G-BDQD17ZWM0

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Comprendre la question du Sahel

sahel-1.jpg

Par Bernard Lugan

La fin de l’opération Barkhane ne signifie pas la fin de la dislocation sahélienne car tous les facteurs de crise demeurent.
Un phénomène aggravé par la proximité de deux grands foyers de déstabilisation situés dans le nord du Nigeria avec Boko Haram, et plus au nord, en Libye, où la disparition de l’Etat donne aux trafiquants et aux terroristes, des opportunités exceptionnelles.

La crise que traverse la région sahélienne a plusieurs origines et l’on se reportera pour leur étude détaillée à mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours :

– L’espace sahélo-saharien, monde de contacts ouvert, a été cloisonné par des frontières artificielles. Le Mali a ainsi plus de 7000 km de frontières avec 7 pays dont 1300 avec l’Algérie, 2200 avec la Mauritanie, 1000 avec le Burkina Faso, 800 avec le Niger. Quant à la Libye, elle en a 4500 km avec 6 voisins. Les groupes terroristes mobiles se jouent donc de ces frontières-passoires.

– Véritables « prisons de peuples », ces frontières forcent à vivre ensemble des pasteurs nordistes et des agriculteurs sédentaires sudistes historiquement en conflit. Or, l’ethno-mathématique électorale donne automatiquement le pouvoir aux plus nombreux, c’est-à-dire aux sédentaires, ce que les pasteurs n’acceptent plus.

Aux lignes de fractures sahéliennes inscrites dans le temps long s’ajoutent de nouveaux éléments déstabilisateurs :

– La région est devenue un relais pour les organisations mafieuses qui prospèrent sur le désordre sahélien et qui se donnent une rhétorique religieuse afin de brouiller les cartes. Les trafics sont nombreux : armes, véhicules, cigarettes, êtres humains, déchets toxiques, médicaments, pétrole, avec une fulgurante montée en puissance du trafic de drogue, cocaïne et héroïne érigeant la ceinture sahélienne en véritable « hub du narcotrafic ».

– La région est devenue une terre à prendre, ses matières premières (uranium, fer, pétrole etc.) y attirant de nouveaux acteurs comme la Chine, la Turquie ou encore l’Inde.

– Les sécheresses, la pauvreté, la précarité économique et sociale interdisent toute perspective pour une jeunesse plombée par la suicidaire démographie.

Tout cela condamne le Sahel au chaos. D’autant plus que la défaillance politique et économique d’États incapables d’assumer les attributs de la souveraineté et de s’ancrer à la modernité ne donne pas des raisons d’espérer.

Lugan-Blog.jpg

Écrire un commentaire

Optionnel