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le pays réel - Page 14

  • Quelqu’un m’a demandé : « Vous êtes sûr que cet entretien est fictif ? »

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    L'actualité biterroise nous a incité à publier une communication téléphonique entre Marine Le Pen et Éric Zemmour, qui, parait-il, est fictive. Mais après sa lecture, quelqu'un m'a demandé : "Vous êtes bien sûr qu'elle est fictive ?"

    *****

    - Marine Le Pen : Allo, Éric, c’est Marine.

    - Éric Zemmour : Ah Marine, comment vas-tu ? Ravi de t’entendre. Qu'est-ce qui t'amène ?

    - MLP : Je voulais d'abord t'apporter mon soutien à la suite de ton éviction de Cnews. Cette censure du CSA est tout de même scandaleuse. Et te parler aussi de notre caméléon.

    - ÉZ : Merci, ton soutien me réconforte. Pour le second, Je crois deviner , la nouvelle trouvaille du Clan Ménard, je suppose.

    - MLP : Bien sûr Éric. Toi aussi tu as du bien rigoler. Ça fait six ans qu’il me tape dessus et, comme par hasard, quelques mois avant les élections il m’invite pour déjeuner avec toi. Ici, au siège de Nanterre, je ne les arrêtais plus. Ils avaient tous attrapé un fou-rire monumental en apprenant cette fantaisie.

    - ÉZ : Ici c’est pareil. Moi y compris, j’en pleurais de rire. Tu sais, avec moi c’est la démarche inverse. Au début, tout allait bien et à la fin ça s’est gâté.

    Comme je l'ai rappelé dans l'émission On est en direct il m'a envoyé il y a deux ans une longue lettre pour me demander de me présenter d'abord aux européennes puis à la présidentielle, et maintenant c'est le contraire ! Mais c'était à l'époque où il voulait t'éliminer. Et  j'ai ajouté : "Robert varie, fol qui s'y fie". 

    En février 2020, d’accord avec Bompard, le maire d’Orange (il faut toujours qu’il aille chercher quelqu’un pour se mettre en valeur), il t’avait dit que ma candidature était souhaitable. Mais c’était à l’époque où il avait estimé plus opportun de s’éloigner de toi ; et puis moi, je commençais à avoir du succès à la télé. Il a dû penser que me faire des compliments lui permettrait d’y passer plus souvent. Et maintenant il raconte que ce n’est plus du tout opportun. Il faut dire que lorsqu’il est revenu vers le RN, il ne connaissait pas mes intentions, sinon il aurait été plus prudent, wait and see. Maintenant il se sent un peu coincé et il tente de s’en sortir comme il peut.

    Lors de la convention de la droite, il avait piqué sa fausse grosse colère pour, là encore, faire l’intéressant, et maintenant il dit le contraire. Tout cela est vraiment pitoyable.

    - MLP : Oui, bien sûr, on le sait, il adore faire des coups en s’imaginant qu’il va remonter dans l’opinion, mais à part quelques bénis oui-oui, la mayonnaise ne prend plus. Et en plus, il ne pense qu’à se produire à la télévision ou à la radio. On m’a rapporté les propos d’une personne de son conseil « quand il voit un micro ou une caméra, il rentre en transe » ! Mais dans le milieu de la presse il paraît qu’on commence à en avoir assez de ses demandes incessantes, d’autant qu’il raconte toujours les mêmes choses « dans "MA" ville, il y a trop de musulmans, etc. » Au début ils ont bien aimé parce que ces coups de menton ridicules faisaient de l’audience, mais tu le sais comme moi, le public s’aperçoit vite quand c’est creux et l’audience chute d’un coup.

    Tu vas voir qu'après le succès de ton livre, et  ta cote qui  monte, il va peut-être en venir à te soutenir !

    - ÉZ : Ne le dis pas trop fort Marine, pas de malheur, tu vas finir par m’attirer la scoumoune ! Il ne me manquerait plus que ça !

    C’est toujours pareil avec les egos démesurés. Ils ne se rendent que rarement compte de la situation. Ils s’imaginent toujours être le centre du monde. Pour en revenir à notre affaire, refuser ce repas au prétexte que tu ne voulais pas de publicité était très bien vu. Je n’avais plus qu’à dire que je voulais de la publicité pour faire tout capoter. En un tour de main on avait tout réglé.

    - MLP : Tu comprends bien que je n’allais pas me déplacer à Béziers pour ses beaux yeux. Je n’ai pas vocation à servir de faire valoir au Clan Ménard. D’autant qu’à l’Assemblée, elle s’ingénie souvent à ne pas voter comme nous. Et après avoir tapé sur tout le monde, le Clan prêche pour l’union des droites. Au siège j’entends souvent : « tu as des nouvelles du père Ubu ? » C’est vrai que tout cela devient brindezingue.  Comme on dit, un peu ça va, trop c’est trop.

    - ÉZ : Moi non plus, je n’ai aucune envie de me ridiculiser. J’y suis allé pour vendre mes livres, c’est suffisant. Surtout si maintenant il passe son temps à me critiquer, tout en enrobant le tout de grandes déclarations d’amitié… Il a toujours tendance à prendre les autres pour des imbéciles.

    - MLP : D’autant qu’il était capable de nous demander de nous retirer tous les deux de la présidentielle à son profit, parce qu’il ose tout, tu sais.

    - ÉZ (après un grand éclat de rire) : Je n’avais pas pensé à cette option. Je vais la raconter au président de mon comité de soutien, il va s’étrangler de rire lui aussi.

    Et tu as vu la dernière, il sort un nouvel opuscule pour te donner des leçons de stratégie politique. C’est de plus en plus calamiteux. Je me souviens de la maxime de La Rochefoucauld que tu m’avais rappelée quand on évoquait le sujet : « le propre de la médiocrité est de se croire supérieur ».  Elle est, décidemment, chaque jour un peu plus d’actualité.

    - MLP : Éric, je vois sur mon agenda qu’on déjeune ensemble bientôt. On ajustera mieux notre position pour les présidentielles. On ne va pas perdre notre temps avec ces incidents mineurs. J’estime maintenant que ce genre de plaisanterie a assez duré. On a quand même autre chose de plus sérieux à faire. Toi, tu vas pouvoir attirer cette vielle droite réactionnaire et me laisser le champ libre pour cette vielle gauche réactionnaire. Nous aurons tout le temps de faire ami-ami au second tour.

    - ÉZ : C’est parfait. Tu sais, je veux apporter un témoignage. C’est la lecture de Bainville qui m’a décidé à m’engager pour appuyer ce que j’écris ou ce que je dis à la télé.

    - MLP : Oui, je sais. Il faut rester sur la même ligne. C’est comme cela que l’on pourra peut-être parvenir à remplir les urnes, c’est l’essentiel ; et non en organisant de grands baroufs qui se cassent la figure deux jours après.

    - ÉZ : Marine, on reparle de tout cela bientôt. Bonne continuation pour ta campagne.

    - MLP : Merci Éric, toi aussi.

  • Quand Robert Ménard réclamait un chef pour 2022... Lui peut-être ?

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    Le 30 août dernier, le site très suivi, Le Salon Beige,  a repris la déclaration d'Érik Tegner, organisateur de la Convention de la droite, excédé, comme beaucoup, des incohérences du Clan Ménard qui se dit, parait-il, partisan de l'union des droites. S'il souhaite la faire échouer il ne s'y prendrait pas autrement. Mais il est vrai que dans son esprit cette union n'avait de valeur que s'il en était le pilote ! Comme on dit chez nous, "pauvret".

    Ce qui est aussi très intéressant, ce sont les commentaires qui suivent. Ils sont, bien sûr, tous tirés de l'article du Salon Beige.

     

    *****

    Erik Tegnér, co-organisateur de la Convention de la droite en 2019, pousse un coup de gueule contre Robert Ménard, qui avait critiqué, à demi-mots, Marion Maréchal (de ne pas revenir en politique) lors de cette convention et qui semble aujourd’hui reprocher à Éric Zemmour sa possible candidature pour 2022 :

     « J’en ai assez de ceux qui se trouvent des excuses pour ne pas se présenter en 2022 ! Trop vieux, trop intello..je m’en fous! On a besoin d’un chef ! »

    Ça c’est l’engueulade de Robert Ménard à la Convention de la Droite. Maintenant il reproche à #Zemmour... de l’avoir écouté.

    … Je n’arrive plus à le suivre, comme beaucoup. Y compris parmi ceux qui soutiennent Marine Le Pen. Même s’ils se réjouissent évidemment qu’il la soutienne (pour l’instant !).

    On avait organisé une belle convention à la sueur de notre front. Robert Ménard est venu juste pour nous engueuler et doucher l’ambiance. Certains se sont bougés... Et maintenant il les engueule à nouveau. Éric Zemmour et son entourage (toujours facile de critiquer les proches...).

    Quand on a une voix qui porte…, on se doit de suivre une cohérence. Au risque de semer le trouble. On ne peut pas inciter des gens à se jeter dans le grand bain, puis dès que c’est fait, à les lâcher. Ou alors qu’on ne parle pas d’amitié.

    … Mais le coup du “avec Éric, on est potes” sur BFMTV après avoir critiqué Zemmour pour la ixième fois de la semaine, c’était trop… Un peu de décence dans ses critiques de Zemmour serait la bienvenue.

    Et cerise sur le gâteau, Robert Ménard se justifie de son côté au point d’imaginer pouvoir se ranger derrière…Xavier Bertrand pour 2022 :

    « Soyons réalistes. Soyons intelligents. Que les candidats de droite s’engagent à soutenir celui ou celle qui sera en tête au premier tour, que ce soit Le Pen, Zemmour, Bertrand ou le candidat LR  » !

     

    COMMENTAIRES DES LECTEURS

    31 août 2021

    Tout à fait d’accord avec lui, ces critiques vis à vis de Zemmour sont assez ridicules. Hier, Zemmour de retour de vacances était dans une forme olympique à Face à l’info : pas un autre politique n’aurait parlé aussi courageusement et intelligemment que lui sur l’Afghanistan, le pass sanitaire et l’immigration.

    31 août 2021

    Le problème de Robert Ménard c’est qu’il se serait bien vu à la place de Zemmour mais que personne ne l’a mis à cette place. Il y a un peu de jalousie, c’est dommage.

    31 août 2021

    Après ses prises de position sur le vaccin et le passe sanitaire, et aujourd’hui sur l’éventuelle candidature Zemmour, on se demande si Ménard n’a pas été atteint par un virus à conséquences neuronales. À vouloir toujours être à contre-courant de la pensée dominante, le voici maintenant à jouer les mascarets dans son propre camp.
    Hé Robert, tu joues à quoi là ?

     31 août 2021

    Robert Ménard est fondamentalement de gôôche. C’est un nuisible.

    31 août 2021

    Il faut être bien naïf pour ne pas avoir vu que Robert Menard avait viré du côté de la macronie depuis des mois, ses propos de soutien à la politique sanitaire sur les plateaux ne laissaient pas de doutes, c’est qu’on appelle un collabo, tout comme Estrosi ou Falco.

     31 août 2021

    La navrante dérive de RM prend sa source dans sa peur de la “pandémie” – il devrait sans doute se désintoxiquer des médias dominants qui semblent son unique source d’information.

     31 août 2021

    La solution est justement de ne plus le suivre. Les plus clairvoyants avaient subodoré dès le début ce qui se vérifie depuis plusieurs mois : le couple Ménard n’a aucune conviction. Sa seule motivation est la réélection, ce qui justifie tous les renoncements, contradictions, désertions, et autres capitulations. L’habileté dans la communication n’arrive plus à cacher le vide des idées… et finalement le retour vers les premières amours gauchistes. Cela devient insupportable.

     31 août 2021

    Mettre sur le même plan Bertrand, Pécresse et Zemmour non mais ça va pas, les deux sont des lèche-babouches qui seront des incapables, ils continueront sur la lancée de l’ignoble micron et nous enfoncerons encore plus, qu’attendre de FM pourris ? Zemmour c’est quand même autre chose sortir la France du puits où elle est tombée ce n’est pas avec une sauterelle et un crabe qu’on se sortira de ce m…….

     1 septembre 2021

    Mais surtout stupéfiant pour quelqu’un qui se disait défenseur de la liberté d’opinion et d’expression que de refuser à Z sa signature de maire pour la présidentielle

     1 septembre 2021

    ‘Cherchez la femme’ ! Ainsi vous comprendrez mieux les positions du siège, devenues acrobatiques, manifestées oralement par Robert Ménard. Se déroulent actuellement des discussions foudroyantes au sein du foyer de Robert Ménard…

    La voilà un peu marginalisée par un homme de haute valeur virile et chevaleresque, je nomme Eric Zemmour. Et le mari Robert perd alors pieds et se lance dans des discours sulfureux sur le passe sanitaire sans voir l’apartheid et la discrimination en droit qu’il recèle…

    La dérive intellectuelle de Robert est donc liée à une question de couple en politique lors de la venue du cas Zemmour dans leur planning. Robert a fait son outing, il est sorti de la cohérence de ‘Droite’. Emmanuelle va essuyer les pots cassés.

  • Non chrétiens : les plus attentifs à la préservation de l'héritage judéo-chrétien ?

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    « Bien sûr que je regrette la civilisation judéo-chrétienne. Pour l’heure, je me bats pour elle.  » Michel Onfray

     

    Par Gérard Leclerc - France catholique

    Leclerc.jpgLe cardinal De Kesel, archevêque de Bruxelles-Malines, vient de publier un essai sur la situation des chrétiens dans une société qui n’est plus chrétienne (Foi & religion dans une société moderne, Salvator). Faute de l’avoir lu, je ne me permettrai pas d’interpréter sa pensée.

    Je m’interroge néanmoins sur l’analyse qu’il peut faire de cette société. S’il lui accorde des crédits, quels sont-ils ? Peut-être ses jugements sont-ils accordés à la complexité du monde actuel. Mais je me pose tout de même une question. Signale-t-il le basculement spirituel, moral, d’une civilisation qui, de chrétienne, est devenue a-chrétienne ? Un Chesterton, un Bernanos étaient particulièrement sensibles à un tel basculement, car pour eux, un monde qui avait perdu le sens de Dieu, était mûr pour les pires déviations.

    Athéisme et christianisme

    Ce qui me frappe, aujourd’hui, c’est que ce sont le plus souvent des non-chrétiens, ou des gens éloignés de la pratique religieuse, qui se montrent les plus attentifs au caractère judéo-chrétien de notre civilisation et à la perte irréparable que constitue le naufrage de cet héritage. Le cas de Michel Onfray est particulièrement significatif. Il a commencé sa carrière philosophique à l’enseigne d’un athéisme revendiqué et d’une déconstruction du christianisme. Et voilà qu’il déclare dans Le Figaro du 18 juin : « Je regrette le déclin de la civilisation judéo-chrétienne, je me bats pour elle. » De ce déclin, il nous offre une analyse qui fait plus que froid dans le dos et qui devrait singulièrement alerter tous ceux qui, du côté chrétien, chantent les louanges de notre bel aujourd’hui. Le mieux est de le citer longuement.

    « La fin du sacré tuile avec la prochaine civilisation qui sera probablement post-humaniste. Rien ne pourra moralement interdire son avènement qui seffectue avec dactuelles transgressions qu’aucune éthique, aucune morale ne saurait arrêter. L’intelligence artificielle qui crée des chimères faites d’humain et d’animaux, la marchandisation du vivant, l’abolition de la nature naturelle au profit de l’artifice culturel, constituent une barbarie qui, un jour, sera nommée civilisation, car toute civilisation nouvelle est dite un jour barbare par les témoins de ceux qui voient la leur s’effondrer. Nous sommes dans le temps nihiliste du tuilage qui tuile la décomposition et le vivant (…). Eu égard à ce qui nous attend, et en regard de l’idéologie “woke“ qui travaille à l’avènement de ce nouveau paradigme civilisationnel, bien sûr que je regrette la civilisation judéo-chrétienne. Pour l’heure, je me bats pour elle. »

    Le rôle des non-chrétiens

    Voilà qui contraste avec les complicités des chrétiens qui saluent sans regrets « feu la chrétienté ». Faut-il donc un non-chrétien pour mesurer les dégâts irréversibles dune mutation de civilisation ? Peu importe que je sois en désaccord avec Michel Onfray sur la cause de ce décrochage. Cause qu’il attribue à une Renaissance qui annoncerait les Lumières. Érasme et Pic de la Mirandole sont des génies chrétiens qui attestent combien l’humanisme post-médiéval ne va pas sans un ressourcement aux origines chrétiennes. Fides et ratio marchent de concert. Mais le problème actuel n’est pas là. Il réside dans une déshumanisation consécutive à une déchristianisation. « Ôtez le surnaturel, écrivait Chesterton, et il ne reste plus que ce qui n’est pas naturel. »   

  • Livre - Notre sélection : Décadence

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    Chacun connaît les pyramides égyptiennes, les temples grecs, le forum romain et convient que ces traces de civilisations mortes prouvent… que les civilisations meurent, donc qu'elles sont mortelles ! Notre civilisation judéo-chrétienne vieille de deux mille ans n'échappe pas à cette loi. Du concept de Jésus, annoncé dans l'Ancien Testament et progressivement nourri d'images par des siècles d'art chrétien, à Ben Laden qui déclare la guerre à mort à notre Occident épuisé, c'est la fresque épique de notre civilisation que je propose ici. On y trouve : des moines fous du désert, des empereurs chrétiens sanguinaires, des musulmans construisant leur "paradis à l'ombre des épées", de grands inquisiteurs, des sorcières chevauchant des balais, des procès d'animaux, des Indiens à plumes avec Montaigne dans les rues de Bordeaux, la résurrection de Lucrèce, un curé athée qui annonce la mort de Dieu, une révolution jacobine qui tue deux rois, des dictatures de gauche puis de droite, des camps de la mort bruns et rouges, un artiste qui vend ses excréments, un écrivain condamné à mort pour avoir écrit un roman, deux jeunes garçons qui se réclament de l'islam et égorgent un prêtre en plein office, sans parler de mille autres choses... Ce livre n'est ni optimiste ni pessimiste, mais tragique car, à cette heure, il ne s'agit plus de rire ou de pleurer, mais de comprendre.

  • L’Assemblée nationale a voté un nouvel abandon de souveraineté. E. Ménard ne s’y est pas opposé !

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    Le texte a été publié le 25 août. Il s’agit d’une résolution européenne, procédure autorisée par la Constitution, qui permet aux assemblées d’adopter des résolutions portant sur des projets juridiques européens. La présente résolution procède à un transfert pur et simple de souveraineté à l'Europe.

    - Elle salue notamment les propositions de la commission pour développer l'autonomie stratégique européenne dans le domaine pharmaceutique ;

    - Elle soutient la création d'une nouvelle agence sanitaire ;

    - Elle évoque l'opportunité d'une modification des traités.

    Il convient de noter que la Constitution de 1958 avait interdit ce type de déclaration de principe… Mais ça, c'était avant, quand un semblant de souci national demeurait encore présent dans les esprits et les cœurs.

    On voit d'ores et déjà que ce texte n'a pour seule utilité que d'annoncer et demander une nouvelle renonciation à notre indépendance nationale, ici dans le domaine de la santé, comme cela s'est pratiqué dans de nombreux autres disciplines.

    L’histoire récente de la pandémie nous permet d'analyser les expériences vécues, en particulier la décision qui a été prise à l’été 2020 de confier à la Commission européenne l’achat en commun des doses de vaccins qui sont, pour la quasi-totalité, contrôlées par des entreprises pharmaceutiques hors Union Européenne, ce qui a entrainé d’importantes tensions quant aux difficultés d’approvisionnement.

    On a vu alors l’importance qu’il y avait, pour les autorités nationales, de pouvoir contrôler l’essentiel de la gestion d'une crise sanitaire. Constatons, par exemple, que l’Espagne a parfaitement su gérer la vaccination, avec rapidité et efficacité. Nous avons vu également les vives tentions quant à la fermeture des frontières.

    L’Union Européenne n’est cependant pas dépourvue de politique sanitaire. Le traité sur le fonctionnement de l’UE précise qu’elle "oriente les politiques de santé". Il n’en reste pas moins que ces dispositions n’ont pas indiqué, loin de là, qu'elles avaient pour finalité d’orienter les réformes des systèmes de santé propres à chaque pays. Ceux-ci doivent impérativement rester entre les mains des pouvoirs nationaux qui ont, par nature, mission et devoir de décider des politiques qu'ils estiment les plus adaptées à la préservation de la santé de leurs concitoyens et de mettre en place les moyens les plus appropriés pour y parvenir. Les décisions différentes qui ont vu le jour montrent bien la diversité des doctrines de prévention. Elles sont, tout naturellement, adaptées aux systèmes mis en place, souvent hérités d'une longue histoire, et donc bien intégrés par les populations, même si des ajustements permanents sont nécessaires.

    L’expérience démontre, en outre, que plus une organisation est vaste et complexe, et avec l’Union Européenne nous avons un modèle du genre, plus le frein sera mis à des prises de décisions rapides et adaptées à la situation.

    Cette loi, présentée par une députée socialiste et une députée LREM, votée en catimini (la presse nous en a peu ou pas parlé), entre bien dans le souci macronien permanent, c'est le fil rouge du quinquennat, de déposséder notre pays de toute trace de souveraineté au profit de puissances et pouvoirs étrangers, dont le bien commun français n’est certes pas leur premier souci.

    Nous avons écrit dernièrement que nous ne serions pas surpris que les prises de positions futures du Clan Ménard se rapprochent du socle socialo-macronien. Toutefois, nous ne pensions pas que cela serait aussi rapide. E. Ménard a été la seule du groupe des non-inscrits à ne pas voter contre cette loi antinationale. Mais "en même temps", restons macronien jusqu’au bout, après s'être abstenue sur cette loi le 25 juillet, E. Ménard appelle à l'union des droites le 26 août sur BFM. Nous nageons en pleine imposture !

    La conclusion en est vite tirée : le Clan Ménard ne s’oppose plus désormais au délitement progressif du pays, pour donner à d’autres les manettes de la décision. Dans ces conditions nous n’avons pas fini de subir capitulations et renoncements.

    Henri Bec

    PS : Pour prendre connaissance de la liste des députés ayant participé au scrutin, cliquez ICI

  • Charles Maurras : le retour ? Un excellent article de Philippe Bilger

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    Bilger.jpgDans cette période du confinement, une étrange alternative existe sur le plan médiatique.

    Une hypertrophie de la dérision, un culte des fous rires ou une focalisation sur les larmes.

    Ou le droit, comme nous vivons au quotidien une expérience hors norme, de nous intéresser à des sujets inédits ou à des personnalités en général exilées, ostracisées, méconnues.

    Il faut remercier la nouvelle Revue Universelle qui publie un passionnant numéro sur "Le nouvel âge du maurrassisme" avec des contributions notamment d'Alain Finkielkraut ou d'Éric Zemmour.

    Pourquoi ?

    Parce qu'il convient de saluer tout ce qui cherche à réduire l'inculture générale, historique, littéraire et politique.

    Parce qu'il est utile, dans un temps d'intolérance et de sectarisme - on déteste en ayant mal lu ou, encore mieux ou pire, sans avoir lu - d'introduire de force dans un monde étriqué les ferments de la curiosité, de la liberté et de l'ouverture, de quelque côté qu'ils se tournent.

    Parce qu'il est navrant que certaines superbes intelligences et incontestables talents littéraires ne soient connus que pour leurs déboires, leurs fautes et leur condamnation.

    Charles Maurras né en 1868 et mort en 1952, relève de ces influentes, transgressives et capitales destinées.

    Loin d'être un bloc, cet homme a été contraste, littérature et engagement, pertinence prophétique, contradiction, haine, violence verbale mais aussi lucidité, repentance et regret.

    Anglophobe certes mais encore plus germanophobe, n'ayant soutenu le maréchal Pétain et le régime de Vichy qu'à cause de cette "divine surprise" de voir le sursaut national.

    Puisque l'Action française, dont il a été le principal animateur, est le vecteur du monarchisme, du nationalisme intégral et se revendique contre-révolutionnaire et antidémocratique. Partisan d'un antisémitisme d'État - contre la double nationalité des Juifs qu'il qualifie pourtant de "glorieuse" pour celle qui ne serait pas française -, il comprend plus tard, emprisonné, ses erreurs sur ce plan, affirmant avoir ignoré en 1944 le sort tragique réservé aux juifs arrêtés par l'Allemagne nazie et il récuse l'extrémisme scandaleux d'un Maurice Bardèche.

    C'est ce même homme qui reproche à Robert Brasillach d'avoir envisagé de faire reparaître "Je suis partout" à Paris en 1941 "parce qu'il ne reverra jamais les gens qui admettent de faire des tractations avec les Allemands".

    Entre 1886 et 1952, il est si prolifique qu'il publie la bagatelle de 10 000 articles dont certains sont féroces à l'égard des ultras de la collaboration.

    Arrêté lors d'une conférence de presse, son procès durera du 24 au 28 janvier 1945. Il sera condamné, pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi (alors que toute son existence intellectuelle et politique il l'a haï), à la réclusion criminelle à perpétuité avec dégradation nationale. Les jurés avaient été choisis sur une liste établie par les ennemis de Maurras.

    Son incarcération sera l'occasion pour lui d'une réflexion lui permettant d'approfondir ou d'amender certaines de ses convictions.

    Il serait trop long - des historiens objectifs l'ont fait - de décrire l'itinéraire intellectuel et politique de Maurras qui serait incompatible avec le caractère simpliste et manichéen de l'ignorance contemporaine. Il me suffit de mentionner quelques-uns de ceux qui ont été marqués et influencés par lui. Ainsi Jacques Bainville, Georges Bernanos, Jacques Maritain, la famille littéraire des Hussards, notamment Michel Déon qui a été un temps son secrétaire et bien sûr de Gaulle dont le terreau a été maurrassien.

    Pour dire la vérité, si j'ai eu envie d'écrire ce billet, ce n'est pas parce que j'ai été saisi par une illumination mais à cause de cette pensée très profonde de Charles Maurras qui m'a poussé à faire partager mon assentiment. Il se pose cette question : "Y a-t-il un progrès ?... Il y en aurait à coup sûr si chaque âge ne s'oubliait à perdre d'un côté ce qu'il gagne de l'autre ; si, la plupart du temps, l'homme ne négligeait de mettre bout à bout ses plus admirables profits".

    C'est totalement juste et remarquablement écrit.

    C'est aussi Charles Maurras.

    Président de l'Institut de la parole

    https://www.philippebilger.com/blog/2020/04/charles-maurras-le-retour-.html

     

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    Et le dernier vient de paraître

     

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  • Les nouveaux sites inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco

    Dans ces jours où l'actualité internationale n'est pas des plus réjouissantes, passons un moment avec ces sites remarquables qui nous réconcilient un peu avec l'activité des hommes

     

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    Photo 1/34© Ville de Nice

    La ville de Nice (France)

    Le Comité du Patrimoine mondial de l’Unesco a récemment clôturé sa 44e session au cours de laquelle il a passé en revue les candidatures soumises en 2020 et 2021.
    Ce sont au final 34 nouveaux sites - 29 sites culturels et cinq naturels - qui rejoignent la liste du Patrimoine mondial cette année. On y trouve quelques biens français dont le phare de Cordouan et la ville de Nice. Trois biens ont également été étendus et un autre a été retiré de la liste du Patrimoine mondial en péril, le parc national de la Salonga en République démocratique du Congo. Mauvaise nouvelle en revanche pour la ville de Liverpool et son port qui se sont vus retirer leur inscription « en raison de la perte irréversible des attributs pour lesquels ce bien avait été inscrit », a expliqué le Comité pour justifier sa décision « exceptionnelle et rare ».

    Voici en images les nouveaux sites qui ont rejoint la liste cette année.

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     La ville d’As-Salt (Jordanie)

    Photo 2/34© TURATH: Architecture and Urban Design Consultants

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    Le complexe des forêts de Kaeng Krachan (Thaïlande)

    Photo 3/34© Sunee Sakseau

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    L’église d’Atlántida, œuvre de l’ingénieur Eladio Dieste (Uruguay)

    Photo 4/34© CPCN, Getty Foundation

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    Le paysage minier de Roșia Montană (Roumanie)

    Photo 5/34© Ivan Rous

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     Les forêts pluviales et zones humides de Colchide (Géorgie)

    Photo 6/34© Agency of Protected Areas

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    Les colonies de bienfaisance (Belgique/Pays-Bas)

    Photo 7/34© Province of Drenthe on behalf of all nomination partners

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    Quanzhou : emporium mondial de la Chine des Song et des Yuan (Chine)

    Photo 8/34© Quanzhou maritime Silk Road World heritage Nomination Center

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    Le temple de Kakatiya Rudreshwara (Ramappa), Telangana (Inde)

    Photo 9/34© ASI

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    L’art rupestre culturel de Ḥimā Najrān (Arabie saoudite)

    Photo 10/34© SCTH

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    Le chemin de fer transiranien (Iran)

    Photo 12/34© Hossein Javadi

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    Les étendues cotidales coréennes ou "Getbol" (Corée)

    Photo 13/34© World Heritage Promotion Team of Korean Tidal Flat

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    La Mathildenhöhe à Darmstadt (Allemagne)

    Photo 14/34© Nikolaus Heiss

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    Les frontières de l’Empire romain – le limes du Danube (Allemagne, Autriche, Slovaquie)

    Photo 15/34© BLfD

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    Le Paseo del Prado et le parc du Buen Retiro à Madrid (Espagne)

    Photo 17/34© Ayuntamiento de Madrid

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    Le site créé par l’architecte et artiste Roberto Burle Marx (Brésil)

    Photo 18/34© Iphan/SRBM

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    Le phare de Cordouan (France)

    Photo 19/34© DRAC Nouvelle-Aquitaine

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    Le tell d’Arslantepe (Turquie)

    Photo 20/34© MAIAO

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    Les sites préhistoriques Jomon du nord du Japon

    Photo 21/34© Sannai Maruyama Jomon Culture Center

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    Les cycles de fresques du XIVe siècle à Padoue (Italie)

    Photo 22/34© Comune di Padova Settore Cultura, Turismo, Musei e Biblioteche

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    L’ensemble archéoastronomique de Chanquillo (Pérou)

    Photo 23/34© IDARQ

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    Le paysage d’ardoise du nord-ouest du pays de Galles (Royaume-Uni) 

    Photo 24/34© Crown copyright RCAHMW

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    Les portiques de Bologne (Italie)

    Photo 26/34© Giorgio Bianchi - Comune di Bologna

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    Les sites SchUM de Spire, Worms et Mayence (Allemagne)

    Photo 27/34© Generaldirektion Kulturelles Erbe Rheinland-Pfalz

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    Les œuvres de Jože Plečnik à Ljubljana (Slovénie)

    Photo 28/34© Museum and Galleries of Ljubljana

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    Le limes de Germanie inférieure (Allemagne/Pays-Bas)

    Photo 29/34© Nederlandse Limes Samenwerking

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    Les ruines d’une cité harappéenne à Dholavira (Inde)

    Photo 30/34© ASI

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    Le paysage culturel de Hawraman/Uramanat (Iran)

    Photo 31/34© Hamid Binaei Faa

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    Les mosquées de style soudanais du nord ivoirien (Côte d'Ivoire)

    Photo 32/34©  OIPC

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    Le parc national d'Ivindo (Gabon)

    Photo 33/34© Lee White

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    Les pétroglyphes du lac Onega et de la mer Blanche (Russie)

    Source : GEO

  • Michel Maffesoli : Une société en pleine décadence

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    Michel Maffesoli est bien connu de nos lecteurs. Il est actuellement le plus lucide de nos sociologues. Appliquant avec bonheur la méthode de « l’empirisme organisateur », dégagé de tout esprit de système, il analyse ici les instruments de domination à l’usage de « l’oligarchie médiatico-politique ». Un des passages importants nous semble être celui consacré à la « stratégie de la peur pour se maintenir au pouvoir », dont nous voyons aujourd’hui la mise en œuvre la plus odieuse.

    Constatons en effet que tous ceux qui sont titulaires, ou croient l’être, d’un semblant de pouvoir, peut-être menacés par de futures élections (il n’y a pas que la présidentielle mais aussi les législatives) prônent avec insistance le vaccin et le pass-sanitaire obligatoires. Cela n’a rien à voir avec une nécessité médicale scientifiquement établie (nous en sommes loin) à laquelle ils ne comprennent d’ailleurs rien, mais avec le seul souci de maintenir la population sous un couvercle de peur et d’anxiété, et ainsi renouveler le scénario des municipales et des régionales, provoquer une participation minimale et voir jouer le réflexe conservateur d’une opinion manipulée. 

    Il serait cependant opportun qu’ils descendent de leurs sièges bancals et prennent garde à  la pression qui monte dans la cocotte et risque un jour ou l’autre d’exploser.

    Henri Bec

    Table des matières

    1 Par Michel Maffesoli Professeur émérite à la Sorbonne

    2 La stratégie de la peur pour se maintenir au pouvoir

    3 La morale comme instrument de domination

    4 Pour une philosophie progressive

    5 Cet étrange culte de la science

    6 Démocrates, peut-être, mais démophiles, certainement pas

    7 Face à l’inquisition de l’infosphère

    8 Une vraie psycho-pandémie

    9 De la raison sensible

    10 La faillite des élites est déjà là

     

    Par Michel Maffesoli Professeur émérite à la Sorbonne

    S’accorder au cycle même du monde, voilà ce qui est la profonde sagesse des sociétés équilibrées. Tout comme, d’ailleurs, de tout un chacun. C’est cela même qui fonde le sens de la mesure. Le « bon sens » qui, selon Descartes, est la chose du monde la mieux partagée. Bon sens qui semble perdu de nos jours. Tout simplement parce que l’opinion publiée est totalement déconnectée de l’opinion publique.

    Mais pour un temps, sera-t-il long ? cette déconnexion est quelque peu masquée. C’est la conséquence d’une structure anthropologique fort ancienne : la stratégie de la peur.

    La stratégie de la peur pour se maintenir au pouvoir

    D’antique mémoire, c’est en menaçant des supplices éternels de l’enfer que le pouvoir clérical s’est imposé tout au long du Moyen-Âge. Le protestantisme a, par après, fait reposer « l’esprit du capitalisme » (Max Weber) sur la théologie de la « prédestination ». Vérifier le choix de dieu : être élu ou damné aboutit à consacrer la « valeur travail ». L’économie du salut aboutit ainsi à l’économie stricto sensu !

    Dans la décadence en cours des valeurs modernes, dont celle du travail et d’une conception simplement quantitativiste de la vie, c’est en surjouant la peur de la maladie que l’oligarchie médiatico-politique entend se maintenir au pouvoir. La peur de la pandémie aboutissant à une psycho-pandémie d’inquiétante allure.

    Comme ceux étant censés gérer l’Enfer ou le Salut, la mise en place d’un « Haut commissariat au Bonheur » n’a, de fait, pour seul but que l’asservissement du peuple. C’est cela la « violence totalitaire » du pouvoir : la protection demande la soumission ; la santé de l’âme ou du corps n’étant dès lors qu’un simple prétexte.

    Le spectre eugéniste, l’asepsie de la société, le risque zéro sont des bons moyens pour empêcher de risquer sa vie. C’est-à-dire tout simplement de vivre ! Mais vivre, n’est-ce pas accepter la finitude ? Voilà bien ce que ne veulent pas admettre ceux qui sont atteints par le « virus du bien ». Pour utiliser une judicieuse métaphore de Nietzsche, leur « moraline » est dès lors on ne peut plus dangereuse pour la vie sociale, pour la vie tout court !

    La morale comme instrument de domination

    Étant entendu, mais cela on le savait de longue date, que la morale est de pure forme. C’est un instrument de domination. Quelques faits divers contemporains, animant le Landerneau germanopratin montrent, à loisir que tout comme le disait le vieux Marx, à propos de la bourgeoisie, l’oligarchie « n’a pas de morale, elle se sert de la morale ».

    Le moralisme fonctionne toujours selon une logique du « devoir-être », ce que doivent être le monde, la société, l’individu et non selon ce que ces entités sont en réalité, dans leur vie quotidienne. C’est cela même qui fait que dans les « nuées » qui sont les leurs, les élites déphasées ne savent pas, ne veulent pas voir l’aspect archétypal de la finitude humaine. Finitude que les sociétés équilibrées ont su gérer.

    C’est cela le « cycle du monde ». Mors et vita ! Le cycle même de la nature : si le grain ne meurt… Qu’est-ce à dire, sinon que la beauté du monde naît, justement, de l’humus ; du fumier sur lequel poussent les plus belles fleurs. Règle universelle faisant de la souffrance et de la mort des gages d’avenir.

    En bref, les pensées et les actions de la vie vivante sont celles sachant intégrer la finitude consubstantielle à l’humaine nature. À la nature tout court, mais cela nous oblige à admettre qu’à l’opposé d’une histoire « progressiste » dépassant, dialectiquement, le mal, la dysfonction et pourquoi pas la mort, il faut s’accommoder d’un destin autrement tragique, où l’aléa, l’aventure le risque occupent une place de choix.

    Pour une philosophie progressive

    Et au-delà du rationalisme progressiste, c’est bien de cette philosophie progressive dont est pétrie la sagesse populaire. Sagesse que la stratégie de la peur du microcosme ne cesse de s’employer à dénier. Et ce en mettant en œuvre ce que Bergson nommait « l’intelligence corrompue », c’est-à-dire purement et simplement rationaliste.

    Ainsi le funambulisme du microcosme s’emploie-t-il pour perdurer à créer une masse infinie de zombies. Des morts-vivants, perdant, peu à peu, le goût doux et âcre à la fois de l’existence . Par la mascarade généralisée, le fait de se percevoir comme un fantôme devient réel. Dès lors, c’est le réel qui, à son tour, devient fantomatique.

    Monde fantomatique que l’on va s’employer à analyser d’une manière non moins fantomatique. Ainsi, à défaut de savoir « déchiffrer » le sens profond d’une époque, la modernité, qui s’achève, et à défaut de comprendre la postmodernité en gestation, l’on compose des discours on ne peut plus frivoles. Frivolités farcies de chiffres anodins  et abstraits

    Il est, à cet égard, frappant de voir fleurir une quantophrénie ayant l’indubitabilité de la Vérité ! Carl Schmidt ou Karl Löwith ont, chacun à leur manière, rappelé que les concepts dont se servent les analyses politiques ne sont que des concepts théologiques sécularisés.

    La dogmatique théologique propre à la gestion de l’Enfer ou la dogmatique progressiste théorisant la « valeur travail » s’inversent en « scientisme » prétendant dire ce qu’est la vérité d’une crise civilisationnelle réduite en crise sanitaire. « Scientisme » car le culte de la science est omniprésent dans les divers discours propres à la bien-pensance.

    Cet étrange culte de la science

    Il est frappant d’observer que les mots ou expressions, science, scientifique, comité scientifique, faire confiance à la Science et autres de la même eau sont comme autant de sésames ouvrant au savoir universel. La Science est la formule magique par laquelle les pouvoirs bureaucratiques et médiatiques sont garants de l’organisation positive de l’ordre social. Il n’est jusqu’aux réseaux sociaux, Facebook, Tweeter, LinkedIn, qui censurent les internautes qui « ne respectent pas les règles scientifiques », c’est-à-dire qui ont une interprétation différente de la réalité. Doute et originalité qui sont les racines de tout « progrès » scientifique !

    Oubliant, comme l’avait bien montré Gaston Bachelard que les paradoxes d’aujourd’hui deviennent les paradigmes de demain, ce qui est le propre d’une science authentique alliant l’intuition et l’argumentation, le sensible et la raison, le microcosme se contente d’un « décor » scientiste propre à l’affairement désordonné qui est le sien.

    Démocrates, peut-être, mais démophiles, certainement pas

    Politiques, journalistes, experts pérorant jusqu’à plus soif sont en effet, à leur « affaire » : instruire et diriger le peuple, fût-ce contre le peuple lui-même. Tant il est vrai que les démocrates auto-proclamés sont très peu démophiles. Au nom de ce qu’ils nomment la Science, ils vont taxer de populistes, rassuristes voire de complotistes tous ceux qui n’adhèrent pas à leurs lieux communs.

    On peut d’ailleurs leur retourner le compliment. Il suffit d’entendre, pour ceux qui en ont encore le courage, leur lancinante logorrhée, pour se demander si ce ne sont pas eux, les chasseurs de fake news, qui sont les protagonistes essentiels d’une authentique « complosphère »[1]. Très précisément parce qu’ils se contentent de mettre le monde en spectacle.

    Pour reprendre le mot de Platon, décrivant la dégénérescence de la démocratie, la « Théâtrocratie » est leur lot commun. Politique spectacle des divers politiciens, simulacre intellectuel des experts de pacotille et innombrables banalités des journalistes servant la soupe aux premiers, tels sont les éléments majeurs constituant le tintamarre propre à ce que l’on peut nommer la médiocrité de la médiacratie.

    Face à l’inquisition de l’infosphère

    J’ai qualifié ce tintamarre « d’infosphère ». Nouvelle inquisition, celle d’une élite déphasée regardant « de travers » tout à la fois le peuple malséant et tous ceux n’adhérant pas au catéchisme de la bienpensance. « Regarder de travers », c’est considérer ceux et ce que l’on regarde en coin comme étant particulièrement dangereux. Et, en effet, le peuple est dangereux. Ils ne sont pas moins dangereux tous ceux n’arrivant pas à prendre au sérieux la farce sanitaire mise en scène par les théâtrocrates au pouvoir.

    Il faudrait la plume d’un Molière pour décrire, avec finesse, leurs arrogantes tartufferies. Leur pharisianisme visant à conforter la peur, peut aller jusqu’à susciter la délation, la dénonciation de ceux ne respectant pas la mise à distance de l’autre, ou de ceux refusant de participer au bal masqué dominant. Leur jésuitisme peut également favoriser la conspiration du silence vis-à-vis du mécréant. (celui qui met en doute La Science). Et parfois même aller jusqu’à leur éviction pure et simple des réseaux sociaux.

    Dans tous ces cas, il s’agit bien de la reviviscence inquisitoriale. La mise à l’Index : Index librorum prohibitorum. Délation et interdiction selon l’habituelle manière de l’inquisition : au moyen de procédures secrètes. L’entre-soi est l’élément déterminant de la tartufferie médiatico-politique. L’omerta mafieuse : loi du silence, faux témoignages, informations tronquées, demi-vérités, sournoiseries etc. Voilà bien le modus operandi de la fourberie en cours. Et tout un chacun peut compléter la liste de ces parades théâtrales.

    Voilà les caractéristiques essentielles de « l’infosphère », véritable complosphère dominante. Mafia, selon la définition que j’ai proposée des élites, rassemblant « ceux qui ont le pouvoir de dire et de faire ». Puis-je ici rappeler,  à nouveau,  une rude expression de Joseph de Maistre pour décrire ceux qui sont abstraits de la vie réelle : « la canaille mondaine ».

    Peut-être faudrait-il même dire « demi-mondaine ». Ce qui désigne, selon Alexandre Dumas, une « cocotte » richement entretenue et se manifestant bruyamment dans la sphère médiatique, le théâtre et la vie publique ou politique. Demi-monde on ne peut plus nébuleux dont les principales actions sont de déformer la réalité afin de la faire rentrer en congruence avec leur propre discours. Demi-mondaines entretenues par l’État ou les puissances financières de la démocratie afin de faire perdurer un état de choses désuet et rétrograde.

    Mais cette déformation de la réalité a, peu à peu, contaminé l’espace public.

    C’est cela le cœur battant du complotisme de « l’infosphère » : entretenir « mondainement » la peur de l’enfer contemporain. Anxiété, restriction des libertés acceptée, couardise, angoisse diffuse et tout à l’avenant au nom du « tout sanitaire ». Forme contemporaine du « tout à l’égout » !

    Une vraie psycho-pandémie

    Sans nier la réalité et l’importance du virus stricto sensu, sans négliger le fait qu’il ait pu provoquer un nombre non négligeable de décès, ce qui n’est pas de ma compétence, il faut noter que le « virus » s’est introduit de manière essentielle dans nos têtes. Ce qui devrait nous conduite à parler d’une « psycho-pandémie » suscitée et entretenue par l’oligarchie médiatico-politique.

    Psycho-pandémie comme étant la conséquence logique de ce que Heidegger nomme la « pensée calculante » qui, obnubilée par le chiffre et le quantitatif et fascinée par une  logique abstraite du « devoir être », oublie la longue rumination de la « pensée méditante » qui, elle, sait s’accorder, tant bien que mal à la nécessité de la finitude.

    Voilà ce qui, pour l’immédiat suscite une sorte d’auto-anéantissement ou d’auto-aliénation conduisant à ce que ce bel esprit qu’était La Boétie nommait la « servitude volontaire ». Ce qui est, sur la longue durée des histoires humaines, un phénomène récurrent. Cause et effet de la stratégie de la peur qui est l’instrument privilégié de tout pouvoir, quel qu’il soit.

    Stratégie de la peur qui, au-delà ou en-deçà de l’idéal communautaire sur lequel se fonde tout être ensemble, aboutit, immanquablement à une grégaire solitude aux conséquences on ne peut plus dramatique : violence perverse, décadence des valeurs culturelles, perte du sens commun et diverses dépressions collectives et individuelles. L’actualité n’est pas avare d’exemples illustrant une telle auto-aliénation !

    Il est deux expressions qui devraient nourrir la pensée méditante, ce que Durkheim nomme le « conformisme  logique », ou ce que Gabriel Tarde analyse dans « les lois de l’imitation ». Des insanités déversées d’une manière lancinante, dans la presse écrite, radiophonique ou télévisuelle par l’oligarchie, au spectacle du bal masqué que nous offre la réalité quotidienne, on voit comment la stratégie de la peur induite par l’inquisition contemporaine aboutit à un état d’esprit tout à fait délétère, et on ne peut plus dangereux pour toute vie sociale équilibrée.

    Cette grégaire solitude est particulièrement angoissante pour les jeunes générations auxquelles est déniée tout apprentissage vital. Et c’est pour protéger des générations en fin de vie que l’on sacrifie une jeunesse qui est, ne l’oublions pas, la garante de la société à venir.

    De diverses manières de bons esprits ont rappelé qu’une société prête à sacrifier la liberté, la joie de vivre, l’élan vital en échange de sécurité et de tranquillité ne mérite ni les uns, ni les autres. Et, in fine, elle perd le tout. N’est-ce point cela qui menace, actuellement, la vie sociale en son ensemble ?

    De la raison sensible

    Mais une fois le diagnostic fait, il est nécessaire de formuler un pronostic pertinent. Ainsi, en accord avec le réalisme que l’on doit à Aristote ou à Saint Thomas d’Aquin, il faut savoir mettre en œuvre un chemin de pensée alliant les sens et l’esprit. Ce que j’ai nommé la « raison sensible ».

    Voilà qui peut mettre à bas les châteaux de cartes du rationalisme étroit dans lequel les concepts abstraits servent de pseudo-arguments. Le bon sens et la droite raison réunis peuvent permettre de mettre un terme au brouhaha des mots creux. C’est bien d’ailleurs ce qui est en train de se passer sur les réseaux sociaux dans lesquels grâce aux tweets, forums de discussion, échanges sur Facebook, sites et blogs de résistance divers et presse en ligne est en train de s’élaborer une manière de penser et d’agir différente. Il faut être attentif à la société officieuse en gestation, totalement étrangère à la société officielle propre à l’oligarchie médiatico-politique.

    Il est une heureuse expression que l’on doit à l’universitaire et homme politique Pierre-Paul Royer-Collard (1763 – 1845) qu’il est utile de rappeler de nos jours. C’est ainsi qu’il oppose « le pays légal au pays réel ». Par après cette opposition a été reprise, diversement, par Auguste Comte ou Charles Maurras. Mais elle a l’heur de nous rappeler que parfois, il existe un divorce flagrant qui oppose la puissance populaire, puissance instituante, au pouvoir officiel et institué. C’est ce qui permet de saisir la lumière intérieure du bon sens populaire. C’est ce qui permet de comprendre qu’au-delà de la décomposition d’une société peut exister une renaissance. C’est cette métamorphose qui est en cours. Et au-delà de la soumission induite par la protection, c’est dans le « pays réel » que se préparent les soulèvements fondateurs d’une autre manière d ‘être ensemble.

    Ainsi de la révolte des « gilets jaunes » à la résistance, multiforme, à la mascarade, à la distanciation, voire aux vaccins, c’est une métamorphose sociétale qui se prépare. Le « monde d’après » est déjà là. Métamorphose qui bien évidemment à ce que Vilfredo Pareto nommait, avec pertinence, la « circulation des élites ». 

    La faillite des élites est déjà là

    Une telle circulation est inéluctable. La faillite des élites est, maintenant, chose acquise. La forte abstention aux diverses élections, la désaffection vis-à-vis des organes de presse, émissions de télévision ou radio en portent témoignage. Ce que l’on peut appeler « des bulletins paroissiaux » n’intéresse que des affidés, des petites sectes médiatico-politiques se partageant le pouvoir.

    Or le propre des « sectaires » est, en général, d’être totalement aveugles vis-à-vis de ce qui échappe à leur dogmatique. C’est ainsi que tout en considérant cela comme dangereux, ils sont incapables de repérer et de comprendre ces indices hautement significatifs que sont les rassemblements festifs se multipliant un peu partout. Il en est de même des multiples transgressions aux divers « confinements » et autres « couvre-feu » promulgués par l’appareil technico-bureaucratique. Et l’on pourrait multiplier à loisir des exemples en ce sens.

    Lorsque dans les années 70, je soulignais que la vraie violence, la « violence totalitaire » était celle d’une « bureaucratie céleste » voulant aseptiser la vie sociale et ce en promulguant la nécessité du risque zéro, je rappelais qu’à côté d’une soumission apparente existaient une multiplicité de pratiques rusées. Expression d’une duplicité structurelle : être tout à la fois double et duple.

    Il s’agit là d’un quant à soi populaire assurant, sur la longue durée, la survie de l’espèce et le maintien de tout être ensemble. C’est bien un tel « quant à soi » auquel l’on rend attentif tout au long de ces pages. Il témoigne d’une insurrection larvée dont la tradition donne de nombreux exemples et qui ponctue régulièrement l’histoire humaine.

    Duplicité anthropologique de ce bon sens dont Descartes a bien montré l’importance. Duplicité qui à l’image de ce qu’il disait : « larvatus prodeo », l’on s’avance masqué dans le théâtre du monde. Mais il s’agit là d’un masque provisoire qui sera, plus ou moins brutalement, ôté lorsque le temps s’y prêtera. Et ce en fonction du vitalisme populaire qui sait, de savoir incorporé, quand il convient de se soulever. Et ce avant que le bal masqué ne s’achève en danse macabre !

    [1] Je renvoie ici à la lucide et sereine analyse de Raphaël Josset, Complosphère. L’esprit conspirationniste à l’ère des réseaux, Lemieux éditeurs, 2015

  • La terreur, cette arme révolutionnaire

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    Le père Michel Viot évoque la période de Thermidor et la continuité du terrorisme républicain. Terreur toujours active aujourd’hui, même sans guillotine… pour l'instant !

     

    […] Aujourd’hui, c’est le couperet de l’injonction au progrès qui s’abat. Il ne coupe plus les têtes, il les fait tourner, toujours au nom de la liberté et du bonheur, toujours contre la vieille ennemie, l’Église, l’Infâme, qu’on n’en finit pas d’écraser. Et la mort est plus que jamais là, compagne inséparable du progressisme messianiste rêvant du paradis sur la terre. C’est par milliers, par dizaines de milliers, par centaines de milliers que l’on détruira ainsi des embryons humains dans toutes sortes d’opérations cauchemardesques de démiurges voulant créer la vie et reformater l’homme. On ira même jusqu’à tuer des enfants viables au nom d’une « détresse psycho-sociale » dans le cadre de « l’IMG, interruption (pseudo) médicale de grossesse ». Les transgressions en tout genre n’ont pas leur pareil pour faire perdre toute raison à ce qui reste d’humain, et l’on rouvre donc le chantier de nouvelles tours de Babel. Les constructeurs du monde nouveau, tels ceux du livre de la Genèse, veulent s’unir et se faire un nom. A leur image, à celle des inventeurs de la première terreur en chrétienté lors de la révolution française, puis de leurs nombreux disciples de par le monde, les députés qui ont voté cette loi de prétendue bioéthique se sont placés sous le signe de Babel et de sa double signification, selon qu’on se réfère à la langue de Babylone ou à celle des Hébreux : porte des cieux ou confusion.

    Ces législateurs prétendent toujours ouvrir la porte des cieux grâce à des lois monstrueuses. Ils sont toujours pleins de ces bonnes intentions dont l’enfer est pavé. Aussi quand les portes s’ouvrent, c’est la confusion, et Dieu n’a plus qu’à tout laisser crouler. Il a pris au mot les hommes des Lumières qui lui ont dit « Va-t’en. Nous ne voulons plus de toi ». Il leur a répondu « Faites » et tout s’est effondré (petite paraphrase de Joseph de Maistre). Je n’entre pas dans le détail des horreurs qu’impliquera cette nouvelle loi quand elle sera définitivement adoptée. D’autres l’ont fait, qu’on se reporte aux textes récents de Monseigneur Pierre d’Ornellas, de Monseigneur Michel Aupetit, de Monseigneur Marc Aillet, et d’une manière générale aux positions de la Conférence des Évêques de France et de son président, ainsi qu’aux textes du Salon beige et d’Alliance Vita, pour ne citer qu’eux. Tout y est. Je me permets seulement d’y ajouter une remarque et une suggestion.

    Remarque :

    Pour rendre l’horreur ordinaire et faisable, on a toujours eu recours au procédé de la terreur. La première assemblée qui a décidé de l’instauration de la république le 21 septembre 1792 fut précédée des massacres du début de ce mois dans les prisons françaises, d’où une abstention massive et une élection très « orientée » ! La grande terreur de 1794 fut précédée de la loi des suspects du 17 septembre 1793 (rédigée dans des termes tels que n’importe qui pouvait être emprisonné ou assigné en résidence), puis des lois de prairial (10 juin 1794) supprimant la défense au tribunal révolutionnaire et accélérant son fonctionnement. La guillotine ne chôma pas. Mais la terreur ne cessa pas avec la chute de Robespierre. Il fallut éliminer ses partisans, neutraliser les déçus du nouveau régime et toujours combattre l’Église catholique. On déporta donc beaucoup, et tellement à la fois que bien peu arrivaient vivants en Guyane. Le régime suivant eut constamment recours à l’armée pour se maintenir en place, ce qui donna certainement des idées au jeune et talentueux général Bonaparte. Ceux qui avaient pris le pouvoir en 1792, et dont beaucoup subsistaient à la chute de Robespierre, étaient prêts à tout pour le garder, qu’ils fissent partie de la classe des nouveaux riches de la révolution, ou qu’ils en furent les représentants stipendiés. Les caisses de l’Etat étaient vides. La situation de banqueroute existait de fait depuis au moins 1788. Le trésor public agonisait malgré la perfusion d’un cocktail composé du produit du vol des biens du clergé et des émigrés, et de la fausse monnaie des assignats, le tout créant une situation économique et sociale particulièrement affreuse. Seules la crainte de l’invasion étrangère (donc la guerre) et la terreur pouvaient maintenir l’ordre. Quand la victoire militaire fut assurée (celle de Fleurus, 26 juin 1794), il ne resta plus que la terreur, condamnée à s’amplifier pour cause de paix, et qui le pouvait légalement grâce aux lois de prairial qui avaient précédé de peu l’événement. C’est pourquoi, la situation économique ne s’étant guère améliorée, la terreur dut continuer après la chute de Robespierre.

    Et cela permit à un ministre des finances, Dominique Ramel, du nouveau régime (le Directoire à partir de 1795) d’annuler les deux tiers de la dette publique le 30 septembre 1797. Ce fut la fameuse banqueroute des deux tiers, dite aussi, pour rassurer ceux qui étaient susceptibles de l’être, la consolidation du tiers de la dette publique (affaire rendue possible par le coup d’Etat du 18 Fructidor an V – 4 septembre 1797). Les nouveaux riches de la révolution pouvaient dormir tranquilles, les créanciers de l’Etat étant ruinés et totalement anéantis, et les masses populaires neutralisées par l’inflation ! Qu’importe ! Les finances de l’Etat étaient enfin assainies, le règne de la Banque pouvait commencer, pourvu qu’un pouvoir politique fort tienne la barre. C’est ce qui arriva le 9 novembre 1799 (18 brumaire an VIII) lorsque le général Bonaparte devint Premier Consul au moyen d’un coup d’Etat bien préparé par Sieyès, et impliquant tout un cartel bancaire.

    Quel rapport avec aujourd’hui ? Cela crève les yeux. Dès 1788, la dette publique représentait 80% du produit intérieur brut, et ce chiffre ne cessa d’augmenter jusqu’à « l’assainissement. » de Ramel. Depuis plusieurs années la dette française ne cesse d’augmenter, bien au-delà des 80% désormais puisqu’elle a dépassé les 100% en décembre 2019. Pour cause de monnaie unique, une solution nationale est impossible. Comment le règne de la Banque va-t-il rétablir la situation ? Un nouveau 1929 ? Ou même une guerre, comme l’a dit, par humour noir, un ancien ministre ? Nous avons eu la crise financière de 2008 et des guerres ici ou là, mais on n’a pas permis à ces calamités de s’emballer, par crainte sans doute des risques encourus. Quant à la banqueroute, elle semble interdite par l’internationalisation financière et l’anonymat des capitaux. Le ministre des finances du Directoire avait à sa disposition le registre d’un de ses prédécesseurs, le conventionnel Cambon, qui comportait tous les noms des créanciers de l’Etat. On pouvait cibler très exactement les victimes ! Aujourd’hui une opération à l’identique serait incontrôlable. Et qui sait par ailleurs le pouvoir de cet argent anonyme ?

    Reste heureusement la terreur, bonne vieille recette jamais démodée. Plus besoin de dresser une guillotine place de la Concorde, le covid 19 est arrivé ! Et il a pris tout le monde de court. Que voulez-vous, l’erreur est humaine. Relisons ce que disait Basile sur la calomnie dans le Barbier de Séville. La distillation de la terreur a commencé ainsi dans toute la France. Que de « Basile » invités régulièrement sur les plateaux TV. Et malheur aux anti-Basile, surtout lorsque leurs propos sont de nature à contrarier les effets de la terreur, et en particulier amoindrir les bénéfices que pourraient engendrer le commerce des nouveaux médicaments que préparent certains laboratoires. Comme par magie, un vaccin apparaîtra en des temps records qui tiennent du miracle. Autre miracle, puisque nous sommes dans ce registre, l’argent réapparaît, les euros se multiplient comme jadis les assignats, mais sans crainte de banqueroute cette fois-ci. 

    Il ne s’agit donc certainement pas de relâcher la terreur, et la relative tranquillité qu’elle assure à nos dirigeants. Ils le savent car il leur arrive de penser, surtout quand il s’agit du maintien de leurs pouvoirs. Il faut donc que le covid 19 perdure et qu’il circule, qu’il devienne la seule préoccupation des Français. Pendant ce temps-là, ils seront occupés, ils auront peur et c’est très bien ainsi. Oui Thermidor, an 228, est un bon moment pour faire passer une sale loi ! Seuls des arriérés obscurantistes comme les catholiques en manifesteront un peu d’émotion. Les autres se préoccuperont de leurs masques, des nouveaux médicaments et du vaccin miracle, sans oublier bien sûr de vérifier qu’on leur verse bien leur petite prime de compensation pour collaboration fraternelle et citoyenne à la lutte contre le danger viral.

    Ma suggestion :

    Comme je constate avec joie que l’Église catholique en France ne s’est pas laissée enfumer, tant par la propagande que par l’incendie de ses cathédrales, je suggère la persévérance dans la prière et l’action de grâce pour les propos, clairs, déterminés et courageux tenus ou écrits par nos évêques de France , en y ajoutant des travaux pratiques. Pour le bien des âmes en général, il conviendrait de faire savoir aux catholiques qui, malgré les avertissements de leurs évêques, ont voté cette loi ou qui l’approuvent de quelque manière que ce soit, qu’ils encourent l’excommunication(1). En bafouant la loi naturelle et en ouvrant la porte à des crimes contre l’humanité, je pense qu’ils se sont eux-mêmes excommuniés. Ils n’ont donc plus accès à aucun des sacrements de l’Église, sinon la pénitence. Il serait d’ailleurs charitable de les avertir que les honneurs des funérailles chrétiennes risquent de leur être refusés, point qui est sans doute le plus sensible de tous, même pour des gens moyennement croyants. Il appartiendrait aux spécialistes en droit canon d’étudier cette question si l’Église voulait donner suite à cette suggestion. Elle m'apparaît comme le seul moyen fort pour elle de manifester clairement et publiquement sa désapprobation. Laquelle se place bien évidemment dans la perspective de la repentance des pécheurs et de l’enseignement du peuple de Dieu demeuré fidèle.

    Le Salon beige

  • Livre - Notre sélection : Les Morticoles

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    Léon Daudet, étudiant en médecine à la fin du XIXe siècle, ne supportait pas le monde des hôpitaux parisiens soumis au despotisme de professeurs agrégés des universités jouant les mandarins arrogants, prétentieux, bouffis d’orgueil et de bêtise. Il détestait ces roitelets, grands et petits pontifes en blouses blanches, utilisant leurs savoirs comme autant d’armes de domination, s’enferrant dans des querelles de soins absurdes, servant avant tout leurs intérêts de carrière, reléguant les malades au second plan. Léon Daudet décida de ridiculiser leurs comportements dignes de Diafoirus en publiant un roman : Les Morticoles.

    L’histoire se trouve simple à résumer. Un naufragé échoue sur une île entièrement commandée par les médecins. La société y prend la forme d’un gigantesque centre hospitalier gouverné par d’implacables lois sanitaires. L’ensemble des citoyens se voit présumé malade. Ceux en bonne santé sont déclarés dissimulateurs et subissent toutes sortes de traitements absolument farfelus. La population vit en cobayes permanents. Comprenant rapidement la situation, le nouvel arrivant décide d’entamer une carrière médicale. Il devient membre du personnel soignant puis, intriguant à merveille, s’élève vers les sommets. Il découvre, à cette occasion, les batailles « savantes » où les théories les plus sérieuses se trouvent devoir affronter les pires élucubrations thérapeutiques. Il apprend surtout qu’en ce lieu, le plus sûr moyen d’obtenir une promotion ne tient pas en la compétence mais en l’art de lécher les orteils des supérieurs.Capture.JPG

    Léon Daudet, écrivant cet ouvrage, n’imaginait certainement pas la crise du Covid-19 que la France allait traverser, 125 ans plus tard. Mais il connaissait les hommes. Il savait les moquer. Surtout, il n’ignorait rien des risques et dangers des mécanismes de pouvoirs. Quels que soient leur bonne foi ou leur sincérité, leur sérieux ou leur moralité, leur bassesse ou leur noblesse, les médecins, lorsqu’ils gouvernent une société, ne peuvent que la réduire à un territoire de morticoles. Que leurs diagnostics s’avèrent vrais ou faux, que leurs recommandations soient bonnes ou mauvaises, là se situe la discussion médicale, mais pas le débat politique. Le constat politique fondamental est que notre société accepte de se soumettre, mois après mois, à un pouvoir scientifique imposant sa loi. Nombre de nos droits ont été placés en situation de mort cérébrale. Notre démocratie subsiste, mais en apnée. Chancelante, elle joue les infirmières dociles. Elle tend les compresses. Elle tient les fichiers, contrôle les formulaires. Mais elle ne commande plus. Notre Parlement, depuis bien longtemps, a déposé les armes de la souveraineté qui lui ont été confiées par le suffrage universel. Les députés vivent à plat ventre devant quelques satrapes de la haute administration sanitaire.

    Et chacun peut constater, jour après jour, le regard ironique, combien la pratique du léchage d’orteil, si chère aux morticoles, domine notre pays.

    Olivier Barrat

     

  • Le clan et le "syndrome du caméléon"

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    Des milliers d'opposants au pass sanitaire défilent en France « pour la liberté » (Le Point)

    L’allocution prononcée le 12 juillet dernier par Emmanuel Macron a déclenché une vague de protestations que le pays n’avait pas connue depuis longtemps. On a vu les Villiers, Poisson, Zemmour, Le Pen, Philippot, Marion Maréchal… et nombreux autres proclamer avec force leur hostilité aux décisions liberticides annoncées. C’est en effet, une fois de plus la réalisation de ce que Maurras analysait dans un de ses ouvrages prophétiques De Démos à César : la République balance toujours entre un anarchisme ingérable et un césarisme brutal.

    La décision sur l’obligation du pass sanitaire n’a pas arrangé les choses.

    Comment, en effet, peut-on tolérer de la part d’un président de la République un air aussi suffisant, une attitude aussi méprisante et des décisions aussi agressives ? Il n’est pas admissible, ce qui, en outre, est vraisemblablement juridiquement infondé, d’imposer à toute une population, l’injection dans le corps d’une substance qui n’est, faut-il le rappeler, qu’au stade expérimental ; et alors que nombre d’éminents professeurs (professeur Éric Caumes, professeur Perronne…), médecins et autres spécialistes émettent de sérieuses réserves, tant sur la cohérence des méthodes employées depuis un an et demie que sur leur efficacité. Sans parler du personnel médical, le mieux placé en principe, qui, dans une forte proportion refuse cette injection… Le professeur Montagnier, prix Nobel, affirmait récemment : « Une science que l’on apprenait autrefois à l’école primaire : on ne vaccine pas en pleine épidémie, ça crée des variants », aussitôt qualifié de complotiste.

    Mais force est malheureusement de constater que les adversaires de la vaccination obligatoire sont pratiquement interdits de plateau.

    Quant au passe sanitaire, il s’agit d’une atteinte intolérable aux libertés les plus élémentaires. « Nous sommes en dictature » titrait Le Point il y a quelques jours, sous la signature de Franz Olivier Gisbert.

    « Quand on importe les méthodes de l’Arabie Saoudite et du Pakistan, seuls pays au monde à avoir osé rendre la vie impossible aux non vaccinés pour mieux les contraindre, quand on singe la Chine qui prévoit d’interdire l’accès à l’hôpital ou à l’université aux non-vaccinés, oui il y a basculement. » (Marion Maréchal)

    Seul le clan Ménard fait entendre, comme d’habitude, une voix discordante pour tenter d’attirer à nouveau à lui une attention qui s’en détourne chaque jour un peu plus. Il faut bien se faire remarquer d'une manière ou d'une autre, comme plaider pour le vaccin et le pass sanitaire obligatoires. Il est vrai que ses immenses connaissances médicales sont sans commune mesure avec celles de ces spécialistes !

    Devant cette levée de boucliers qu’il n’avait pas prévue, le clan Ménard tente maintenant un rétropédalage qui ne trompera personne. Nécessité fait loi : il ne faudrait pas qu’à quelques mois des législatives, même le carré des derniers et peureux courtisans prenne la poudre d’escampette ! Alors on dépose un amendement à l’Assemblée pour demander que le pass soit limité à la durée de l'épidémie. Ridicule initiative qui consiste à demander la suppression d'une mesure lorsqu’on n’en a plus besoin ! Il n’en reste pas moins qu’E. Ménard n’a pas voté contre cette loi, la seule du groupe des non-inscrits, représentant ce qui reste de droite. Il faudra s’en souvenir…

    Oh ! N’allez pas vous imaginer que toutes ces déclarations et manœuvres soient le résultat de savantes réflexions et de convictions profondes. Après avoir joué au yoyo pendant six ans avec le RN (on pense ce qu’on veut de ce mouvement, la question n’est pas là), faisant assaut d’éloges à l’approche des élections, puis le critiquant, parfois violemment, lorsque le risque disparaissait, puis recommençant la comédie, surtout avant les législatives de 2017 (!), il a démontré son absence totale de sérieux et sa grande maitrise du retournement de veste, ce que les plus perspicaces avaient subodorée depuis le début. Les compliments destinés à Marine Le Pen sont d’une bouffonnerie achevée quand on sait qu’il l’avait menacée de monter une liste concurrente aux élections régionales quelques semaines auparavant. Sans compter les qualificatifs plus que désobligeants dont il la gratifiait.

    Aujourd’hui, le clan ne dissimule plus la finalité de la stratégie mise en place : le succès lors des prochaines législatives, au prix de tous les renoncements (inauguration il y a quelques jours d’un buste du socialiste Giacomo Matteotti ! – Nous y reviendrons) ou des alliances les plus ambiguës (appel à voter UDI aux élections sénatoriales !)… Nous pourrons dans les jours et semaines suivantes, sans risque de nous tromper, commenter les futurs agissements qui ne vont pas tarder de voir le jour et ne manqueront pas de sel. On voit déjà, avec la prise de position sur le vaccin et le pass obligatoires, que mettre ses pas dans ceux de Macron a dû être jugé électoralement rentable. C’est ce que l’on appelle « le syndrome du caméléon ». Médias-Presse-Info titrait récemment : Robert Ménard rejoint la meute au service de la dictature sanitaire.

    Il nous avait berné, la main sur le cœur, avec « l’union des droites ». Elle n’avait en réalité de valeur à ses yeux, que s’il en était le pilote. Lorsque la pantomime de « Oz ta droite » s’est effondrée trois jours après, on n’en a plus entendu parler. C’est désormais à la désunion des droites à laquelle il travaille.

    Sachez que nous ne laisserons pas perdurer cette mascarade sans la commenter et la dénoncer.

    Henri Bec

    PS : si vous souhaitez connaître le nom des députés qui on voté contre le pass sanitaire, cliques ICI

  • Marion Maréchal : "oui, il y a basculement"

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    Marion Maréchal a accordé un entretien à Valeurs actuelles. Nous en donnons ci-dessous un extrait

    *****

    Que craignez-vous ?

    Un véritable changement de société, où la norme n’est plus la liberté mais la contrainte, où la solidarité nationale s’efface au profit d’une société de défiance et de contrôle, où la culpabilisation et la délation sont devenues la norme dans les rapports sociaux. L’émergence d’une société de la suspicion divisée entre les “bons” et les “mauvais” citoyens où l’Etat, plutôt que d’apporter des réponses sur le plan hospitalier, industriel et technologique dans le cadre de la lutte contre l’épidémie, organise la relégation sociale et le licenciement massif des récalcitrants. Il y a encore deux ans, le secret médical était considéré comme sacré, sa violation était criminalisée. Et maintenant, on devrait justifier de son état de santé à un inconnu pour avoir le droit de prendre un café en terrasse ? Il y a une dérive évidente, avec une radicalisation de ceux qui détiennent les instruments de pouvoir (…)

    Le sujet n’est pas d’être “pour” ou “contre” le vaccin. On peut parfaitement être vacciné et opposé au pass vaccinal. De même, il est fréquent de ne pas être vacciné contre la COVID sans pour autant être un “antivaxx” primaire. Ma fille a fait ses 11 vaccins obligatoires et pourtant je suis résolument opposée à l’obligation vaccinale contre la COVID et au pass sanitaire. Il me semble que le doute devrait encore être permis au pays de Descartes ! Accessoirement, il y a eu de nombreux scandales sanitaires retentissants en France (le sang contaminé ou encore le Distilbène, le Mediator, la Dépakine, les implants mammaires PIP, etc.) qui rendent compréhensibles les précautions d’une partie de la population.

    Par ailleurs, rappelons que l’obligation vaccinale, avec un produit en phase expérimentale, est illégale. Les vaccins actuels sont encore en phase III des essais cliniques jusqu’en 2022 voire 2023 pour certains. Cette obligation se heurte au libre consentement de la personne et ce droit est protégé au niveau national dans le code de la santé publique et au niveau européen par une directive du 4 avril 2001. C’est d’ailleurs pour cela que le gouvernement met en place une obligation indirecte déguisée. (…)

    Quand on est prêt à mettre au ban de la société des enfants dès 12 ans parce qu’ils ne sont pas vaccinés contre une maladie totalement inoffensive pour eux, oui je pense que l’on peut parler de basculement. Quand on importe les méthodes de l’Arabie Saoudite et du Pakistan, seuls pays au monde à avoir osé rendre la vie impossible aux non vaccinés pour mieux les contraindre, quand on singe la Chine qui prévoit d’interdire l’accès à l’hôpital ou à l’université aux non-vaccinés, oui il y a basculement.

  • Le masque et la vie

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    Par Michel Rosenzweig (philosophe et psychanalyste)

    Rosenzweig.jpgVivre masqué en permanence dans les espaces clos et à l’extérieur alors que ce virus circule à bas bruit est un non-sens total. Et quoi qu’en pensent les adhérents au masque obligatoire qui n’y voient toujours rien d’autre qu’une simple mesure d’hygiène envers les autres, ce qui reste encore à démontrer, c’est toute la vie quotidienne qui est affectée et durablement. Car tout est à présent soumis au règne du masque obligatoire, les moindres gestes, la moindre action, les moindres déplacements, les visites, les rendez-vous, c’est toute notre vie quotidienne qui est à présent régie et rythmée par ce régime du masque : sortir, faire ses courses, aller chez le coiffeur, au restaurant, dans un bar, un musée, au cinéma, faire du sport, de la danse, etc. etc.

    Et si ce régime est imposé aujourd’hui dans des conditions sanitaires saines, qu’en sera-t-il lorsque les autres coronavirus mutants et les influenza reviendront bientôt ?

    Au moindre rhume, aux moindres symptômes grippaux, que fera-t-on ?

    Si ces contraintes limitantes drastiques sont imposées alors qu’elles ne se justifient pas aujourd’hui, à quelles mesures aurons-nous droit à la saison des grippes ?

    Dans ces conditions, il est clair que ce régime sera maintenu sans aucune limite de temps. C’est un peu comme si on avait érigé un immense barrage face à une hypothétique vague démesurée, un tsunami dont la survenue est loin d’être certaine. C’est un peu aussi comme le désert des Tartares avec sa forteresse érigée contre un ennemi qui ne venait jamais.

    Nous avons basculé dans un univers de précaution absolue visant l’asepsie et le risque zéro pour préserver la vie et nous sommes en réalité en train de perdre la vie. Car la vie n’est pas la survie.

    Lorsque vous marchez dans une rue commerçante de votre quartier et qu’un inconnu masqué vous fonce dessus pour vous prévenir que la police vient de verbaliser deux personnes pour non port du masque alors que rien n’indique qu’il est obligatoire dans ce secteur, vous réalisez qu’il se passe quelque chose qui n’a strictement rien à voir avec la santé. Lorsque vous prenez les transports en commun et que des patrouilles de police sanitaire arpentent la plateforme en dévisageant les passagers, vous comprenez que ce monde est devenu invivable. Lorsque vous entrez dans votre bistrot familier et qu’on exige de vous de mettre votre masque pour faire 2m50, et qu’en vous installant, la serveuse masquée vous présente un carnet dans lequel vous êtes invité à indiquer votre nom et votre numéro de téléphone pour être autorisé à manger, vous comprenez que rien ne sera jamais plus comme avant et que la joie, le plaisir de sortir, la convivialité, les échanges et les partages dans ces conditions, c’est terminé.

    Je suis désolé pour toutes les personnes qui approuvent ce régime de dictature sanitaire, sincèrement, car je pense qu’elles ont perdu leur sens commun, leur bon sens, leur faculté de juger et de discriminer. Et je le pense sincèrement. Ces personnes qui en insultent d’autres sont en réalité atteintes d’un autre virus bien plus toxique, celui de l’intoxication médiatique et du formatage des cerveaux alimenté et entretenu par la propagande médicale et politique anxiogène et contre lequel il n’y a aucun remède ni aucun vaccin.

    Ce masque qu’ils exigent parfois avec violence au nom de leur santé en masque en réalité un autre, celui qui voile leur conscience et surtout leur liberté de conscience, de penser, d’apprécier et d’évaluer correctement la situation, celui qui voile la raison au profit du fantasme de la maladie mortelle qui rode à chaque coin de rue, celui de la peur panique d’être contaminé par la peste.

    D’abord il y a eu un virus. Ensuite des malades, puis des morts. Comme chaque année à la même saison, cette année l’aire des morts aura juste été plus concentrée sur une plus courte période. Mais au total, comparé aux pics épidémiques annuels et saisonniers ? Prenez la peine honnêtement de regarder un graphique de santé publique étalé sur les dernières années.

    C’est la visibilité de cette épidémie qui a choqué les consciences et construit une image, une représentation erronée de la réalité, une discordance, ce sont les discours et les messages changeants, les injonctions contradictoires et paradoxales, les conflits d’intérêts de toute catégorie, l’instrumentalisation, la récupération et l’exploitation politiques de l’épidémie qui ont brouillé la lisibilité correcte et rationnelle de cet épisode.

    Oui il y a eu une épidémie due à un coronavirus dont l’origine demeure mystérieuse pour moi et pour d’autres.

    Oui les plus fragiles et les plus âgés en ont été victimes. Soit. Et alors ? Est-ce une raison suffisante pour imposer ce régime de dictature sanitaire totalement disproportionné au moment où nous avons besoin de légèreté et d’air ?

    Est-ce une raison pour enfermer et astreindre toute une population au moment où rien ne le justifie lorsqu’on regarde les courbes des hospitalisations et des décès ?

    Et après ?

    Le contrôle électronique et numérique des contaminés ?

    Des codes de couleurs ?

    Un bracelet électronique pour les pestiférés ?

    Et puis pourquoi faire croire que ce régime prendra fin avec un vaccin alors que l’on sait parfaitement bien qu’aucun vaccin contre un coronavirus n’a jamais vraiment fonctionné ? Si les vaccins contre la grippe saisonnière fonctionnaient massivement, on le saurait me semble-t-il. A-t-on éradiqué la grippe avec un seul vaccin ?

    Alors j’avoue, oui, j’avoue et je reconnais volontiers que je suis atteint d’un syndrome très connu : celui du canari dans la mine. Vous savez, cet oiseau que les mineurs emportaient pour les prévenir du gaz méthane qui s’échappait du charbon, un gaz incolore inodore et indétectable.

    Lorsque que le canari s’endormait, ou mourait, il était temps de sortir.

    Source : le blogue de Jean-Dominique Michel

  • François Furet : "la culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l'été 1789"

    Pierre Chaunu-La révolution.jpg

    Avec Jacques Bainville,

    déconstruire le premier et le plus sordide

     des pseudo "mythes fondateurs" de la Révolution et du Système

     

    « Les ridicules légendes de la Bastille », les « canailles et les plus sinistres gredins de mauvaises gens, des criminels capables de tout », disait Bainville… Ridicules et tragiques légendes, oui, mais annonciatrices et créatrices de la Terreur.

    Il n'y a a jamais eu de "prise" de la Bastille, mais la perfidie d'une poignée d'émeutiers sanguinaires, brutes avinées, assassins et terroristes dans l'âme, qui, après avoir promis liberté et vie sauve aux quelques dizaines d'hommes présents dans le lieu, n'eurent rien de plus pressé que de les massacrer, de couper leurs têtes et de les promener dans les rues au bout de piques ! C'est le même geste qui a tué Hervé Cornara à Saint Quentin Fallavier le 26 juin 2015 ou le père Hamel le 26 juillet 2016 à Saint-Etienne-du-Rouvray. Ce qui légitime la question : comment peut-on à la fois organiser des hommages à leur égard et se réjouir du 14 juillet ? Il est vrai que nous ne sommes pas à quelques confusions prêt. 

    Et tout cela a commencé avec et par la pseudo "prise" de la Bastille, vocabulaire convenu employé pour masquer une horreur et une monstruosité, matrice de la Terreur, comme l'a fort bien montré l'historien François Furet qui avait pourtant commencé sa trop courte carrière… à l'extrême-gauche ! Furet écrit que, dès cet épisode du 14 juillet 89, la Terreur est en gestation, "la culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l'été 1789", et la prise de la Bastille inaugure "le spectacle de sang, qui va être inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires"...

    Certes, c'est la Fête de la Fédération (14 juillet 1790) que l'on commémore le 14 juillet, mais l'ambigüité persiste. De nombreux journalistes et autres ignorants répètent à satiété tous les 14 juillet : c'est "la prise de la Bastille" que l'on célèbre. Une ambigüité malsaine et savamment entretenue par le Système, qui persiste à parler des "valeurs républicaines".

    Denis Tillinac a écrit : "Les valeurs républicaines, ça n'existe pas !" À sa suite Chantal Delsol, Eric Zemmour et bien d'autres, de plus en plus nombreux le répètent…

    Les seules "valeurs républicaines" que nous rapporte ce monstrueux "14 juillet 1789", c'est la Terreur, le Totalitarisme, le Génocide

    ***

    Lisons l'historien Jacques Bainville, qu'Éric Zemmour nomme "le grand Bainville"  (Journal, Tome III, note du 15 juillet 1929) :

    "Supposons qu'on apprenne ce soir qu'une bande de communistes, grossie des éléments louches de la population, a donné l'assaut à la prison de la Santé, massacré le directeur et les gardiens, délivré les détenus politiques et les autres. Supposons que cette journée reste dépourvue de sanctions, que, loin de là, on la glorifie et que les pierres de la prison emportée d'assaut soient vendues sur les places publiques comme un joyeux souvenir. Que dirait-on ? Que se passerait-il ?

    D'abord les citoyens prudents commenceraient à penser qu'il ne serait pas maladroit de mettre en sûreté leurs personnes et leurs biens. Tel fut, après 1789, le principe de l'émigration. Mais peut-être y aurait-il aujourd'hui plus de français qu'en 1789 pour accuser l'imprévoyance et la faiblesse du gouvernement et pour les sommer de résister à l'émeute.

    Aujourd'hui le sens primitif du 14 juillet devenu fête nationale est un peu oublié et l'on danse parce que c'est le seul jour de l'année où des bals sont permis dans les rues. Mais reportons-nous au 14 juillet 1789 comme si nous en lisions le récit pour la première fois. Il nous apparaîtra qu'il s'agissait d'un très grave désordre, dont l'équivalent ne saurait être toléré sans péril pour la société, qui a conduit tout droit en effet à la Terreur et au règne de la guillotine, accompagnée des assignats. Et le gouvernement qui a laissé s'accomplir sans résister ces choses déplorables serait digne des plus durs reproches.

    Nous avons connu un vieux légitimiste qui disait, en manière de paradoxe, que Louis XVI était la seule victime de la Révolution dont le sort fût justifié. Quel avait donc été le tort de Louis XVI ? Quand on lit les Mémoires de Saint-Priest, on s'aperçoit que l'erreur du gouvernement de 1789 n'a pas été d'être tyrannique (il n'était même pas autoritaire) ni d'être hésitant, ni d'être fermé aux aspirations du siècle. Son erreur, énorme et funeste, a été de ne pas croire au mal. Elle a été de ne pas croire qu'il y eût de mauvaises gens, des criminels capables de tout le jour où ils ne rencontrent plus d'obstacle.

    Saint-Priest montre Louis XVI dans toutes les circonstances, et jusqu'au 10 août, ou peu s'en faut, convaincu que tout cela s'arrangerait et que ni les émeutiers de la Bastille ni les révolutionnaires n'étaient si méchants qu'on le disait, et d'ailleurs, au moins au début, bien peu de personnes le lui disaient. A la Convention, pendant son procès, Louis XVI répondait encore poliment, comme à des juges impartiaux et intègres. D'ailleurs on peut voir dans les Mémoires de Broussilof, par le général Niessel, que Nicolas II avait sur l'espèce humaine exactement les mêmes illusions, les mêmes illusions mortelles.

    Malheur aux peuples dont les chefs ne veulent pas savoir qu'il existe des canailles et restent incrédules quand on leur dit qu'il suffit d'un jour de faiblesse pour lâcher à travers un pays ses plus sinistres gredins !"

    Cette analyse est toujours d'actualité. Puissent tous ceux qui vont défiler en hommage à ces jours de terreur, se dire que ce n'est peut-être pas aussi glorieux qu'ils l'imaginent.

    Henri Bec

  • Le dernier "POLITIQUE MAGAZINE" est sorti - Lisez l'article d'Hilaire de Crémiers

     

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    Ce bulletin, vous le savez, n'est pas là pour se livrer à des propos et manœuvres démagogiques. L'article ci-dessous, que certains trouveront un peu long, analyse avec finesse les dernières élections. Il provoque la réflexion. Allons jusqu'au bout

    ***

    Un certain désarroi s’empare de la classe politique

    qui n’en continue pas moins

    dans sa course éperdue vers le pouvoir et les places.

     

    Hilaire-1.jpgLes élections départementales et régionales ont donc eu lieu fin juin, alors que Macron, on s’en souvient, eût préféré les reporter après les présidentielles. Et, en effet, un tel calcul était compréhensible ; les résultats du scrutin en ont confirmé la pertinence : une déroute dont les conséquences sont loin d’être négligeables tant dans l’immédiat de son action présidentielle que pour l’avenir même de son pouvoir.

    Son audace n’a pu aller en cette circonstance jusqu’au bout de son cynisme et de sa désinvolture qui caractérisent sa carrière tant personnelle que politique ; il a reculé devant le risque énorme d’un soulèvement de toutes les oppositions qui auraient crié au détournement démocratique et à la captation autocratique, ce qui est sa méthode depuis le début de sa vie politique. Lui restait pour satisfaire l’électorat à décider souverainement, lui et lui seul, de rendre au peuple français qui étouffait sous le carcan sanitaire, quelque liberté de respirer, de se déplacer, de se rassembler, de se divertir, en espérant en retour un mouvement de reconnaissance des citoyens. Le souci électoral opère des retournements singuliers.

    Nombre de ministres étaient chargés de porter la bonne nouvelle d’une macronie non plus punitive mais bienveillante. Ces petites ruses tactiques, qui entraient dans la mirifique stratégie des Solère et des Séjourné, n’ont guère produit d’effet. Au contraire. Sauf en Paca où Thierry Mariani n’a pu résister à la conjonction de tous les appareils politiciens, jusqu’au retrait forcé du pitoyable écologiste, tous ligués pour empêcher son accession au pouvoir régional qui eût signifié une vraie nouveauté dans le paysage politique français. En vérité, la seule ! Tout le reste demeurant en l’état, sans changement, sauf à la Réunion, et pour bien peu, malgré tous les beaux discours de rénovation et malgré toutes les prétentions macroniennes. Marion Maréchal, aux élections précédentes de 2015, avait déjà été victime de la même coalition haineuse, alors qu’elle était très largement majoritaire ; le front républicain des minoritaires devait l’emporter. Il faut y voir, sans doute, la fine pointe de l’esprit démocratique.

    Il y a bien un système

    C’est que l’enjeu est considérable. Comme l’a dit Thierry Mariani, toute la question se résume globalement dans l’existence d’un système. Système contraignant dont tout le monde reconnaît la réalité tout en feignant de croire qu’il n’entrave pas la liberté du suffrage ! Cet extraordinaire paradoxe constitue depuis toujours l’ordinaire de la République française. C’est le fameux précepte « Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté » qui est au commencement de toute l’œuvre républicaine et en justifie toute la finalité.

    Ce mot « système » est, certes, employé à toutes les sauces du discours politique pour synthétiser des interactions partisanes qui échappent à l’analyse rationnelle ; toutefois, en l’occurrence, rien, de fait, n’est plus approprié comme dénomination. Il s’agit bien, en effet, d’un système, perçu et voulu comme tel, et dont relève nécessairement, physiquement et métaphysiquement, le fonctionnement de la République qui ne saurait appartenir qu’aux candidats et aux partis qui y font allégeance. Tout est permis, y compris le coup de force ou le coup d’État, ou plus simplement le coup électoral, dissimulé ou déclaré peu importe, pour éviter le risque de sortir de cette combinaison, en quelque sorte ontologique et qui sauvegarde les intérêts majeurs de ceux qui vivent du régime. Par le régime et pour le régime.

    Telle est la règle intangible depuis le début de la République, née avec elle, dans les affres de ses origines mouvementées. Même si le non-dit couvre d’un voile pudique ce qui est une perpétuelle machination politicienne, il n’est pas besoin d’être un grand expert pour déceler la trame qui sous-tend la réalité de la vie politique dans notre démocratie dont le modèle a eu tendance à se reproduire ailleurs dans toutes ses formes, libérales ou totalitaires. Avec les mêmes mécanismes. Pour des raisons impérieuses de survie, la République est obligée de transformer son modèle en credo, en faisant de tout citoyen, par l’Éducation qu’elle détient comme par l’Administration et la Législation qu’elle met en œuvre, un adepte de ses formules, un religionnaire de ses combats. Son modèle est tellement sa raison d’être, sa religion et son unique morale, que, sous le nom de France qu’elle s’est si indûment approprié, elle veut l’imposer, en plus et à son image, au monde entier ; c’en est grotesque ; et l’histoire, aussi bien passée que présente, prouve qu’à chaque fois cette prétention philosophico-politique s’est retournée concrètement contre la France et ses intérêts, entraînant déconvenues et désastres. Ce qui n’empêche pas les corniauds qui, parce qu’ils tiennent le pouvoir avec de tels schémas intellectuels, s’imaginent façonner la politique française, de continuer indéfiniment sur la même lancée de conceptions dont l’ineptie frôle le crime. Comme jadis un Brissot, niais à force de crédulité républicaine, comme avant-guerre un Briand, le roublard qui se fit jouer par l’Allemand plus roublard que lui, comme plus récemment encore une décolonisation si absurdement conçue et menée que la France en paye aujourd’hui les funestes conséquences, tout comme les malheureux pays livrés à des engeances dont les peuples ne peuvent plus se libérer. Il faudra bien un jour revenir sur toute cette histoire et en tirer le bilan qui s’impose.

    Au-delà du système, le régime

    En politique intérieure comme en politique extérieure, la République ne tient que par ses présupposés sur lesquels il est convenu que nul n’a le droit de revenir ou même seulement d’exercer un doute méthodologique. La logique du système, puisque système il y a, lie dans cette perspective toutes les formes diverses et successives du régime. La 1ère République ne pouvait, dans une analyse objective, que déboucher sur la monocratie impériale de Napoléon qui ne pouvait finir qu’en catastrophe ; la 2e République ne pouvait trouver son issue pour résoudre son problème existentiel que dans l’autocratie de Napoléon III qui devait s’achever à Sedan dans une défaite mémorable. « La République était belle sous l’Empire », disait-on, car la III e ne fut qu’une succession de contradictions, d’incapacités, de guerres civiles larvées et de scandales qui aboutit au désastre sans nom de 1940. De Gaulle fut la solution pour sauver la République d’elle-même et de ses crises permanentes qui jetaient la IVe dans les poubelles de l’histoire. Depuis, la Ve République, à chaque changement, annonce qu’elle va se renouveler ; elle sera toujours plus belle demain à défaut d’avoir jamais été belle dans le passé, de Giscard en Mitterrand, de Chirac en Sarkozy, de Hollande en Macron qui devait définitivement la tirer d’affaire par sa moderne gouvernance. Même propos novateur, et même décrépitude de fait, loin des discours ampoulés de la Sorbonne ou du Forum de Davos au début du quinquennat. Finalement, le régime seul compte dont il est toujours le garant attitré. Macron n’y a rien changé, sauf à en tirer toutes les ficelles exécutives et législatives à son profit. Il n’a pas dérogé à la règle des règles. Le seul principe véritable de l’action politique est que le détenteur de la principale fonction se doit d’être en tant que tel le sauveur du régime. Comme par le passé. C’est la constance républicaine, ce qui fait que les vraies questions, qui portent précisément sur les vices essentiels du régime et sur ses mécanismes effroyablement diviseurs et contraignants, ne sont jamais posées. Telle est la condition sine qua non de l’existence politique dans pareil cadre. Tous ceux qui font de la politique le savent pertinemment et tous les candidats sans exception qui, au vu des résultats des régionales dès le soir du dimanche 27 juin, ont pensé que leurs ambitions présidentielles étaient confortées, se sont présentés comme les sauveurs de demain – encore et toujours ! – et ont donc obéi à la règle imprescriptible qui les force à se déclarer d’abord comme défenseur du régime et adversaire implacable de tout ce qui peut le remettre en cause, qualifié d’« extrémisme », l’extrémisme étant, comme nécessairement, de droite, celui de gauche n’étant dénoncé en vis-à-vis que pour mieux équilibrer le panorama du bel alignement de la légitimité républicaine.

    L’impossible gageure

    Macron voulait jouer seul la partie dans ce grandiose scénario. Le voilà concurrencé par ce qu’on appelle déjà les candidats de droite, les Bertrand, les Pécresse, les Wauquiez, peut-être bientôt ceux de gauche. Et chacun de parler avec emphase des valeurs de la République pour bien signifier son opposition radicale à l’extrême-droite.

    Tout ce qui n’est pas dans la « norme » républicaine ou qui est soupçonné d’avoir un regard différent, est stigmatisé de cette désignation qui est déjà une incrimination. Le procédé est facile. L’extrémisme a bon dos ; il suffit de l’invoquer pour rejeter tout ce qui serait susceptible de modifier le système ou de contredire l’ambition politique de s’en emparer.

    Aussi ce fut une erreur de calcul de Marine Le Pen de vouloir se normaliser pour être acceptée dans ledit système, ce qui était une manière de vouloir elle aussi s’en emparer à sa manière. Il fallait s’attendre à ce que la manœuvre ne prît pas. Le pouvait-elle ? L’astuce de ses adversaires et du régime en lui-même était de la maintenir dans la malignité absolue d’un dilemme impossible : ou tu restes en-dehors du système et tu ne parviendras jamais à tes fins, ou tu consens à rallier le système et tu perds toute la qualité spécifique qui te permet de briguer la place que tu convoites pour transformer l’état des choses. Elle a cherché assez naturellement à se désaffubler de l’épithète « extrémiste », d’ailleurs infamante et injuste, et il est vrai qu’une telle qualification se porte comme une tunique de Nessus dont la jalouse marâtre de République vous revêt pour mieux vous carboniser. Les électeurs ont, semble-t-il, compris la gageure qui lui était imposée et qui rendait inutile son combat électoral. Tous les médias étaient chargés de répéter la leçon en boucle, reprise par tous les affidés du système. Le vote Rassemblement National en a été le plus affecté. Cette pente est difficile à remonter. Il y faudrait des stratèges décidés à aller au fond des choses.

    Ceux qui se croient vainqueurs avec des scores qui ne sont que de façade puisqu’ils sont calculés sur le nombre de votants qui fut, presque partout, dérisoire, ne sauraient se targuer d’avoir une quelconque onction populaire. Et, pourtant, ils s’y voient déjà, se substituant à Macron dans le scénario anti-Le Pen ! Alors que le système justement rend vaines toutes leurs promesses. Toujours la même chose. La France n’en sort pas. Quant à La République en marche, elle a montré ce qu’elle était, un ectoplasme au service d’un Macron qui, lui, ne croit plus en la France au point de décider de favoriser systématiquement les investissements étrangers en France, sans doute pour mieux la brader, en primant et en aidant de l’argent de l’État et de l’Europe ceux qui viennent chez nous s’installer ou faire leurs emplettes, comme si les Français n’étaient plus capables de rien faire par eux-mêmes. Macron reste celui qu’il a toujours été, l’homme de Davos et du mondialisme friqué, dénoncé justement par tous les patriotes.

    Où est la légitimité ?

    Depuis la fin juin, que de flots de paroles ! Des explications à n’en plus finir. Surabondance de commentaires. Pour qu’ils soient si nécessaires, faut-il que plus rien ne soir clair en République française. Et faut-il que la leçon politique soit inquiétante pour ne dire en de telles circonstances que des banalités de peur d’affronter de trop rudes réalités ? Mille discours s’essaient dans la psychologie et la sociologie électorales afin d’éviter d’aborder la seule question qui fâche : la remise en cause pratique d’un régime qui ne fonctionne plus que pour ceux qui en vivent et en profitent. Rien n’est plus fort que la passion du pouvoir, à quelques exceptions près, souvent locales, de dévouements sincères au bien commun.

    Les Français ne votent pas. S’ils votaient franchement, il est probable qu’ils ne voteraient pas comme il faut. De votation en votation, le phénomène prend de l’ampleur. Quoi demain ? Aucune offre ne satisfait la demande et, plus simplement, l’inutilité d’un système fermé sur lui-même décourage le zèle électoral. Rien ne sert de rien, c’est ce qui se dit dans les marchés et sur les comptoirs des bars. Malgré tous les appels pressants à la mobilisation citoyenne, les résultats du second tour ont rejoint ceux du premier. Entre 66 et 67 % d’abstentions !

    Il est question de désenchantement. Soit ! La vie démocratique serait quasi éteinte : bravo, Macron ! La République serait à l’arrêt et, de fait, sans citoyens comment pourrait-elle fonctionner ? Ce qui n’empêche pas Macron, ses sbires, ses concurrents de continuer sur leur lancée comme si de rien n’était : oui, oui, disent-ils en chœur, nous allons réformer, réformer, réformer ! Malgré les Français ?

    La crise est gravissime, ajoutent certains. Et même il en est qui consentent à avouer que la légitimité du pouvoir politique et, par voie de conséquence, de presque tout pouvoir qui y est rattaché, administratif, législatif, éducatif, même juridictionnel, est désormais compromise. Ce qui est annoncé régulièrement dans ces colonnes.

    Mélenchon qui ne peut s’empêcher de faire son intéressant, en est à décréter que des élections sans électeurs sont sans valeur ! Admirable apophtegme ! À ce compte-là, aucune désignation des membres des assemblées révolutionnaires, aucune élection de 1792 à 1799, votation ou référendum, car il y en eut, n’aurait de légitimité. D’après les sources les mieux établies, dans le meilleur des cas, entre 15 et 20 % du corps électoral répondait présent, plus souvent entre 5 et 10 %, ce qui représentait à peine 1% de la population. L’historiographie officielle passe sur ce néant de représentation. Évidemment. La révolution, en tant que telle, n’a jamais été menée que par des intrigants et des rhéteurs, profitant d’une envie réelle de changements dans le pays, et qui se disputaient le pouvoir en se servant de bandes aussi criminelles que fanatisées. Aucune légitimité, Mélenchon ! Aucune ! Et quand le risque royaliste pointait le nez, le coup de force pour l’écraser s’imposait comme en Vendémiaire. Et le général « Vendémiaire », Bonaparte lui-même, finit par faire son propre coup d’État un certain 18 brumaire pour clore le cycle révolutionnaire sur sa propre personne. Les votations ne lui servaient plus qu’à asseoir sa nouvelle légitimité, mais pour quelle durée ? Et dans quelle incertitude ?

    Ainsi va l’histoire de France qui se répète, comme le soulignait Bainville. Et si tout le problème politique français ne revenait jamais qu’à cette question de légitimité. 

    Hilaire de Crémiers

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