Les ruines observables ne sont pas celles présentement découvertes,
mais celles d'un village abandonné nommé Escó
Déjà unique de par les secrets qu'il renferme, le site archéologique nouvellement décelé a connu deux vies : l'une à l'époque impériale romaine (entre le Ier et le Ve siècle) et une autre au début de l'époque chrétienne médiévale (entre le IXe et le XIIIe siècle).
Il se cachait sur le versant sud des Pyrénées depuis plusieurs siècles. Un complexe archéologique unique jusque-là inconnu a été récemment découvert au pied de la montagne par des archéologues de l'Université de Saragosse (Espagne). Dans une longue étude récemment publiée et repérée par le journal espagnol El País, ils décrivent une ville romaine construite autour des Ier et IIe siècle, aux nombreuses infrastructures.
Des "bâtiments aux proportions monumentales"
Les recherches débutent en 2018, quand le conseil municipal de la ville d’Artieda (nord-est de l'Espagne, dans la communauté autonome d'Aragon) demande aux spécialistes de l’aider à étudier des ruines connues sous le nom d’"El Forau de la Tuta". Finalement, les prospections archéologiques réalisées en 2021 ont révélé un grand complexe, l'oppidum (ou lieu fortifié) d'une ville basque de l’époque de l'occupation impériale romaine. Deux "chapiteaux corinthiens", des "bases attiques", des "tambours à fût cannelé" et un fragment de corniche laissent deviner que le complexe comportait des "bâtiments aux proportions monumentales", écrivent les chercheurs.
Photo par Jose Angel Asensio
Pourtant, malgré sa taille, aucun document historique mentionnant la ville n’est connu à ce jour. Cette dernière innommée disposait pourtant "d'infrastructures et de monuments publics, dont des thermes, un système d'adduction d'eau, un urbanisme régulier, des égouts et peut-être un temple", continuent-ils. À l'ouest du site, "un ensemble impressionnant d'ouvrages publics en opus caementicium [sorte de "béton" utilisé par les Romains, ndlr]" ainsi qu’une "série de structures quadrangulaire", éventuellement des citernes d'approvisionnement, ont été préservés.
Par ailleurs, les fouilles ont révélé un espace rectangulaire en sous-sol, dont seul le seuil de l’entrée a résisté. Les experts associent cette découverte à des bains. Car à l’intérieur de cette structure, sous des dalles probablement tombées lors de l'effondrement du bâtiment, un sol noir et blanc en mosaïque antique de style "opus tessellatum", agrémenté de quelques tesselles rouges et jaunes isolées, a été extraordinairement bien conservé. Des dessins de coquilles Saint-Jacques ornent les quatre angles, quand l’emblème central représente des hippocampes montés, un poisson et deux dauphins.
Photo par Jose Angel Asensio
Plus tard encore, durant le Haut Moyen Âge
Par ailleurs, deuxième découverte pour le moins surprenante, les spécialistes ont constaté qu'entre le IXe et le XIIIe siècle, un village de type "habitat paysan" de l’époque chrétienne médiévale s’est superposé à celui romain préexistant. Ils ont identifié le village comme celui d’"Arteda Civitate", quant à lui bien documenté dans des textes en latin.
Aujourd’hui, les restes de cette enclave médiévale comportent la zone de l'abside d’une église (c’est-à-dire l'extrémité, derrière le chœur), des silos à ouvertures circulaires creusés dans le sous-sol ainsi qu’un vaste cimetière, conforme aux rites funéraires chrétiens. Des éléments qui devraient permettent aux chercheurs d'avancer dans l'étude du passé de cette région, dont la période du Haut Moyen Âge est encore trouble, révèlent-ils.
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