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  • Dernier communiqué de presse de l'Association National de la Police Judiciaire

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    NI TOUR D'IVOIRE, NI RÉSIGNÉ

     

    À l’occasion de son premier anniversaire, l’ANPJ s’alarme de voir que les semaines et les mois passent sans qu’aucune information concrète n’ait encore été dévoilée sur la future organisation des services territoriaux de l’ex-DCPJ et des services d’investigation de l’ex-DCSP.

     En dehors de la parution d’organigrammes zonaux validés lors des derniers comités de pilotage de la DGPN le 06 juillet dernier, aucune question pratique n’est tranchée sur le devenir et les missions des enquêteurs, des personnels techniques, scientifiques et administratifs. Habilitation OPJ, cycle de permanence, arrêtés, fiche de poste, affectation zonale ou départementale, compétence territoriale, compatibilité des réseaux informatiques, gestion immobilière, gestion RH, … autant d’interrogations depuis la disparition de la DCPJ et de la DCSP le 1er juillet dernier auxquelles il est inlassablement répondu que les problèmes sont identifiés et que les réflexions sont en cours...
     
    À quatre mois de la mise en place effective de la réforme, l’ANPJ constate que rien n’est prêt et que l’équipe projet navigue toujours à vue. Alors qu’il est répété que cette réforme est préparée depuis 2020, l’improvisation est permanente dans sa mise en œuvre.
    L’avenir de l’investigation au sein de Police Nationale est donc toujours aussi incertain et morose, et les récentes expériences d’« acculturation » en marge des violences urbaines illustrent tristement ce que sera demain la réorganisation des services de police basée sur une approche globale et pluridisciplinaire. Engager sur des dispositifs de maintien de l’ordre des forces telles que le RAID, la BRI ou la BAC aura été aussi néfaste que demander au Service de Police Judiciaire d’ANGERS de suspendre la traque d’un fugitif soupçonné de meurtre au profit de constatations de dégradations commises par des émeutiers.
     
    Le mépris des spécificités et du savoir-faire de ces services aura eu dans ces deux cas des conséquences désastreuses laissant présager le pire quand cette acculturation sera généralisée. Le malaise engendré atteint toute une profession dont le moral était déjà au plus bas. Comment s’étonner de la multiplication des arrêts maladie au sein des services de voie publique, et avant eux des services d’investigation saturés des commissariats, quand à ce jour, moins de 10 % des enquêteurs de l’ex-DCPJ ont pu consulter un médecin de l’Administration.
    À la fin de l’été 2022, près de 1600 rapports dénonçant les risques psycho-sociaux liés à la mise en place de cette réforme avaient pourtant été transmis.
     
    À la veille des défis de sécurité majeurs que sont la coupe du monde de rugby et les jeux olympiques de PARIS, les démonstrations de violences de groupes criminels armés se multiplient, les policiers sont de plus en plus exposés et se sentent de moins en moins soutenus. Tandis que la Maison Police vacille, la réforme ne se concentre que sur la nomination et la prise de poste de ses dirigeants : directeurs zonaux adjoints, directeurs départementaux et interdépartementaux sans que ni leur rôle, ni leur mission ne soient encore clairement définis. Cette réforme de gouvernance, centrée sur l’unique promotion des commissaires de police est hors sujet et bien éloignée des réalités du terrain et des contraintes des métiers de l’investigation.
     
    Alors que l’ensemble de la profession est en souffrance, cette réforme reste aujourd’hui la seule préoccupation de l’Administration. La réorganisation des services au niveau départemental n’est toujours pas tranchée et les réunions de travail s’annoncent d’ores et déjà tendues. Certains chefs de services, ex-DDSP, pressentis au poste de chef de filière police judiciaire, ne cachent pas leur volonté d’absorber les effectifs PJ pour soulager les services de Sûreté Départementale.
     
    Les adhérents et sympathisants de l’ANPJ ne sont pas dupes. Leur répéter que cette réforme ne changera rien, qu’il n’y aura qu’une juxtaposition des services sans impacter la charge de travail des enquêteurs de l’ex-DCPJ est mensonger. Les intentions du futur DIPN d’île et Vilaine sont très claires sur le sujet. En continuant d’alimenter l’opposition insupportable entre les services traitant de la délinquance du quotidien et ceux de la délinquance spécialisée, il estime donc que les services de PJ devront prendre leur part à la première et que le temps long de l’enquête est révolu.
    Penser que la PJ est dans sa tour d’ivoire à l’heure où les services
    de PJ de Nîmes, Nantes ou Marseille sont étouffés par le traitement des règlements de comptes montre qu’il ne connaît manifestement rien de son fonctionnement alors qu’il devra diriger dans quelques mois ses effectifs. Ses propos honteux sont une énième illustration de la méconnaissance du métier de PJ que ces hauts fonctionnaires de Sécurité Publique méprisent maintenant publiquement.
     
    Les enquêteurs de l’ex-DCPJ continuent ainsi d’avancer dans un climat anxiogène sans aucune garantie fiable. Le projet de doctrine d’emploi des futures filières n’est toujours pas validé. En prévoyant le renforcement du niveau 2 par le niveau 3, la dernière version allait à l’encontre des préconisations de tous ceux qui se sont élevés contre les dangers de cette réforme. Certains parquets l’ont déjà compris et l’attribution des stocks de procédure non traités en matière financière aux services de Police Judiciaire est d’ores et déjà actée.
     
    Les mises en garde de l’ANPJ, confirmées par les missions d’information de l’Assemblée nationale et du Sénat, les audits des trois inspections et ses nombreux soutiens, ont de nouveau été mises en lumière dans le dernier rapport de la Cour des Comptes.
     
    Le ministre de l’Intérieur a, comme à son habitude, balayé d’un revers de la main le constat une nouvelle fois partagé et sans appel sur l’inefficacité, les dangers et les dérives de cette réforme qui n’améliorera en aucun cas l’efficacité du service public, ni ne réglera les problèmes des services de l’investigation. Crise de vocation, manque d’effectif, départs anticipés à la retraite, démissions, perte de motivation et du sens de la mission... Sans de bons remèdes, la future filière Police Judiciaire souffrira des mêmes maux.
     
    L’ANPJ a toujours défendu la complémentarité des différents services d’investigation et dénoncé les conditions de travail des enquêteurs en commissariat. Elle les assure de son soutien et constate que la sérénité, la bienveillance et l’accompagnement pourtant recommandés dans cette phase de préfiguration ne sont que de vains mots.


     Avant sa prochaine assemblée générale, l’ANPJ annonce qu’elle ne baissera pas la garde face à l’amateurisme et aux dangers de cette réforme. Elle rappelle que son objectif est de rassembler les policiers de tous corps, de tous grades et de tous horizons pour protéger et promouvoir leur attachement commun à l’enquête judiciaire.
     
    Elle appelle l’ensemble des métiers de police judiciaire à rejoindre ses rangs pour préserver et défendre l’Investigation au sein de la Police Nationale.
    Cette réforme est aussi opaque et mortifère qu’il y a un an !

  • Association TGV SUD TERRITOIRES-ENVIRONNEMENT - Assemblée générale

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    La très dynamique association TGV SUD TERRITOIRES-ENVIRONNEMENT a tenu son assemblée général de l'année 2023. Nous publions ci-dessous le compte rendu.

     

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    Rapport moral et rapport d’activité

     

    RAPPORT MORAL

    Depuis notre AG 2022, nous avons passé une année alternant les chauds et froids en matière de transport :

    - une annonce par la première ministre d’un financement de 100 milliards d’€ sur 10 ans, mais sans programme ni calendrier ;

    - la déclaration d’utilité publique pour la phase 1 (Montpellier-Béziers) de la LNMP ;

    - lancement de la concertation sur la phase 2 Béziers-Perpignan.

    - l’annonce d’une contribution de l’aérien au ferroviaire au titre de l’impact environnemental de l’aérien (montant et modalités non définies à l’heure actuelle),

    - l’annonce d’une contribution du routier au ferroviaire par le biais d’une diminution de la détaxe sur le carburant (?) (montant et dates?) et des sociétés d’autoroute (modalités et montants?).

    Mais dans le même temps :

    - lancement de projets routiers (contournements de Nîmes et Montpellier, autoroute A69 Toulouse-Castres avec artificialisation de plus de 400 ha de terres agricoles, etc..)

    - lancement d’une ligne aérienne Toulouse-Barcelone et regain du transport aérien ;

    - nécessité de se battre contre une dégradation de l’offre ferroviaire qui ne parvient pas à répondre à la demande de plus en plus fréquemment (trains complets en dehors des périodes de forte affluence) ;

    - contrat dit « de performance » État/SNCF Réseau qui ne donne pas les moyens d’une perspective de développement du ferroviaire pour qu’il puisse jouer un rôle significatif par rapport au changement climatique.

    Quant au projet Lyon-Turin, il n’en finit pas de susciter des controverses !

    Et on ne sent pas une réelle volonté de l’État de dynamiser le ferroviaire et de le rendre plus attractif comme on le voit dans nombre de pays voisins . On se méfie donc des effets d’annonce, lorsque ces annonces ne sont pas assorties de programmes ni de calendrier.

    Pour notre association, cela a impliqué une vigilance constante, une participation aux réunions de concertation initiées par la SNCF pour le service TER, les Département et la Région sur les questions de mobilité, car on ne peut défendre valablement le ferroviaire que si on prend en compte l’ensemble des modes de déplacement pour répondre aux besoins de mobilité. Cela est particulièrement vrai pour le projet LNMP quant au positionnement des gares et à la mixité voyageurs/fret ; d’ailleurs, la question de la mixité a bien progressé, c’est une nécessité de plus en plus reconnue et l’action des associations, de TGV SUD en particulier et de la FNAUT Occ-Py-Méd, n’est pas pour rien dans cette évolution.

     

    Donc rien de très spectaculaire au cours de cette année, mais nous avons continué ce travail de fonds et cette veille indispensable, avec, à l’occasion, l’interpellation des décideurs, notamment des élus, comme nous l’avons fait à l’occasion de la publication du Contrat de Performance État/SNCF Réseau.

     

    RAPPORT D’ACTIVITE

    - CA chaque 2ème mardi du mois

    - Participation à la journée des associations sur les Allées à Béziers le 10/09/2022.

    - Participation à la journée des associations à Montpellier sur le stand de FNE pour échanger avec les visiteurs sur les questions touchant aux transports.

    - Participation aux activités de la Fnaut Occ-Py-Méd.

    - Participation à la Commission Locale de l’Eau nappe Astienne pour FNE Occ-Med

    - Participation aux réunions de concertation initiées par la SNCF sur le service TER.

    - Participation aux Comités Départementaux de Mobilité qui traitent tous les modes de transport.

    - Participation à la concertation sur la phase 2 Béziers-Perpignan du projet LNMP.

    - Suivi de la préparation de la Convention TER Région-SNCF.

    - Lettre aux élus suite à la publication du Contrat de Performance État/SNCF pour les inciter à intervenir pour donner davantage de moyens au rail.

     

    ÉLECTION DU CA

    4  membres du CA arrivent  au terme de leur mandat, qui est renouvelable s’ils se déclarent candidat.

    Sylvette ROMANO, Alain LACOMBE et Pierre MICHEL sont prêts à continuer et sont réélus à l’unanimité. Jean BADAROUX souhaite, lui, mettre un terme à sa participation au CA et n’est donc pas candidat et aucun nouveau candidat ne s’est manifesté.

     

    - Compte rendu de la lettre de Carole DELGA.

    La Présidente de Région a répondu de façon détaillée à la lettre que nous avions adressée aux élus et a expliqué la politique de la Région et son engagement pour la défense et le développement des transports en commun et du rail (notamment la défense de la ligne Béziers – Clermont-Ferrand).

    - Point sur la LNMP : nos positions et celles de la Région convergent pour la nécessaire mixité complète de la ligne ; la Région s’interroge aussi sur la nécessité et le positionnement des gares nouvelles.

    - Béziers Clermont-Ferrand ; la situation est tendue en raison d’incertitudes concernant la participation financière de l’État et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Le Comité Pluraliste a engagé des actions dans plusieurs lieux le long de la ligne au cours de l’été et nous soutenons ces actions.

     

    Action FNAUT

     

    RAPPORT D'ACTIVITE 2022 FNAUT OCCITANIE PYRENEES MEDITERRANEE

     Créée en 2017 la FNAUT Occitanie Pyrénées Méditerranée a entamé sa sixième année d'existence.

    En 2022, dans un contexte toujours difficile lié à de multiples mouvements sociaux et à une qualité de service très dégradée en ce qui concerne le ferroviaire la fédération a exprimé auprès de SNCF Mobilités, SNCF TER et la Région Occitanie le mécontentement des usagers et la nécessité de rétablir la situation.

    2 réunions ont eu lieu avec le Vice -Président sur la préparation de la nouvelle convention TER.

    Le CESER où nous sommes représentés travaille également sur ce sujet et a souhaité auditer la FNAUT Occitanie en février 2023.

    1 réunion a eu également lieu avec le directeur régional SNCF TER.

    Point téléphonique au minimum deux fois par mois avec la direction SNCF TER Occitanie.

    La FNAUT a également été invitée aux différentes réunions associations d'usagers/SNCF/ Région.

    La FNAUT a également participé aux comités de pilotage des projets prioritaires nés des EGRIM (états généraux du rail et de l'intermodalité)

    Participation accrue également aux comités départementaux sur la mobilité.

    Participation également sur les comités mobilités des agglos (Sète, Montpellier)

    Une difficulté subsiste toujours : nous ne parvenons pas à couvrir les 13 départements

    TGV Sud Territoire et environnement, l'AUTATE, TARSLY, Train en Tet ont représenté tour à tour la FNAUT,

    Interventions à plusieurs reprises auprès de la Région et de la SNCF pour soutenir des demandes d'indemnisation de voyageurs qui ont presque toutes été couronnées de succès.

    Consultation par SNCF réseau sur des fermetures de Lignes

    Mise en place de réunions téléphoniques trimestrielles avec Directrice SNCF Réseau régionale.

    La FNAUT Régionale participe aussi aux événements comme la « fête du train » et le congrès de la Fédération Européenne de voyageurs et travaille à l'amélioration des relations transfrontalières.

    A partir de ces différentes représentations et avec le travail des associations, différentes avancées ont eu lieu.

    Le président FNAUT Occitanie ainsi que de Jean Pierre Wolff ont été nommé au conseil national de la FNAUT.

    Le travail se poursuit également en lien avec la FNAUT nationale pour faire évoluer et aboutir le dossier épineux de la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan ainsi que celui de la transversale Sud.

     

    Échéances à venir, points de vigilance

    et prochain rendez-vous

    Nous participerons aux démarches et actions pour défendre la ligne Béziers-Clermont-ferrand.

    Nous continuerons à suivre le projet de la LNMP, la préparation de l'enquête publique pour la phase 2 'Béziers-Perpignan et à intervenir pour promouvoir la mixité et remettre en question les gares nouvelles.

    Nous resterons vigilants sur toutes les questions relatives aux transports en commun et plus spécialement au rail qui doit être défendu et soutenu par des actions et des financements à hauteur des enjeux.

    Notre prochaine échéance : la journée des Associations sur les Allées Paul Riquet le samedi 9 septembre de 10h à 17h à laquelle nous participerons.

     

    Association TGV SUD Territoires~Environnement  

    Maison de la Vie Associative,

    2 rue Jeanne Jugan, boîte n°37, 34500 BEZIERS

      Blog : http://tgvsud.over-blog.com Courriel: tgvsud34@gmail.com Numéro Siret : 813 742 244 00011

  • Quand l’idéologie transforme le marché de l’électricité en usine à gaz

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    L’idéologie libérale exigeant la disparition des monopoles d’État, EDF a été dépecée. Mais le citoyen-consommateur y a-t-il gagné quoi que ce soit ? Non. Les énergies alternatives sont financées par des taxes et le prix de l’électricité, devenu purement spéculatif, varie au gré des financiers. Le Marché triomphe,
    le citoyen-client finance.

     

    Depuis l’effondrement du monde soviétique et, en France, la conversion des gouvernements socialistes au développement des marchés financiers, on nous répète que le monde occidental est entièrement dominé par le libéralisme le plus absolu. La Commission européenne, qui croit en la concurrence universelle, expliquant qu’elle est la condition sine qua non du progrès pour tous, participe fortement à l’entretien de cette illusion. En fait cette idéologie de la libre concurrence se heurte chaque jour aux réalités et a pour effet de tuer le fonctionnement d’un marché véritable. Les prix censés permettre une rencontre équilibrée entre l’offre et la demande, et traduire ainsi la valeur de l’utilité d’un produit, ne répondent plus à cet objectif. Le « pouvoir de marché » des entreprises intermédiaires – dont le souci principal est de se créer une rente de situation et de la conserver – et le comportement grégaire des gouvernements des pays riches – qui leur sont soumis par le truchement du financement des campagnes électorales – ont tout perverti. L’exemple du marché de l’électricité suffit à montrer les aberrations qui en résultent et portent atteinte à la liberté des consommateurs.

    Le démantèlement de tout monopole étatique

    L’idéologie « ultra-libérale » véhiculée par les économistes de l’école de Chicago impose, en particulier, la disparition de tous les monopoles d’État et la séparation patrimoniale des biens qui y concourent par une activité intégrée, comme la production, la circulation et la distribution de l’électricité. De plus, lorsque l’une de ces activités concerne la gestion d’un réseau, elle doit être isolée et organisée de façon à offrir un traitement « équitable » à tous ses fournisseurs et usagers qui doivent pouvoir y avoir accès de façon indiscriminée. C’est en vertu de cette analyse idéologique que la Commission européenne a exigé qu’en France le monopole d’EDF soit démantelé entre un producteur (EDF), un réseau de transport (RTE) et un distributeur (ENEDIS). C’est une directive du 19 décembre 1996 qui a imposé l’éclatement du monopole en ses diverses branches et l’ouverture à la concurrence de chacune d’entre elles.

    La mise en place de ce nouveau marché européen de l’électricité s’est alors heurtée à une difficulté majeure : le fait que la concurrence ne peut pas s’appliquer de façon uniforme aux producteurs, dont les investissements et le savoir-faire sont très importants, et aux distributeurs, qui ne sont que de simples intermédiaires dont la valeur ajoutée n’est pas de même nature. Ces intermédiaires se contentent d’acheter l’électricité à un fournisseur, de la faire circuler sur un réseau et de la vendre à leurs clients. Ils n’ont pas besoin d’investissement spécifiques ; il leur suffit d’avoir librement accès à tous les fournisseurs possibles sans qu’aucun d’eux ne puisse jouir d’un avantage concurrentiel particulier, de pouvoir faire librement circuler l’électricité achetée sur un réseau intégré au niveau européen et de la revendre à leurs clients en leur proposant une offre personnalisée en fonction de leur politique commerciale propre. Ce système considère pour rien le fait que sur le réseau tous les électrons circulent de façon indifférenciée et qu’ils y sont donc mélangés, quels qu’en soient leur provenance et leur mode de fabrication. En fait, un distributeur achète une certaine quantité d’électricité à un fournisseur et revend la même quantité à ses clients. Plus encore que la monnaie, l’électricité est fongible.

    Un monopole de production d’origine nucléaire

    dans un marché libre

    En France, EDF jouissait aussi du monopole de la fabrication. Et si l’entreprise nationale a été autorisée, à contrecœur, à conserver son monopole de mise en œuvre des centrales nucléaires, elle a dû céder ses barrages hydrauliques à des concurrents potentiels. Seulement le coût de fabrication de l’électricité n’est pas le même selon le mode de production utilisé. L’électricité d’origine nucléaire est bien moins onéreuse que celle d’origine thermique (centrales à gaz1 ou à charbon). Dès lors EDF se trouvait dès le départ avantagée et jouissait d’une position dominante dont la Commission européenne avait peur qu’elle abuse. Elle a donc pris deux séries de mesures. La première a consisté à imposer à EDF de vendre à ses concurrents dans l’activité de distribution, un tiers de sa production d’électricité d’origine nucléaire à un prix réglementé de 42 euros le mégawatt/heure et de ne plus disposer pour ses propres clients que des deux tiers de sa production. La seconde a été de susciter le développement de la production privée d’électricité produite par des énergies dites renouvelables (éoliennes, panneaux photovoltaïques). Mais ces électricités sont beaucoup plus chères à produire ; d’abord parce qu’elles nécessitent des investissements lourds (et qu’aucun des matériels nécessaires n’est fabriqué en France), ensuite parce que leur production n’est pas stable dans le temps et doit donc être complétée en tant que de besoin par des centrales thermiques, ce qui permet de penser que, pendant de nombreuses années encore le charbon restera la principale source d’électricité dans le monde. Or comme le coût de revient de cette électricité propre ne pouvait pas être compétitif, la Commission européenne a inventé une nouvelle façon de la subventionner, sans que ces subventions ne puissent donner lieu à une répartition discriminatoire entre les fournisseurs. Le prix d’acquisition de cette électricité est garanti à hauteur de 220 euros le mégawatt/heure ; la différence entre ce prix garanti et celui pratiqué sur le « marché européen de l’électricité » est financé par une nouvelle taxe payée par le consommateur et qui frappe aussi bien celle d’origine nucléaire que celle d’origine thermique, solaire, éolienne, hydraulique…

    La Bourse européenne de l’électricité

    Pour assurer la sécurité de l’approvisionnement on a donc organisé une « Bourse européenne libre » de l’électricité confiée à la gestion d’une société privée, Powernext. Sur cette Bourse, les producteurs excédentaires à un moment donné peuvent vendre leur électricité aux fournisseurs qui en ont besoin pour leurs clients. Pour que la concurrence puisse jouer librement, la directive européenne du 5 juin 2019 a poussé à la « tarification dynamique » de l’électricité au client final. En vertu de ce texte, finis les tarifs réglementés garantis ; le prix facturé au client doit refléter, heure par heure, le cours de l’électricité pratiqué sur la Bourse européenne de l’électricité, ce qui a été rendu possible en France grâce au développement du compteur Linky2. Désormais le prix de l’électricité facturé aux clients ne se réfère plus au coût moyen de production et de distribution mais ne reflète plus que l’intensité de la spéculation sur les marchés internationaux. Si l’on en croit l’association de consommateurs CLCV, citée par Capital le 14 juin 2023, certains fournisseurs alternatifs déclareraient des besoins supérieurs à ceux nécessités par les besoins réels de leurs clients afin d’acheter à EDF plus d’électricité au tarif réglementé par l’ARENH afin de la revendre au prix fort sur Powernext.

    Comme nous l’avons vu, les électrons sont fongibles. Dès lors nul fournisseur ne peut dire que l’électricité qu’il vend a telle ou telle origine. Et pourtant, il est intéressant dans le monde actuel de dire que cette énergie est « propre » ; c’est un bon argument de vente. On a donc créé un nouveau marché : un producteur d’électricité « verte » peut vendre à n’importe quel intermédiaire qui est prêt à en payer le prix, un « certificat » spécial qui permet à ce distributeur de lier virtuellement l’électricité qu’il distribue à une source particulière d’énergie et de prétendre ainsi qu’il atteint la « neutralité carbone »3.

    Le client est roi !

    Compte tenu des aléas politiques rencontrés depuis deux ans, le gouvernement français a imaginé de mettre en place le « bouclier tarifaire » qui consiste à déporter sur le contribuable une partie du coût de l’électricité consommée. Comme les finances publiques sont déficitaires, ce surcoût électrique dû à la spéculation est renvoyé, augmenté des intérêts des emprunts contractés pour financer le mécanisme, sur les générations futures. C’est probablement ce que l’on appelle la « vérité des prix ».

    Si le client est roi, comme le veut la doxa actuelle, il est le Roi des C… ! Grâce à cette usine à gaz, nul ne peut plus aujourd’hui calculer à combien devrait revenir le coût de l’électricité qu’il consomme, ni combien il devra payer demain. Quant au contrôle de la régularité de ces divers mécanismes, c’est une véritable gageure. Mais l’idéologie est sauve : la concurrence existe et le marché européen de l’électricité est bien unique et totalement intégré.    

    1. 1. Les centrales à gaz émettent 60 % moins de CO2 que les centrales à charbon.
    2. 2. On comprend pourquoi le gouvernement a décidé d’instaurer une taxe spéciale, dite de relevé de consommation, pour les clients qui ont refusé chez eux l’installation d’un compteur Linky.
    3. 3.  Le 14 septembre 2022, le Parlement européen a demandé l’inclusion dans la catégorie des « énergies renouvelables » de l’hydrogène produit à partir de l’électricité, même si celle-ci provient des centrales à charbon.
  • Bernard Lugan : les délires de l'afrocentrisme

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    Quand de la « blonde Athéna aux yeux bleu clair », les afrocentristes prétendent faire une « négresse », le moins averti s’aperçoit qu’on se paie sa tête. Et pourtant, c’est ce que soutient dans son livre Black Athéna, l’Américain Martin Bernal, le pendant blanc de l’afrocentriste Cheick Anta Diop dont nous avons analysé les écrits dans le précédent numéro de l’Afrique Réelle.

    Il est affligeant de devoir réfuter de telles stupidités, mais, la marche pour le moment inexorable de l’afrocentrisme, du décolonialisme et du wokisme, oblige à le faire afin de ne pas laisser le terrain à ceux dont le but est la déconstruction systématique de notre civilisation. Afin de mieux nous asservir.

    Nous savons pourtant fort bien à quoi ressemblaient les anciens Grecs. Nous le savons par la statuaire, par une foule de documents figurés, de témoignages littéraires, et notamment les traités de physiognomonie. À supposer que les Proto-grecs du IIe millénaire aient été colonisés par des Égyptiens postulés être des « Nègres », il n’en est donc rien résulté du point de vue physique… Qu’ils aient le fin visage de Platon ou celui, plus grossier, de Socrate, les Grecs ne ressemblaient pas plus à des Égyptiens que leurs temples à des pyramides, ou leurs cités à leur monarchie théocratique.
    Acculés devant le vide de son néant historique par les spécialistes de toutes les disciplines concernées, Bernal a eu recours à un procédé bien peu scientifique mais constamment utilisé par les afrocentristes : il a accusé de racisme les spécialistes de la Grèce classique lesquels auraient écarté toutes les preuves africaines qui, lors de leurs découvertes seraient venues en contradiction du schéma des origines indo-européennes de la Grèce.

    En dépit de ses immenses richesses en hydrocarbures, le Nigeria, quadrilatère artificiellement découpé par la colonisation britannique, n’en finit pas de mourir.
    En plus du nord-est du pays où sévissent Boko Haram et l’État islamique (EIAO), une autre guerre sanglante se déroule au Nigeria, dans la région du Middle-Belt, avec pour épicentre la ville de Jos.

    Historiquement, la région constitue un front historique entre sultanats nordistes esclavagistes et populations sédentaires qui, aux XVIIIe et XIXe siècles, subirent les raids des premiers. Et qui voient dans les actuelles migrations des Peul-Fulani un retour aux temps anciens, d’avant la colonisation libératrice. La région forme également une ligne de faille religieuse entre un islam septentrional en pleine expansion et des christianismes sur la défensive.
    Les affrontements sanglants qui s’y déroulent sont clairement le prolongement de ceux de l’époque précoloniale. Ils sont inscrits dans la longue durée ethnique régionale.
    En réalité, ici comme partout ailleurs au Sahel, nous assistons à la reprise d’un mouvement historique en direction du monde soudanien, mouvement qui fut provisoirement bloqué par la colonisation. On, lira à ce sujet mon livre « Histoire du Sahel ».

    Pour accéder à la lettre de Bernard Lugan, cliquez sur l'image ci-dessous.

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  • Livre - Notre sélection : "La République contre la France" - Recension d'Hilaire de Crémiers

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    Par Hilaire de Crémiers

    Hilaire-TV Liberté copie.jpgCe livre se veut un essai. L’essai mérite de devenir un traité : une démonstration par les faits et par la simple logique des idées que la République, loin d’être la gloire de la France comme le prétend la thèse officielle, est la cause proportionnée de tous ses déboires, de sa déroute spirituelle, de sa décadence politique, même de son appauvrissement économique, relatif bien sûr par rapport aux autres, comme de sa crise sociale permanente.

    L’auteur fait partie d’une jeune génération, extrêmement intéressante, qui entend n’être plus dupe des récits de la vulgate idéologique qui cherche à façonner l’esprit public dans le sens de l’histoire républicaine, tel que l’imposent la vision libérale ou les explications matérialistes des divers socialismes. Ces jeunes esprits qui ont étudié et réfléchi de leur propre côté, remettent en cause les enchaînements de raisonnements qui justifient une doctrine républicaine qui serait immanente à l’histoire, portant en elle-même sa propre nécessité et dont les événements accoucheraient régulièrement de la forme politique la plus appropriée. Notre auteur s’attaque à la période cruciale de la Révolution en se situant successivement avant, pendant et après, trois points de vue qu’avec raison il juge éclairants.

    L’état de la société avant 1789 était-il réellement gros de la Révolution, telle qu’elle s’est présentée, certes avec une élite défaillante et une autorité royale affaiblie ? La Révolution avait-elle en elle-même sa logique interne qui l’a menée selon un déroulé quasiment obligé, y compris le génocide programmé ? La société issue de la Révolution ne pouvait-elle engendrer qu’un libéralisme ravageur ou un socialisme chaque jour plus totalitaire, en fait un combiné des deux, tel que le subit la France, tenue implacablement entre un individualisme hédoniste et un étatisme laïciste et matérialiste ?

    La Révolution française vue par les contre-révolutionnaires

    Poser ces trois questions, c’est tout comprendre, surtout quand la réponse par l’alignement des faits est éclairée par les auteurs contemporains de ces faits, français et étrangers, de Burke à Joseph de Maistre, de Sénac de Meilhan à Mallet du Pan, de Bonald à Donoso Cortès, de Montlosier à Tocqueville pour citer quelques-uns des plus illustres : la Révolution française vue par les contre-révolutionnaires. C’est éclairant et définitif. Entre Voltaire et Rousseau, la République a non seulement détruit les fondements de l’ordre social, mais elle a substitué sa religion – car c’est une religion – à la religion du Dieu incarné, faisant de l’homme abstrait qu’elle déifie l’instrument d’une subversion totale et permanente où elle est à elle-même sa propre cause et sa propre finalité : un monstre métaphysique, le Baal qui brûle ses enfants. Félicitations à l’auteur, en attendant la suite.  

    Cet article est paru dans Politique magazine.

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