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Religion - Page 2

  • N° spécial de La Lettre sur l'Eglise - Version française du témoignage de Mgr Carlo Maria Vigano

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    L’Église connaît des temps difficiles. Il n'est pas inutile de tenter d'y voir clair, de déterminer les causes de cette crise, d'établir les responsabilités, de chercher dans l’histoire des cinquante dernières années l’évolution des idées qui ont peu à peu gangréné l'institution.

    C'est donc un n° spécial de La Lettre que nous vous proposons aujourd'hui.

    Ce premier article reprend la lettre de Mgr Vigano du 22 août dernier (un peu longue mais essentielle) qui constitue un témoignage accablant dans le difficile dossier des crimes sexuels commis par de membres du clergé et volontairement cachés. 

    Vous lirez ensuite la remarquable analyse sous la signature d'Hilaire de Crémiers dans Politique magazine. Vous comprendrez beaucoup.

    Le troisième article évoque une information toute récente, qui constitue ce que l'on pourrait  qualifier de trahison du Vatican envers l’Église de Chine.

    Nous portons également à votre connaissance la thèse d'Iben Thraholm, journaliste danoise, qui considère que ces faits trouvent leur origine à l'époque stalinienne.

    Vous trouverez enfin un bref reportage sur les relations ambiguës que le pape François entretien avec Bono un chanteur brésilien.

    ______________________

     

    TÉMOIGNAGE - Par Son Excellence Carlo Maria Viganò Archevêque titulaire d’Ulpiana, Nonce apostolique

     

    En ce moment tragique pour l’Église dans diverses parties du monde – les États-Unis, le Chili, le Honduras, l’Australie, etc. – les évêques ont une très grave responsabilité. Je pense en particulier aux États-Unis d’Amérique, où j’ai été envoyé comme nonce apostolique par le pape Benoît XVI le 19 octobre 2011, fête commémorative des premiers martyrs d’Amérique du Nord. Les évêques des États-Unis sont appelés, et moi avec eux, à suivre l’exemple de ces premiers martyrs qui ont apporté l’Évangile sur les terres d’Amérique, à être des témoins crédibles de l’amour incommensurable du Christ, qui est le chemin, la vérité et la vie.

    Certains prêtres et évêques, abusant de leur autorité, ont commis des crimes horribles au détriment de leurs fidèles, mineurs, victimes innocents, et jeunes gens désireux d’offrir leur vie à l’Église. Ou bien par leur silence, ils n’ont pas empêché que de tels crimes continuent d’être perpétrés.

    Pour restaurer la beauté de la sainteté du visage de l’Épouse du Christ, qui est terriblement défigurée par tant de crimes abominables, et si nous voulons vraiment libérer l’Église du marais fétide dans lequel elle est tombée, nous devons avoir le courage de d’abattre la culture du secret et de confesser publiquement les vérités que nous avons gardées cachées. Nous devons abattre la conspiration du silence par laquelle prêtres et évêques se sont protégés aux dépens de leurs fidèles, une conspiration du silence qui risque, aux yeux du monde, de faire paraître l’Église comme une secte, une conspiration du silence semblable à qui prévaut dans la mafia. « Tout ce que vous avez dit dans l’obscurité sera proclamé sur les toits. » (Luc 12 : 3)

    J’ai toujours cru et espéré que la hiérarchie de l’Église puisse trouver en elle-même les ressources spirituelles et la force de dire toute la vérité, de se corriger et de se renouveler. C’est pourquoi, même si on m’a demandé à plusieurs reprises, j’ai toujours évité de faire des déclarations aux médias, même si c’était mon droit de le faire, afin de me défendre contre les calomnies publiées à mon sujet, y compris par des prélats de haut rang de la curie romaine. Mais maintenant que la corruption a atteint le sommet de la hiérarchie de l’Église, ma conscience m’impose de révéler ces vérités concernant l’affaire déchirante de l’archevêque émérite de Washington, Théodore McCarrick, que j’ai connue au cours de la mission qui m’a été confiée par saint Jean-Paul II, comme délégué aux représentations pontificales de 1998 à 2009, puis par le pape Benoît XVI, comme nonce apostolique aux États-Unis d’Amérique, du 19 octobre 2011 à fin mai 2016.

    En tant que Délégué aux Représentations Pontificales auprès de la Secrétairerie d’État, mes responsabilités ne se limitaient pas aux Nonciatures Apostoliques, mais incluaient également le personnel de la Curie Romaine (embauches, promotions, processus d’information sur les candidats à l’épiscopat, etc.) et l’examen des cas délicats, y compris ceux concernant les cardinaux et les évêques, confiés au délégué par le cardinal secrétaire d’État ou par le Substitut de la Secrétairerie d’État.

    Pour dissiper les soupçons insinués dans plusieurs articles récents, je dirai immédiatement que les nonces apostoliques aux États-Unis, Gabriel Montalvo et Pietro Sambi, tous deux prématurément décédés, n’ont pas manqué d’informer immédiatement le Saint-Siège dès qu’ils ont appris le comportement gravement immoral de l’archevêque McCarrick avec des séminaristes et des prêtres. En effet, selon ce qu’a écrit le nonce Pietro Sambi, la lettre du père Boniface Ramsey, O.P., datée du 22 novembre 2000, a été rédigée à la demande du défunt nonce Montalvo. Dans cette lettre, le père Ramsey, professeur au séminaire diocésain de Newark de la fin des années 1980 jusqu’à 1996, affirme qu’une rumeur récurrente au séminaire disait que l’archevêque « partageait son lit avec des séminaristes », en invitant cinq à la fois pour passer le week-end avec lui dans sa maison près de la plage. Et il a ajouté qu’il connaissait un certain nombre de séminaristes, dont certains ont été plus tard ordonnés prêtres pour l’archidiocèse de Newark, qui avaient été invités dans cette maison et avaient partagé le lit de l’archevêque.

    Le bureau que j’occupais à l’époque n’a été informé d’aucune mesure prise par le Saint-Siège après que le nonce Montalvo eut porté ces accusations à la fin de 2000, alors que le cardinal Angelo Sodano était secrétaire d’État.

    De la même manière, le nonce Sambi transmit au cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone un mémorandum d’accusation contre McCarrick par le prêtre Gregory Littleton du diocèse de Charlotte, réduit à la laïc pour viol de mineurs, accompagné de deux documents du même Littleton, dans lequel celui-ci racontait l’histoire tragique des abus sexuels commis à l’époque par l’archevêque de Newark et par plusieurs autres prêtres et séminaristes. Le nonce a ajouté que Littleton avait déjà transmis son mémorandum à une vingtaine de personnes, y compris les autorités judiciaires civiles et ecclésiastiques, la police et les avocats, en juin 2006, et qu’il était donc très probable que l’information serait bientôt rendue publique. Il a donc appelé à une intervention rapide du Saint-Siège.

    En rédigeant une note [1] sur ces documents qui m’ont été confiés, en tant que délégué aux représentations pontificales, le 6 décembre 2006, j’ai écrit à mes supérieurs, le cardinal Tarcisio Bertone et le Substitut Leonardo Sandri, que les faits attribués à McCarrick par Littleton étaient d’une telle gravité et d’une telle bassesse qu’ils provoquaient chez le lecteur un sentiment de confusion, de dégoût, de chagrin profond et d’amertume, et qu’ils constituent des crimes de séduire, demander des actes dépravés de la part de séminaristes et de prêtres, de façon répétée et simultanée avec plusieurs personnes, moquerie d’un jeune séminariste qui tentait de résister aux séductions de l’archevêque en présence de deux autres prêtres, absolution des complices de ces actes dépravés, célébration sacrilège de l’Eucharistie avec les mêmes prêtres après avoir commis de tels actes.

    Dans ma note, que j’ai remise le même jour du 6 décembre 2006 à mon supérieur direct, le Substitut Leonardo Sandri, j’ai proposé à mes supérieurs les points suivants :

    - Étant donné ce qui semblait qu’un nouveau scandale d’une gravité particulière, dans la mesure où il concernait un cardinal, allait s’ajouter aux nombreux scandales touchant l’Église aux États-Unis,

    - Et, puisque cette affaire concernait un cardinal, selon le canon 1405 § 1, n ° 2, «  ipsius Romani Pontificis dumtaxat ius est iudicandi » ; [Note de La Porte Latine : Can. 1405 – § 1. Parmi les causes dont il s’agit au can. 1401, seul le Pontife Romain a le droit de juger : 1 les personnes qui exercent la magistrature suprême de l’État ; 2 les Pères Cardinaux ; 3 les Légats du Siège Apostolique et, dans les causes pénales, les Évêques ; 4 les autres causes qu’il aura évoquées lui-même à son propre Tribunal.]

    - J’ai proposé qu’une mesure exemplaire soit prise contre le cardinal qui pourrait avoir une fonction médicinale, prévenir de futurs abus contre des victimes innocentes et atténuer le scandale très grave pour les fidèles, qui malgré tout continuaient à aimer et à croire en l’Église.

    - J’ai ajouté qu’il serait salutaire que, pour une fois, l’autorité ecclésiastique intervienne devant les autorités civiles et, si possible, avant que le scandale n’éclate dans la presse. Cela aurait pu rendre une certaine dignité à une Église si cruellement éprouvée et humiliée par tant d’actes abominables de la part de certains pasteurs. Si cela était fait, l’autorité civile n’aurait plus à juger un cardinal, mais un pasteur avec lequel l’Église avait déjà pris des mesures appropriées pour l’empêcher d’abuser de son autorité et de continuer à détruire des victimes innocentes.

    Ma note du 6 décembre 2006 a été conservée par mes supérieurs et ne m’a jamais été retournée avec quelque décision que ce soit de la part des supérieurs.

    Par la suite, autour du 21-23 avril 2008, Richard Sipe a publié sur Internet, à l’adresse richardsipe.com, la déclaration au pape Benoît XVI sur la crise des abus sexuels aux États-Unis. Le 24 avril, ce texte a été transmis par le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal William Levada, au cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone. Il m’a été transmis un mois plus tard, le 24 mai 2008.

    Le lendemain, j’ai remis une nouvelle note au nouveau Substitut, Fernando Filoni, qui comprenait mon précédent numéro du 6 décembre 2006. J’y ai résumé le document de Richard Sipe, qui se terminait par cet appel respectueux et sincère au pape Benoît XVI : « J’approche Votre Sainteté avec respect, mais avec la même intensité qui a poussé Pierre Damien à présenter devant votre prédécesseur, le pape Léon IX, une description de la situation du clergé à son époque. Les problèmes dont il parlait sont similaires et aussi importants aux États-Unis qu’ils étaient à l’époque à Rome. Si Votre Sainteté le demande, je vous soumettrai personnellement une documentation à ce sujet. »

    Je terminais ma note en répétant à mes supérieurs que je pensais qu’il était nécessaire d’intervenir le plus tôt possible, en retirant le chapeau du cardinal au cardinal McCarrick, et qu’il devait être soumis aux sanctions établies par le Code de droit canonique, qui prévoit également la réduction à l’état laïc.

    Cette seconde note n’a jamais été retournée au Bureau du personnel et mes supérieurs m’ont consterné pour l’absence inconcevable de mesures contre le cardinal et pour le manque de communication avec moi depuis ma première note en décembre 2006. .

    Mais, finalement, j’ai appris avec certitude, par l’intermédiaire du cardinal Giovanni Battista Re, alors préfet de la Congrégation pour les évêques, que la déclaration courageuse et méritoire de Richard Sipe avait obtenu le résultat souhaité. Le pape Benoît XVI avait imposé au cardinal McCarrick des sanctions similaires à celles que lui impose aujourd’hui le pape François : le cardinal devait quitter le séminaire où il vivait, il lui était interdit de célébrer la messe en public, de participer à des réunions publiques, de donner des conférences, de voyager, avec l’obligation de se consacrer à une vie de prière et de pénitence.

    Je ne sais pas quand le pape Benoît XVI a pris ces mesures contre McCarrick, que ce soit en 2009 ou 2010, car entre-temps j’avais été muté au gouvernorat de la Cité du Vatican, tout comme je ne sais pas qui était responsable de cet incroyable retard. Je ne crois certainement pas que ce soit le pape Benoît XVI qui, comme cardinal, avait dénoncé à plusieurs reprises la corruption dans l’Église et dans les premiers mois de son pontificat, s’était fermement opposé à l’admission au séminaire de jeunes hommes aux tendances homosexuelles profondes. Je crois que c’était dû au premier collaborateur du pape à l’époque, le cardinal Tarcisio Bertone, qui était notoirement favorable à la promotion des homosexuels à des postes de responsabilité et était habitué à gérer les informations qu’il pensait appropriées à transmettre au pape.

    En tout cas, ce qui est certain, c’est que le pape Benoît XVI a imposé les sanctions canoniques susmentionnées à McCarrick et qu’elles lui ont été communiquées par le nonce apostolique aux États-Unis, Pietro Sambi. Mgr Jean-François Lantheaume, alors premier conseiller de la nonciature à Washington et chargé d’affaires après la mort inattendue du nonce Sambi à Baltimore, m’a parlé, lorsque je suis arrivé à Washington – et il est prêt à en témoigner –d’une conversation orageuse qui a duré plus d’une heure entre le nonce Sambi et le cardinal McCarrick convoqué à la nonciature. Monseigneur Lantheaume m’a dit que “la voix du nonce pouvait être entendue dans tout le couloir”.

    Les mêmes dispositions du pape Benoît me furent également communiquées par le nouveau préfet de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Marc Ouellet, en novembre 2011, lors d’une conversation avant mon départ pour Washington, et figurèrent parmi les instructions de la même Congrégation au nouveau Nonce.

    À mon tour, je les ai répétées au cardinal McCarrick lors de ma première rencontre avec lui à la nonciature. Le cardinal, marmonnant d’une manière à peine compréhensible, a admis qu’il avait peut-être commis l’erreur de dormir dans le même lit avec des séminaristes dans sa maison au bord de la plage, mais il a dit cela comme si cela n’avait aucune importance.

    Les fidèles se demandent avec insistance comment il a été possible de le nommer à Washington et de le créer cardinal, et ils ont parfaitement le droit de savoir qui savait et qui a dissimulé ses graves méfaits. Il est donc de mon devoir de révéler ce que j’en sais, à commencer par la Curie romaine.

    Le cardinal Angelo Sodano était secrétaire d’État jusqu’en septembre 2006 : toutes les informations lui ont été communiquées. En novembre 2000, le nonce Montalvo lui envoya son rapport, lui transmettant la lettre susmentionnée du père Boniface Ramsey dans laquelle celui-ci dénonçait les graves exactions commises par McCarrick.

    On sait que Sodano a tenté de dissimuler le scandale du père Maciel jusqu’à la fin. Il a même renvoyé le nonce à Mexico, Justo Mullor, qui refusait de se rendre complice de son projet de couvrir Maciel, et a nommé à sa place Sandri, alors nonce au Venezuela, qui était prêt à collaborer à la dissimulation. Sodano est même allé jusqu’à faire une déclaration au bureau de presse du Vatican dans laquelle un mensonge était affirmé, à savoir que le pape Benoît avait décidé que l’affaire Maciel devrait être considérée comme close. Benoît XVI a réagi, malgré la vigoureuse défense de Sodano, et Maciel a été reconnu coupable et irrévocablement condamné.

    La nomination de McCarrick à Washington et comme cardinal était-elle l’œuvre de Sodano, alors que Jean-Paul II était déjà très malade ? Nous ne pouvons pas le savoir. Cependant, il est légitime de le penser, mais je ne crois pas qu’il était le seul responsable. McCarrick se rendait fréquemment à Rome et se faisait des amis partout, à tous les niveaux de la curie. Si Sodano avait protégé Maciel, comme il semble certain, il n’y a aucune raison qu’il ne l’ait pas fait pour McCarrick, qui selon beaucoup avait les moyens financiers d’influencer les décisions. Le préfet de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Giovanni Battista Re, s’est opposé à sa nomination à Washington. À la nonciature de Washington, il y a une note, écrite de sa main, dans laquelle Cardinal Re se dissocie de la nomination et déclare que McCarrick était 14ème sur la liste pour Washington.

    Le rapport du nonce Sambi, avec toutes les pièces jointes, a été envoyé au cardinal Tarcisio Bertone, en tant que secrétaire d’Etat. Mes deux notes susmentionnées du 6 décembre 2006 et du 25 mai 2008 lui ont probablement été remises par le Substitut. Comme déjà mentionné, le cardinal n’a eu aucune difficulté à présenter avec insistance des candidats à l’épiscopat connus pour être des homosexuels actifs – je ne cite que le cas bien connu de Vincenzo de Mauro, qui a été nommé archevêque de Vigevano et déplacé parce qu’il choquait ses séminaristes –, en filtrant et manipulant les informations qu’il transmettait au pape Benoît.

    Le cardinal Pietro Parolin, l’actuel secrétaire d’État, s’est également rendu complice de la dissimulation des méfaits de McCarrick qui, après l’élection du pape François, s’était vanté ouvertement de ses voyages et de ses missions dans divers continents. En avril 2014, le Washington Timesa publié en première page un reportage sur le voyage de McCarrick en République centrafricaine et au nom du Département d’État – pas moins ! En tant que nonce à Washington, j’ai écrit au cardinal Parolin pour lui demander si les sanctions imposées à McCarrick par le pape Benoît étaient toujours valables. Il va sans dire que ma lettre n’a jamais reçu de réponse !

    On peut dire la même chose du cardinal William Levada, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, des cardinaux Marc Ouellet, préfet de la Congrégation des évêques, Lorenzo Baldisseri, ancien secrétaire de la même Congrégation pour les évêques, et de l’archevêque Ilson de Jesus Montanari, actuel secrétaire de la même Congrégation. Ils étaient tous au courant par leurs fonctions des sanctions imposées par le pape Benoît XVI à McCarrick.

    Les cardinaux Leonardo Sandri, Fernando Filoni et Angelo Becciu, en tant que Substitut de la Secrétairerie d’État, connaissaient dans tous les détails la situation concernant le cardinal McCarrick.

    Les cardinaux Giovanni Lajolo et Dominique Mamberti n’ont pas pu non plus ne pas le savoir. En tant que secrétaires pour les relations avec les États, ils participaient plusieurs fois par semaine à des réunions avec le secrétaire d’État.

    En ce qui concerne la curie romaine, je vais m’arrêter ici pour le moment, même si les noms d’autres prélats du Vatican sont bien connus, y compris très proches du pape François, tels que le cardinal Francesco Coccopalmerio et l’archevêque Vincenzo Paglia, qui appartiennent au courant homosexuel en faveur de la subversion de la doctrine catholique sur l’homosexualité, un courant déjà dénoncé en 1986 par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans sa Lettre aux évêques de l’Église catholique sur la pastorale des personnes homosexuelles. Les cardinaux Edwin Frederick O’Brien et Renato Raffaele Martino appartiennent également au même courant, mais avec une idéologie différente. D’autres membres de ce courant résident même à la maison Sainte Marthe.

    Passons aux États-Unis. De toute évidence, le premier à avoir été informé des mesures prises par le pape Benoît était le successeur de McCarrick à Washington, le cardinal Donald Wuerl, dont la situation est maintenant complètement compromise par les récentes révélations concernant son comportement comme évêque de Pittsburgh.

    Il est absolument impensable que le nonce Sambi, qui était une personne extrêmement responsable, loyale, directe et explicite dans sa façon d’être (un vrai fils de Romagne) ne lui en ait pas parlé. En tout cas, j’ai moi-même évoqué le sujet avec le cardinal Wuerl à plusieurs reprises et je n’avais certainement pas besoin d’entrer dans les détails, car il était clair pour moi qu’il en était parfaitement conscient. Je me souviens en particulier du fait que j’ai dû attirer son attention car je me suis rendu compte que dans une publication archidiocésaine, avec couverture en couleur, il y avait une annonce invitant des jeunes gens qui pensaient avoir une vocation au sacerdoce pour une rencontre avec le cardinal McCarrick. J’ai immédiatement téléphoné au cardinal Wuerl, qui m’a exprimé sa surprise en me disant qu’il ne savait rien de cette annonce et qu’il allait l’annuler. Si, comme il continue à le dire, il ne savait rien des abus commis par McCarrick et des mesures prises par le pape Benoît XVI, comment expliquer sa réponse ?

    Ses récentes déclarations selon lesquelles il n’en savait rien, même s’il a tout d’abord fait allusion à l’indemnisation des deux victimes, sont tout à fait risibles. Le cardinal ment sans vergogne et persuade son chancelier, Mgr Antonicelli, de mentir également.

    Le cardinal Wuerl a aussi clairement menti à une autre occasion. À la suite d’un événement moralement inacceptable autorisé par les autorités universitaires de l’Université de Georgetown, j’avais attiré l’attention de son président, le Dr John DeGioia, sur cet événement en lui envoyant deux lettres. Avant de les transmettre au destinataire, de manière à gérer les choses correctement, j’en ai personnellement remis une copie au cardinal avec une lettre d’accompagnement que j’avais écrite. Le cardinal m’a dit qu’il n’en savait rien. Cependant, il n’a pas accusé réception de mes deux lettres, contrairement à ce qu’il faisait habituellement. J’ai appris par la suite que l’événement de Georgetown avait eu lieu pendant sept ans. Mais le cardinal n’en savait rien !

    Le cardinal Wuerl, bien conscient des abus constants commis par le cardinal McCarrick et des sanctions que le pape Benoît XVI lui a infligées, en transgressant l’ordre du pape, lui a également permis de résider dans un séminaire à Washington. En le faisant, il a mis d’autres séminaristes en danger.

    Mgr Paul Bootkoski, émérite de Metuchen, et Mgr John Myers, archevêque émérite de Newark, ont dissimulé les exactions commises par McCarrick dans leurs diocèses respectifs et indemnisé deux de ses victimes. Ils ne peuvent pas le nier et ils doivent être interrogés afin de révéler toutes les circonstances et toutes les responsabilités en la matière.

    Le cardinal Kevin Farrell, récemment interviewé par les médias, a également déclaré qu’il n’avait pas la moindre idée des abus commis par McCarrick. Compte tenu de son mandat à Washington, Dallas et maintenant à Rome, je pense que personne ne peut honnêtement le croire. Je ne sais pas s’il lui a jamais été demandé s’il connaissait les crimes de Maciel. S’il devait le nier, quelqu’un le croirait-il, puisqu’il occupait des postes de responsabilité en tant que membre des Légionnaires du Christ ?

    En ce qui concerne le cardinal Sean O’Malley, je dirais simplement que ses dernières déclarations sur l’affaire McCarrick sont déconcertantes et ont totalement occulté sa transparence et sa crédibilité.

    Ma conscience exige aussi que je révèle des faits que j’ai personnellement vécus, concernant le pape François, qui ont une signification dramatique, sur lesquels, en tant qu’évêque, partageant la responsabilité collégiale de tous les évêques sur l’Église universelle, je ne peux pas rester silencieux et que je présente ici, prêt à les réaffirmer sous serment en invoquant Dieu comme mon témoin.

    Dans les derniers mois de son pontificat, le pape Benoît XVI avait convoqué une réunion de tous les nonces apostoliques à Rome, comme Paul VI et saint Jean-Paul II l’avaient fait à plusieurs reprises. La date fixée pour l’audience avec le pape était le vendredi 21 juin 2013. Le pape François a maintenu cet engagement pris par son prédécesseur. Bien sûr, je suis aussi venu à Rome de Washington. C’était ma première rencontre avec le nouveau pape, élu trois mois auparavant, après la démission du pape Benoît XVI.

    Dans la matinée du jeudi 20 juin 2013, je suis allé à la maison Sainte Marthe pour rejoindre mes collègues qui y séjournaient. Dès que je suis entré dans la salle, j’ai rencontré le cardinal McCarrick, qui portait la soutane rouge. Je l’ai salué avec respect comme je l’avais toujours fait. Il me dit aussitôt, d’un ton situé quelque part entre l’ambiguë et le triomphal : « Le Pape m’a reçu hier, demain je vais en Chine. »
    À l’époque, je ne savais rien de sa longue amitié avec le cardinal Bergoglio et du rôle important qu’il avait joué dans sa récente élection, comme le révélerait plus tard McCarrick lui-même lors d’une conférence à l’université Villanova et dans une interview avec le National Catholic Reporter. Je n’avais jamais non plus pensé au fait qu’il avait participé aux réunions préliminaires du dernier conclave et au rôle qu’il avait pu jouer en tant qu’électeur lors du conclave de 2005. Par conséquent, je n’ai pas immédiatement compris la signification du message crypté que McCarrick m’avait communiqué, mais cela deviendrait clair pour moi dans les jours qui devaient suivre.

    Le lendemain, l’audience avec le pape François a eu lieu. Après son discours en partie lu et en partie improvisé, le pape a souhaité saluer un par un tous les nonces. En file indienne, je me souviens que j’étais parmi les derniers. Lorsque vint mon tour, j’ai juste eu le temps de lui dire : « Je suis le nonce aux États-Unis. » Il m’assaillit aussitôt d’un ton de reproche avec ces mots : « Les évêques des États-Unis ne doivent pas être idéologisés ! Ils doivent être des pasteurs ! »Bien sûr, je n’étais pas en mesure de demander des explications sur le sens de ses paroles et la manière agressive dont il m’avait critiqué. J’avais en main un livre en portugais que le cardinal O’Malley m’avait envoyé quelques jours plus tôt pour le pape, me disant « pour qu’il puisse revoir son portugais avant d’aller à Rio pour les Journées Mondiales de la Jeunesse ». Je lui ai remis immédiatement, et me suis ainsi libéré de cette situation extrêmement déconcertante et embarrassante.

    À la fin de l’audience, le pape a annoncé : « Ceux d’entre vous qui sont encore à Rome dimanche prochain sont invités à concélébrer avec moi à la maison Sainte Marthe. » J’ai naturellement pensé à rester pour clarifier aussi vite que possible ce que le Pape avait voulu me dire.

    Le dimanche 23 juin, avant la concélébration avec le Pape, j’ai demandé à Monseigneur Ricca, qui, comme responsable de la maison, nous aidait à mettre nos vêtements, s’il pouvait demander au Pape de me recevoir la semaine suivante. Comment aurais-je pu retourner à Washington sans avoir clarifié ce que le pape voulait de moi ? A la fin de la messe, alors que le pape saluait les quelques laïcs présents, Mgr Fabian Pedacchio, son secrétaire argentin, est venu me dire : « Le Pape m’a chargé de vous demander si vous étiez libre maintenant ! » J’étais à la disposition du Pape et je l’ai remercié de m’avoir reçu immédiatement. Le Pape m’a emmené au premier étage de son appartement et a déclaré : « Nous avons 40 minutes avant l’Angélus. »

    J’ai commencé la conversation en demandant au pape ce qu’il avait l’intention de me dire avec les mots qu’il m’avait adressés lorsque je l’ai salué le vendredi précédent. Et le Pape, d’un ton très différent, amical, presque affectueux, m’a dit : « Oui, les évêques aux États-Unis ne doivent pas être idéologisés ; ils ne doivent pas être de droite comme l’archevêque de Philadelphie (il n’a pas donné le nom de l’archevêque) ; ils doivent être des pasteurs ; et ils ne doivent pas être de gauche – et il a ajouté, levant les deux bras – et quand je dis de gauche, je veux dire homosexuel. » Bien sûr, la logique de la corrélation entre être de gauche et être homosexuel m’a échappé, mais je n’ai rien ajouté d’autre.

    Immédiatement après, le Pape m’a demandé d’une manière trompeuse : « Comment est le cardinal McCarrick ? » Je lui ai répondu avec une franchise totale et, si vous voulez, avec une grande naïveté : « Saint Père, je ne sais pas si vous connaissez le cardinal McCarrick, mais si vous demandez à la Congrégation pour les évêques, il existe un dossier épais comme ça sur lui. Il a corrompu des générations de séminaristes et de prêtres et le pape Benoît lui a ordonné de se retirer dans une vie de prière et de pénitence. » Le Pape n’a pas fait le moindre commentaire sur ces paroles très graves et son visage n’a manifesté aucune surprise, comme s’il connaissait déjà l’affaire depuis quelque temps, et il a immédiatement changé de sujet. Mais alors, quel était le but du pape en me posant cette question : « Comment est le cardinal McCarrick ? » Il voulait clairement savoir si j’étais un allié de McCarrick ou non.

    De retour à Washington, tout est devenu clair pour moi, grâce aussi à un nouvel événement survenu quelques jours seulement après ma rencontre avec le pape François. Lorsque le nouvel évêque Mark Seitz a pris possession du diocèse d’El Paso le 9 juillet 2013, j’ai envoyé le premier conseiller, Mgr Jean-François Lantheaume, alors que je me rendais à Dallas le même jour pour une réunion internationale sur la bioéthique. En rentrant, Monseigneur Lantheaume m’a dit qu’à El Paso, il avait rencontré le cardinal McCarrick qui, le prenant à part, lui avait dit presque les mêmes mots que le Pape m’avait dit à Rome : « Les évêques aux États-Unis ne doivent pas être idéologisés, ils ne doivent pas être de droite, ils doivent être des pasteurs… » J’étais stupéfait ! Il était donc clair que les paroles de reproche que le pape François m’avait adressées le 21 juin 2013 lui avaient été mises dans la bouche la veille par le cardinal McCarrick. La mention du Pape « pas comme l’archevêque de Philadelphie » pouvait être attribuée à McCarrick, car il y avait eu un fort désaccord entre eux sur l’admission à la communion des politiciens en faveur de l’avortement. Dans sa communication aux évêques, McCarrick avait manipulé une lettre du cardinal Ratzinger qui interdisait de leur donner la communion. En effet, je savais aussi que certains cardinaux tels que Mahony, Levada et Wuerl étaient étroitement liés à McCarrick ; ils s’étaient opposés aux nominations les plus récentes faites par le pape Benoît XVI pour des postes importants tels que Philadelphie, Baltimore, Denver et San Francisco.

    Pas satisfait du piège qu’il m’avait tendu le 23 juin 2013, quand il m’avait interrogé sur McCarrick, le Pape François m’en tendit un second, quelques mois plus tard seulement, lors d’une audience qu’il m’accorda le 10 octobre 2013, cette fois concernant un autre de ses protégés, le cardinal Donald Wuerl. Il m’a demandé : « Comment est le cardinal Wuerl, est-il bon ou mauvais ? » J’ai répondu : « Saint-Père, je ne vous dirai pas s’il est bon ou mauvais, mais je vous dirai deux faits. » Ce sont les deux faits que j’ai déjà mentionnés ci-dessus, concernant la négligence pastorale de Wuerl à propos des déviations aberrantes à l’Université de Georgetown et concernant l’invitation de l’archidiocèse de Washington aux jeunes aspirants à la prêtrise pour une réunion avec McCarrick ! Une fois de plus, le Pape n’a montré aucune réaction.

    Il était également clair que, depuis l’élection du pape François, McCarrick, désormais libre de toute contrainte, s’était senti libre de voyager continuellement pour donner des conférences et des interviews. Dans un effort conjoint avec le cardinal Rodriguez Maradiaga, il était devenu le faiseur de roi pour les nominations à la Curie et aux États-Unis, et le conseiller le plus écouté au Vatican pour les relations avec l’administration Obama. C’est ainsi que l’on explique qu’en tant que membres de la Congrégation pour les évêques, le pape a remplacé le cardinal Burke par Wuerl et a nommé Cupich, juste après l’avoir créé cardinal. Avec ces nominations, la nonciature à Washington était maintenant hors de vue dans la nomination des évêques. En outre, il a nommé le Brésilien Ilson de Jesus Montanari – le grand ami de son secrétaire privé argentin Fabian Pedacchio – comme secrétaire de la même Congrégation pour les évêques et secrétaire du Collège des cardinaux, le promouvant d’un seul coup de simple fonctionnaire de ce département à archevêque secrétaire. Une chose inouïe pour une position aussi importante !

    Les nominations de Blase Cupich à Chicago et de Joseph W. Tobin à Newark ont été orchestrées par McCarrick, Maradiaga et Wuerl, unis par un pacte à propos des abus pour le premier et et au moins par la dissimulation des abus pour les deux autres. Leurs noms ne figuraient pas parmi ceux présentés par la Nonciature pour Chicago et Newark.

    En ce qui concerne Cupich, on ne peut que constater son arrogance ostentatoire et l’insolence avec laquelle il nie les preuves désormais évidentes : 80% des abus constatés ont été commis contre des jeunes adultes par des homosexuels en situation d’autorité sur leurs victimes.

    Lors du discours qu’il a prononcé lors de sa prise de possession du siège de Chicago, où j’étais présent en tant que représentant du Pape, Cupich a plaisanté sur le fait qu’il ne fallait certainement pas s’attendre à ce que le nouvel archevêque marche sur l’eau. Il suffirait peut-être de lui permettre de rester les pieds sur terre et de ne pas essayer de renverser la réalité, aveuglé par son idéologie pro-gay, comme il l’a déclaré dans une récente interview dans America Magazine. Faisant valoir son expertise particulière en la matière, après avoir été président du Comité pour la protection des enfants et des jeunes de l’USCCB, il a affirmé que le principal problème de la crise des abus sexuels commis par le clergé n’est pas l’homosexualité et que l’affirmer est simplement un moyen de détourner l’attention du problème réel qu’est le cléricalisme. À l’appui de cette thèse, Cupich a « étrangement » fait référence aux résultats de recherches menées au plus fort de la crise des abus sexuels des mineurs au début des années 2000, alors qu’il a « candidement » ignoré que les résultats de cette enquête les rapports indépendants ultérieurs du John Jay College of Criminal Justiceen 2004 et 2011, qui ont conclu que, dans les cas d’abus sexuels, 81% des victimes étaient des hommes. En fait, le père Hans Zollner, SJ, vice-recteur de l’Université pontificale grégorienne, président du Centre pour la protection de l’enfance et membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, a récemment déclaré au journal La Stampaque, « dans la plupart des cas, c’est une question de violence homosexuelle ».

    La nomination de McElroy à San Diego a également été orchestrée par le cardinal Parolin, avec un ordre impératif chiffré qui m’était adressé en tant que nonce : « Réservez le siège de McElroy à San Diego. » McElroys était aussi bien conscient des abus de McCarrick, comme on peut le voir dans d’une lettre qui lui a été envoyée par Richard Sipe le 28 juillet 2016.

    Ces personnages sont étroitement associés à des individus appartenant en particulier à l’aile déviante de la Compagnie de Jésus, malheureusement aujourd’hui majoritaire, ce qui préoccupait déjà Paul VI et les pontifes ultérieurs. Nous n’avons qu’à considérer le père Robert Drinan, S.J., qui a été élu quatre fois à la Chambre des représentants et qui était un fervent partisan de l’avortement ; ou le père Vincent O’Keefe, S.J., l’un des principaux promoteurs de la déclaration The Land O’Lakesde 1967, qui compromet gravement l’identité catholique des universités et des collèges des États-Unis. Il convient de noter que McCarrick, alors président de l’Université catholique de Porto Rico, participait également à cette entreprise néfaste qui nuisait tant à la formation des consciences de la jeunesse américaine, étroitement associée à l’aile déviante des jésuites.

    Le Père James Martin, SJ, acclamé par les personnes mentionnées ci-dessus, notamment Cupich, Tobin, Farrell et McElroy, nommé consulteur du Secrétariat aux Communications, activiste bien connu qui promeut l’agenda LGBT, choisi pour corrompre les jeunes qui vont prochainement se réunir à Dublin pour la Rencontre mondiale des familles, n’est qu’un triste exemple récent de cette aile déviée de la Compagnie de Jésus.

    Le Pape François a demandé à plusieurs reprises une transparence totale dans l’Église et que les évêques et les fidèles agissent avec parrhesia (avec franchise). Les fidèles du monde entier l’exigent également de lui de manière exemplaire. Il doit honnêtement affirmer quand il a appris pour la première fois les crimes commis par McCarrick, qui a abusé de son autorité avec les séminaristes et les prêtres.

    En tout cas, le Pape l’a appris de moi le 23 juin 2013 et a continué de couvrir McCarrick. Il n’a pas tenu compte des sanctions que le Pape Benoît lui avait infligées et a fait de lui un conseiller de confiance avec Maradiaga.

    Ce dernier [Maradiaga] est tellement convaincu de la protection du pape qu’il se permet de rejeter comme « bavardage » les appels sincères de dizaines de ses séminaristes, qui ont eu le courage de lui écrire après que l’un d’eux ait tenté de se suicider à cause d’abus sexuels au séminaire.

    Les fidèles ont maintenant bien compris la stratégie de Maradiaga : insulter les victimes pour se sauver, mentir jusqu’au bout pour couvrir un gouffre d’abus de pouvoir, de mauvaise gestion dans l’administration des biens de l’Église, et de catastrophes financières même contre des amis proches, comme dans le cas de l’ambassadeur du Honduras, Alejandro Valladares, ancien doyen du corps diplomatique près le Saint-Siège.

    Dans l’affaire de l’ancien évêque auxiliaire Juan José Pineda, après l’article publié dans l’hebdomadaire italien Espressoen février dernier, Maradiaga a déclaré dans le journal Avvenire : « C’est mon évêque auxiliaire Pineda qui a demandé la visite, pour “laver” son nom après avoir été soumis à beaucoup de calomnie. « Maintenant, en ce qui concerne Pineda, la seule chose qui a été rendue publique est que sa démission a simplement été acceptée, faisant disparaître toute responsabilité de Maradiaga.

    Au nom de la transparence que le Pape a saluée, le rapport selon lequel le visiteur, l’évêque argentin Alcides Casaretto, a rendu il y a plus d’un an, seulement et directement au Pape, doit être rendu public.

    Enfin, la récente nomination comme Substitut de l’archevêque Edgar Peña Parra est également liée au Honduras, c’est-à-dire à Maradiaga. De 2003 à 2007, Peña Parra a travaillé comme conseiller à la nonciature de Tegucigalpa. En tant que délégué aux représentations pontificales, j’ai reçu des informations inquiétantes à son sujet.

    Au Honduras, un scandale aussi important que celui du Chili est sur le point de se répéter. Le Pape défend son homme, le cardinal Rodriguez Maradiaga, jusqu’au bout, comme il l’avait fait au Chili avec Mgr Juan de la Cruz Barros, qu’il avait lui-même nommé évêque d’Osorno contre l’avis des évêques chiliens. Il a d’abord insulté les victimes d’abus. Puis, seulement quand il a été contraint par les médias et par une révolte des victimes et des fidèles chiliens, il a reconnu son erreur et présenté des excuses, tout en déclarant qu’il avait été mal informé, causant une situation désastreuse pour l’Eglise chilienne, mais continuant à protéger les deux cardinaux chiliens Errazuriz et Ezzati.
    Même dans l’affaire tragique de McCarrick, le comportement du Pape François n’était pas différent. Il savait depuis au moins le 23 juin 2013 que McCarrick était un prédateur en série. Bien qu’il sache qu’il était un homme corrompu, il le couvrit jusqu’au bout ; en effet, il a fait siens les conseils de McCarrick, ce qui n’était certainement pas inspiré par de bonnes intentions ni par l’amour de l’Église. Ce n’est que lorsqu’il a été contraint par le signalement d’abus d’un mineur, toujours sur la base de l’attention des médias, qu’il a agi [à propos de McCarrick] pour sauver son image dans les médias.

    Maintenant, aux États-Unis, un chœur de voix se lève surtout de la part des fidèles laïcs et a récemment été rejoint par plusieurs évêques et prêtres, demandant que tous ceux qui, par leur silence, ont dissimulé le comportement criminel de McCarrick, ou qui l’ont utilisé pour avancer dans leur carrière ou promouvoir leurs intentions, leurs ambitions et leur pouvoir dans l’Église, démissionnent.

    Mais cela ne suffira pas à guérir la situation extrêmement immorale du clergé : évêques et prêtres. Un temps de conversion et de pénitence doit être proclamé. La vertu de chasteté doit être retrouvée dans le clergé et dans les séminaires. La corruption dans l’utilisation abusive des ressources de l’Église et des offrandes des fidèles doit être combattue. La gravité du comportement homosexuel doit être dénoncée. Les réseaux homosexuels présents dans l’Église doivent être éradiqués, comme l’a récemment écrit Janet Smith, professeur de théologie morale au grand séminaire du Sacré-Cœur de Detroit. « Le problème des abus du clergé, a-t-elle écrit, ne peut pas être résolu simplement par la démission de certains évêques, et encore moins par des directives bureaucratiques. Le problème le plus profond réside dans les réseaux homosexuels au sein du clergé qui doivent être éradiqués. » Ces réseaux homosexuels, désormais répandus dans de nombreux diocèses, séminaires, ordres religieux, etc., se cachent sous le secret et les mensonges, avec le pouvoir des tentacules de poulpes, et ils étranglent des victimes innocentes et des vocations sacerdotales, et étranglent l’Église tout entière.

    J’implore tout le monde, en particulier les évêques, de prendre la parole pour faire échec à cette conspiration du silence si répandue et de signaler aux médias et aux autorités civiles les cas de violence dont ils ont connaissance.

    Écoutons le message le plus puissant que saint Jean-Paul II nous ait laissé en héritage : N’ayez pas peur ! N’ayez pas peur !

    Dans son homélie de la fête de l’Épiphanie en 2008, le Pape Benoît nous a rappelé que le plan du salut du Père avait été pleinement révélé et réalisé dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, mais qu’il doit être accueilli dans l’histoire humaine, qui est toujours une histoire de fidélité de la part de Dieu et malheureusement aussi d’infidélité de la part des hommes. L’Église, dépositaire de la bénédiction de la Nouvelle Alliance, signée dans le sang de l’Agneau, est sainte mais composée de pécheurs, comme l’écrivait saint Ambroise : l’Église est « immaculata ex maculatis ». Même si elle est sainte et sans tache, dans son voyage terrestre, elle est composée d’hommes souillés par le péché.

    Je veux rappeler cette vérité indéfectible de la sainteté de l’Église aux nombreuses personnes qui ont été si profondément scandalisées par le comportement abominable et sacrilège de l’ancien archevêque de Washington, Theodore McCarrick ; par la conduite grave, déconcertante et peccamineuse du Pape François et par la conspiration du silence de tant de pasteurs, et qui sont tentées d’abandonner l’Église, défigurée par tant d’ignominies. A l’Angélus du dimanche 12 août 2018, le Pape François a dit ces mots : « Tout le monde est coupable du bien qu’il aurait pu faire et n’a pas fait… Si nous ne nous opposons pas au mal, nous le nourrissons tacitement. Nous devons intervenir là où le mal se répand ; car le mal se répand là où il manque des chrétiens audacieux pour s’opposer au mal par le bien. » Si cela doit être considéré à juste titre comme une responsabilité morale sérieuse pour chaque croyant, combien plus pour le pasteur suprême de l’Église qui, dans le cas de McCarrick, ne s’est pas opposé au mal, mais s’est associé pour faire le mal avec quelqu’un qu’il savait être profondément corrompu. Il a suivi les conseils de quelqu’un qu’il connaissait bien pour être un pervers, multipliant ainsi de manière exponentielle par son autorité suprême le mal fait par McCarrick. Et combien d’autres pasteurs diaboliques, François continue-t-il à soutenir dans leur destruction active de l’Église !

    François abdique le mandat que Christ a donné à saint Pierre pour confirmer les frères. En effet, par son action, il les a divisés, les a amenés à l’erreur et a encouragé les loups à continuer de déchirer les brebis du troupeau du Christ.

    En ce moment extrêmement dramatique pour l’Église universelle, il doit reconnaître ses erreurs et, conformément au principe proclamé de tolérance zéro, le Pape François doit être le premier à donner l’exemple aux cardinaux et aux évêques qui ont dissimulé les abus de McCarrick, et démissionner avec eux.

    Même dans la consternation et la tristesse face à l’énormité de ce qui se passe, ne perdons pas espoir ! Nous savons bien que la grande majorité de nos pasteurs vivent leur vocation sacerdotale avec fidélité et dévouement.

    C’est dans les moments de grande épreuve que la grâce du Seigneur est révélée en abondance et rend sa miséricorde sans limite accessible à tous ; mais cela n’est accordé qu’à ceux qui se repentent sincèrement et proposent sincèrement de modifier leur vie. C’est un moment favorable pour que l’Église confesse ses péchés, se convertisse et fasse pénitence.

    Prions tous pour l’Église et pour le Pape. Rappelons-nous combien de fois il nous a demandé de prier pour lui !

    Renouvelons notre foi dans l’Église notre Mère : « Je crois en une Église sainte, catholique et apostolique ! »

    Le Christ n’abandonnera jamais son Église ! Il l’a engendrée par Son Sang et la ranime continuellement par Son Esprit !

    Marie, Mère de l’Église, priez pour nous !

    Marie, Vierge et Reine, Mère du Roi de gloire, priez pour nous !

    Rome, le 22 août 2018, en la fête du couronnement de la Très Sainte Vierge Marie.

    Mgr Carlo Maria Viganò

  • Sortir l’Église de l’ambiguïté

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    L’Église connaît des temps difficiles. Il n'est pas inutile de tenter d'y voir clair, de déterminer les causes de cette crise, d'établir les responsabilités, de chercher dans l’histoire des cinquante dernières années l’évolution des idées qui ont peu à peu gangréné l'institution. Lisez cette remarquable analyse sous la signature d'Hilaire de Crémiers dans Politique magazine. Vous comprendrez beaucoup.

     _________________________

     

    Mgr Carlo Maria Vigano, ancien Nonce apostolique aux États-Unis, a cru de son devoir de publier le 25 août dernier une lettre signée du 22 août sous forme de témoignage pour mettre le pape François et la hiérarchie de l’Église devant leur responsabilité dans l’effroyable problème que révèle la découverte des innombrables crimes sexuels commis par des membres du clergé et volontairement tenus cachés.

     

    Souvent, Seigneur, ton Église nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toutes parts. Et dans ton champ, nous voyons plus d’ivraie que de bon grain. Les vêtements et le visage si sales de ton Église nous effraient. Mais c’est nous-mêmes qui les salissons ! C’est nous-mêmes qui te trahissons chaque fois, après toutes nos belles paroles et nos beaux gestes. Prends pitié de ton Église… »

    C’était en mars 2005. Jean-Paul II était mourant. Le cardinal Joseph Ratzinger présidait à la place du pape le chemin de croix qui se déroule traditionnellement au Colisée. Nul doute aujourd’hui, pour qui cerne l’histoire de cette période de l’Église, que celui qui était alors encore le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, pensait, en prononçant ces mots terribles, d’abord et surtout, aux crimes d’homosexualité, de pédophilie et d’abus sexuels de toutes sortes perpétrés dans un cadre ecclésiastique au cours des quarante précédentes années et dont s’étaient rendus coupables des membres du clergé à tous les niveaux. Les scandales commençaient à éclater un peu partout sur tous les continents et éclaboussaient jusqu’aux sommets de la hiérarchie qui se taisait.

    Le temps de Jean-Paul II

    Jean-Paul II avait exercé son charisme personnel dans sa fonction pour redynamiser une Église qui en avait bien besoin après les années dites « conciliaires » dont le pape Paul VI, sur la fin de son pontificat, effrayé de résultats qui n’étaient, certes, pas prévus, s’affligeait lui-même. Il en était quelques autres qui avaient joué un rôle important lors du Concile, comme théologiens ou experts, et qui, eux aussi, étaient consternés par une évolution en forme de dégradation doctrinale, morale et liturgique qui n’avait plus rien à voir avec le renouveau souhaité ou imaginé. En étaient, entre autres, le Père de Lubac, le Père Daniélou, promus cardinaux par Jean-Paul II ; Joseph Ratzinger aussi. D’où leur volonté de réformer la réforme afin de l’inscrire dans la continuité de l’Église en éliminant peu à peu les herméneutiques de la rupture.

    Jean-Paul II, en lutteur polonais qui s’était exercé avec succès contre le communisme athée, avait parcouru le monde à grandes enjambées et rassemblé les foules – et surtout les jeunes – pour leur rendre confiance et leur rappeler – pour les catholiques – les articles de la foi et les principes de la morale. De grands textes, souvent, d’ailleurs, inspirés par son cardinal théologien Ratzinger, ponctuaient ce parcours, de Veritatis splendor à Fides et ratio, ainsi que toute une série d’exhortations et d’admonestations. Ce qui ne l’avait pas empêché, en faisant fi de toutes les contradictions, de persévérer, tout autant, dans un œcuménisme sans frontière et dans une vision des droits de l’Homme qui lui servait depuis toujours de fer de lance et qu’il prétendait ramener dans une direction divine en l’incluant dans une vaste conception théologique, philosophique et éthique. Sa philosophie inspirée de la phénoménologie moderne lui permettait des synthèses surprenantes. Joseph Ratzinger ne pouvait s’empêcher sur ces points d’avoir, sinon de manifester, des réticences malgré toute l’admiration, voire la dévotion que portait à son pape le cardinal théologien : en particulier les réunions d’Assise qui, du strict point de vue de l’affirmation de la foi catholique, n’étaient pas acceptables.

    Toujours est-il que Jean-Paul II, tout donné à son lien direct avec le peuple fidèle et à sa relation personnelle avec le monde, ne se préoccupait pas du gouvernement de l’Église. Les services de la curie fonctionnaient par eux-mêmes selon les directions des cardinaux concernés et des autres prélats curiaux laissés à leur jugement… et à leurs calculs ou ambitions. Et de même les Églises locales sous la houlette de leurs conférences épiscopales, leurs bureaux, leurs commissions et on sait ce que ces mots veulent dire. Tout cela est certain et n’a pas manqué d’être noté par les historiens et les essayistes les plus sérieux. Est-il permis de le dire ? Le clergé, du bas en haut et du haut en bas, était livré à lui-même et il n’y a rien de pire. Surtout dans les exaltations malsaines de prétendus changements radicaux qui devaient tout bouleverser ! Et pourquoi pas, après la doctrine, les mœurs ? Précisons qu’il n’y a pas que ce qu’on appelle « la gauche » qui se livrait à ce genre de libération… théologique et éthique. D’autres qui seraient qualifiés « de droite », pouvaient aussi bien tomber dans le même piège de l’autosuffisance et du narcissisme doctrinal et moral. Tout est permis à qui se croit au-dessus.

    En raison de son expérience polonaise dans un régime qui tentait par tous les moyens de la calomnie de déstabiliser l’Église, Jean-Paul II refusait d’envisager la responsabilité pénale du clergé et, mis devant des accusations, les traitait de rumeurs. C’est ainsi qu’il avait soutenu et promu Marcial Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ, dont il louait les œuvres, en effet, impressionnantes alors que des faits certains commençaient à être communiqués au Saint-Siège. La secrétairerie d’État opposait la plus grande inertie. Le cardinal Sodano, tout à sa politique, ne traitait pas les vrais problèmes. L’institution occultait et faisait semblant de tout ignorer. « Et ce n’est pas pécher que pécher en silence… » !

    C’est dans ces circonstances que, sans porter de jugement sur les personnes en responsabilité, avec la discrétion requise, Joseph Ratzinger de sa propre initiative décida d’attraire devant son dicastère les cas qui lui étaient signalés. Il savait donc. Pas tout. À cette époque, loin de là ; mais il fut atterré. La perversité des ecclésiastiques lui était intolérable. Il ne la comprenait même pas ! D’où cette prière d’épouvante lors du Chemin de Croix de mars 2005. Ce ne fut que le début d’une longue agonie. Coepit contristari et maestus esse, pavere et taedere.

    Le temps de Benoît XVI

    Le 2 avril suivant, Jean-Paul II mourait. Doyen du Sacré-Collège, Joseph Ratzinger prépara le conclave. Il en sortit pape. Des indiscrétions – qui, d’ailleurs, peinèrent Ratzinger- –, donnèrent à savoir le nom de son principal concurrent : Jorge Mario Bergoglio.

    Une fois sur la chaire de saint Pierre, celui qui était devenu Benoît XVI mesura peu à peu toute l’ampleur du problème. C’est lui et lui seul qui résolut la terrible affaire des Légionaires du Christ, en sauvant les âmes et en préservant les œuvres bonnes, car l’homme de foi était aussi un homme de charité. Cependant, les faits dénoncés et les plaintes émises se multipliaient de tous côtés ; c’est encore lui qui prescrivit alors les règles de la plus stricte vérité et de la plus rigoureuse justice, y compris devant les institutions civiles. Cependant il s’avéra qu’il avait dans son propre entourage de cardinaux et de prélats des hommes qui par suffisance ou insuffisance – prétention souvent doublée d’incompétence – ne voulaient pas comprendre. Inutile ici de donner des noms : tout est maintenant parfaitement connu des personnes averties. C’est comme si tout avait été fait pour écœurer, pire encore, pour faire tomber Benoît XVI ; aucun mauvais procédé ne lui aura été épargné : stupidité, immoralité, désir de vengeance ; et ce besoin de couvrir les réseaux et de se couvrir soi-même. Il ne s’agissait plus que de l’accabler.

    Toutefois, la gravité extrême des faits posait une question plus profonde. Les dérives des mœurs sont les signes des déviations de la foi. Il est toujours possible pour un catholique de se reconnaître pécheur et donc d’essayer de s’amender. Le mal est sans recours quand on s’accorde la facilité de se faire un Dieu et une religion à sa façon. Le mot « amour » mis à toutes les sauces suffit à justifier tout et n’importe quoi, y compris le pire, en échappant aux vérités de la nature et aux dogmes de la foi. Charles Maurras – eh oui ! – qui a tout vu, de son regard aigu, dès le début du XXe siècle, des conséquences des erreurs progressistes et modernistes dont l’Église allait pâtir pendant plus d’un siècle, écrivait en 1905 : « Dieu est tout amour, disait-on. Que serait devenu le monde si retournant les termes de ce principe, on eût tiré de là que tout amour est Dieu ? »

    C’est exactement la question. Ces messieurs ont tout simplement décidé de justifier toutes leurs amours : l’homme, le monde, leurs choix idéologiques et tout aussi bien, leurs amours irrégulières ou singulières. Or, le problème commence quand on fait la théorie de son cas, pensées, mœurs, passions, goût du pouvoir. Quand on se fait soi-même sa propre théorie du salut, quand on estime qu’on n’a pas besoin de salut ou qu’on est au-dessus, c’est fini. Le salut peut être devant soi, on ne le voit pas, on le méprise, on le dénigre, on le traite de Satan. C’est le péché contre l’Esprit.

    Benoît XVI a donc tenté un redressement de la foi pour opérer un redressement de la barque de Pierre. Et avec quel enseignement de la plus grande précision ! il en a été traité à plusieurs reprises dans ces colonnes. Ce n’est pas le lieu ici d’y revenir. Il voulait renouer tous les fils rompus. Penser juste et vrai, prier en beauté et en conscience aiderait à agir en conformité avec l’Évangile de Jésus-Christ. Eh bien, l’homme qui ne voulait pas être pape,– pour reprendre le titre du beau livre de Nicolas Diat – a pris finalement et personnellement la décision de renoncer au ministère d’évêque de Rome, successeur de saint Pierre ; il arguait de son manque de force. Après tant d’épreuves !

    Le temps de François

    C’est ainsi que le cardinal Bergoglio fut élu. Jésus, le diable et, à l’appui, citation de Léon Bloy, on crut à ses premiers propos aux cardinaux qu’il allait proposer une radicalité évangélique de bon aloi. Il s’y mêla très vite d’autres ingrédients. L’Église eut droit, en plus d’une dialectique sur les pauvres qui prit la forme d’unique spiritualité et qui tourna à la mystique des migrants et, pour parler comme Péguy, à la politique de la migration universelle, à une autre dialectique dite de « l’ouverture » qui devint un système de gouvernement, une méthode politique d’exercice du pouvoir. Tout ce qui s’opposait aux projets pontificaux étaient mis sur le compte d’un esprit de « fermeture », d’obstination dans des doctrines passées et donc dépassées.

    Tout y passa, en effet : cela alla de l’éloge inconsidéré de Luther qui mettait à mal la foi catholique, aux subtiles transformations de la règle morale par toutes sortes de procédés prétendument démocratiques et évidemment abusifs. Les quelques jésuites sans foi ni loi, et connus comme tels, qui ont tout oublié de saint Ignace et bafouent les Exercices spirituels qui devraient être leur règle de vie, gravitant dans l’entourage du pape, menaient la danse : une casuistique invraisemblable, à faire frémir Pascal, autorisait toutes « les ouvertures ». Cependant le pape se créa à la Maison Sainte-Marthe son propre appareil de gouvernement avec ses hommes à lui, ses cardinaux nommés par lui, en doublon de la curie qu’il se contentait d’invectiver chaque année régulièrement.

    Le dernier voyage de François à Dublin en Irlande, les samedi 25 et dimanche 26 août, fut typique de cette manière de faire. Il écrit, la semaine précédente, une Lettre au peuple de Dieu qui, devant la montée des scandales, dénonce avec une extrême vigueur les abus sexuels sur mineurs, mais ce sont des mots, car la Lettre ne vise jamais le péché en tant que tel des pratiques de l’homosexualité et de la pédérastie ; et il se rend ensuite à la 9e Rencontre mondiale des familles à Dublin dans une Irlande catholique blessée par ces horribles comportements. Là, tout est arrangé pour orienter cette rencontre qui concerne la famille dans sa sainteté, sur « l’accueil des divorcés remariés selon Amoris laetitia » et sur « l’accueil et le respect dans les paroisses des LGBT et leurs familles ». Il fallait l’oser ! Alors à quoi sert de demander pardon, de se lamenter en fustigeant toute l’Église qui n’en peut mais, en dénonçant dans les crimes perpétrés, non pas le péché en lui-même que constitue l’abus sur mineurs, mais ce qui est requalifié de cléricalisme ! Ah, si ce n’est pas précisément du cléricalisme, cette manière de procéder…

    François pour ces journées s’est fait accompagner, comme par hasard, de ceux qui participent du même système : le cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, Oscar Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa au Honduras, membre de son C9, Blase Cupich, créé cardinal par lui, archevêque de Chicago, des noms qui ont été cités – à tort ou à raison – dans des affaires de ce genre, comme ceux de Wuerl, archevêque de Washington, et de O’Malley, archevêque de Boston, qui aussi étaient invités et qui ne sont pas venus, car ils doivent faire face eux-mêmes à la tourmente ! Le jésuite américain, James Martin, directeur de la revue America, connu pour ses positions ouvertement LGBT, était bien là, lui aussi, chargé de faire sa propagande ignoble. Et François, là-dessus, au retour dans l’avion essaya de noyer la question en parlant de psychiatrie. Il n’y a donc aucune autorité dans l’Église pour dire : ça suffit ! Alors que tout le monde sait que le mal a ravagé des églises entières, que le procureur de l’État de Pennsylvanie, Josh Shapiro, vient de faire savoir que le Vatican et les autorités ecclésiastiques connaissaient les ignominies commises sur des enfants par près de 300 prêtres dans ce seul État, qu’il en est de même au Chili, en Australie, en Irlande, et encore, et encore…Même s’il s’agit d’une minorité, c’est bien trop ! Ne serait-ce que pour que l’Église hiérarchique et l’ensemble des prêtres qui ont donné leur vie au Christ, ne soient pas compromis dans cet affreux trafic d’influence. Car qu’est-ce d’autre ?

    Il est donc compréhensible que Mgr Carlo Maria Vigano ait cru bon d’écrire sa lettre ouverte au pape. Ancien Délégué aux représentations pontificales auprès de la secrétairerie d’État, puis nonce apostolique à Washington, il fut par ses fonctions informé de suffisamment de faits à la suite de ses prédécesseurs pour se croire obligé d’en référer aux plus hautes autorités, en particulier s’agissant des abus sexuels perpétrés par l’ancien archevêque de Washington, le cardinal McCarrick, doublés de sollicitatio ad turpia et de sacrilèges eucharistiques. Sa lettre est parfaitement documentée, précise ; et les faits monstrueux de perversion sont connus et sont si avérés qu’à la demande de François McCarrick a été obligé de présenter sa démission du collège cardinalice en juillet dernier. Mais, auparavant, qu’en était-il, s’il est vrai que, de fait, Benoît XVI avait déjà pris des décisions à son encontre ?

    Ce n’est pas tout, car Mgr Vigano dénonce tout un système de connivences, de nominations, de réseaux homosexuels qui contamine l’Église. Combien d’autorités impliquées ? Et jusqu’où…

    Le pape François ne saurait d’aucune manière et à aucun titre couvrir de son autorité de telles turpitudes : c’est une évidence. Il en va du respect de sa propre fonction que tout catholique est tenu de respecter, à commencer par lui-même. Le pape est souverain ; il a le droit de ne pas répondre et, bien sûr, de ne pas se plier aux injonctions et aux supplications de Mgr Vigano ; il ne peut pas ne pas en tenir compte.

    Mgr Vigano sera vraisemblablement décrié. On cherchera à anéantir son témoignage qui, comme tout témoignage, a nécessairement des aspects très personnels et donc sujets à contestation. C’est si facile ! Les personnes concernées vont faire front. Il lui sera opposé des haussements d’épaule ou un silence méprisant comme le silence qui voile la honte…

    Il n’est pas bon dans l’Église d’aujourd’hui d’avoir du courage. Pas plus que dans la société civile! Quelques évêques dans le monde, heureusement, américains en particulier, mais pas seulement, ont compris l’importance d’un tel acte qui pourrait devenir salutaire s’il aboutissait à une nécessaire cure de vérité dont l’Église, à l’évidence, a le plus grand besoin. À ceux qui s’affoleraient, car la crise, est de fait, d’une violence inouïe, pourquoi ne pas rappeler la pensée de Pascal : « Bel état de l’Église quand elle n’est plus soutenue que de Dieu ».

  • Accord entre le Saint-Siège et la Chine sur la nomination des évêques

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    Une réunion entre Mgr Antoine Camilleri, sous-secrétaire pour les Rapports du Saint-Siège avec les États, et Wang Chao, vice-ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, respectivement chefs des délégations vaticane et chinoise, a eu lieu aujourd’hui, 22 septembre, à Pékin. Les deux représentants ont signé un Accord provisoire sur la nomination des évêques.

    Le cardinal Joseph Zen de Hong Kong a réagi aussitôt en appelant le secrétaire d’Etat du Vatican à démissionner. Le cardinal Pietro Parolin est le négociateur en chef de l’accord.

    Par cet accord, Pékin reconnaît le pape à la tête de l’Église catholique en Chine mais aura le dernier mot pour nommer les évêques, bien que le pape ait un droit de veto. Le Vatican a accepté de reconnaître et de consacrer sept «évêques» illégitimes installés par l’Association patriotique catholique contrôlée par les communistes et que le Saint-Siège avait précédemment rejetés.

    Le Vatican a également demandé, dans le cadre de l’accord, que deux évêques de l’église clandestine persécutée se retirent en faveur des «évêques» de l’église patriotique.

    Le cardinal émérite Mgr Zen s’est toujours opposé avec acharnement à cet accord qui rappelle l’Ostpolitik du Saint-Siège…

    «Ils jettent le troupeau dans la gueule des loups. C’est une trahison incroyable ».

    L’accord intervient alors que le président Xi Jinping s’attaque impitoyablement à la liberté de religion. Pékin a publié le 1er février des règlements interdisant les activités religieuses non autorisées, interdisant aux enfants et aux membres du parti d’entrer dans les églises, des membres du clergé non-inscrits de services religieux et exigeant que «tous les sites religieux soient enregistrés».

    “Les conséquences seront tragiques et durables, non seulement pour l’église en Chine, mais pour toute l’église car cela nuit à la crédibilité”.

    Mgr Zen a déclaré à propos du cardinal Parolin :

    «Je ne pense pas qu’il ait la foi. C’est juste un bon diplomate dans un sens très laïque et mondain ». “Il devrait démissionner”. « C’est un abandon total… Je n’ai pas d’autres mots. »

    Michel Janva - Le Salon Beige

  • Ce qui se déroule dans l’Église pourrait bien être le terrible résultat d’une infiltration soviétique

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    Sur Réinformation.tv, Jeanne Smits évoque une commentatrice danoise, Iben Thranholm, dont l’analyse a été reprise par LifeSiteNews. Pour expliquer les abus sexuels dans l’Eglise, il faut remonter à l’époque bolchevique et à celle de Staline et au résultat d’une stratégie soviétique pour détruire l’Église de l’intérieur.

    Iben Thanholm cite d’emblée une vidéo disponible sur YouTube où l’on voit le témoignage d’un ancien responsable de la propagande soviétique, Youri Bezmenov, membre du KGB avant de passer à l’Ouest en 1970. Il fut longtemps collaborateur de l’agence de presse soviétique Novosti et s’expliqua après sa défection sur la propagande marxiste de l’Occident en cours, affirmant dans cette vidéo datant de 1983 que le KGB menait sa guerre contre l’Amérique essentiellement au moyen de « la subversion idéologique ».

    Il précisait alors que l’espionnage à la James Bond représentait seulement 15 % de l’activité du KGB ; à l’inverse, les « mesures actives » visaient à démoraliser la jeunesse en Occident représentaient le plus gros du travail de la police politique communiste. Les marxistes cherchaient surtout, selon Bezmenov, à « corrompre la jeunesse, à la focaliser sur le sexe, à l’éloigner de la religion ». Les jeunes, il fallait les « rendre superficiels et les affaiblir (…) ; il fallait détruire la foi des peuples en leurs chefs nationaux en exposant ceux-ci au mépris, au ridicule, au déshonneur (…) ; en organisant l’effondrement des vieilles vertus morales : l’honnêteté, la sobriété, la maîtrise de soi, le respect de la parole donnée. »

    Dans cet entretien filmé, Youri Bezmenov précisait que les principales cibles étaient les institutions religieuses, l’enseignement, les médias et la culture : pendant que les Etats-Unis rejetaient – en apparence – fermement le communisme soviétique tout au long de la Guerre froide (il n’est pas question dans l’article d’Iben Thranholm des collusions entre le capitalisme et le communisme dans les hautes sphères mondialistes), l’endoctrinement marxiste-léniniste était endémique dans les universités, les médias et le monde de la culture en Occident au cours des années 1960 et 1970, comme le résume Iben Thranholm. […]

    Elle évoque alors le témoignage de l’ancienne communiste Bella Dodd, convertie au catholicisme en 1952 grâce à Mgr Fulton Sheen : devant le Comité des activités antiaméricaines de la chambre des représentants (HUAC), celle-ci avait témoigné à l’époque d’un plan déjà ancien d’infiltration.

    « Au cours des années 1930, nous avons orienté 1.100 hommes vers le sacerdoce en vue de détruire l’Eglise de l’intérieur. L’idée était de les faire ordonner, afin qu’ils puissent grimper sur l’échelle de l’influence et de l’autorité en devenant des Monsignors et des évêques. »

    Ils étaient choisis pour leur absence de foi et de vertu morale. Alice von Hildebrand, veuve de Dietrich von Hildebrand, elle-même philosophe et professeur, qui connaissait bien Bella Dodd, affirme que celle-ci avait assuré que du temps où elle était membre actif du Parti, elle avait eu affaire à pas moins de quatre cardinaux au Vatican « travaillant pour nous », comme elle le disait. […]

    Pour Iben Thanholm, ce qui se déroule actuellement sous nos yeux pourrait bien être le terrible résultat de cette infiltration, les « agents » implantés au milieu du siècle dernier s’étant chargés de recruter d’autres hommes de leur acabit dans les séminaires. De fait, l’explosion des cas d’agressions sexuelles remonte aux années 1960, de telle sorte qu’on peut se demander si, plutôt que de s’agir de prêtres ayant cédé à la tentation, il n’existe pas ici une attaque généralisée à l’encontre de la foi et de la morale chrétiennes du fait d’un ennemi rusé et profondément pervers.

    En 2016, Alice von Hildebrand attirait l’attention sur ce fait, notant que l’un des éléments clefs des faits qui sont aujourd’hui mis au jour est bien le fait que de nombreux coupables n’étaient pas

    « des prêtres catholiques devenus esclaves d’une “concupiscence sans limites” mais des infiltrés ayant obtenu de faux certificats de baptême et qui étaient à l’évidence des agents du communisme et de la démoralisation ». « J’ai su par Bella Dodd que ces hommes pervers avaient même infiltré le Vatican – car l’Eglise catholique est la pire ennemie du communisme. Et ils le savent ».

    « Ainsi, la mission stalinienne anti-chrétienne est en passe d’atteindre son but deux générations après Staline, à un moment où l’Occident est confronté au second avènement du marxisme »

    Selon Iben Thranholm, la subversion de ce qui reste des culture chrétienne en Occident va permettre une nouvelle ère soviétique :

    « Nous pouvons déjà en observer les signes avant-coureurs : la suppression de la liberté d’expression, la tyrannie du politiquement correct, et la persécution politique et psychologique brutale des chrétiens. Seule une Eglise purifiée est capable de se dresser face à ce type de régime diabolique. »

  • Bono et François

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    Bono, le chanteur irlandais mondialement connu et multimillionnaire de U2, militant de la culture de mort et de la légalisation de l’avortement en Irlande (repeal the 8th : le 25 mai votez pour rejeter le 8e amendement), a rencontré le pape au Vatican. Ils ont parlé de la « bête sauvage qu’est le capitalisme » et des abus sexuels sur mineurs. Bono a dit au pape qu’il semblait que les agresseurs soient parfois plus protégés que les victimes, et en réponse le pape a paru triste. Bono a ajouté : « Je pense que c’est un homme extraordinaire pour des temps extraordinaires. »

    On peut voir sur Youtube un concert de U2, le 20 juin 2017, où Bono dédie une chanson  à son « vieil ami le cardinal McCarrick ». 

    Blog d'Yves Daoudal

  • Hommage au Tsar

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    Ekatérinbourg, vous connaissez ? C'est là où le 21 juin dernier l'équipe internationale et multiculturelle dites "des bleus" jouait contre celle du Pérou. Et pendant que quelques milliers de décérébrés hurlaient devant leur poste, la Russie réelle, fière de son passé, elle qui sait ce qu'est un épouvantable régime dictatorial, rendait un magnifique et émouvant hommage à son dernier tsar et à sa famille. Une telle procession aurait du faire la une de nos journaux. Mais nos journalistes aveugles, muets et analphabètes connaissent-ils cet épisode majeur de l'histoire ?

    Une procession a réuni à Ekatérinbourg près de 100.000 personnes pour commémorer le centenaire de l'assassinat par les bolchéviques du dernier tsar Nicolas II et des membres de sa famille.

    Procession-Tsar-2.jpgUne divine liturgie a été célébrée par une quarantaine d’évêques devant l’église de Tous-les-Saints, construite entre 2000 et 2003 - les Russes l’appellent l’église « sur le sang versé », son nom complet est : « église sur le sang versé en l'honneur de tous les Saints resplendissants dans la Sainte Russie », son autel se trouvant juste au-dessus de la cave où furent fusillés Nicolas II et sa famille.

    A partir de 2h00 du matin, le patriarche Cyrille a conduit la procession jusqu’au monastère « des saints martyrs impériaux » de Ganina Iama, à 21 km de là, construit près du fossé où l’on retrouva les restes de la famille impériale (ce que vient de confirmer, ce lundi, une analyse ADN).

    Procession-Tsar-3.jpg« Nous devons vraiment résister à toute idée ou dirigeant qui nous propose, via la destruction de notre vie, de nos traditions et de notre foi, d'adopter un soi-disant nouvel avenir inconnu et heureux », a notamment déclaré Cyrille.

  • EDITION SPECIALE : la crèche de Béziers expulsée par l'Etat

    Nous nous empressons de porter à la connaissance de tous la décision qui vient d'être rendue par le tribunal administratif de Montpellier ordonnant l'enlèvement de la crèche installée dans le hall de l'Hôtel de Ville.

    Cette décision a été rendue à la demande du préfet de l'Hérault, ce qui donne une idée de l'orientation sectaire du gouvernement actuel.

    Elle est d'autant plus inadmissible qu'elle innove sur le plan juridique : depuis quand le juge des référés est-il compétent pour juger du fond ? Il a certainement fallu triturer les textes et les cerveaux dans tous les sens pour y parvenir !

    N'omettez pas une visite à l'Hôtel Dulac.

     

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  • Objections à Stéphane Bern

    Par Gérard Leclerc

    France catholique

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    La proposition de Stéphane Bern de faire payer aux visiteurs l’entrée des cathédrales a provoqué un véritable tollé. Même l’épiscopat français a réagi officiellement, en rappelant que la loi de 1905 interdisait pareille pratique. L’intéressé s’est montré un peu peiné d’une si vive contestation : « J’aurais aimé de votre part, a-t-il dit à l’adresse des catholiques, plus de mansuétude, d’autant que je me bats au quotidien pour sauver le patrimoine religieux, tant les églises sont menacées de destruction. » L’intention de Stéphane Bern n’est pas critiquable, au contraire, mais la solution qu’il préconise se heurte à une objection de fond, que le recteur de Notre-Dame de Paris, Mgr Patrick Chauvet, a résumé en une formule : S’il fallait payer pour entrer dans les cathédrales, celles-ci deviendraient des musées. Et cela irait à l’encontre des touristes, qui n’auraient plus le même regard, dès lors que c’est le caractère de l’édifice lui-même qui aurait changé.

    Chacun a pu en faire l’expérience. Une église désaffectée, transformée en musée, n’est plus vraiment une église. Sa raison d’être qui est d’attirer l’âme vers le mystère s’efface dès lors qu’elle n’est plus le signe de la transcendance mais simplement la trace du souvenir. Si démuni qu’il soit de culture religieuse, le touriste qui pénètre dans une cathédrale fait une expérience de gratuité qui l’affecte d’une façon ou d’une autre, parce que cette gratuité se rapporte à une présence. C’est encore plus vrai, lorsqu’il y a un office dans la cathédrale. J’ai pu souvent observer comment des visiteurs, qui ne savent rien de la liturgie, sont interpellés par ce qui se déroule au cœur de l’édifice, au point de s’arrêter de longues minutes afin de contempler ce qui leur échappe mais résonne étrangement en eux.

    Il y a énormément à tirer parti de cet extraordinaire legs de nos cathédrales, de nos églises et de nos abbayes, à condition qu’elles soient des témoignages vivants de la foi. La récente scénographie qui a eu lieu à Notre-Dame, à l’enseigne de la Dame de Cœur, montre la puissance de la catéchèse que constitue la cathédrale lorsque s’anime l’étonnant peuple des pierres et des vitraux qui y réside. L’évangélisation passe aussi par une telle pédagogie religieuse.

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 novembre 2017

  • Promenade de novembre : les cimetières marins

     

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    Ce site rapporte souvent les luttes des hommes, la plupart mesquines, pitoyables, insignifiantes. En ce mois de novembre, il nous a paru opportun de sortir de cette agitation.

    Chateaubriand, célèbre de son vivant, a été enterré selon ses dernières volontés, seul face à la mer, sur le Grand Bé à Saint-Malo. D’autres, parmi les communs des mortels, ont simplement eu la chance d’avoir une place dans un cimetière français, face à la mer.

    Petit tour de France des cimetières marins à la vue apaisante…

    1. Sète, le cimetière marin de Paul Valéry

    C’est le plus célèbre des cimetières marins français, car il fut chanté par un grand poète sétois. En effet Le Cimetière Marin est le titre d’un poème de Paul Valéry paru en 1920 :

    Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
    Entre les pins palpite, entre les tombes,
    Midi le juste y compose de feux,
    La mer, la mer, toujours recommencée…

    Depuis la mort de Paul Valéry en 1945, le cimetière de la ville a été rebaptisé cimetière marin. Il avait été creusé à même la falaise au XVIIe siècle pour enterrer les premiers ouvriers morts sur le chantier de construction du môle Saint-Louis. Les tombes racontent la vie de ce petit port. A Sète, face à la Méditerranée, reposent désormais Paul Valéry mais aussi Jean Vilar (1912-1971), fondateur du Festival d’Avignon.

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    1. Poésie et peinture à Varengeville-sur-Mer

    A Varengeville-sur-Mer, l’église Saint-Valéry et son petit cimetière à flanc de falaise donnent envie de sortir sa boîte de couleurs, comme Claude Monet ou Camille Pissaro, séduits par les lumières changeantes de ce site naturel. Le poète Georges Braque (1882-1963) est enterré ici face à la baie de Dieppe, sous le ciel normand.

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    1. People for ever à Saint-Tropez

    L’emplacement du cimetière marin de Saint Trop’, en contrebas de la citadelle, au bord du golfe de Saint-Tropez, a de quoi faire pâlir d’envie tous les bronzés de l’immobilier ! Les prix des concessions sont élevés et il reste très peu de place. Évidemment, quelques célébrités du show-biz ou du cinéma se sont installées ici ad vitam aeternam, comme Eddie Barclay, Roger Vadim ou Pierre Bachelet.

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    1. Avec Tino Rossi à Ajaccio

    Le cimetière marin d’Ajaccio se trouve sur la route des Sanguinaires, très fréquentée par les touristes, qui s’arrêtent volontiers sur la tombe du chanteur Tino Rossi (1907-1983). Ne cherchez-pas l’empereur, Napoléon est aux Invalides ! Sur les pentes de ce cimetière chic qui dévale doucement vers la Méditerranée, on retrouve les noms des grandes familles locales. Ici le parfumeur François Coty (1874-1934) côtoie une aristocrate anglaise, pionnière de l’archéologie en Corse, Dorothy Carrington (1910-2002).

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    1. Bonifacio, le cimetière marin le plus méridional de France

    C’est une ville dans la ville, à l’extrême pointe d’une de ces falaises vertigineuses qui font de Bonifacio un site unique au monde. Ce cimetière fait face à la Sardaigne. Les chapelles se serrent le long des rues comme des petites maisons mitoyennes. Leurs croix blanches se détachent sur un fond de mer et de ciel bleu intense.

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    1. Ciboure, un cimetière de pêcheurs basques

    Situé dans le quartier de Socoa à Ciboure, ce cimetière marin domine la baie de Saint-Jean-de-Luz. De nombreux pêcheurs sont enterrés ici, face au port, bercés sans fin par le clapotis des vagues et le va et vient des bateaux. Mais ce beau cimetière héberge aussi le romancier Pierre Benoît, décédé à Ciboure en 1962 dans sa villa Allegria

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    1. Douarnenez, un cimetière marin breton paisible

    Tourné vers l’océan, le cimetière marin de Tréboul à Douarnenez surplombe la plage Saint-Jean. C’est un havre de paix. De magnifiques cyprès veillent sur des défunts peu connus, mais on pourrait tirer de l’oubli un romancier américain, un sociétaire de la Comédie française ou la petite fille du fondateur de SOS Amitiés.

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    1. Le cimetière américain de Colleville-sur-Mer

    C’est sans aucun doute le plus poignant des cimetières marins en France. S’y rendre est même un devoir à accomplir une fois dans sa vie. Plus d’un million de visiteurs viennent chaque année saluer la mémoire et le courage de ces jeunes soldats qui donnèrent leur vie pour un pays qu’ils ne connaissaient pas, au nom de la liberté. Toutes ces croix blanches identiques, alignées à perte de vue sur une pelouse vert tendre, invitent au recueillement. En contrebas, la plage baptisée « Omaha la sanglante » après le Débarquement de juin 1944. A l’horizon, la mer, insolemment bleue…

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    1. Les z’endormis de Saint-Paul à la Réunion

    Ce cimetière marin est un jardin luxuriant avec ses allées bordées de cocotiers et de frangipaniers en fleurs. Situé sur la route des Premiers Français, le cimetière marin de Saint-Paul honore le souvenir de marins disparus en mer. Des esclaves, le poète Leconte de Lisle (1818-1894) ou le pirate La Buse, « écumeur des mers du Sud », exécuté ici en 1730, figurent parmi les « z’endormis » face à l’océan Indien. Requiescant in pace.

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  • Réservez votre soirée

    Les chrétiens d'Orient ont besoin de notre soutien. Ils sont depuis des années victimes de persécutions menaçant directement leur existence. Beaucoup vivent entassés dans des camps de réfugiés, fuyant la terreur islamiste.

    La ville de Béziers est jumelée avec le village de Maaloula, particulièrement éprouvé.

    Soyez nombreux à lui apporter votre aide.

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  • Le Pape François défenseur de la fortune apatride, anonyme et vagabonde - Par Henri Bec

     

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    Les catholiques n’ont jamais été obligés de suivre ou d’approuver le Pape dans ses interventions politiques. D'autant que l'histoire nous apprend que L’Église a, sur ce point, commis d'irréparables erreurs.

    Mais les commentaires qui ont accueilli les déclarations du Pape François sur les migrants méritent d’être sérieusement affinés. Il ne suffit pas en effet de constater qu’elles démontrent une méconnaissance du phénomène migratoire et de ses dangers pour en venir aux propositions classiques d’expulsion ou de fermeture des frontières. Il convient de les critiquer à l'aune de principes beaucoup plus fondamentaux.

    Parce que ses déclarations vont beaucoup plus loin : "La sécurité des migrants passe toujours avant celle des nations". Et le pape d’expliquer que les individus passent avant les communautés auxquelles ils appartiennent.

    C’est plus qu’une erreur, une faute d’analyse politique gravissime. Cette conception subversive, qui renverse toutes les vérités naturelles héritées de la sagesse et de l'expérience des âges, a toujours présidé aux fondements du totalitarisme oppresseur, de l’anarchisme libertaire ou du libéralisme bourgeois plus ou moins doucereux.

    Nous sommes en effet loin des conceptions aristotéliciennes ou thomistes sur la société, et, sans remonter aussi loin, des écrits du cardinal Ratzinger, futur Benoit XVI, qui, puisant ses réflexions au plus profond d'une théologie supérieure, écrivait en 1962 : "Les nations ne sont pas des réalités dues au hasard mais des grandeurs métaphysiques". Et Léon XIII rappelait que la société civile, créée sous l’inspiration de la nature, avait pour finalité, non seulement la réalisation du bien être matériel mais aussi du perfectionnement intellectuel et moral. L’Église s’est toujours attachée à la défense de l’idée de nation ou de groupement naturel des hommes, à défaut desquels seule demeurerait "une agrégation d’êtres sans raison" (Pie XI). Le principe de "la centralité de la personne humaine" invoquée par le pape est contraire à cet immuable enseignement, de même qu’aux leçons immémoriales de l’histoire. Il n’est pas d’individus qui n’appartinssent à une communauté naturelle dont l’Église rappelle constamment que les cellules de base sont en premier lieu la famille, puis les multitudes de corps intermédiaires et enfin la nation, famille des familles. C’est au sein de ces communautés que l’homme y puise ses racines les plus profondes et les plus vitales et donc son équilibre général. Elles sont ses protections élémentaires.

    Prétendre comme le fait le pape que le droit des migrants est supérieur à celui des nations qu’ils traversent est susceptible d’encourager ces vagues déferlantes et les actes de guerre qui les accompagnent. Ce ne sont que propos démagogiques qu’un sain raisonnement politique ne saurait admettre. Le pape François a-t-il en outre réalisé que ces mêmes migrants appartiennent eux aussi à leur propre communauté naturelle, l'Ouma par exemple pour les musulmans, et qu’il eut été de loin préférable de les encourager à les regagner, dans leur propre intérêt, plutôt que de les réduire à des êtres sans raison, marchandise ballotée entre les réseaux de passeurs et le CAC 40. Quand on sait que ces apports de main d’œuvre sont encouragés et favorisés par le capital le plus apatride et le moins soucieux du respect élémentaire du à tout homme, on est pétrifié par cette lourde méconnaissance des phénomènes internationaux et sociaux. Considérer que les hommes sont dans l'ordre de priorités, supérieurs à ces entités naturelles, revient à leur enlever toute structure protectrice. Déjà le en 1791, la loi Le Chapelier avait, au nom de la Liberté et de prétendus intérêts communs, supprimé toutes les corporations, organisations ouvrières et paysannes. A l'aube de la révolution industrielle, le prolétariat qui se constituait s'est retrouvé sans aucune protection, aux mains des dictateurs de haine et ceux du capital sans frein. Il fallu attendre un siècle de lutte difficile, notamment contre les libéraux, menés par les royalistes La Tour du Pin, Albert de Mun ou Léon Hamel, pour retrouver un peu d'équilibre social. Les financiers de Macron ont envie de recommencer cette désastreuse expérience. Il est désolant de constater que celui qui devrait tirer la sonnette d'alarme semble ignorer, ou feint d'ignorer, ces élémentaires fondamentaux politiques et sociaux.

    Les annonces irréfléchies,  dégoulinantes de bonnes intentions sont souvent de redoutables boomerangs. Selon l'heureuse expression de Raymond Aron, il y a une spécificité du politique comme tel. Ne pas la connaître ou tenter de la contourner par utopie ou ignorance, conduit irrémédiablement à des catastrophes.

    De tels propos tenus par la plus haute autorité spirituelle ne sont pas admissibles.

    Henri Bec

  • Il y a un an, le Père Hamel était égorgé par des islamistes…

     

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    Allocution de M. Robert Ménard, maire de Béziers

    Le 26 juillet dernier, il y a tout juste un an, le Père Jacques Hamel était assassiné alors qu’il célébrait la messe. Egorgé par deux islamistes, aux cris d’Allah Akbar.

    Réunis, regroupés au pied de notre cathédrale, sur cette petite promenade qui porte son nom, résonnent encore, dans nos têtes, dans nos âmes, les derniers mots de ce vieux prêtre, de ce vieil homme, frêle, fragile, sans aucune défense. Sur le point de mourir, c’est en s’écriant « Satan, va-t-en ! Va-t-en Satan ! » qu’il s’est effondré, revêtu de son étole rouge, celle des martyrs justement.

    D’un côté un cri de haine, de l’autre le rejet de cette haine. D’un côté, ce qu’il faut bien appeler le mal ; de l’autre, une supplique pour y échapper, pour s’en défendre, pour le chasser.

    Mais échappe-t-on au mal ? On peut toujours, lâchement, refuser de le voir, de le désigner, de le combattre – qui, parmi nous, parle encore de Satan ? – il n’en reste pas moins présent au cœur de l’homme, au cœur des hommes.

    Le drame de Saint-Etienne-du-Rouvray nous dit, dans sa nudité, que certains ont fait allégeance au mal, ont juré notre perte, qu’ils sont prêts à perdre leur vie pour s’emparer de notre mort.

    Béatifier le Père Hamel, bien sûr. C’est l’affaire de l’Église et du Pape François qui entend saluer un martyre, un homme qui accepte – je cite le Saint Père – « une mort certaine et à court terme (…) par un don total, radical et sans retour de soi pour les autres ».

    Ce qui est en revanche notre affaire, c’est d’avoir le courage de dire, de donner un visage à ce mal qui, mois après mois, depuis des années maintenant, terrifie, ensanglante notre pays, gangrène notre monde.

    Les assassins du père Hamel ne visaient pas seulement un homme, un homme d’église, ils visaient à travers lui ce que nous sommes, cette civilisation vieille de 2000 ans, ce regard, fait de respect, que nous portons les uns sur les autres, les hommes sur les femmes, les croyants sur les non croyants. Ils visaient cette histoire et cette culture partagées, cet apprentissage d’une liberté qui se nourrit de celle des autres.

    C’est tout cela que ces deux islamistes ont tenté d’égorger un mardi, au matin, juste après l’homélie, dans une église, petite, humble, sans faste, où s’était retrouvée une poignée de fidèles.

    C’est cela que nous voulons défendre, que nous devons défendre. Sans esprit de vengeance mais avec fermeté. Une fermeté qui se nourrit du sentiment, de la conviction que nous sommes dans notre droit, qu’il en va du monde que nous laisserons à nos enfants, d’un monde que nous ne voulons pas voir menacé par de nouveaux Saint-Etienne-du-Rouvray. C’est inacceptable, c’est intolérable. Nous ne l’accepterons pas, nous ne le tolèrerons pas.

    Pour le Père Hamel, martyre de l’Eglise. Pour toutes les victimes de cet islamisme qui tue. Pour ne plus se contenter de fleurs et de couronnes. Pour l’obligation qui est la nôtre, non pas de pardonner, encore moins d’oublier mais de refuser cette culture de mort. Pour la vie, nous allons, ensemble, respecter une minute de silence.

  • Lettre ouverte aux catholiques perplexes : "L’enjeu de cette présidentielle est un enjeu de civilisation"

    Golnisch.jpgBruno Gollnisch, député européen, membre du bureau politique du FN et

     

     

    Gannat Pascal.pngPascal Gannat, président du groupe FN au conseil régional Pays-de-la-Loire et membre du bureau politique du FN,

     

     

     

     

    tous deux catholiques pratiquants, publient aujourd'hui cette lettre ouverte destinée aux catholiques :

     

    "À la veille de cette échéance décisive pour l’avenir de notre pays, vous vous interrogez peut-être encore. Au-delà de sa personne, vous n’avez pas de sympathie particulière pour le programme de Monsieur Macron, ni pour l’action passée de ceux qui le soutiennent aujourd’hui, mais vous hésitez à voter pour sa concurrente.

    Peut-être êtes-vous de ceux qui avez cru, en votant pour François Fillon, soutenir des convictions plus proche des vôtres, bien qu’en matière de défense de la vie il se fût empressé de dire que ses convictions personnelles n’auraient aucune conséquence sur son action politique, et d’ailleurs n’en avaient jamais eu. Aujourd’hui les masques sont tombés ; l’intéressé déclare à qui veut l’entendre que la principale cause de son échec est le soutien que lui a apporté « Sens Commun », cette frange de catholiques courageux qui pourtant l’avaient soutenu jusqu’au bout et qui en dépit de la publicité faite sur les faiblesses du personnage, ne l’avaient pas abandonné au milieu du gué, contrairement à ses amis politiques les plus proches, et avaient permis, lors de la grande manifestation du Trocadéro, de maintenir une candidature bien compromise. Dans ces conditions, vous n’êtes évidemment pas tenu, bien au contraire, de le suivre dans un ralliement immédiat et inconditionnel à l’ancien ministre de l’Économie de M. Hollande, dont la veille encore il dénonçait le programme néfaste pour la France.

    Certains aujourd’hui voudraient aussi vous faire croire que le vote en faveur d’Emmanuel Macron est celui de l’ouverture, de la générosité aux antipodes de celui en faveur de Marine Le Pen, représentant le repli, l’hostilité au monde extérieur, l’égoïsme, etc. L’une de vos principales réticences tient peut-être à la volonté de la candidate nationale de restreindre voire d’inverser le courant migratoire : on veut faire croire aux chrétiens que ce serait un manque de charité, une violation du devoir d’hospitalité, la force de la propagande est telle que certains vont le répétant, qui sont de bonne foi.

    N’en croyez rien : le devoir d’hospitalité qui s’impose au chrétien dans sa vie personnelle ne saurait déboucher sur je ne sais quelle obligation de morale politique qui voudrait que l’État, protecteur de la nation, laissât pénétrer sur son territoire quiconque voudrait y rentrer. Car si l’action politique doit dépendre de la morale, la morale politique a ses règles propres, qui sont ordonnées au bien commun. Par exemple : c’est une obligation faite aux chrétiens que de pardonner les offenses qui leur sont faites. Mais que dirait-on d’un État dont les dirigeants, sous prétexte de fidélité à l’Évangile, renonceraient à poursuivre le crime, et à punir les coupables ? On dirait que cet Etat manque gravement à ses devoirs. C’est la raison pour laquelle Saint Paul dit que c’est à juste titre que le prince use du glaive contre les criminels (Romains, 13).

    Au cours des 20 dernières années, la France a accueilli 9 millions d’étrangers. Si beaucoup se sont intégrés, dont souvent les enfants ou petits-enfants sont dans nos rangs, il faudrait être aveugle pour ne pas en voir les conséquences sur la cohésion sociale, sur la montée du communautarisme, sur l’islamisation progressive, mais radicale de bien des secteurs de nos villes, et aussi, sur la progression de la délinquance : en effet, quelle que soit l’honnêteté de beaucoup, si l’immigration n’en est certes pas le seul facteur, elle en est certainement l’un des plus importants. Le déracinement, la perte des repères de la société d’origine, et trop souvent le refus d’accepter ceux de la société d’accueil, sont autant de facteurs qui y prédisposent naturellement. Ceux qui, sous des prétextes humanistes, où sous couvert de générosité, veulent continuer à maintenir cette situation ne tiennent en fait aucun compte des souffrances de nos compatriotes parmi les plus démunis, contre lesquels joue de fait une préférence étrangère, dont le cadre de vie se modifie et qui, sans jamais avoir été consultés sur ce point, deviennent chaque jour un peu plus étrangers dans leur propre pays. Qui ne voit que la situation, si elle perdure, va directement à l’encontre de ce qu’affirme le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise, en reprenant l’enseignement de saint Jean-Paul II, à savoir que « la nation possède un droit fondamental à l’existence ; à garder sa propre langue et sa culture par lesquelles un peuple exprime et défend ce que j’appellerai sa souveraineté spirituelle originelle ; à mener sa vie suivant ses traditions propres ».

    Marine Le Pen sait aussi bien que nous la différence qu’il y a entre les véritables réfugiés, comme par exemple les malheureux chrétiens d’Orient, et ceux qui cherchent essentiellement des conditions économiques meilleures. L’enseignement de l’Eglise sur l’immigration n’est pas la préconisation d’un accueil illimité et inconditionnel de « l’autre ». l’Eglise, responsable, pose que l’immigration peut être limitée pour des motifs relevant du bien commun. Or, il est évident que le Front National ne souhaite limiter l’immigration pour d’autres motifs que le bien commun.

    L’accueil d’un million de migrants comme l’a fait l’Allemagne est objectivement irresponsable, comment rendre possible le devoir exprimé par le pape Benoit XVI qu’ont les migrants de s’intégrer à leur pays d’accueil : « Les immigrés ont le devoir de s’intégrer dans le pays d’accueil, en respectant ses lois et l’identité nationale » ? On ne trouve pas dans l’Evangile une ode au multiculturalisme, idéologie prônant la dissolution des identités et des nations dans un monde où les individus seraient « libérés » du joug des normes sociales et culturelles.

    Depuis que le poète Paul Valéry a écrit la célèbre phrase : « Le temps du monde fini commence », le raccourcissement des distances et l’augmentation des communications ont provoqué une plus grande interdépendance entre les nations. C’est un fait, et nous sommes parfaitement conscients des conséquences de ce fait. Mais il ne faut pas confondre cette « planétisation » avec le projet mondialiste : projet économique, politique, moral (ou plutôt amoral), animé par de puissants réseaux financiers, idéologiques, politiques, médiatiques, qui se proposent la négation de toutes les différences et de toutes les identités : ethniques, culturelles, nationales, spirituelles… sexuelles, pour aboutir à un Homme indifférencié, soumis au dogme de la libre circulation indistincte des marchandises, des capitaux et des êtres humains.

    L’Union européenne, mise au service de ce projet, accable de règles, de normes, de contraintes, de charges, cet espace européen, tandis qu’elle l’ouvre à la concurrence sauvage de pays qui n’ont ni règles, ni normes, ni contraintes, ni charges. Sa prétention à régir dans les moindres détails la vie de 500 millions d’européens en a fait une machine à tendance totalitaire, contraire au véritable génie de l’Europe : le continent qui, dans l’histoire de l’humanité, a inventé la liberté et l’égalité des nations. Elle viole allègrement, dans cette perspective véritablement luciférienne, le principe de subsidiarité dont la doctrine sociale de l’Eglise avait fait un élément essentiel du respect des collectivités naturelles. Au nom des droits de l’Homme, mais plus exactement des « droits de l’Homme sans Dieu », elle pratique cette dictature du relativisme que dénonçait Benoît XVI, et dans laquelle se retrouvent toutes les forces politiques qui soutiennent aujourd’hui la candidature de M. Macron. Elle se voue en faveur de la généralisation de l’avortement massif, de la promotion du « LGBT » (lesbian, gay, bi — et trans-sexuel), de la théorie du genre, et demain de l’euthanasie, avec un prosélytisme qui vous stupéfierait si, comme nous, vous aviez accès à ses travaux. Il est urgent d’y mettre un terme et de revenir à une coopération faite de projets communs, de coopération scientifique, culturelle, industrielle ou autre, si possible dans ce cadre, sinon, dans le cadre d’autres coopérations qui, comme Airbus ou Ariane Espace, ne doivent rien au système de Bruxelles.

    Ne croyez pas à la générosité des véritables initiateurs du mondialisme dont aujourd’hui Monsieur Macron est, de fait, le candidat. Sous des dehors « humanistes », il y a la volonté, évidente pour quiconque fréquente les milieux politiques, de porter atteinte aux identités nationales comme à la véritable identité européenne, de peser à la baisse sur les salaires, d’organiser les flux économiques entre une partie du monde travaillant dans des conditions proches de l’esclavage et des îlots de consommation (au moins provisoirement), avec comme conséquence inéluctable l’appauvrissement du plus grand nombre et l’enrichissement sans vergogne de la petite caste qui profite de ces flux.

    Ce n’est d’ailleurs pas en « tiers-mondisant » la France que l’on résoudra les problèmes du tiers-monde, mais c’est, comme l’a proposé Marine Le Pen dans son ambitieux programme en direction de l’Afrique, par une politique de développement différente de celle que l’on a menée jusqu’à présent, qui consistait trop souvent à prendre l’argent des pauvres des pays riches, pour le donner aux riches des pays pauvres.

    Dans votre légitime souci d’universalité spirituelle, ne confondez pas l’égalité ontologique de tous les Hommes avec brassage des populations, et, quoi que l’on vous dise, sachez que la préférence nationale n’est pas contraire à la justice distributive, car il est légitime que les Français soient prioritaires chez eux, comme les étrangers le sont légitimement dans leur propre pays. Rappelez à cet égard les justes propos du Cardinal Feltin, alors archevêque de Paris : « L’Eglise qui proclame que tous les hommes sont frères, corrige l’interprétation erronée qu’on donne parfois à cette fraternité universelle. Elle déclare, en effet, que chacun doit aimer particulièrement ceux qui sont nés sur le même sol que lui, qui parlent la même langue, ont hérité des mêmes richesses historiques, artistiques, culturelles, qui constituent dans l’humanité cette communauté spéciale que nous appelons notre patrie, véritable mère, qui a contribué à former chacun de ses enfants. Elle a droit à un amour de préférence ».

    Nous ne prétendons pas vous imposer un choix électoral au nom de vos valeurs spirituelles, qui sont aussi les nôtres. Toutefois nous osons affirmer que notre projet n’est en rien incompatible avec celles-ci. Rappelons par exemple la « Note doctrinale sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique » donnée en 2002 par le cardinal Ratzinger alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et confirmée par lui, alors devenu pape, devant les représentants d’un groupe parlementaire européen en 2007 : « protection de la vie dans toutes ses phases ; reconnaissance et défense de la structure naturelle de la famille — union entre un homme et une femme fondée sur le mariage — ; protection du droit des parents à éduquer leurs enfants ; protection sociale des mineurs ; libération des victimes des formes modernes d’esclavage ; droit à la liberté religieuse ; développement d’une économie au service de la personne et du bien commun ; respect de la justice sociale, de la solidarité et de la subsidiarité ; sauvegarde de la paix ». À cette aune, si le programme de Marine Le Pen vous paraît imparfait, comme toute initiative humaine, celui d’Emmanuel Macron demeure le plus éloigné de ces principes, n’en déplaise au journal « La Croix » et à certains membres de l’épiscopat.

    En effet, ce programme ne va pas à l’encontre des valeurs chrétiennes dont nous connaissons l’importance dans la formation de la civilisation française et européenne. C’est finalement à un véritable retour au réel et au sens commun que nous aspirons légitimement et nous voyons avec espoir se dissiper progressivement la chape de plomb affective et idéologique qui pesait sur une grande partie des catholiques, clercs ou laïcs, et qui, tout en les empêchant de rappeler à temps et à contre temps les vérités enseignées par le Magistère, les incitait au contraire à hurler avec les loups contre les seuls mouvements de résistance politique face à la décadence de notre Europe.

    Vous avez donc le droit de voter « National ». Vous en avez la possibilité, et c’est peut-être l’une des dernières qui vous soient données d’enrayer la décadence de nos mœurs, de notre culture, et de notre Patrie.

    Nous affirmons avec Marine Le Pen que « l’enjeu de cette présidentielle est un enjeu de civilisation » et pour notre part, nous continuerons notre pacifique combat, nous souvenant des paroles de Jean-Paul II qui, il y a 30 ans, lors de sa rencontre à Rome avec le premier groupe de nos députés européens, leur avait adressé ce message :

    « Continuez à vous battre contre la décadence morale de l’Europe ! ».

    Bruno Gollnisch, député européen, membre du bureau politique du Front National

    Pascal Gannat, président du groupe FN au conseil régional Pays-de-la-Loire et membre du bureau politique du Front National

  • Les conseillers départementaux de Béziers vous souhaitent de joyeuses fêtes de Noël

     

    N'OUBLIONS PAS

    LES CHRÉTIENS D'ORIENT

     

     

    Plongés dans la guerre par l'inconséquence de nos dirigeants occidentaux, français notamment, les chrétiens d'Orient font preuve d'un courage admirable. Ce ne sont pas eux qui se glissent dans les colonnes de migrants, pour nous apporter mort et destruction.

    Il nous est apparu essentiel de leur dédier tout particulièrement cette année nos vœux de Noël.

    Nous nous joignons à ceux de de Mgr Ignace Youssef III YOUNAN, patriarche d’Antioche de l’Église syriaque catholique.

     

    À nos vénérables frères Archevêques et Évêques, aux révérends Pères, Diacres, religieux, religieuses et séminaristes. Et à tous nos fidèles au Liban, en Orient et à travers le monde,

    Paix et amour dans le Seigneur Jésus–Emmanuel, Dieu parmi nous :

    À l’occasion des festivités de la Nativité de notre Seigneur, et à l’approche du Nouvel An 2017, nous avons la joie de vous adresser nos vœux les meilleurs, implorant le Divin Enfant de combler votre vie des richesses de ses dons, et de bénir par le don de « Sa Paix » notre monde tourmenté.

    Nous pensons tout particulièrement aux membres de notre Église syriaque catholique, clergé et fidèles expulsés depuis des années de leurs terres natales en Syrie et en Irak, et qui sont devenus des réfugiés à l’intérieur et en dehors de leurs pays. Nous voudrions leur assurer notre solidarité, tout en condamnant leur déracinement par ceux qui fomentent la haine religieuse soutenu par le silence scandaleux des puissants de ce monde. Nous sommes bouleversés par la pensée que beaucoup parmi les chrétiens, soient privés de la joie de Noël et angoissés face à leur avenir.

    Avec la sollicitude du pasteur appelé à participer aux souffrances de sa communauté tragiquement éprouvée, nous vous exhortons à faire revivre l’Espérance en Jésus venu au monde annoncer « aux exilés la délivrance ». Nous avons la pleine confiance que le jour de votre délivrance ne tardera pas à venir, surtout que nous venons de visiter la Plaine de Ninive en Irak enfin libérée des bandes terroristes et, que la ville d’Alep meurtrie pour plus de quatre ans vient d’être libérée et unifiée. Justement, il est temps de vivre l’Espérance afin que tous les exilés puissent retourner dans leur terre ancestrale et participer à la restauration de leurs pays.

    Aux membres de notre diocèse patriarcal du Liban, nous souhaitons des heureuses fêtes de la Nativité du Seigneur et du Nouvel An. Nous partageons avec eux l’espoir que l’élection d’un nouveau président de la République et la formation du gouvernement puissent œuvrer à redonner au Liban l’image d’un pays unifié et civilisé au Proche-Orient.

    Nous ne perdons pas de vue les familles qui ont perdu un des leurs dans la tourmente qui déchire depuis quelques années la Syrie et l’Iraq. Nous leurs exprimons toute notre sympathie, en les soutenant de nos ferventes prières, afin qu’ils persévèrent dans l’Espérance et soient, artisans de réconciliation chrétienne, malgré la dure épreuve qui les touche.

    A nos chers fidèles de Terre Sainte, de Jordanie, d’Egypte et de Turquie, et à ceux qui ont été forcés à l’exile en Europe, en Amérique au Canada en Australie et à travers le monde, nous leur adressons également nos vœux très sincères de Joyeux Noël. Nous leur rappelons à persévérer fidèlement dans la foi et l’espérance et privilégier toujours les liens qui les rattachent à l’Eglise Syriaque d’Antioche, leur Eglise-Mère.

    O Verbe Éternel venu dans notre monde assumant notre humanité déchue,  Prince de Paix et Soleil de justice. Emmanuel, Dieu parmi nous, accorde-nous la grâce de pouvoir vivre l’Amour et la Paix dans nos pays tourmentés par les dissensions et les rivalités. Rappelle-nous d’être toujours tes disciples et de vrais témoins de ton Évangile.

    C’est avec une grande joie que j’implore sur vous, sur vos familles et vos enfants, les bénédictions célestes :

    Que la grâce de la Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, descende sur vous, vous bénisse et vous garde de tout mal. Amen.

    Le Christ est né, Alléluia! Bonne Année Nouvelle !

     

    Ignace Youssef III YOUNAN

    Patriarche d’Antioche de l’Eglise Syriaque Catholique

  • Deux textes essentiels du cardinal Wojtyla sur la famille

     

    173284753.jpgC’est une initiative particulièrement heureuse et bienvenue que viennent de prendre les éditions Téqui en publiant deux textes essentiels du Cardinal Wojtyla sur la famille en tant que communio personarum.

    Ces deux articles, écrits en 1974, constituent le fondement sur lequel l’auteur, devenu le Pape Jean Paul II, élaborera son magistère sur le mariage et la famille. C’est dire leur importance pour saisir la portée de ce magistère. On y trouve déjà les principes qui seront déployés dans les grands textes magistériels qui, de Redemptor hominis à Evangelium vitae et à Familiaris consortio, sans oublier les grandes catéchèses, feront de la famille l’un des axes majeurs du pontificat. Mais on y trouve surtout le soubassement conceptuel sur lequel se fonde ce magistère.

    Deux points suscitent une attention particulière. Le premier est « l’anthropologie théologique », qui renvoie au Commencement (p. 29) afin d’y retrouver la vérité du mariage et de la famille. C’est là un point capital. La vérité d’une chose se manifeste à son origine et non dans un « présent » qui hypertrophie les apparences au détriment de l’essence.

    Tout le positivisme sociologique contemporain se trouve ainsi radicalement contesté dans sa prétention à adapter la norme à la réalité, car cette réalité lui échappe ; il n’en saisit que des apparences perverties et non la vérité ontologique. L’anthropologie wojtylienne de la famille, métaphysique avant d’être théologique, porte en cela un coup décisif à une certaine « modernité » dont elle fait apparaître l’insigne faiblesse conceptuelle.

    Le second point capital est le réalisme profond dans lequel s’ancre la notion de communio personarum. Comme il le fera pour les droits de l’homme dans sa première encyclique, Wojtyla ramène le personnalisme, toujours menacé de verser dans le subjectivisme, à la réalité première que constitue l’aptitude ontologique de la personne à la communion. Il en résulte une conception profondément réaliste du lien conjugal qui actualise la communio personarum dans le mariage, expressément soulignée à plusieurs reprises (p. 43 et 47 notamment).

    Ces deux contributions majeures du Cardinal Wojtyla sont introduites par une préface de Mgr Livio Melina, éminent théologien moraliste, qui met très bien en perspective les fondements mais aussi les prolongements de la théologie wojtylienne du corps dans une fidélité à la pensée de saint pape polonais qui lui a valu récemment d’être mis à l’écart de la direction de l’Institut Jean Paul II pour les études sur le mariage et la famille de l’Université pontificale du Latran…

    L’ouvrage est complété, enfin, par le texte d’une conférence prononcée par l’un des plus remarquables interprètes du magistère de saint Jean Paul II, le Cardinal Carlo Caffarra, qui vient opportunément remettre de l’ordre et de la substance dans des questions qui, hélas, s’enlisent à nouveau dans une pseudo « pastorale » étriquée, aussi ridicule que désuète.

    Il est à espérer que la publication de ce texte magistral annonce l’édition en français des œuvres majeures de ce grand théologien, témoin admirable du renouveau de la pensée catholique sous les pontificats de saint Jean Paul II et de Benoit XVI.  

    Cardinal Karol Wojtyla, Famille et communion des personnes, préface de Mgr Livio Melina, annexe du Cardinal Carlo Caffarra, Téqui, 2016. 

    Jean-Baptiste DONNIER - Politique magazine

  • Tous responsables et coupables ! Une belle brochette de faux-culs. Lisez ces deux articles de circonstance

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    Après avoir depuis des décennies mené une politique criminelle d'invasion, ils tentent d'atténuer leurs responsabilités en présentant ces attentats comme l'action de déséquilibrés et l'islam une religion de paix qu'il convient de "renforcer" selon Manuel Valls.

    Ils persistent dans leur trahison.
    L'humour noir de Brighelli est tout à fait de saison.
    Et Jean-Yves Camus, homme de gauche, remet les notions à leur place.

     

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    Tant d’amour et de paix, ça laisse muet…

     

    Un article de Jean-Paul Brighelli

     

    Je ne parlerai pas des martyrs de Charlie. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne disserterai pas sur les massacres du Bataclan et d’ailleurs. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je n’évoquerai pas les tueries de Boko Haram, de l’AQMI, d’Al-Qaïda, d’Al-Nosra et d’une foule d’autres groupes d’assassins organisés, en Syrie et ailleurs, au nom du Prophète, sur lui la paix et la lumière. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne dirai rien des près de 300 morts tués dans un attentat à Bagdad le 3 juillet, ni des 15 autres tués dans la même ville le 25, ni… Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Et j’ai eu tort de parler ici-même des infidèles tués au musée du Bardo l’année dernière. Car j’ai pris le risque de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne rappellerai pas, pas même pour mémoire, les centaines de viols perpétrés à Cologne, entre autres, au dernier jour de l’An — bonne année ! Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne gloserai pas sur les attentats commis en Arabie saoudite, au Yemen, en Syrie, en Irak, en Turquie. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Ni même ne comptabiliserai-je les 80 morts de Kaboul de samedi dernier — les derniers dans une très longue liste. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Ne comptez pas sur moi pour condamner les attentats à la hache, à la machette, et autres procédés ingénieux perpétrés en Allemagne ces derniers jours. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    De même ne commenterai-je pas l’utilisation d’acide au Pakistan pour défigurer les jeunes filles « impudiques » — la dernière a été étranglée par son frère. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne dirai rien, oh non, sur le prêtre octogénaire égorgé ce mardi 26 juillet dans une église normande pendant la messe par deux courageux « soldats » de Daech — tout comme d’autres valeureux combattants de Daech avaient fixé au sommet d’une colonne romaine le corps décapité du conservateur octogénaire de Palmyre — ce sont des hommes qui aiment les vieillards, et ils ont prouvé à Nice qu’ils aiment aussi les enfants. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    (Parenthèse. Si un vieil imam avait été tué dans une mosquée par deux connards — ce qui serait difficile vu que les mosquées sont le plus souvent protégées, comme les synagogues, le président de la République et le Premier ministre, si prompts à condamner et à combattre le terrorisme, appelleraient déjà à une manifestation monstre contre la montée des périls d’extrême droite, et envisageraient peut-être de dissoudre tel ou tel groupuscule. Et sans doute auraient-ils raison. Mais ils n’envisagent pas, semble-t-il, de dissoudre l’islam, ni de prendre de vraies mesures contre les milliers de terroristes islamistes potentiels français — ou qui se sont invités en France. Car l’islam est une religion de paix et d’amour. Fin de parenthèse)

    Et je ne citerai pas les sourates qui appellent au meurtre des infidèles, par le fer et par le feu. Car l’islam est une religion de paix et d’amour, et seules de méchantes langues propagent ce genre d’information.

    Et si jamais demain je me fais égorger par un illuminé, mes amis, ne mettez pas en cause l’islam. Car l’islam est une religion de paix et d’amour.

     

    Causeur.jpgLe problème aujourd’hui, c’est l’islam radical,

    pas la droite nationale

     

    Entretien avec Jean-Yves Camus

     

    Causeur. L’attaque de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray et l’égorgement du prêtre revendiqués par l’Etat islamique visent-ils à provoquer des affrontements entre chrétiens et musulmans, voire une guerre civile faisant imploser la société française, comme vous le faisait dire Libération dans un entretien réalisé avant l’attentat de Nice1 ?

    Jean-Yves Camus.2 Précisons d’abord que je ne souhaite pas l’implosion de la société française. Au-delà de mon positionnement politique clairement à gauche, je suis avant tout français. C’est la France qui est attaquée depuis des mois, elle n’a pas décidé d’être en état de guerre. J’ignore quelle sera la réaction de la société française à l’acte terroriste d’hier mais je suis certain que les catholiques de France ne se dresseront pas contre une autre partie de la nation. Clairement, le choix du lieu, de la cible et du moment de l’acte manifestent une attaque réfléchie et pensée contre l’Eglise catholique, ses prêtres et ses fidèles. C’est un acte de guerre de religion. On a aussi franchi un nouveau cap dans la localisation géographique des actes : après la capitale, après une très grande ville de province, c’est une petite ville de la France profonde qui est visée. Et la victime est un prêtre égorgé dans son lieu de culte le jour de l’ouverture des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), ce qui n’est pas un hasard.

    Est-ce à dire qu’au même titre que l’antisémitisme, l’antichristianisme est aujourd’hui un puissant moteur de la violence djihadiste ?

    Même s’il y a une composante spécifiquement antijuive dans le discours de l’islam radical, dès l’époque d’Al-Qaïda, on était face à une organisation se réclamant du « front mondial contre les croisés ». La référence aux Croisades inclut bien évidemment les chrétiens. C’est l’ensemble des sociétés « apostates » qui est visé. Il n’y a qu’à voir le sort réservé aux chrétiens du Proche-Orient qui n’ont même plus aujourd’hui la possibilité de vivre en dhimmitude. Auparavant, ils étaient dans une situation insatisfaisante mais au moins pouvaient-ils vivre sur place. Maintenant, en Syrie ou en Irak, dans les zones contrôlées par Daech du moins – Bachar Al-Assad n’ayant jamais persécuté ni exterminé les chrétiens –, les chrétiens ne peuvent plus survivre. Mais ce n’est pas une raison pour croire que les chrétiens d’Orient doivent venir vivre chez nous. La solution consiste au contraire à ce que nous leur permettions de vivre à nouveau dans ces pays où ils sont implantés depuis deux millénaires, comme le réclame légitimement l’œuvre d’Orient.

    Depuis hier, beaucoup de « chrétiens d’Occident » vivent dans la crainte, sinon dans la colère. Jugez-vous crédible l’hypothèse d’une réplique violente d’« ultradroite » au djihadisme ?

    Il ne faut pas éliminer la possibilité qu’il existe un fou furieux, un déséquilibré ou un individu ayant par ailleurs des idées qui, demain, commette un acte terrible. Au moment de l’affaire Breivik, j’ai dit que cet homme avait des idées d’extrême droite (qu’il avait d’ailleurs exposées) mais que ce n’était pas une raison pour imputer la responsabilité de son acte au Parti du progrès dont il avait été adhérent. De même, ce n’est pas parce que qu’un de ses membres commettra un acte criminel que cela mettra en cause l’ensemble des mouvances de la droite nationale. Même après l’affaire du prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray, personne ne peut penser que les milieux cathos-tradis ou le Front national n’incitent leurs militants à passer à l’action violente. Si une réplique se produisait un jour, compte tenu de la manière dont le paysage politico-médiatique fonctionne, cet acte aurait des répercussions dramatiques pour l’ensemble de la droite.

    Pourquoi ?

    Quand on réagit sous le coup de l’urgence, sans avoir toutes les informations nécessaires, ou avec un parti pris idéologique, les mises en cause sont toujours générales. Si des représailles se produisaient, tous ceux qui font de l’islamophobie l’alpha et l’omega de la politique française, qui pensent que la France est naturellement islamophobe, que l’Etat a instauré des discriminations, pourraient dire : « Vous voyez bien, nous l’avions annoncé ! » Or, le problème aujourd’hui est l’islam radical et les attentats qu’il commet. On ne peut pas coller le label d’islamophobe à la France tout entière ni à l’Etat. Le risque, c’est qu’un acte isolé efface cette vérité et donne la possibilité aux pyromanes habituels, au lieu de voir le problème auquel la France est confrontée – la guerre que l’islam radical nous a déclarés -, de renverser la perspective en expliquant que l’islamophobie galopante est le problème du pays.

    Trouvez-vous donc infondées les critiques de la politique internationale « islamophobe » de la France, engagée sur plusieurs fronts en Afrique et au Proche-Orient ?

    On a vu des gens se réunir place de la République à Paris autour du slogan « Leurs guerres, nos morts ». Mais nos guerres sont légitimes ! C’est leur guerre qui est illégitime. Quand on intervient en Syrie ou en Irak sous quelque forme que ce soit, quand des soldats de nos forces spéciales vont en Libye pour éviter que les islamistes en fassent un nouvel Etat sous leur coupe, la France est dans son droit. Depuis vingt ans, on entend toujours les mêmes, d’ailleurs peu nombreux, prétendre que si nous n’étions engagés sur aucun de ces théâtres d’opération, il ne se passerait rien. Malheureusement, on pourrait se retirer demain matin du Mali, de Libye, d’Irak et de Djibouti même, la guerre de civilisations lancée par Daech serait toujours là.

  • CA SUFFIT !

     

    La parole est avant tout aux catholiques français. On ne dira jamais assez que ce prêtre égorgé est un symbole fort de la guerre totale engagée contre la nation française. La colère de Civitas illustre la réaction légitime qui doit tous nous mobiliser.

    Henri Bec

     

     

    La France – et avec elle toute la Chrétienté – est à nouveau plongée dans l’effroi. L’Etat Islamique revendique l’envoi ce matin de deux hommes dans l’église de Saint-Etienne-du Rouvray, où ils ont égorgé un prêtre et blessé grièvement un fidèle. Les deux ignobles barbares sont ensuite morts sous les tirs de la police

    Notre devoir est de prier pour le repos de l’âme de ce prêtre, de prier pour le fidèle blessé, de prier pour leurs familles.

    Mais il est aussi de notre devoir de laisser éclater une sainte colère. “Le silence est la plus grande persécution. Jamais les saints ne se sont tus.” (Blaise Pascal)

    De par le monde, et notamment au Proche-Orient, il n’est hélas pas rare que des prêtres et leurs fidèles payent encore le prix du sang. Leur martyre ne soulève pourtant que peu de compassion en cette Europe déchristianisée et laïciste.

    Désormais, les barbares commettent leurs attentats et leurs crimes abominables à l’intérieur même de nos villes. Nous payons ainsi le prix de la folie des autorités politiques et religieuses.

    En 1974, le président algérien Boumediene avertissait : “Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour aller dans l’hémisphère nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis.”

    Hélas, nos gouvernements successifs, et avec eux une grande part du clergé, ainsi que les médias et la haute finance, ont livré notre continent européen à ce qu’il faut appeler une invasion migratoire.

    Après avoir organisé le chaos en Irak, en Syrie, en Libye, des cercles mondialistes précipitent ainsi l’Europe dans une guerre sur son propre sol.

    - C’est une sainte colère que nous avons à l’encontre de nos gouvernants dont la mission est d’assurer le bien commun de leur peuple mais qui ont tout fait pour l’abandonner au danger.

    - C’est une sainte colère que nous avons à l’égard de cette part du clergé qui confond charité et grand remplacement.

    - C’est avec une sainte colère que nous réclamons à la tête de la France des dirigeants qui, comme naguère à Poitiers, allient force et détermination pour stopper une invasion meurtrière.

    - C’est avec une sainte colère que nous réclamons dans nos églises et nos évêchés un clergé qui, comme autrefois à Lépante, forme une armée priante aux côtés de l’armée combattante avec la volonté commune d’empêcher l’invasion.

    L’amour surnaturel de l’Eglise et l’amour naturel de la patrie procèdent du même et éternel principe. Tous les deux ont Dieu pour auteur et pour cause première, d’où il suit qu’il ne saurait y avoir entre les devoirs qu’ils imposent de répugnance ou de contradiction.” (Léon XIII, Encyclique Sapientiae Christianae)

    - C’est avec une sainte colère que nous exigeons que des mesures immédiates soient prises pour mettre hors d’état de nuire tous les individus fichés pour appartenance ou sympathie avec un réseau islamiste proche de l’Etat Islamique, du Front al-Nosra ou de quelconque autre groupe d’égorgeurs présentés comme “modérés” lorsqu’ils agissent en Syrie et armés là-bas par nos gouvernants pour renverser Bachar el-Assad, groupes dont nous voyons aujourd’hui la véritable nature directement sur notre sol et qu’il faut éradiquer avec toute la force nécessaire.

    - C’est avec une sainte colère que nous exigeons l’arrêt immédiat de toute immigration d’origine extra-européenne.

    - C’est avec une sainte colère que nous exigeons le grand rembarquement de toute cette immigration d’origine extra-européenne arrivée avec la bénédiction de Madame Angela Merkel et de François Hollande.

    Alain Escada,
    président de Civitas