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Un chef d’État, un vrai !
C’est ce qu’attend la France. Pas un candidat qui réussit, mais un chef. Et qui sera en mesure de prendre toutes les décisions qui s‘imposent pour le salut de la France.
Serait-il possible que la France ait un jour un chef de l’État ? D’une légitimité telle qu’elle soit incontestable ? Qu’il puisse être cette personne dont la constitution de la Ve République définit la fonction en son titre II, de l’article 5 à l’article 19 ? Mais voilà : son mode de désignation est aujourd’hui tel qu’il empêche l’exercice correct de cette magistrature parce qu’il porte atteinte à l’esprit même de l’institution.
La France sans chef
De l’effroyable chaos partisan que crée, maintenant de manière durable, l’élection présidentielle, avant, pendant et après, peut-il émerger une personnalité capable « d’assurer, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État », « d’être le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, du respect des traités », « de nommer » souverainement « le Premier ministre », « de soumettre au référendum » un projet de loi, « de signer les ordonnances et les décrets » délibérés en Conseil des ministres, sans provoquer immédiatement l’effervescence des factions opposées ; et que dire s’il s’avisait de prendre des mesures extraordinaires qui seraient exigées par des circonstances exceptionnelles ?
À trois mois de la prochaine élection présidentielle qui mettra fin au calamiteux quinquennat de François Hollande et qui est censée ouvrir une ère nouvelle, n’y a-t-il donc personne pour énoncer avec simplicité cette évidente contradiction qui est au coeur de notre système politique et qui en altère profondément le fonctionnement ? Chacun des candidats, actuels ou futurs – et ils sont déjà nombreux ! – est trop persuadé que son tour viendra une prochaine fois pour vouloir mettre en cause des procédés institutionnellement aussi nocifs. Et les partis qui vivent politiquement et financièrement de ce désordre permanent ne se risqueront pas à en interrompre le cours, la France dût-elle en périr. En France – et parce qu’elle est la France et que son histoire est une leçon en elle-même –, cette situation est plus grave qu’elle ne le serait en aucun autre pays civilisé. Cette chienlit perpétuelle lui est funeste. Pas un Français qui ait le cœur un peu haut placé, pour ne pas le ressentir !
L’avilissement de la fonction
Les primaires de la gauche comme celles de la droite ont illustré la vanité et la vacuité de la politique politicienne en France. Quel avilissement ! Ravaler la dignité du chef de l’État à cette comparution devant des jurys de journalistes ! Quel misérable spectacle que celui d’une nation réduite dans son expression à une salle de classe ! Des petits « profs » qui font les savants et qui harcèlent de questions péremptoires de minables élèves qui doivent répliquer à la moindre injonction. Mais la direction de la France ne relève pas d’un concours !
D’où l’absurdité de tant de paroles et d’engagements : à droite, des palanquées de chiffres soupesées aux balances d’improbables budgets ; à gauche, des palanquées de promesses, de droits à « qui qu’en veut », selon la chanson, de faire naître des enfants ou de les tuer à volonté et gratuitement, de mourir, de jouir, de ne plus travailler, jusqu’au revenu universel financé sur le miracle de recettes introuvables. Voilà un futur chef de l’État qui doit dire ce qu’est l’école « républicaine », comment il faut y enseigner, à quel âge l’enfant doit être orienté, mais tout aussi bien comment l’hôpital devrait fonctionner, quel est le périmètre de la Sécurité sociale, ou encore combien de gendarmes, de policiers, de juges, de médecins il convient de déployer sur le territoire. Et chacun de rajouter des précisions, des projets dans son programme, sans jamais s’arrêter sur les vraies causes de tant de gabegies, de pagailles, d’incuries, de désorganisation généralisée.
Où est le chef de l’État ?
Qui aura le courage de dire : « Et la France ? » Le vrai chef de l’État s’occupe de la France et de la France seule, ce qui ne veut pas dire isolée. C’est sa mission essentielle. Il assure la politique générale du pays ; il lui donne sa place dans le monde ; il garantit l’ordre intérieur qui permet la prospérité et conforte les libertés réelles. Si le chef de l’État remplit bien sa fonction, les affaires de la France se porteront d’autant mieux ; tout le monde en tirera profit. Comment ces vérités élémentaires ne sont-elle jamais rappelées ? Le chef de l’État n’a pas à répondre à toutes les envies du moindre hurluberlu qui se prend pour un citoyen supérieur, aux réclamations des éternels agités, aux hurlements des groupuscules qui s’imaginent être la conscience avancée du monde et qui ne sont généralement que des instruments de puissances obscures et financièrement vicieuses. Et il n’est pas chargé de répartir les richesses, de juger des bons et des mauvais élèves, de promouvoir l’égalité partout, de changer les mœurs, d’endoctriner le peuple, d’accueillir l’étranger au mépris des intérêts les plus certains du Français, de légaliser à tour de bras les dispositifs qui aboutissent à la destruction des familles, des traditions, des patrimoines, des consciences, de la vie. L’État a usurpé toutes ces fonctions qui justifient le politicien dans ses prétentions ; il se comporte exactement comme une contre-Église, mais totalitaire, ce qu’il est devenu de fait et de droit et ce qui est voulu. Les dernières lois en sont l’illustration. Aucun homme politique n’est vraiment libre par rapport à cette sourde et continuelle pression qui est une oppression. Il ne peut pas parler de la France et à la France ; il est contraint à un langage convenu, ce qu’on appelle des éléments de langage. Pour plaire à qui ?
C’est une fin de régime
L’élu de la primaire de la gauche sera confronté, d’une part, à Jean-Luc Mélenchon et, d’autre part, à Emmanuel Macron. Il n’a évidemment aucune chance et il devra se désister, ce qui sera une fin ridicule. Cela a déjà été prévu dans ces colonnes. Aujourd’hui Macron rallie les suffrages ; il se montre plus candidat que tous les autres candidats. Est-ce la marque d’un futur chef de l’État ? Il dit tout et le contraire de tout, autrement dit rien. Ça plaît ! Sauf qu’il se croit et ce n’est jamais bon de trop se croire.
Fillon, lui, sera attaqué de toutes parts – et ça ne fait que commencer ! – de l’extérieur et de l’intérieur de son parti et, à chaque fois qu’il cédera à quelque chantage, il fragilisera sa position. Il oscillera, au milieu de factions et d’ambitions qui se déchirent, entre la crainte d’être soupçonné de quelques velléités réactionnaires à cause de son électorat premier et la peur de perdre le soutien des puissants à qui il sera forcément redevable.
Marine Le Pen joue sa partie. Elle a l’avantage d’une position patriotique nette qui plaira de plus en plus à des Français dépouillés de leur nationalité, de leur civilisation, de leur travail, de leur milieu de vie. Mais, à force de réduire son programme, sous l’influence de son entourage, à la seule économie dirigée et assistée, sans tenir compte des aspirations d’une France qui veut revivre spirituellement, elle risque de perdre son souffle dans une guerre impitoyable où, malgré toutes ses protestations, elle sera considérée comme l’Ennemi du genre humain.
Le plus probable et même le certain, c’est que l’élu de la présidentielle – quel qu’il soit – se trouvera dans une situation de déliquescence politique telle que, même avec une majorité à la chambre, il sera bien en peine de gouverner malgré les rodomontades des campagnes électorales et qu’il suffira de quelques difficultés majeures, dès aujourd’hui prévisibles, sécuritaires, économiques, sociales et surtout financières pour que la question du pouvoir se repose dans toute son acuité.
À quand la recherche d’une vraie légitimité ?
Hilaire de Crémiers