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Histoire - Page 5

  • "Ecrits historiques de combat" : Un ouvrage fondamental qui procède à une remise en ordre des analyses erronées de l'actualité, passées au filtre des leçons de l'histoire

     

    FigaroVox publie un entretien de Vincent Tremollet de Villers avec Jean Sevillia qui publie un recueil de trois de ses ouvrages, Le terrorisme intellectuel, Historiquement correct et Moralement correct, accompagné d'une nouvelle préface. Une leçon d'histoire, d'analyse politique et d'espoir réfléchi.

    Ces textes devraient être mis entre toutes les main, de nos jeunes en particulier qui ne connaissent plus rien de leur histoire, si ce n'est des épisodes volontairement déformés et faussés. Si, pour l'instant, l'école ne remplit plus sa mission, il nous appartient de la remplacer dans ce domaine essentiel.

    Une bonne idée de cadeau.

     

    Tremolet de Villers Vincent.jpgVous publiez en un recueil trois essais historiques et politiques: «Historiquement correct», « Moralement correct » et « Le Terrorisme intellectuel ». Commençons par ce dernier, dont la première parution date de l'an 2000. Seize ans plus tard, le terrorisme intellectuel a- t-il disparu, et sinon quelles sont ses nouvelles formes ?

    Il suffirait d'évoquer quelques manifestations toutes récentes du terrorisme intellectuel, ce que je fais dans la préface de ce volume qui réunit des textes plusieurs fois déjà réédités et actualisés, pour constater que, non seulement le phénomène n'a pas disparu, mais qu'il sévit plus que jamais. Faut-il rappeler les attaques subies au cours des dernières années, pour ne retenir que quelques figures en vue, par les philosophes Alain Finkielkraut ou Michel Onfray, par le journaliste Eric Zemmour, par le comédien Lorànt Deutsch ou par le romancier Michel Houellebecq ? Faut-il rappeler les conditions dans lesquelles s'est déroulé le débat - ou plus exactement l'absence de débat - sur le Mariage pour tous, où il était posé par principe qu'en être partisan était le signe d'un esprit ouvert et moderne et qu'en être l'adversaire était le fait d'une mentalité intolérante et rétrograde ?

    Dans une société démocratique où le débat d'idées est censé être libre, tout se passe comme si certaines idées étaient interdites, certains sujets tabous, et certaines voix moins légitimes que d'autres puisqu'elles contreviennent à la pensée dominante, qui est la pensée des élites politiques, culturelles et médiatiques. Le mécanisme du terrorisme intellectuel n'a pas varié. Il consiste à jeter l'opprobre sur les opposants à cette pensée dominante en leur collant, explicitement ou implicitement, une étiquette qui a pour but de les réduire au silence en jetant le discrédit sur leur personne et leur propos. Ces étiquettes se traduisent par des mots - réactionnaire, raciste, fasciste, homophobe, etc. - qui n'ont plus un sens objectif : ils peuvent s'appliquer à n'importe quoi et n'importe qui afin de les disqualifier selon le principe de l'amalgame et de la reductio ad hitlerum. Ce qui change, en revanche, c'est l'objet du terrorisme intellectuel, puisque celui-ci est indexé sur l'idéologie dominante. Il y a cinquante ans, quand le marxisme triomphait chez les intellectuels, être anticommuniste valait de se faire traiter de « chien » par Jean-Paul Sartre. Aujourd'hui, alors que l'antiracisme et le multiculturalisme sont présentés comme des impératifs catégoriques, affirmer que l'origine et l'ampleur des flux migratoires pose un problème à la France et à l'Europe en général vaut d'être accusé de racisme.

    Dans votre ouvrage Historiquement correct, vous rétablissiez un certain nombre de vérités que l'histoire « grand public » ne diffusait pas. Considérez-vous que les légendes noires de l'Histoire de France se sont estompées ?

    J'aimerais le croire, mais ces légendes qui concernent d'ailleurs toute l'histoire occidentale et pas seulement l'histoire de France ont la vie d'autant plus dure qu'elles sont véhiculées et répercutées par de multiples canaux, depuis les manuels scolaires jusqu'aux jugements lapidaires qui émaillent les discussions de bistrot. Ce que j'ai appelé l'historiquement correct, le politiquement correct appliqué à l'histoire, vient de loin. Il a sa propre histoire que l'on peut reconstituer, puisqu'il mêle procès contre l'Europe catholique venant des Encyclopédistes, vision négative du monde d'avant 1789 et légende dorée de la Révolution française, legs de l'école républicaine des XIXe et XXe siècles, refus de l'histoire événementielle et lecture socio-économique du passé, héritage de l'école marxiste, et enfin histoire analysée au prisme des droits de l'homme, fruit de l'individualisme ambiant. Rétablir la vérité est un travail long, et patient. Il suppose d'opposer des faits aux légendes, et surtout pas des légendes inversées, ce qui serait le contraire de la démarche historienne. Avec le temps, en faisant progresser la recherche, on obtient des résultats. Les guerres de Vendée de 1793-1794, par exemple, sont beaucoup mieux connues qu'elles ne l'étaient il y a un demi-siècle, parce qu'il y a eu d'authentiques travaux d'historiens sur cet épisode dramatique, et bien rares sont ceux qui nient que la population civile vendéenne de l'époque a été victime d'une entreprise d'extermination. Autre exemple, on commence à reconnaître que la traite négrière était un système qui n'impliquait pas que les Européens, puisque certaines tribus africaines vendaient leurs frères de couleur, et qu'il a toujours existé une traite interafricaine, des hommes étant réduits en esclavage et mis en vente à l'est du continent par des trafiquants arabo-musulmans.

    Comment expliquer le décalage entre le sérieux des publications historiques et la légèreté avec laquelle le cinéma et les séries télés abordent cette même histoire ?

    En soi, ce décalage n'est pas nouveau. Les feuilletons écrits du XIXe siècle, quand ils campaient leur intrigue dans le passé, prenaient déjà des libertés avec l'histoire réelle. Même chose pour le théâtre ou le cinéma. Et même chose encore pour la télévision quand elle était un genre naissant. Les grandes séries télévisées historiques des années 1960 et 1970 n'obéissaient déjà pas aux canons universitaires, mais au moins y avait-il un souffle, une ambition. Du Chevalier de Maison-Rouge (1963) à Vidocq (1967) et des Cathares (1966) aux Rois maudits (1972), toute une génération y a gagné le goût de l'histoire, même si la véracité de ces films était discutable. On peut donc faire de la fiction télévisée avec une certaine exigence historique. Encore faut-il avoir le goût de l'exigence et le respect du passé, ce qui n'est guère dans l'air du temps de nos jours.

    La place de l'histoire se réduit dans les programmes scolaires et se diffuse de plus en plus à la radio (Franck Ferrand), la télévision (Stéphane Bern), en librairie, dans les festivals… Comment expliquer ce paradoxe ?

    Ce paradoxe n'en est pas un. Il y a même un lien de causalité direct entre l'amenuisement de la place accordée à l'histoire à l'école et le succès des bonnes émissions historiques, des biographies des grands personnages et des spectacles et reconstitutions historiques. En réalité, dans une époque bouleversée, les gens cherchent des repères, y compris dans le passé. Si l'école n'enseigne plus l'histoire de notre pays comme elle l'enseignait autrefois, ils vont chercher eux-mêmes ces repères. Ce mouvement ne fera que s'accélérer : plus on voudra nous couper de nos racines, plus elles seront prisées, par un mouvement naturel de réappropriation d'un héritage volé, occulté ou méprisé. La philosophe Simone Weil affirmait que le passé est un des plus vitaux des besoins de l'âme humaine. Que Madame Najat Vallaud-Belkacem lise Simone Weil…

    Dans votre préface vous revenez sur les notions discutées de « victoire culturelle » et de « bataille des idées ». Considérez-vous que les « réacs » ont gagné ?

    C'est un refrain que reprend, sur un ton dépité, la presse de gauche : la droite - ou les conservateurs, les réactionnaires, etc. - auraient gagné la bataille des idées. Or ce refrain est largement trompeur. Il est vrai, ce qui est nouveau par rapport au paysage des idées d'il y a quinze ans, que quelques figures telles qu'Alain Finkielkraut ou Eric Zemmour obtiennent de réels succès d'audience quand la télévision ou la radio leur tendent un micro, ce dont je me réjouis. Mais ces individualités demeurent des exceptions sur les ondes, et leurs propos suscitent un violent contre-feu, quand ce ne sont pas des menaces de poursuites judiciaires, parfois mises à exécution. Il est encore vrai que la pensée de gauche mouline dans le vide, mais elle continue néanmoins à mouliner… Il n'est que d'observer la façon dont sont analysés les facteurs qui conduisent des jeunes vivant en France au djihadisme pour constater que les commentateurs tournent toujours autour d'explications sociales - pauvreté, exclusion, déscolarisation, etc. - pour ne pas voir et nommer la réalité, qui est politique, culturelle et religieuse.

    Non seulement le concept de « néoréac », lancé en 2002 par le livre de Daniel Lindenberg, essayiste de gauche, procède d'un amalgame réducteur - non, Pascal Bruckner ne pense pas comme Natacha Polony qui ne pense pas comme Elisabeth Lévy et ainsi de suite - mais le fait que la haute cléricature de gauche ait disparu ou se taise n'empêche pas la basse cléricature d'être en place. Faites un sondage sur ce qu'on pense dans les salles de profs ou dans les rédactions des chaînes publiques de la loi travail ou de la question des migrants, et vous serez édifiés. Or dès lors que tous les Français passent par l'école ou regardent la télévision, ils en subissent l'influence, même si beaucoup savent aussi s'en libérer. Par conséquent, j'en suis bien navré mais, sur le terrain, la « victoire culturelle » n'est pas encore là. En dépit de tout, nous ne sommes pas sortis, culturellement parlant, du paradigme selon lequel il serait bien d'être de gauche et être de droite imposerait de s'excuser. C'est si vrai que la droite, qui ne brille pas par ses idées, fait tout pour faire oublier qu'elle n'est pas de gauche. Je ne suis pas de ceux qui croient que le clivage droite/gauche est caduc. Cette distinction structure notre vie politique depuis deux siècles, et elle n'est pas près de disparaître, même si ses frontières se sont déplacées, et même si les élites dirigeantes de droite comme de gauche communient dans un libéralisme libertaire qui les rapproche et souvent les confond.

    La bataille se déroule-t-elle à l'université, dans les librairies ou dans les émissions de divertissement ?

    Elle se déroule partout, puisque le politiquement correct se niche aussi bien dans les amphithéâtres des universités que dans les librairies et les studios de télévision ou de radio où les clowns d'aujourd'hui jouent les penseurs. A chacun son créneau ou son talent parmi les rebelles au politiquement correct. Personnellement, je ne me sentirais pas à l'aise dans une émission de divertissement, mais je me félicite que des amis s'y risquent. Dans les librairies, le succès des ouvrages qui expriment des idées à contre-courant prouve que les lignes bougent dans la société, à défaut d'un changement dans la sphère politique, culturelle et médiatique. Quant à l'université, elle n'est pas monolithique. Si vous saviez les témoignages que je reçois d'historiens universitaires me remerciant pour ce que j'écris…

    Le « moralement correct » est-il le même que celui que vous décriviez dans votre essai ?

    Oui. Nous sommes toujours sur le coup, et nous le resterons très longtemps, de la profonde révolution intellectuelle et morale des années 1960-1970 qui a érigé en paradigme l'individu et ses droits conçus comme un absolu. Très schématiquement, on considérait naguère que l'individu devait d'abord quelque chose à la société. On considère aujourd'hui, à l'inverse, que la société doit d'abord quelque chose à l'individu. Au sein de la famille, de l'école, de l'université, de l'entreprise, dans les loisirs ou la politique, dans le rapport à la culture ou à la religion, cela a tout changé. C'est l'individu qui fixe ses propres normes du bien et du mal et qui définit ce qu'il veut ou non accepter comme contrainte collective. En d'autres termes, il n'y a plus de normes objectives et indiscutables. Mais cette révolution est paradoxalement contraignante, puisque l'absence de normes est devenue une norme, et donc une obligation. C'est cela, le moralement correct.

    Vous reprenez à votre compte la citation d'Albert Camus lors de son discours de Stockholm: « Empêcher que le monde se défasse ». Le « vieux monde » ne s'est-il pas défait en grande partie ? N'est-ce pas le moment de reconstruire autre chose ?

    Si, mais on ne reconstruira pas sur du vide. Les plus grands créateurs ne sont jamais partis de zéro. Ils étaient d'abord des héritiers, même s'ils bousculaient l'héritage. Demain, il faudra reconstruire en s'appuyant sur les principes qui ont toujours fondé les civilisations. On ne peut faire l'économie de la réception et de la transmission, du lien entre les générations, du partage d'un héritage. En dépit de l'effondrement visible de notre société, ce qui tient encore debout repose sur des individus et des familles qui, elles-mêmes, tiennent bon sous la mitraille de l'époque. Ces forces-là sont plus nombreuses qu'on ne le croit. Elles sont la garantie de notre future renaissance.

    Journaliste, écrivain et historien, Jean Sévillia est rédacteur en chef adjoint du Figaro Magazine. Il vient de publier Ecrits historiques de combat, un recueil de trois essais (Historiquement correct ; Moralement correct ; Le terrorisme intellectuel) qui vient de paraître aux éditions Perrin.  

    Vincent Tremolet de Villers   

    Jean Sévillia : « Écrits historiques de combat » 

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  • NUMERO SPECIAL - Nom de la région : Henri Barthès nous écrit

    Donner un nom à une région n'est jamais anodin. Il enracine ses habitants dans une histoire et les situe géographiquement et historiquement dans celle de la nation à laquelle ils appartiennent. Le nom "Occitanie" qui a été choisi pour la notre n'a, contrairement aux apparences, aucun fondement historique ou philologique. Il n'est que le résultat de médiocres tractations politiciennes, teintées d'idéologie "mai 68".

    Nous avons aujourd'hui le grand plaisir de publier le texte que nous a fait parvenir Henri Barthès sur la question.

    Henri Barthès est spécialisé dans la paléographie, étude des écritures anciennes, la diplomatique, interprétation des documents anciens et la philologie, études des langues anciennes.

    Membre de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, de la Commission archéologique de Narbonne, il préside la Société Archéologique Scientifique et Littéraire  de Béziers depuis 2011.

    Il est Majoral du Félibrige, Académie de 50 poètes , écrivains ou philologues, fondée par Frédéric Mistral en 1854 pour la conservation et la défense de la langue d'oc. Au sein de cette académie, il est titulaire de la cigale d'or, titrée Cigale de la Narbonnaise.

    Outre plusieurs ouvrages historiques, il a publié en 1987 les Études Historiques sur la "langue occitane", ouvrage qui n' a pas manqué de susciter de vives polémiques, dans lequel est étudiée de manière critique la conception de la langue d'oc et du régionalisme languedocien dans les mouvements dits "occitans" ou "occitanistes".

    Ces études sont aujourd'hui d'une pleine actualité et nous avons estimé devoir faire du texte qui suit un numéro spécial de nos envois quasi hebdomadaires.

    On ne pouvait en effet trouver meilleur spécialiste. Mais le système est ainsi fait que le nivellement par le bas est toujours privilégié ...

    Henri Bec

    Vous pouvez retrouver cette étude sur notre site avec une meilleure condition de lecture en cliquant ICI

     

    Langue d’oc contre occitan ?

    Languedoc contre Occitanie,

    quel nom pour la langue,

    quel nom pour la Région ?

    LANGUEDOC

     

     

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      La langue

    Le latin parlé en Gaule a évolué différemment au Nord et au Midi. A partir du Concile de Tours (823), la langue parlée en Gaule a reçu le nom de roman, ou langue romane. Sous ce nom les Troubadours au Midi, les Trouvères au Nord ont créé en roman une poétique vernaculaire.

     

    Au XIIe siècle, dans les Croisades, les deux langages ont été mis en présence et on a désigné les contingents des soldats selon la langue que parlaient les hommes. Dans nos pays, le contact s’est produit à l’occasion de la Croisade albigeoise. On a connu lingua nostra, lengo-nostro : c’est à dire ceux de notre langue, ceux qui parlent notre langue.

    A la fin du XIIIe siècle une différence de langage entre le nord et le midi a été constatée dans la manière d’affirmer : au Nord : Oil (du démonstratif latin hoc, renforcé par un second démonstratif ille) au Midi : O ou Oc (du même démonstratif latin pris seul : hoc.) Un troubadour biterrois, Bernard d’Auriac en 1284 constate : Auziran dire per Arago Oil et Nenil en luec de Oc e de No. (1)

     Les marchands montpelliérains aux foires de champagne forment le terme langue d’oc, pour désigner leur corporation : Jean Chrétien, Capitaine de Montpellier et les marchands de la langue de Provence, de cette langue que l’on dit en langage vulgaire langue d’oc. Ce texte établit que la langue de la Provence (au sens large : tout le Midi de la France), est désignée en langage vulgaire (c.à.d. dans l’expression populaire) : Langue d’oc.

     L’usage populaire et autochtone est consacré dans la littérature universelle à la fin du XIIIe siècle par Dante Alighieri, Dans la Vita Nuova (1283) Se volemo guardare in lingua d’occo, et dans le Convivio, (1295) : quelli di lingua d’occo, et en latin dans De Vulgari eloquentia (1305) : Allegat ergo pro se lingua Oil…pro se vero argumentatur alio, scilicet O.

    Dans notre pays-même, ce sont les célèbres Leys d’Amors des sept troubadours toulousains (1324) qui établissent le nom de la langue romane méridionale : Tramezeron lor letra per diversas partidas de la lenga d’oc (2) Dès lors, et jusqu’à présent, la langue romane du Midi de la France est désignée sans solution de continuité par le vocable Langue d’oc. Une langue non-unifiée, formée de plusieurs dialectes (provençal, languedocien, gascon, limousin, auvergnat etc…)

     La province

    Le morcellement des pouvoirs, la rivalité et les guerres endémiques n'ont pas suscité avant le XIIIe s. la création d’un vocable d'ensemble. La Croisade albigeoise, affaire de la paix et de la foi, remit au Roi capétien une étendue vaste et relativement unifiée a la mort du dernier comte toulousain, Alphonse de Poitiers, en 1271. Trois Sénéchaussées la composaient : Beaucaire, Carcassonne et Toulouse. Les méridionaux, selon l’habitude du temps, nommèrent leur pays du nom de leur langue.

    Telle est l’intention des marchands montpelliérains de 1295 : Pour les contrats d’achat et de vente passés dans la ville de Nîmes, la province de Narbonnaise et dans toute la terre ou Langue d’oc. Et plus loin : L’université des marchands de la Provence et de la Langue d’oc fréquentant les foires de Champagne.

    Les Leys d’Amors de Toulouse considèrent Languedoc comme l’étendue où ces lois philologico-poétiques devront s’appliquer : tramezeron lor lettra per diversas partidas de la Lenga d’oc.

    Les français suivent cet usage, et dès la fin du XIIIe siècle, dans les actes en français, l’administration royale adopte le terme : Item pour la cause des prélaz et clercs de Langue d’oc, c’est assavoir des Sénéchaussées, de Tholose, Carcassonne et Beaucaire. (1298)

    Dès lors, dans les textes en français, Languedoc désignant la Province devient d’un usage universel, dans la chancellerie des Rois de France, mais aussi des Rois d’Angleterre pour leurs possessions aquitaines où l’on parlait cette langue d’oc. En littérature on le trouve chez Froissart, dans la balade d’Eustache Deschamps sur la mort de Duguesclin etc...Il n’a jamais cessé d’être employé, à toutes les époques, et il a pour lui une possession d’état indiscutable. On remarquera que, venu de la langue d’oc, le nom de la province est féminin. Il s’emploie sans article, comme dans la fameuse Histoire Générale de Languedoc des Mauristes dom Devic et dom Vaissète.

     

    OCCITANIE

     

    La langue française n’était pas universellement comprise dans le Midi, il fallait aussi ménager les susceptibilités méridionales. On eut recours pour l’administration parisienne de Languedoc à la langue latine, aisément comprise et universelle. La transposition de langue d’oc en latin donnait lingua de hoc, incorrect grammaticalement. On essaya des traductions, à Lyon : lingua hoquotina. 

    Enfin on résolut la difficulté. Ainsi dans des textes issus des Eaux et Forêts. D’abord énumération des Sénéchaussées (forestarum nostrarum quinque senescallie), puis au début du XIVe siècle : ad senescallos vel judices lingue occitane…(3) Lingue occitane, ici au génitif, pour lingua occitana.

    On analyse occitana comme dérivé de oc suivi du verbe cieo/citare (appeler ou ester en Justice) et du suffixe d’appropriation -anum, au féminin -ana. Occitana est une création de latinistes et bazochiens parisiens du XIVe siècle. De lingua occitana on forma en latin médiéval Partibus occitanis. Pour rendre le français Languedoc, au sens de Province ou Pays de langue d’oc.

    Il s’en faut que le terme ait été universel. Même dans les textes latins de la chancellerie ou des administrations françaises, on voit la notable persistance de Patrie lingua d’oc, voire Lengadoch et au génitif un curieux Lengadochii. (4)

    Les Humanistes à partir du XVIe siècle considèrent la langue d’oc comme la langue des Goths, c’est-à-dire des barbares, et jettent sur elle un opprobre durable. Le dictionnaire de Nicot (1606) donne en un seul mot linguaoccitana pour la langue, et linguoccitanus pour Languedoc, comme dérivé de Linguagothia, la langue des goths.

    Les érudits humanistes du XVIIe siècle, pour traduire élégamment selon eux, le mot Languedoc, forment le néologisme Occitania. Ainsi dans une vie de saint des Bollandistes : …in Narbonensis ditione, num Occitania seu Lengadocia inferiore, (Dans l’étendue de la Narbonnaise appelée maintenant Occitania ou Languedoc).

     

    Occitania est un vocable du latin des Humanistes parisiens du XVIIe, repris du latin de la chancellerie du Moyen âge, pour rendre en latin -et uniquement en latin- le mot Languedoc.

    En français il trouve un usage sous la forme de l’adjectif occitanien ou occitanique au début du XIXe siècle sous l’effet du romantisme. Rochegude écrit le Parnasse occitanien, Fabre d’Olivet publie les Poésies occitaniques.

    Occitanie a eu sporadiquement un usage restreint et ultra-minoritaire chez les littérateurs français du Midi, sous le rapport symbolique ou allégorique. Il n’est pas entré dans le fonds originel, usuel et autochtone de la langue d’oc. Frédéric Mistral et les Félibres ne l’ont pas employé. (5)

     

    OCCITAN

     

    A la fin du XIXe siècle, deux poètes, instituteurs de l'enseignement primaire dans le Toulousain, Antonin Perbosc et Prosper Estieu, sous l’influence des idées romantiques tardives et de l’anticléricalisme ambiant, voulurent s’opposer à Frédéric Mistral et aux Félibres, qu’ils jugeaient conservateurs et cléricaux. Ils formèrent un système d’écriture et d’orthographe de la langue d’oc, archaïsant, différent de l’orthographe traditionnelle rénovée par Mistral et les Félibres. Ils espéraient par ce retour en arrière unifier la langue et mettre fin à son morcellement dialectal, dans lequel ils voyaient l'effet de la décadence. Système simpliste, basé sur la lecture non-comprise d’une Grammaire Romane (Raynouard, 1818) depuis longtemps dépassée, qui faisait appel à un archaïsme violent et obtus. Ils donnèrent à ce système et à la langue d’oc, revue et corrigée, le nom inusité d’occitan, tiré du mot Occitanie. (6)

     

    Le mot occitan et le principe graphique et unificateur qui le fonde, furent remarqués outre-Pyrenées par le catalanisme. Mouvement nationaliste et impérialiste, admiratif de Bismarck et de l’Allemagne, qui cherchait une aire d’expansion dans le Midi de la France, pour former la future Etnos Iberica sous domination catalane, de l’Ebre à l’Auvergne (Enric Prat de la Riba, La nacionalitat catalana, 1906).  Cette Etnos iberica paraît une réinterprétation romantique des prétentions hégémoniques des Comtes de Barcelone et leurs successeurs sur le Midi de la France au XIIe siècle. Prétentions auxquelles la Bataille de Muret (1213) et le Traité de Meaux-Paris (1229) mirent fin. A cette référence historique s'est ajouté un fort sentiment de supériorité à l'égard des autres provinces d'Espagne, dont le développement économique de la Catalogne fut le prétexte.

    Une liaison catalano-occitane avec un fort soutien du catalanisme (Josep Aladern) à l’occitanisme se développa de 1905 à 1912. Les prodromes de la guerre de 1914-1918, puis le confit y mirent fin.

     En 1929, les relations se renouèrent entre le catalanisme (Josep Carbonell, de Sitgès) et les occitans du toulousain (Louis Alibert, de Montréal d'Aude). À l’initiative des catalans, l’occitan fut soutenu et promu.  La Gramatica occitana, de Louis Alibert, base des assertions linguistiques occitanes, fut réécrite à Sitgès de la main du catalaniste Carbonell, publiée et diffusée aux frais des catalanistes.

     La propagande occitane entre-deux-guerres fut financée, dirigée et orchestrée par les catalanistes. La Societat d’estudis occitans, une plate réplique, crée à Sitgès, de l’Institut d’Estudis catalans. Les fonds catalanistes abondaient les publications occitanes et parfois les individus eux-mêmes.

     La fortune du mot Occitan pour désigner la langue d’oc à l’époque moderne (XXe et XXIe s.) repose surtout sur le soutien et l‘intervention catalanistes. Or ce mouvement avait pour but essentiel de se former une aire d’extension et de diffusion dans le midi de la France. Il ne semble pas y avoir renoncé en 2015.

     

    SIMILITUDES CATALANO-OCCITANISTES.

     

    La conception de la langue

    Selon les théories avancées par les occitanistes, l’occitan aurait été soumis au français comme le catalan au castillan. Il faut rompre avec cette supeditatcio et appliquer à l'occitan le procédé des catalanistes : la descastellanizatcio :

    1. Inventer une orthographe archaïsante, officielle, imposée et obligatoire.
    2. Tendre à l'unification et extinction plus ou moins complète des dialectes.
    3. Faire de la langue unifiée un prétexte national, un moyen de réclamation contre l'Histoire.

     

    La langue n'est plus alors une réalité objective, observée et pratiquée dans son état réel, mais un support du nationalisme. À l'imitation de la Nation Catalane, a été pensée et imaginée une Nation Occitane revendiquant contre la France, et contre l’Histoire. L’Occitanie couvrirait dans cette hypothèse les pays parlant ou ayant parlé l’occitan. On constate qu’elle continue en France l’Etnos Iberica de l’Ebre à l’Auvergne des catalanistes

     

    Les moyens

    Le principe linguistique occitaniste comme le catalaniste est affirmé intangible et incontestable, avec assertions péremptoires, répétitives, assénées lourdement. L'exemple catalaniste a été la doctrine linguistique de Pompèu Fabre, imposée par des moyens reconnus comme totalitaires par certains catalans eux-mêmes. (7)

    Les publications au service de la cause sont nombreuses, répétitives, feront l'objet de commentaires nombreux et laudatifs.

    Les organes, associations, pléthoriques en nombre, sigles, bulletins, plus qu'en adhérents réels. Les mouvements recourent à des manifestations multitudinaires, avec un recrutement bien encadré, donnant l'impression de foules adhérentes innombrables et majoritaires. Cette propagande conduit à un effet anesthésique des opinions contraires ou divergentes du modèle.

    Il en résulte une imprégnation conformiste qui enrôle sous un drapeau unique, donnant le change.

     

    Conséquence en domaine de langue d'oc

    La propagande imitée du catalanisme a conduit à un usage quasi-universel et général de ce côté-ci du Rhône -souvent de bonne foi- du mot occitan, malgré l'absence de justification historique et philologique du mot. Le système linguistique occitan, bien qu'infondé, tend à devenir le seul, parce que poussé par les plus bruyants, qui se prétendent les plus nombreux. Or, en ces matières l'argument du nombre est invalide. (8)

    L'occitan, dans la pratique, conséquence du système, n'est plus la langue d'oc. Depuis longtemps les locuteurs naturels n'y reconnaissent pas leur langue et se sont détournés. Les locuteurs formés au système ânonnent souvent entre eux un pitoyable et artificiel décalque du français qui n'a plus de vrais rapports avec la langue d'oc. D’autres, de bonne foi, tentent d’exprimer la langue d’oc sous le vêtement déformant de l’orthographe occitane codifiée, normalisée, imposée.

    Les bonnes volontés respectables qui se donnent, de bonne foi, au système occitan mériteraient infiniment mieux qu'un nom issu des parisiens, et un produit douteux et infondé en soi, sous-tendu par un nationalisme et impérialisme venu d'au-delà des Pyrénées.

    Là, comme ailleurs, il faudrait revenir au réel.

     

     

    Traductions, notes et compléments

    Les innombrables références de l’ouvrage d’Henri Barthés, Etudes Historiques sur la « langue occitane », qui assoient sa thèse de manière incontestable, n’ont pas été reproduites dans ce résumé condensé. On renvoi de manière générale audit ouvrage.

     

    1. On entendra en Aragon, dire oil et nenni et non plus O et nou.
    2. Ils mandèrent leur lettre dans les diverses parties de la Langue d’oc.
    3. Aux sénéchaux et juges de Languedoc.
    4. Les actes des rois d’Angleterre pour les possessions anglaises d’Aquitaine ou Rouergue conservent en latin le mot autochtone Lengadoc, Lengadok,
    5. Frédéric Mistral dans le Tresor dou Felibrige tome II, p. 431 : Le mot Occitania ou Patria linguae occitanae est la traduction usitée dans les actes latins des 13 e et 14e siècles pour désigner la province de Languedoc.
    6. Perbosc et Estieu, dont on ne met pas en doute la bonne foi, n’avaient pas les compétences nécessaires pour une telle entreprise. Ils ignoraient totalement la naissance et le prodigieux développement au XIXe siècle de la philologie romane. Ils ont découvert en 1895 la Grammaire de Raynouard datée de 1818, et se basant sur cet ouvrage depuis longtemps dépassé ont formé un système clos et fermé sur lui-même.
    7. Le catalanisme a été imposé en Catalogne par le pouvoir politique de la Generalitat, avant la Guerre civile d’Espagne. Il y eut, et il y a encore sans doute, un mouvement littéraire catalan non-catalaniste. Il est représenté par Mossen Antoni-Maria Alcover, philologue et dialectologue reconnu, auteur du seul ouvrage scientifique valable pour le domaine catalan, le Diccionari català-valencià-balear, et lourdement combattu par le catalanisme Ce mouvement continua longtemps la Renaixenssa, avec laquelle vers 1850-60 Frédéric Mistral et les Felibres nouaient des liens. Le développement du catalanisme impérialiste à partir de Prat de la Riba (fin du XIXe s.) a provoqué la fin de ces relations. Le système catalaniste en matière de langue est représenté par Pompèu Fabre : il préconise la création d’une orthographe rigide et imposée, un retour en arrière vers des formes souvent périmées. L’imposition du système linguistique catalaniste a été comparée par des catalans eux-mêmes à une tyrannie, et à une dictature linguistique.
    8. Le système linguistique occitan a été, par des moyens de propagande et non par la force politique directe, quasiment imposé dans les faits à des régions entières où se parle ou se parlait la langue d’oc. Le procédé a été moins violent qu’en Catalogne, mais comparable mutatis mutandis. Il s’est accompagné objectivement d’un recul de la langue dont les causes sont multiples, mais auquel il n'est pas étranger.
    9. On rappelle que le poète Frédéric Mistral et ses compagnons, formant le Félibrige en 1854 entendaient (et les Félibres entendent toujours) la langue d'oc comme une réalité objective à défendre et cultiver. Ils l'étudient et la pratiquent dans son état actuel moderne et au terme d'une évolution organique et historique. Ils demandent pour elle et pour la culture qu'elle représente une place digne et reconnue dans la richesse patrimoniale de la France. Ils ne l'utilisent pas pour une inutile revendication contre l'Histoire ni comme un prétexte à des revendications utopiques voire dangereuses.

          Henri Barthès

    Vous pouvez retrouver cette étude sur notre site avec une meilleure condition de lecture en cliquant ICI

  • Avec Jacques Bainville, déconstruire le premier et le plus sordide des pseudo "mythes fondateurs" de la Révolution et du Système

     

    « Les ridicules légendes de la Bastille », les « canailles... et les plus sinistres gredins... de mauvaises gens, des criminels capables de tout », disait Bainville... Ridicules et tragiques légendes, oui, mais annonciatrices et créatrices de la Terreur.

     Il n'y a a jamais eu de "prise" de la Bastille, mais la perfidie d'une poignée d'émeutiers sanguinaires, brutes avinées, assassins et terroristes dans l'âme, lesquels, après avoir promis liberté et vie sauve aux quelques dizaines d'hommes présents dans le lieu n'eurent rien de plus pressé que de les massacrer, de couper leurs têtes et de les promener dans les rues au bout de piques ! Toutes proportions gardées, c'est un peu ce qu'a fait Yassin Salhi avec son patron, à Saint Quentin Fallavier : le décapiter et planter sa tête sur les grilles de l'usine !

     Pourquoi ce rapprochement avec Daech ? Tout simplement parce que, même s'il peut surprendre de prime abord, il n'est nullement hors de propos : comme Daech, qui fait commencer l'Histoire avec Mahomet et détruit tout ce qui précède, la Révolution, et notre actuel Système qui en est l'héritier et la "pratique" au quotidien, fait commencer la France en 1789; et la Révolution a  allègrement détruit entre le quart et le tiers du patrimoine français, crime contre la France mais aussi contre l'Art et l'Humanité, dont on sait qu'ils sont imprescriptibles...

     Et tout cela a commencé avec, et par, la pseudo "prise" de la Bastille, vocabulaire bidon employé pour masquer une horreur et une monstruosité, matrice de la Terreur, comme l'a fort bien montré François Furet, historien véritable et honnête, qui avait pourtant commencé sa trop courte carrière... à l'extrême extrême-gauche ! : Furet écrit que, dès cet épisode du 14 juillet 89, la Terreur est en gestation, "la culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l'été 1789", et la prise de la Bastille inaugure "le spectacle de sang, qui va être inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires"...

     Certes, officiellement, c'est la Fête de la Fédération que l'on célèbre, le 14 juillet, mais l'ambigüité persiste : Les médias ne cessent de le répéter à satiété : c'est "la prise de la Bastille" que l'on célèbre. Le jour où l'on créera la Légion des Ignares, beaucoup pourront être directement nommés "Grand-Croix" ! Une ambigüité, donc, malsaine et savamment entretenue par le Système, qui persiste à parler des "valeurs républicaines", alors que Les valeurs républicaines, ça n'existe pas ! : ce court passage, est de Denis Tillinac (voir son article en cliquant ICI), mais Chantal Delsol, Eric Zemmour, le professeur Rouvillois et bien d'autres - et de plus en plus d'autres... - l'écrivent et le disent...

     Liberté ? Mais la France est étouffée dans un carcan de plus de 420.000 Lois et règlements, qui font que la fertilité du peuple est étouffée par la stérilité des "gouvernants" (?)...

     Egalité ? Mais l'augmentation des inégalités s'accroit à une vitesse vertigineuse, l'écart des salaires a atteint des records difficilement imaginables il y a seulement quelques décennies, et  - par la démolition de l’École - le Savoir est maintenant réservé à une "élite" du fric, qui peut payer de vraies études à ses enfants, alors que la masse ne reçoit plus qu'un très léger vernis, très largement dévalorisé...

    Fraternité ? Mais comment parler de Fraternité dans un Système héritier de la Révolution qui a perpétré le premier Génocide des Temps modernes - le Génocide vendéen - et qui se dilue aujourd'hui dans le communautarisme ?...

     Les seules "valeurs républicaines" que nous rapporte ce monstrueux "14 juillet 1789", c'est la Terreur, le Totalitarisme, le Génocide...

     Voici le texte de Jacques Bainville (Journal, Tome III, note du 15 juillet 1929) :

    Supposons qu'on apprenne ce soir qu'une bande de communistes, grossie des éléments louches de la population, a donné l'assaut à la prison de la Santé, massacré le directeur et les gardiens, délivré les détenus politiques et les autres. Supposons que cette journée reste dépourvue de sanctions, que, loin de là, on la glorifie et que les pierres de la prison emportée d'assaut soient vendues sur les places publiques comme un joyeux souvenir. Que dirait-on ? Que se passerait-il ?

     D'abord les citoyens prudents commenceraient à penser qu'il ne serait pas maladroit de mettre en sûreté leurs personnes et leurs biens. Tel fut, après 1789, le principe de l'émigration. Mais peut-être y aurait-il aujourd'hui plus de français qu'en 1789 pour accuser l'imprévoyance et la faiblesse du gouvernement et pour les sommer de résister à l'émeute.

     Aujourd'hui le sens primitif du 14 juillet devenu fête nationale est un peu oublié et l'on danse parce que c'est le seul jour de l'année où des bals sont permis dans les rues. Mais reportons-nous au 14 juillet 1789 comme si nous en lisions le récit pour la première fois. Il nous apparaîtra qu'il s'agissait d'un très grave désordre, dont l'équivalent ne saurait être toléré sans péril pour la société, qui a conduit tout droit en effet à la Terreur et au règne de la guillotine, accompagnée des assignats. Et le gouvernement qui a laissé s'accomplir sans résister ces choses déplorables serait digne des plus durs reproches.

     Nous avons connu un vieux légitimiste qui disait, en manière de paradoxe, que Louis XVI était la seule victime de la Révolution dont le sort fût justifié. Quel avait donc été le tort de Louis XVI ? Quand on lit les Mémoires de Saint-Priest, on s'aperçoit que l'erreur du gouvernement de 1789 n'a pas été d'être tyrannique (il n'était même pas autoritaire) ni d'être hésitant, ni d'être fermé aux aspirations du siècle. Son erreur, énorme et funeste, a été de ne pas croire au mal. Elle a été de ne pas croire qu'il y eût de mauvaises gens, des criminels capables de tout le jour où ils ne rencontrent plus d'obstacle.

    Saint-Priest montre Louis XVI dans toutes les circonstances, et jusqu'au 10 août, ou peu s'en faut, convaincu que tout cela s'arrangerait et que ni les émeutiers de la Bastille ni les révolutionnaires n'étaient si méchants qu'on le disait, et d'ailleurs, au moins au début, bien peu de personnes le lui disaient. A la Convention, pendant son procès, Louis XVI répondait encore poliment, comme à des juges impartiaux et intègres. D'ailleurs on peut voir dans les Mémoires de Broussilof, qui viennent d'être présentés au public français par le général Niessel, que Nicolas II avait sur l'espèce humaine exactement les mêmes illusions, les mêmes illusions mortelles.

     Malheur aux peuples dont les chefs ne veulent pas savoir qu'il existe des canailles et restent incrédules quand on leur dit qu'il suffit d'un jour de faiblesse pour lâcher à travers un pays ses plus sinistres gredins !

    Révolution-Léon Daudet.jpg

  • L’arrivée de l’anneau de Jeanne d’Arc au Puy du Fou !

    Les journalistes aux ordres ne retransmettent jamais les plus beaux moments de notre histoire actuelle, si ce n'est en les travestissant ou les déformant avec une hargne vulgaire et une haine criminelle dont ils devront un jour rendre compte.

    Mais la France catholique et royale est toujours debout ! Regardez ce reportage extraordinaires et écoutez l’émotion des Français qui témoignent de leur amour pour leur pays et Sainte Jeanne !


  • Une partie de l’âme de la France est bien morte le 21 janvier 1793

     

    Il y a 223 ans, le 21 janvier 1793, le bon roi Louis XVI était exécuté sur l’actuelle place de la Concorde, après un procès politique mené par des révolutionnaires ayant décidé qu’il fallait éliminer l’incarnation charnelle de la France pour mieux reconstruire un nouveau régime politique désincarné et substituer à la religion chrétienne celle de la république déifiée. Nouvelle religion qu’il faudra parfois imposer au peuple malgré lui comme le génocide vendéen le rappelle.

    Ensuite, ce sera au tour de Marie-Antoinette. En tuant le roi, on ne tue qu’un roi. En tuant la reine, les révolutionnaires tuaient la royauté. La plus prestigieuse des royautés terrestres d’alors.

    Puis ce sera le dauphin, que les prétendus représentants des « Lumières » et des droits de l’homme vont laisser mourir de froid, de faim et de maladie dans un cachot à l’âge de 10 ans.

    En tuant le roi, la révolution dite française tua le Père et l’Amour charnel qui unissait une institution incarnée avec son peuple, son pays et sa culture.

    Faut-il rappeler que le roi Louis est bien éloigné des images de la propagande républicaine véhiculée dans les écoles ? Qu’il refusa de faire tirer sur le peuple et évita à la France une guerre civile que les enragés révolutionnaires engageront néanmoins dans leur folie destructrice. Qu’il s’enquit jusqu’au seuil de sa mort du devenir de monsieur de La Pérouse et de ses équipages dont l’expédition constituait le sommet du rayonnement humaniste, de la spécificité et de la culture scientifique françaises. Qu’il pardonna à ses bourreaux et laissa un testament bien éloigné de l’image de monarque absolu qu’on veut faire croire aux Français :

    « Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet ; et je prie Dieu de leur pardonner, de même qu’à ceux qui par un faux zèle ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal (…) Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens ; qu’il doit oublier toute haine, tout ressentiment, et nommément ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve ; qu’il ne peut faire le bonheur des peuples qu’en régnant suivant des lois […] Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardent, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. […] Je finis en déclarant devant Dieu, et prêt à paraître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. »

    La royauté faisait de l’État et de la France un bien commun à tous, exempt de tout combat ou accaparement politique par un parti ou une idéologie, un bien commun qui transcendait les générations et les sensibilités. Il suffit de voir le spectacle affligeant de nos actuels « Résidents de la République », monarques fainéants ou incompétents, sans foi ni loi, arrivés au pouvoir suprême après avoir éliminé père et mère et renié toutes leurs valeurs et promesses, prêts à toutes les compromissions et turpitudes pour se maintenir dans leur palais, pour se dire qu’une partie de l’âme de la France est bien morte le 21 janvier 1793.

    « Le jour où la France coupa la tête à son roi, elle commit un suicide » (Ernest Renan).

  • Une représentation à ne pas manquer : Casimir Péret, L'insurrection bittéroise de 1851. Entrée gratuite

     

    La pièce évoque les troubles qui se sont déroulés à Béziers le 4 décembre 1851, deux jours après le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte. Quatre tableaux :

     

    Une pièce en quatre tableaux :

    1er tableau

    Après l'abdication de Louis-Philippe, le 24 février 1848, la deuxième République est proclamée. Dès le mois de décembre elle aura un président. Louis-Napoléon Bonaparte sera élu le 10 décembre 1848 avec près de 75 % des voix.

    La nouvelle de l'instauration de la République est connue à Béziers deux jours après. La foule envahit alors la mairie, et la municipalité est remplacée par une commission municipale de six membres parmi lesquels figurent Casimir Péret et Auguste Fabregat.

    Quatre mois plus tard le conseil démissionne. Casimir Péret n'assumera pas ses fonctions, comme il aurait du le faire, jusqu'à son remplacement. Beaucoup ont assimilé cette attitude à une désertion.

    Le 2 septembre 1849, Auguste Fabregat est nommé en qualité de maire.

    Alors qu'il travaille sur ses dossiers, une douzaine d'individus fait irruption dans son bureau.

    2ème tableau

    Dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851, après plusieurs mois de conflit avec l'Assemblée, Louis-Napoléon Bonaparte procède à un coup d'État. Un décret dissout l'Assemblée et rétablit le suffrage universel. Quelques députés sont arrêtés.

    Ceux qui tentent de s'opposer sont rapidement neutralisés. 10000 déportations sont prononcées. Les 21 et 22 décembre 1851, 92 % des électeurs (7,4 millions de suffrages) approuvent ce coup d’État et donnent carte blanche à Louis-Napoléon Bonaparte pour promulguer une nouvelle constitution.

    A Béziers, sitôt parvenue la nouvelle du coup d'État, plusieurs milliers d'énergumènes se répandent dans les rues de la ville au cris de "Robespierre", chantant Marseillaise et Carmagnole. Les dirigeants " Montagnards " sont arrêtés rue de Lignan, dans la quartier de Saint-Nazaire.

    Nous voici donc aux premiers jours de décembre 1851. Une réunion secrète se tient dans une maison de la rue Saint- Aphrodise - La Rue Droite - au domicile de Casimir Péret, l'ancien maire.

    (Curieux républicain qui prend les armes contre la IIème République, et contre son Président qui rétablit le suffrage universel et reçoit l’approbation de la quasi totalité des électeurs. Alors, républicain, vraiment ? ou graine de dictateur révolutionnaire ?) NDLR


    3ème tableau

    Nous sommes le 4 décembre 1851, deux jours après le coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte.

    Devant ces événements, M. Collet Meygret, sous-préfet de Béziers, convoque le maire, Hippolyte Lognes, le commissaire de police et le commandant d'arme, tous trois chargés du maintien de l'ordre.

    Cette réunion se tient en l'Hôtel de la sous-préfecture, actuellement le Palais de justice. Elle a pour but de faire le point sur la situation insurrectionnelle qui règne dans la ville et, au besoin, d'y faire face. Le événements ne vont pas tarder, en effet, à dégénérer.

    4ème tableau

    Au lendemain de ces événements, la répression s'abat. La nouvelle prison est édifiée sur un ancien couvent jouxtant le cloître de la cathédrale. Elle sera vite pleine.

    Ce quatrième tableau évoque  l'audience du Conseil de guerre, chargée de statuer sur le sort de plusieurs prévenus, qui se tient à Montpellier le 18 mars 1852.

                                                                   _________________________


    Le 7 novembre 1852, le Sénat proposera le rétablissement de l’Empire, ce qui sera approuvé le 21 novembre par 7,4 millions de suffrages contre 250 000.