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  • L’Assemblée nationale a voté un nouvel abandon de souveraineté. E. Ménard ne s’y est pas opposé !

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    Le texte a été publié le 25 août. Il s’agit d’une résolution européenne, procédure autorisée par la Constitution, qui permet aux assemblées d’adopter des résolutions portant sur des projets juridiques européens. La présente résolution procède à un transfert pur et simple de souveraineté à l'Europe.

    - Elle salue notamment les propositions de la commission pour développer l'autonomie stratégique européenne dans le domaine pharmaceutique ;

    - Elle soutient la création d'une nouvelle agence sanitaire ;

    - Elle évoque l'opportunité d'une modification des traités.

    Il convient de noter que la Constitution de 1958 avait interdit ce type de déclaration de principe… Mais ça, c'était avant, quand un semblant de souci national demeurait encore présent dans les esprits et les cœurs.

    On voit d'ores et déjà que ce texte n'a pour seule utilité que d'annoncer et demander une nouvelle renonciation à notre indépendance nationale, ici dans le domaine de la santé, comme cela s'est pratiqué dans de nombreux autres disciplines.

    L’histoire récente de la pandémie nous permet d'analyser les expériences vécues, en particulier la décision qui a été prise à l’été 2020 de confier à la Commission européenne l’achat en commun des doses de vaccins qui sont, pour la quasi-totalité, contrôlées par des entreprises pharmaceutiques hors Union Européenne, ce qui a entrainé d’importantes tensions quant aux difficultés d’approvisionnement.

    On a vu alors l’importance qu’il y avait, pour les autorités nationales, de pouvoir contrôler l’essentiel de la gestion d'une crise sanitaire. Constatons, par exemple, que l’Espagne a parfaitement su gérer la vaccination, avec rapidité et efficacité. Nous avons vu également les vives tentions quant à la fermeture des frontières.

    L’Union Européenne n’est cependant pas dépourvue de politique sanitaire. Le traité sur le fonctionnement de l’UE précise qu’elle "oriente les politiques de santé". Il n’en reste pas moins que ces dispositions n’ont pas indiqué, loin de là, qu'elles avaient pour finalité d’orienter les réformes des systèmes de santé propres à chaque pays. Ceux-ci doivent impérativement rester entre les mains des pouvoirs nationaux qui ont, par nature, mission et devoir de décider des politiques qu'ils estiment les plus adaptées à la préservation de la santé de leurs concitoyens et de mettre en place les moyens les plus appropriés pour y parvenir. Les décisions différentes qui ont vu le jour montrent bien la diversité des doctrines de prévention. Elles sont, tout naturellement, adaptées aux systèmes mis en place, souvent hérités d'une longue histoire, et donc bien intégrés par les populations, même si des ajustements permanents sont nécessaires.

    L’expérience démontre, en outre, que plus une organisation est vaste et complexe, et avec l’Union Européenne nous avons un modèle du genre, plus le frein sera mis à des prises de décisions rapides et adaptées à la situation.

    Cette loi, présentée par une députée socialiste et une députée LREM, votée en catimini (la presse nous en a peu ou pas parlé), entre bien dans le souci macronien permanent, c'est le fil rouge du quinquennat, de déposséder notre pays de toute trace de souveraineté au profit de puissances et pouvoirs étrangers, dont le bien commun français n’est certes pas leur premier souci.

    Nous avons écrit dernièrement que nous ne serions pas surpris que les prises de positions futures du Clan Ménard se rapprochent du socle socialo-macronien. Toutefois, nous ne pensions pas que cela serait aussi rapide. E. Ménard a été la seule du groupe des non-inscrits à ne pas voter contre cette loi antinationale. Mais "en même temps", restons macronien jusqu’au bout, après s'être abstenue sur cette loi le 25 juillet, E. Ménard appelle à l'union des droites le 26 août sur BFM. Nous nageons en pleine imposture !

    La conclusion en est vite tirée : le Clan Ménard ne s’oppose plus désormais au délitement progressif du pays, pour donner à d’autres les manettes de la décision. Dans ces conditions nous n’avons pas fini de subir capitulations et renoncements.

    Henri Bec

    PS : Pour prendre connaissance de la liste des députés ayant participé au scrutin, cliquez ICI

  • Charles Maurras : le retour ? Un excellent article de Philippe Bilger

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    Bilger.jpgDans cette période du confinement, une étrange alternative existe sur le plan médiatique.

    Une hypertrophie de la dérision, un culte des fous rires ou une focalisation sur les larmes.

    Ou le droit, comme nous vivons au quotidien une expérience hors norme, de nous intéresser à des sujets inédits ou à des personnalités en général exilées, ostracisées, méconnues.

    Il faut remercier la nouvelle Revue Universelle qui publie un passionnant numéro sur "Le nouvel âge du maurrassisme" avec des contributions notamment d'Alain Finkielkraut ou d'Éric Zemmour.

    Pourquoi ?

    Parce qu'il convient de saluer tout ce qui cherche à réduire l'inculture générale, historique, littéraire et politique.

    Parce qu'il est utile, dans un temps d'intolérance et de sectarisme - on déteste en ayant mal lu ou, encore mieux ou pire, sans avoir lu - d'introduire de force dans un monde étriqué les ferments de la curiosité, de la liberté et de l'ouverture, de quelque côté qu'ils se tournent.

    Parce qu'il est navrant que certaines superbes intelligences et incontestables talents littéraires ne soient connus que pour leurs déboires, leurs fautes et leur condamnation.

    Charles Maurras né en 1868 et mort en 1952, relève de ces influentes, transgressives et capitales destinées.

    Loin d'être un bloc, cet homme a été contraste, littérature et engagement, pertinence prophétique, contradiction, haine, violence verbale mais aussi lucidité, repentance et regret.

    Anglophobe certes mais encore plus germanophobe, n'ayant soutenu le maréchal Pétain et le régime de Vichy qu'à cause de cette "divine surprise" de voir le sursaut national.

    Puisque l'Action française, dont il a été le principal animateur, est le vecteur du monarchisme, du nationalisme intégral et se revendique contre-révolutionnaire et antidémocratique. Partisan d'un antisémitisme d'État - contre la double nationalité des Juifs qu'il qualifie pourtant de "glorieuse" pour celle qui ne serait pas française -, il comprend plus tard, emprisonné, ses erreurs sur ce plan, affirmant avoir ignoré en 1944 le sort tragique réservé aux juifs arrêtés par l'Allemagne nazie et il récuse l'extrémisme scandaleux d'un Maurice Bardèche.

    C'est ce même homme qui reproche à Robert Brasillach d'avoir envisagé de faire reparaître "Je suis partout" à Paris en 1941 "parce qu'il ne reverra jamais les gens qui admettent de faire des tractations avec les Allemands".

    Entre 1886 et 1952, il est si prolifique qu'il publie la bagatelle de 10 000 articles dont certains sont féroces à l'égard des ultras de la collaboration.

    Arrêté lors d'une conférence de presse, son procès durera du 24 au 28 janvier 1945. Il sera condamné, pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi (alors que toute son existence intellectuelle et politique il l'a haï), à la réclusion criminelle à perpétuité avec dégradation nationale. Les jurés avaient été choisis sur une liste établie par les ennemis de Maurras.

    Son incarcération sera l'occasion pour lui d'une réflexion lui permettant d'approfondir ou d'amender certaines de ses convictions.

    Il serait trop long - des historiens objectifs l'ont fait - de décrire l'itinéraire intellectuel et politique de Maurras qui serait incompatible avec le caractère simpliste et manichéen de l'ignorance contemporaine. Il me suffit de mentionner quelques-uns de ceux qui ont été marqués et influencés par lui. Ainsi Jacques Bainville, Georges Bernanos, Jacques Maritain, la famille littéraire des Hussards, notamment Michel Déon qui a été un temps son secrétaire et bien sûr de Gaulle dont le terreau a été maurrassien.

    Pour dire la vérité, si j'ai eu envie d'écrire ce billet, ce n'est pas parce que j'ai été saisi par une illumination mais à cause de cette pensée très profonde de Charles Maurras qui m'a poussé à faire partager mon assentiment. Il se pose cette question : "Y a-t-il un progrès ?... Il y en aurait à coup sûr si chaque âge ne s'oubliait à perdre d'un côté ce qu'il gagne de l'autre ; si, la plupart du temps, l'homme ne négligeait de mettre bout à bout ses plus admirables profits".

    C'est totalement juste et remarquablement écrit.

    C'est aussi Charles Maurras.

    Président de l'Institut de la parole

    https://www.philippebilger.com/blog/2020/04/charles-maurras-le-retour-.html

     

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    Et le dernier vient de paraître

     

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  • Les nouveaux sites inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco

    Dans ces jours où l'actualité internationale n'est pas des plus réjouissantes, passons un moment avec ces sites remarquables qui nous réconcilient un peu avec l'activité des hommes

     

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    Photo 1/34© Ville de Nice

    La ville de Nice (France)

    Le Comité du Patrimoine mondial de l’Unesco a récemment clôturé sa 44e session au cours de laquelle il a passé en revue les candidatures soumises en 2020 et 2021.
    Ce sont au final 34 nouveaux sites - 29 sites culturels et cinq naturels - qui rejoignent la liste du Patrimoine mondial cette année. On y trouve quelques biens français dont le phare de Cordouan et la ville de Nice. Trois biens ont également été étendus et un autre a été retiré de la liste du Patrimoine mondial en péril, le parc national de la Salonga en République démocratique du Congo. Mauvaise nouvelle en revanche pour la ville de Liverpool et son port qui se sont vus retirer leur inscription « en raison de la perte irréversible des attributs pour lesquels ce bien avait été inscrit », a expliqué le Comité pour justifier sa décision « exceptionnelle et rare ».

    Voici en images les nouveaux sites qui ont rejoint la liste cette année.

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     La ville d’As-Salt (Jordanie)

    Photo 2/34© TURATH: Architecture and Urban Design Consultants

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    Le complexe des forêts de Kaeng Krachan (Thaïlande)

    Photo 3/34© Sunee Sakseau

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    L’église d’Atlántida, œuvre de l’ingénieur Eladio Dieste (Uruguay)

    Photo 4/34© CPCN, Getty Foundation

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    Le paysage minier de Roșia Montană (Roumanie)

    Photo 5/34© Ivan Rous

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     Les forêts pluviales et zones humides de Colchide (Géorgie)

    Photo 6/34© Agency of Protected Areas

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    Les colonies de bienfaisance (Belgique/Pays-Bas)

    Photo 7/34© Province of Drenthe on behalf of all nomination partners

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    Quanzhou : emporium mondial de la Chine des Song et des Yuan (Chine)

    Photo 8/34© Quanzhou maritime Silk Road World heritage Nomination Center

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    Le temple de Kakatiya Rudreshwara (Ramappa), Telangana (Inde)

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    L’art rupestre culturel de Ḥimā Najrān (Arabie saoudite)

    Photo 10/34© SCTH

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    Le chemin de fer transiranien (Iran)

    Photo 12/34© Hossein Javadi

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    Les étendues cotidales coréennes ou "Getbol" (Corée)

    Photo 13/34© World Heritage Promotion Team of Korean Tidal Flat

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    La Mathildenhöhe à Darmstadt (Allemagne)

    Photo 14/34© Nikolaus Heiss

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    Les frontières de l’Empire romain – le limes du Danube (Allemagne, Autriche, Slovaquie)

    Photo 15/34© BLfD

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    Le Paseo del Prado et le parc du Buen Retiro à Madrid (Espagne)

    Photo 17/34© Ayuntamiento de Madrid

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    Le site créé par l’architecte et artiste Roberto Burle Marx (Brésil)

    Photo 18/34© Iphan/SRBM

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    Le phare de Cordouan (France)

    Photo 19/34© DRAC Nouvelle-Aquitaine

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    Le tell d’Arslantepe (Turquie)

    Photo 20/34© MAIAO

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    Les sites préhistoriques Jomon du nord du Japon

    Photo 21/34© Sannai Maruyama Jomon Culture Center

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    Les cycles de fresques du XIVe siècle à Padoue (Italie)

    Photo 22/34© Comune di Padova Settore Cultura, Turismo, Musei e Biblioteche

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    L’ensemble archéoastronomique de Chanquillo (Pérou)

    Photo 23/34© IDARQ

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    Le paysage d’ardoise du nord-ouest du pays de Galles (Royaume-Uni) 

    Photo 24/34© Crown copyright RCAHMW

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    Les portiques de Bologne (Italie)

    Photo 26/34© Giorgio Bianchi - Comune di Bologna

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    Les sites SchUM de Spire, Worms et Mayence (Allemagne)

    Photo 27/34© Generaldirektion Kulturelles Erbe Rheinland-Pfalz

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    Les œuvres de Jože Plečnik à Ljubljana (Slovénie)

    Photo 28/34© Museum and Galleries of Ljubljana

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    Le limes de Germanie inférieure (Allemagne/Pays-Bas)

    Photo 29/34© Nederlandse Limes Samenwerking

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    Les ruines d’une cité harappéenne à Dholavira (Inde)

    Photo 30/34© ASI

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    Le paysage culturel de Hawraman/Uramanat (Iran)

    Photo 31/34© Hamid Binaei Faa

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    Les mosquées de style soudanais du nord ivoirien (Côte d'Ivoire)

    Photo 32/34©  OIPC

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    Le parc national d'Ivindo (Gabon)

    Photo 33/34© Lee White

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    Les pétroglyphes du lac Onega et de la mer Blanche (Russie)

    Source : GEO

  • Michel Maffesoli : Une société en pleine décadence

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    Michel Maffesoli est bien connu de nos lecteurs. Il est actuellement le plus lucide de nos sociologues. Appliquant avec bonheur la méthode de « l’empirisme organisateur », dégagé de tout esprit de système, il analyse ici les instruments de domination à l’usage de « l’oligarchie médiatico-politique ». Un des passages importants nous semble être celui consacré à la « stratégie de la peur pour se maintenir au pouvoir », dont nous voyons aujourd’hui la mise en œuvre la plus odieuse.

    Constatons en effet que tous ceux qui sont titulaires, ou croient l’être, d’un semblant de pouvoir, peut-être menacés par de futures élections (il n’y a pas que la présidentielle mais aussi les législatives) prônent avec insistance le vaccin et le pass-sanitaire obligatoires. Cela n’a rien à voir avec une nécessité médicale scientifiquement établie (nous en sommes loin) à laquelle ils ne comprennent d’ailleurs rien, mais avec le seul souci de maintenir la population sous un couvercle de peur et d’anxiété, et ainsi renouveler le scénario des municipales et des régionales, provoquer une participation minimale et voir jouer le réflexe conservateur d’une opinion manipulée. 

    Il serait cependant opportun qu’ils descendent de leurs sièges bancals et prennent garde à  la pression qui monte dans la cocotte et risque un jour ou l’autre d’exploser.

    Henri Bec

    Table des matières

    1 Par Michel Maffesoli Professeur émérite à la Sorbonne

    2 La stratégie de la peur pour se maintenir au pouvoir

    3 La morale comme instrument de domination

    4 Pour une philosophie progressive

    5 Cet étrange culte de la science

    6 Démocrates, peut-être, mais démophiles, certainement pas

    7 Face à l’inquisition de l’infosphère

    8 Une vraie psycho-pandémie

    9 De la raison sensible

    10 La faillite des élites est déjà là

     

    Par Michel Maffesoli Professeur émérite à la Sorbonne

    S’accorder au cycle même du monde, voilà ce qui est la profonde sagesse des sociétés équilibrées. Tout comme, d’ailleurs, de tout un chacun. C’est cela même qui fonde le sens de la mesure. Le « bon sens » qui, selon Descartes, est la chose du monde la mieux partagée. Bon sens qui semble perdu de nos jours. Tout simplement parce que l’opinion publiée est totalement déconnectée de l’opinion publique.

    Mais pour un temps, sera-t-il long ? cette déconnexion est quelque peu masquée. C’est la conséquence d’une structure anthropologique fort ancienne : la stratégie de la peur.

    La stratégie de la peur pour se maintenir au pouvoir

    D’antique mémoire, c’est en menaçant des supplices éternels de l’enfer que le pouvoir clérical s’est imposé tout au long du Moyen-Âge. Le protestantisme a, par après, fait reposer « l’esprit du capitalisme » (Max Weber) sur la théologie de la « prédestination ». Vérifier le choix de dieu : être élu ou damné aboutit à consacrer la « valeur travail ». L’économie du salut aboutit ainsi à l’économie stricto sensu !

    Dans la décadence en cours des valeurs modernes, dont celle du travail et d’une conception simplement quantitativiste de la vie, c’est en surjouant la peur de la maladie que l’oligarchie médiatico-politique entend se maintenir au pouvoir. La peur de la pandémie aboutissant à une psycho-pandémie d’inquiétante allure.

    Comme ceux étant censés gérer l’Enfer ou le Salut, la mise en place d’un « Haut commissariat au Bonheur » n’a, de fait, pour seul but que l’asservissement du peuple. C’est cela la « violence totalitaire » du pouvoir : la protection demande la soumission ; la santé de l’âme ou du corps n’étant dès lors qu’un simple prétexte.

    Le spectre eugéniste, l’asepsie de la société, le risque zéro sont des bons moyens pour empêcher de risquer sa vie. C’est-à-dire tout simplement de vivre ! Mais vivre, n’est-ce pas accepter la finitude ? Voilà bien ce que ne veulent pas admettre ceux qui sont atteints par le « virus du bien ». Pour utiliser une judicieuse métaphore de Nietzsche, leur « moraline » est dès lors on ne peut plus dangereuse pour la vie sociale, pour la vie tout court !

    La morale comme instrument de domination

    Étant entendu, mais cela on le savait de longue date, que la morale est de pure forme. C’est un instrument de domination. Quelques faits divers contemporains, animant le Landerneau germanopratin montrent, à loisir que tout comme le disait le vieux Marx, à propos de la bourgeoisie, l’oligarchie « n’a pas de morale, elle se sert de la morale ».

    Le moralisme fonctionne toujours selon une logique du « devoir-être », ce que doivent être le monde, la société, l’individu et non selon ce que ces entités sont en réalité, dans leur vie quotidienne. C’est cela même qui fait que dans les « nuées » qui sont les leurs, les élites déphasées ne savent pas, ne veulent pas voir l’aspect archétypal de la finitude humaine. Finitude que les sociétés équilibrées ont su gérer.

    C’est cela le « cycle du monde ». Mors et vita ! Le cycle même de la nature : si le grain ne meurt… Qu’est-ce à dire, sinon que la beauté du monde naît, justement, de l’humus ; du fumier sur lequel poussent les plus belles fleurs. Règle universelle faisant de la souffrance et de la mort des gages d’avenir.

    En bref, les pensées et les actions de la vie vivante sont celles sachant intégrer la finitude consubstantielle à l’humaine nature. À la nature tout court, mais cela nous oblige à admettre qu’à l’opposé d’une histoire « progressiste » dépassant, dialectiquement, le mal, la dysfonction et pourquoi pas la mort, il faut s’accommoder d’un destin autrement tragique, où l’aléa, l’aventure le risque occupent une place de choix.

    Pour une philosophie progressive

    Et au-delà du rationalisme progressiste, c’est bien de cette philosophie progressive dont est pétrie la sagesse populaire. Sagesse que la stratégie de la peur du microcosme ne cesse de s’employer à dénier. Et ce en mettant en œuvre ce que Bergson nommait « l’intelligence corrompue », c’est-à-dire purement et simplement rationaliste.

    Ainsi le funambulisme du microcosme s’emploie-t-il pour perdurer à créer une masse infinie de zombies. Des morts-vivants, perdant, peu à peu, le goût doux et âcre à la fois de l’existence . Par la mascarade généralisée, le fait de se percevoir comme un fantôme devient réel. Dès lors, c’est le réel qui, à son tour, devient fantomatique.

    Monde fantomatique que l’on va s’employer à analyser d’une manière non moins fantomatique. Ainsi, à défaut de savoir « déchiffrer » le sens profond d’une époque, la modernité, qui s’achève, et à défaut de comprendre la postmodernité en gestation, l’on compose des discours on ne peut plus frivoles. Frivolités farcies de chiffres anodins  et abstraits

    Il est, à cet égard, frappant de voir fleurir une quantophrénie ayant l’indubitabilité de la Vérité ! Carl Schmidt ou Karl Löwith ont, chacun à leur manière, rappelé que les concepts dont se servent les analyses politiques ne sont que des concepts théologiques sécularisés.

    La dogmatique théologique propre à la gestion de l’Enfer ou la dogmatique progressiste théorisant la « valeur travail » s’inversent en « scientisme » prétendant dire ce qu’est la vérité d’une crise civilisationnelle réduite en crise sanitaire. « Scientisme » car le culte de la science est omniprésent dans les divers discours propres à la bien-pensance.

    Cet étrange culte de la science

    Il est frappant d’observer que les mots ou expressions, science, scientifique, comité scientifique, faire confiance à la Science et autres de la même eau sont comme autant de sésames ouvrant au savoir universel. La Science est la formule magique par laquelle les pouvoirs bureaucratiques et médiatiques sont garants de l’organisation positive de l’ordre social. Il n’est jusqu’aux réseaux sociaux, Facebook, Tweeter, LinkedIn, qui censurent les internautes qui « ne respectent pas les règles scientifiques », c’est-à-dire qui ont une interprétation différente de la réalité. Doute et originalité qui sont les racines de tout « progrès » scientifique !

    Oubliant, comme l’avait bien montré Gaston Bachelard que les paradoxes d’aujourd’hui deviennent les paradigmes de demain, ce qui est le propre d’une science authentique alliant l’intuition et l’argumentation, le sensible et la raison, le microcosme se contente d’un « décor » scientiste propre à l’affairement désordonné qui est le sien.

    Démocrates, peut-être, mais démophiles, certainement pas

    Politiques, journalistes, experts pérorant jusqu’à plus soif sont en effet, à leur « affaire » : instruire et diriger le peuple, fût-ce contre le peuple lui-même. Tant il est vrai que les démocrates auto-proclamés sont très peu démophiles. Au nom de ce qu’ils nomment la Science, ils vont taxer de populistes, rassuristes voire de complotistes tous ceux qui n’adhèrent pas à leurs lieux communs.

    On peut d’ailleurs leur retourner le compliment. Il suffit d’entendre, pour ceux qui en ont encore le courage, leur lancinante logorrhée, pour se demander si ce ne sont pas eux, les chasseurs de fake news, qui sont les protagonistes essentiels d’une authentique « complosphère »[1]. Très précisément parce qu’ils se contentent de mettre le monde en spectacle.

    Pour reprendre le mot de Platon, décrivant la dégénérescence de la démocratie, la « Théâtrocratie » est leur lot commun. Politique spectacle des divers politiciens, simulacre intellectuel des experts de pacotille et innombrables banalités des journalistes servant la soupe aux premiers, tels sont les éléments majeurs constituant le tintamarre propre à ce que l’on peut nommer la médiocrité de la médiacratie.

    Face à l’inquisition de l’infosphère

    J’ai qualifié ce tintamarre « d’infosphère ». Nouvelle inquisition, celle d’une élite déphasée regardant « de travers » tout à la fois le peuple malséant et tous ceux n’adhérant pas au catéchisme de la bienpensance. « Regarder de travers », c’est considérer ceux et ce que l’on regarde en coin comme étant particulièrement dangereux. Et, en effet, le peuple est dangereux. Ils ne sont pas moins dangereux tous ceux n’arrivant pas à prendre au sérieux la farce sanitaire mise en scène par les théâtrocrates au pouvoir.

    Il faudrait la plume d’un Molière pour décrire, avec finesse, leurs arrogantes tartufferies. Leur pharisianisme visant à conforter la peur, peut aller jusqu’à susciter la délation, la dénonciation de ceux ne respectant pas la mise à distance de l’autre, ou de ceux refusant de participer au bal masqué dominant. Leur jésuitisme peut également favoriser la conspiration du silence vis-à-vis du mécréant. (celui qui met en doute La Science). Et parfois même aller jusqu’à leur éviction pure et simple des réseaux sociaux.

    Dans tous ces cas, il s’agit bien de la reviviscence inquisitoriale. La mise à l’Index : Index librorum prohibitorum. Délation et interdiction selon l’habituelle manière de l’inquisition : au moyen de procédures secrètes. L’entre-soi est l’élément déterminant de la tartufferie médiatico-politique. L’omerta mafieuse : loi du silence, faux témoignages, informations tronquées, demi-vérités, sournoiseries etc. Voilà bien le modus operandi de la fourberie en cours. Et tout un chacun peut compléter la liste de ces parades théâtrales.

    Voilà les caractéristiques essentielles de « l’infosphère », véritable complosphère dominante. Mafia, selon la définition que j’ai proposée des élites, rassemblant « ceux qui ont le pouvoir de dire et de faire ». Puis-je ici rappeler,  à nouveau,  une rude expression de Joseph de Maistre pour décrire ceux qui sont abstraits de la vie réelle : « la canaille mondaine ».

    Peut-être faudrait-il même dire « demi-mondaine ». Ce qui désigne, selon Alexandre Dumas, une « cocotte » richement entretenue et se manifestant bruyamment dans la sphère médiatique, le théâtre et la vie publique ou politique. Demi-monde on ne peut plus nébuleux dont les principales actions sont de déformer la réalité afin de la faire rentrer en congruence avec leur propre discours. Demi-mondaines entretenues par l’État ou les puissances financières de la démocratie afin de faire perdurer un état de choses désuet et rétrograde.

    Mais cette déformation de la réalité a, peu à peu, contaminé l’espace public.

    C’est cela le cœur battant du complotisme de « l’infosphère » : entretenir « mondainement » la peur de l’enfer contemporain. Anxiété, restriction des libertés acceptée, couardise, angoisse diffuse et tout à l’avenant au nom du « tout sanitaire ». Forme contemporaine du « tout à l’égout » !

    Une vraie psycho-pandémie

    Sans nier la réalité et l’importance du virus stricto sensu, sans négliger le fait qu’il ait pu provoquer un nombre non négligeable de décès, ce qui n’est pas de ma compétence, il faut noter que le « virus » s’est introduit de manière essentielle dans nos têtes. Ce qui devrait nous conduite à parler d’une « psycho-pandémie » suscitée et entretenue par l’oligarchie médiatico-politique.

    Psycho-pandémie comme étant la conséquence logique de ce que Heidegger nomme la « pensée calculante » qui, obnubilée par le chiffre et le quantitatif et fascinée par une  logique abstraite du « devoir être », oublie la longue rumination de la « pensée méditante » qui, elle, sait s’accorder, tant bien que mal à la nécessité de la finitude.

    Voilà ce qui, pour l’immédiat suscite une sorte d’auto-anéantissement ou d’auto-aliénation conduisant à ce que ce bel esprit qu’était La Boétie nommait la « servitude volontaire ». Ce qui est, sur la longue durée des histoires humaines, un phénomène récurrent. Cause et effet de la stratégie de la peur qui est l’instrument privilégié de tout pouvoir, quel qu’il soit.

    Stratégie de la peur qui, au-delà ou en-deçà de l’idéal communautaire sur lequel se fonde tout être ensemble, aboutit, immanquablement à une grégaire solitude aux conséquences on ne peut plus dramatique : violence perverse, décadence des valeurs culturelles, perte du sens commun et diverses dépressions collectives et individuelles. L’actualité n’est pas avare d’exemples illustrant une telle auto-aliénation !

    Il est deux expressions qui devraient nourrir la pensée méditante, ce que Durkheim nomme le « conformisme  logique », ou ce que Gabriel Tarde analyse dans « les lois de l’imitation ». Des insanités déversées d’une manière lancinante, dans la presse écrite, radiophonique ou télévisuelle par l’oligarchie, au spectacle du bal masqué que nous offre la réalité quotidienne, on voit comment la stratégie de la peur induite par l’inquisition contemporaine aboutit à un état d’esprit tout à fait délétère, et on ne peut plus dangereux pour toute vie sociale équilibrée.

    Cette grégaire solitude est particulièrement angoissante pour les jeunes générations auxquelles est déniée tout apprentissage vital. Et c’est pour protéger des générations en fin de vie que l’on sacrifie une jeunesse qui est, ne l’oublions pas, la garante de la société à venir.

    De diverses manières de bons esprits ont rappelé qu’une société prête à sacrifier la liberté, la joie de vivre, l’élan vital en échange de sécurité et de tranquillité ne mérite ni les uns, ni les autres. Et, in fine, elle perd le tout. N’est-ce point cela qui menace, actuellement, la vie sociale en son ensemble ?

    De la raison sensible

    Mais une fois le diagnostic fait, il est nécessaire de formuler un pronostic pertinent. Ainsi, en accord avec le réalisme que l’on doit à Aristote ou à Saint Thomas d’Aquin, il faut savoir mettre en œuvre un chemin de pensée alliant les sens et l’esprit. Ce que j’ai nommé la « raison sensible ».

    Voilà qui peut mettre à bas les châteaux de cartes du rationalisme étroit dans lequel les concepts abstraits servent de pseudo-arguments. Le bon sens et la droite raison réunis peuvent permettre de mettre un terme au brouhaha des mots creux. C’est bien d’ailleurs ce qui est en train de se passer sur les réseaux sociaux dans lesquels grâce aux tweets, forums de discussion, échanges sur Facebook, sites et blogs de résistance divers et presse en ligne est en train de s’élaborer une manière de penser et d’agir différente. Il faut être attentif à la société officieuse en gestation, totalement étrangère à la société officielle propre à l’oligarchie médiatico-politique.

    Il est une heureuse expression que l’on doit à l’universitaire et homme politique Pierre-Paul Royer-Collard (1763 – 1845) qu’il est utile de rappeler de nos jours. C’est ainsi qu’il oppose « le pays légal au pays réel ». Par après cette opposition a été reprise, diversement, par Auguste Comte ou Charles Maurras. Mais elle a l’heur de nous rappeler que parfois, il existe un divorce flagrant qui oppose la puissance populaire, puissance instituante, au pouvoir officiel et institué. C’est ce qui permet de saisir la lumière intérieure du bon sens populaire. C’est ce qui permet de comprendre qu’au-delà de la décomposition d’une société peut exister une renaissance. C’est cette métamorphose qui est en cours. Et au-delà de la soumission induite par la protection, c’est dans le « pays réel » que se préparent les soulèvements fondateurs d’une autre manière d ‘être ensemble.

    Ainsi de la révolte des « gilets jaunes » à la résistance, multiforme, à la mascarade, à la distanciation, voire aux vaccins, c’est une métamorphose sociétale qui se prépare. Le « monde d’après » est déjà là. Métamorphose qui bien évidemment à ce que Vilfredo Pareto nommait, avec pertinence, la « circulation des élites ». 

    La faillite des élites est déjà là

    Une telle circulation est inéluctable. La faillite des élites est, maintenant, chose acquise. La forte abstention aux diverses élections, la désaffection vis-à-vis des organes de presse, émissions de télévision ou radio en portent témoignage. Ce que l’on peut appeler « des bulletins paroissiaux » n’intéresse que des affidés, des petites sectes médiatico-politiques se partageant le pouvoir.

    Or le propre des « sectaires » est, en général, d’être totalement aveugles vis-à-vis de ce qui échappe à leur dogmatique. C’est ainsi que tout en considérant cela comme dangereux, ils sont incapables de repérer et de comprendre ces indices hautement significatifs que sont les rassemblements festifs se multipliant un peu partout. Il en est de même des multiples transgressions aux divers « confinements » et autres « couvre-feu » promulgués par l’appareil technico-bureaucratique. Et l’on pourrait multiplier à loisir des exemples en ce sens.

    Lorsque dans les années 70, je soulignais que la vraie violence, la « violence totalitaire » était celle d’une « bureaucratie céleste » voulant aseptiser la vie sociale et ce en promulguant la nécessité du risque zéro, je rappelais qu’à côté d’une soumission apparente existaient une multiplicité de pratiques rusées. Expression d’une duplicité structurelle : être tout à la fois double et duple.

    Il s’agit là d’un quant à soi populaire assurant, sur la longue durée, la survie de l’espèce et le maintien de tout être ensemble. C’est bien un tel « quant à soi » auquel l’on rend attentif tout au long de ces pages. Il témoigne d’une insurrection larvée dont la tradition donne de nombreux exemples et qui ponctue régulièrement l’histoire humaine.

    Duplicité anthropologique de ce bon sens dont Descartes a bien montré l’importance. Duplicité qui à l’image de ce qu’il disait : « larvatus prodeo », l’on s’avance masqué dans le théâtre du monde. Mais il s’agit là d’un masque provisoire qui sera, plus ou moins brutalement, ôté lorsque le temps s’y prêtera. Et ce en fonction du vitalisme populaire qui sait, de savoir incorporé, quand il convient de se soulever. Et ce avant que le bal masqué ne s’achève en danse macabre !

    [1] Je renvoie ici à la lucide et sereine analyse de Raphaël Josset, Complosphère. L’esprit conspirationniste à l’ère des réseaux, Lemieux éditeurs, 2015

  • La terreur, cette arme révolutionnaire

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    Le père Michel Viot évoque la période de Thermidor et la continuité du terrorisme républicain. Terreur toujours active aujourd’hui, même sans guillotine… pour l'instant !

     

    […] Aujourd’hui, c’est le couperet de l’injonction au progrès qui s’abat. Il ne coupe plus les têtes, il les fait tourner, toujours au nom de la liberté et du bonheur, toujours contre la vieille ennemie, l’Église, l’Infâme, qu’on n’en finit pas d’écraser. Et la mort est plus que jamais là, compagne inséparable du progressisme messianiste rêvant du paradis sur la terre. C’est par milliers, par dizaines de milliers, par centaines de milliers que l’on détruira ainsi des embryons humains dans toutes sortes d’opérations cauchemardesques de démiurges voulant créer la vie et reformater l’homme. On ira même jusqu’à tuer des enfants viables au nom d’une « détresse psycho-sociale » dans le cadre de « l’IMG, interruption (pseudo) médicale de grossesse ». Les transgressions en tout genre n’ont pas leur pareil pour faire perdre toute raison à ce qui reste d’humain, et l’on rouvre donc le chantier de nouvelles tours de Babel. Les constructeurs du monde nouveau, tels ceux du livre de la Genèse, veulent s’unir et se faire un nom. A leur image, à celle des inventeurs de la première terreur en chrétienté lors de la révolution française, puis de leurs nombreux disciples de par le monde, les députés qui ont voté cette loi de prétendue bioéthique se sont placés sous le signe de Babel et de sa double signification, selon qu’on se réfère à la langue de Babylone ou à celle des Hébreux : porte des cieux ou confusion.

    Ces législateurs prétendent toujours ouvrir la porte des cieux grâce à des lois monstrueuses. Ils sont toujours pleins de ces bonnes intentions dont l’enfer est pavé. Aussi quand les portes s’ouvrent, c’est la confusion, et Dieu n’a plus qu’à tout laisser crouler. Il a pris au mot les hommes des Lumières qui lui ont dit « Va-t’en. Nous ne voulons plus de toi ». Il leur a répondu « Faites » et tout s’est effondré (petite paraphrase de Joseph de Maistre). Je n’entre pas dans le détail des horreurs qu’impliquera cette nouvelle loi quand elle sera définitivement adoptée. D’autres l’ont fait, qu’on se reporte aux textes récents de Monseigneur Pierre d’Ornellas, de Monseigneur Michel Aupetit, de Monseigneur Marc Aillet, et d’une manière générale aux positions de la Conférence des Évêques de France et de son président, ainsi qu’aux textes du Salon beige et d’Alliance Vita, pour ne citer qu’eux. Tout y est. Je me permets seulement d’y ajouter une remarque et une suggestion.

    Remarque :

    Pour rendre l’horreur ordinaire et faisable, on a toujours eu recours au procédé de la terreur. La première assemblée qui a décidé de l’instauration de la république le 21 septembre 1792 fut précédée des massacres du début de ce mois dans les prisons françaises, d’où une abstention massive et une élection très « orientée » ! La grande terreur de 1794 fut précédée de la loi des suspects du 17 septembre 1793 (rédigée dans des termes tels que n’importe qui pouvait être emprisonné ou assigné en résidence), puis des lois de prairial (10 juin 1794) supprimant la défense au tribunal révolutionnaire et accélérant son fonctionnement. La guillotine ne chôma pas. Mais la terreur ne cessa pas avec la chute de Robespierre. Il fallut éliminer ses partisans, neutraliser les déçus du nouveau régime et toujours combattre l’Église catholique. On déporta donc beaucoup, et tellement à la fois que bien peu arrivaient vivants en Guyane. Le régime suivant eut constamment recours à l’armée pour se maintenir en place, ce qui donna certainement des idées au jeune et talentueux général Bonaparte. Ceux qui avaient pris le pouvoir en 1792, et dont beaucoup subsistaient à la chute de Robespierre, étaient prêts à tout pour le garder, qu’ils fissent partie de la classe des nouveaux riches de la révolution, ou qu’ils en furent les représentants stipendiés. Les caisses de l’Etat étaient vides. La situation de banqueroute existait de fait depuis au moins 1788. Le trésor public agonisait malgré la perfusion d’un cocktail composé du produit du vol des biens du clergé et des émigrés, et de la fausse monnaie des assignats, le tout créant une situation économique et sociale particulièrement affreuse. Seules la crainte de l’invasion étrangère (donc la guerre) et la terreur pouvaient maintenir l’ordre. Quand la victoire militaire fut assurée (celle de Fleurus, 26 juin 1794), il ne resta plus que la terreur, condamnée à s’amplifier pour cause de paix, et qui le pouvait légalement grâce aux lois de prairial qui avaient précédé de peu l’événement. C’est pourquoi, la situation économique ne s’étant guère améliorée, la terreur dut continuer après la chute de Robespierre.

    Et cela permit à un ministre des finances, Dominique Ramel, du nouveau régime (le Directoire à partir de 1795) d’annuler les deux tiers de la dette publique le 30 septembre 1797. Ce fut la fameuse banqueroute des deux tiers, dite aussi, pour rassurer ceux qui étaient susceptibles de l’être, la consolidation du tiers de la dette publique (affaire rendue possible par le coup d’Etat du 18 Fructidor an V – 4 septembre 1797). Les nouveaux riches de la révolution pouvaient dormir tranquilles, les créanciers de l’Etat étant ruinés et totalement anéantis, et les masses populaires neutralisées par l’inflation ! Qu’importe ! Les finances de l’Etat étaient enfin assainies, le règne de la Banque pouvait commencer, pourvu qu’un pouvoir politique fort tienne la barre. C’est ce qui arriva le 9 novembre 1799 (18 brumaire an VIII) lorsque le général Bonaparte devint Premier Consul au moyen d’un coup d’Etat bien préparé par Sieyès, et impliquant tout un cartel bancaire.

    Quel rapport avec aujourd’hui ? Cela crève les yeux. Dès 1788, la dette publique représentait 80% du produit intérieur brut, et ce chiffre ne cessa d’augmenter jusqu’à « l’assainissement. » de Ramel. Depuis plusieurs années la dette française ne cesse d’augmenter, bien au-delà des 80% désormais puisqu’elle a dépassé les 100% en décembre 2019. Pour cause de monnaie unique, une solution nationale est impossible. Comment le règne de la Banque va-t-il rétablir la situation ? Un nouveau 1929 ? Ou même une guerre, comme l’a dit, par humour noir, un ancien ministre ? Nous avons eu la crise financière de 2008 et des guerres ici ou là, mais on n’a pas permis à ces calamités de s’emballer, par crainte sans doute des risques encourus. Quant à la banqueroute, elle semble interdite par l’internationalisation financière et l’anonymat des capitaux. Le ministre des finances du Directoire avait à sa disposition le registre d’un de ses prédécesseurs, le conventionnel Cambon, qui comportait tous les noms des créanciers de l’Etat. On pouvait cibler très exactement les victimes ! Aujourd’hui une opération à l’identique serait incontrôlable. Et qui sait par ailleurs le pouvoir de cet argent anonyme ?

    Reste heureusement la terreur, bonne vieille recette jamais démodée. Plus besoin de dresser une guillotine place de la Concorde, le covid 19 est arrivé ! Et il a pris tout le monde de court. Que voulez-vous, l’erreur est humaine. Relisons ce que disait Basile sur la calomnie dans le Barbier de Séville. La distillation de la terreur a commencé ainsi dans toute la France. Que de « Basile » invités régulièrement sur les plateaux TV. Et malheur aux anti-Basile, surtout lorsque leurs propos sont de nature à contrarier les effets de la terreur, et en particulier amoindrir les bénéfices que pourraient engendrer le commerce des nouveaux médicaments que préparent certains laboratoires. Comme par magie, un vaccin apparaîtra en des temps records qui tiennent du miracle. Autre miracle, puisque nous sommes dans ce registre, l’argent réapparaît, les euros se multiplient comme jadis les assignats, mais sans crainte de banqueroute cette fois-ci. 

    Il ne s’agit donc certainement pas de relâcher la terreur, et la relative tranquillité qu’elle assure à nos dirigeants. Ils le savent car il leur arrive de penser, surtout quand il s’agit du maintien de leurs pouvoirs. Il faut donc que le covid 19 perdure et qu’il circule, qu’il devienne la seule préoccupation des Français. Pendant ce temps-là, ils seront occupés, ils auront peur et c’est très bien ainsi. Oui Thermidor, an 228, est un bon moment pour faire passer une sale loi ! Seuls des arriérés obscurantistes comme les catholiques en manifesteront un peu d’émotion. Les autres se préoccuperont de leurs masques, des nouveaux médicaments et du vaccin miracle, sans oublier bien sûr de vérifier qu’on leur verse bien leur petite prime de compensation pour collaboration fraternelle et citoyenne à la lutte contre le danger viral.

    Ma suggestion :

    Comme je constate avec joie que l’Église catholique en France ne s’est pas laissée enfumer, tant par la propagande que par l’incendie de ses cathédrales, je suggère la persévérance dans la prière et l’action de grâce pour les propos, clairs, déterminés et courageux tenus ou écrits par nos évêques de France , en y ajoutant des travaux pratiques. Pour le bien des âmes en général, il conviendrait de faire savoir aux catholiques qui, malgré les avertissements de leurs évêques, ont voté cette loi ou qui l’approuvent de quelque manière que ce soit, qu’ils encourent l’excommunication(1). En bafouant la loi naturelle et en ouvrant la porte à des crimes contre l’humanité, je pense qu’ils se sont eux-mêmes excommuniés. Ils n’ont donc plus accès à aucun des sacrements de l’Église, sinon la pénitence. Il serait d’ailleurs charitable de les avertir que les honneurs des funérailles chrétiennes risquent de leur être refusés, point qui est sans doute le plus sensible de tous, même pour des gens moyennement croyants. Il appartiendrait aux spécialistes en droit canon d’étudier cette question si l’Église voulait donner suite à cette suggestion. Elle m'apparaît comme le seul moyen fort pour elle de manifester clairement et publiquement sa désapprobation. Laquelle se place bien évidemment dans la perspective de la repentance des pécheurs et de l’enseignement du peuple de Dieu demeuré fidèle.

    Le Salon beige

  • Livre - Notre sélection : Les Morticoles

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    Léon Daudet, étudiant en médecine à la fin du XIXe siècle, ne supportait pas le monde des hôpitaux parisiens soumis au despotisme de professeurs agrégés des universités jouant les mandarins arrogants, prétentieux, bouffis d’orgueil et de bêtise. Il détestait ces roitelets, grands et petits pontifes en blouses blanches, utilisant leurs savoirs comme autant d’armes de domination, s’enferrant dans des querelles de soins absurdes, servant avant tout leurs intérêts de carrière, reléguant les malades au second plan. Léon Daudet décida de ridiculiser leurs comportements dignes de Diafoirus en publiant un roman : Les Morticoles.

    L’histoire se trouve simple à résumer. Un naufragé échoue sur une île entièrement commandée par les médecins. La société y prend la forme d’un gigantesque centre hospitalier gouverné par d’implacables lois sanitaires. L’ensemble des citoyens se voit présumé malade. Ceux en bonne santé sont déclarés dissimulateurs et subissent toutes sortes de traitements absolument farfelus. La population vit en cobayes permanents. Comprenant rapidement la situation, le nouvel arrivant décide d’entamer une carrière médicale. Il devient membre du personnel soignant puis, intriguant à merveille, s’élève vers les sommets. Il découvre, à cette occasion, les batailles « savantes » où les théories les plus sérieuses se trouvent devoir affronter les pires élucubrations thérapeutiques. Il apprend surtout qu’en ce lieu, le plus sûr moyen d’obtenir une promotion ne tient pas en la compétence mais en l’art de lécher les orteils des supérieurs.Capture.JPG

    Léon Daudet, écrivant cet ouvrage, n’imaginait certainement pas la crise du Covid-19 que la France allait traverser, 125 ans plus tard. Mais il connaissait les hommes. Il savait les moquer. Surtout, il n’ignorait rien des risques et dangers des mécanismes de pouvoirs. Quels que soient leur bonne foi ou leur sincérité, leur sérieux ou leur moralité, leur bassesse ou leur noblesse, les médecins, lorsqu’ils gouvernent une société, ne peuvent que la réduire à un territoire de morticoles. Que leurs diagnostics s’avèrent vrais ou faux, que leurs recommandations soient bonnes ou mauvaises, là se situe la discussion médicale, mais pas le débat politique. Le constat politique fondamental est que notre société accepte de se soumettre, mois après mois, à un pouvoir scientifique imposant sa loi. Nombre de nos droits ont été placés en situation de mort cérébrale. Notre démocratie subsiste, mais en apnée. Chancelante, elle joue les infirmières dociles. Elle tend les compresses. Elle tient les fichiers, contrôle les formulaires. Mais elle ne commande plus. Notre Parlement, depuis bien longtemps, a déposé les armes de la souveraineté qui lui ont été confiées par le suffrage universel. Les députés vivent à plat ventre devant quelques satrapes de la haute administration sanitaire.

    Et chacun peut constater, jour après jour, le regard ironique, combien la pratique du léchage d’orteil, si chère aux morticoles, domine notre pays.

    Olivier Barrat