Le petit livre bleu du président Lacas
Le Petit Journal, pour lequel nous avions jusqu'à présent, et avec nous bon nombre de lecteurs de Béziers et de sa région, une sympathie certaine, dans la mesure où il se démarquait avec courage et intelligence du politiquement correct, rejoint le troupeau des Carpettes de Panurge(1), toujours disponibles pour prêter allégeance à la pensée unique.
Chaque semaine, notre ami Jean-Pierre Pelaez y donnait une chronique pleine de de bon sens, d'humour et de fantaisie. C'en était trop pour les tristes sires (dans tous les sens du mot) que seules intéressent les places dorées des palais de la République, auxquelles ils se raccrochent avec d'autant plus de virulence et de coups tordus qu'ils les voient menacées.
Rétrogradée en 42ème page dans le n° 363 du 21 septembre, cette chronique ne figure plus dans le denier n° 364, sans que l'auteur en ait été informé. Ce sont, une fois de plus, des procédés intolérables. Il est donc recommandé de ne pas renouveler son abonnement ou de cesser l'achat au numéro.
Le système aux abois use et abuse de ses armes favorites, chapelles d'influence et cénacles de pensée, pressions, mise en œuvre de la loi du silence ... pour tenter de sauver sa peau. Il nous appartient de le faire savoir.
C'est avec un immense plaisir que nous publions cette chronique dès réception.
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LE PETIT LIVRE BLEU DU PRÉSIDENT LACAS
Il y a quelques mois, on s’en souvient, le Président Lacas avait mis partout, aux frais du contribuable, des affiches sur lesquelles il se faisait remercier par ces mêmes contribuables pour un certain nombre de cadeaux payés avec leur argent. On ne sait si la campagne d’affichage en faisait partie. J’avais consacré à cet événement une chronique que le député de Béziers, grand admirateur de mes écrits, avait plagiée peu après dans le Bulletin Municipal.
Ne reculant devant rien dès lors qu’il s’agit d’innovation culturelle, c’est un autre cadeau, et non des moindres, qui vient d’être fait par le Président à ces mêmes contribuables. Car à l‘instar du célèbre président de la Chine Soviétique, l’illustre Mao Tsé Dong, c’est de ses propres pensées qu’il régale la population sous forme de feuilleton, pensées inscrites sur des affiches au derrière des autobus, à l’image des célèbres « dadzi baos » de Pékin.
Ainsi, depuis plusieurs semaines, les habitants de l’agglomération de Béziers ont le bonheur de découvrir, en voyant passer les autobus, et en exclusivité, la pensée du Président Lacas sur le premier des quatre éléments, l’eau. Elle nous apprend que « l’eau est un bien précieux », ce qui, on en conviendra, ne manque pas de profondeur sociologique, politique et même poétique. Car sans eau, il n’y a que du désert, et dans le désert, par définition, il n’y a personne, même si personne n’est là pour le constater.
Après le Petit Livre Rouge du Président Mao, c’est le Petit Livre Bleu du Président Lacas qui devrait être présenté au fil des jours, non pas sur les murs et les murailles de Chine, mais sur les autobus de Béziers, Sérignan, Valras Plage etc…
Et l’on se régale déjà ce que pourrait être la suite, tout aussi instructive, sur les vertus des quatre éléments, qui sont le fondement de la médecine chinoise, de l’acupuncture et du Confucianisme, doctrine héritée du philosophe Kongfuzi, ou Maître Kong. Après l’eau qui est un bien précieux, peut-être nous apprendra-t-il que la terre est basse, que l’air doit être pur, et enfin que le feu réchauffe, surtout quand il fait froid. Et que seul celui qui écrit a des chances d’être lu, celui qui parle a des chances d’être écouté, sauf s’il parle pour ne rien dire. Et qu’à Sortie Ouest rien de nouveau…
Mais comme un bienfait n’arrive jamais seul -et les biterrois ont vraiment de la chance- j’ai entendu dire que le Petit Livre Bleu des pensées du Président Lacas pourrait être illustré par des photos, celles, les plus récentes, tirées de l’album électoral du député Aboud, actuellement sur tous les fronts de l’action photogénique, à l’approche des élections…
Par exemple, la pensée sur l’eau qui est un bien précieux se verrait agrémentée de la photo du député devant les écluses de Fonserane, ou sur le chemin conduisant au moulin de Bagnols. Pour celle sur le feu qui réchauffe, on reprendrait la photo où il pose en costume / cravate au milieu des pompiers. La terre qui est basse serait illustrée par celle du député sur un tracteur ou une machine à vendanger, qu’il tente en vain de faire démarrer. Enfin, et pour l’air pur, on le verrait quand il a visité une fabrique de placoplâtre, un casque sur le tête et un gilet fluo sur les épaules.
Après les quatre éléments, le président Lacas pourrait agrémenter le derrière des autobus avec une nouvelle série de pensées sur les dix plaies d’Egypte, en commençant par la pluie des grenouilles ; il pourrait ensuite disserter sur l’invasion des sauterelles, la peste noire, le choléra brun, le propos nauséabond, le rejet de l’autre, la posture vomitive et le front républicain.
On le voit, c’est donc un magnifique ouvrage qui se prépare, de la part de nos duettistes agglomérés, et nul doute que leur ami le transbattu délégué à la culture et à la médiathèque Du Plaa, qui n’a pas son pareil pour repérer les grands ouvrages de l’esprit humain, voudra parfaire cette belle réalisation culturelle : il fera certainement promouvoir par les médiathèques de Béziers et de Sérignan un livre qui vise à une excellence digne du Festival des Terrasses du Cantet.
Un événement culturel sans précédent, puisque ce sera aussi le premier ouvrage du « Lacasaboudupla », ce mutant politique né par génération spontanée en 2014, qui fait l’objet d’une recherche approfondie au sein l’Université de New-York et à l’Institut des Sciences Politiques de Paris, et auquel j’avais consacré en janvier dernier une autre chronique.
Jean-Pierre Pélaez
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(1) Note sur les moutons de Panurge
Le qualificatif de "carpette" nous a semblé mieux adapté à la situation que celui de "mouton". Mais le symbole reste le même.
Dans un troupeau de moutons, lorsque la tête du troupeau change de direction, les autres suivent 'bêtement'.
Au point que, lorsque des éléments paniqués se dirigent vers un ravin ou une falaise, les autres suivent et tout le troupeau 'se suicide' sans qu'un seul se pose la question de savoir s'il fait bien de se jeter dans le vide, comme les autres (notez bien que, vu leur état, personne n'est allé ensuite leur demander pourquoi ils avaient agi aussi stupidement).
Panurge est un héros de Rabelais qui, pour se venger d'une altercation avec le propriétaire d'un troupeau, a proposé de lui en acheter le chef, la plus belle bête, alors qu'ils étaient ensemble sur un bateau pour une traversée. Une fois l'animal payé, Panurge l'a jeté à l'eau.Bien entendu, les autres moutons, d'eux-mêmes, l'ont immédiatement suivi et tous se sont noyés.