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Livres - Page 2

  • Un beau cadeau pour les fêtes : La Bibliothèque monde - La Vaticane et les Archives secrètes

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    Entrez dans l’un des lieux les plus secrets au monde, conservatoire et mémorial de l’humanité.

    Des premiers manuscrits de la Bible à la dernière partition de Mozart, des premières relations épistolaires avec la Chine à la dernière lettre de Marie-Antoinette, mais aussi du procès de Galilée aux relations avec la République, relisez l’Histoire du monde grâce aux trésors de la Bibliothèque monde.

    Ancien Bibliothécaire de la Vaticane et de ses archives de 2012 à 2018, Mgr Jean-Louis Bruguès nous emmène avec lui dans ses promenades. Il nous invite à découvrir ces lieux d’exception et dévoile, en exclusivité, ses plus belles pièces : manuscrits rares, ouvrages remarquables, objets précieux. Tous ces documents racontent les événements et les personnages qui ont fait notre Histoire.

    Un album exceptionnel d’initiation à la chronique universelle en textes et en images.

    Mgr Brugues1.jpgAprès avoir enseigné la théologie morale fondamentale à Toulouse et à Fribourg, Jean-Louis Bruguès, dominicain, ancien évêque d’Angers et membre de la Commission théologique internationale, a été nommé archevêque et président de la Bibliothèque apostolique et des Archives secrètes du Vatican (2012-2018). Il a pris sa retraite à Béziers.

     

    Cet ouvrages est disponible

    à la librairie Le Chameau Malin 9 rue Montmorency 34500 Béziers.

     

     

    Format 16 X 24 - papier couché - 375 pages
    Prix public 35 €

     

    MGR JEAN-LOUIS BRUGUÈS :
    « Dans la rencontre entre le pape Nicolas V,
    son fondateur, et Fra Angelico, son décorateur,
    il y a l’ADN de la bibliothèque du Vatican :
    rigueur scientifique et splendeur esthétique. »

    Pouvez-vous en quelques phrases - exercice presque impossible -caractériser
    ce qu’est la "bibliothèque monde" ?

    On peut dire que la Bibliothèque du Vatican est l'une des plus vieilles du monde. On ne connaît certes pas la date exacte de sa création, mais on sait qu’elle a été fondée peu d’années avant 1450. L’une des plus anciennes donc, mais surtout l’une des plus riches. Bien sûr, d’un point de vue purement quantitatif, les bibliothèques de Washington, Paris ou Londres sont supérieures, quoique avec ses cinquante-quatre kilomètres de rayonnages et à peu près cent mille manuscrits, le moins que l’on puisse dire est qu’elle « présente bien ». Mais si je ne devais retenir qu’une seule caractéristique, c’est le mot "humaniste" qui me viendrait à l’esprit. Elle est humaniste bien sûr parce qu’elle a été créé à l’époque de l’essor de l’Humanisme, de la Renaissance. Elle est humaniste par ses fonds, puisqu’elle a eu très vite un fonds latin et grec, puis juif, puis arabe, puis au XVIIIe siècle des fonds asiatiques, de telle sorte que le meilleur de la culture du monde entier - d’où le titre de Bibliothèque monde - s’y trouve. Elle est humaniste aussi par sa destination, puisque le pape Nicolas V, qui a créé cette bibliothèque, voulait qu’elle s’adresse aux chercheurs du monde entier, et ce, quelles que soient leurs convictions personnelles. Un épisode est révélateur de cet état d’esprit particulier : au XVIIe et au XVIIIe siècle, les protestants n’avaient pas la possibilité d’acheter une maison à Rome. Mais le règlement de la Bibliothèque, à cette époque-là, est très explicite sur le fait que ces mêmes protestants étaient habilités à entrer chez nous et à y travailler exactement comme les autres.

     

    Nombre de pièces et oeuvres présentées dans le livre sont de caractère profane. En quoi nous ramènent-elles, in fine, au sacré et à la foi ?

    Le fait précisément que ce soit une bibliothèque humaniste, puisque le pape Nicolas V, son fondateur, avait voulu qu’y soit réuni ce que les hommes avaient fait de plus beau, de plus juste, de plus précis. Elle compte bien sûr de très nombreux ouvrages à caractère religieux - philosophie, théologie, droit canon - mais ce n’est pas une bibliothèque comme on peut en trouver dans les séminaires ou les facultés de théologie. Pour être clair, son fonds profane est beaucoup plus important que son fonds religieux. À preuve, nous avons là sans doute la meilleure bibliothèque au monde pour l’histoire de la médecine. Nous avons aussi un fonds exceptionnel pour les mathématiques ou pour l’astronomie. Sans parler évidemment des arts, pour lesquels le fonds est plus que riche. Beaucoup de profane avec beaucoup de religieux, donc. Et finalement, pourquoi opposer les deux ? Selon une phrase de Térence, l’auteur latin, "tout ce qui parle de l’homme nous enrichit". Pour le scientifique, comme pour l’artiste ou le théologien, tout cela contribue à la richesse et à la beauté de l’esprit humain. J’insiste sur le mot « beauté » qui me paraît être une bonne clef d’entrée. En effet, Nicolas V, avant d’être élu pape, était vu comme un scientifique et un érudit. La famille Médicis avait fait appel à lui pour créer à Florence une bibliothèque moderne. On lui donne le couvent Saint-Marc pour réaliser cette oeuvre et il va travailler là en même temps qu’un dominicain connu sous le nom de Fra Angelico, chargé de décorer les austères cellules de ce couvent - qui allait être un couvent de la Réforme dominicaine - de fresques magnifiques que nous admirons encore aujourd’hui. Ils ont travaillé ensemble. Ils se sont - en tout cas j’aime à le supposer - compris et appréciés réciproquement. Et lorsque Nicolas V est élu à Rome, il fait venir Fra Angelico et lui confie la décoration d’une partie des appartements pontificaux. Il y a dans cette rencontre entre ces deux hommes ce que je crois être l’ADN même de notre Bibliothèque : la rigueur scientifique et la splendeur esthétique. Et ces deux approches complémentaires, en tout cas intimement unies, ne relèvent ni de la foi, ni du religieux Mais elles sont sacrées parce qu'elles permettent d’aller au cœur de l’Homme.

    S’il n’y avait qu’une pièce dont vous voudriez faire partager l’amour au public ?

    S’il m’était donné de prendre chez moi une seule pièce - rêve impossible bien sûr - je crois que j’en prendrais… deux. Oh ! ce ne sont peut-être pas les plus importantes, mais ce sont celles qui sont les plus chères à mon cœur. D’abord, il y a le manuscrit Bodemer, c’est-à-dire le texte le plus ancien du Nouveau Testament, puisqu’il contient à peu près la moitié de l’Évangile de Luc et la moitié de l’Évangile de Jean. Il y a dans ce manuscrit un lien extraordinaire avec la personne même du Christ, puisque quelques années à peine se sont écoulées entre sa disparition et sa rédaction. Alors évidemment, on peut aller au Christ de diverses manières, mais il y a là une approche tout à fait propre à une bibliothèque. On a encore dans ce manuscrit qui date de la fin du IIe siècle comme un écho direct du Christ. Pour le second manuscrit… j’ai toujours aimé le courant de la devotio moderna, qui représente un peu la matrice spirituelle de ma formation. Ce courant est illustré dans le domaine de l’art par les « Livres d’œuvre », qui comportent les prières de la journée et qui sont magnifiquement illustrés. Pouvoir emporter la liturgie dans un livre de poche, cela me touche profondément. Et cela renvoie à la définition du livre que donnait Brigitte de Suède : un jardin que l’on mettrait dans sa poche.

  • Librairie "Le Chameau malin" : deux nouveaux ouvrages

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    Très bel ouvrage sur la vie sociale à Béziers entre 1850 et la Grande guerre.

    Il concerne tout autant les personnes de la société bitteroise généralement fortunées,

    que les artistes photographes grâce auxquels nous pouvons encore mettre un visage sur un nom,

    souvent prestigieux.


    Cette galerie de portraits permet de recenser les ateliers photographiques

    dont certains comme Reynouls connurent une pérennité de plusieurs décennies.


    On découvrira également avec ravissement les clichés réalisés par Louis Paul, cet artiste

    complet, cheville ouvrière du Béziers 1900, souvent dans le cadre familial ou amical,

    autre aspect de l'art photographique de cette seconde moitié du XIXe siécle.

    Format 16X 24 -papier bouffant - 426 pages

    Prix public 18 €

     

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    L'ouvrage déroule le fil de l'histoire de cette cité industrielle et ouvrière sur près de trois siècles. Tout d'abord depuis sa création, ensuite ses agrandissements sucessifs, lors de périodes fastes où 700 ouvriers s'activent, puis enfin l'industrialisation, la concurrence, les difficultés et la fermeture en 1954.

    Manufacture Royale, Impériale, entreprise familiale et capitaliste, le passé de ce microcosme reste inscrit dans cet ensemble architectural original.

    Format 16 X 24 - papier couché - 375 pages
    Prix public 35 €

     

    Ces deux ouvrages sont disponibles

    à la librairie Le Chameau Malin 9 rue Montmorency 34500 Béziers.

    Vous pouvez également les commander en laissant vos coordonnées à l'adresse 

    lechameaumalin@gmail.com Au prix du livre s'ajouteront les frais de port.

  • Livre. Notre sélection : Les Guerres d'Afrique de Bernard Lugan

     

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    Alors que nos héros de l’actualité récente reposent en paix, il peut ne pas être inutile de s’interroger sur la tectonique profonde de la région sahélienne, avec laquelle la France partage un peu de son histoire.

    C’est ce que fait Bernard Lugan, avec son érudition coutumière en matière d’histoire africaine, en remontant aux premiers empires de la région, s’attardant sur l’islamisation ou sur les tensions ethniques, livrant ainsi, page après page, toutes les clés de lecture nécessaires à la compréhension de la difficile situation à laquelle les décideurs de l’opération Barkhane – hier Serval – se trouvent aujourd’hui confrontés. Et si c’est la situation malienne qui a déclenché Serval, ce sont bien la complexité et l’interdépendance des pays du « G5 Sahel » qui ont justifié l’avènement de Barkhane, du nom de ce vent désertique qui se joue des frontières et des projets humains – et peut tout balayer dans un caprice du destin.

    Bernard Lugan, familier du monde militaire, n’est guère rancunier envers les chefsLugan1.jpg pusillanimes qui l’ont écarté de Saint-Cyr et de l’École de guerre, parce qu’il y disait la vérité. Il livre, en effet, à ceux qui s’engagent en terre africaine (mais pas seulement) un véritable trésor, le panorama clair et brillant d’une situation dangereuse et inconfortable qui, ici comme en Europe, met en jeu des dynamiques intemporelles, pour qui sait lire au-delà de l’immédiateté.

    Un livre à conseiller sans réserve, pour comprendre ce qui est en jeu, et pourquoi, dans ce désert qui, depuis longtemps déjà, absorbe le sang français dans la solitude des sables.

  • Livre. Notre sélection :« L’Islam à la conquête de l’Occident. La stratégie dévoilée »

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    Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate (PCD), publie un livre « explosif » révélant un document stratégique adopté en 2000 par les États musulmans pour installer en Occident une « civilisation de substitution ». Explications.

    Votre livre examine un document intitulé « Stratégie de l’action culturelle islamique à l’extérieur du monde islamique », qui a été élaboré par l’ISESCO, département culturel de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI), regroupant 57 États musulmans. Dans quelles circonstances avez-vous découvert ce texte dont personne ne parle et pour quels motifs avez-vous décidé d’en faire connaître le contenu au plus grand nombre ? 

    C’est en lisant un livre de l’universitaire libanaise Lina Murr Nehme (Tariq Ramadan, Tareq Obrou, Dalil Boubakeur – Ce qu’ils nous cachent, ed. Salvator) que j’ai découvert le titre de ce document auquel elle faisait référence. Ma curiosité a fait le reste : je suis allé le consulter sur internet (il est disponible sur le site isesco.org) et sa lecture m’a édifié. Il n’est pas fréquent que la deuxième plus importante organisation d’États au monde, en l’occurrence l’OCI, élabore un document stratégique visant purement et simplement à assurer la domination de sa civilisation sur le reste du monde, et le disant ouvertement. L’origine de ce texte, son caractère officiel et son objectif universaliste me sont apparus comme autant de raisons de le faire connaître au grand public… et aussi aux responsables politiques français ! On ne sait jamais… 

    Pouvez-vous esquisser rapidement les principes énoncés dans cette Stratégie ? 

    Chaque musulman a le devoir de protéger et de fortifier partout sa communauté (l’Oumma) et d’assurer la propagation de tous ce qui la constitue. Il y a une vingtaine d’années, les États islamiques constataient que les communautés musulmanes occidentales n’étaient plus en situation de transmettre l’Islam dans de bonnes conditions aux nouvelles générations, et donc de répondre à cette double obligation. La Stratégie culturelle islamique vise donc d’abord à ré-enraciner les musulmans occidentaux dans leur culture et leur foi, pour qu’ils soient acteurs de l’islamisation universelle. La déréliction actuelle de l’Occident, le vide que représente la société de consommation, ont évidemment, aux yeux des responsables musulmans, vocation à ouvrir la voie au seul projet de civilisation qui soit à la fois exigeant et profitable à l’homme : l’Islam. Le document que je commente dans mon livre planifie ce remplacement. Il évoque lui-même la volonté « d’installer une société islamique pure et saine » en Occident. Difficile d’être plus clair ! 

    Selon vous, pourquoi ce document, malgré son caractère officiel, n’a jamais été pris en considération par les dirigeants politiques occidentaux, français en particulier, et par les élites en général, depuis sa publication en 2000 ? 

    D’abord la majorité des responsables politiques français considèrent l’islam comme une sorte de christianisme des Arabes. Et qu’il évoluera donc comme le christianisme – à leurs yeux tout au moins – a évolué, c’est-à-dire dans le sens d’un adoucissement, pour ne pas dire d’un affadissement progressif de ses principes. En un mot, ils ne connaissent ni ne comprennent la nature profonde de l’islam. Ensuite, beaucoup d’entre eux sont tout de même biberonnés aux bienfaits du multiculturalisme, consciemment ou non. Et cette doctrine, qui est le premier moment de la conquête de l’Europe par l’Islam, entre facilement en résonance avec ce que souhaite ce dernier. Enfin, il y a le pire : la couardise, face à un phénomène – la progression de l’islam en France – qu’ils renoncent à traiter dans le débat public, à cause de la pression médiatique qui existe sur ce sujet. Tout cela est en train de changer un peu, mais très lentement. 

    Vous affirmez sans ambages, preuves à l’appui, que l’islam est porteur d’un projet conquérant. Votre position est rarissime chez les responsables politiques occidentaux. Comment expliquez-vous leur passivité face à cette menace, que je qualifierais volontiers d’« existentielle », alors que tant d’études sérieuses sur ce sujet ont été publiées par des experts ? 

    Aux raisons que je viens d’évoquer s’ajoute une stratégie de la réduction au silence menée par les Frères musulmans, en particulier contre leurs opposants. J’ai rencontré récemment un historien spécialiste de l’antisémitisme islamique qui subit procès sur procès dans le but de le faire taire : les musulmans français l’empêchent de dénoncer ce qui est une évidence pour tous. À l’intérieur même de la communauté musulmane, les promoteurs de l’islamisation de la France et de l’Europe exercent une forme de terreur, parfois physique, sur ceux qui voudraient les critiquer ou les empêcher de remplacer la loi française par la charia. Quant aux intellectuels musulmans, en France comme ailleurs, qui sont conscients des impasses de la doctrine islamique et du danger de son application politique, ils sont eux aussi réduits au silence, en particulier parce qu’en France, l’État ne les aide pas à prendre la parole et à promouvoir leurs travaux. 

    Vous estimez que le dialogue des responsables musulmans avec les non-musulmans s’inscrit dans le cadre d’un rapport de forces destiné à lever la méfiance des Occidentaux. Sur quoi repose cette conviction ? 

    Il n’y a pas à proprement parler de dialogue dans la conception islamique. Plutôt, l’islam ne reconnaît la légitimité du dialogue avec les non-musulmans que pour s’assurer leur conversion ou leur soumission. De sorte que, du point de vue de la doctrine islamique, il n’y a que deux issues au dialogue : l’islam (qu’on s’y convertisse ou qu’on s’y soumette) ou la mort (qu’elle soit purement et simplement physique ou qu’elle prenne la forme du bannissement). Tout cela s’explique d’ailleurs parfaitement : dans la mesure où l’Islam se perçoit comme la religion naturelle des hommes, la seule voulue par Dieu, on ne voit pas pourquoi ses fidèles perdraient leur temps à discuter avec des personnes qui croient dans des ersatz de religion, dépourvus de valeur. Le Coran est très clair sur le sujet : il appelle à combattre les adeptes d’autres religions ou les incroyants, pas seulement en situation de légitime défense mais du simple fait qu’ils ne sont pas musulmans.

    Le projet conquérant de l’islam est simple : dominer culturellement et juridiquement l’Europe et convaincre les Européens non musulmans d’agir en sa faveur. Il s’agit de rééditer la stratégie et l’œuvre de Mahomet, en sa double qualité de chef politique et militaire, qui sut utiliser les ressources des peuples conquis ou asservis. L’islam veut soumettre l’Occident à la dhimmitude, statut juridique qui autorise les juifs et les chrétiens à conserver leurs croyances moyennant le versement un impôt per capita. Tel est le sort des « mécréants » en pays musulman. En attendant que cette soumission s’instaure en Occident, nos pays sont très vivement priés de laisser s’installer sur leur sol les communautés musulmanes régies par leur droit propre et disposant de leurs écoles. Cette logique séparatiste n’est pas seulement destinée à conforter l’identité des musulmans occidentaux, elle vise aussi à fracturer nos sociétés pour permettre à l’islam de s’y installer plus facilement. Telle est l’essence même du projet politique de la Stratégie. 

    On est donc en train de passer du multiculturel au multi-juridisme ? 

    Oui, et c’est d’ailleurs ce passage qui fait la différence entre le communautarisme et le séparatisme. Indéniablement, il existe dans le projet de l’OCI la volonté d’installer une justice interne à la communauté musulmane, et par conséquent complètement séparée des institutions judiciaires françaises. Cette séparation existe d’ailleurs d’ores et déjà au Royaume-Uni. Avec elle, on transforme une communauté en un quasi proto-Etat, dont la vocation consiste à se débarrasser de la tutelle du pays-hôte. Cette transformation, à la fois juridique et politique, prouve que les motivations des musulmans – du moins leurs représentants et leurs militants - ne sont pas que religieuses mais qu’ils sont bel et bien dans une démarche de conquête du pouvoir. 

    Depuis quelques années, les souffrances endurées par les chrétiens ressortissants de pays musulmans, au Proche-Orient mais aussi en Afrique et en Asie (cf. le cas d’Asia Bibi au Pakistan), semblent avoir réveillé la conscience des Français sur des réalités de l’islam qu’ils ne voyaient plus. Ce réveil serait-il dû, selon vous, à la présence croissante de musulmans dans nos pays, ou bien lui attribuez-vous d’autres causes plus désintéressées ? 

    La générosité habituelle des Français lorsqu’il s’agit de soutenir des opprimés partout dans le monde se vérifie envers les chrétiens d’Orient. Mais si l’expansion de l’islam dans notre pays a pu favoriser la solidarité envers les chrétiens orientaux, je ne reconnais pas dans cet intérêt pour eux la cause que j’aimerais y voir : la conscience de partager un héritage civilisationnel commun et par conséquent le devoir strict de tout faire pour que ne disparaissent pas du Levant les traces de cette civilisation. Il reste, malgré tout, que les injustices et les cruautés que les chrétiens d’Orient ont subies dans l’histoire, et qu’ils endurent encore, sont très certainement une marque de ce dont l’islam est capable envers les non-musulmans. Cette dimension interroge sans doute nos compatriotes et accroît leur mobilisation. 

    En réfléchissant aux probables adaptations de la loi de 1905 envisagées par le président Emmanuel Macron, vous suggérez des révisions compatibles avec l’esprit de cette loi. Le contrôle des associations cultuelles que vous préconisez ne risque-t-il pas de conduire à un contrôle identique de l’Etat sur l’enseignement dispensé dans les institutions chrétiennes, si celui-ci contredit les évolutions législatives, notamment en matière de droit de la famille ou de bioéthique ? 

    Ce n’est jamais sans risque qu’on encadre une liberté. Toutefois, il existe une différence importante entre les associations cultuelles islamiques relevant par nature de la loi de 1905, et les écoles relevant par nature de la loi de 1901.
    Et par ailleurs, il est tout de même difficile, même avec la plus parfaite mauvaise foi, de considérer qu’une opinion différente de la pensée unique sur les questions de bioéthique, par exemple, a le même statut politique et représente pour la cohésion sociale le même risque qu’un discours ouvertement anti-occidental, fondé sur la violence et le mensonge comme des outils légitimes ! Le problème, pour la puissance publique française, n’est pas d’apprendre à traiter avec la plus grande fermeté les doctrines considérées comme adversaires. Elle le fait déjà. Le problème est de considérer que l’Islam comme doctrine fait partie de ces adversaires. Or, nous en sommes très loin. C’est pourquoi toutes les démarches pédagogiques portant sur le contenu et les stratégies de l’islam sont bienvenues : il s’agit d’éclairer autant que possible le peuple français comme ses responsables. 

    Poisson.jpgVous-même, en tant qu’homme politique, que préconisez-vous comme mesures politiques concrètes face à l’extension de l’islam en France ? 

    Le document de l’ISESCO montre que l’islamisation de la France relève d’une volonté stratégique portée par des Etats, agissant sur le champ culturel, et soutenue par des moyens financiers importants. Par conséquent, si la France veut y répondre, elle doit le faire sur ces trois plans.

    D’abord, faire de l’islamisation un enjeu de politique publique, porté par le gouvernement, et ne pas laisser les maires se débrouiller seuls. Il est aussi impératif de réinvestir le champ culturel par la promotion de notre civilisation, notamment à travers les réformes des programmes de l’Education nationale, en histoire comme en français. Il faut réapprendre à nos jeunes la fierté d’un héritage si beau malgré ses imperfections et ses dérives. Enfin, des moyens conséquents doivent servir cet objectif afin de répondre d’égal à égal aux pays musulmans qui, au moins sur ce plan, sont nos adversaires. Nous ne pouvons pas accepter que les Etats du Golfe continuent d’acquérir les plus beaux fleurons de notre hôtellerie et de nos châteaux, ou nos clubs de football – pour ne citer que ces exemples.

    Ensuite, l’islamisation relève d’un « gagne-terrain » favorisé par le renoncement de la puissance publique à appliquer la loi française, dans sa lettre et son esprit. Ainsi, même s’il n’est pas illégal de réserver des horaires de piscine aux musulmanes, une telle pratique est violemment contraire à l’esprit d’égalité et de confiance dans la personne humaine qui est la marque de notre civilisation. Il convient donc, là aussi, de réaffirmer la force de l’Etat.

    Enfin, tout doit être fait pour soutenir notre démographie. Il y a longtemps que, pour le bien commun de notre pays, nous réclamons un contrôle strict des flux migratoires, la suspension du droit du sol pour l’acquisition de la nationalité française et le renforcement de la politique familiale. Ces dispositions ne portent pas directement sur la contention de l’islam, mais leurs effets permettraient de lutter contre le déséquilibre démographique alimenté par sa progression. Evidemment, la dénonciation sans réserve du Pacte de Marrakech sur les migrations que la France a récemment signé, s’inscrit dans cette perspective.   

    L'ISLAM, Annie Laurent,
    Editions Artège, 285 p., 19,90 €

    Annie Laurent

    Annie Laurent.jpgSpécialiste du Proche-Orient, des chrétiens d’Orient et de l’islam, Annie Laurent est à l’origine de l’association Clarifier et est l’auteur notamment de L’Islam, pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore) (Artège, 2017), L’islam peut-il rendre l’homme heureux (Artège, 2012), Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître ? (Salvator, 2017). 

     

     

     

        L'ISLAL'Islam-Laurent.jpgM, Annie Laurent,
        Éditions Artège, 285 p., 19,90 €

  • Livre - Notre sélection : "Mes idées politiques" de Charles Maurras

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    Charles Maurras (1868-1952) fut homme politique, journaliste, essayiste et poète. En 1908, il fondait L’Action française, organe du nationalisme intégral, défenseur d’une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée. Elu à l’Académie française en 1938, il en fut honteusement exclu à la suite de sa condamnation inique en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi, lui dont l’antigermanisme était pourtant légendaire et dont Marcel Jullian disait qu'il avait toutes les intelligences sauf celle-là !  Ses idées ont influencé de nombreux intellectuels français comme étrangers, et continuent d’irriguer les différents courants nationalistes et contre-révolutionnaires. Les éditions Kontre Kulture ont donc fait œuvre utile en rééditant son ouvrage Mes idées politiques paru en 1937. Charles Maurras y développe des principes politiques pérennes avec une extraordinaire clarté et met à mal tout l’édifice républicain. Maurras commence d’emblée par démontrer que l’inégalité est au contraire protectrice et vertueuse. Il examine ensuite les principes de vérité, de force, d’ordre, d’autorité, de liberté, de droit et de loi, de propriété, d’hérédité, du devoir de l’héritage et de la tradition, mettant les idées au clair, par exemple sur les conditions de l’autorité vraie ou de la loi juste. Ensuite, en moins de cinquante pages, il pose les bases de la science politique. Puis il s’attaque à la démocratie, enfant bâtard du libéralisme, et en décrit les vices et les turpitudes. Il s’attèle également aux questions sociales, précise les rapports de l’économique et du politique et défend une organisation du travail basée sur la corporation. Enfin, il termine par un implacable plaidoyer pour le nationalisme intégral.

    Il s’agit là sans nul doute d’un livre indispensable à toute personne soucieuse d'approfondir sa formation politique et de trouver des remèdes aux causes du délitement de Notre nation.

    Mes idées politiques, Charles Maurras, éditions Kontre Kulture, 364 pages, 20 euros

    A commander en ligne sur le site de l’éditeur

  • Zemour à Béziers le 5 novembre : une excellente analyse du blog "Lafautearousseau"

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    Charles Mauras et Stephen Miller, l'Américain

     

    On a beau avoir voulu étouffer la pensée de Maurras sous des reproches d'infamie, avoir cru s'en être débarrassés en le réputant coupable d'une vilaine affaire de trahison à quoi personne n'a pu croire, sa pensée, comme une source dont on voudrait arrêter de force le jaillissement, ne cesse de se répandre, d'exercer, comme jadis, son influence sur les esprits les plus lucides, les mieux informés, les plus agiles et, finalement  les plus influents du moment parmi ceux qui refusent la perspective d'un dépérissement français définitif.   

    Il arrive même que l'impact des idées maurrassiennes atteigne les plus hautes sphères de l'appareil d'État, le sommet des rouages de la République, comme cela fut le cas sous la présidence de Nicolas Sarkozy, lorsque Patrick buisson fut son principal conseiller, en tout cas le plus écouté. En vain, mais la filiation maurrassienne de Patrick Buisson, pour qui l'a lu et a lu Maurras, est des plus évidentes. On sait que même Outre-Atlantique, de grands lecteurs de Maurras, Steeve Banon, Steffen Miller, ont entouré le président Trump, écrit ses discours ...

    Ce n'est pas un hasard si ces penseurs ou ces praticiens de la chose politique prennent les doctrines de Maurras pour l'une de leurs références. Ces gens-là ne sont pas issus des vieilles fidélités maurrassiennes qui, de toute façon, ont déjà quitté ou sont en train de quitter la scène du monde. C'est parce que ces doctrines sont une des clefs de lecture du monde actuel tel qu'il est réellement et non pas fantasmé. L'une des plus fécondes, des plus efficaces pour comprendre nombre de situations et de phénomènes contemporains.

    Zemour-Buisson-Villiers.jpgDe sorte que se reconnaître héritiers de la pensée de Maurras, comme nous-mêmes, ce n'est pas se raccrocher au passé, à une pensée d'un temps stupidement dit révolu, c'est parler de l'actualité. Et dans l'actualité.

    Les trois auteurs de livres politiques de très loin les plus lus, ceux qui font les plus grands tirages, les succès les plus spectaculaires, sont aujourd'hui Philippe de Villiers, Patrick Buisson et Éric Zemmour. Tous trois - quoique très différemment - pétris de culture et d'influences maurrassiennes et bainvilliennes. A en faire frémir d'horreur Raphaël Glucksmann et susciter ses larmes faciles. Lacrimae rerum .. ?

    Éric Zemmour, dans ses textes aussi bien que dans les innombrables débats auxquels il est invité parce qu'il est gage d'audience, ne cesse de se référer à l'Action française, au grand Bainville, à Maurras, reprenant ses analyses, ses expressions, implicitement ou explicitement. Il a même le courage de le défendre jusque dans ses aspects les plus contestés. Courage intellectuel et compétence historique qui manquent à beaucoup et jusque dans les rangs de l'Action française stricto sensu.

    Dans Destin français,  cette présence « Action Française » a aussi ému Laurent Joffrin qui s'est offert le luxe (il est né dedans, dit-on) de publier dans Libération, le 16 octobre, un article intitulé Charles Zemmour et Eric Maurras, reprenant ainsi une formule qu'il doit trouver spirituelle puisqu'il l'avait déjà utilisée en février de cette année. De cet article, la dernière phrase dit tout : « le livre s'appelle Destin français. Il y avait un meilleur titre : Action française. » Une obsession, décidément. Mais oui, pourtant, action française c'est très bien.  

    En somme, si nous parlions moins ou pas du tout de Maurras, comme on nous y invite parfois, nous finirions par être les seuls ... Qu'y gagerions-Livres Zemour.jpgnous ? Ni la bienveillance de nos adversaires, ni celle des médias, ni la considération de quiconque. Pas même la nôtre propre.

    Ignorer Maurras, ce pourrait être, après tout, une tactique. On aura compris que ce n'est pas celle que nous retenons.  

  • « Charles Zemmour - Eric Maurras » et ... Laurent Joffrin. Y a pas photo !

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    Entre Maurras et Joffrin, la différence est entre

    un maître de la pensée et un comique-troupier

    Libération étant plutôt en perdition - à vendre au premier milliardaire de passage - on est plus habitué à voir Laurent Joffrin sur les plateaux de télévision qu'à le lire dans son journal. Il y donne toujours l'impression de se payer la tête de son voisin, prend l'air supérieur, goguenard, dispensateur de leçons, définisseur du Bien et du Mal, distribue les bons et les mauvais points avec une autorité détachée des choses mineures et parle la langue de bois universelle des bobos friqués de la gauche fraternelle.  

    Nous ne commenterons pas cet article, archétype de polémique langagière et de mauvaise foi. Il faut le lire pour se faire une idée de la chose. Le lecteur appréciera, rectifiera !

    Lafautearousseau

     

    Charles Zemmour et Eric Maurras

     

    Le livre du polémiste favori de l’extrême droite se présente comme une contre-histoire. Il ressuscite en fait un récit nationaliste et autoritaire, remplaçant la haine des Juifs par la dénonciation de l’islam. 

    Cette fois la pensée de droite a franchi la ligne rouge. On le pressentait depuis que l’obsession de l’identité - que certains, hélas, encouragent à l’extrême gauche - a conduit au procès oblique de « l’idéologie des droits humains ». Avec Zemmour c’est chose faite. Son Destin Français, dernier opus du publiciste favori de l’extrême-droite, ne livre qu’un seul message : les libertés publiques sont désormais un obstacle au salut de la nation. Une phrase résume le livre (p. 191) : « Ignorant les leçons du passé et oubliant les vertus de son histoire, la France saborde son État au nom des droits de l’homme et l’unité de son peuple au nom de l’universalisme. » La liberté : voilà l’ennemie.

    Après une introduction personnelle, plutôt bien troussée, Zemmour livre un essai chronologique, de Clovis à nos jours. Le livre se présente comme une contre-histoire qui dégonfle les mythes officiels - ce qui se conçoit. Il déterre en fait l’histoire monarchiste nationaliste telle qu’elle fut diffusée par Maurras, Bainville et quelques autres entre les deux guerres. Une histoire cursive, soigneusement écrite, mais une histoire à œillères, outrageusement partisane.

    Pour Zemmour, l’histoire de France commence avec Clovis. Choix significatif. Bien sûr, le roi franc a étendu par la guerre son petit fief de Belgique à un territoire qui évoque l’actuel hexagone, il a choisi Paris pour capitale et, surtout, il s’est converti au christianisme. Pour le reste, le choix est arbitraire : Clovis n’a rien de français (il s’appelle Chlodowig et parle une langue à consonance germanique) et n’a aucunement l’idée d’un pays qui pourrait s’appeler la France. A sa mort, son royaume se désunit et il faut attendre deux siècles pour que Charles Martel reconstitue une entité hexagonale, elle-même englobée dans l’empire de Charlemagne - Karl der Grosse pour les Allemands, qui le revendiquent tout autant - puis de nouveau divisée après le traité de Verdun de 843. A vrai dire, les historiens s’accordent pour dater de Bouvines, ou de la guerre de Cent Ans, l’apparition d’un royaume qui annonce la future France, avec un début de sentiment patriotique. Le choix de Clovis n’a qu’une seule origine : la volonté de célébrer « les racines chrétiennes » du pays.

    « Pour moi, l'histoire de France commence avec Clovis choisi comme roi de France par la tribu des Francs qui donnèrent leur nom à la France...» 

    Charles de Gaulle, 1965

    Tout est à l’avenant : on met en scène un peuple catholique par nature patriote, opposé à des élites cosmopolites. Jeanne d’Arc mobilise le camp armagnac, plus conservateur, contre les Bourguignons alliés aux Anglais, pourtant tout aussi « français » que leurs adversaires. Louis XIII et Richelieu ont cent fois raison de réprimer les protestants, accusés de séparatisme ; Catherine de Médicis tente la réconciliation pendant les guerres de religion, mais bascule du côté des catholiques avec la Saint-Barthélémy que Zemmour justifie à mots couverts pour approuver ensuite l’instauration de l’absolutisme - éloge ému de Bossuet -, régime régressif qui a pour seul mérite d’unifier la future nation. Louis XIV, autre héros zemmourien, expulse les protestants, œuvre pie. Il a pourtant ruiné son peuple et mené des guerres incessantes et vaines. Pas un mot sur le Code noir et l’essor de l’esclavage organisé par Colbert au nom du Roi-Soleil.

    Louis XIV, des guerres incessantes et vaines ?

    Relire Louis Bertrand ! Et tous les historiens honnêtes … Le Roussillon, l’Artois, la Franche-Comté, l’Alsace … et surtout un prince français sur le trône d’Espagne. Louis XIV a reconnu avoir trop aimé la guerre mais les guerres qu'il a menées n'ont pas été « vaines » ...

    Les Lumières inoculent à la vieille France l’illusion universaliste qui corrompt l’identité française. Le chapitre sur Voltaire (qui avait certes des défauts) n’est qu’une démolition systématique ressuscitant le vieux réquisitoire réactionnaire contre le philosophe et son « hideux sourire ». Robespierre bénéficie d’un éloge paradoxal pour avoir incarné une République impérieuse et nationale. Sans craindre la contradiction, Zemmour porte aux nues l’insurrection vendéenne (classique de la littérature monarchiste) alors qu’elle fut massacrée sans retenue sous l’égide du même Robespierre. Bonaparte est célébré pour avoir mis fin à la Révolution et étendu sur l’Europe une tyrannie dont Zemmour passe sous silence les tares les plus évidentes. Les Anglais puis les Américains sont fustigés comme agents de la mondialisation sans âme. Le Front populaire disparaît, comme sont effacées du récit les conquêtes du mouvement ouvrier. Pétain est réévalué (réhabilité ?) parce qu’il a opposé aux Allemands son « bouclier » complémentaire du « glaive » de la France libre, vieille thèse maréchaliste qui revient à jeter aux orties le travail des historiens contemporains. La théorie du « bouclier » s’effondre d’elle-même quand on remarque que Pétain a poursuivi la collaboration jusqu’au bout pour finir à Sigmaringen après avoir prêté la main à la déportation des Juifs. Drôle de bouclier…

    Pétain a été emmené de force par les Allemands à Sigmaringen. Il y était prisonnier ...

    Bref, Zemmour ressuscite la vieille histoire maurrassienne, autoritaire, traditionaliste et antisémite, se contentant de remplacer la haine des Juifs par la dénonciation de l’islam. Le livre s’appelle Destin français. Il y avait un meilleur titre : « Action française ».   

  • Livre - Notre sélection : les vérités cachées de la guerre d'Algérie

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    Plus d’un demi-siècle après l’indépendance de l’Algérie, est-il possible de raconter sans manichéisme et sans œillères la guerre au terme de laquelle un territoire ayant vécu cent trente ans sous le drapeau français est devenu un État souverain

    La conquête et la colonisation au XIXe siècle, le statut des différentes communautés au XXe siècle, le terrible conflit qui ensanglanta l’Algérie et parfois la métropole de 1954 à 1962, tout est matière, aujourd’hui, aux idées toutes faites et aux jugements réducteurs. 

    Avec ce livre, Jean Sévillia affronte cette histoire telle qu’elle fut : celle d’une déchirure dramatique où aucun camp n’a eu le monopole de l’innocence ou de la culpabilité, et où Français et Algériens ont tous perdu quelque chose, même s’ils l’ignorent ou le nient.

    Journaliste, essayiste et historien, auteur de nombreux ouvrages qui ont été des succès de librairie (Zita impératrice courage, Le Terrorisme intellectuel, Historiquement correct, Historiquement incorrect, Histoire passionnée de la France), Jean Sévillia est chroniqueur au Figaro Magazine et membre du conseil scientifique du Figaro Histoire

    Retrouvez toute l’actualité concernant Jean Sévillia sur son site :

    www.jeansevillia.com

    Contact presse : Sandie Rigolt : 06 38 92 71 58 / 01 44 49 79 71 / srigolt@editions-fayard.fr

  • Livre - Notre sélection : L’histoire plurimillénaire de l’Afrique racontée par Bernard Lugan

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    Des origines de l’Homme aux conflits d’aujourd’hui, au fil de 250 cartes accompagnées de notices explicatives, cet atlas inscrit sur la longue durée, fait le bilan des connaissances historiques autour du continent africain à travers les permanences et les ruptures qui expliquent les crises actuelles et qui permettent d’annoncer celles de demain.Atlas.jpg

    Cet ouvrage, sans équivalent, est l’outil de référence indispensable à tous ceux qui veulent connaître les constantes historiques et ethniques qui fondent la géopolitique de l’Afrique, ou plus exactement des Afriques, et sans la connaissance desquelles tout ce qui est dit ou écrit sur ce continent relève de l’artificialité.

    Bernard Lugan a écrit plus de 30 ouvrages consacrés à l’Afrique. Il est universitaire et expert auprès du TPIR (ONU). Il fut professeur à l’École de Guerre et aux Écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. Il dirige la revue par Internet l’Afrique Réelle.

    Bernard Lugan, Atlas historique de l’Afrique , Des origines à nos jours, éditions du Rocher, 424 pages – 25,90 €, Parution 26 septembre 2018.

     

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    L'analyse de Media Presse Info

    L’africaniste Bernard Lugan, expert auprès du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, fut professeur à l’Ecole de Guerre et aux Ecoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. Il dirige la revue L’Afrique Réelle et a écrit plus d’une trentaine d’ouvrages consacrés à l’Afrique.

    Son nouvel Atlas historique de l’Afrique est un précieux outil pour mieux comprendre les différentes mutations qui ont rythmé l’histoire du continent africain, des origines à nos jours. 250 cartes commentées par l’auteur permettent d’observer les différences qui caractérisent ce continent (désert, forêts denses, variétés ethno-linguistiques, religions, démographie…) ainsi que de suivre son évolution historique.

    Il y eut d’abord les changements climatiques dont les conséquences ne furent pas les mêmes en Afrique de l’Ouest ou en Afrique orientale et australe, et qui expliquent le “miracle” égyptien avec la vallée du Nil. Puis, aux VIIe et VIIIe siècles, l’islamisation de l’Afrique du Nord entraîna la cassure nord-sud du monde méditerranéen et l’apparition d’un front mouvant entre chrétienté et islam qui ne fut stabilisé qu’au XVIIe siècle. A partir du XVIIIe siècle, on vit apparaître des Etats forts, phénomène qui se produisit dans toute l’Afrique au sud du Sahara et qui présente de grandes différences régionales. Ainsi, dans la région sahélo-soudanaise, le jihad servit de paravent à la volonté impérialiste de sultanats nordistes qui entreprirent de s’étendre aux dépens d’entités animistes sahéliennes, comme les royaumes bambara. Tandis qu’en Afrique centrale ou australe, des empires ethno-centrés furent formés par le rassemblement de tribus ou de clans appartenant aux mêmes ensembles ethniques, comme les royaumes Luba, Lunda, Shona, Zulu ou celui d’Imerina à Madagascar. Dans les années 1880 s’ouvrit la période coloniale, brève parenthèse de moins d’un siècle puisque la décennie 1960 apporta la décolonisation, les anciens dominés de l’époque pré-coloniale héritant généralement des Etats créés par les colonisateurs. Ensuite, durant la guerre froide, l’Afrique devenue indépendante fut contrainte d’adopter une histoire qui n’était pas la sienne en entrant dans la clientèle de l’un ou l’autre bloc. A la disparition de ceux-ci, dans les années 1990, les vrais problèmes se posèrent : ethniques, culturels, politiques et parfois religieux, avant d’être économiques. Bernard Lugan nous montre qu’au moment où l’Afrique aurait pu renouer avec son histoire, elle en fut empêchée par la démocratisation, synonyme de loi du nombre au profit des ethnies les plus nombreuses, débouchant sur des troubles, des émeutes, des guerres, des massacres et même un génocide au Rwanda. L’ouvrage se termine au plus près de l’actualité avec la décomposition de la Libye, le jihadisme sahélien, les questions du Mali, la guerre de Boko Haram et les mutations sud-africaines.

  • Livre - Notre sélection : Roger Nimier. Masculin, singulier, pluriel

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    « Nimier écrit en français direct vivant, pas en français de traduction, raplati, mort » proclamait Céline dans une lettre à un confrère et néanmoins ami, pour dire son estime à l’égard d’un cadet.

    Il est vrai que Roger Nimier (1925-1962), disparu comme Albert Camus ou Jean-René Huguenin dans un accident de voiture, s’était démené sans compter pour sortir Céline du purgatoire. C’est l’une des nombreuses facettes de cet écrivain attachant qu’étudie avec rigueur et sympathie Alain Cresciucci dans une biographie qui est aussi et surtout le portrait d’« une génération heureuse qui aura eu vingt ans pour la fin du monde civilisé ».

    Nimier.jpgGénie littéraire à la monstrueuse précocité, dont son condisciple Michel Tournier a témoigné, Roger Nimier publia sept livres, cinq romans (dont Le Hussard bleu) et deux essais (dont Le Grand d’Espagne), en cinq ans, avant même d’atteindre la trentaine. Un météore donc, lui aussi, qui, en quelques années, s’impose comme le chef des Hussards, ces impertinents qui se rebellent contre le règne des idéologues marxistes et des pions humanitaires – Sartre et tutti quanti. « Libertin du siècle », comme il se définissait lui-même, Roger Nimier fut le fils spirituel de Georges Bernanos, qu’il rencontra lors de son retour d’exil. Mais aussi de Malraux et de Drieu la Rochelle, et, bien plus haut, de Retz et de La Rochefoucauld. Romancier mélancolique, critique implacable, éditeur d’élite chez Gallimard (Céline et Morand lui doivent leur renaissance), dialoguiste de cinéma (entre autres pour Louis Malle dans le sublime Ascenseur pour l’échafaud), Nimier aurait pu devenir, sans cet accident stupide au volant d’une Aston Martin, l’un des maîtres de sa génération.

    Quinze ans après sa mort, son ami Pol Vandromme, inconsolable, le saluait en ces termes : « Son existence est humble et aristocratique. Il a découvert le rugby dont le goût rejoint bientôt chez lui celui des armes anciennes, du dessin, de la papeterie, des condiments, du champagne et de l’eau fraîche, tout ce qui brûle ou ce qui glace, tout ce qui fait la vie plus sage et plus virile, plus fidèle et plus forte. »

    Christopher Gérard

    Metamag

  • Livre, notre sélection : "Manuel de l'anti-tourisme"

     

    « Le tourisme représente

    la fin de l’aventure »

     

    Entretien avec Rodolphe Christin, auteur du "Manuel de l'anti-tourisme"

     
     

    Dans son dernier livre Manuel de l’anti-tourisme, Rodolphe Christin s’en prend avec témérité à ce qui est devenu l’horizon indépassable de l’accomplissement de nos sociétés occidentales ou économiquement bien portantes : le tourisme.


    Matthieu Delaunay. Pourquoi prendre à rebours la marche du monde qui tend à rendre accessible chaque recoin de la planète qu’on appelait encore récemment ses « confins » ?

    Rodolphe Christin. Ce livre est né du constat, agacé tout de même, de l’ampleur de la mise en ordre touristique du monde. Je tente de comprendre pourquoi et comment le tourisme est devenu la première industrie mondiale. Les Français sont bien placés pour être confrontés à ce genre d’interrogation puisque la France reste une destination de choix. L’objectif du Manuel de l’anti tourisme, est de sortir du consensus dont bénéficiait la machine touristique, y compris dans les milieux les plus contestataires. Le géographe Philippe Bourdeau explique à juste titre que le tourisme, comme industrie du « bien », qui prétend faire du bien, a longtemps été une machine à dépolitiser les réalités qu’elle produit. Je suis tenté de parler au passé car il semble que, depuis quelques temps, les choses changent : on observe ici et là des mouvements d’opposition à des projets touristiques (comme dans la forêt des Chambarans, en Isère, contre l’implantation d’un Center Parcs), ou bien des vagues de contestation dans des grandes villes sur-fréquentées comme Venise, Barcelone ou Dubrovnik. Ces villes n’en peuvent plus : le tourisme rend trop souvent les territoires invivables. Les zones les plus touristiques tendent à se refermer sur elles-mêmes et leurs habitants sont contraints de fuir.

    Depuis que le tourisme existe, le monde n’est pas devenu meilleur.

    Pourquoi les gens voyagent-ils ? Est-ce que c’est seulement à cause de la publicité, ou est-ce que ça a remplacé autre chose ? Comment inciter à voyager moins ? Peut-on voyager mieux ?

    Le voyage est une structure anthropologique de l’imaginaire, pour parler comme l’anthropologue Gilbert Durand. Il signifie une logique du désir fortement enracinée qui pousse certains individus ou groupes à vouloir explorer ce qui existe au-delà de la montagne, de la vallée, de l’océan. Cette pulsion, ancienne comme l’humanité, traverse les époques et les cultures et révèle une disposition humaine au déplacement, à l’acquisition de connaissances et de nouvelles expériences, à l’exploration de nouveaux territoires de vie. Le tourisme, en tant que phénomène historique et social, est plus récent : pour aller vite, il a eu besoin de la révolution industrielle et de la généralisation du salariat pour devenir une modalité incontournable de la société de consommation. Le tourisme est le pur produit du capitalisme. Pour se déployer, ce phénomène a nécessité la création d’infrastructures et de technologies facilitant les déplacements. Pour que le tourisme se développe, le déplacement ne doit plus être une épreuve physique et psychologique. Sur ce plan, le tourisme représente la fin de l’aventure.

    Croyez-vous que la masse de touristes, chaque année plus grande, apprend de ses voyages ?

    Toutes les expériences enseignent quelque chose, les touristes apprennent comme tout le monde. Touristes et opérateurs de tourisme sont beaucoup plus opportunistes et tacticiens qu’idiots.

    Qu’est-ce que le monde peut gagner avec le tourisme ?

    De l’argent. Mais la manne est loin de bénéficier à tout le monde de manière équitable. Le tourisme brasse de l’argent grâce à des flux exogènes aux territoires d’accueil, ce qui rend l’économie touristique fragile et dépendante. Quant à la prétendue ouverture d’esprit que permettrait l’accès touristique au monde, sur ce plan rien n’est prouvé : la Méditerranée, première région touristique mondiale où la culture de l’accueil et de l’échange pourrait en conséquence être forte, est une région où la répression des migrants sait se faire impitoyable. Depuis que le tourisme existe, le monde n’est pas devenu meilleur. Le touriste sait profiter de son prochain en vacances aussi bien qu’au travail. Cette prétendue industrie du bien est une industrie aussi toxique que d’autres cracheuses de fumées.

    Quelle nuance faites-vous, si nuance vous faites, entre le voyage et le tourisme ?

    Le tourisme est le produit d’une époque tandis que le voyage relève d’une dimension anthropologique de l’esprit. Une quête le motive. On ne le trouve plus qu’en creux, au hasard de certaines expériences. En revanche, le tourisme est un acte marchand aujourd’hui incontournable. Aucun voyageur n’y échappe et le voyage n’existe plus que dans le secret de la conscience.

    Que répondez-vous à ceux qui considèrent le tourisme comme un moyen de développement sûr, rapide et efficace des populations pauvres ?

    Le tourisme n’a pas éradiqué la pauvreté, nous le saurions déjà. Son économie est fragile pour la raison avancée plus haut : trop dépendante de flux exogènes, l’économie touristique n’est pas autonome. En outre, son personnel souffre d’une indéniable précarité. Le tourisme est un anti-voyage.

    Vous écrivez que le tourisme est une « modalité du management du monde ». Pouvez-vous l’expliquer ?

    Le tourisme est une manière de faire de l’argent qui intéresse autant les opérateurs privés que les pouvoirs publics. Il est d’ailleurs étonnant de voir comment l’argent du contribuable peut être mis au service d’intérêts particuliers, sans que cela ne provoque le scandale. Le tourisme suppose une modélisation des territoires de manière à les rendre touristiquement accueillants, c’est-à-dire rentables. Le tourisme exige donc un type d’aménagement du territoire adéquat, de manière à les rendre attractifs et achetables, fréquentables pour des nombres importants de visiteurs. Si les touristes s’émancipaient de l’enchantement qui recouvre d’illusions leurs pratiques, s’ils voulaient avoir accès au dessous des affaires, s’ils découvraient qu’ils ne sont que des pions inclus dans des flux qu’il faut gérer pour faire un maximum de profit, il est probable que le plaisir du tourisme s’évanouirait aussitôt. Avec lui, la liberté des vacances est illusoire.

    N’y-a-t-il pas un paradoxe dans le terme « tourisme enfermé » que vous utilisez ?

    Vous avez raison. Si au départ le désir touristique rejoignait le désir de découvrir l’altérité, bien souvent celui-ci s’est retourné sur lui-même : le tourisme devient désir de tourisme qui adore les lieux clos où l’on vit entre soi, à l’écart des autochtones qui ne peuvent intervenir que s’ils sont au service du touriste. Voilà pourquoi je répète que le tourisme est un anti-voyage.

    Considérez-vous qu’il n’est aujourd’hui plus possible de vagabonder librement à travers le monde ? Croyez-vous qu’un voyage gratuit et pur dans ses fondements est encore possible ?

    Le voyage « pur dans ses fondement » n’existe pas, le voyage est le résultat d’un travail philosophique sur le sens de la vie, une mise en interrogation du monde. Quant à la liberté de vagabonder, cela devient difficile de la trouver dans un monde qui préfère faire circuler les marchandises que voir « librement » circuler les individus, à une exception près : tout est possible pour qui possède suffisamment d’argent, et qui donc en rapporte à d’autres.

    Causeur

  • Livre - Notre sélection : "Eric Zémour - Itinéraire d'un insoumis"

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    Par Hilaire de Crémiers

    Politique magazine

    Eric Zemmour a la simplicité du courage vrai, avec en plus ce courage moral qui est devenu aujourd’hui une vertu si rare. Son talent, c’est l’écriture et la parole, une parole qui n’est chez lui qu’une autre forme d’écriture. Tout ce qu’il dit, même à l’emporte-pièce, a déjà été pensé, travaillé dans son esprit et c’est pourquoi il est toujours pertinent. Il l’est même de plus en plus ; c’est le fruit d’une expérience soutenue avec constance, d’une activité intellectuelle continue, d’un souci permanent de l’exactitude et de la justesse, tant dans la connaissance et le jugement que dans l’expression pour la meilleure des compréhensions. Lire ou entendre un billet de Zemmour est un régal pour un Français cultivé, honnête et de bonne foi. Inutile de qualifier ce qui caractérise ses ennemis, ceux qui ne peuvent supporter sa personne ni ses propos.
    Il déplaît comme il plaît et pour les mêmes raisons.

    Alors, pourquoi plaît-il ? Cette question suffit et la réponse vaudra de même pour l’interrogation contraire. Pour le savoir il suffit de lire le remarquable essai que Danièle Masson lui consacre. C’est plus et mieux qu’une biographie, avec ces mêmes qualités d’intelligence, de clarté, de style juste et direct pour analyser ce qu’il convient d’appeler « le cas Zemmour ». En chapitres rapides, précis, elle traite de son sujet qui l’a, par sa singularité, « interpellée » pour reprendre le mot du jargon actuel, en fait étonnée, intéressée, à la vérité captivée. La vie et l’œuvre de Zemmour passent sous son regard attentif, aigu et bienveillant, aussi admiratif qu’amusé. Danièle Masson est philosophe sans le dire ; elle a côtoyé Gustave Thibon et Maurice Clavel ; nul mieux qu’elle ne connaît Simone Weil et, élève de Jacqueline de Romilly et de Pierre Grimal, rien de la pensée antique ne lui échappe – « rien de ce qui est humain ne lui est étranger » – , pas plus que de la pensée moderne qu’elle a analysée et critiquée. C’est toute notre tradition helléno-latine et française qui, en quelque sorte, à travers elle, regarde Zemmour, et qui se réjouit finalement du seul fait qu’il existe et tel qu’il est. Il fallait rien moins qu’un fils de famille juive d’Algérie, né à Montreuil, grandi dans le peuple et avec le peuple, au milieu des Français de souche et des Maghrébins, qui sait donc tout de la société en vérité et qui n’a cessé d’approfondir comme naturellement, mais en une longue persévérance, son amour de la France, de l’histoire, de la littérature, de la vie de son pays.

    C’est ce qui fait toute la force de son jugement qui n’en devient que plus redoutable. Il dit tout haut ce que la France, la vraie France, pense tout bas. Et toute la bande des bourgeois qui prétendent mener la France, gouverner les Français, penser pour eux, tous élevés dans les bonnes écoles, tous profiteurs de la société, tous renégats de leur religion, de leur histoire, de leurs familles, de leur patrie, ne peuvent pas le supporter, évidemment. Il leur dit la vérité, leur vérité. Il les a dépeints tels qu’ils sont : répugnants et ridicules. Tous amis de la trahison, au cours des quarante dernières années de décadence où ils se sont servis !

    Et, cependant, Zemmour n’est pas un bloc figé de pensées et d’attitudes : son œuvre et sa vie en témoignent. Il aime Napoléon qui a pu incarner – mais trop à sa manière – une force et une gloire françaises ; et de Gaulle pareillement ; mais, il aime de plus en plus, à l’école de Bainville, les quarante rois qui, en mille ans, ont fait la France. Danièle Masson, dans les derniers chapitres de son essai, note sa réflexion religieuse. Éric Zemmour est si français qu’il attache la plus extrême importance à la conservation du catholicisme traditionnel qui est l’âme de la France. Il se désespère de voir l’islam conquérir peu à peu et inexorablement notre pauvre pays avec la complicité active de dirigeants politiques et religieux d’une lâcheté et d’une imbécillité inqualifiables. Il est triste pour la France. Il voit, il dit, il prédit : il y a du prophète chez Zemmour.

    Éric Zemmour, Itinéraire d’un insoumis, Danièle Masson, Essai, Pierre Guillaume de Roux, 258 p, 23 €
  • Charles Maurras, à lire avant de juger

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    Par Jean Sévilla dans Figaro magazine

    Sévilla.jpgLe 28 janvier dernier, le ministère de la Culture annonçait le retrait de la notice consacrée à Charles Maurras, né il y a cent cinquante ans, dans le Livre des commémorations nationales de 2018, à la suite de protestations contre la mention dans ce document officiel d'un écrivain réputé pour son antisémitisme. « Commémorer Maurras, ce n'est pas le célébrer », répliquaient les historiens du Haut Comité des commémorations nationales, avant que dix des douze membres de ce comité ne présentent collectivement leur démission. Pendant plusieurs semaines, le nom de Maurras alimenta la polémique. « Doit-on republier l'infâme ? », s'interrogea Libération (2-3 février 2018), à propos de la parution d'une anthologie de Maurras. Dans Le Nouveau Magazine littéraire (mars 2018), Claude Askolovitch vitupéra sur quatre pages « le retour d'une icône fasciste ».

    Déroulées mécaniquement, ces charges laissaient cependant l'impression que certains se donnaient bonne conscience en vilipendant un personnage dont, en réalité, ils ne savaient rien. Peu après l'entrée de François Hollande à l'Elysée, en 2012, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui avait été la porte-parole de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, avait déjà fait le coup en mettant en cause Patrick Buisson, le conseiller du candidat battu, l'accusant d'avoir travaillé non au succès du président sortant, mais d'avoir voulu « faire gagner Charles Maurras ». Si on avait demandé à l'ancienne ministre d'expliquer en détail qui était celui-ci, sans doute aurait-elle été embarrassée.

    Dans Le Monde du 18 novembre 1952, deux jours après la mort de Maurras, André Fontaine écrivait ces lignes : « Devant cette tombe ouverte, devant le corps d'un homme qui, cinquante ans durant, a honoré les lettres et le génie français, ne serait-il plus possible de tenter d'être juste ? » Pour le centième anniversaire de sa naissance, le même journal, le 20 avril 1968, consacrait une double page à Charles Maurras, avec un article critique de l'académicien Pierre-Henri Simon (« Puissance et fissures d'une pensée »), et un autre de Gilbert Comte, un journaliste maison, qui invitait à redécouvrir, au-delà du « Maurras intraitable des quinze dernières années, durci par le malheur, figé dans son orthodoxie », le « jeune prophète conquérant du renouveau royaliste ». En 2018, là est le paradoxe : l'aversion à l'égard de Maurras est inversement proportionnelle à son éloignement dans le temps.

    Admiré par Proust, Bergson, Péguy, Bernanos, Lacan

    Journaliste, philosophe politique, critique littéraire et poète, Maurras a été pendant la première moitié du XXe siècle une figure de la vie intellectuelle française. Proust, Apollinaire, Péguy, Malraux, Gide, Claudel ou Montherlant ont salué son talent. Outre Léon Daudet et Jacques Bainville, ses compagnons de l'Action française, la liste est longue de ceux qui ont été un jour maurrassiens : les philosophes Jacques Maritain, Gustave Thibon, Louis Althusser et Pierre Boutang, les historiens Pierre Gaxotte, Philippe Ariès et Raoul Girardet, les romanciers Georges Bernanos, Roger Nimier, Michel Déon et Jacques Laurent, les acteurs Pierre Fresnay et François Périer, le psychanalyste Jacques Lacan ou le linguiste Georges Dumézil. Si Maurras avait incarné le mal absolu, pourquoi ces esprits brillants se seraient-ils reconnu une dette envers lui ?

    Tout penseur doit être soumis à un bilan critique, ce qui suppose de connaître son œuvre. Entreprise malaisée, dans le cas de Maurras, auteur de milliers d'articles et d'une centaine de livres introuvables ailleurs que chez les bouquinistes. Or, voici enfin la possibilité de le lire grâce à la publication, dans la collection « Bouquins » de Robert Laffont, d'un volume de près de 1300 pages reprenant un choix de ses textes philosophiques, littéraires et politiques, et de ses poèmes. Cette édition, établie et présentée par Martin Motte, directeur d'études à l’École pratique des hautes études, est préfacée par Jean-Christophe Buisson, directeur adjoint de la rédaction du Figaro Magazine, qui signe une utile introduction à la vie et à l'action d'un homme souvent cité, mais si peu connu.

    Simultanément, les Editions Pierre-Guillaume de Roux rééditent un essai du journaliste Jacques Paugam, L'Age d'or du maurrassisme, centré sur les débuts de Maurras. Dans ce livre, initialement paru en 1971, l'auteur, gaulliste et chrétien-démocrate, faisait « une formidable démonstration d'honnêteté intellectuelle », observe Michel De Jaeghere, directeur du Figaro Hors-série et du Figaro Histoire, qui préface cette réédition en ne négligeant chez Maurras « ni les zones d'ombre ni - c'est plus exceptionnel - les traits de lumière ».

    Né à Martigues, près de Marseille, en 1868, dans une famille de petite bourgeoisie, Charles Maurras, orphelin de père à 6 ans, grandit avec sa mère et son frère à Aix-en-Provence où il entreprend ses études au collège catholique. A 14 ans, atteint d'une surdité incurable, il est tenté par le suicide et perd la foi. Un de ses professeurs, l'abbé Penon, futur évêque de Moulins, prend en charge la direction morale du jeune homme : leur correspondance est une clé indispensable pour comprendre la vérité personnelle et privée de Maurras. Après son baccalauréat, en 1885, il gagne Paris où, sa surdité lui interdisant l'université, il passe des heures dans les bibliothèques et se lance dans la critique littéraire, se liant avec Maurice Barrès, Anatole France, Frédéric Mistral.

    Au cours des années 1891-1895, ayant vaincu son nihilisme, il fonde sa pensée sur l'idée que l'homme n'est pas la mesure de toute chose : il y a un ordre du monde auquel il doit se soumettre. Parallèlement, fondateur en poétique de l'Ecole romane, avec Jean Moréas et Raymond de la Tailhède, il élabore une esthétique classique. A travers le cas de George Sand et Alfred de Musset, Maurras dénoncera, dans Les Amants de Venise, l'amour romantique, dérèglement d'un sentiment qui n'a d'autre fin que lui-même.

    En 1896, il visite la Grèce et l'Italie. De ce voyage, il retient que la beauté n'est pas dans le nombre, qui peut s'accroître à l'infini, mais dans la composition. Le jeune écrivain, dont les racines sont méditerranéennes, voit a contrario dans la philosophie allemande la source des barbaries modernes. Contre Luther, Maurras pense que le libre examen est un principe anarchique ; contre Kant, que la loi morale ne peut être déterminée par la conscience individuelle ; contre Rousseau, que la base de la société n'est pas l'individu, mais la famille. Agnostique, il loue le catholicisme qui, selon lui, organise l'idée de Dieu, l'Eglise catholique restant à ses yeux un fondement de la civilisation occidentale.

    L'affaire Dreyfus

    Dès son arrivée à Paris, ayant souffert de la séparation d'avec la Provence, il avait fondé le Jeune Félibrige avec son ami Frédéric Amouretti, affirmant sa première idée politique : la nécessité de la décentralisation pour libérer le pays du carcan parisien. De Grèce, il était revenu avec deux certitudes. Primo, puisque la lutte des partis a précipité la fin d'Athènes, la démocratie n'est pas le meilleur des régimes. Secundo, le XXe siècle sera celui des nationalismes qui se sont exprimés aux nouveaux Jeux olympiques auxquels il a assisté à Athènes.

    L'affaire Dreyfus est la première bataille politique à laquelle Maurras prend part. Persuadé de la culpabilité du capitaine et de la régularité de sa condamnation, il estime que la France, son armée et ses lois doivent être au-dessus des malheurs d'un individu. Il résumera son sentiment par une boutade : « Si Dreyfus est innocent, il faut le faire maréchal de France, et fusiller ses dix premiers défenseurs.»

    En 1899, il rejoint L'Action française, une revue mensuelle au sein de laquelle il prend l'ascendant, gagnant ses fondateurs à ses propres idées. Devenu royaliste, Maurras entreprend en 1900 une Enquête sur la monarchie, d'abord auprès des représentants du prétendant au trône, le duc d'Orléans, puis auprès de personnalités nationalistes, recevant des adhésions, comme celle de Jacques Bainville, ou échouant à convaincre d'autres amis, comme Maurice Barrès, qui restera républicain.

    Pour Maurras, la République parlementaire, jouet des groupes de pression et de la démagogie électorale, n'assure pas le bien commun de la nation, instituant un Etat faible autour du personnel du régime, le «pays légal», qui se superpose au «pays réel» dont la représentation devrait être assurée au sein d'instances régionales, professionnelles et morales diversifiées. « L'autorité en haut, les libertés en bas », assure le nouveau théoricien royaliste.

    Désormais, la doctrine de Maurras est fixée, et sa vie se confond avec l'Action française, mouvement politique et journal quotidien à partir de 1908. Le volume de la collection « Bouquins » permet de suivre l'approfondissement de cette pensée, notamment ses points forts, comme L'Avenir de l'intelligence, essai où Maurras médite sur la situation des intellectuels à « l'âge de fer » du XXe siècle, ou Kiel et Tanger, livre qui inspirera la politique étrangère du général de Gaulle et que citera Georges Pompidou lors d'un discours à Sciences-Po, en 1972, et dans lequel Maurras expliquait que le rôle de la France était de fédérer les nations petites et moyennes pour équilibrer les coalitions réalisées autour des grandes puissances.

    Lire Maurras, cependant, c'est aussi rencontrer ses limites, ses apories, ses aveuglements et ses mots qui choquent, part indéfendable dont l'anthologie « Bouquins » ne dissimule rien. Elu à l'Académie française en 1938, n'ayant cessé de mettre en garde contre l'Allemagne (« Le racisme hitlérien nous fera assister au règne tout-puissant de sa Horde », avertissait-il en 1939), Maurras se ralliera au maréchal Pétain en 1940, persuadé que le maintien d'un État français laissait la possibilité d'un relèvement futur. Mais, enfermé dans cette position au fur et à mesure que Vichy perdait les éléments de souveraineté que lui avait laissés l'armistice, mal informé de la marche du monde, le vieil homme allait se discréditer en paraissant passif devant une occupation allemande qui lui faisait pourtant horreur, quand nombre de ses disciples s'engageaient dans la Résistance. Ces années noires vaudront à Maurras, en 1945, d'être condamné à la réclusion à perpétuité, arrachant ce mot au gaulliste François Mauriac : « Intelligence avec l'ennemi ? C'est bien la seule forme d'intelligence qu'il n'ait jamais eue

    Les préfaces respectives des deux ouvrages qui paraissent aujourd'hui analysent l'antisémitisme de Maurras qui, pour n'être pas stricto sensu racial - en octobre 1918, l'écrivain s'inclinera devant le sacrifice de Pierre David, « héros juif d'Action française » - et si peu consubstantiel à son système politique qu'il est absent de la pensée de son ami l'historien Jacques Bainville (mort en 1936), n'en relève pas moins, écrit Michel De Jaeghere, « d'un préjugé étrange, qu'on s'étonne de trouver si persistant et si vivace dans un esprit aussi large, aussi profond.»

    Mort en 1952, Maurras s'éloigne. Le lire, c'est distinguer chez lui l'essentiel et l'accessoire, l'inacceptable et ce qui, dégagé de la gangue de son temps, pourrait être fécond s'il était accordé aux enjeux de notre époque. Jean-Christophe Buisson souligne que Maurras est « un prophète du passé », mais que la modernité n'a pas englouti celui-ci puisque certains sujets qu'il a abordés « résonnent dans notre monde contemporain avec une troublante familiarité ».   

  • Livre - Notre sélection : Charles Maurras

     

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    L’œuvre de Maurras est aussi vaste que diverse. Outre la politique abordée sous l'angle d'une anthropologie fondamentale -notamment dans la Politique naturelle- ou dans les commentaires au jour le jour de l'Action française, elle comprend des essais critiques littéraire et philosophique, des récits autobiographiques, des récits de voyage, des nouvelles, un roman, de la poésie...

       Ce volume réunit les textes fondamentaux du directeur de l'Action française.

        Le choix opéré a été guidé par l'ambition de couvrir le champ le plus large possible, des textes fédéralistes de jeunesse à la somme de références que constitue Mes idées politiques (reprises presque in-extenso) en passant par la réflexion sur les rapports entre littérature et politique (L'Avenir de l'intelligence, Trois idées politiques) en philosophie et politique (Auguste Comte), mais aussi la politique étrangère et la géopolitique, avec de larges extraits de Kiel et Tanger, et le testament politique constitué par Votre bel Aujourd'hui, dans lequel Maurras revient sur la Seconde Guerre mondiale et adapte sa pensée au contexte de la guerre froide naissante, de la dissuasion nucléaire... Quant à la vingtaine d'articles de L'Action Française retenue, elle couvre les moments forts de l'analyse maurrassienne et en montre tant les grandeurs -dont la dénonciation du péril nazi dès le milieu des années 1920, non seulement comme menace géopolitique mais aussi comme aberration mentale- que les idées moins enthousiasmantes... Des extraits du procès de Maurras viennent compléter ce point.

       La partie autobiographique comprend les Quatre Nuits de Provence où Maurras conte à la fois son enfance et son initiation métaphysique, la préface à Sans la muraille des cyprès, confession d'une expérience traumatique qui lui inspire une leçon politique, la Confession de Denys Talon et des extraits d'Au signe de Flore, autobiographie politique où il explique la naissance de l'Action française.

    On trouve aussi dans le volume des textes consacrés aux arts et à la critique d'art, des récits de voyage, des méditations sur l'évolution du paysage à l'ère industrielle, de larges extraits des Amants de Venise (livre sur l'amour romantique appréhendé à travers la liaison de Musset et George Sand et même un long texte sur la cuisine provençale, et enfin la monographie consacrée à Frédéric Mistral dont il a été le maître et l'ami....

  • Notre sélection : "Réflexions sur la création théâtrale en France, 1981 - 2016". Un livre à ne pas laisser passer !

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    RÉFLEXIONS SUR LA CRÉATION THÉÂTRALE EN FRANCE 1981-2016 
     
    Pour une renaissance du drame
     
    Jean-Pierre Pelaez
    Préface de Christian Combaz
    LITTÉRATURE  ÉTUDE THÉÂTRALE 
     
     
    Dans cet ouvrage, à la fois essai, pamphlet et réflexion sur le théâtre de ces trente-cinq dernières années, l'auteur décrit les dérives d'une politique ministérielle technocratique, idéologiquement sectaire et qui a transformé le théâtre en un refuge pour une pseudo-élite. De faux iconoclastes et vrais carriéristes qui ont oublié que le vrai théâtre, fondé sur le drame, s'adresse à des publics, naïfs ou éclairés, plutôt qu'à des adeptes culturels.

    Jean-Pierre Pelaez, auteur dramatique, chroniqueur, a écrit de nombreux ouvrages dont Le Barillet qui a fait l'objet de milliers de représentations en France et dans une dizaine de pays étrangers. Plus récemment Le Tartuffe nouveau a été l'un des grands succès du Festival d'Avignon 2014.

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    Nous avons le plaisir de vous informer de la parution du dernier livre de Jean-Pierre Pelaez sur le théâtre actuel : c'est à la fois un pamphlet sur ses institutions, leur politisation et la censure qu'elles pratiquent, un essai et un plaidoyer pour un théâtre populaire et une renaissance du drame, étouffé par le culte de la mise en scène, et un témoignage sur le métier d'auteur dramatique aujourd'hui...
     
    Disponible directement sur commande aux Éditions de l'Harmattan - Paris (lien ci-dessous), ou en librairie (à Béziers, Librairie Clareton des Sources)
     
    http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=59341

    Broché - format : 13,5 x 21,5 cm

     

     

    ISBN : 978-2-343-14364-4 • 26 mars 2018 • 210 pages 
    EAN13 : 9782343143644

     

     

     Deux pages d'extrait. Cliquez ci-dessous

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  • Livre : notre sélection

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    Voilà un livre révélateur. Le féminisme « façon mai 68 » est en train d’agoniser.

    Marianne Durano, normalienne et mère de famille, montre à quel point la révolution sexuelle post-soixante-huitarde et la « libération de la femme » ont, en réalité, asservi les femmes à une nouvelle oppression : la dictature médicale du tout-contraception et la dictature pornographique qui réduit leur corps à un objet de plaisir.

    Mais ce livre n’est pas seulement révélateur de la naissance d’un nouveau féminisme, respectant les femmes au lieu d’en faire « des hommes comme les autres », mais aussi d’une nouvelle écologie, beaucoup plus proche des valeurs de droite que de l’utopie libertaire. Les temps changent !

    4ème de couverture :

    Et si les grandes victoires du féminisme renforçaient la domination masculine ?
    C'est en entendant les femmes témoigner de leur vécu que Marianne Durano a pris conscience de la nécessité d'un nouveau féminisme. Un féminisme qui prendrait soin de leur corps avec la même urgence que celle que l'on accorde à la protection de notre environnement. Pourquoi le corps féminin, maternel et la grossesse, par exemple, sont-ils oubliés, niés, bannis de l'émancipation des femmes ?
    Marianne Durano témoigne de son expérience personnelle de mère et de philosophe et bat en brèche le discours dominant. Une vision désincarnée de la liberté. L'auteure en appelle à une reprise en mains du corps des femmes par les femmes.
    Pour une véritable révolution.

  • Qu'on le veuille ou non, Le Pen, c'est notre histoire

    Pourquoi il faut lire les

    Mémoires de Jean-Marie Le Pen

    En près de 500 pages, le fondateur du Front national revient sur son enfance, la résistance, l'Algérie, Suez, de Gaulle et Mitterrand.

    Par Saïd Mahrane - LE POINT

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    Le livre est lourd de son poids (450 pages), comme le dossier de Jean-Marie Le Pen épais de ses condamnations et de ses frasques politiques. Mais enfin, ils sont là, ces Mémoires que beaucoup n'attendaient plus et qui finalement paraissent avec pour titre Le Fils de la nation (éditions Muller). Dans un discours mémorable contre les frontières prononcé à l'Unesco, Jean-Paul II s'était proclamé « fils de la nation » polonaise. Les intentions du mémorialiste qui nous occupe, pupille de la nation, ne sont pas de même nature, on le sait. De Jean-Marie Le Pen on croit d'ailleurs tout savoir, du pire au pire, sans jamais voir ce qu'il y a d'autre chez ce monsieur qui anime notre vie politique, même retiré, depuis plus de 50 ans. Alors, on est comme tourmenté quand, à la lecture de son livre, on en vient à avoir quelque émotion pour ce petit Breton qui, la main dans celle de sa mère, les larmes aux joues, s'en va reconnaître le corps de son père sur la plage de Saint-Gildas-de-Rhuys, après que son embarcation a sauté sur une mine : « Malgré maman, j'ai voulu voir et c'était horrible. Le visage n'est qu'une plaie livide, méconnaissable. » On est pris d'un sentiment étrange parce que rattrapé par cette idée, peut-être injuste, y compris lorsqu'il évoque la disparition de sa mère à 60 ans, victime d'un « collapsus », que Jean-Marie Le Pen est de ces personnages pour lesquels on ne saurait montrer la moindre empathie, car eux-mêmes n'en sont pas capables. C'est bête, en effet. Un fait vaut pour ce qu'il est. Un père qui meurt est un père qui meurt. Gageons que certains liront ces Mémoires avec une répugnance sincère ou surjouée, non pour ce qui y est écrit noir sur blanc, mais pour l'identité de celui qui tient la plume, forcément trempée dans une encre d'un noir maléfique. Qu'importe que ce texte, entamé un jour d'ennui dans le Pacifique, à 47 ans, soit bien composé, par moments lyrique et instructif quant à certaines périodes historiques, il est l'œuvre d'un facho. Dommage... Dommage de passer à côté d'un document aussi important. Car, qu'on le veuille ou non, Le Pen, c'est notre histoire. Dans le futur, un professeur de sciences politiques ferait une faute majeure en occultant l'influence, absolument capitale, du fondateur du FN sur nos esprits et notre représentation de la société. Des générations ont regardé le monde en prenant Le Pen comme un antimodèle. On ne compte plus le nombre de femmes et d'hommes qui se sont engagés en politique contre lui et, plus tard, contre sa descendance. 1984 et son Heure de vérité, 1986 et son entrée à l'Assemblée, 1987 et son « détail », le 21 avril 2002... et des bataillons de militants antiracistes dans les bras du Parti socialiste. Il fait rire ? Il faisait peur.

     

    Raconter l'histoire d'un Breton poussé dans la grande France.

    Le Pen-Fiancée.jpgOn parle ici d'un homme, maintes fois portraituré par d'autres, avec justesse ou des envies de démolition, né sous la IIIe République et qui a vécu la Seconde Guerre mondiale, combattu en Indochine, en Algérie ; qui a croisé et vilipendé le général de Gaulle – qui lui a d'abord paru... « laid » : « Un héros doit être beau » – et François Mitterrand. C'est cet homme aujourd'hui isolé et déchu qui écrit sa misère et sa splendeur d'hier, ce chansonnier flétri et instruit qui affirme simplement nous « raconter l'histoire d'un Breton poussé dans la grande France ». Ce récit, qui s'interrompt en 1972, est celui d'un nationaliste en construction, tiraillé entre son souhait de devenir père blanc et celui de jouir de la vie. À cette force de la nature s'ajoute un goût pour la lecture, la poésie et des contes antiques, qui lui fourniront esprit et citations au moment de foudroyer l'ennemi politique. En de jolis passages dignes d'un petit manuel d'ethnologie, il nous raconte sa Bretagne rurale, maritime, pauvre. Les liens de la famille y sont puissants, comme le rapport au Ciel. On baigne dans un univers océanique, à la fois envoûtant et dangereux, et dans des mythes ancestraux, où l'on regarde la mort en face. On y retrouve l'ambiance de ces ports peuplés de marins, d'alcooliques et de marlous, comme on en croise dans les livres de Stevenson. Il nous instruit de ce jargon étranger pour qui n'a jamais goûté la « godaille » (le meilleur de la pêche), et soudain, les pages défilant, nous échappe la conscience que c'est Le Pen qui narre cette histoire, la sienne, tant les choses sont parfaitement décrites, avec patience et mélodie, avant, cependant, qu'un paragraphe ou quelques lignes d'où suinte la doctrine bien connue (sur le rap, l'Église, les Arabes, la gauche...) ne viennent interrompre l'élan.

     

    Ni héros ni collabo

    Le Pen-Enfant.jpgIl a écouté Pétain à la radio, il a lu Maurras et s'est accepté tel « un héritier ». Jugez-le, mais c'était le lot de beaucoup de mômes de l'époque. Il révèle avoir fait cinq jours de prison... chez les jésuites, se vante d'avoir participé à un acte de résistance dans le maquis de Saint-Marcel armé de son pistolet 6.35 et rit de ce qui pourrait (selon lui) ressembler à un acte de collaboration en indiquant son chemin à un Allemand. Ni héros ni collabo, horrifié par l'épuration, il avoue avoir été tenté d'intégrer, en 1944, un groupe de résistants... communistes. Sur cette période comme, quelques pages plus loin, sur l'Algérie, les « fact-checkeurs » se feront sans doute une joie de réviser la copie. Entre de Gaulle et lui, on comprend qu'il n'y a pas que des considérations esthétiques ou l'Algérie, il y a aussi Robert Brasillach, son auteur fétiche, capable par ses Poèmes de Fresnes et la tragédie de son sort de lui arracher une larme. En 1945, le général a refusé de le gracier. « Je ne le lui ai pas pardonné. » Le Pen nous donne à voir l'autre partie du décor d'avant Mai-68, le Paris de la Corpo de droit, ses castagneurs (il portait des talons sur des chaussures de foot) et ses dragueurs du Quartier latin, mais aussi celui de Poujade, qui remportait les voix et les cœurs de ce peuple de « vivandiers » des Halles, où se mêlaient dénuement social et nostalgie de l'Algérie. C'était le Paris de Boris Vian, de la revue anti-gaulliste L'Esprit public, des hussards et du copain Roger Nimier, qui tenait la littérature pour un art, et non comme un support de l'existentialisme.

    La dernière charge anti-gaulliste d'un opposant qui lui fit face

    À 89 ans, Jean-Marie Le Pen, alias le « lieutenant Borniol » pour avoir, lors d'une expédition à Suez, enterré de son propre chef des morts musulmans la tête en direction de La Mecque, couche ses souvenirs et, du début à la fin de ce premier tome, on y devine, outre le désir de clamer ses vérités, une sorte de pamphlet. Un pamphlet contre le général de Gaulle (« un faux grand homme dont le destin fut d'aider la France à devenir petite »), personnage récurrent. Ce livre, qui, soyons clairs, n'est pas de l'acabit des Mémoires de guerre de l'homme du 18 Juin, est la dernière charge anti-gaulliste signée d'un opposant qui lui fit face. Pour le reste, pas de mea culpa ni de révélations à même de bouleverser le regard porté sur lui. Le tome 2, qui inclura les débuts du FN, l'ascension du chef et, plus tard, de sa fille Marine, cédera peut-être lui aussi aux règlements de comptes. Le fils de la nation a de la mémoire. Reste cet aveu : « La politique après tout, ce n'était peut-être pas absolument mon truc. J'étais plutôt, comment dire ? Une vigie, une sentinelle, un lanceur d'alerte [...], un emmerdeur, un prophète ? »

    Extraits :

    «  Mes grands-parents ne savaient pas lire mais surent donner une vie décente à leurs enfants. Ma paysanne de mère était élégante et fière, mon père, patron pêcheur taciturne, avait navigué pendant la Grande guerre, à treize ans, mousse sur un cap-hornier, ces cathédrales de toile et de bois qui affrontaient les quarantièmes rugissants. A la maison, il n’y avait pas l’eau courante mais on aimait sa famille, son pays et Dieu – et la Bretagne aussi, avec ses îles, ses navires. L’instituteur et le curé nous apprenaient à les chanter ensemble. En somme, j’étais un petit Breton heureux dans la grande France.
    Puis vint la Seconde guerre mondiale. Le père est mort, la France était blessée, des curés m’ont dégoûté de Dieu. C’est alors que j’ai découvert la folie des hommes, Paris, l’université, l’Indochine, l’Assemblée nationale, l’Algérie. J’eus une épouse et des filles. La vie s’offrait, tantôt magnifique, tantôt désolante. Le petit Breton avait grandi, la France rapetissé. Pour la relever, j’ai choisi le combat politique.  »

  • Livre : notre sélection

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    Connaître l’Islam

    C’est un traité simple et profond : l’Islam pour tous ceux qui veulent en parler, mais ne le connaissent pas vraiment. Il est devenu difficile de tenir sur l’Islam un discours clair et conforme à la réalité. Le conformisme ambiant, la peur d’être accusé de racisme ou d’islamophobie, concept forgé précisément afin d’en interdire toute critique et analyse, une vision erronée de la tolérance, une ignorance abyssale ont contribué, ces dernières décennies, tandis que l’implantation musulmane s’accroissait, à en présenter une image apaisée, « en phase avec la laïcité et la modernité », mais fausse. L’actualité ne cesse d’ailleurs de rappeler combien le discours officiel sur la question est mensonger et absurde, ce qui suscite, chez un nombre croissant de Français, interrogations et angoisses.

    C’est à ces gens ignorants, désinformés, inquiets, à raison, que s’adresse ce nouveau livre d’Annie Laurent, spécialiste incontestée du Proche-Orient et des rapports difficiles entre musulmans et chrétiens.

    À l’origine, il y a les Petites feuilles vertes publiées par l’association Clarifier, qui présentent, de manière synthétique et accessible mais très sérieuse et complète, l’histoire de l’Islam, ses courants, sa pensée, ses croyances, ses divisions internes, son droit, sa conception de la place de la femme dans la société, ses ambitions de domination mondiale, son recours à la violence institutionalisée, l’idée qu’il se fait de ses rapports avec les autres religions.

    Dans ces dossiers, enfin regroupés et mis à la portée de tous, Annie Laurent n’emploie pas la langue de bois. Jamais elle ne prétendra, comme il est de bon ton de le dire, que l’Islam est une « religion de paix, de tolérance et d’amour ». Elle sait qu’entretenir de tels mensonges désarme des populations d’accueil, rendues déjà vulnérables par la déchristianisation ambiante, le relativisme, la perte du sentiment national, et empêche l’assimilation des arrivants.

    Dire la vérité est une nécessité vitale, une question de survie pour nos nations. Cela ne signifie pas manquer à la charité envers les musulmans, au demeurant souvent les premières victimes d’une croyance qui a refusé, une fois pour toutes, d’évoluer ou se réformer.

    Cette prise de conscience nécessaire et urgente s’accompagne d’un appel vibrant à aimer, même s’ils se donnent parfois beaucoup de mal pour ne pas l’être, les disciples de Mahomet, c’est-à-dire à leur offrir les moyens de découvrir le Christ et son amour. C’est à l’Église, aux évêques, au clergé, tout aussi prisonniers de leurs idées fausses que le sont journalistes et politiciens, que s’adresse Annie Laurent, pas dupe d’un « dialogue interreligieux » à sens unique, dans un remarquable développement consacré aux erreurs et naïvetés trop répandues parmi les catholiques au sujet des prétendues convergences entre les monothéismes.

    Ce n’est qu’en apprenant à connaître vraiment l’Islam qu’il sera possible d’assurer notre avenir. Lire Annie Laurent est un excellent moyen de le faire.

    L’Islam, Annie Laurent, Editions Artège, 285 p., 19,90 €

    Anne Bernet

    Historienne et journaliste

     

     

    Sévilla.jpgLes appréciations de Jean Sévilla

    Consacré à islam — conçu à la fois comme religion, civilisation et donnée politique et sociale — et portant un sous-titre qui annonce son objet Pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore), le livre d'Annie Laurent, spécialiste du Proche-Orient, des chrétiens d'Orient et de leurs relations avec les musulmans, est un chef-d'oeuvre de pédagogie.

    Du Coran aux différentes familles de cette confession (sunnisme, chiisme, alaouitisme...), du djihad à la conception islamique de l'Etat, du statut de la femme en islam aux rapports des musulmans avec les autres religions, l'auteur décrypte tout dans un langage très clair.

    Un guide très sûr pour aborder un sujet brûlant en mariant lucidité sur la réalité et respect pour les personnes.