La France est envahie. Ce n’est pas être « lepéniste », ce n’est pas être « fasciste », « populiste », « nationaliste », de droite ringarde, d’extrême droite – que sais-je, tant ces mots du langage officiel semblent recouvrir d’amas d’horreurs ! – que de dire tout simplement que la France est submergée par l’immigration.
L’immigration quelle qu’elle soit ! Sans qu’il soit nécessaire de la préciser par qualificatifs interposés. Contrôlée, incontrôlée, légale, illégale, politique, économique, qu’importent ces distinctions de politiciens, elles n’ont plus de sens devant la réalité invérifiable et ingérable des flux migratoires. Il entre en France chaque année – d’après les estimations les plus fiables, mais impossibles à établir scientifiquement – et ce, en dépit de toutes les dénégations, l’équivalent d’une très grande agglomération, voire de plusieurs.
Tout additionné et qui ne l’est jamais dans aucune statistique officielle où la dispersion des chiffres crée l’illusion, il faut compter annuellement par centaines de milliers les étrangers qui s’installent en France de manière définitive ou quasi définitive ou même transitoire, sans qu’on sache vraiment – le prétendu solde migratoire n’étant qu’une notion, elle aussi, illusoire – légalement ou illégalement, malgré les boniments que débitent les discours lénifiants qui s’appuient sur de pseudo-chiffres dont les vrais experts, comme Michèle Tribalat, ont montré l’inanité.
La question qui importune
Cette submersion, toute personne qui se promène un tant soit peu dans les grandes villes, dans les banlieues, dans les gares, les ports, les aéroports, qui emprunte les transports en commun, la constate. De visu, de auditu ou pour parler comme jadis Chirac, notre président défunt, du temps où il osa aborder la question pour motif électoral, de odore. Il n’est même pas besoin d’aligner des chiffres ; c’est de l’ordre de l’évidence. En tous les cas, pour tous les braves Français – de souche comme on dit ou même d’origine plus récente mais assimilés ou désireux de s’assimiler – qui vivent dans l’ordinaire du quotidien.
Bien sûr, cette réalité prégnante est épargnée aux privilégiés qui vivent dans les périmètres d’or de la République bourgeoise, organisée, prébendée. Où les palais, les bâtiments et les trottoirs sont impeccables, où les gardes républicains saluent respectueusement, où les chauffeurs stylés attendent au bas des perrons devant les berlines rutilantes, où les portes sont ouvertes par les huissiers, où les restaurants sont sympathiques et de bonne cuisine nationale, comme, pour parler franchement, les toilettes d’une propreté aussi rigoureuse que confortable, où la poste et tous les services publics fonctionnent sans problème, où tout est disposé pour l’agrément de ceux qui jouissent de tels espaces à l’abri de toute intrusion dérangeante et de tout danger extérieur, où le souci financier n’existe pas, ni celui des retraites qui peuvent se cumuler sans travail effectif correspondant, où le discours, l’agitation, la combinaison politiques tiennent lieu d’activités rétribuées qui n’exigent que l’habileté d’échapper aux hourvaris journalistiques, sauf, bien sûr, ceux qui seraient calculés, où, finalement, les excès ne sont que de quelques gros homards et de quelques bonnes bouteilles qu’une main malveillante a su prendre en photo.
Pour le reste, vous êtes là et vous disposez de la vie et de la mort des gens, de leur univers moral et mental, de leur éducation dès le sein maternel, de leur famille, de leur filiation – c’est ce qui se joue en ce moment –, de leur naissance, bientôt de leur gestation, mais aussi bien de leur agonie, de leurs gènes, de leur être physique, psychologique, social, politique, économique, de leur patrimoine, de leur retraite… Vous réglez tout ; une petite voix de ministresse tranche avec autorité de ce que la République pense et définit ; sous ses auspices, vous êtes le souverain législateur qui édicte le bien et le mal, la norme éthique et politique qui est érigée en absolu légal et en vérité métaphysique.
Vous dirigez le pays ; vous fixez son budget avec l’argent anonyme du contribuable ; vous faites semblant d’affecter des sommes sur des postes prévus d’avance ; les contrôles ne s’effectueront qu’a posteriori et ne serviront pratiquement à rien.
Vous ne sortez de cet univers que pour de prétendues enquêtes ou des travaux de commission dont les effets s’évanouissent dès qu’il s’agit de mettre fin à des scandales. Vous ne connaissez la situation des populations que par des récriminations violentes ou par des incursions rapides, plus ou moins furtives, ultra-protégées, sinon mises en scène pour les caméras, et de toute façon inefficaces quant aux résultats.
Vous vous exaltez de l’ivresse du pouvoir. Le pays est à vous et ce pays est la France. Pensez donc ! Pas de mandat impératif ; le programme est celui que vous concoctez ; vous êtes la nation souveraine. Et, cependant, vous êtes aux ordres du parti ; vous dépendez d’instances, voire directe ment d’un président, qui ne croient plus en la souveraineté de la France – c’est dit et redit – et qui s’imaginent régler les problèmes en les traitant à des niveaux supranationaux où tout est flou, truqué, contestable et contesté.
L’immigration, question de pouvoir
Voilà la pure folie. Le tableau brossé à la hâte mais véridique manifeste l’abîme d’incompréhension qui sépare le petit monde dit dirigeant où toutes les ambitions veulent s’agréger, et le peuple français dans les angoisses de sa vie quotidienne. Tout cela a été dit, archi-dit, mais sans envisager les conclusions politiques de telles analyses. Nous en sommes là et la prochaine crise risque de mettre en évidence la perversité du système. Chacun cherche à s’en emparer sans jamais dénoncer le vice du mécanisme.
Macron a assez de finesse pour saisir les enjeux que les prochaines échéances électorales réactualiseront, dans l’idée que la présidentielle de 2022 doit être la réédition de celle de 2017. C’est facile à concevoir ! Élimination successive de la gauche et de la droite : reste à rafler la mise au Rassemblement National. Et donc Macron pour qui l’immigration n’était pas un problème, n’hésitant pas à saluer dans tous les allogènes du territoire des Français à part entière comme les autres, mieux que les autres, place soudain, au cours du mois de septembre écoulé, l’immigration comme sujet de préoccupation nationale. L’affaire est lancée comme une opération de toute urgence lors du discours du lundi 16 septembre au ministère des Relations avec le Parlement. Surprise ! Mais les conseils des ministres s’enchaînent comme les réunions parlementaires et ministérielles, en prévision du grand débat à l’assemblée début octobre qui sera suivi d’annonces par le gouvernement. Et Macron de reprendre à son compte l’analyse sociologique ci-dessus résumée et de fustiger le caractère « bourgeois » de ses troupes qui risquent de renâcler. Et c’est déjà le cas pour une bonne vingtaine de députés qui protestent et signent des tribunes. Macron persiste et joue crânement son jeu, déclarant en conseil des ministres : « il y a la coquetterie de ceux qui ne veulent pas parler de l’immigration ». Et d’évoquer la synthèse d’un « humanisme » qui n’aille pas jusqu’au « laxisme » et d’une « réalité de terrain » à laquelle il renvoie les belles âmes aveuglées. Le débat en cours ne sera pas serein et n’aboutira qu’à de vagues et imprécatoires considérations ainsi qu’à des mesures impraticables, mais le terrain politique aura été occupé en vue de la stratégie électorale.
Les titres de séjour délivrés s’établissaient à 262 000. Ça fait déjà presque 400 000 si on ajoute les dizaines de milliers de mineurs, 40 000 à ce jour, que les départements qui n’en peuvent plus, doivent accueillir, loger, soigner, nourrir et prendre en charge, mineurs isolés non accompagnés (MNA) sans papier fiable et dont certains sont incontestablement des majeurs, mais il est interdit de le vérifier par des tests. Demandez donc aux braves gens qui s’en occupent, ce qu’ils en pensent. C’est sans compter les clandestins que personne ne peut dénombrer et tous ces autres, clandestins ou non, qui profitent de l’espace Schengen et des accords de Dublin ; car la France est devenue la destination de ce qu’on ose appeler « une immigration de rebond », c’est-à-dire de flux migratoires venus d’Allemagne, de Belgique, d’Espagne, d’Italie. Macron a tout à coup réalisé qu’il fallait que « la France soit moins attractive » !
L’aide médicale d’État (AME) a profité à 330 000 bénéficiaires, tous soins payés, pour motif humanitaire et pour éviter les contagions. D’après le dernier rapport parlementaire plus de 100.000 ménages bénéficient de l’allocation pour demandeurs d’asile (ADA). Macron a été obligé de reconnaître, lors de la conférence des Ambassadeurs, que la France était le premier pays d’Europe pour les demandes d’asile. Elles sont en hausse de 22 % ! Impossible de traiter tous ces dossiers. La législation européenne est débile. Salvini l’a répété, il avait raison. Orban ne veut pas en être prisonnier. Et, maintenant, que faire ? Un migrant ne peut pas être renvoyé sans l’accord de son pays d’origine. Comment obtenir les documents consulaires ? Sur les 100.000 obligations de quitter le territoire décidées en France chaque année, à peine 15 % sont exécutées. Et encore, souvent, avec pécule !
Lorsque Macron, après le départ de Salvini, est allé à Rome, le 18 septembre, pour renouer avec l’Italie, Giuseppe Conte en a profité logiquement pour lui demander que la France maintenant, accueille aussi les migrants économiques sans distinction de statuts, ce que la France refusait jusqu’à présent, et que les ports français s’ouvrent au débarquement de migrants comme les autres ports méditerranéens pour assurer une rotation ! Pour faire bonne mesure, Macron a décidé d’accueillir 150 migrants de l’Open Arms.
Donc Macron, donc l’Europe reparleront nécessairement de quotas. Il en est question. Le président français n’a-t-il pas déclaré qu’il s’agissait « de trouver un équilibre entre la responsabilité et la solidarité » ? Les coûts d’une telle politique sont exponentiels et, en réalité, non chiffrés. L’AME, à elle seule, atteint le milliard, l’ADA plus d’un demi-milliard ; l’asile lui-même, un milliard ; l’aide aux mineurs, deux milliards. L’expulsion d’un clandestin : 14 000 €.
La loi Asile et Immigration de Collomb n’a apporté aucun résultat. Les futures dispositions macroniennes n’en auront pas plus. C’est impossible : il rêve d’une Europe qui assumerait le problème. En accord avec Ursula Von der Leyen et le nouveau commissaire chargé de « la protection du mode de vie européen », le Grec Margaritis Schinas ! [Photo] Rien que l’intitulé fait rugir les opposants.
Mais peu lui chaut l’impasse, Macron avance sur sa voie. Il a dit aux parlementaires LREM : « Vous n’avez qu’un opposant : le Front national ; il faut confirmer cette opposition ». C’est clair. Et peu importe que la France soit coupée en deux. Et envahie.
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