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Politique extérieure - Page 2

  • Livre - Notre sélection : Jacques Bainville - "Les lois de la politique étrangère"

    La maison d’édition indépendante L’Artilleur réédite le livre de Christophe Dickès Jacques Bainville, les lois de la politique étrangère. Une édition revue, corrigée, et surtout considérablement développée : 560 pages au lieu de 320. Les notes de bas de pages sur l’œuvre de Bainville (absentes de l’ancienne édition) sont intégralement rétablies – et la bibliographie, déjà monumentale, complétée et mise à jour. Un événement pour ceux qui veulent comprendre l'histoire et la politique étrangère. Vous trouverez dans cet ouvrage une analyse débarrassée de toutes scories de basse politique politicienne, produit du seul examen des faits et de leur compréhension. Ce qui a fait dire qu'en lisant Bainville, on avait l'impression de devenir intelligent !

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    Connu pour sa remarquable biographie de Napoléon et son Histoire de France, constamment rééditées jusqu'à nos jours, Jacques Bainville fut aussi un analyste hors pair de la politique internationale. La diffusion de ses idées et de ses écrits allait bien au-delà de sa famille politique, l'Action française. Bainville considérait que la politique est régie par des lois et qu'elle est toujours l'œuvre des hommes. De l'expérience de ceux-ci et des grandes permanences de l'histoire, il est possible de déduire le futur et de se prémunir par l'action des dangers qu'il recèle. Dans un livre prophétique, Les conséquences politiques de la paix, publié en 1919, Bainville annonça tout l'entre-deux-guerres: l'avènement de Hitler, l'Anschluss, l'invasion de la Tchécoslovaquie, le pacte germano-soviétique, l'agression contre la Pologne et la nouvelle guerre européenne qui s'ensuivit. Jacques Bainville ne fut pas écouté. Il mourut en 1936, avant la catastrophe que la France n'avait pas su conjurer. Christophe Dickès a consacré dix ans d'études à l'œuvre de Jacques Bainville et plus particulièrement aux aspects de celle-ci touchant à la politique étrangère aux XIXe et XXe siècles. Il présente ici l'homme et sa pensée, dont l'influence demeure toujours grande.

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  • La reine est morte. Vive le roi !

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    Le monde entier s’est, sur l'heure, senti concerné et ému par l’annonce du décès brutal de la reine Élisabeth II d’Angleterre. La mobilisation des médias et la réaction des chefs d’État se sont faites à l’unisson. Sa personnalité exceptionnelle, la durée de son règne, les joies et les épreuves traversées ne sont pas étrangères à cette très naturelle et très justifiée unanimité dans l’hommage.

    Non moins naturelle est sa succession, sans bruit, sans soubresaut, sans contestation, sans besoin de millions d’euros pour des campagnes stériles et absurdes. Chacun connaissait la suite de l'histoire puisque c’était écrit et pratiqué depuis des siècles. Le roi Charles III, formé et informé de tout ce qui l’attend assure désormais l’avenir comme le feront son fils et petit-fils. Un système aussi simple qu'efficace. Et n'imaginons pas que le roi anglais soit aussi dépourvu de pouvoir que cela, comme l'affirment ceux que démange le prurit des banalités. Mais c'est une autre histoire

    À l’occasion de plusieurs événements touchant la couronne britannique, on a entendu dire que les Français, après les Anglais cela va sans dire, étaient le peuple qui se sentait le plus charmé et séduit. Peut-être se souvient-il, ce peuple français, que ses ancêtres ont eux aussi vécu en monarchie pendant près de mille ans ? En aurait-il une sorte de nostalgie ? Ou même de  jalousie ?

    Bien sûr la France a connu des difficultés, des guerres, des famines et autres épidémies. Quel peuple, en mille ans, n’en a pas connu ? Elle s’est toujours relevée, Jeanne d’Arc n’en est qu’un exemple majeur. Mais cette monarchie française a tout simplement construit le pays que nous connaissons, pour en faire, au XVIIIe siècle, le plus puissant, le plus beau, le plus riche, le plus peuplé, le plus en paix, modèle et phare du monde. Sous la protection royale les français ont pu travailler, innover, inventer, construire, écrire, peindre et composer. Vienne a essayé d’imiter Versailles, en vain ! « La France est le résultat du travail et de l’intelligence » (Bainville)

    Malgré les inepties et les contre-vérités historiques diffusées dans nos écoles pendant des décennies et aujourd'hui le silence dramatique de notre enseignement, les évidences ne peuvent indéfiniment être cachées. Il faudra bien un jour que les vérités triomphent. Fort heureusement de plus en plus nombreux sont les historiens qui remettent les choses à leur place. Encore faudrait-il que ces enseignements soient portés à la connaissance des jeunes français.

    Certes la monarchie française n’est pas la monarchie britannique, c’est une autre histoire, d’autres fondements, d’autres mœurs, d'autres traditions. Chacune a sa spécificité propre. Elles ont cependant en commun une mission unificatrice, rôle majeur, rôle premier, condition sine qua non de toute vie sociale équilibrée.

    Comment peut-on imaginer ou rêver que la multiplicité des partis et des ambitions, une politique remise en cause quelques années après avoir été initiée, une démagogie permanente, puissent assurer la stabilité, l’unité et le développement harmonieux du pays ? Les plus mauvais ont profité du système, les meilleurs se sont épuisés en vain à essayer de l'améliorer. Avec réalisme regardons où nous en sommes !

    Henri Bec

  • Cocktail explosif fin 2022 pour la France et l’UE : Italie, gaz russe, zone euro

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    La Commission européenne ne se contente plus d’alerter sur l’approvisionnement en gaz pour cet hiver 2022/2023, mais prévoit également des difficultés pour l’hiver 2023-2024. Baisser la consommation de gaz de 15 % entre août 2022 et mars 2023 par rapport à la moyenne des cinq dernières années conduira néanmoins à des coupures d’électricité et de gaz pour les particuliers et les industries si la Russie arrête ou diminue très fortement ses fournitures de gaz !

    Un arrêt des livraisons de gaz russe réduirait la valeur du PIB allemand de 5 % entre 2022 et 2024, a calculé le Fonds monétaire international (FMI). Nord Stream achemine actuellement seulement 20 % des 55 milliards de m3 annuels de gaz. Les Allemands verront bientôt leur facture quadrupler afin d’éviter la faillite du groupe énergétique allemand Uniper, malgré une aide financière gigantesque de l’État allemand. Uniper doit en effet acheter du gaz au comptant sur le marché européen où le prix de référence néerlandais a atteint aujourd’hui le prix faramineux de 190 euros le mégawattheure (MWh) ! Uniper, qui emploie 12 000 salariés dans le monde, perd actuellement des dizaines de millions d’euros chaque jour !

    Après la prise de participation de 25 % du gouvernement allemand dans Lufthansa pendant la crise du Covid, c’est désormais au tour d’Uniper d’être secouru par l’État allemand, sous la forme d’une prise de participation de 30 % du capital, à un prix cassé de 1,70 euros l’action, le titre ayant perdu 75 % de sa valeur en 6 mois. Le groupe bénéficiera aussi d’un prêt obligataire de 7,7 milliards d’euros convertible en actions. De plus, la banque publique de sauvetage KfW qui avait déjà prêté 2 milliards d’euros, va procéder à un prêt supplémentaire de 7 milliards d’euros ! L’entreprise a surtout réussi à obtenir du gouvernement allemand la possibilité de répercuter sur ses clients, dès le 1er octobre 2022, 90 % des surcoûts des achats de gaz sur le marché. Le gouvernement allemand s’inquiète d’un automne social chaud d’autant plus que les nombreuses critiques sur cette politique suicidaire des sanctions vis-à-vis de la Russie se font de plus en plus vives ! Scholz est une sorte de Hollande bis, un mauvais chancelier pour l’Allemagne.

    Selon Poutine les pays européens ont sous-estimé l’importance des sources d’énergies traditionnelles et ont trop misé sur les sources d’énergie non traditionnelles telles que le soleil et le vent. Les Européens, selon le Président russe, font la même erreur que pour les valeurs sociétales en oubliant la famille traditionnelle avec des enfants, s’intéressant beaucoup trop aux valeurs décadentes LGBT.

    Poutine remarque également que les Polonais ont voulu fermer le gazoduc Yamal qui leur apportait du gaz russe, mais que c’était en fait pour remettre en marche le gazoduc Yamal dans le sens inverse, afin d’acheter du gaz à l’Allemagne car le prix allemand du contrat à long terme était 4 fois moins cher que le prix payé par les Polonais ! On réalise mieux la folie des Allemands, pour plaire à l’Amérique et à l’OTAN, de vouloir sanctionner la Russie qui leur fournissait, grâce aux bonnes relations avec l’ancien chancelier Schroeder, un gaz très compétitif pour l’industrie allemande.

    Gazprom vient d’annoncer une nouvelle réduction des livraisons de Nord Stream, à 20 % des capacités, au lieu de 40 % jusqu’à présent. Gazprom invoque une turbine de Siemens en réparation au Canada toujours pas parvenue à destination, en raison des sanctions, et la nécessité de maintenance d’une seconde turbine. On apprend en même temps, ce qui est assez cocasse, que la Russie se fera un plaisir de fournir 700 millions de de m3 de gaz supplémentaire à la Hongrie, à un prix canon, en plus des 4,5 milliards de m3 déjà vendus annuellement à Budapest ! Il n’est donc pas étonnant que le moral des investisseurs et des chefs d’entreprise se dégrade en Allemagne. « La récession frappe à la porte, on ne peut plus l’exclure », selon un économiste allemand de l’Ifo.
    L’inquiétude des bien-pensants, valets antirusses de l’Amérique et de l’OTAN, pour l’unité et la stabilité de l’UE grandit aussi en Europe, suite à la démission forcée de Mario Draghi. Le parti patriote Fratelli d’Italia, présidé par Giorgia Meloni, arriverait en tête avec 23,8 % des voix devant le Parti démocrate avec 22,1 % et la Ligue de Matteo Salvini avec 14 %. Meloni ne prône pas une sortie radicale de l’UE, mais elle souhaite une révision des traités et la substitution d’une « confédération d’États souverains à l’UE. Avec la ligue de Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi (7,4 % des voix), Fratelli d’Italia pourrait constituer une coalition et gagner les prochaines élections en septembre 2022.

    L’Italie pourrait donc virer à droite toute le 25 septembre 2022, lors des élections législatives anticipées. Si la droite patriote italienne remporte les élections, il peut y avoir « une chance de contagion. » dans l’UE, ce qui serait une excellente nouvelle pour la France et les patriotes français, en même temps qu’une victoire morale pour Éric Zemmour ! Seule la bêtise, l’étroitesse d’esprit et l’égoïsme politicien à court terme, notamment de LR qui lutte pour sa survie, ont eu pour effet qu’il n’y ait pas une cinquantaine de plus de députés de Droite aujourd’hui à l’Assemblée nationale française ! Toutes choses égales par ailleurs, Giorgia Meloni de Fratelli d’Italia, c’est Éric Zemmour de Reconquête en France, Matteo Salvini de la Ligue, c’est Marine le Pen, mais en beaucoup plus intelligent, et Sivio Berlusconi de Forza Italia, c’est Laurent Wauquiez de LR en beaucoup plus âgé, infiniment plus riche et moins érudit.

    Grâce aux 192 milliards du plan de relance de Bruxelles « Il Dottore » Draghi, vendu à l’Amérique, pensait avoir vacciné l’Italie contre le patriotisme, mais la coalition italienne de Droite pourrait bien faire exploser l’UE et la zone euro. Poutine pourrait trouver en Silvio Berlusconi, dont il est déjà très proche à titre personnel, et en son fervent admirateur Salvini, de nouveaux amis au pouvoir, en plus du hongrois Viktor Orban !

    Les marchés tremblent et scrutent avec attention la situation. Le coût de la dette italienne est reparti à la hausse et la bourse de Milan est en berne. L’écart entre les taux d’intérêt allemand et italien à dix ans est de 2,20 % et pourrait monter jusqu’à 3 % très rapidement. L’Italie croule sous une dette colossale de plus de 2700 milliards d’euros, soit 150 % de son PIB, le ratio d’endettement le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce. Il y a possibilité d’explosion de la zone euro. De plus, l’Italie est ultra-dépendante du gaz russe (43 % de ses importations) et prend de plein fouet l’attitude antirusse de Draghi sur la guerre en Ukraine avec une diminution des livraisons de gaz russe et une inflation de 8 % qui s’emballe ! L’UE redoute une crise politique et économique qui plomberait la zone euro en envoyant un message de désunion à Poutine. Le Président russe se réjouit de voir la tête de Mario Draghi servie sur un plateau, après celle du va-t-en guerre anglais Boris Johnson !

    Ce qui pourrait libérer et déterminer le peuple italien, c’est le bilan catastrophique de Draghi en matière d’invasion migratoire et d’insécurité, tout comme dans la France de Macron, ce dont ne parlent pas bien évidemment ni les médias pensants, ni les traîtres qui nous dirigent, ni les technocrates de l’UE affidés à Washington et à l’OTAN ! Macron/Draghi : bonnet blanc et blanc bonnet ! Alors que 4 120 immigrants clandestins débarquaient en moyenne sur 6 mois avec Salvini, du temps où il était ministre italien de l’Intérieur, les chiffres ont explosé à 34 000 pour le premier semestre 2022 avec Draghi ! Selon Giorgia Meloni il n’y a plus de temps à perdre en matière d’insécurité qui est directement liée à l’immigration ! Puissent les Français entendre aussi son message : « À combien d’agressions et de violences devrons-nous assister pour admettre qu’il y a en Italie un énorme problème de sécurité ? il n’y a plus de temps à perdre ». Le résultat des courses en Italie, ce sera donc : Adieu et Bon débarras Draghi ! Avec un pays convoqué aux urnes le 25 septembre ! L’alliance des droites patriotes italiennes devrait l’emporter sans difficultés face à un M5S scindé en deux et une gauche italienne désunie en déroute.

    La troisième raison pour laquelle Macron et les bien-pensants peuvent se faire du souci est que la BCE, outil de puissance monétaire permettant de dépenser sans compter, fait face à la quadrature du cercle entre l’inflation et la récession qui menacent et va devenir très rapidement un outil d’impuissance supplémentaire du politiquement correct ! La BCE est en train d’accoucher d’une souris, dans l’attente de l’explosion à venir de la zone euro ! Les faucons de la BCE, comme condition de l’approbation du nouvel instrument monétaire destiné à soutenir les pays les plus fragiles et les plus endettés tels que l’Italie, ont obtenu l’augmentation immédiate des taux d’intérêt de 0,50 % pour en finir avec les taux négatifs et ramener les taux à 0 %, alors que l’inflation est de 8,6 % dans la zone euro, ce qui est insuffisant pour combattre l’inflation, même si une deuxième hausse des taux de 0,50 % est prévue en septembre 2022.

    Mais le nouvel instrument d’intervention monétaire, comble du génie technocratique de la BCE et de l’UE, qui a été conçu pour aider avant tout l’Italie, est assorti de conditions telles que par définition le nouveau gouvernement eurosceptique italien en octobre 2022 ne pourra pas l’utiliser ! Le pays utilisateur du nouvel outil « Instrument de protection de la transmission » (IPT), terme barbare incompréhensible pour le grand public qui signifie tout simplement rachat de sa dette avec émission monétaire supplémentaire par la BCE , devra en effet se trouver en conformité avec le cadre budgétaire de l’Union européenne : pas de déficit excessif, pas d’endettement débridé, pas de déséquilibre macroéconomique grave, respect des critères édictés par Bruxelles pour le plan de déploiement des 192 milliards du plan italien de relance, respect des valeurs sociétales défendues par l’UE. En réalité, le gouvernement eurosceptique italien devra quitter la zone euro, réintroduire la lire, dévaluer d’au moins 20 % et, suite à la déflagration italienne et à l’augmentation subite des taux d’intérêt, la France n’aura pas d’autre choix que de suivre avant même la fin de cette année 2022 ! Tout ça pour expliquer au lecteur que le volcan de la zone euro va certainement exploser fin 2022 !

    Les dirigeants politiques, style Macron et Draghi, ont reporté leur incurie pendant la crise du Covid sur la BCE, avec la politique budgétaire insensée du quoi qu’il en coûte (augmentation de la dette publique française de 400 milliards d’euros par Macron !) ; le temps est venu maintenant de régler la note démentielle qui se traduira par la faillite de l’Italie, de la France et l’explosion de la zone euro dans les six mois qui viennent ! Poutine n’a donc plus qu’à attendre de voir toutes les démocraties ouest-européennes s’écrouler, avant de prendre le contrôle complet de l’Ukraine s’il le souhaite, fin 2022 ! Christine Lagarde finira la corde au cou car elle ne peut plus assumer la dette démentielle des pays de l’Europe du Sud en menaçant d’intervenir de nouveau avec une augmentation de la masse monétaire du type « assouplissement monétaire quantitatif » ; ce serait sinon condamner la zone euro dans son ensemble à finir comme l’Allemagne en 1923 avec une énorme hyper-inflation !

    La BCE, consciente de l’impasse dans laquelle elle se trouve face à toutes ces contradictions, a déclaré publiquement qu’elle va cesser de faire des prévisions ! Les patriotes italiens doivent donc se tenir prêts pour prendre le pouvoir le 25 septembre 2022 et les patriotes français lors des nouvelles élections à venir fin 2022 ou début 2023 au plus tard, lorsque la zone euro explosera et que la situation politique, économique, sociale, financière et monétaire sera devenue intenable pour Macron ! Le prix de l’or montera alors subitement en flèche à la verticale, comme en 1923, à des niveaux insoupçonnés !

    Riposte laïque

    Marc Rousset
    Auteur de « 
    Comment sauver la France

  • Comprendre la question du Sahel

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    Par Bernard Lugan

    La fin de l’opération Barkhane ne signifie pas la fin de la dislocation sahélienne car tous les facteurs de crise demeurent.
    Un phénomène aggravé par la proximité de deux grands foyers de déstabilisation situés dans le nord du Nigeria avec Boko Haram, et plus au nord, en Libye, où la disparition de l’Etat donne aux trafiquants et aux terroristes, des opportunités exceptionnelles.

    La crise que traverse la région sahélienne a plusieurs origines et l’on se reportera pour leur étude détaillée à mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours :

    – L’espace sahélo-saharien, monde de contacts ouvert, a été cloisonné par des frontières artificielles. Le Mali a ainsi plus de 7000 km de frontières avec 7 pays dont 1300 avec l’Algérie, 2200 avec la Mauritanie, 1000 avec le Burkina Faso, 800 avec le Niger. Quant à la Libye, elle en a 4500 km avec 6 voisins. Les groupes terroristes mobiles se jouent donc de ces frontières-passoires.

    – Véritables « prisons de peuples », ces frontières forcent à vivre ensemble des pasteurs nordistes et des agriculteurs sédentaires sudistes historiquement en conflit. Or, l’ethno-mathématique électorale donne automatiquement le pouvoir aux plus nombreux, c’est-à-dire aux sédentaires, ce que les pasteurs n’acceptent plus.

    Aux lignes de fractures sahéliennes inscrites dans le temps long s’ajoutent de nouveaux éléments déstabilisateurs :

    – La région est devenue un relais pour les organisations mafieuses qui prospèrent sur le désordre sahélien et qui se donnent une rhétorique religieuse afin de brouiller les cartes. Les trafics sont nombreux : armes, véhicules, cigarettes, êtres humains, déchets toxiques, médicaments, pétrole, avec une fulgurante montée en puissance du trafic de drogue, cocaïne et héroïne érigeant la ceinture sahélienne en véritable « hub du narcotrafic ».

    – La région est devenue une terre à prendre, ses matières premières (uranium, fer, pétrole etc.) y attirant de nouveaux acteurs comme la Chine, la Turquie ou encore l’Inde.

    – Les sécheresses, la pauvreté, la précarité économique et sociale interdisent toute perspective pour une jeunesse plombée par la suicidaire démographie.

    Tout cela condamne le Sahel au chaos. D’autant plus que la défaillance politique et économique d’États incapables d’assumer les attributs de la souveraineté et de s’ancrer à la modernité ne donne pas des raisons d’espérer.

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  • kissinger : "La Russie ne doit pas être vaincue"

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    Pour l’ancienne figure de proue de la politique étrangère américaine, la Maison Blanche fait tout de travers, car elle devrait éviter de pousser l’Occident dans un choc frontal avec la Russie. Henry Kissinger ne change pas sa vision historique et pointe désormais du doigt ceux qui tentent d’infliger une défaite à Moscou sur le terrain. Selon lui, un compromis est nécessaire et l’Ukraine doit «entamer les négociations avant que ne surviennent des émeutes et des tensions qui ne seront pas faciles à surmonter» en cédant un certain territoire en échange de la paix. C’est ce qu’a déclaré le très cher ami de 98 ans de Napolitano lors du Forum économique mondial.

    Kissinger : «Une erreur fatale d’isoler la Russie»

    Kissinger a souligné que «idéalement, le point de basculement devrait être un retour au statu quo ante», celui d’avant l’invasion russe. Poursuivre la guerre au-delà de ce point ne serait plus une question de liberté pour l’Ukraine, mais une nouvelle guerre contre la Russie elle-même», a-t-il souligné. Le diplomate américain a également déclaré que la Russie fait partie de l’Europe et que ce serait une «erreur fatale» d’oublier sa position de force sur le Vieux Continent. «J’espère que les Ukrainiens sauront tempérer l’héroïsme dont ils ont fait preuve par la sagesse», a souligné Kissinger. En soi, en passant sous silence le rôle principal de Moscou pour un instant, les mots de l’ancien secrétaire d’État américain pourraient certainement plaire à ceux qui souhaitent rouvrir la table des négociations.

    Kissinger contre Brzezinski. La gaffe américaine 

    Il y aurait cependant une erreur fondamentale, un champignon hallucinogène que mâcherait l’analyste distrait : croire que Henry Kissinger est le visage angélique des États-Unis, un porteur généreux de bons conseils pour l’Europe, en tant que tel préférable à l’unilatéralisme radical de son rival du vingtième siècle Zbigniew Brzezinski. Évitez les gaffes, s’il vous plaît. Pour les deux grands stratèges américains, accaparer l’Europe, la rendre non pertinente et donc contrôlable, a toujours été l’inévitable objectif. C’est sur la manière de maintenir la vassalité que les deux «âmes sages» de l’Amérique continuent de s’affronter.
    Pour Kissinger, une entente russo-américaine est nécessaire, il l’a réclamée immédiatement après l’effondrement de l’URSS, l’a revigorée à l’époque d’Eltsine et l’a renouvelée sans trop de distinctions avec Poutine. Pour les élèves de Brzezinski, décédé il y a cinq ans, la domination américaine sur le «grand échiquier» doit être maintenue en s’opposant frontalement à la Russie, renforçant dans un système asymétrique la collaboration avec les autres acteurs qui avancent dans le sillage de Washington.
    Méthodologies différentes, même objectif. La politique étrangère américaine, en ce sens, n’a jamais vraiment donné naissance à une troisième ligne «européiste», à l’exception de quelques aperçus fugaces parus dans Foreign Policy. Et nous ne faisons certainement pas référence à celles de son cofondateur Samuel Huntington, qui a trébuché de façon célèbre dans une lecture simpliste - autant que manichéenne - de la dynamique mondiale.

    Eugenio Palazzini

    Source :  https://www.ilprimatonazionale.it/esteri/kissinger-russia-non-va-sconfitta-non-abboccate-nemico-e-sempre-europa-234472/

  • Le blé et le chaos alimentaire africain

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    Par Bernard Lugan

    En 1960, à la fin de la période coloniale, l’Afrique ignorait les famines, elle était autosuffisante et elle exportait des aliments (voir mon livre Colonisation, l’histoire à l’endroit).

    Aujourd’hui, les Africains ne produisent plus de quoi se nourrir. Comment le pourraient-ils d’ailleurs avec un croît démographique annuel de 3% quand les ressources agricoles n’augmentent quant à elles que de 1% ?

    Enorme importatrice de blé et de maïs, l’Afrique est donc à la merci de mauvaises récoltes céréalières européennes, argentines ou australiennes… ou d’évènements imprévus, comme aujourd’hui le conflit ukrainien. 

    La situation est d’autant plus grave qu’en 2021, avant donc cette guerre, une vingtaine de pays africains connaissaient déjà une crise alimentaire permanente, cependant que dix autres étaient au bord de la famine. Toujours en 2021, 282 millions d’Africains étaient sous-alimentés et plusieurs dizaines de millions ne survivaient que grâce à l’aide alimentaire internationale (Source : Etat de la  sécurité alimentaire et de la nutrition, Rapport 2021)

    Dans ces conditions, comment, à l’exception de quelques Etats pétroliers,  les pays africains vont-ils pouvoir faire face à l’envolée actuelle des cours des céréales, et cela, alors que leurs ressources sont faibles ou quasi inexistantes ? 

    Depuis la décennie 1960, année après année, comme les chiffres du commerce des grandes économies mondiales le démontrent, l’Afrique est en effet devenue une composante de plus en plus marginale de la vie économique mondiale : 

    – Economiquement, l’Afrique ne compte pas pour la France. Elle ne représente en effet qu’environ 3,40% de tout le commerce extérieur de la France, 50% étant réalisés avec quatre pays (Maroc, Algérie, Tunisie et Egypte). Quant à la zone CFA si constamment dénoncée par les aboyeurs de la culpabilisation, elle ne pèse que 0,79% du commerce extérieur français… 

    – L’Afrique ne représente que 2,5% du commerce extérieur de la Grande-Bretagne, dont 60% réalisés avec 2 pays seulement, la RSA (35%) et le Nigeria (25%).

    – Le continent africain ne représente que 2% du commerce extérieur allemand.

    – Le continent africain dans son ensemble représente moins de 2% de tout le commerce extérieur américain et à peine 1% du commerce extérieur japonais. 

    – Quant à la Chine, prédateur en quête de ressources naturelles, en 2020, sur environ 6000 milliards de dollars de son commerce extérieur,  l’Afrique en a totalisé 198 milliards, à peine 3,3%…   Colonies.jpg

    le blog officiel de Bernard Lugan

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  • Le piétinement par la Russie des fondements éthiques et politiques de l’Occident moderne

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    C’était le bon temps où Poutine pouvait croire que l’Allemagne pacifiste et financière allait lui permettre de se raccrocher à l’Europe.

     

    De tels articles nous changent des fatigantes banalités dont la presse nous rebat quotidiennement les oreilles. Celui-ci aborde brillamment la question de fond. À lire.

     

    Par Yves Morel.

    L’Occident s’est toujours rêvé maître du monde. La Révolution française, la Deuxième Guerre mondiale et la création de l’Union européenne ont renforcé cette prétention universaliste… mais le monde multipolaire résiste ou tout simplement esquive. Le nationalisme n’est pas mort, le libéralisme n’est pas embrassé, l’autoritarisme est plébiscité,… L’Occident avait renoncé à lui-même, le reste du monde ne l’a pas suivi.

    Ce qui nous intéresse ici, dans la guerre russo-ukrainienne, est la gifle monumentale que l’Occident tout entier vient de recevoir dans les principes éthiques qui sous-tendent sa civilisation et sa politique.  Depuis 1945, – et cela avait commencé dès le lendemain de la Grande Guerre avec l’absurde reconstruction de l’Europe suivant les Quatorze points de Wilson, et, dans le cas de la France, dès la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 – l’Occident vit sous l’empire d’une éthique prétendument généreuse totalement irréaliste et, par là même redoutablement pernicieuse.

    Une gifle monumentale à l’éthique politique occidentale

    Cette éthique vient de recevoir sa plus grande rebuffade depuis 1945. On peut affirmer, sans exagérer, que jamais, depuis trois quarts de siècle, elle n’avait été à ce point bafouée et démentie, et que nul chef d’État n’avait mis au pied du mur et réduit à l’impuissance les pays et les dirigeants se réclamant d’elle comme vient de le faire Vladimir Poutine en ignorant leurs objurgations, et en envahissant l’Ukraine tout en les prévenant contre les conséquences terribles qui découleraient de leur éventuelle assistance militaire au pays agressé. Les Occidentaux sont placés par le moderne tsar dans une situation cornélienne. Qu’ils secourent militairement l’Ukraine, et le monde s’embrase. Quant à leurs sanctions économiques, si elles incitaient tout de même le maître du Kremlin à composition, ce serait au prix d’une défaite politique sans précédent pour eux. Ils ne parviendraient en effet à assouplir Poutine qu’en acceptant la finlandisation de l’Ukraine et l’installation à Kiev d’un gouvernement fantoche tout dévoué à Moscou. Poutine triompherait, et la bonne morale occidentale serait récusée. Vaincue. Et, dès lors qu’elle est vaincue par la force brutale, la morale perd sa crédibilité comme source d’inspiration et étai de l’action politique. Ce n’est pas à dire qu’elle n’y a pas sa place. Mais le principe de réalité prévaut et l’action politique piétine souvent la morale.

    L’illusion universaliste des démocraties libérales

    La morale politique occidentale est d’ailleurs entachée du péché d’orgueil. W.E. Gladstone, grand Premier Ministre britannique du XIXe siècle, se croyait choisi par Dieu pour faire régner la justice dans son pays. Il semble en aller de même des Occidentaux pour le monde moderne. Eux considèrent leur civilisation et leur système démocratique et libéral comme la norme politique de ce dernier, conforme au Droit et à la Morale universels.

    Les Occidentaux ont toujours pensé que toute l’histoire devait se terminer, en guise de but, par l’extension à la planète entière de leur type d’organisation sociale et politique.  Ainsi, lors de l’effondrement du communisme en Europe orientale et en URSS, Francis Fukuyama, haut fonctionnaire américain de l’administration Reagan, énonça doctement que cet événement marquait l’unification du monde autour du système politique de la démocratie libérale, désormais seule debout dans les pays évolués, et donc triomphante, l’alternative marxiste ayant disparu (ainsi que, beaucoup plus tôt, les nationalismes antilibéraux de type fasciste), et que nous entrions dans un monde sans Histoire, en lequel les nations ne s’affronteraient plus et ne connaîtraient d’autre évolution que celle du marché mondial. Il fit connaître ces vues dans un article intitulé The End of History, dans la revue américaine The National Interest) en 1989, dont il tira un livre, La fin de l’Histoire et le dernier homme, en 1992. Il s’inspirait largement de la théorie de la fin de l’Histoire, développée par Hegel dans ses Leçons sur la philosophie de l’Histoire et La Raison dans l’Histoire (1837).

    Simultanément, Jacques Julliard, historien et journaliste politique français, énonçait hâtivement, en divers articles, l’idée suivant laquelle l’effondrement du communisme russe et européen marquait l’union du monde autour de l’idéal libéral et démocratique étayé sur les Droits de l’Homme. Il affirmait que le XXe siècle était né à l’occasion d’une guerre, celle de 1914, et venait de prendre fin à l’automne de 1989, avec l’écroulement du communisme en Europe orientale et sa libéralisation croissante en URSS, où Gorbatchev, avec sa Perestroïka, l’expurgeait de sa réalité dictatoriale et l’amenait à se renier. Rejoignant Fukuyama, il annonçait le tout proche avènement d’un monde nouveau uni autour de l’ONU et de ses organisations satellites, pour le plus grand bonheur du genre humain.

    La morale politique occidentale démentie par le principe de réalité

    Les trente dernières années ont balayé ces fadaises comme fétus de paille, et l’on a vu l’affirmation des nationalismes en Europe orientale, en Russie, en Chine, suivant des orientations politiques en tous points opposées à celles des démocraties occidentales. La Chine, en particulier, donne aujourd’hui l’exemple d’une grande puissance (peut-être appelée à devenir la première du monde) non démocratique et non libérale, quoique capitaliste. Et nous nous souvenons de la guerre atroce des années 1990 entre les peuples de l’ancienne Yougoslavie. Et nous pourrions cumuler les exemples tendant à montrer que la démocratie libérale de type ouest-européen ou nord-américain est loin de s’être imposée partout sur le globe depuis plus de trois décennies.

    La présente invasion russe de l’Ukraine rappelle aux Occidentaux que la politique relève de la réalité, non du rêve, de l’idéal ou de l’idéologie. Les Européens, les Américains, l’ONU, toutes les organisations internationales, les grands principes libéraux et démocratiques, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, les assises du Droit, de la Morale et de la Justice viennent de se fracasser contre ce fait terrible de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, avec ses avancées de chars, ses bombardements, ses destructions de villes, ses innombrables tués, ses foules fuyant l’ennemi pour se réfugier à l’étranger, et l’implacable détermination de Poutine à transformer le pays vaincu en protectorat, avant, peut-être, de l’annexer purement et simplement. Tous se révèlent impuissants à l’arrêter. L’ONU a beau condamner ce dernier, elle ne peut rien entreprendre contre lui en raison du droit de veto dont il dispose au sein du Conseil de sécurité. Et les Occidentaux, à commencer par les États-Unis, la super-puissance, ne peuvent se lancer dans une opération militaire contre la Russie sous peine de déclencher une nouvelle guerre mondiale, qui serait sans doute nucléaire.

    Le démenti infligé aux illusions de la dissuasion

    Et là, on voit les bornes de la dissuasion. Cette fameuse dissuasion, considérée par les Occidentaux, depuis la fin des années 1940, comme la garantie suprême du maintien de la paix et du renoncement des dictatures à leurs objectifs bellicistes, ne dissuade aujourd’hui, en fait, que les Occidentaux eux-mêmes. Poutine exerce un chantage aussi évident qu’implicite sur eux, brandissant le risque d’un conflit planétaire au cas où ils interviendraient militairement en faveur de l’Ukraine. Il a parfaitement compris que les Occidentaux reculeront toujours devant un tel risque. L’équilibre de la terreur institué à la fin des années 1940 révèle aujourd’hui son caractère illusoire. Il joue en faveur de la Russie, qui ne redoute pas le risque d’un affrontement avec l’Occident qu’elle sait par principe opposé à toute entrée en guerre, et donc condamnée à reculer devant elle.

    La vanité des alliances défensives occidentales

    L’infériorité des Occidentaux n’est ni militaire ni économique, elle est morale. Depuis le début de la crise des relations entre la Russie et les Occidentaux, ceux-ci répètent à qui mieux mieux, par la voix ou la plume de leurs dirigeants et de leurs médias, que l’OTAN est une alliance militaire purement défensive qui ne menace en rien la Russie aussi longtemps que cette dernière ne manifeste aucune intention belliqueuse à l’égard de ses membres. C’est oublier que l’esprit défensif exclusif annonce déjà une prédisposition au recul lié à la peur de devoir se résoudre à un conflit armé. Les alliances défensives ont toujours entraîné des reculs, des renoncements et n’ont jamais dissuadé des agresseurs résolus, ce qui était pourtant leur raison d’être. Il n’est que de se rappeler, dans l’entre-deux-guerres, la vanité des accords liant les pays de la Petite Entente (Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie, 1921-1922), du Pacte de Locarno (16 octobre 1925), de la conférence de Stresa (11-15 avril 1935), et du Traité franco-russe (2 mai 1935) pour s’en convaincre. Et nous pourrions citer bien d’autres exemples plus contemporains. On noue et on empile des accords, des traités associant un maximum de partenaires, on se dote des armes les plus perfectionnées et les plus redoutables, dont l’arme nucléaire, et, avec tout cela, on espère dissuader l’adversaire. En un sens on y parvient puisque, en effet, celui-ci ne s’attaque pas à l’un des partenaires de l’alliance ; et, de fait, la Russie n’a agressé ni n’agressera les Pays baltes, membres de l’OTAN (et de l’Union européenne). Et la Biélorussie apparaît comme son fidèle vassal. Mais il n’est pas certain qu’elle ne nourrisse pas de visées annexionnistes sur les autres pays de l’ancienne URSS (Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Ouzbékistan). Ces pays pourraient, à moyenne ou longue échéance connaître le sort de l’Ukraine que les Occidentaux sont incapables de secourir militairement. Ils ne sont d’ailleurs pas tenus de le faire, l’Ukraine n’étant pas membre de l’OTAN (ni de l’UE), et n’osent pas le faire de toute façon, tétanisés par la peur d’une déflagration mondiale où, de surcroît, l’arme nucléaire serait utilisée. Ainsi, s’ils ne risquent rien eux-mêmes, ils ne peuvent paralyser les agressions militaires, les annexions territoriales et les mises sous tutelle forcée entreprises par la Russie.

    La révélation du danger d’une stratégie de simulations

    La guerre est, de toute façon, au rebours de tous leurs principes. Leur stratégie de la dissuasion et leur idéalisme moral étayé sur une idéologie pseudo-humaniste et universaliste les ont amenés à concevoir la guerre et les relations entre les hommes et les peuples sous l’angle de la virtualité. En cela, ils ont une vision baudrillardienne du monde. Des années et des décennies durant, ils ont conçu leur stratégie défensive sur la base de simulations de conflits qui révèlent toute leur inutilité devant la terrible réalité de la guerre déclenchée par un chef d’État qui ne se comporte pas du tout comme ils le prévoyaient dans leurs hypothèses censément les plus sérieuses.

    Poutine savait, depuis longtemps, que ses homologues occidentaux n’envisageaient les relations géopolitiques et stratégiques qu’à l’aune de simulations, et qu’ils n’étaient donc pas prêts à affronter une crise sérieuse. Et il le savait d’autant plus qu’il percevait que cette impréparation découlait de leur éthique universaliste et pacifiste entée sur l’idéologie des Droits de l’Homme.

    Les conséquences de la démission morale de l’Occident

    Cette dernière n’a pas peu contribué à détacher les Occidentaux du réel. Ce, en les convertissant au politiquement correct, à l’individualisme hédoniste et consumériste, à la satisfaction de tous les désirs assimilée à un des droits de l’Homme, et à l’amoralisme ou au relativisme moral généralisé. À tort peut-être (mais, hélas, non sans quelque raison), Poutine perçoit les sociétés occidentales comme décadentes, avachies et incapables de s’opposer à ses projets expansionnistes.

    En définitive, c’est une leçon de réalisme que nous donne le présent conflit russo-ukrainien. Celui-ci nous rappelle que le monde est ce qu’il est et ne s’accommode pas de lubies morales et idéologiques. Ces dernières font marcher les Occidentaux sur les mains (ou sur la tête) quand les Russes, eux, marchent sur les pieds.  

    Article paru dans Politique magazine

  • ATTENTION !

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    Les cinq années du mandat d’Emmanuel Macron ont fait l’objet de multiples critiques toutes plus justifiées les unes que les autres. Comment en effet ne pas évoquer l’abaissement de la France dans de nombreux domaines, la désinstrualisation, la culture, l’éducation, les atteintes multiples à des libertés essentielles, l’appauvrissement d’une immense partie de la population au profit d’une minorité qui lui avait donné mandat… N’oublions pas les lois bien mal nommées « bioéthiques », véritable guerre anthropologique qui n’est pas près de s’éteindre. Ce n’est pas pour rien que la gauche la plus radicale va lui apporter son soutien. Elle sait que sur le sujet il sera au rendez-vous, et au besoin le lui rappellera. Et c’est ainsi qu’une droite libérale ou prétendue telle, s’engagera avec ceux qui ont décidé de la ruiner, puis de la supprimer. Ceux qui ont un minimum de culture historique se souviendront de la lutte menée par la monarchie contre les « libertins » (c’est-à-dire nos bourgeois actuels) et la façon dont tout cela s’est terminé.

     Ils ne pourront pas dire qu’ils n’étaient pas avertis et informés !

     Mais le motif principal qui doit nous convaincre de na pas voter Macron est encore plus fondamental, le risque de guerre.

    Nous savons tous ce qui se passe au centre de l’Europe, une guerre qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Les Américains en sont en très grande partie responsables, eux qui ne cessent depuis des décennies de rêver à la domination du monde. N’a-t-on pas vu le président des États-Unis venir s’immiscer dans cette guerre par une visite très préoccupante en Pologne, et se livrer à des déclarations de va-t-en-guerre, même si elles étaient, en partie, à usage interne, en direction de son électorat qui s’effrite. Ce qui explique que rien n’a été fait pour exiger de l’Ukraine le respect de ses engagements à l’égard de la Russie. Celle-ci, obsédée par sa sécurité depuis l’entrée dans l’OTAN d’anciens pays de la Russie soviétique, a estimé, à tort ou à raison, la question n’est pas là, qu’il lui était vital d’intervenir.

    Or, la quasi-totalité des pays européens, qui sont à la botte de l’Amérique, ne cessent non seulement de multiplier les déclarations hostiles, ce qui, en soi, n’a qu’une importance très relative, mais surtout de livrer des armes à l’Ukraine, véritable participation active à la guerre. C’est beaucoup plus grave. Il suffira maintenant d’une étincelle pour embraser le continent (exemple un convoi anglais rappé par l’armée russe). Et ce ne sont pas les Américains qui souffriront d’un tel conflit, pas plus qu’ils ne souffrent des sanctions qu’ils suscitent.

    Emmanuel Macron ne s’intéresse pas à la France. Son idée fondamentale, c’est l’utopie européenne, et au-delà mondialiste. Il s’est ainsi institué grand patron de la défense de l’Ukraine, alors que ce conflit ne nous concerne pas au premier chef. Il est tenu, sans en être affecté, par l’OTAN, sous direction américaine, que Sarkozy avait eu l’immense tort de rejoindre, pour des raisons identiques d’europhobie. Il lui apporte aujourd’hui, et sans surprise, son soutien.

    Le rôle de la France, son rôle naturel, était, au contraire, de convaincre les belligérants d’arrêter les hostilités par l’institution d’une neutralité de l’Ukraine (à définir bien sûr, c’est le rôle des diplomates), et non de se livrer à des invectives, des critiques, des menaces éminemment dangereuses. Macron n’en a ni l’envie, ni les moyens.

    Remarquons que les prises de positions des occidentaux ne reposent en aucune manière sur des arguments de réalisme politique, sur une analyse rationnelle des rapports internationaux, mais sur des motifs moraux et romantiques, de « débordement émotionnel ». Ce n’est pas de la bonne politique.

    Enfin, comme l’histoire ne cesse, malheureusement de nous le rappeler, la politique extérieure est toujours au service de la politique intérieure. Ce fut, de manière constante, un véritable obstacle au maintien de la paix.

    La situation d’aujourd’hui ne déroge pas à la règle : nous voyons avec un réel souci le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’insérer dans la campagne présidentielle française en suggérant de voter Macon. Il va bien falloir, s’il est élu, qu’il lui renvoie l’ascenseur ! La France, à la remorque de l’Europe et des Etats-Unis, adopte une position très dangereuse, source de tensions pernicieuses. Cette situation est extrêmement préoccupante. Avec Macron à l’Élysée, nos lendemains ne vont pas chanter.

     Personne ne pourra dire qu’il n’était pas averti et informé !

    Henri Bec

  • La nouvelle victoire d’Orban a un sens simple, évident : il existe des peuples qui refusent de mourir

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    Les Français qui font l’essai de l’expatriation dans les pays d’Europe centrale ou de l’est n’en reviennent pas : on peut donc vivre en Europe, pas trop loin de la France, dans des pays paisibles, agréables, où les relations entre l’Église et l’État sont normales, respectueuses, où un homme est un homme et une femme une femme, où l’on ne bourre pas le crâne aux enfants avec des déviances élevées au rang de religion, etc.

    Oui, il est possible de vivre en Europe comme l’on vivait en France jusqu’au 10 mai 1981.

    Il y a plusieurs manières d’approcher la chose. Il est des pays comme la Roumanie qui prétendent jouer le jeu européen, donnent des gages tout d’apparence, mais en réalité ne suivent que très peu les diktats de Bruxelles, pour continuer tranquillement leur vie et leurs pratiques…

    Et puis il y a ceux, comme la Hongrie, qui y vont plus fort, en résistant avec force aux coups de boutoir des post-modernes, menés par l’horrible Soros, lui-même né Hongrois.

    La Hongrie en paie le prix : la presse bien-pensante (et subventionnée) de l’occident lui vomit dessus à longueur d’articles, et les commissaires européens ne rêvent à son encontre que de sanctions, humiliations, etc. Comment, la Hongrie refuse d’accueillir les « réfugiés » hommes seuls et musulmans ? Comment… ? etc.

    On voit même ici et là fleurir des accusations d’élections truquées, alors qu’il n’en est rien.

    Il est très difficile pour les « élites » traitresses bruxelloises de faire face à une réalité qu’elle juge surannée et insupportable : des peuples qui ont une furieuse envie de garder leur mode de vie, de préserver la paix civile, de continuer à se promener sans danger le soir dans leurs villes, et de laisser seuls les clochers – ou les bulbes dorés – dessiner l’horizon du paysage national, à perte de vue.

    C’est insupportable pour Bruxelles. Et rien que pour ça, cette nouvelle victoire de Viktor Orban doit nous faire chaud au cœur.

    Julien Michel

    C'est une leçon dont nous devrions nous souvenir dimanche...

  • Andreï Makine: «Cracher sur la Russie n'aidera pas les Ukrainiens »

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    Andréï Makine est membre de l’Académie française où il a été élu en 2016. D’origine russe, né le 10 septembre 1957 à Krasnoïarsk, il obtient la nationalité française en 1996 après avoir été lauréat du prix Goncourt, Goncourt des lycéens et Médicis pour son roman Le Testament français.

    L’entretien qu’il a accordé au Figaro Vox est remarquable à plusieurs titres et nous évade de la médiocrité ambiante sur le sujet. À lire.

    FIGAROVOX. – En tant qu’écrivain d’origine russe, que vous inspire cette guerre ?

    Andreï MAKINE. – Pour moi, elle était impensable. J’ai en tête les visages de mes amis ukrainiens à Moscou, que je voyais avant tout comme des amis, pas comme des Ukrainiens. Le visage de leurs enfants et de leurs petits-enfants, qui sont dans ce chaudron guerrier. Je plains les Ukrainiens qui meurent sous les bombes, tout comme les jeunes soldats russes engagés dans cette guerre fratricide. Le sort du peuple qui souffre m’importe davantage que celui des élites. Comme le disait Paul Valéry, "la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissant pas et qui se massacrent au profit d’hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas".

    Une partie de la presse vous qualifie d’écrivain pro-Poutine. L’êtes-vous ?

    C’est une journaliste de l’AFP qui m’a collé cette étiquette il y a une vingtaine d’années. C’était juste après le départ de Boris Eltsine dont le bilan était catastrophique pour la Russie. Je lui avais expliqué que Eltsine, dans un état d’ébriété permanent, avec la responsabilité du bouton atomique, représentait un vrai danger. Et que j’espérais que la Russie pourrait devenir un peu plus rationnelle et pragmatique à l’avenir. Mais elle a titré : "Makine défend le pragmatisme de Poutine". Comme c’était une dépêche de l’AFP, cela a été repris partout. Et lorsque je suis entré à l’Académie, un grand hebdo, dont par charité je tairai le nom, a, à son tour, titré : "Makine, un Poutinien à l’Académie"… Cela en dit long sur le monde de mensonge dans lequel nous vivons.

    Vous condamnez l’intervention russe…

    Mon opposition à cette guerre, à toutes les guerres, ne doit pas devenir une sorte de mantra, un certificat de civisme pour les intellectuels en mal de publicité, qui tous cherchent l’onction de la doxa moralisatrice. À force de répéter des évidences, on ne propose absolument rien et on en reste à une vision manichéenne qui empêche tout débat et toute compréhension de cette tragédie. On peut dénoncer la décision de Vladimir Poutine, cracher sur la Russie, mais cela ne résoudra rien, n’aidera pas les Ukrainiens.

    Pour pouvoir arrêter cette guerre, il faut comprendre les antécédents qui l’ont rendue possible. La guerre dans le Donbass dure depuis huit ans et a fait 13 000 morts, et autant de blessés, y compris des enfants. Je regrette le silence politique et médiatique qui l’entoure, l’indifférence à l’égard des morts dès lors qu’ils sont russophones. Dire cela, ne signifie pas justifier la politique de Vladimir Poutine. De même que s’interroger sur le rôle belliciste des États-Unis, présents à tous les étages de la gouvernance ukrainienne avant et pendant la "révolution du Maïdan", n’équivaut pas à dédouaner le maître du Kremlin. Enfin, il faut garder à l’esprit le précédent constitué par le bombardement de Belgrade et la destruction de la Serbie par l’Otan en 1999 sans avoir obtenu l’approbation du Conseil de sécurité des Nations unies. Pour la Russie, cela a été vécu comme une humiliation et un exemple à retenir. La guerre du Kosovo a marqué la mémoire nationale russe et ses dirigeants.

    Lorsque Vladimir Poutine affirme que la Russie est menacée, ce n’est pas un "prétexte" : à tort ou à raison, les Russes se sentent réellement assiégés, et cela découle de cette histoire, ainsi que des interventions militaires en Afghanistan, en Irak et en Libye. Une conversation rapportée entre Poutine et le président du Kazakhstan résume tout. Ce dernier tente de convaincre Poutine que l’installation de bases américaines sur son territoire ne représenterait pas une menace pour la Russie, qui pourrait s’entendre avec les États-Unis. Avec un petit sourire triste, Poutine répond : "C’est exactement ce que disait Saddam Hussein ! ".

    Encore une fois, je ne légitime en aucune manière la guerre, mais l’important n’est pas ce que je pense, ni ce que nous pensons. En Europe, nous sommes tous contre cette guerre. Mais il faut comprendre ce que pense Poutine, et surtout ce que pensent les Russes, ou du moins une grande partie d’entre eux.

    Vous présentez la guerre de Poutine comme une conséquence de la politique occidentale. Mais le président russe ne nourrit-il pas une revanche contre l’Occident depuis toujours ?

    J’ai vu Vladimir Poutine en 2001, peu après sa première élection. C’était un autre homme avec une voix presque timide. Il cherchait la compréhension des pays démocratiques. Je ne crois pas du tout qu’il ait eu déjà en tête un projet impérialiste, comme on le prétend aujourd’hui. Je le vois davantage comme un réactif que comme un idéologue. À cette époque-là, le but du gouvernement russe était de s’arrimer au monde occidental. Il est idiot de croire que les Russes ont une nostalgie démesurée du goulag et du Politburo. Ils ont peut-être la nostalgie de la sécurité économique, de l’absence de chômage. De l’entente entre les peuples aussi : à l’université de Moscou, personne ne faisait la différence entre les étudiants russes, ukrainiens et ceux des autres républiques soviétiques… Il y a eu une lune de miel entre la Russie et l’Europe, entre Poutine et l’Europe avant que le président russe ne prenne la posture de l’amant trahi. En 2001, Poutine est le premier chef d’État à proposer son aide à George W. Bush après les attentats du 11 septembre. Via ses bases en Asie centrale, la Russie facilite alors les opérations américaines dans cette région. Mais, en 2002, les États-Unis sortent du traité ABM, qui limitait l’installation de boucliers antimissiles. La Russie proteste contre cette décision qui ne peut, d’après elle, que relancer la course aux armements. En 2003, les Américains annoncent une réorganisation de leurs forces, en direction de l’Est européen.

    Poutine s’est durci à partir de 2004 lorsque les pays anciennement socialistes ont intégré l’Otan avant même d’intégrer l’Union européenne, comme s’il fallait devenir anti-russe pour être Européen. Il a compris que l’Europe était vassalisée par les États-Unis. Puis il y a eu un véritable tournant en 2007 lorsqu’il a prononcé un discours à Munich en accusant les Américains de conserver les structures de l’Otan qui n’avaient plus lieu d’être et de vouloir un monde unipolaire. Or, en 2021, lorsqu’il arrive au pouvoir, Joe Biden ne dit pas autre chose lorsqu’il déclare que "l’Amérique va de nouveau régir le monde".

    On a le sentiment que vous renvoyez dos à dos les Occidentaux et les Russes. Dans cette guerre, c’est bien la Russie l’agresseur…

    Je ne les renvoie pas dos à dos. Mais je regrette que l’on oppose une propagande européenne à une propagande russe. C’est, au contraire, le moment pour l’Europe de montrer sa différence, d’imposer un journalisme pluraliste qui ouvre le débat. Lorsque j’étais enfant dans la Russie soviétique et qu’il n’y avait que la Pravda, je rêvais de la France pour la liberté d’expression, la liberté de la presse, la possibilité de lire différentes opinions dans différents journaux. La guerre porte un coup terrible à la liberté d’expression : en Russie, ce qui n’est guère surprenant, mais aussi en Occident. On dit que "la première victime de la guerre est toujours la vérité". C’est juste, mais j’aurais aimé que ce ne soit pas le cas en Europe, en France.

    De mon point de vue, la fermeture de la chaîne RT France par Ursula von der Leyen, présidente non élue de la Commission européenne, est une erreur qui sera fatalement perçue par l’opinion comme une censure. Comment ne pas être révolté par la déprogrammation du Bolchoï de l’Opéra Royal de Londres, l’annulation d’un cours consacré à Dostoïevski à Milan ? Comment peut-on prétendre défendre la démocratie en censurant des chaînes de télévision, des artistes, des livres ? C’est le meilleur moyen, pour les Européens, de nourrir le nationalisme russe, d’obtenir le résultat inverse de celui escompté. Il faudrait au contraire s’ouvrir à la Russie, notamment par le biais des Russes qui vivent en Europe et qui sont de manière évidente pro-européens. Comme le disait justement Dostoïevski : "chaque pierre dans cette Europe nous est chère".

    La propagande russe paraît tout de même délirante lorsque Poutine parle de « dénazification » …

    Le bataillon Azov, qui a repris la ville de Marioupol aux séparatistes en 2014, et qui depuis a été incorporé à l’armée régulière, revendique son idéologie néo-nazie et porte des casques et des insignes ayant pour emblème le symbole SS et la croix gammée. Il est évident que cette présence reste marginale et que l’État ukrainien n’est pas nazi, et ne voue pas un culte inconditionnel à Stepan Bandera. Mais des journalistes occidentaux auraient dû enquêter sérieusement sur cette influence et l’Europe condamner la présence d’emblèmes nazis sur son territoire. Il faut comprendre que cela ravive chez les Russes le souvenir de la Seconde guerre mondiale et des commandos ukrainiens ralliés à Hitler, et que cela donne du crédit, à leurs yeux, à la propagande du Kremlin.

    Au-delà du débat sur les causes et les responsabilités de chacun dans la guerre, que pensez-vous de la réponse européenne ?

    Bruno Le Maire a été critiqué pour avoir parlé de guerre totale, mais il a eu le mérite de dire la vérité et d’annoncer la couleur, loin de l’hypocrisie de ceux qui envoient des armes et des mercenaires et entendent ruiner l’économie russe, mais prétendent qu’ils ne font pas la guerre. En vérité, il s’agit bien de provoquer l’effondrement de la Russie, l’appauvrissement de son peuple. Il faut le dire clairement : l’Occident est en guerre contre la Russie.

    Cependant, s’il y a un aspect positif pour la possible démocratisation de la Russie, c’est que l’on va anéantir la construction oligarchique qui est une vraie tumeur depuis les années 90. J’invite les dirigeants européens à exproprier les oligarques prédateurs, à confisquer ces milliards de roubles volés et investis à Londres et, plutôt que de les bloquer comme on le fait aujourd’hui, à les donner aux pauvres en Europe et en Russie.

    Que peut-on faire d’autre ?

    Pour cesser les hostilités, pour donner un avenir à l’Ukraine, on pense toujours qu’il faut avancer ; parfois il faut, au contraire, reculer. Il faut dire : "on s’est trompé". En 1992, après la chute du mur de Berlin, nous nous trouvions à une bifurcation. Nous nous sommes trompés de chemin. Je pensais alors véritablement qu’il n’y aurait plus de blocs, que l’Otan allait être dissoute car l’Amérique n’avait plus d’ennemi, que nous allions former un grand continent pacifique. Mais je pressentais aussi que cela allait exploser car il y avait déjà des tensions : dans le Caucase, en Arménie dans le Haut-Karabakh… À l’époque, j’avais écrit une lettre à François Mitterrand.

    Quel était le contenu de cette lettre ?

    J’ignore s’il l’a reçue, mais j’évoquais la construction d’une Europe qui n’avait rien à voir avec le monstre bureaucratique représenté aujourd’hui par Madame von der Leyen. Je rêvais d’une Europe respectueuse des identités, à l’image de la Mitteleuropa de Zweig et de Rilke. Une Europe finalement plus puissante car plus souple, à laquelle on aurait pu adjoindre l’Ukraine, les Pays Baltes et pourquoi pas la Biélorussie. Mais une Europe sans armes, sans blocs militaires, une Europe composée de sanctuaires de la paix. Les deux garants de cette architecture auraient été la France et la Russie, deux puissances nucléaires situées aux deux extrémités de l’Europe, chargées légalement par l’ONU de protéger cet ensemble.

    Est-ce réaliste ?

    La Mitteleuropa n’est pas une utopie, elle a existé. Je veux y croire et marteler cette idée. Il y a quelques années, j’ai rencontré Jacques Chirac puis Dominique de Villepin, qui partageaient cette vision d’une Europe de Paris à Saint-Pétersbourg. Mais les Américains en ont décidé autrement. Cela aurait signifié la fin de l’Otan, la fin de la militarisation de l’Europe qui, appuyée sur la Russie et ses richesses, serait devenue trop puissante et indépendante. J’espère tout de même qu’un nouveau président s’emparera de cette idée. L’Europe est un Titanic qui sombre et d’un pont à l’autre, on se bat.

    Cette situation est tellement tragique, tellement chaotique, qu’il faudrait proposer une solution radicale, c’est-à-dire revenir à la bifurcation de 1992 et reconnaître qu’il ne fallait pas relancer la course aux armements, reprendre cette direction démocratique et pacifique qui pouvait très bien inclure la Russie. Cela damnerait le pion aux tendances extrêmes en Russie. Cela éviterait l’effondrement politique et économique qui concerne toute la planète. Ce serait une issue honorable pour tout le monde et cela permettrait de construire une Europe de la paix, des intellectuels, de la culture. Notre continent est un trésor vivant, il faut le protéger. Hélas, on préfère prendre le contre-pied de cette proposition : bannir Dostoïevski et faire la guerre. C’est la destruction garantie car il n’y aura pas de vainqueur.  

    Alexandre Devecchio

  • L’acte d’accusation de John Durham expose l’ampleur de la corruption et de la dépravation des Clinton et de Washington

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    Le degré de corruption des Clinton et de la Fondation Clinton, les mensonges de Bill Clinton, Hillary les porte sur le visage, et les Américains ne s’y sont pas trompés en rejetant cette candidate présidentielle.

    Pendant des mois, Donald Trump a répété : « où est le rapport Durham ? », pensant, comme beaucoup d’Américains modérés, qu’il avait été enterré par l’administration Biden. Apparemment non. Et le dernier acte d’accusation déposé par l’avocat spécial John Durham expose une ampleur et une dépravation de la corruption de Washington, ce que Trump appelle le « marécage », le Deep State, qui est honteuse et dangereuse même pour les Clinton.

    - Le premier acte de Durham a été la condamnation de l’ex-avocat du FBI Kevin Clinesmith. Le pays a alors mieux compris que tous les contrôles que notre gouvernement fédéral a essayé d’imposer à l’État profond ne fonctionnent tout simplement pas parce que les contrôleurs font partie de la corruption, ils font partie du problème, du Deep State. C’est comme demander au gouvernement mexicain de lutter contre les cartels qui les financent, les font élire, les protègent, et les assassinent s’ils dévient.

    - Durh am a prouvé que Clinesmith avait truqué des demandes de mandat auprès de la Foreign Intelligence Surveillance Courtou FISA, sur la base du faux dossier Steele, pour obtenir la permission d’espionner la campagne de Donald Trump – la même affaire que le Watergate en plus grave (enfin, plus grave si l’espionné avait été démocrate). D’autres étaient coupables, y compris le directeur du FBI de l’époque, licencié par Trump.

    - Carter Page, l’un des conseillers en politique étrangère du président Donald Trump a donc été mis sur écoute pendant que les médias hurlaient qu’il ne fallait pas employer le mot « espionner » parce que c’était conspirationniste. Ce qu’ils voulaient dire surtout, c’est que des Démocrates ne peuvent rien faire de mal, et que s’ils font tout de même quelque chose de mal, c’est accidentellement, sans intention maligne, et qu’il faut les excuser et les comprendre.

    Cet abus manifeste a suscité des appels au Congrès pour réformer la loi sur la surveillance du renseignement étranger – qui n’a pas eu lieu, de la même manière que le Congrès n’a jamais poursuivi les Démocrates et anti-Trump qui ont menti sous serment devant lui.

    Le nouvel acte d’accusation de Durham qui vient de tomber concerne un autre bouc-émissaire (les têtes seront épargnées). Il s’agit d’un avocat de premier plan, avocat du Comité national démocrate (DNC), d’une grosse entreprise de BigTech, et tenez-vous bien, de la Fondation Clinton, Michael Sussmann. Ce dernier a fait passer une information inventée de toutes pièces alléguant que les communications informatiques entre un serveur de l’Alfa Bank en Russie et la Trump Tower à New York cachaient un système secret de communication permettant à Trump et Vladimir Poutine de voler l’élection de 2016.

    L’affaire

    Un client de Sussmann, haut-cadre d’une entreprise de BigTech – nous l’appellerons Monsieur E.S., a approché Sussmann en juillet 2016, affirmant qu’il avait des informations qui pourraient aider à fabriquer un « récit » de collusion de Trump avec la Russie.

    Le dirigeant de Bigtech en question est un Démocrate. Dans un email, il a déclaré qu’il souhaitait la victoire d’Hillary Clinton à la présidence parce qu’elle lui donnerait le poste le plus important de la nation en matière de cybersécurité. On est au milieu du marais puant.

    Il a ensuite utilisé ses relations pour obtenir, d’une entreprise qui aide le gouvernement fédéral en matière de cybersécurité, des données Internet non publiques concernant Trump et six de ses associés.

    Les employés de monsieur E.S. l’ont mis en garde que les fausses données censées relier Trump à une banque russe « ne passeraient pas », elles étaient trop cousues de fil blanc. Mais Sussmann les a néanmoins transmises à l’avocat général du FBI de l’époque, James Baker, même après que l’équipe d’experts en informatique ait averti que cette théorie était un « faux », selon l’acte d’accusation. Puis Sussmann a transmis le faux document aux médias pour construire le récit selon lequel Trump était de connivence avec Moscou.

    Pour situer le niveau, Sussmann est aussi l’avocat qui a travaillé avec le FBI lors de son enquête sur le soi-disant piratage des serveurs du DNC par les Russes, suite aux fuites d’email très compromettant de John Podesta, le conseiller principal de la campagne d’Hillary Clinton. Souvenez-vous que le DNC n’a jamais autorisé le FBI a inspecter les serveurs en question, et que la preuve que la Russie ait piraté leurs serveurs n’a jamais été apportée – il fallait juste les croire sur parole.

    Sussmann a donc déclaré au FBI qu’il disposait des informations montrant un lien entre Trump et une banque russe. Au cours de la réunion, M. Sussmann a menti au FBI et dit « qu’il transmettait ces informations simplement en tant que citoyen inquiet et qu’il ne travaillait pas pour le compte d’un client ». Il a également affirmé que des experts en cybersécurité l’avaient contacté au sujet d’un lien possible entre Trump et une banque russe, mais il n’a jamais mentionné la véritable source des données, Monsieur E.S., ni évidemment précisé que les informations étaient fausses.

    Comme nous le savons maintenant – nous l’ignorions à l’époque – le FBI est très corrompu et il a été infiltré par le parti Démocrate et le Deep State. Les « informations » de Sussmann – en réalité des mensonges destinés à faire tomber Trump – sont tombées dans des oreilles bienveillantes.

    Pendant tout ce temps, je veux dire, pendant qu’il disait au FBI qu’il ne travaillait pour le compte de personne, Sussmann facturait la campagne d’Hillary Clinton pour ses rendez-vous avec Monsieur E.S., pour ses rendez-vous avec le FBI, et pour fuiter à la presse ces Fake News. Autrement dit, il travaillait pour Hillary. On ne sait pas à ce stade et de façon formelle si elle donnait les ordres, ou si elle était seulement informée de ce qui se passait et validait les étapes. Dans tous les cas, elle y est jusqu’aux oreilles. Mais le marécage la protège parce qu’elle a probablement des montagnes d’informations sales sur tout le monde. Quand on parle du marécage ou du Deep State, ce qu’on dit en réalité c’est que tout le monde étant corrompu, tout le monde tient tout le monde, et tout le monde a intérêt à ce que ça dure. Et Trump est arrivé dans ce puant environnement qui détruit à la classe moyenne américaine.

    Si le FBI avait su que Sussmann l’avait contacté au nom de la campagne de Clinton dans le seul but de salir la réputation de son rival politique et le faire échouer aux élections, il n’aurait peut-être jamais ouvert d’enquête. Mais comme Sussmann est un Démocrate, que Trump avait promis de nettoyer le marécage et la corruption de Washington, qu’il représentait un danger certain pour le Deep State, du fait qu’il ne faisait pas partie de l’establishment corrompu, le FBI n’a pas cherché à savoir si Sussmann mentait sur ses motivations, et James Comey, directeur du FBI de l’époque, a ouvert une enquête.

    L’inspecteur général du ministère de la Justice conclura en 2019 que le lien entre Trump et les banques russes était une pure fiction, que la collusion entre Trump et la Russie n’avait jamais existé. L’enquêteur spécial Mueller était pourtant très corrompu – il ne fouilla jamais du côté des Démocrates – mais il conclut tout de même que les accusations contre Trump étaient infondées, y compris celles d’obstruction à la Justice.

    Mais Sussmann avait bien fait son travail auprès des médias. Avec ses fausses informations, ils ont consciencieusement et soigneusement joué leur rôle dans la création de la collusion de Trump avec la Russie, qui, avec l’enquête Mueller, a plombé la majeure partie de la présidence Trump. Malgré les conclusions des enquêtes, ils continuent d’ailleurs d’accuser Trump.

    Ne nous trompons pas : la dynastie Clinton et son influence sur le parti Démocrate a son pendant à droite avec la dynastie Bush. Les deux se sont effritées sous les coups de Donald Trump, mais le parti Démocrate n’a pas « son Trump » engagé dans la lutte contre la corruption de l’appareil politique du DNC et du marécage. Les électeurs Démocrates honnêtes n’ont pas de quoi en être fier.

    Durham va inculper d’autres personnes. Pas les têtes. Le rôle de BigTech dans la fabrication du récit de collusion a été assez peu évoqué durant les années Trump et pendant l’enquête de Mueller. Le récit de la collusion russe a été inventé de toutes pièces, et le Congrès ne semble pas du tout prêt à contrôler les informations auxquelles Big Tech a accès ni sa politique de censure de la droite. Si le GOP reprend la majorité aux deux chambres en 2022, je ne suis pas même certain qu’ils agiront dans ce sens : les Républicains, hélas, n’ont aucune colonne vertébrale.

    Le représentant Devin Nunes (R-Calif.), qui a joué un rôle essentiel en tant que président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants dans le démantèlement du faux récit de collusion avec la Russie, a déclaré que l’acte d’accusation de Durham ajoutait une dernière pièce à la machine Clinton qui a élaboré le sale coup.

    « L’acte d’accusation est accablant, plein de détails choquants montrent comment les agents et les avocats de la campagne Clinton ont eu recours à des méthodes illégales et immorales pour concocter de fausses allégations contre la campagne Trump et les transmettre au FBI et aux médias ».

    Les médias américains sont restés discrets sur les conclusions de l’enquête Durham.

    Les médias français, qui ont martelé l’affaire de collusion pendant quatre ans, ne sont absolument pas intéressés à publier des faits, ils n’aiment que les ragots. Ils ont adoré publié les accusations infondées contre Trump, ils détestent publier les résultats factuels des enquêtes qui exposent les coupables, des gens qu’ils aiment. Pourquoi informer les Français, se disent-ils.

    © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

  • Vous appelez ça "les traiter comme des chiens ?"

    Bon résumé de la mission  de la France en Algérie, à rebours de ce que nos chaines de radio et de de télévision déversent dans les esprits depuis tant d'années. Il serait temps de se montrer fier du travail accompli. Les injures d'Emmanuel Macron sur ce sujet (et d'autres) sont indignes d'un chef d'État. 

     

    Cliquez sur la carte pour écouter cette mise au point de 2 mn. :

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  • La Pologne tient tête à Bruxelles, qui n’en revient pas !

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    C’est une déconvenue pour Bruxelles, c’est peut-être aussi une nouvelle page qui s’ouvre dans les rapports des nations avec l’Union Européenne, et ce grâce à l’attitude souveraine de la Pologne. Des injonctions et des menaces constantes de la Commission européenne pour l’obliger à adopter notamment les « valeurs » arc-en-ciel, la Pologne s’est libérée d’un seul coup. Grâce à un arrêt rendu par la plus haute juridiction polonaise en faveur de la primauté du droit national sur le droit communautaire qui met en rage Bruxelles.

    La Cour constitutionnelle polonaise a jugé « incompatible » l’interprétation par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de certains articles des traités européens avec la Constitution du pays puisque « parmi les compétences transférées de la Pologne à l’UE, il n’y a aucune compétence relative à la création ou à l’organisation ou au système judiciaire ». Dans cet arrêt rendu le 7 octobre, la juridiction polonaise accuse la CJUE de saper la souveraineté de l’État et fait donc prévaloir la primauté du droit national sur le droit européen. La primauté du droit communautaire n’est plus inconditionnelle en Pologne, et est plutôt strictement limitée aux pouvoirs délégués à l’UE. Dans le même temps, le Tribunal constitutionnel polonais a contesté le principe de coopération sincère et sincère.

    En outre, si l’ « activisme progressiste » de la Cour de justice de l’UE devait se poursuivre, en émettant des arrêts qui relèvent de la compétence exclusive des organes de l’État polonais, en sapant la primauté de la Constitution en tant qu’acte juridique de rang supérieur dans l’ordre polonais, en remettant en cause la validité universelle et la finalité des arrêts du Tribunal, ainsi que le statut des juges du Tribunal, la Cour constitutionnelle polonaise interviendra pour supprimer les décisions de la Cour européenne du système législatif polonais.

    La décision de la Cour constitutionnelle, sur la primauté ou non de la Constitution polonaise sur les normes et décisions européennes, a été demandée par le Premier ministre Mateusz Morawiecki en mars dernier. Pour le ministre de la Justice et leader de Solidarność Pologne, Zbigniew Ziobro, « le Tribunal constitutionnel a mis un frein à l’anarchisation du système judiciaire et de l’État tout entier et a confirmé la primauté de la Constitution polonaise sur le droit communautaire ».

    Cette décision a fait l’effet d’une bombe. Bruxelles a déjà brandi la menace de ne pas verser à Varsovie les fonds prévus dans le cadre du plan de relance et le mot « Polexit » a été lâché sans que cela ne fasse reculer le moins du monde la Pologne qui tient fièrement tête aux technocrates bruxellois.

    Francesca de Villasmundo

    Médias-presse info

  • Élites dirigeants algériennes : une fausse histoire

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    Ce qu’a déclaré le président français, Emmanuel Macron, est un coup porté au cœur même de la fausse identité algérienne fabriquée par le FLN depuis 1962.

     

    Par Bernard Lugan

    B. Lugan.jpgLe 2 octobre dernier, Alger a rappelé en consultation son ambassadeur à Paris, avant de décider de fermer son espace aérien aux avions militaires français ravitaillant Barkhane. La raison?

    Le président Macron qui, depuis le début de son quinquennat n’a cessé de donner des gages mémoriels à l’Algérie, accumulant les concessions gratuites, et qui, en échange, espérait naïvement une «pacification des mémoires», a été très mal payé en retour, les autorités algériennes n’ayant cessé de faire du maximalisme.

    Voyant dans les ouvertures et les concessions françaises une reconnaissance de «culpabilité», elles ont, comme l’on dit vulgairement «poussé le bouchon trop loin», exigeant toujours plus de la  France. Cela a fini par «agacer» les autorités françaises, poussées par une opinion publique qui ne veut plus entendre parler de repentance.

    En plus de cela, la France qui accorde chaque année des centaines de milliers de visas aux Algériens, se heurte au refus obstiné d’Alger de simplement récupérer ses ressortissants déboutés du droit d’asile ou condamnés de droit commun. Or, là encore, l’opinion française est à bout et la course électorale présidentielle qui a démarré va se faire sur la question la défense de l’identité nationale, de la fin de l’immigration incontrôlée et de la sécurité.

    Voilà pourquoi, considérant que la «coupe est pleine», le président Macron a décidé d’adresser un message très clair au «Système» algérien à travers des propos non démentis, rapportés par le journal Le Monde.

    Or, ce qu’a déclaré le président français est un coup terrible porté au cœur même de la fausse identité algérienne fabriquée par le FLN depuis 1962.

    Trois points de la déclaration présidentielle française ont particulièrement ulcéré les dirigeants algériens:

    1-Le «Système» à bout de souffle qui dirige l’Algérie survit grâce à «une rente mémorielle» entretenue par une fausse histoire.

    2-La question de l’existence de la nation algérienne peut être posée puisque le pays est directement passé de la colonisation turque à la colonisation française.

    3-Pourquoi les dirigeants algériens dénoncent-ils toujours les 132 ans de colonisation française et jamais les 276 ans de colonisation turque?

    Ces trois questions brisant le tabou mémoriel algérien, les dirigeants d’Alger ont donc immédiatement réagi.

    Dans l’une de mes premières chroniques, je posais la question de savoir pourquoi Bougie et Tlemcen n’ont pas créé l’Algérie alors que Fès et Marrakech ont fondé le Maroc?

    À travers cette interrogation, nous sommes en effet là face à la grande question posée par le président Macron. Une question qui hante les dirigeants d’Alger car, comme l’a dit l'historien algérien Mohamed Harbi : «l’histoire est l’enfer et le paradis des Algériens».

    Mohamed Harbi a raison. Cette histoire à laquelle le «Système» algérien s’accroche à travers un nationalisme pointilleux est effectivement un «Enfer» car elle montre que l’Algérie n’a jamais existé. D’où un complexe existentiel rendant impossible toute analyse rationnelle. 

    Mais cette histoire est également «Paradis», parce que, pour oublier cet «Enfer», les élites dirigeantes algériennes ont fabriqué une fausse histoire valorisante à laquelle elles sont condamnées à faire semblant de croire…

    D’où cet énorme tabou historique qui interdit aux Algériens de simplement se demander pourquoi, alors que, depuis Fès et Marrakech les Almoravides, les Almohades, les Mérinides, les Saadiens et les Alaouites, développèrent des empires s’étendant à certaines époques sur tout le Maghreb, l’Espagne et jusqu’à Tombouctou, Tlemcen et Bougie ne dépassèrent quant à elles pas le stade de principautés, certes brillantes, mais qui n’eurent pas de prolongements étatiques modernes?

    La réponse est claire: parce que, jusqu’à la colonisation turque, Bougie vécut au rythme des hauts et des bas de Tunis. Quant à Tlemcen, durant près de huit siècles, de 790 à la colonisation turque qui débuta en 1554, elle fut, sauf durant quelques décennies à la fin du XIVe siècle et au début du XVe, quasi-constamment sous influence ou sous domination marocaine.

    Là est le non-dit d’ordre psychanalytique sur lequel repose toute la diplomatie algérienne et sur lequel ont buté toutes les tentatives d’union du Maghreb.

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  • Macron demande l’annulation de la dette de l’Afrique ! Lisez le commentaire de Bernard Lugan

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    Lugan.jpgLe président Macron appelle à effacer la dette africaine, étape selon lui « indispensable pour aider le continent africain à travers la crise du coronavirus ». Les PME, les TPE, les professions libérales et les commerçants français qui vont, eux, devoir rembourser  les emprunts qu’ils vont être contraints de faire pour tenter de survivre, apprécieront !

    Trois remarques :

    1) Si une telle mesure était réellement prise pour aider l’Afrique à lutter contre la pandémie, l’on pourrait la juger comme légitime. Mais, au moment où cette unilatérale proposition présidentielle était faite, et fort heureusement, le continent africain était quasiment épargné par le coronavirus.

    2) Depuis des décennies, les pays "riches" ne cessent de consentir à l’Afrique des allègements et des suppressions de dette. Au début des années 2000, les PPTE (Pays pauvres très endettés) ont ainsi bénéficié de considérables remises par les créanciers bilatéraux. Or, à peine sauvés du gouffre de l’endettement, ils y ont replongé...

    3) En plus des remises de dette, l’Afrique engloutit année après année, des sommes colossales versées au titre de l'APD (Aide pour le Développement). De 1960 à 2018, le continent a ainsi reçu en dons, au seul titre de l'APD, près de 2000 milliards de dollars (pour une dette d’environ 400 milliards de dollars dont entre 180 et 200 milliards de dollars de dette chinoise), soit en moyenne 35 milliards de dollars par an.

    En dollars constants, le continent a donc reçu plusieurs dizaines de fois plus que l’Europe du lendemain de la guerre avec le plan Marshall. Or, ces prêts, ces allègements de dette, ces aides et ces dons n’ont servi à rien car, en plus de sa suicidaire démographie, le continent est paralysé par son immobilisme. En effet, en dehors du don de la nature constitué par le pétrole et les minerais contenus dans son sous-sol, l’Afrique ne produit rien, sa part de la valeur ajoutée mondiale dans l’industrie manufacturière est en effet de moins de 2% dont les 9/10e sont réalisés par deux pays sur 52, l’Afrique du Sud et l’Egypte…

    L’annulation de la dette proposée par le président Macron ne changera donc rien à cet état des lieux. D'autant plus que la Chine, prédatrice souriante, est désormais à la manœuvre. Mue par le seul moteur du profit, elle endette chaque jour un peu plus le continent à travers des prêts généreusement octroyés.

    Ces derniers font replonger les pays bénéficiaires dans la spirale de l’endettement dont ils commençaient tout juste à sortir après les considérables allègements consentis dans les années 2000 aux PPTE par les Occidentaux. Comme ces prêts ne pourront jamais être remboursés, Pékin va mettre la main sur les grandes infrastructures données en garantie par ses débiteurs. Ainsi en Zambie où le gouvernement, après avoir été contraint de céder à la Chine la ZNBC, la société radio-télévision, s’est vu contraint d’engager des discussions de cession concernant l’aéroport de Lusaka et la ZESCO, la société  nationale d’électricité.

    Morale de l’histoire : quand la Chine endette l’Afrique, la France propose de renoncer à sa propre créance…

    * Bernard Lugan est un spécialiste reconnu de l'Afrique et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet.

    Source : le blog de Bernard Lugan cliquez ici

  • Une analyse motivée des élections américaines par le professeur Édouard Husson

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    Beaucoup a été dit, est dit et ne manquera pas de faire l'objet de commentaires plus ou moins bien motivés ou justifiés. La chaîne TV Libertés a entendu le professeur Édouard Husson, chroniqueur pour Atlantico et spécialiste de l'Amérique.

    Donald Trump ne s'avoue pas vaincu même s'il a autorisé la mise en œuvre de la transition avec l'équipe Biden. À voir...

    Pour écouter, cliquez  ICI

  • « Congo : les regrettables « regrets » du roi des Belges »

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    Par Bernard Lugan

    Lugan1.jpg« Le mardi 30 juin 2020, pliant à son tour sous l’air du temps, le roi des Belges a présenté « ses plus profonds regrets pour les blessures infligées lors de la période coloniale belge au Congo ».
    Des « regrets » qui n’avaient pas lieu d’être.

    Pour au moins quatre  raisons principales :

    1) En 1885 quand fut internationalement reconnu l’État indépendant du Congo (EIC), les esclavagistes zanzibarites dépeuplaient tout l’est du pays. Ayant largement franchi le fleuve Congo, ils étaient présents le long de la Lualaba, de l’Uélé, dans le bassin de la Lomami, un des affluents majeurs du Congo, et ils avaient quasiment atteint la rivière Mongala.
    Dans cette immense région, de 1890 à 1896, au péril de leur vie, de courageux belges menèrent la « campagne antiesclavagiste ». Au lieu de lassantes et injustifiables excuses, c’est tout au contraire la mémoire de ces hommes que le roi des Belges devrait célébrer.
    Parmi eux, les capitaines Francis Dhanis, Oscar Michaux, van Kerckhoven, Pierre Ponthier, Alphonse Jacques, Cyriaque Gillain, Louis Napoléon Chaltin, Nicolas Tobback et bien d’autres. Pour avoir voulu arracher les malheureux noirs aux esclavagistes musulmans venus de Zanzibar et de la péninsule arabe, Arthur Hodister et ses compagnons ainsi que le lieutenant Joseph Lippens et le sergent Henri De Bruyne furent massacrés. Les deux derniers eurent auparavant  les mains et les pieds coupés par les esclavagistes. Leurs statues vont-elles être déboulonnées ? Probablement, tant l’ethno-masochisme des Européens semble être sans limites.

    2) Dans le Congo belge les services publics fonctionnaient et des voies de communication avaient été créées à partir du néant, tant pour ce qui était de la navigation fluviale, que des voies ferrées, des aérodromes ou des ports. Quant au réseau routier, il était exceptionnellement dense, des pistes parfaitement entretenues permettant de traverser le pays d’ouest en est et du nord au sud en toutes saisons. Après l’indépendance, ces voies de communication disparurent, littéralement « mangées » par la brousse ou la forêt.

    3) La Belgique n’a pas pillé le Congo. Et pourtant, cette colonie fut une de celles dans lesquelles  les profits  furent les plus importants. Mais, à partir de 1908, les impôts payés par les consortiums et les privés furent en totalité investis sur place.  Le Congo belge pouvait donc subvenir à ses besoins, le plan de développement décennal ainsi que les investissements étant financés par les recettes locales tirées de l’impôt des grandes sociétés.

    4) Parmi toutes les puissances coloniales, la Belgique fut la seule à avoir défini un plan cohérent de développement de sa colonie en partant d’une constatation qui était que tout devait y être fait à partir du néant. En matière d’éducation, la France et la Grande Bretagne saupoudrèrent leurs colonies d’Afrique sud-saharienne tandis que la Belgique choisit de procéder par étapes et de commencer par bien développer le primaire, puis le secondaire et enfin seulement le supérieur. Mais, pour que ce plan puisse être efficace, il lui fallait encore une certaine durée.
    Or, il fut interrompu par l’indépendance alors qu’il fallait à la Belgique au moins deux décennies supplémentaires pour le mener à son terme.

    Alors, certes, il y eut une période sombre dans l’histoire de la colonisation belge, avec une politique d’exploitation fondée sur le travail forcé et dénoncée en 1899 par Joseph Conrad dans son livre « Au cœur des ténèbres ».
    Mais ce ne fut qu’une parenthèse de quelques années.
    A partir de 1908, le Congo rentra en effet dans l’Etat de droit et ses ressources ne servirent plus qu’à sa mise en valeur.Voilà pourquoi, en plus d’être  regrettables, les « regrets » du roi des Belges sont une insulte à de grandes figures belges et à l’Histoire de son pays.

    Pour plus de précisions :

    Histoire de l’Afrique des origines à nos jours

  • Vers une nouvelle inflation fiscale

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    Voici comment les Français rembourseront l’emprunt européen :

    création d'un impôt européen !

    Sur TF1, Emmanuel Macron a affirmé que les Français n’auraient pas un euro à débourser pour rembourser l’emprunt européen de 750 milliards d'euros du plan post-Covid. Une affirmation bien audacieuse, selon l'essayiste Eric Verhaeghe.

    Hier soir, c’est un Emmanuel Macron triomphal qui est apparu en duplex à l’antenne de TF1. L’obtention d’un accord à Bruxelles lui donne un peu de grain à moudre dans une actualité morose où les déconvenues, notamment sociales et économiques, ne vont pas tarder à s’enchaîner. Mais c’était aussi l’occasion de lancer quelques affirmations bien téméraires sur la «gratuité» des coronabonds pour le portefeuille des Européens, et singulièrement des Français.

    Penser l’accord historique du 20 juillet 2020

    Le président français ne pouvait évidemment manquer la célébration de ce «travail historique» qu’il a mené pendant plusieurs années en affrontant Angela Merkel pour imposer une étape nouvelle dans l’intégration budgétaire en Europe. Conforme à la doctrine en vigueur dans les élites françaises, l’achèvement de l’Europe passe par le dépassement d’une simple union monétaire, comme le conçoit l’Allemagne (héritière du Zollverein prussien), et par la mise en place d’une union budgétaire avec des impôts communs.

    Sur ce chemin dont l’histoire dira s’il est ou non un miroir aux alouettes (la création d’impôts communs n’ayant pas le même effet partout dans le monde…), l’accord du 20 juillet marque effectivement une étape significative. On jugera en 2022 si les Français la reçoivent comme telle ou pas.

    Vers des impôts européens

    Au-delà des 40 milliards immédiats que cet accord apporte à la France dans des conditions financières contestables, l’innovation majeure de l’accord tient à la création d’impôts européens pour financer cet emprunt de 750 milliards. Si l’accord du 20 juillet est resté évasif sur la question, notamment du fait de la réticence de l’Allemagne, il n’en demeure pas moins que le remboursement devrait être assuré par des taxes.

    La liste de celles-ci semble pour l’instant interminable : taxe sur le plastique, sur le carbone, sur le numérique, etc. Autrement dit, la Commission va se doter d’une administration fiscale, selon toute vraisemblance, pour faire rentrer l’argent de ces impôts sur lesquels personne n’a jugé utile de claironner, à part Emmanuel Macron qui semble y retrouver des mots connus.

    Le fantasme trumpien de la taxe aux frontières

    Avec une forte dose de naïveté, peut-être mêlée à la mauvaise foi, Emmanuel Macron a donc prétendu que ces taxes ne seraient pas payées par les Européens, mais par les «grandes entreprises» et les «acteurs internationaux» qui ne jouent pas le jeu des politiques européennes. Pour le coup, on demande vraiment à voir comment cette affaire va se goupiller dans les mois à venir.

    Doit-on rappeler ici que ce principe de la taxe aux frontières a fait hurler tout ce que l’Europe compte de partisans du libre-échange lorsque Donald Trump l’a avancé pour les Etats-Unis ? Il est assez comique de voir comment, en trois ans, Emmanuel Macron est passé de la dénonciation du protectionnisme à son éloge triomphal.

    L’évolution vaut toutefois d’être notée, car elle montre comment un président «mondialiste» comme Emmanuel Macron est désormais contraint à retourner sa veste dans un monde toujours plus divisé. Finies, donc, les diatribes sur le repli nationaliste qui constitue un danger. A l’épreuve des faits, il faut bien reconnaître des vertus à la taxation aux frontières.

    Les Européens ne paieront pas ? Vraiment ?

    Le grand fantasme, ou la grande imposture, consiste bien entendu à asséner que ces taxations à la frontière ne sont pas payées par les Européens mais par les entreprises qui doivent acquitter les taxes. Il s’agit là d’une ambiguïté, voire d’un mensonge bien connus des économistes.

    Une taxation aux frontières n’est en réalité rien d’autre qu’une taxe sur le consommation. Elle est donc répercutée sur les prix. Il est vrai que les produits taxés perdent en compétitivité par rapport aux produits non taxés. Mais, dans tous les cas, la taxe est intégrée au prix de vente, et donc perçue sur le consommateur, que ce soit de façon directe ou indirecte.

    Le phénomène sera particulièrement évident pour les géants du numérique. Si leur production est taxé en Europe, ils y majoreront leurs prix avec d’autant moins de gêne qu’ils comptent très peu de concurrents, voire pas du tout de concurrents dans certains cas. La taxe sur les GAFAM ne sera donc pas payée par les GAFAM, mais par leurs clients européens.

    S’agissant des taxes carbones ou plastiques à la frontière, le résultat sera le même : les producteurs augmenteront leurs prix de vente pour récupérer la taxe. Celle-ci sera donc payée par le consommateur.

    Autrement dit, ce sont les Européens qui rembourseront directement les emprunts supposés leur profiter.

    Vers un renchérissement d’internet ?

    Alors qu’on parle de fracture numérique qui constitue une égalité grandissante dans nos démocraties, et singulièrement en France, il est remarquable de voir les gouvernements européens s’apprêter à augmenter les prix des services numériques. Imagine-t-on un Google se mettre à tarifer l’accès à certains sites ou à certains services comme la messagerie ? Imagine-t-on Google distribuer encore plus d’informations gratuites pour concurrencer la presse payante ?

    Nous entrons progressivement dans un autre modèle de consommation et de taxation numérique qui mérite d’être étudié calmement. Alors que les Etats-Unis privilégient la piste du démantèlement anti-trust, l’obsession fiscale française risque de réserver de bien mauvaises surprises.

    Eric Verhaeghe