandales touchant l’Église aux États-Unis,
- Et, puisque cette affaire concernait un cardinal, selon le canon 1405 § 1, n ° 2, « ipsius Romani Pontificis dumtaxat ius est iudicandi » ; [Note de La Porte Latine : Can. 1405 – § 1. Parmi les causes dont il s’agit au can. 1401, seul le Pontife Romain a le droit de juger : 1 les personnes qui exercent la magistrature suprême de l’État ; 2 les Pères Cardinaux ; 3 les Légats du Siège Apostolique et, dans les causes pénales, les Évêques ; 4 les autres causes qu’il aura évoquées lui-même à son propre Tribunal.]
- J’ai proposé qu’une mesure exemplaire soit prise contre le cardinal qui pourrait avoir une fonction médicinale, prévenir de futurs abus contre des victimes innocentes et atténuer le scandale très grave pour les fidèles, qui malgré tout continuaient à aimer et à croire en l’Église.
- J’ai ajouté qu’il serait salutaire que, pour une fois, l’autorité ecclésiastique intervienne devant les autorités civiles et, si possible, avant que le scandale n’éclate dans la presse. Cela aurait pu rendre une certaine dignité à une Église si cruellement éprouvée et humiliée par tant d’actes abominables de la part de certains pasteurs. Si cela était fait, l’autorité civile n’aurait plus à juger un cardinal, mais un pasteur avec lequel l’Église avait déjà pris des mesures appropriées pour l’empêcher d’abuser de son autorité et de continuer à détruire des victimes innocentes.
Ma note du 6 décembre 2006 a été conservée par mes supérieurs et ne m’a jamais été retournée avec quelque décision que ce soit de la part des supérieurs.
Par la suite, autour du 21-23 avril 2008, Richard Sipe a publié sur Internet, à l’adresse richardsipe.com, la déclaration au pape Benoît XVI sur la crise des abus sexuels aux États-Unis. Le 24 avril, ce texte a été transmis par le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal William Levada, au cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone. Il m’a été transmis un mois plus tard, le 24 mai 2008.
Le lendemain, j’ai remis une nouvelle note au nouveau Substitut, Fernando Filoni, qui comprenait mon précédent numéro du 6 décembre 2006. J’y ai résumé le document de Richard Sipe, qui se terminait par cet appel respectueux et sincère au pape Benoît XVI : « J’approche Votre Sainteté avec respect, mais avec la même intensité qui a poussé Pierre Damien à présenter devant votre prédécesseur, le pape Léon IX, une description de la situation du clergé à son époque. Les problèmes dont il parlait sont similaires et aussi importants aux États-Unis qu’ils étaient à l’époque à Rome. Si Votre Sainteté le demande, je vous soumettrai personnellement une documentation à ce sujet. »
Je terminais ma note en répétant à mes supérieurs que je pensais qu’il était nécessaire d’intervenir le plus tôt possible, en retirant le chapeau du cardinal au cardinal McCarrick, et qu’il devait être soumis aux sanctions établies par le Code de droit canonique, qui prévoit également la réduction à l’état laïc.
Cette seconde note n’a jamais été retournée au Bureau du personnel et mes supérieurs m’ont consterné pour l’absence inconcevable de mesures contre le cardinal et pour le manque de communication avec moi depuis ma première note en décembre 2006. .
Mais, finalement, j’ai appris avec certitude, par l’intermédiaire du cardinal Giovanni Battista Re, alors préfet de la Congrégation pour les évêques, que la déclaration courageuse et méritoire de Richard Sipe avait obtenu le résultat souhaité. Le pape Benoît XVI avait imposé au cardinal McCarrick des sanctions similaires à celles que lui impose aujourd’hui le pape François : le cardinal devait quitter le séminaire où il vivait, il lui était interdit de célébrer la messe en public, de participer à des réunions publiques, de donner des conférences, de voyager, avec l’obligation de se consacrer à une vie de prière et de pénitence.
Je ne sais pas quand le pape Benoît XVI a pris ces mesures contre McCarrick, que ce soit en 2009 ou 2010, car entre-temps j’avais été muté au gouvernorat de la Cité du Vatican, tout comme je ne sais pas qui était responsable de cet incroyable retard. Je ne crois certainement pas que ce soit le pape Benoît XVI qui, comme cardinal, avait dénoncé à plusieurs reprises la corruption dans l’Église et dans les premiers mois de son pontificat, s’était fermement opposé à l’admission au séminaire de jeunes hommes aux tendances homosexuelles profondes. Je crois que c’était dû au premier collaborateur du pape à l’époque, le cardinal Tarcisio Bertone, qui était notoirement favorable à la promotion des homosexuels à des postes de responsabilité et était habitué à gérer les informations qu’il pensait appropriées à transmettre au pape.
En tout cas, ce qui est certain, c’est que le pape Benoît XVI a imposé les sanctions canoniques susmentionnées à McCarrick et qu’elles lui ont été communiquées par le nonce apostolique aux États-Unis, Pietro Sambi. Mgr Jean-François Lantheaume, alors premier conseiller de la nonciature à Washington et chargé d’affaires après la mort inattendue du nonce Sambi à Baltimore, m’a parlé, lorsque je suis arrivé à Washington – et il est prêt à en témoigner –d’une conversation orageuse qui a duré plus d’une heure entre le nonce Sambi et le cardinal McCarrick convoqué à la nonciature. Monseigneur Lantheaume m’a dit que “la voix du nonce pouvait être entendue dans tout le couloir”.
Les mêmes dispositions du pape Benoît me furent également communiquées par le nouveau préfet de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Marc Ouellet, en novembre 2011, lors d’une conversation avant mon départ pour Washington, et figurèrent parmi les instructions de la même Congrégation au nouveau Nonce.
À mon tour, je les ai répétées au cardinal McCarrick lors de ma première rencontre avec lui à la nonciature. Le cardinal, marmonnant d’une manière à peine compréhensible, a admis qu’il avait peut-être commis l’erreur de dormir dans le même lit avec des séminaristes dans sa maison au bord de la plage, mais il a dit cela comme si cela n’avait aucune importance.
Les fidèles se demandent avec insistance comment il a été possible de le nommer à Washington et de le créer cardinal, et ils ont parfaitement le droit de savoir qui savait et qui a dissimulé ses graves méfaits. Il est donc de mon devoir de révéler ce que j’en sais, à commencer par la Curie romaine.
Le cardinal Angelo Sodano était secrétaire d’État jusqu’en septembre 2006 : toutes les informations lui ont été communiquées. En novembre 2000, le nonce Montalvo lui envoya son rapport, lui transmettant la lettre susmentionnée du père Boniface Ramsey dans laquelle celui-ci dénonçait les graves exactions commises par McCarrick.
On sait que Sodano a tenté de dissimuler le scandale du père Maciel jusqu’à la fin. Il a même renvoyé le nonce à Mexico, Justo Mullor, qui refusait de se rendre complice de son projet de couvrir Maciel, et a nommé à sa place Sandri, alors nonce au Venezuela, qui était prêt à collaborer à la dissimulation. Sodano est même allé jusqu’à faire une déclaration au bureau de presse du Vatican dans laquelle un mensonge était affirmé, à savoir que le pape Benoît avait décidé que l’affaire Maciel devrait être considérée comme close. Benoît XVI a réagi, malgré la vigoureuse défense de Sodano, et Maciel a été reconnu coupable et irrévocablement condamné.
La nomination de McCarrick à Washington et comme cardinal était-elle l’œuvre de Sodano, alors que Jean-Paul II était déjà très malade ? Nous ne pouvons pas le savoir. Cependant, il est légitime de le penser, mais je ne crois pas qu’il était le seul responsable. McCarrick se rendait fréquemment à Rome et se faisait des amis partout, à tous les niveaux de la curie. Si Sodano avait protégé Maciel, comme il semble certain, il n’y a aucune raison qu’il ne l’ait pas fait pour McCarrick, qui selon beaucoup avait les moyens financiers d’influencer les décisions. Le préfet de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Giovanni Battista Re, s’est opposé à sa nomination à Washington. À la nonciature de Washington, il y a une note, écrite de sa main, dans laquelle Cardinal Re se dissocie de la nomination et déclare que McCarrick était 14ème sur la liste pour Washington.
Le rapport du nonce Sambi, avec toutes les pièces jointes, a été envoyé au cardinal Tarcisio Bertone, en tant que secrétaire d’Etat. Mes deux notes susmentionnées du 6 décembre 2006 et du 25 mai 2008 lui ont probablement été remises par le Substitut. Comme déjà mentionné, le cardinal n’a eu aucune difficulté à présenter avec insistance des candidats à l’épiscopat connus pour être des homosexuels actifs – je ne cite que le cas bien connu de Vincenzo de Mauro, qui a été nommé archevêque de Vigevano et déplacé parce qu’il choquait ses séminaristes –, en filtrant et manipulant les informations qu’il transmettait au pape Benoît.
Le cardinal Pietro Parolin, l’actuel secrétaire d’État, s’est également rendu complice de la dissimulation des méfaits de McCarrick qui, après l’élection du pape François, s’était vanté ouvertement de ses voyages et de ses missions dans divers continents. En avril 2014, le Washington Timesa publié en première page un reportage sur le voyage de McCarrick en République centrafricaine et au nom du Département d’État – pas moins ! En tant que nonce à Washington, j’ai écrit au cardinal Parolin pour lui demander si les sanctions imposées à McCarrick par le pape Benoît étaient toujours valables. Il va sans dire que ma lettre n’a jamais reçu de réponse !
On peut dire la même chose du cardinal William Levada, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, des cardinaux Marc Ouellet, préfet de la Congrégation des évêques, Lorenzo Baldisseri, ancien secrétaire de la même Congrégation pour les évêques, et de l’archevêque Ilson de Jesus Montanari, actuel secrétaire de la même Congrégation. Ils étaient tous au courant par leurs fonctions des sanctions imposées par le pape Benoît XVI à McCarrick.
Les cardinaux Leonardo Sandri, Fernando Filoni et Angelo Becciu, en tant que Substitut de la Secrétairerie d’État, connaissaient dans tous les détails la situation concernant le cardinal McCarrick.
Les cardinaux Giovanni Lajolo et Dominique Mamberti n’ont pas pu non plus ne pas le savoir. En tant que secrétaires pour les relations avec les États, ils participaient plusieurs fois par semaine à des réunions avec le secrétaire d’État.
En ce qui concerne la curie romaine, je vais m’arrêter ici pour le moment, même si les noms d’autres prélats du Vatican sont bien connus, y compris très proches du pape François, tels que le cardinal Francesco Coccopalmerio et l’archevêque Vincenzo Paglia, qui appartiennent au courant homosexuel en faveur de la subversion de la doctrine catholique sur l’homosexualité, un courant déjà dénoncé en 1986 par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans sa Lettre aux évêques de l’Église catholique sur la pastorale des personnes homosexuelles. Les cardinaux Edwin Frederick O’Brien et Renato Raffaele Martino appartiennent également au même courant, mais avec une idéologie différente. D’autres membres de ce courant résident même à la maison Sainte Marthe.
Passons aux États-Unis. De toute évidence, le premier à avoir été informé des mesures prises par le pape Benoît était le successeur de McCarrick à Washington, le cardinal Donald Wuerl, dont la situation est maintenant complètement compromise par les récentes révélations concernant son comportement comme évêque de Pittsburgh.
Il est absolument impensable que le nonce Sambi, qui était une personne extrêmement responsable, loyale, directe et explicite dans sa façon d’être (un vrai fils de Romagne) ne lui en ait pas parlé. En tout cas, j’ai moi-même évoqué le sujet avec le cardinal Wuerl à plusieurs reprises et je n’avais certainement pas besoin d’entrer dans les détails, car il était clair pour moi qu’il en était parfaitement conscient. Je me souviens en particulier du fait que j’ai dû attirer son attention car je me suis rendu compte que dans une publication archidiocésaine, avec couverture en couleur, il y avait une annonce invitant des jeunes gens qui pensaient avoir une vocation au sacerdoce pour une rencontre avec le cardinal McCarrick. J’ai immédiatement téléphoné au cardinal Wuerl, qui m’a exprimé sa surprise en me disant qu’il ne savait rien de cette annonce et qu’il allait l’annuler. Si, comme il continue à le dire, il ne savait rien des abus commis par McCarrick et des mesures prises par le pape Benoît XVI, comment expliquer sa réponse ?
Ses récentes déclarations selon lesquelles il n’en savait rien, même s’il a tout d’abord fait allusion à l’indemnisation des deux victimes, sont tout à fait risibles. Le cardinal ment sans vergogne et persuade son chancelier, Mgr Antonicelli, de mentir également.
Le cardinal Wuerl a aussi clairement menti à une autre occasion. À la suite d’un événement moralement inacceptable autorisé par les autorités universitaires de l’Université de Georgetown, j’avais attiré l’attention de son président, le Dr John DeGioia, sur cet événement en lui envoyant deux lettres. Avant de les transmettre au destinataire, de manière à gérer les choses correctement, j’en ai personnellement remis une copie au cardinal avec une lettre d’accompagnement que j’avais écrite. Le cardinal m’a dit qu’il n’en savait rien. Cependant, il n’a pas accusé réception de mes deux lettres, contrairement à ce qu’il faisait habituellement. J’ai appris par la suite que l’événement de Georgetown avait eu lieu pendant sept ans. Mais le cardinal n’en savait rien !
Le cardinal Wuerl, bien conscient des abus constants commis par le cardinal McCarrick et des sanctions que le pape Benoît XVI lui a infligées, en transgressant l’ordre du pape, lui a également permis de résider dans un séminaire à Washington. En le faisant, il a mis d’autres séminaristes en danger.
Mgr Paul Bootkoski, émérite de Metuchen, et Mgr John Myers, archevêque émérite de Newark, ont dissimulé les exactions commises par McCarrick dans leurs diocèses respectifs et indemnisé deux de ses victimes. Ils ne peuvent pas le nier et ils doivent être interrogés afin de révéler toutes les circonstances et toutes les responsabilités en la matière.
Le cardinal Kevin Farrell, récemment interviewé par les médias, a également déclaré qu’il n’avait pas la moindre idée des abus commis par McCarrick. Compte tenu de son mandat à Washington, Dallas et maintenant à Rome, je pense que personne ne peut honnêtement le croire. Je ne sais pas s’il lui a jamais été demandé s’il connaissait les crimes de Maciel. S’il devait le nier, quelqu’un le croirait-il, puisqu’il occupait des postes de responsabilité en tant que membre des Légionnaires du Christ ?
En ce qui concerne le cardinal Sean O’Malley, je dirais simplement que ses dernières déclarations sur l’affaire McCarrick sont déconcertantes et ont totalement occulté sa transparence et sa crédibilité.
Ma conscience exige aussi que je révèle des faits que j’ai personnellement vécus, concernant le pape François, qui ont une signification dramatique, sur lesquels, en tant qu’évêque, partageant la responsabilité collégiale de tous les évêques sur l’Église universelle, je ne peux pas rester silencieux et que je présente ici, prêt à les réaffirmer sous serment en invoquant Dieu comme mon témoin.
Dans les derniers mois de son pontificat, le pape Benoît XVI avait convoqué une réunion de tous les nonces apostoliques à Rome, comme Paul VI et saint Jean-Paul II l’avaient fait à plusieurs reprises. La date fixée pour l’audience avec le pape était le vendredi 21 juin 2013. Le pape François a maintenu cet engagement pris par son prédécesseur. Bien sûr, je suis aussi venu à Rome de Washington. C’était ma première rencontre avec le nouveau pape, élu trois mois auparavant, après la démission du pape Benoît XVI.
Dans la matinée du jeudi 20 juin 2013, je suis allé à la maison Sainte Marthe pour rejoindre mes collègues qui y séjournaient. Dès que je suis entré dans la salle, j’ai rencontré le cardinal McCarrick, qui portait la soutane rouge. Je l’ai salué avec respect comme je l’avais toujours fait. Il me dit aussitôt, d’un ton situé quelque part entre l’ambiguë et le triomphal : « Le Pape m’a reçu hier, demain je vais en Chine. »
À l’époque, je ne savais rien de sa longue amitié avec le cardinal Bergoglio et du rôle important qu’il avait joué dans sa récente élection, comme le révélerait plus tard McCarrick lui-même lors d’une conférence à l’université Villanova et dans une interview avec le National Catholic Reporter. Je n’avais jamais non plus pensé au fait qu’il avait participé aux réunions préliminaires du dernier conclave et au rôle qu’il avait pu jouer en tant qu’électeur lors du conclave de 2005. Par conséquent, je n’ai pas immédiatement compris la signification du message crypté que McCarrick m’avait communiqué, mais cela deviendrait clair pour moi dans les jours qui devaient suivre.
Le lendemain, l’audience avec le pape François a eu lieu. Après son discours en partie lu et en partie improvisé, le pape a souhaité saluer un par un tous les nonces. En file indienne, je me souviens que j’étais parmi les derniers. Lorsque vint mon tour, j’ai juste eu le temps de lui dire : « Je suis le nonce aux États-Unis. » Il m’assaillit aussitôt d’un ton de reproche avec ces mots : « Les évêques des États-Unis ne doivent pas être idéologisés ! Ils doivent être des pasteurs ! »Bien sûr, je n’étais pas en mesure de demander des explications sur le sens de ses paroles et la manière agressive dont il m’avait critiqué. J’avais en main un livre en portugais que le cardinal O’Malley m’avait envoyé quelques jours plus tôt pour le pape, me disant « pour qu’il puisse revoir son portugais avant d’aller à Rio pour les Journées Mondiales de la Jeunesse ». Je lui ai remis immédiatement, et me suis ainsi libéré de cette situation extrêmement déconcertante et embarrassante.
À la fin de l’audience, le pape a annoncé : « Ceux d’entre vous qui sont encore à Rome dimanche prochain sont invités à concélébrer avec moi à la maison Sainte Marthe. » J’ai naturellement pensé à rester pour clarifier aussi vite que possible ce que le Pape avait voulu me dire.
Le dimanche 23 juin, avant la concélébration avec le Pape, j’ai demandé à Monseigneur Ricca, qui, comme responsable de la maison, nous aidait à mettre nos vêtements, s’il pouvait demander au Pape de me recevoir la semaine suivante. Comment aurais-je pu retourner à Washington sans avoir clarifié ce que le pape voulait de moi ? A la fin de la messe, alors que le pape saluait les quelques laïcs présents, Mgr Fabian Pedacchio, son secrétaire argentin, est venu me dire : « Le Pape m’a chargé de vous demander si vous étiez libre maintenant ! » J’étais à la disposition du Pape et je l’ai remercié de m’avoir reçu immédiatement. Le Pape m’a emmené au premier étage de son appartement et a déclaré : « Nous avons 40 minutes avant l’Angélus. »
J’ai commencé la conversation en demandant au pape ce qu’il avait l’intention de me dire avec les mots qu’il m’avait adressés lorsque je l’ai salué le vendredi précédent. Et le Pape, d’un ton très différent, amical, presque affectueux, m’a dit : « Oui, les évêques aux États-Unis ne doivent pas être idéologisés ; ils ne doivent pas être de droite comme l’archevêque de Philadelphie (il n’a pas donné le nom de l’archevêque) ; ils doivent être des pasteurs ; et ils ne doivent pas être de gauche – et il a ajouté, levant les deux bras – et quand je dis de gauche, je veux dire homosexuel. » Bien sûr, la logique de la corrélation entre être de gauche et être homosexuel m’a échappé, mais je n’ai rien ajouté d’autre.
Immédiatement après, le Pape m’a demandé d’une manière trompeuse : « Comment est le cardinal McCarrick ? » Je lui ai répondu avec une franchise totale et, si vous voulez, avec une grande naïveté : « Saint Père, je ne sais pas si vous connaissez le cardinal McCarrick, mais si vous demandez à la Congrégation pour les évêques, il existe un dossier épais comme ça sur lui. Il a corrompu des générations de séminaristes et de prêtres et le pape Benoît lui a ordonné de se retirer dans une vie de prière et de pénitence. » Le Pape n’a pas fait le moindre commentaire sur ces paroles très graves et son visage n’a manifesté aucune surprise, comme s’il connaissait déjà l’affaire depuis quelque temps, et il a immédiatement changé de sujet. Mais alors, quel était le but du pape en me posant cette question : « Comment est le cardinal McCarrick ? » Il voulait clairement savoir si j’étais un allié de McCarrick ou non.
De retour à Washington, tout est devenu clair pour moi, grâce aussi à un nouvel événement survenu quelques jours seulement après ma rencontre avec le pape François. Lorsque le nouvel évêque Mark Seitz a pris possession du diocèse d’El Paso le 9 juillet 2013, j’ai envoyé le premier conseiller, Mgr Jean-François Lantheaume, alors que je me rendais à Dallas le même jour pour une réunion internationale sur la bioéthique. En rentrant, Monseigneur Lantheaume m’a dit qu’à El Paso, il avait rencontré le cardinal McCarrick qui, le prenant à part, lui avait dit presque les mêmes mots que le Pape m’avait dit à Rome : « Les évêques aux États-Unis ne doivent pas être idéologisés, ils ne doivent pas être de droite, ils doivent être des pasteurs… » J’étais stupéfait ! Il était donc clair que les paroles de reproche que le pape François m’avait adressées le 21 juin 2013 lui avaient été mises dans la bouche la veille par le cardinal McCarrick. La mention du Pape « pas comme l’archevêque de Philadelphie » pouvait être attribuée à McCarrick, car il y avait eu un fort désaccord entre eux sur l’admission à la communion des politiciens en faveur de l’avortement. Dans sa communication aux évêques, McCarrick avait manipulé une lettre du cardinal Ratzinger qui interdisait de leur donner la communion. En effet, je savais aussi que certains cardinaux tels que Mahony, Levada et Wuerl étaient étroitement liés à McCarrick ; ils s’étaient opposés aux nominations les plus récentes faites par le pape Benoît XVI pour des postes importants tels que Philadelphie, Baltimore, Denver et San Francisco.
Pas satisfait du piège qu’il m’avait tendu le 23 juin 2013, quand il m’avait interrogé sur McCarrick, le Pape François m’en tendit un second, quelques mois plus tard seulement, lors d’une audience qu’il m’accorda le 10 octobre 2013, cette fois concernant un autre de ses protégés, le cardinal Donald Wuerl. Il m’a demandé : « Comment est le cardinal Wuerl, est-il bon ou mauvais ? » J’ai répondu : « Saint-Père, je ne vous dirai pas s’il est bon ou mauvais, mais je vous dirai deux faits. » Ce sont les deux faits que j’ai déjà mentionnés ci-dessus, concernant la négligence pastorale de Wuerl à propos des déviations aberrantes à l’Université de Georgetown et concernant l’invitation de l’archidiocèse de Washington aux jeunes aspirants à la prêtrise pour une réunion avec McCarrick ! Une fois de plus, le Pape n’a montré aucune réaction.
Il était également clair que, depuis l’élection du pape François, McCarrick, désormais libre de toute contrainte, s’était senti libre de voyager continuellement pour donner des conférences et des interviews. Dans un effort conjoint avec le cardinal Rodriguez Maradiaga, il était devenu le faiseur de roi pour les nominations à la Curie et aux États-Unis, et le conseiller le plus écouté au Vatican pour les relations avec l’administration Obama. C’est ainsi que l’on explique qu’en tant que membres de la Congrégation pour les évêques, le pape a remplacé le cardinal Burke par Wuerl et a nommé Cupich, juste après l’avoir créé cardinal. Avec ces nominations, la nonciature à Washington était maintenant hors de vue dans la nomination des évêques. En outre, il a nommé le Brésilien Ilson de Jesus Montanari – le grand ami de son secrétaire privé argentin Fabian Pedacchio – comme secrétaire de la même Congrégation pour les évêques et secrétaire du Collège des cardinaux, le promouvant d’un seul coup de simple fonctionnaire de ce département à archevêque secrétaire. Une chose inouïe pour une position aussi importante !
Les nominations de Blase Cupich à Chicago et de Joseph W. Tobin à Newark ont été orchestrées par McCarrick, Maradiaga et Wuerl, unis par un pacte à propos des abus pour le premier et et au moins par la dissimulation des abus pour les deux autres. Leurs noms ne figuraient pas parmi ceux présentés par la Nonciature pour Chicago et Newark.
En ce qui concerne Cupich, on ne peut que constater son arrogance ostentatoire et l’insolence avec laquelle il nie les preuves désormais évidentes : 80% des abus constatés ont été commis contre des jeunes adultes par des homosexuels en situation d’autorité sur leurs victimes.
Lors du discours qu’il a prononcé lors de sa prise de possession du siège de Chicago, où j’étais présent en tant que représentant du Pape, Cupich a plaisanté sur le fait qu’il ne fallait certainement pas s’attendre à ce que le nouvel archevêque marche sur l’eau. Il suffirait peut-être de lui permettre de rester les pieds sur terre et de ne pas essayer de renverser la réalité, aveuglé par son idéologie pro-gay, comme il l’a déclaré dans une récente interview dans America Magazine. Faisant valoir son expertise particulière en la matière, après avoir été président du Comité pour la protection des enfants et des jeunes de l’USCCB, il a affirmé que le principal problème de la crise des abus sexuels commis par le clergé n’est pas l’homosexualité et que l’affirmer est simplement un moyen de détourner l’attention du problème réel qu’est le cléricalisme. À l’appui de cette thèse, Cupich a « étrangement » fait référence aux résultats de recherches menées au plus fort de la crise des abus sexuels des mineurs au début des années 2000, alors qu’il a « candidement » ignoré que les résultats de cette enquête les rapports indépendants ultérieurs du John Jay College of Criminal Justiceen 2004 et 2011, qui ont conclu que, dans les cas d’abus sexuels, 81% des victimes étaient des hommes. En fait, le père Hans Zollner, SJ, vice-recteur de l’Université pontificale grégorienne, président du Centre pour la protection de l’enfance et membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, a récemment déclaré au journal La Stampaque, « dans la plupart des cas, c’est une question de violence homosexuelle ».
La nomination de McElroy à San Diego a également été orchestrée par le cardinal Parolin, avec un ordre impératif chiffré qui m’était adressé en tant que nonce : « Réservez le siège de McElroy à San Diego. » McElroys était aussi bien conscient des abus de McCarrick, comme on peut le voir dans d’une lettre qui lui a été envoyée par Richard Sipe le 28 juillet 2016.
Ces personnages sont étroitement associés à des individus appartenant en particulier à l’aile déviante de la Compagnie de Jésus, malheureusement aujourd’hui majoritaire, ce qui préoccupait déjà Paul VI et les pontifes ultérieurs. Nous n’avons qu’à considérer le père Robert Drinan, S.J., qui a été élu quatre fois à la Chambre des représentants et qui était un fervent partisan de l’avortement ; ou le père Vincent O’Keefe, S.J., l’un des principaux promoteurs de la déclaration The Land O’Lakesde 1967, qui compromet gravement l’identité catholique des universités et des collèges des États-Unis. Il convient de noter que McCarrick, alors président de l’Université catholique de Porto Rico, participait également à cette entreprise néfaste qui nuisait tant à la formation des consciences de la jeunesse américaine, étroitement associée à l’aile déviante des jésuites.
Le Père James Martin, SJ, acclamé par les personnes mentionnées ci-dessus, notamment Cupich, Tobin, Farrell et McElroy, nommé consulteur du Secrétariat aux Communications, activiste bien connu qui promeut l’agenda LGBT, choisi pour corrompre les jeunes qui vont prochainement se réunir à Dublin pour la Rencontre mondiale des familles, n’est qu’un triste exemple récent de cette aile déviée de la Compagnie de Jésus.
Le Pape François a demandé à plusieurs reprises une transparence totale dans l’Église et que les évêques et les fidèles agissent avec parrhesia (avec franchise). Les fidèles du monde entier l’exigent également de lui de manière exemplaire. Il doit honnêtement affirmer quand il a appris pour la première fois les crimes commis par McCarrick, qui a abusé de son autorité avec les séminaristes et les prêtres.
En tout cas, le Pape l’a appris de moi le 23 juin 2013 et a continué de couvrir McCarrick. Il n’a pas tenu compte des sanctions que le Pape Benoît lui avait infligées et a fait de lui un conseiller de confiance avec Maradiaga.
Ce dernier [Maradiaga] est tellement convaincu de la protection du pape qu’il se permet de rejeter comme « bavardage » les appels sincères de dizaines de ses séminaristes, qui ont eu le courage de lui écrire après que l’un d’eux ait tenté de se suicider à cause d’abus sexuels au séminaire.
Les fidèles ont maintenant bien compris la stratégie de Maradiaga : insulter les victimes pour se sauver, mentir jusqu’au bout pour couvrir un gouffre d’abus de pouvoir, de mauvaise gestion dans l’administration des biens de l’Église, et de catastrophes financières même contre des amis proches, comme dans le cas de l’ambassadeur du Honduras, Alejandro Valladares, ancien doyen du corps diplomatique près le Saint-Siège.
Dans l’affaire de l’ancien évêque auxiliaire Juan José Pineda, après l’article publié dans l’hebdomadaire italien Espressoen février dernier, Maradiaga a déclaré dans le journal Avvenire : « C’est mon évêque auxiliaire Pineda qui a demandé la visite, pour “laver” son nom après avoir été soumis à beaucoup de calomnie. « Maintenant, en ce qui concerne Pineda, la seule chose qui a été rendue publique est que sa démission a simplement été acceptée, faisant disparaître toute responsabilité de Maradiaga.
Au nom de la transparence que le Pape a saluée, le rapport selon lequel le visiteur, l’évêque argentin Alcides Casaretto, a rendu il y a plus d’un an, seulement et directement au Pape, doit être rendu public.
Enfin, la récente nomination comme Substitut de l’archevêque Edgar Peña Parra est également liée au Honduras, c’est-à-dire à Maradiaga. De 2003 à 2007, Peña Parra a travaillé comme conseiller à la nonciature de Tegucigalpa. En tant que délégué aux représentations pontificales, j’ai reçu des informations inquiétantes à son sujet.
Au Honduras, un scandale aussi important que celui du Chili est sur le point de se répéter. Le Pape défend son homme, le cardinal Rodriguez Maradiaga, jusqu’au bout, comme il l’avait fait au Chili avec Mgr Juan de la Cruz Barros, qu’il avait lui-même nommé évêque d’Osorno contre l’avis des évêques chiliens. Il a d’abord insulté les victimes d’abus. Puis, seulement quand il a été contraint par les médias et par une révolte des victimes et des fidèles chiliens, il a reconnu son erreur et présenté des excuses, tout en déclarant qu’il avait été mal informé, causant une situation désastreuse pour l’Eglise chilienne, mais continuant à protéger les deux cardinaux chiliens Errazuriz et Ezzati.
Même dans l’affaire tragique de McCarrick, le comportement du Pape François n’était pas différent. Il savait depuis au moins le 23 juin 2013 que McCarrick était un prédateur en série. Bien qu’il sache qu’il était un homme corrompu, il le couvrit jusqu’au bout ; en effet, il a fait siens les conseils de McCarrick, ce qui n’était certainement pas inspiré par de bonnes intentions ni par l’amour de l’Église. Ce n’est que lorsqu’il a été contraint par le signalement d’abus d’un mineur, toujours sur la base de l’attention des médias, qu’il a agi [à propos de McCarrick] pour sauver son image dans les médias.
Maintenant, aux États-Unis, un chœur de voix se lève surtout de la part des fidèles laïcs et a récemment été rejoint par plusieurs évêques et prêtres, demandant que tous ceux qui, par leur silence, ont dissimulé le comportement criminel de McCarrick, ou qui l’ont utilisé pour avancer dans leur carrière ou promouvoir leurs intentions, leurs ambitions et leur pouvoir dans l’Église, démissionnent.
Mais cela ne suffira pas à guérir la situation extrêmement immorale du clergé : évêques et prêtres. Un temps de conversion et de pénitence doit être proclamé. La vertu de chasteté doit être retrouvée dans le clergé et dans les séminaires. La corruption dans l’utilisation abusive des ressources de l’Église et des offrandes des fidèles doit être combattue. La gravité du comportement homosexuel doit être dénoncée. Les réseaux homosexuels présents dans l’Église doivent être éradiqués, comme l’a récemment écrit Janet Smith, professeur de théologie morale au grand séminaire du Sacré-Cœur de Detroit. « Le problème des abus du clergé, a-t-elle écrit, ne peut pas être résolu simplement par la démission de certains évêques, et encore moins par des directives bureaucratiques. Le problème le plus profond réside dans les réseaux homosexuels au sein du clergé qui doivent être éradiqués. » Ces réseaux homosexuels, désormais répandus dans de nombreux diocèses, séminaires, ordres religieux, etc., se cachent sous le secret et les mensonges, avec le pouvoir des tentacules de poulpes, et ils étranglent des victimes innocentes et des vocations sacerdotales, et étranglent l’Église tout entière.
J’implore tout le monde, en particulier les évêques, de prendre la parole pour faire échec à cette conspiration du silence si répandue et de signaler aux médias et aux autorités civiles les cas de violence dont ils ont connaissance.
Écoutons le message le plus puissant que saint Jean-Paul II nous ait laissé en héritage : N’ayez pas peur ! N’ayez pas peur !
Dans son homélie de la fête de l’Épiphanie en 2008, le Pape Benoît nous a rappelé que le plan du salut du Père avait été pleinement révélé et réalisé dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, mais qu’il doit être accueilli dans l’histoire humaine, qui est toujours une histoire de fidélité de la part de Dieu et malheureusement aussi d’infidélité de la part des hommes. L’Église, dépositaire de la bénédiction de la Nouvelle Alliance, signée dans le sang de l’Agneau, est sainte mais composée de pécheurs, comme l’écrivait saint Ambroise : l’Église est « immaculata ex maculatis ». Même si elle est sainte et sans tache, dans son voyage terrestre, elle est composée d’hommes souillés par le péché.
Je veux rappeler cette vérité indéfectible de la sainteté de l’Église aux nombreuses personnes qui ont été si profondément scandalisées par le comportement abominable et sacrilège de l’ancien archevêque de Washington, Theodore McCarrick ; par la conduite grave, déconcertante et peccamineuse du Pape François et par la conspiration du silence de tant de pasteurs, et qui sont tentées d’abandonner l’Église, défigurée par tant d’ignominies. A l’Angélus du dimanche 12 août 2018, le Pape François a dit ces mots : « Tout le monde est coupable du bien qu’il aurait pu faire et n’a pas fait… Si nous ne nous opposons pas au mal, nous le nourrissons tacitement. Nous devons intervenir là où le mal se répand ; car le mal se répand là où il manque des chrétiens audacieux pour s’opposer au mal par le bien. » Si cela doit être considéré à juste titre comme une responsabilité morale sérieuse pour chaque croyant, combien plus pour le pasteur suprême de l’Église qui, dans le cas de McCarrick, ne s’est pas opposé au mal, mais s’est associé pour faire le mal avec quelqu’un qu’il savait être profondément corrompu. Il a suivi les conseils de quelqu’un qu’il connaissait bien pour être un pervers, multipliant ainsi de manière exponentielle par son autorité suprême le mal fait par McCarrick. Et combien d’autres pasteurs diaboliques, François continue-t-il à soutenir dans leur destruction active de l’Église !
François abdique le mandat que Christ a donné à saint Pierre pour confirmer les frères. En effet, par son action, il les a divisés, les a amenés à l’erreur et a encouragé les loups à continuer de déchirer les brebis du troupeau du Christ.
En ce moment extrêmement dramatique pour l’Église universelle, il doit reconnaître ses erreurs et, conformément au principe proclamé de tolérance zéro, le Pape François doit être le premier à donner l’exemple aux cardinaux et aux évêques qui ont dissimulé les abus de McCarrick, et démissionner avec eux.
Même dans la consternation et la tristesse face à l’énormité de ce qui se passe, ne perdons pas espoir ! Nous savons bien que la grande majorité de nos pasteurs vivent leur vocation sacerdotale avec fidélité et dévouement.
C’est dans les moments de grande épreuve que la grâce du Seigneur est révélée en abondance et rend sa miséricorde sans limite accessible à tous ; mais cela n’est accordé qu’à ceux qui se repentent sincèrement et proposent sincèrement de modifier leur vie. C’est un moment favorable pour que l’Église confesse ses péchés, se convertisse et fasse pénitence.
Prions tous pour l’Église et pour le Pape. Rappelons-nous combien de fois il nous a demandé de prier pour lui !
Renouvelons notre foi dans l’Église notre Mère : « Je crois en une Église sainte, catholique et apostolique ! »
Le Christ n’abandonnera jamais son Église ! Il l’a engendrée par Son Sang et la ranime continuellement par Son Esprit !
Marie, Mère de l’Église, priez pour nous !
Marie, Vierge et Reine, Mère du Roi de gloire, priez pour nous !
Rome, le 22 août 2018, en la fête du couronnement de la Très Sainte Vierge Marie.
Mgr Carlo Maria Viganò