Comme le bon élève voulant paraître encore meilleur auprès de son professeur, quitte à devenir mielleux, le clan Ménard poursuit sa politique de carpette macronienne : « la politique de Macron est globalement positive ». Il faut oser le dire !
Alors, à y être, remettons une couche. Ils n’ont rien trouvé de mieux, sous le feu des projecteurs, que de partir vers la Pologne avec deux ou trois camionnettes de vivres. Un remake de Kouchner déchargeant un sac de riz en Somalie : démagogique et ri-di-cule ! Dans ces temps où la réflexion, la sagesse, la hauteur de vue doivent s’imposer, on ne peut que stigmatiser ceux qui utilisent ainsi ces drames au soutien de vils motifs électoraux.
Ce n’est donc pas le clan Ménard, avec sa culture historico-politique acquise à la lecture d'un timbre‑poste, qui pourrait nous fournir des pistes d’analyse sur cette actualité ou adopter la position qu’on serait en droit d’attendre de personnes se prétendant responsables. Après la pitoyable réception de Macron à Béziers, ils n’ont rien trouvé de mieux que d’accentuer leur flagornerie en faisant part de leur soutien à l’inefficace politique internationale du président, puis d'insulter, comme d'habitude, ceux qui ne sont pas de son avis ("patriotisme de bazar"). Pendant ce temps leur candidate, Marine Le Pen, tacle sévèrement E. Macron qu'elle accuse de "faire de la communication". Belle unanimité ! Mais la communication n'est-elle pas justement l'unique activité du clan Ménard ? S'abaisser de la sorte demande tout de même une imagination débordante doublée d'un manque de conviction sans limite et d’un arrivisme matrice de tous les reniements.
Comprendre les événements qui se déroulent actuellement au centre de l’Europe, et plus largement comprendre la diplomatie russe, ne peut se faire sans revenir au choc qu’a été l’implosion de l’URSS de 1991, lorsque intervint, en même temps que la démission de Gorbatchev, la sécession des républiques de l’URSS, et la création de la Communauté des États Indépendants. Plusieurs anciennes républiques soviétiques, comme la Biélorussie, l'Ukraine, la Moldavie, l'Arménie et les cinq d'Asie centrale maintinrent des liens étroits avec la Fédération de Russie et formèrent des organisations multilatérales. Les pays baltes rejoignirent l’OTAN et l’Union européenne.
Le président Poutine s’est exprimé à de nombreuses reprises sur ce moment qu’il qualifie de « moment terrible » que représentait la perte de territoires, russes depuis plus de deux siècles. En 1991, la frontière russe était l’équivalent de l’empire russe de 1914. Ce traumatisme fut aussi celui du peuple russe, profondément attaché à la Patrie, la terre russe. Le professeur russe D. Fourman qualifiait les accords de Bielogev de « coup d’État » et précisait qu’au mois de mars 1991 « les citoyens soviétiques s’étaient prononcés en masse pour le maintien de l’URSS ».
En outre, sur le plan géopolitique, la Russie considère depuis toujours, que la plaine d’Europe du Nord, entre mer du Nord et mer baltique représente un risque majeur de sécurité nationale. Toute la plaine qui s’étend de Paris à Moscou est un terrain favorable aux invasions venues de l’occident mais également, une protection de 500 km. Napoléon et Hitler, qui s’y sont cassés les dents, en savent quelque chose.
L’Amérique, quant à elle, estime que la puissance russe est dangereuse et doit être limitée. Elle cherche, depuis des années, à élargir l’OTAN vers l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie (voir les cartes). De même, Washington a, dans le cadre de sa stratégie, installé des missiles antimissiles en Pologne, en République tchèque et en Roumanie, ce qui est perçu par la Russie comme une menace hostile mettant en danger son intégrité. Si l’Ukraine rentrait dans l’OTAN, ses bases seraient à 250 km de Moscou. On peut aussi évoquer l’appui que les américains ont donné à l’opposition au régime du président Chevarnadze, ancien ministre de Gorbatchev.
Il serait enfin juste de se souvenir de la guerre en Serbie que les États-Unis et l’OTAN ont mené sans aucun complexe ou évocation des « droits de l’homme » à géométrie variable, du massacre de prétendus terroristes aux quatre coins de la planète, déstabilisant les pays concernés, le tout pour de mercantiles intérêts énergétiques (Irak, Lybie…).
Comme on le voit sur la carte ci-dessus, la Russie est sur la défensive depuis la chute de l’URSS. En effet, plusieurs anciennes républiques du bloc de l’est ont rejoint l’Otan : Hongrie, Pologne et République Tchèque en 1999, Roumanie et Bulgarie en 2004. En 2004 également ont adhéré les trois pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), anciennes républiques de l’URSS. L’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie, tout au moins leur dirigeant, ont annoncé qu’elles voudraient en faire de même. D'où la situation actuelle.
La Russie mise également sur le succès de l’Union économique eurasiatique (UEE), sorte de palliatif à la chute de l’URSS. Outre la Russie, l’UEE regroupe le Belarus, le Kazakhstan et l’Arménie. Soit 2,96 millions de km² et un PIB de 2400 milliards de dollars (2100 milliards d’euros).
La France, pétrie d’Euro-béatitude, pour d’évidentes raisons de politique intérieure, s’est mise à la remorque de l’Amérique. On ne peut que s’attrister de constater que ce pauvre Macron, n’intéresse ni les uns ni les autres. Son mandat n'est qu'une suite ininterrompue d'échecs en matière de politique étrangère, le dialogue stérile avec Trump et plus encore avec Poutine, les dossiers iranien et libanais, la gestion des crises en Syrie et en Libye, voire au Sahel où les orages s’accumulent, et évidemment le "coup dans le dos" d’AUKUS. Les coups de fil, les déplacements à Moscou ou à Kiev, avec l'indéfectible couverture des médias français, n’ont pas eu le moindre impact. Ils n'étaient là qu’à usage électoral. Ce ne sont plus de simples contorsions, mais une dérisoire pantomime.
Sans nier la culpabilité de la Russie dans l’invasion de l’Ukraine, force est de constater qu’aucun des pays occidentaux n’a eu le courage de l’inciter à respecter les accords de Minsk. Ils ont dans la situation d’aujourd’hui une responsabilité évidente.
D’où la nécessité de reprendre au plus vite la voie diplomatique.
Avec une industrie liquidée, une éducation nationale en faillite, une culture reléguée au rang de danseurs transgenres sur les marches de l’Élysée, ses échecs extérieurs, quel poids peut avoir le président français dans les discussions internationales ? Poutine n’a certainement pas été impressionné par la visite de notre président qui a eu droit à une réception et à un départ des plus humiliants. Nous sommes loin des temps où la France avait, avec la Russie, des relations privilégiées, où notre culture faisait l’admiration de la Cour, quand en 1717, le tsar Pierre le Grand revenait en Russie avec des ingénieurs, des officiers, des artisans rejoignant les artistes français déjà installés à St. Pétersbourg, comme le sculpteur Nicolas Pineau, le peintre Louis Caravaque ou l’architecte Le Blond qui vont alors s’inspirer de la Manufacture des Gobelins ou de la Manufacture Royale des Glaces. Il faudra bien, un jour, au risque de continuer à s’enfoncer dans une mortelle médiocrité, retrouver les moyens politiques de notre place dans le monde. Ce n’est pas avec un président, par nécessité démagogue, qui n’est là que pour cinq ou dix ans, que nous allons y arriver.
L’article suivant illustre bien notre décadence.
PS : Cet article était écrit lorsque nous apprenons que le clan Ménard rejoint la gauche la plus extrême en approuvant l’immigration qui nous submerge. Nous n’aurions jamais imaginé une telle forfaiture. Nous y reviendrons.
Henri Bec