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le pays réel - Page 15

  • Macron demande l’annulation de la dette de l’Afrique ! Lisez le commentaire de Bernard Lugan

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    Lugan.jpgLe président Macron appelle à effacer la dette africaine, étape selon lui « indispensable pour aider le continent africain à travers la crise du coronavirus ». Les PME, les TPE, les professions libérales et les commerçants français qui vont, eux, devoir rembourser  les emprunts qu’ils vont être contraints de faire pour tenter de survivre, apprécieront !

    Trois remarques :

    1) Si une telle mesure était réellement prise pour aider l’Afrique à lutter contre la pandémie, l’on pourrait la juger comme légitime. Mais, au moment où cette unilatérale proposition présidentielle était faite, et fort heureusement, le continent africain était quasiment épargné par le coronavirus.

    2) Depuis des décennies, les pays "riches" ne cessent de consentir à l’Afrique des allègements et des suppressions de dette. Au début des années 2000, les PPTE (Pays pauvres très endettés) ont ainsi bénéficié de considérables remises par les créanciers bilatéraux. Or, à peine sauvés du gouffre de l’endettement, ils y ont replongé...

    3) En plus des remises de dette, l’Afrique engloutit année après année, des sommes colossales versées au titre de l'APD (Aide pour le Développement). De 1960 à 2018, le continent a ainsi reçu en dons, au seul titre de l'APD, près de 2000 milliards de dollars (pour une dette d’environ 400 milliards de dollars dont entre 180 et 200 milliards de dollars de dette chinoise), soit en moyenne 35 milliards de dollars par an.

    En dollars constants, le continent a donc reçu plusieurs dizaines de fois plus que l’Europe du lendemain de la guerre avec le plan Marshall. Or, ces prêts, ces allègements de dette, ces aides et ces dons n’ont servi à rien car, en plus de sa suicidaire démographie, le continent est paralysé par son immobilisme. En effet, en dehors du don de la nature constitué par le pétrole et les minerais contenus dans son sous-sol, l’Afrique ne produit rien, sa part de la valeur ajoutée mondiale dans l’industrie manufacturière est en effet de moins de 2% dont les 9/10e sont réalisés par deux pays sur 52, l’Afrique du Sud et l’Egypte…

    L’annulation de la dette proposée par le président Macron ne changera donc rien à cet état des lieux. D'autant plus que la Chine, prédatrice souriante, est désormais à la manœuvre. Mue par le seul moteur du profit, elle endette chaque jour un peu plus le continent à travers des prêts généreusement octroyés.

    Ces derniers font replonger les pays bénéficiaires dans la spirale de l’endettement dont ils commençaient tout juste à sortir après les considérables allègements consentis dans les années 2000 aux PPTE par les Occidentaux. Comme ces prêts ne pourront jamais être remboursés, Pékin va mettre la main sur les grandes infrastructures données en garantie par ses débiteurs. Ainsi en Zambie où le gouvernement, après avoir été contraint de céder à la Chine la ZNBC, la société radio-télévision, s’est vu contraint d’engager des discussions de cession concernant l’aéroport de Lusaka et la ZESCO, la société  nationale d’électricité.

    Morale de l’histoire : quand la Chine endette l’Afrique, la France propose de renoncer à sa propre créance…

    * Bernard Lugan est un spécialiste reconnu de l'Afrique et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet.

    Source : le blog de Bernard Lugan cliquez ici

  • Le système est à bout de souffle

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    Nous avons le plaisir de reprendre, sous une nouvelle version, La Lettre que nous avons diffusée au cours des six années de mandat au Conseil départemental. Si ce n’est le nouveau titre de ce bulletin, La voix du pays réel, il n’est pas, sur la forme, bien différent du précédent. Sur le fond, il poursuivra ses efforts d’analyse des phénomènes politiques et sociaux, mais nous le ferons avec toujours plus de liberté. La vie politique, qui s’apparente désormais à un cirque ambulant, peuplé de jongleurs et de clowns indignes de ce peuple français qui fut, on s’en souvient à peine, le phare du monde civilisé, ne peut plus recevoir l’assentiment de ceux pourvus d'un minimum de réflexion et de dignité. Nous continuerons à dénoncer toutes les dérives démagogiques et idéologiques, de ceux, quels qu’ils soient, qui s’imaginent pouvoir persister, par des propos ou attitudes irresponsables, dans l’unique recherche de leur intérêt propre, au mépris de l’intérêt général. Au-delà des commentaires "savants" sur les dernières élections, force est de constater simplement plus de 65 % des français ne sont pas allés voter, malgré des appels déchirants lancés entre les deux tours. Quelles que soient ses motivations, c'est une immense majorité qui ne se sent plus concernée, sans qu'il soit besoin de s'interroger sur ses options, peu importe. Viendra-t-il à l'idée des élus, misérablement élus, que le système n'est plus adapté au génie français, à sa diversité, à son histoire. Son administration pléthorique, toujours et toujours renforcée, ses multiples strates de représentation locale, pour la plupart totalement inutiles, mais bien utiles pour satisfaire les ambitions des amis, sa représentation nationale artificielle qui ne représente plus qu'elle-même, ses libertés les plus élémentaires sans cesse bridées, et la lutte artificielle et stérile des partis sont des obstacles majeurs à tout développement social, économique, politique et moral de notre nation. Le système est à bout de souffle, au bord de l'asphyxie. 

    Patrick Buisson, dont on ne présente plus les remarquables analyses et la justesse de ses prévisions, écrivait dans son premier ouvrage : « Le slogan "élection piège a con" est le slogan le plus partagé du monde, pour le peuple parce qu’il ne vote plus et pour l’élite car elle souhaite que le peuple ne vote pas pour ne pas biaiser ses élections ». Nous y sommes !

    Mais rien n'est jamais perdu. Il est toujours temps de dénoncer les tartuferies, mensonges, tromperies, trahisons et autres impostures du pays légal, de plus en plus arrogant et méprisant, appliqué depuis tant d'années à détruire l’âme même de notre pays. Et malheureusement pour ce pays, nous ne manquons pas de matière première !

    Nous allons continuer à nous y employer.

    Vous avez été, depuis six ans de plus en plus nombreux à nous suivre et nous lire. Merci. C'est aujourd'hui près de trois mille personnes qui sont destinataires de ce bulletin. Il est envoyé gratuitement et continuera de l'être bien sûr. Si vous estimez que, dans l'ambiance malsaine et délétère que nous connaissons, il peut contribuer à remettre les idées à l'endroit, n'hésitez pas à demander à vos amis ou membres de vos familles que vous souhaitez voir en être les destinataires, de nous adresser leur adresse courriel à : aupaysreel@gmail.com.  Elle sera protégée par la plus stricte et totale confidentialité.

    Henri Bec

  • Des remerciements malencontreusement omis mais oh! combien mérités

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    Mise au point

     

    Il est difficile d'imaginer que la politique du citron pressé, qui consiste à s’approprier le meilleur de quelqu’un puis à s’en débarrasser après usage, puisse se rencontrer chez ceux qui se revendiquent d’une certaine éthique, pour ne pas dire morale, où la fidélité, l’honneur, le courage, un certain art de vivre, pour tout dire une certaine correction naturelle sont la règle commune.

    C’est sur ces bases que notre groupe des six biterrois élus en 2015 au Conseil départemental de l’Hérault a fonctionné pendant six ans. Notre cohésion a été renforcée, dès l’origine, par les obstacles majeurs mis à l'exercice de notre mandat et par l’ambiance hostile à laquelle nous nous sommes heurtés. Jamais nous n’avons cédé aux injures et provocations, ce qui, peu à peu, nous a valu la sympathie des uns et l’animosité redoublée de certains autres. Nous étions ainsi parvenus à nous imposer, très surveillés par la majorité socialiste qui a compris le sérieux de nos positions et fini par redouter nos interventions. La presse, muselée, ne les a jamais répercutées. Nous n’avons, non plus, pendant six ans, aperçu le moindre écho dans la presse municipale de Béziers…

    Pour d’obscures raisons, sur lesquelles nous reviendrons plus tard, le maire de Béziers a fait obstacle à la poursuite de ce travail.

    Mais il n’était pas interdit, une fois le risque de concurrence écarté, de dire un mot sur cette difficile mission et ceux qui l’avaient accomplie. C’eut été une simple marque, non de reconnaissance, n’en demandons pas trop, mais du plus élémentaire des savoir-vivre. En son absence, il est nécessaire de le faire ici. S'y dérober aurait été une profonde injustice :

     Isabelle.jpg- Isabelle des Garets était membre de la commission permanente et de la commission de l’aménagement rural – agriculture, viticulture, pêche et forêt, secteur important s’il en est dans notre département. Isabelle a toujours assumé ce travail par une parfaite étude et connaissance des dossiers ainsi qu’une une présence constante au département. L’expérience acquise eut été, pour l’avenir, un atout irremplaçable. C’est sur un simple et rapide coup de téléphone qu’elle a appris ne plus faire partie de la liste des candidats. Pas très courageux… pour le moins !

    Corbiere_Jean-Francois-1.jpg - Jean-François Corbière était membre de la commission permanente et de la commission de l’environnement. Il n’avait rien à apprendre sur l’histoire de la politique locale et sa connaissance, acquise depuis des années, des dossiers intéressant le biterrois était précieuse, même irremplaçable. Cela en faisait, lors des assemblées, un intervenant écouté et redouté par un président du département très attentif à ses prises de parole. Il avait décidé de ne pas se représenter.

     Manogil1.jpg- Franck Manogil était membre de la commission permanente et de la commission de l’éducation, de la culture, de la jeunesse, sports et loisirs. Il était la fougue de notre groupe et n’hésitait pas à se heurter, parfois violemment avec le président, sur des sujets majeurs, toujours travaillés avec sérieux, tels les mineurs non accompagnés, les subventions aux associations d’aide aux migrants en situation irrégulière, etc. Il a découvert son absence de la liste des candidats lorsqu’il en a pris connaissance, alors qu'elle avait été déposée en préfecture à son insu. Un coup de poignard dans le dos peu glorieux ! Son indéfectible loyauté a amené le RN à le faire figurer en bonne place sur la liste des régionales. Bravo pour son élection.

    C’est un très sincère remerciement que leur doivent ceux qui les avaient élus. Ils les ont représentés avec conscience, compétence et détermination.

    Pour ma part, j’appartenais à la commission permanente et à la commission de l’aménagement du territoire, du logement, de la politique foncière et à celle des finances et des marchés publics – Administration générale – Relations extérieures. J’ai déjà dit dans le journal local ce que je pensais de ces basses manœuvres. Pour ceux qui ne lisent pas Midi Libre, le communiqué est repris dans l’article suivant.

    Notre seul tort, notre seule faiblesse est d’avoir, avec un grand angélisme, oublié que les vents mauvais font aussi tourner les girouettes.

     Henri Bec

  • Pour ceux qui ne lisent pas Midi Libre

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    Le maire de Béziers a tenu, dans le Midi Libre du 13 mai, des propos totalement déplacés mais très révélateurs. Réponse a été apportée le 18 mai dans le journal local.

    Mais tout le monde ne lit pas Midi Libre. Il nous a donc paru opportun d'en informer les lecteurs de notre bulletin. Le communiqué qui a été envoyé n'est pas repris intégralement dans le journal. Vous le trouverez au-dessous de la reproduction de l'article.

     

    MIDI LIBRE DU 13 MAI 2021

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    TEXTE INTÉGRAL DU COMMUNIQUÉ :

     

    Madame la rédactrice en chef,

    J’ai pris connaissance, avec stupéfaction, des propos tenus par le maire de Béziers, relatifs aux élections cantonales, rapportés dans l’édition du 13 mai : « Il y a besoin de renouvellement. Certains peuvent être usés et d’autres n’ont pas fait leur travail. Ensuite je ne souhaitais pas qu’il y ait de candidats qui appartiennent à quelque parti que ce soit. »

    Nous sommes en effet quatre sur six, des trois cantons biterrois, à ne pas nous représenter aux prochaines élections départementales, ce qui en dit long sur l’intérêt porté par la grande majorité de ce groupe à rester dans le giron de Robert Ménard, quelles que soient les explications maladroites qu’il s’efforce d’avancer.

    Ces propos, proprement scandaleux et désobligeants, illustrent le mépris qu’il peut avoir pour ceux qui le côtoient ou l’ont côtoyé et défendu pendant 6 ans, sans qu’il émette la moindre critique. Mais Robert Ménard n’aime pas ceux qui ont des idées. Ils risquent, trop facilement, de lui faire de l’ombre. C’est le signe classique d’un autoritarisme très préoccupant, antithèse parfaite d’une véritable autorité naturelle.

    Ces propos sont en outre, comme bien souvent, incohérents.

    Chacun a pu constater que les critiques virulentes qu’il proférait à l’égard du Rassemblement national et de sa présidente, et la menace réitérée pendant des semaines, de présenter une liste aux élections régionales, ont brusquement cessé à l’approche d’un nouveau scrutin. Parce qu’il sait, bien sûr, ne pas pouvoir émerger sans leur appui. Et l’on est surpris, pour quelqu’un qui ne veut plus entendre parler de parti politique, de le voir figurer aujourd’hui sur les tracts du RN ! Explication : comme le pratiquent ceux qui n’ont aucun amour-propre et font semblant de se racheter pour conserver une parcelle de pouvoir, il est, lui aussi, allé à Canossa !

    Pour ma part, je n’appartiens pas à un parti politique, et ne me sens ni usé et encore moins responsable d’une absence d’implication dans le travail départemental, bien au contraire. C’est pourquoi, alors que je n’entendais pas continuer à patauger dans le margouillis de la politique politicienne plus que décevante, je ne pouvais laisser passer de telles grossièretés. Et en raison même de ce dérapage inopportun, qui vient troubler une sérénité que je pensais définitive, nous n’avons pas fini d’en reparler !

    Henri Bec

    Conseiller départemental

  • 25 février 1994 : le jour où la députée Yann Piat a été assassinée

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    Il y a 27 ans, le 25 février 1994, Yann Piat, député Front National puis député UDF, était assassinée sur une route du Var. Lisez le texte de ce reportage qui en dit long sur certaines meurs politiques... ! Ont-elles changé ?

     

    "Elle n'avait aucune chance d'échapper à la mort" 

    "C'est fini." Georges Arnaud, le visage pâle et perclus de douleurs, s'évanouit, une balle fichée dans la jambe gauche. Quelques minutes auparavant, il est entré en trombe au volant d'une Clio noire dans la cour de la caserne des pompiers située au pied d'un quartier résidentiel, le Mont des oiseaux, sur les hauteurs de Hyères (Var). Il est environ 20 heures, ce vendredi 25 février 1994 quand la voiture pénètre dans la caserne. Le conducteur klaxonne sans discontinuer. Sa passagère est inanimée, du sang coule de sa poitrine. Les pompiers extraient la femme du véhicule et tentent de la ranimer. Quelques minutes plus tard, vers 20h10, le médecin du Smur déclare le décès de la députée UDF, Yann Piat, abattue par deux hommes à moto. Elle avait 44 ans. Mère de deux filles, elle est la première femme députée assassinée en France et la deuxième élue abattue, en douze ans, dans le Var. Crime politique ? Mafieux ? Les deux ? Si la justice a tranché, vingt-cinq ans plus tard, des zones d'ombre persistent encore pour sa fille.

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    La députée de la 3e circonscription du Var, Yann Piat, en 1988, l'année de sa réélection pour un second mandat sous l'étiquette UDF. (PHILIPPE LE TELLIER/GETTY IMAGES)

     

    "Une journée comme les autres"

    Ce matin du 25 février 1994, Georges Arnaud, ami et chauffeur de la députée, l'attend au volant de sa voiture. Yann Piat est rentrée la veille de Paris où elle passe tous ses mercredis à l'Assemblée nationale pour les questions au gouvernement. Ponctuel, il l'emmène tous les matins du quartier résidentiel des Mont des oiseaux au centre-ville de Hyères où Yann Piat a son bureau depuis 1986.

    Installée côté passager, elle parcourt la revue de presse que son attaché parlementaire, Lionel Royer-Perreaut, à ses côtés depuis 1990, lui a faxée vers 9 heures. Après un passage chez le coiffeur, confie Lionel Royer-Perreaut à franceinfo, Yann Piat arrive vers 10h30 à sa permanence, avenue des Iles d'Or. Pour son jeune assistant, à peine 21 ans à l'époque, "c'était une journée comme les autres, il n'y avait aucun signal qui pouvait laisser penser qu'il y aurait un passage à l'acte ce jour-là".

    Yann Piat a entamé son troisième mandat de députée dans la troisième circonscription du Var depuis un an. Elle a été réélue avec plus de 42% des voix au second tour après une triangulaire. Pourtant, rien ne semblait prédestiner Yann Piat à la politique. Après des études aux Beaux-Arts, puis en sciences humaines et graphologie, la jeune femme, déjà maman de Laetitia, née en 1974, monte une entreprise de décoration en Bretagne. Sa seconde fille, Angélique, née en 1978, raconte, à franceinfo, qu'à l'époque "elle chantait, écrivait, avait une ligne de vêtements. C'était une artiste très loin de la politique." Et plus loin encore du Front national qu'elle rejoint au milieu des années 1980. Angélique se souvient qu'elle a toujours eu des idées sociales très prononcées.

    "Elle était d’ailleurs plutôt de gauche, dans sa famille d’accueil, son “père” était communiste, elle avait sa carte au PC."

    Angélique, fille cadette de Yann Piat à franceinfo

     

    Yann Piat, née Yannick Marie le 12 juin 1949 à Saïgon (Hô-Chi-Minh-Ville au Vietnam), a peu connu son père, mort au combat. Sa mère, militaire, l’abandonne à son retour d’Indochine. Agée d’à peine 7 ans, Yann Piat grandit dans une famille d’accueil à Saint-Raphaël (Var). "Cette quête pour retrouver sa mère l’a tenue toute sa vie, se souvient Angélique. Par le biais de Jean Marie Le Pen qui fut l’ami de sa mère, elle cherche à se rapprocher d’elle. Le Pen était attentionné, il l’a prise sous son aile et à un moment où ma mère s'ennuyait profondément dans sa vie, il lui a proposé de le représenter dans le Sud où il n’avait personne."

    De retour dans sa région d’enfance, séparée du père de sa seconde fille, Yann Piat fait une entrée en politique couronnée de succès en 1986. A 37 ans, elle est élue députée dans le Var sous l’étiquette FN. Deux ans plus tard, des divergences intellectuelles séparent Yann Piat de son "parrain spirituel", Jean-Marie Le Pen, qui l’exclut du parti.

    En juin 1988, elle se rapproche de l’UDF, le parti de Raymond Barre, qui "tient" le département du Var. Elle gagne un troisième mandat de député en 1993, sous l’étiquette UDF-RPR, le parti de François Léotard et Gérard Longuet. 

    "Peu importe l’appartenance politique, elle était appréciée de tous bords. Elle écoutait vraiment les gens et avait à cœur d’aider ceux qui venaient la voir. Et quand elle s’engageait, elle allait jusqu’au bout."

    Angélique, fille cadette de Yann Piat à franceinfo

     

    Elle est d’ailleurs réputée pour maîtriser ses dossiers, dont elle ne sépare jamais, ou presque. Ce jour-là, certains sont restés à son domicile. C’est donc à son retour de déjeuner avec des élus locaux et son ami Patrick Heintz, le directeur de cabinet de Maurice Arreckx, le président du conseil général du Var, que Yann Piat demande à son chauffeur d’aller lui chercher les dossiers oubliés. A son arrivée, Georges Arnaud trouve le portail de la maison entrouvert et croise deux hommes à moto qui prétextent chercher la maison de retraite, située à plus de 25 km de là.

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    Yann Piat, lors de différents moments de sa vie politique, en compagnie notamment de François Léotard (en haut à gauche), de Jean-Marie Le Pen (en haut à droite), de Maurice Arreckx (en bas à gauche) et lors de la campagne électorales de 1988 (en bas à droite). (MAXXPPP / GETTY IMAGES / AFP)

     

    "Yann d'Arc", une élue menacée

    L'après-midi défile. Affairée, Yann Piat ne remarque pas l’arrivée de sa fille cadette. La députée et son assistant parlementaire font un dernier point avant de se quitter. Il doit la représenter à une assemblée générale du comité de Giens en fin d'après-midi. Parfois, Angélique passe après les cours embrasser sa mère. Son lycée est à deux pas. Elle lui demande si elle peut aller au cinéma avec une amie qui est en vacances à la maison. Yann Piat accepte et propose de les retrouver plus tard. 

    Yann Piat souhaite profiter de sa fille. Son agenda n'est pas encore saturé. C'est une période relativement calme politiquement pour l'élue, après l’annonce de sa candidature à la mairie de Hyères à la fin 1993. “Nous sommes à mi-chemin entre la législative qu’elle a brillamment remportée en mars alors qu’elle était donnée perdante, et les municipales qui allaient avoir lieu en mars 1995. Elle se préparait pour entrer en campagne à la rentrée. Elle était confiante, mais bien que légitimée par trois mandats successifs de députée, ce n’était pas gagné d’avance.” se souvient son assistant parlementaire.

    Car, sur l’échiquier politique varois, Yann Piat dérange. Surnommée "Yann d’Arc" en référence à sa croisade contre certains politiques dont les relations avec le milieu varois sont jugées douteuses, la députée a fait de la lutte contre la drogue et la corruption son combat politique. Son combat personnel également. Laetitia, sa fille aînée, se drogue. Elle l’a envoyée en cure de désintoxication dans la communauté du Patriarche, une association qui accompagne les toxicomanes qui veulent décrocher, à l’étranger.

    La députée est sur tous les fronts. Hyères-les-Palmiers est très prisée par les promoteurs immobiliers. Elle s’oppose au projet d’extension de l'aéroport. Elle avait d’ailleurs rendez-vous le 1er mars avec le directeur général de l'Aviation civile pour exposer ses griefs sur ce projet, se rappelle Lionel Royer-Perreaut. Elle se bat contre la fermeture des salines de Hyères, dont le terrain est convoité en vue d’en faire une marina. Elle souhaite faire fermer le casino de la ville et imposer un couvre-feu dans les bars du port où la drogue circule. Son implication à vouloir "nettoyer la ville" lui vaut des inimitiés.

    D’ailleurs, deux ans auparavant, elle transmet à son notaire et à une amie une lettre dans laquelle elle met en cause en cas de mort suspecte cinq personnes qu’elle accuse de vouloir l’écarter du paysage politique : Maurice Arreckx, président du conseil général du Var, Bernard Tapie, député des Bouches-du-Rhône, le parrain Jean-Louis Fargette, Jean-François Barrau, ex-conseiller général du Var et Daniel Savastano, un truand marseillais.

    Lors du procès des assassins de Yann Piat, en mai 1998, les témoins n’ont de cesse de citer ses conflits avec Maurice Arreckx. Le président UDF du conseil général du Var s’affiche souvent avec son ami Jean-Louis Fargette, parrain du milieu varois, fiché au grand banditisme. "C’était vu et su de tous" affirme à franceinfo Claude Ardid, journaliste et ancien reporter pour Var-Matin à l’époque.

    Hyères, à l’époque, c’est une république bananière. Il y a un mélange des genres qui est d’une visibilité absolue. Fargette et Arreckx s’entendent sur les marchés publics de la région. Pots-de-vins et spéculations financières s’effectuent dans un climat d’impunité absolu.

    Claude Ardid, journaliste à franceinfo

     

    Yann Piat est également en conflit avec Joseph Sercia, conseiller général UDF de Hyères, à qui elle était notamment opposée à la dernière législative. Durant toute la campagne, elle règle ses comptes avec celui qui bénéficie des hommes de main du parrain varois. "Les gens de Fargette sont venus pourrir notre meeting de clôture à l’Espace 3000 [le 16 mars 1993], se remémore son attaché parlementaire. Ces gens ont des mines qu’on n’oublie pas, on les avait vus dans la salle. On savait qu’ils étaient là. A la fin, quand Yann est descendue de l’estrade, ils l’ont encerclée et insultée." 

    Elle m’a dit ce jour-là : j’ai eu la peur de ma vie. J’ai vraiment cru qu’ils allaient me tuer.

    Claude Ardid, journaliste à franceinfo

     

    Son attaché parlementaire souligne également que ce jour-là aucun cadre de sa formation politique n’est là pour la soutenir. "Les ténors du Parti républicain ne l’aident pas. Même s’ils l’apprécient, ils ne veulent pas voir ni savoir. Elle est sympathique, intelligente, c’est une belle femme appréciée. Mais de là à se battre pour l’imposer, non."

    Yann Piat porte plainte, mais ni le préfet et ni le procureur ne bougent. "C’est là que tout déraille", selon Claude Ardid. Les menaces de mort se multiplient et les appels anonymes s'enchaînent, jusqu'à devenir incessants la semaine de sa mort. Sa permanence est plastiquée. Des cercueils au nom de ses deux filles lui sont adressés. "Elle avait très peur, elle dormait mal. Mais même menacée, elle n’aurait jamais renoncé. Oui, elle dérangeait parce que c’était une femme libre, indépendante qui se battait pour ses idées" affirme sa fille Angélique.

    Sa candidature à la mairie de Hyères attise les tensions. Pour le journaliste, Claude Ardid, c’est même une véritable déclaration de guerre. "Un maire est dix fois plus puissant qu’un député. Les sondages la donnent gagnante dans tous les cas. Elle pourrait alors faire cesser tous les trafics d’influence et les spéculations financières."

    Quelques jours avant son assassinat, Yann Piat réclame auprès de Bernard Tomasini, le chef de cabinet de Charles Pasqua, le ministre de l'Intérieur de l'époque, un renforcement des forces de police à Hyères, surnommée depuis quelques temps "Hyères-les-Bombes". Rackets, bars qui brûlent, voitures qui explosent, règlements de comptes en série font la une de la presse locale.

    Mais à cet instant, face à sa fille, Yann Piat ne veut pas penser à ce climat de tensions. L’heure de la séance de cinéma approche, Angélique s’apprête à retrouver son amie. Sa mère lui dit en souriant : "Adieu ma fille". Angélique lui répond : "A ce soir". Comme pour se rassurer. Sa mère promet de les rejoindre après la séance pour aller manger une pizza.

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    Reconstitution de la scène de l'assassinat de la député Yann Piat, en 1994 (en haut à gauche), route du mont des oiseaux barrée le soir du meutre, le 24 février 1994 (en haut et bas à droite) et le véhicule accidentée de la députée.   (MAXXPPP/AFP/FRANCE3)

     

    "Jo, on nous flingue ! "

    La pendule affiche 19 h 30, son ami Patrick Heintz, qui est repassé à la permanence, propose à Yann Piat de la raccompagner, mais elle décline l’invitation. Il la quitte sans penser qu'il ne la reverra jamais vivante. Elle éteint les lumières de son bureau avant de tourner la clé dans la serrure de la porte de sa permanence. Il est 19h45. Georges Arnaud, dit "Jo", l’attend au volant de sa Clio. Non loin de là, deux hommes planqués dans leur voiture font le guet. Ils surveillent le départ de Yann Piat, qui monte à côté de son chauffeur. La Clio démarre. Elle est immédiatement prise en chasse par les guetteurs. Quelques mètres plus loin, au rond-point Godillot, une moto Yamaha rouge, sur laquelle sont juchés deux autres hommes, prend le relais.

    Après quelques kilomètres, la Clio s’engage sur la route panoramique qui mène à la résidence des Mont des oiseaux. Georges Arnaud ne remarque pas les phares de la moto dans le rétroviseur. La villa de Yann Piat est à 900 mètres, perchée en haut de la colline. Dans le dernier virage, en tête d’épingle, la voiture ralentit, la moto se rapproche. Le passager du deux-roues vise le véhicule un .357 Magnum à la main. Et commence à tirer.

    Les deux premières balles explosent la lunette arrière. "Jo, qu’est-ce que c’est que cette moto ? crie Yann Piat. Jo, on nous flingue !" Une troisième pulvérise la vitre arrière gauche au moment où la moto déboîte. Arrivé à la hauteur du chauffeur, le passager de la moto tire une quatrième balle qui traverse la portière et touche Georges Arnaud à la jambe. L’engin finit de doubler la voiture quand un cinquième coup de feu retentit. Yann Piat est mortellement touchée à la poitrine.

    Son corps est venu sur moi, je l’ai embrassée et je l’ai remise sur la banquette.

    Georges Arnaud, ami et ex-chauffeur de Yann Piat lors du procès en mai 1998

    Le pilote du deux-roues perd le contrôle. La moto fait une embardée et termine sa course couchée contre le trottoir de gauche. Les deux hommes sont à terre, le tireur se relève et envoie une sixième balle qui traverse le pare-brise et vient se loger dans le tableau de bord.

    Après un instant de panique, Georges Arnaud, blessé, reprend ses esprits. Il comprend alors que les tireurs veulent finir leur travail. Il enclenche la marche arrière et repart en direction de la caserne des pompiers située en bas de la colline. Sur 150 mètres et en à peine quelques secondes, la députée du Var est tombée dans un guet-apens mortel à quelques mètres de chez elle.

    A une dizaine de kilomètres de là, Lionel Royer-Perreaut ne se doute de rien. "Au début de la réunion, l’ambiance était tendue, les participants étaient agressifs, ça parlait beaucoup. Puis vers 20h45, d’un coup, il y a eu des murmures, l’assemblée est devenue agréable comme baignée d’empathie. Mais personne ne m’a rien dit." Il apprend la terrible nouvelle en rentrant chez lui.

    Il est 22 heures. Le quartier est bouclé, chaque centimètre carré est fouillé. Un barrage est mis en place et tous les voisins sont interrogés. La moto endommagée est retrouvée quelques heures plus tard, en plein centre du village de La Garde, à quelques kilomètres du lieu du crime. Abandonnée dans leur fuite par les deux motards, ils sont revenus l’incendier. Elle a été volée quinze jours auparavant dans la cité de la Blocarde à Hyères. L’arme du crime reste introuvable. Vers minuit, Lionel Royer-Perreaut arrive au commissariat. Il ne veut toujours pas y croire.

    J’ai craqué une fois arrivé au commissariat. J’étais dans le déni, cela ne pouvait pas être vrai. Et puis est venue la terrible prise de conscience de sa mort. Que tout ça, c’était la réalité.

    Lionel Royer-Perreaut, ex-attaché parlementaire de Yann Piat à franceinfo

    "Dès l’annonce de sa mort, le temps s’est retrouvé comme suspendu. Un calme s’est abattu sur Hyères jusqu’au jour des obsèques" se souvient avec émotion son collaborateur.

     

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    Le jour des obsèques de la députée Yann Piat, le 1er mars 1994 à la salle des fêtes de La-Londe-les-Maures (83). (MAXPPP)

    Assassinée par une bande de voyous

    "Victime d’un contrat exécuté par des professionnels, l’élue n’avait aucune chance d’échapper à la mort." A l’instar du présentateur du 19/20 sur France 3, Eric Cachart, le 26 février 1994, tous les journaux télévisés ouvrent leur édition avec la même nouvelle : l’assassinat de Yann Piat.

    Aucune piste n’est écartée. L’élue avait beaucoup d’ennemis. La police judiciaire se focalise sur les querelles internes de la droite varoise et sur le désir de revanche du milieu local. Quatre jours après l’assassinat, le 1er mars 1994, 26 personnes, des élus locaux et des membres du milieu varois proche de Jean-Louis Fargette sont interpellés à l’aube. Joseph Sercia, bras droit de Maurice Arreckx au conseil général, est soupçonné d’être le commanditaire, aidé de Epifanio Pericolo et Denis Labadie, ses hommes de main. Ils seront finalement tous relâchés.

    Le même jour, les obsèques de l’élue ont lieu devant 2 500 personnes, à la salle des fêtes de La Londe-les-Maures. Là même où elle avait fêté l’année précédente sa victoire aux élections législatives. A la fin de l’office religieux, les hommages s'enchaînent. François Léotard, ami de Yann Piat, maire RPR de Fréjus et alors ministre de la Défense, se fait le porte-parole d’une classe politique ébranlée.

    Dans la nuit, sur cette petite route du mont des Oiseaux, nous avons tous été visés. Les citoyens, les élus, les policiers, la justice, une certaine idée que nous avons de la démocratie, du droit, de la liberté.

    François Léotard, ex-ministre de la Défense et ex-maire de Fréjus à franceinfo

    Trois mois plus tard, une nouvelle piste s’ouvre. Sept hommes sont arrêtés. Parmi eux, Lucien Ferri et Marco Di Caro sont identifiés comme les deux motards. Romain Gressler et Olivier Tomassone, eux, sont accusés d’avoir pris l’élue en filature à la sortie de sa permanence. Tous, âgés d’une vingtaine d’années, font partie de la bande du Macama, une brasserie branchée sur le port de plaisance de Hyères tenue par Gérard Finale. Ce patron de bar, surnommé "Le Grand tout mou" par les policiers qui l'interrogent avait pour ambition, depuis la mort de Jean-Louis Fargette, en mars 1993, de devenir un des parrains de la pègre du Var. Il semblait voir en Yann Piat un obstacle à son ascension, si elle devenait maire. Il est accusé d’être le commanditaire de l’assassinat.

    A leur procès, qui s’ouvre le 4 mai 1998, Lucien Ferri, qui se présente comme le chef de la bande du Macama, ne donne aucune information, mais affirme que les commanditaires sont des hommes politiques et des voyous. Les jeunes "bébés killers", comme les surnomme la presse, reconnaissent leur participation. Gérard Finale, lui, nie tout en bloc. Après six semaines d’audience, le verdict tombe le 16 juin. La thèse d’un assassinat politique est enterrée. Pour la justice, il s’agit d’un crime mafieux commandité par un patron de discothèque et exécuté par deux petits voyous locaux. Gérard Finale et Lucien Ferri, le tireur, sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. Marco Di Caro, le pilote de la moto, à vingt ans de réclusion. Romain Gressler et Olivier Tomassone, chargés de faire le guet et de s'occuper des armes, à respectivement quinze ans et treize ans. Stéphane Ali Guechguech, l'incendiaire de la Yamaha rouge pour masquer cette preuve matérielle, à six ans de prison. Le septième homme est acquitté.

    Un nouveau rebondissement a lieu en octobre 1997. Deux journalistes d’investigation, André Rougeot et Jean Michel Verne relancent la piste du complot politique et incriminent deux anciens ministres, François Léotard et Jean-Claude Gaudin. Ils sont condamnés pour "diffamation".

    L’affaire Yann Piat a eu des conséquences dans le milieu politique varois. Juste après sa mort, le ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua, lance une vaste opération “mains propres” dans le département. Maurice Arreckx et Joseph Sercia sont finalement condamnés pour "abus de biens sociaux".

    Aujourd’hui, vingt-sept ans plus tard, le meurtre de Yann Piat suscite toujours des questions. Gérard Finale et Lucien Ferri ont emporté certaines des réponses dans leur tombe. Mais pour la fille cadette de Yann Piat, Angélique, ce n’est pas possible que cela ne soit que le patron du Macama, Gérard Finale, qui soit le commanditaire. "Il y avait d’autres réseaux. La politique, c’est vraiment un milieu écœurant , une fois dans le système ils perdent toute humanité."

     RECIT FRANCEINFO

    Texte : Guillemette Jeannot

    Illustrations : Jessica Komguen

  • Affaire Darmanin : l’écran de fumée de la présomption d’innocence, par Julie Klein

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    Gérard Darmanin se permet tous les excès, dont la dissolution de Génération Identitaire est un des exemples récents. Mais au lieu de chercher dans l'œil autres (surtout celui de droite, dont il est issu) la paille qu'il ne trouve pas, il serait bien inspiré de s'intéresser, avec un minimum de dignité, à la poutre qui est dans le sien. Sur le plan de la simple logique juridique, cet article, d'un professeur de Sciences Po remet les pendules à l'heure.

     

    Attaquée de toute part, la nomination de Gérald Darmanin au poste si stratégique de ministre de l’Intérieur en dépit des accusations de viol, d’harcèlement et d’abus de confiance dont il est l’objet, n’en finit plus de susciter la controverse.

    En réaction, le Gouvernement a convoqué la présomption d’innocence. Nicolas Sarkozy vient à son tour de suivre un même argumentaire, non sans emphase, pour défendre la promotion de Gérald Darmanin : « sans la présomption d’innocence, il n’y a pas de démocratie ». L’argument délivre une vérité d’évidence : le ministre – qui au demeurant peut se prévaloir de deux classements sans suite et d’un non-lieu prononcé dans cette affaire, avant que la chambre de l’instruction ne décide de rouvrir l’information judiciaire – doit, comme tout citoyen, être tenu pour innocent. Les infractions sexuelles ne sauraient, en raison de leur gravité, relever d’un droit d’exception qui se verrait amputé des principes les plus fondamentaux de la défense. Aucune accusation, aucune dénonciation, aucune plainte, aucune enquête préliminaire, aucune ouverture d’information judiciaire ne peut valoir reconnaissance de culpabilité. Le respect de la parole des victimes, qu’il n’est évidemment pas question de mettre en cause, n’impose pas d’ériger une déclaration ou un témoignage en vérité judiciaire. La récente relaxe d’Ibrahim Maalouf par la Cour d’appel de Paris des faits d’agression sexuelle qui lui étaient reprochés, après trois ans de purgatoire médiatique, vaut à nouveau mise en garde : l’opinion publique ou la rumeur ne peuvent se substituer aux décisions de justice.

    Mais la présomption d’innocence a ici trop bon dos. Voilà bien longtemps qu’elle n’est plus ce rempart dont les hommes politiques pourraient se prévaloir face aux accusations. Richard Ferrand, contraint à la démission après l’ouverture d’une enquête préliminaire sur sa gestion des Mutuelles de Bretagne, François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard, écartés du gouvernement en raison de l’ouverture d’une information judiciaire sur de possibles emplois fictifs au Parlement européen, François de Rugy, démissionnant à la suite de révélations sur ses repas à l’Assemblée, n’avaient pas fait l’objet d’une condamnation définitive, ni même été mis en examen. Le juridisme du Gouvernement ne doit pas faire illusion : en politique, le curseur n’est pas celui de la reconnaissance de culpabilité mais celui de l’exemplarité. La présomption d’innocence est en réalité ici hors sujet.

    Ce qui ne l’est pas en revanche, c’est en premier lieu la nature très spécifique du ministère de l’Intérieur que Gérald Darmanin pilote désormais et, avec ses nouvelles fonctions, le lien hiérarchique qui l’unit aux officiers de police chargés d’enquêter sur les faits dénoncés. Le ministre a beau jeu de se réfugier derrière une « lettre de déport » qu’il aurait rédigée pour éviter que les informations le concernant ne remontent à son cabinet. Aucune muraille de Chine ne protégera jamais de l’autocensure un corps chargé d’enquêter sur son supérieur hiérarchique. Et, en toute hypothèse, le doute est à présent là, qu’aucune déclaration de déport ni présomption d’innocence ne pourront lever. Entendons-nous : n’importe quelle plainte ne doit pas automatiquement fermer l’accès à toute fonction ministérielle, au risque de la multiplication des constitutions de partie civile abusives. Mais le ministère de l’Intérieur n’est ni celui du Budget, ni celui de l’Aménagement du territoire ou encore de l’Agriculture. Le conflit d’intérêts qu’emporte la promotion à la tête de la police d’un ministre visé par une information judiciaire a aussi pour effet de nourrir une méfiance envers la classe politique, qui n’avait pourtant guère besoin d’être ainsi alimentée.

    Surtout, dès lors que le curseur n’est pas la culpabilité mais l’exemplarité, Gérald Darmanin ne peut s’abriter derrière une argutie purement juridique pour échapper à la discussion. Sur ce point, le ministre, qui ne conteste pas la relation sexuelle avec la plaignante mais l’affirme librement consentie, a choisi un étrange slogan pour défense : « j’ai eu une vie de jeune homme ».

    Diantre ! Qu’est-ce qu’une « une vie de jeune homme » ? L’expression fleure bon le romantisme du XIXe siècle. Elle convoque L’Éducation sentimentale (dont le sous-titre n’est autre qu’« Histoire d’un jeune homme »), elle fait surgir Frédéric Moreau, héros romantique en pleine initiation amoureuse, elle fait apparaître les personnages croqués par Gavarni, portraits flamboyants d’une jeunesse insouciante, celle d’avant l’engagement matrimonial. Ah le jeune homme ! Il y aurait donc un Darmanin d’hier et un Darmanin d’aujourd’hui, le jeune homme et le ministre, et ce dernier ne saurait se voir reprocher celui qu’il fut hier. Subtile argument temporel. À rebours de celui qui prédomine toutes les fois qu’il est question de relire le passé à l’aune de la morale présente, il ne repose pas sur un quelconque changement des mœurs entre hier et aujourd’hui, qui pourrait éclairer une inconduite passée ; il se prévaut du cycle de la vie humaine, qui rendrait légitimes certains comportements parce que tenant à la jeunesse. Mais c’est un peu court.

    À supposer qu’une vie de jeune homme s’incarne dans la soirée décrite par la plaignante, entre visite de club libertin et chambre d’hôtel, ce qui, reconnaissons-le, n’est pas avéré, on ne peut occulter que le chargé de mission au service des affaires juridiques de l’UMP, qu’était alors l’actuel ministre de l’Intérieur, a bénéficié des faveurs sexuelles d’une femme venue solliciter son intervention dans un dossier judiciaire. Son âge ou son statut matrimonial ne change rien à l’affaire. La question n’est pas de savoir ce que la frivolité d’une « vie de jeune homme » justifierait, mais ce que doit être le respect de l’éthique en politique.

    Julie Klein

    Professeur à l’École de droit de Sciences po
  • MEDIAPART, CONDAMNÉ À PAYER 1,4 MILLION AU FISC

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    LE MÉDIA QUASI TOUT EN LIGNE EST UN SUCCÈS FINANCIER, CE QUI N’EMPÊCHE PAS QUELQUES ENTOURLOUPES AVEC LE FISC.

    TU AIMES LE FISC ? MON NON PLUS

    Vous payez des impôts ? Vous considérez que vous en payez trop ? Rien de plus facile, vous faites comme Médiapart, vous décidez vous-même de ce que vous devez payer. Résumé : les médias en ligne payent (plus exactement payaient) 20% de TVA sur leurs abonnements contre 5,5% pour la presse écrite. Médiapart et Arrêt sur images ont considéré la mesure injuste et se sont auto attribués une TVA à 5,5%. Un peu comme si, imposé à 20% de votre revenu déclaré, vous décidiez que la somme justement due correspondait à seulement 5% et non 20% ; oui, Monsieur le percepteur, c’est comme ça et pas autrement ! Vous pouvez essayer…

    PREMIÈRE CONDAMNATION ET AMNISTIE

    L’histoire a duré de 2008 à 2015, condamnation des deux médias par le fisc, un peu plus de 4 M€ (arriérés et amende inclus) à payer pour le plus gros et 500 K€ pour le plus petit.

    Bonheur, au moment des élections régionales une amnistie est votée par les députés pour les deux médias qui se voient dispensés provisoirement de payer le différentiel de TVA. Un peu comme en 2013 lorsque L’Humanité avait reçu un cadeau fiscal de 4 M€ (oui, 4 millions d’euros). Mais l’affaire de la TVA a continué devant les tribunaux.

    PAIERA ? PAIERA PAS ?

    L’administration fiscale, revenue à la charge, réclamait 3,3 M€ d’arriérés plus 1,4 M€ supplémentaires pour manquement caractérisé et mauvaise foi. Manquement caractérisé cassé par un tribunal administratif en 2018. Mais le tribunal administratif d’appel vient de rétablir l’amende en novembre 2020. Médiapart a réglé les 3,3M€ et fait appel pour le reste au Conseil d’État. Avec un bénéfice supérieur à 2 M€ en 2019 et des réserves, le média peut voir venir. La TVA à taux réduit a été uniformisée en 2015 pour la presse en ligne.

    Observatoire du journalisme

  • Jacques Bainville : "on aura les conséquences"

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    Par Henri Bec

    Henri.jpgLes stupides mesures annoncées par Emmanuel Macron dans son intervention du 24 novembre ont mécontenté plus d’un français, en particulier celle tenant à la limite de 30 personnes dans les églises, véritable insulte adressée non seulement aux chrétiens, non seulement à tous ceux qui pratiquent une religion, mais à tous les français ayant le sens de la dignité. Le dimanche précédent, de nombreux catholiques s’étaient rassemblés dans plusieurs villes de France pour demander le rétablissement de la messe. Belles et saines initiatives en faveur du maintien d’une liberté essentielle, celle du culte. Nous avons participé à celle de Béziers devant la cathédrale St Nazaire. Le parvis était comble, les retardataires ont dû se positionner plus loin. Bravo aux organisateurs !

    Mais il faut, malheureusement faire deux constats :

    Premier constat : L’ensemble du clergé de l’Église catholique, de ses plus hauts responsables au plus simple curé, ne s’est nullement mobilisé pour demander le rétablissement de la messe dominicale, quand il n’est pas venu au secours de ces mesures liberticides. Mgr Aupetit n’a-t-il pas fustigé ceux qui font leur « petit business » alors qu’une négociation était en cours ou Mgr Michel, évêque de Valence expliquant qu’ « il est préférable que nous prenions le chemin du service, du dialogue et de la fraternité, plutôt que le chemin de la confrontation ». Nous avons vu le résultat !

    Sur le parvis de la cathédrale de Béziers, sauf trois ou quatre prêtres énergiques, dignes de leur magistère, la quasi totalité du clergé biterrois était absent le 22 novembre. Inadmissible et pitoyable débâcle devant l'épreuve. Il est vrai que dans les temps troublés le courage n'est pas la qualité la plus répandue...

    Fort heureusement, après les malheureux mots blessants de l’archevêque de Paris  à l’égard des prêtres refusant de se soumettre aux illégitimes et illégaux oukases gouvernementaux, plusieurs évêques téméraires ont exprimé leur soutien à ceux, très majoritairement jeunes et de plus en plus nombreux, qui manifestent contre ces insupportables coups de force gouvernementaux.

    Dans la même semaine, les commissaires politiques de la République, régime paraît-il de liberté, n'ont fait que confirmer qu'elle n'était rien d'autre que le royaume de Foutriquet, entre les promesses du président et les rétropédalages du premier ministre. Le camouflet gouvernemental n'était plus supportable pour le président de la Conférence des évêques qui a fini par découvrir l'existence du référé-liberté. Mieux vaut tard que jamais !

    Deuxième constat : Lors des élections présidentielles de 2017, 62 % des catholiques ont voté Macron. À titre d'exemple, est très révélatrice de l'absence totale de réflexion, l'attitude de la population versaillaise qui a fourni le gros des organisateurs et des troupes à « La Manif pour tous », puis a donné 76,15 % de ses voix à Emmanuel Macron et 23,85 % à Marine Le Pen. Si la bonne volonté, le souci de voir abolir une législation mortifère, le courage de s'impliquer n'étaient pas absents de ces défilés, force est de constater qu'ils se sont limités à de simples protestations sans tirer les leçons de la situation. C'est au contraire volontairement que les responsables ont refusé d'élever le débat et de pratiquer la seule réflexion judicieuse qui s'imposait, rechercher la cause de nos maux, la cause politique.

    On a vu la brillante suite de ces mouvements sans colonne vertébrale : plus rien !... et les lois sont passées... jusqu'aux prochaines : "Les doctrines inconsistantes et mal définies ne poussent jamais à l'action".

    Ce n’est pas faute d’avoir prévenu avec insistance. Dans ce blog, nous n’avons pas ménagé nos efforts pour expliquer les dangers supérieurs que représentait la candidature d’Emmanuel Macron, qui, contrairement à ce que l’on pourrait penser, n’a pas de vagues idées brouillées « d’en même temps », mais une idéologie bien assise et un dessein bien construit, ICI ou ICI ou ICI ou ICI ou ICI (et il y a de nombreux autres articles). On ne peut à cet égard que constater qu’il n’a, depuis son arrivée, modifié en rien ses options malgré les oppositions quelque fois difficiles qu’il a eu à gérer, manifestations nombreuses, « Gilets jaunes » et autres CGT. Il est là pour réaliser un projet. Il s’y tient, sachant que ses sponsors ne lui pardonneraient pas de s’en éloigner.

    Ne croyez pas que nous faisons ici du prosélytisme pour Marine Le Pen. Ce n'est pas la question. Nous ne faisons que prendre acte des institutions actuelles de la France : le Président est élu au suffrage universel. Vous savez que nous contestons radicalement ce système, mais nous ne sommes rien d'autres que réalistes. En attendant mieux il faut faire avec. Nous disons simplement que lorsqu’on a le choix il faut éviter de se tromper d’adversaire et surtout de l'aider dans sa prise de pouvoir ! même si le concurrent ne reçoit pas notre totale approbation. « La politique du pire est la pire des politiques ».

    Il serait grand temps de réaliser que le Politique (le masculin n’est pas une faute) est le moteur, comme l'est celui d'une voiture, la condition nécessaire de l’ensemble de la vie d’une nation, activités économique, sociale, culturelle, religieuse, etc… ; que la réflexion et la solution politique ne sont pas, bien sûr, les premières dans l’ordre de la dignité, mais qu’elles le sont dans l’ordre chronologique. Elle ne sont que le moyen qui précède la réalisation, la route qu’il convient, d’abord, de prendre pour arriver au but fixé. C’est tout le sens de l’expression « Politique d’abord ». L’ignorer c’est patauger, sans pilier mental solide, dans la bourbe des idées marécageuses et des opinions instables, et, concrètement, comme on le fait en France depuis longtemps, tenter de s’attaquer aux conséquences sans s'interroger sur les causes. Et ces causes ne sont rien d'autres que politiques.

    Si nous avons maintenant un gouvernement issu des milieux d’affaire les plus antinationaux, avec tout ce que cela implique de renoncements et de trahison, c’est bien à l’erreur de ceux qui l’ont élu que nous le devons, et qui n’ont peut-être pas encore réalisé qu’ils en seront les premières victimes. Si nous subissons les innombrables atteintes à nos libertés, c'est bien au pouvoir politique que nos le devons et à rien d'autre.

    "On aura les conséquences", disait Bainville.

    Absit reverentia vero « Ne craignons pas de dire la vérité »

     

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  • Le Mr Vaccin du gouvernement était le lobbyiste du Big Pharma…

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    Emmanuel Macron a choisi son "Monsieur Vaccin", qui doit rassurer le public sur la campagne obligatoire qui se prépare. Et, en matière de réassurance, d'apaisement, et de confiance, le choix qui est fait confond par son ingéniosité et sa pertinence. Ce devrait être un ancien inspecteur général des affaires sociales qui prendrait cette charge, Louis-Charles Viossat, dont nous donnons une capture d'écran du CV publié sur Linkedin ci-dessous. Viossat s'est beaucoup occupé du lobbying en faveur du Big Pharma. Il a notamment dirigé le lobbying du laboratoire américain Abbott, devenu Abbvie, pendant près de 5 ans. De façon très révélatrice, la presse mainstream a fait l'impasse sur ces étapes importantes dans une carrière également marquée par la gestion de la canicule. Mais que cherche Emmanuel Macron ?

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    Mais quelle mouche a bien pu piquer Emmanuel Macron, en choisissant l’ancien lobbyiste d’un grand laboratoire pharmaceutique américain pour rassurer les Français sur la campagne de vaccination qui se prépare ? On ne pouvait imaginer choix moins judicieux, plus polémique, plus inefficace que celui-là… Si l’on ajoute à ce parcours brillantissime le passage que Louis-Charles Viossat a fait au cabinet du ministre de la Santé au moment de la canicule, puis au cabinet du Premier Ministre au moment du CPE… on s’interroge sur les risques qu’Emmanuel Macron prend dans la conduite d’un dossier qui pourrait se révéler très vite explosif.

    Viossat, le Mr Vaccin qui faisait le lobbying mondial d’Abbott

    Nul besoin de beaucoup chercher dans les recoins de sa carrière pour savoir ce que tout le monde sait, puisque l’information est publique : Louis-Charles Viossat a été, par deux fois dans sa carrière, lobbyiste pour le Big Pharma. La première fois, en 2001, avant d’intégrer le cabinet du ministre… de la Santé ! où il aura affaire avec des questions de médicament, notamment l’un d’entre eux appelé le… Mediator ! (décidément, Emmanuel Macron a eu le nez creux en le choisissant), Viossat a été en charge du lobbying pour le laboratoire Lilly. Il avait occupé ces fonctions après un passage à la Banque Mondiale, où il était spécialiste de santé publique pour l’Extrême-Orient et le Pacifique. 

    Après son passage au cabinet de Villepin, entre 2005 et 2007, où il s’occupait de santé et d’emploi, avec la brillante réussite qu’on connaît sur le CPE, Viossat a fait un passage de 2 ans à Genève comme ambassadeur en charge du SIDA. Puis il a rejoint le laboratoire Abbott pendant plus de cinq ans où, selon son propre aveu, il était chargé de lobbyer la Commission européenne, mais aussi les gouvernement américain et européens, au besoin sous l’étiquette d’organisations financées par l’ensemble du Big Pharma. 

    Voilà un CV idéal, vraiment pour redonner confiance aux Français en matière de vaccination, alors que 80% des personnes interrogées par un sondage  ont peur de passer à la casserole avec ces vaccins qu’on nous propose à la va-vite. 

    Des conflits d’intérêt que Viossat connaît parfaitement

    Au demeurant, Louis-Charles Viossat lui-même est parfaitement conscient de la difficulté de concilier ce parcours d’un mercenaire au service du Big Pharma avec une défense de l’intérêt général supposée inspirer respect et sérénité aux Gaulois réfractaires que nous sommes. 

    Ainsi, Viossat, en 2011, avait été auditionné par la Commission d’Enquête du Sénat consacrée au Mediator. Feu le sénateur Autain (oncle de Clémentine Autain, le monde est petit…) l’avait alors interrogé sur ses conflits d’intérêt. Voici l’extrait de cette discussion :

    1. François Autain, président. – Nous avons souhaité entendre M. Louis-Charles Viossat, inspecteur général des affaires sociales, parce qu’il a été directeur de cabinet de M. Mattei, ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées de 2002 à 2004, que nous avons déjà reçu.

    Cette audition, qui est publique et ouverte, sera diffusée sur le site du Sénat et sur Public Sénat.

    Vous n’êtes plus, je crois, dans la fonction publique ?Louis-Charles Viossat, ancien directeur du cabinet du ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées. – Membre de l’inspection générale des affaires sociales (Igas) depuis 1992, j’ai été mis à la disposition du ministère des affaires étrangères et ambassadeur de 2007 à 2009. Je suis actuellement en disponibilité et j’exerce les fonctions de directeur des affaires gouvernementales pour l’Europe d’Abbott, un groupe qui produit des traitements, des dispositifs médicaux et des spécialités pharmaceutiques.

    Lorsque Jean-François Mattei m’a proposé de diriger son cabinet en 2002, j’avais passé trois ans à la Banque mondiale, aux Etats-Unis, avant de rejoindre la filiale française du laboratoire pharmaceutique américain, Lilly.

    1. François Autain, président. – Déjà ?
    2. Louis-Charles Viossat. – J’ai demandé à l’époque au ministre d’être déchargé des décisions concernant les médicaments. Ces questions ont été traitées par Jacques de Tournemire, conseiller technique chargé du médicament, et par le ministre lui-même.
    3. François Autain, président. – Auriez-vous pu être membre du cabinet du ministre actuel qui a fixé des règles très strictes en ce qui concerne les liens d’intérêt ?
    4. Louis-Charles Viossat. – Je ne me suis pas posé la question. J’avais demandé à ne pas traiter ces questions, à être déchargé des relations avec les laboratoires pharmaceutiques pour éviter toute suspicion et garantir l’impartialité des décisions du ministre. Cela a été suffisant. Au cours de cette période, je n’ai donc jamais été informé ni saisi de la moindre question concernant le Mediator.

    Voilà donc un haut fonctionnaire parti pantoufler dans un laboratoire pharmaceutique, parfaitement conscient des risques qu’il fait courir à son institution en exerçant des fonctions publiques proches de celles qu’il a exercées dans le privé. 

    Lobbyiste et haut fonctionnaire, c’est la même chose ?

    Derrière cette affaire relativement stupéfiante (car on ne comprend pas pourquoi Emmanuel Macron se fourre dans ce genre d’impasse politique à quelques mois de sa réélection), c’est tout le sujet de la prise de pouvoir par une élite administrative qui a perdu le sens de l’intérêt général qui est mis en exergue. 

    Car que peut-on retenir de la carrière de Louis-Charles Viossat, sinon qu’elle ressemble à celle de tant de hauts fonctionnaires qui se considèrent comme personnellement dépositaires de l’intérêt général et par avance absous de toute critique sur le mélange des genres qu’ils produisent au jour le jour ? Pour progresser, on rentre dans un cabinet ministériel, on flatte le ministre, et au besoin on l’envoie dans le mur par des conseils mal avisés. Viossat était aux manettes au moment de la désastreuse gestion de la canicule, il en est sorti directeur général de l’URSSAF. Il était aux manettes au moment du redoutable CPE qui a coûté sa carrière politique à Dominique de Villepin, il en est sorti ambassadeur à Genève, selon la bonne règle qui veut que l’administration récompense toujours ceux qui échouent, et leur dresse une statue glorieuse. 

    Fort de ce palmarès, Viossat a mis son carnet d’adresses au service du Big Pharma, dont la compatibilité avec l’intérêt général reste à prouver. Et en récompense de ce glorieux passage qui l’a emmené ensuite dans des fonctions secondaires (il ne déclare aucune affectation depuis 2019, ce qui laisse à penser qu’il était payé à rester chez lui…), il est désormais choisi pour rassurer les Français sur les bienfaits du Big Pharma, dont il a été le mercenaire. 

    On voudrait prouver aux Français que la haute administration s’est transformée en aristocratie incompétente mais inexpugnable, qui vit sur le dos des Gaulois réfractaires comme la vérole sur le bas clergé, qu’on ne s’y prendrait pas autrement. 

    Source : le site lecourrierdesstrateges

  • Boycott évident

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    L’appel de Valeurs Actuelles

    La mafia d’extrême-gauche nommée Sleeping Giants a encore frappé !
    C’est la marque Decathlon (qui vend des hijabs de running et des burkinis), qui a décidé de retirer ses publicités de la chaîne CNews après avoir été interpellée par les Sleeping Giants. 
    Autrement dit, les téléspectateurs de CNews semblent ne plus intérresser Decathlon. Ceux-ci s’en souviendront puisque quelques heures après cette décision, les réseaux sociaux s’enflammaient, propulsant le #BoycottDecathlon en tête des tendances.
    Cette méthode utilisée par certaines entreprises peu scrupuleuses n’est autre qu’une tentative de restreindre le champ du débat et de faire taire ceux qui « pensent mal » en leur coupant les vivres : CNews, Eric Zemmour, Valeurs actuelles…
    Soutenez les médias qui vous ressemblent et qui portent une autre voix dans le débat public.

  • Une analyse motivée des élections américaines par le professeur Édouard Husson

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    Beaucoup a été dit, est dit et ne manquera pas de faire l'objet de commentaires plus ou moins bien motivés ou justifiés. La chaîne TV Libertés a entendu le professeur Édouard Husson, chroniqueur pour Atlantico et spécialiste de l'Amérique.

    Donald Trump ne s'avoue pas vaincu même s'il a autorisé la mise en œuvre de la transition avec l'équipe Biden. À voir...

    Pour écouter, cliquez  ICI

  • En rire pour ne pas pleurer

    Les commentaires sur la catastrophique gestion de la crise 2020 sont suffisamment nombreux pour ne pas en rajouter. Mais souvent une image vaut mieux qu'un bon discours !

    Macrond-Macront-Masque.jpg

  • C'était bien une imposture !

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    “Quelqu’un d’autre veut-il répondre à cette question ?”

    Les observateurs n'ont pas manqué de relever une vidéo désormais virale qui montre la militante écologiste Greta Thunberg incapable de répondre à une question de base sans script.

    La jeune Greta Thunberg a été louée par les médias pour ses discours tonitruants dénonçant les dirigeants mondiaux qui ne prennent pas le changement climatique suffisamment au sérieux.

    Cependant, lorsque la jeune militante a été interrogée sur ce même sujet, sa réponse, ou son absence de réponse, a été remarquable.

    “Pourriez-vous nous dire quel genre de message vous faites ici aujourd’hui – quel genre de message enverriez-vous en faisant cela aux dirigeants mondiaux et puis-je également vous demander, pensez-vous qu’il est temps que le président Trump réponde à ce que vous avez dit aujourd’hui ?” a été la question destinée à Thunberg.

    Après une longue pause, Thunberg a dit : “Euh, je pense… je suis désolée, quelle était la première question ?”

    Après que le journaliste a répété la question, Thunberg a répondu : “Je pense que ce que nous voulons envoyer… le message que nous voulons envoyer est de dire que nous en avons assez et euh…”.

    Thunberg regarde alors la femme assise à sa gauche avant de déclarer : “Quelqu’un d’autre veut-il répondre à cette question ? Je ne peux pas parler au nom de tout le monde”.

    Le journaliste pose alors à nouveau à Thunberg la même question de base, à laquelle elle répond : “Je pense que vous devriez peut-être poser certaines questions aux autres également”.

    La performance de Thunberg a été un virage à 180 degrés de la force de ses remarques scénarisées habituelles.

    Comme le Daily Mail l’a déjà rapporté, la montée en puissance de Thunberg a été le fruit d’une campagne de relations publiques soigneusement orchestrée, beaucoup soupçonnant que sa mère, également militante écologiste, est le véritable cerveau de l’opération.

    “C’est une petite fille, à quoi vous attendez-vous ? Si ce qu’ils font avec Biden est de la maltraitance des personnes âgées, ce qu’ils font avec elle est de la maltraitance d’enfants, a écrit Dave Blount, tout ce que les gauchistes nous présentent n’est qu’imposture.”

    Voir YouTube ICI

  • Qu'est-ce qu'un fiché S ?

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    La question revient inlassablement après chaque attentat : l’auteur était-il « fiché S » ? Si ce n’est pas le cas pour l’assaillant de Samuel Paty, la question se pose néanmoins pour ses éventuels complices.

    Pour nombre d’entre nous, le « fiché S » serait celui qu’on soupçonne de terrorisme, qu’on surveille. Il serait l’individu dangereux que d’aucuns souhaiteraient voir enfermer, ou au moins expulser. Il serait celui qui n’a pas encore commis d’attentat, mais qui va en commettre.

    Pourtant, et cela peut surprendre au regard de la lumière médiatique qui y est portée, il n’existe pas, en France, de « fichier S ».

    Ce qui est appelé ainsi, par abus de langage, n’est autre qu’un type de signalement inscrit au Fichier des Personnes Recherchées (FPR).

    Le FPR est l’un des plus importants fichiers policiers français (à la fois quant au nombre d’individus fichés, et quant à l’utilisation quotidienne qui en est faite). Il recense les personnes qui font l’objet d’une « fiche », c’est-à-dire d’un signalement par une décision judiciaire, administrative ou policière. Il est un fichier d’identification, alors que d’autres sont davantage dédiés à l’assistance à l’enquête en elle-même (comme le logiciel Anacrim, tout aussi médiatique) ou que d’autres encore contiennent nos empreintes digitales ou ADN.

    620 000 FICHES ACTIVES

    Il existe un très grand nombre de cas dans lesquels vous pouvez être « fiché » au FPR. On y trouve ainsi, pêle-mêle, les individus ayant fait l’objet d’une interdiction judiciaire quelconque (par exemple, une interdiction de stade), ceux qui ont une dette auprès du fisc, ou encore les déserteurs de l’armée. Les derniers chiffres font état d’environ 620 000 fiches actives.

    Le FPR fait l’objet d’une alimentation à la fois par les organes judiciaires et administratifs. L’accès y est très régulier, notamment par les forces de l’ordre lors des contrôles sur le bord de la route (via leur mobile ou une tablette).

    À chaque catégorie de signalement correspond un type de fichier particulier et une lettre. Les étrangers en situation irrégulière se trouveront ainsi fichés « E », les débiteurs du Trésor Public fichés « T » ou encore les enfants fugueurs « M ».

    Chaque fiche est complétée par le service qui l’a créée : greffes des tribunaux, services de renseignement, direction des finances publiques, police aux frontières, etc. Elle mentionne systématiquement l’identité de la personne, sa photographie, le motif de la recherche ainsi que la « conduite à tenir » (« CAT » en langage policier). Cette dernière peut être variable, de l’arrestation de la personne à l’absence d’action, en passant par le simple signalement à l’autorité émettrice.

    FICHÉS S, S POUR « SÛRETÉ DE L’ÉTAT »

    Mais quelles sont les fameuses « fiches S » ? Le S tient pour « Sûreté de l’État ».

    Elles concernent « les personnes qui peuvent, en raison de leur activité individuelle ou collective, porter atteinte à la sûreté de l’État et à la sécurité publique par le recours ou le soutien actif apporté à la violence, ainsi que celles entretenant ou ayant des relations directes et non fortuites avec ces personnes », selon le dernier rapport parlementaire sur la question.

    Comprendre : les individus considérés comme potentiellement dangereux (sans distinction entre différents degrés de dangerosité), par leurs actes ou leur soutien à des actes, mais aussi les personnes gravitant autour de ces individus.

    Aucune mention donc de l’islamisme radical, ni même du terrorisme. La fiche S peut aussi bien concerner le militant d’ultragauche que l’islamiste radicalisé proche de passer à l’action. Il peut concerner tout individu qui est jugé dangereux pour la sûreté de l’État par un service de renseignement national tel que la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui traite des menaces les plus importantes au niveau national, la Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP) pour la capitale ou encore le Service central du renseignement territorial (SCRT), dont la mission est de rassembler les informations remontées localement.

    Si le nombre précis de fichés S est inconnu, il est en tout cas assez important. Il n’y a, parmi ce nombre, pas de distinction entre différents types de fiches S selon la cause de signalisation. Les fiches sont seulement distinctes par la conduite à tenir qui y est inscrite, celle-ci étant standardisée et identifiée par un numéro de 1 à 11 (fiches S1, S2, S3, etc.).

    UN SIMPLE OUTIL POLICIER

    Quel est alors le but d’une fiche S ? Il ne s’agit pas d’une condamnation, ni même d’une décision judiciaire. La fiche S émane d’un service de renseignement qui souhaite, le plus souvent, simplement être informé en cas de contrôle de l’individu quelque part sur le territoire national (ou aux frontières).

    L’individu fiché S ne fait donc pas nécessairement l’objet d’une surveillance active. Pas plus qu’il n’est bien sûr informé de cette fiche (le plus souvent, les CAT prévoient d’ailleurs de ne pas alerter l’individu lors du contrôle).

    La fiche permettra simplement à l’agent de police ou de gendarmerie qui, lors d’un contrôle routier, est amené à croiser la route d’un individu fiché S, de faire remonter l’information auprès des services de renseignement, qui, la plupart du temps, en prendront simplement note.

    La fiche S n’est donc ni une condamnation pénale, ni même l’indice d’une surveillance active. Elle ne témoigne ni d’une dangerosité accrue ni d’un passage à l’acte immédiat. Elle pourra néanmoins impacter la vie de l’individu : le FPR est consulté lors des enquêtes administratives, et peut donc amener à un avis négatif pour l’obtention d’un emploi dans la fonction publique ou dans les secteurs privés de la sécurité.

    Elle peut aussi être problématique pour l’obtention d’un passeport ou d’un permis particulier (port d’armes par exemple).

    La fiche S ne permet pas, à elle seule, de fonder une décision d’expulsion (malgré une récente annonce ministérielle) pas plus qu’elle ne permet par exemple de retirer le statut de réfugié à un individu. Le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative, est à ce propos extrêmement clair. La fiche S doit rester ce qu’elle est : un outil policier.

    D’AUTRES FICHIERS PLUS DISCRETS

    L’individu fiché S n’est pas nécessairement un dangereux radicalisé prêt à passer à l’acte, et tous ceux qui passent à l’acte ou qui sont soupçonnés de le faire ne sont pas fichés S. Le drame de vendredi dernier en est malheureusement la triste démonstration.

    Les services de renseignement eux-mêmes d’ailleurs n’apprécient pas particulièrement la fiche S, dont la publicité (elle est visible par tous les policiers et gendarmes qui consultent le FPR) peut-être néfaste à la nécessaire discrétion en la matière. Les sénateurs pointent ainsi dans un rapport de fin 2018 le risque d’éveiller les soupçons chez la personne fichée lors d’un contrôle, si l’attitude du policier ou du gendarme est, même involontairement, modifiée à la lecture de cette information sur sa tablette.

    D’autres fichiers, cette fois parfaitement confidentiels, répondent davantage à leurs besoins : CRISTINA (principal fichier généraliste propre au renseignement), et le FSPRT, spécifique à la problématique de la radicalisation. Ces deux outils font partie d’une liste de dix-sept fichiers « intéressant la sûreté de l’État » et dont le fonctionnement et l’usage sont complètement secrets.

    Plus généralement, la problématique est ici la même pour tous les fichiers de police : ils sont uniquement des outils, au service de l’enquête ou de la prévention ciblée des infractions. Pourtant, leur usage et leur champ d’application tendent à se développer et ne sont pas sans conséquences sur chacun d’entre nous.

    « DÉFAVORABLEMENT CONNU DES SERVICES DE POLICE »

    Qui ne s’est jamais interrogé sur l’expression « défavorablement connu des services de police » ? Là encore, derrière cette formule, se cache un autre grand fichier : le Traitement des Antécédents Judiciaires, ou TAJ.

    Or, comme le FPR, le TAJ comprend les données d’individus seulement soupçonnés, non condamnés (contrairement au Casier Judiciaire National, plus encadré, mais auxquels les forces de l’ordre n’ont pas un accès immédiat). Pourtant, là encore, les conséquences pour les individus peuvent être très concrètes, et là encore, par le biais des enquêtes administratives.

    Vous avez fait l’objet d’une arrestation après un acte de désobéissance civile, pour lequel vous n’avez pas été poursuivi devant la justice ? Il est fort probable que vous soyez fiché au TAJ, et que ce fichage déclenche un avis négatif lors d’une « enquête de moralité » préalable à l’embauche dans la fonction publique ou pour certains emplois privés dans des domaines réglementés (sécurité, mais aussi jeux et paris par exemple, ou lorsqu’il y a manipulation de substances dangereuses).

    Les fichiers de police sont donc beaucoup plus complexes qu’il n’y paraît de prime abord. Ils sont bien distincts des fichiers judiciaires, comme le Casier Judiciaire, connu de tous et obéissant à des règles bien précises. Ils répondent à une logique différente : celle de l’enquête.

    UN DÉVELOPPEMENT EXPONENTIEL DES FICHIERS

    La numérisation des enquêtes, l’usage de l’intelligence artificielle, la généralisation des dispositifs mobiles à la disposition des forces de l’ordre, le recours à la biométrie sont autant de facteurs qui font se développer exponentiellement les fichiers de police.

    Le dernier rapport parlementaire en la matière en identifie ainsi une centaine à la disposition des forces de l’ordre.

    Si leur caractère utile dans les investigations, et même indispensable en matière de renseignement, ne saurait être nié, il convient de garder à l’esprit leurs limites, et cela dans toutes les circonstances, même les plus atroces.

    Un fichier de police, même le FPR, ne saurait justifier une mesure restrictive ou privative de liberté, même au nom de la prévention. Il ne doit pas non plus être perçu comme la marque au fer rouge du XXIe siècle.

    DES MESURES FORTES EXISTENT

    Sommes-nous pour autant démunis en matière de prévention des infractions, notamment terroristes ? La réponse négative apparaît évidente à qui s’intéresse à la matière préventive, en très large développement depuis une vingtaine d’années.

    Les mesures administratives individuelles très largement admises après la fin de l’état d’urgence en 2017 et la création d’infractions pénales incriminant des actes préparatoires de plus en plus minces devraient suffire à convaincre de notre arsenal préventif.

    Enfermer, punir ou expulser l’individu radicalisé avant qu’il passe à l’acte est, en droit français, largement possible et pratiqué selon un récent rapport parlementaire dressant un premier bilan de la loi de 2017.

    Ainsi, le fait qu’un auteur d’attentat soit « fiché S » ou « défavorablement connu des services de police » ne peut être considéré en lui-même comme un symptôme de l’échec des services de renseignement.

    Les fichiers de police ne sont, et ne doivent pas être, des outils de décision. Ils sont plutôt des outils d’aide à la décision, parmi d’autres. La décision d’interpeller ou d’enfermer un individu ne peut se prendre que sur la base d’un comportement effectif et constaté, soit par le biais des condamnations pénales, soit par le biais des mesures administratives.

    Ces procédures sont mises en œuvre selon des règles précises, sont susceptibles de recours administratifs et judiciaires et sont précisément limitées. La généralisation de mesures liberticides à un ensemble d’individus d’une catégorie hétérogène et strictement policière, n’est ni possible juridiquement, ni souhaitable dans un État de droit démocratique.

    Par Yoann Nabat

    Doctorant en droit privé et sciences criminelles

  • La République sur tous les tons et à toutes les sauces

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    Très intéressante analyse d'Éric Zemmour, parue dans le Figaro. Il est, à l'évidence, irrité par la République, par le mot et par la chose même.

    Et de stigmatiser la classe politique qui, voulant se débarrasser de la France, a fait de la République "un tigre de papier". Il ne croit pas (et nous l'approuvons totalement) que la réponse aux attentas islamistes soit la République et sa sacro-sainte laïcité.

    Ce n'est pas la première fois que Zemmour nous entretient de ce thème. Mais il serait utile pour ses lecteurs qu'il soit désormais plus concret. Une répons précise à ses critiques et à ses doutes serait opportune.

     

    Zemmour.jpgIls n’ont que ce mot à la bouche. À gauche comme à droite, et au centre, à la France insoumise mais aussi au Rassemblement national. C’est le point de consensus entre Macron, Le Pen, Mélenchon et les autres.

    La République sur tous les tons et à toutes les sauces. La République comme réponse à tout. Un extraterrestre qui débarquerait en France pourrait croire que la France est sous la menace d’un putsch monarchiste, et que tous les Républicains doivent s’unir. Il n’en est rien : la République n’est pas menacée et c’est peut-être pour ça qu’elle est si défendue. La République, ses valeurs et sa sacro-sainte laïcité. La réponse du président aux attentats islamistes, c’est la République. Et son arme est la laïcité.

    Qui y croit sérieusement ? Qui croit qu’un homme prêt à décapiter un professeur parce que celui-ci a insulté Allah sera arrêté par les règles de la laïcité ? On n’est pas dans le même registre. D’un côté, des règles juridico-politiques ; de l’autre, une foi fanatisée qui veut imposer un système juridico-politique de remplacement : la charia. Ce n’est pas la République qui est visée, mais la France. Une France à la fois chrétienne et irrévérencieuse, la France des croisés et de L’Assiette au beurre.

    Dans la bouche de nombre de politiques, la République est, depuis des années, le moyen commode de ne plus prononcer le mot France. Cette France qui doit se fondre dans l’Europe. La France qui sous-entend un enracinement, une histoire, une géographie, un peuple, une culture, des mœurs. Bref, une civilisation. Une France à laquelle on doit s’assimiler. À Rome, faire comme les Romains. Et à Paris, faire comme les Parisiennes. La République, c’est plus commode, cela signifie seulement une légalité superficielle qui fait consensus. Au-delà commencent les ennuis.  Les territoires perdus de la République sont les territoires perdus de la France. Des enclaves qui, parce qu’étrangères, sont devenues le terreau d’une contre-société fondée sur les règles islamiques. Un contre-pays : l’oumma. Une contre-civilisation qui produit terroristes islamistes et délinquants bas de gamme. Le djihad pour tous. Malraux l’avait dit : « Une civilisation, c’est ce qui s’agrège à une religion. »

    C’est parce que la classe politique a voulu se débarrasser de la France qu’elle a fait de la République un tigre de papier. Une République réduite à des valeurs abstraites et à une laïcité limitée à la liberté de croire ou de ne pas croire, et à la neutralité de l’État, en oubliant son troisième pilier, à savoir un « devoir de discrétion » des religions dans l’espace public qui, en évacuant Dieu du débat, permet seule un affrontement rationnel au sein de l’espace des idées et des convictions. La République peut être unitaire ou fédérale, italienne ou américaine, libérale ou populaire, laïque ou islamique. Seule la France est française. Et comme disait Péguy, dans sa célèbre formule : « La République, notre royaume de France. »