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Histoire - Page 3

  • Bernard Lugan : "Emmanuel Macron a désigné les vrais responsables de la colonisation"

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    Que pourrait avoir voulu dire Emmanuel Macron en parlant du colonialisme comme d’une « faute de la République » ?

    Le 21 décembre 2019, à Abidjan, en dénonçant le « colonialisme « faute de la République » et non de la France (à moins que, pour lui, France=République), Emmanuel Macron a désigné les vrais responsables de la colonisation, ce « péché » qui sert aujourd’hui à désarmer la résistance au « grand remplacement ».

     

    État de la question :

    1) Dans les années 1880-1890, l’idée coloniale fut portée par la gauche républicaine alors que la droite monarchiste et nationaliste majoritaire dans le pays s’y opposait [1][1].

    2) Les chefs de cette gauche républicaine étaient profondément imprégnés par les idées de la révolution de 1789. Pour eux, la France républicaine, « patrie des Lumières » se devait, en les colonisant, de faire connaître aux peuples qui l’ignoraient encore le message universaliste dont elle était porteuse. La dimension économique était initialement secondaire dans leur esprit car, à l’époque, l’on ignorait que l’Afrique encore très largement inexplorée pouvait receler des richesses. Et quand Jules Ferry parlait du futur Empire comme d’une « bonne affaire », ce n’était qu’un souhait (voir à ce sujet les travaux de Jacques Marseille).

    3) Dans la réflexion de la gauche républicaine, la dimension idéologique et morale de la colonisation a tenu une part considérable et même fondatrice. L’on trouve ainsi chez Jules Ferry la notion de « colonisation émancipatrice », idée qui fut parfaitement résumée en 1931 lors du congrès de la Ligue des droits de l’Homme qui se tint à Vichy, quand Albert Bayet, son président, déclara que la colonisation française était légitime puisqu’elle était porteuse du message des « grands ancêtres de 1789 ». Dans ces conditions ajouta-t-il, en colonisant, c’est-à-dire en faisant :

    « (…) connaître aux peuples les droits de l’homme, ce n’est pas une besogne d’impérialisme, c’est une tâche de fraternité »

    4) La gauche républicaine coloniale utilisa à l’époque des arguments qui, aujourd’hui, conduiraient directement leurs auteurs devant les tribunaux. Dans son célèbre discours du 28 juillet 1885, Jules Ferry déclara ainsi :« Il faut dire ouvertement qu’en effet, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures ; mais parce qu’il y a aussi un devoir. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures »

    Le 9 juillet 1925, l’icône socialiste Léon Blum affirma devant les députés :« Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d'attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l'industrie. »

    Les bonnes consciences humanistes peuvent cependant être rassurées puisque Jules Ferry avait pris le soin de préciser que :« La race supérieure ne conquiert pas pour le plaisir, dans le dessein d’exploiter le faible, mais bien de le civiliser et de l’élever jusqu’à elle ».        

    5) La maçonnerie à laquelle appartenaient la plupart des dirigeants républicains voyait dans la colonisation le moyen de mondialiser les idées de 1789. En 1931, toujours à Vichy, lors du congrès annuel de la Ligue des droits de l’homme dont j’ai parlé plus haut et dont le thème était la question coloniale, Albert Bayet déclara :

     « La colonisation est légitime quand le peuple qui colonise apporte avec lui un trésor d’idées et de sentiments qui enrichira d’autres peuples (…) la France moderne, héritière du XVIIIe siècle et de la Révolution, représente dans le monde un idéal qui a sa valeur propre et qu’elle peut et doit répandre dans l’univers (…) Le pays qui a proclamé les droits de l’homme (…) qui a fait l’enseignement laïque, le pays qui, devant les nations, est le grand champion de la liberté a (…) la mission de répandre où il peut les idées qui ont fait sa propre grandeur ».

     6) Alors que toute la philosophie qui animait ses membres reposait sur le contrat social, la colonisation républicaine s’ancra sur une sorte de racisme philanthropique établissant une hiérarchie entre les « races » et les civilisations. Au nom de sa supériorité philosophique postulée, la république française avait en effet un devoir, celui d’un aîné devant guider, grâce à la colonisation, ses cadets ultra-marins non encore parvenus à « l’éclairage des Lumières ».

    7) Pour ces hommes de gauche, la conquête coloniale n’était brutale qu’en apparence puisqu’il s’agissait in fine d’une « mission civilisatrice ». D’ailleurs, la république égalisatrice n’avait-t-elle pas fait de même en transformant les Bretons, les Occitans, les Corses et les Basques en Français, c’est-à-dire en porteurs du message émancipateur universaliste ? La gauche républicaine coloniale se devait donc de combattre tous les particularismes et tous les enracinements car il s’agissait d’autant de freins à l’universalisme. Coloniser était donc un devoir révolutionnaire et républicain. D’autant que la colonisation allait permettre de briser les chaînes des peuples tenus en sujétion par les « tyrans » qui les gouvernaient. La colonisation républicaine fut donc d’abord le moyen d’exporter la révolution de 1789 à travers le monde.

       Jusque dans les années 1890, la position de la droite monarchiste, nationaliste et identitaire fut claire : l’expansion coloniale était une chimère détournant les Français de la « ligne bleue des Vosges » et les aventures coloniales étaient donc considérées à la fois comme une trahison et un ralliement aux idées républicaines. Le 11 décembre 1884, devant le Sénat, le duc de Broglie, sénateur monarchiste, déclara ainsi :

     « (…) Les colonies affaiblissent la patrie qui les fonde. Bien loin de la fortifier, elles lui soutirent son sang et ses forces. »

     Cet anticolonialisme de droite fut bien représenté par Paul Déroulède et par Maurice Barrès. Pour Déroulède, le mirage colonial était un piège dangereux tendu par les ennemis de la France. Dans une formule particulièrement parlante, il opposa ainsi la chimère de « la plus grande France », c'est-à-dire l’Empire colonial, qui menaçait de faire oublier aux Français le « relèvement de la vraie France ».

    En dehors des milieux d’affaires « orléanistes » qui, à travers les Loges, avaient adhéré à la pensée de Jules Ferry, la « droite » fut anticoloniale quand la « gauche », à l’exception notable des radicaux de Clemenceau, soutenait massivement l’expansion ultramarine.

     Et pourtant, quelques années plus tard, à quelques très rares exceptions, monarchistes, nationalistes et catholiques se rallièrent à la vision coloniale définie par la gauche républicaine, donc aux principes philosophiques qu’ils combattaient depuis 1789… La fusion fut effective en 1890 quand, par le « toast d’Alger », le cardinal Lavigerie demanda le ralliement des catholiques à la République. La boucle révolutionnaire fut alors bouclée. Les Lumières l’avaient emporté sur la Tradition.

    Par « devoir patriotique », la droite militaire et missionnaire partit alors conquérir les « terres de soleil et de sommeil ». Elle s’y fit tuer avec courage et abnégation, en ne voyant pas que son sang versé permettait la réalisation des idéaux philosophiques de ses ennemis de toujours… Ces derniers demeurèrent quant à eux confortablement en France, attendant de chevaucher ultérieurement les chimères idéologiques de l’anticolonialisme au nom duquel ils dénonceront et combattront férocement et implacablement une droite suiviste devenue coloniale quand eux ne l’étaient plus…

     En parlant de « faute de la République » et non de faute de la France, le président Macron a donc (involontairement ?), mis la gauche républicaine face à ses responsabilités historiques. Car, et nous venons de le voir, ce furent des républicains, des hommes de gauche, des laïcs et des maçons, qui lancèrent la France dans l’entreprise coloniale qui l’épuisa, la ruina et la divisa.

    Leurs héritiers qui dirigent aujourd’hui la France politique, judiciaire, médiatique et « morale » ont curieusement oublié cette filiation. Plus encore, ayant adhéré à une nouvelle idéologie universaliste, celle du « village-terre » et de l’antiracisme, ils font réciter ad nauseam aux Français le credo de l’accueil de « l’autre » afin d’achever de diluer les derniers enracinements dans l’universel. Et ils le font au prétexte de la réparation de la « faute » coloniale commise hier par leurs maîtres à penser …


    [1] Je développe cette idée dans mon livre « Mythes et manipulations de l’histoire africaine »

  • Librairie "Le Chameau malin" : deux nouveaux ouvrages

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    Très bel ouvrage sur la vie sociale à Béziers entre 1850 et la Grande guerre.

    Il concerne tout autant les personnes de la société bitteroise généralement fortunées,

    que les artistes photographes grâce auxquels nous pouvons encore mettre un visage sur un nom,

    souvent prestigieux.


    Cette galerie de portraits permet de recenser les ateliers photographiques

    dont certains comme Reynouls connurent une pérennité de plusieurs décennies.


    On découvrira également avec ravissement les clichés réalisés par Louis Paul, cet artiste

    complet, cheville ouvrière du Béziers 1900, souvent dans le cadre familial ou amical,

    autre aspect de l'art photographique de cette seconde moitié du XIXe siécle.

    Format 16X 24 -papier bouffant - 426 pages

    Prix public 18 €

     

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    L'ouvrage déroule le fil de l'histoire de cette cité industrielle et ouvrière sur près de trois siècles. Tout d'abord depuis sa création, ensuite ses agrandissements sucessifs, lors de périodes fastes où 700 ouvriers s'activent, puis enfin l'industrialisation, la concurrence, les difficultés et la fermeture en 1954.

    Manufacture Royale, Impériale, entreprise familiale et capitaliste, le passé de ce microcosme reste inscrit dans cet ensemble architectural original.

    Format 16 X 24 - papier couché - 375 pages
    Prix public 35 €

     

    Ces deux ouvrages sont disponibles

    à la librairie Le Chameau Malin 9 rue Montmorency 34500 Béziers.

    Vous pouvez également les commander en laissant vos coordonnées à l'adresse 

    lechameaumalin@gmail.com Au prix du livre s'ajouteront les frais de port.

  • "Le procès de Simon de Monfort" - Rétrospective

    Le procès de Simon de Montfort-2.jpgIl y a 10 ans, le 23 juillet 2009, des avocats et magistrats du Tribunal de grande instance de Béziers interprétaient en l'église de la Madeleine, devant une salle comble, une pièce écrite et mise en scène par l'historien biterrois Robert Cavalié, "Le procès de Simon de Monfort", à l'occasion du 800ème anniversaire des événements liés à la Croisade contre les Albigeois.

    Pièce originale qui traitait, non pas du sac de Béziers en 1209, dont on connait un des moments tragiques situé précisément à l'église de la Madeleine, mais des usurpations de terres commises par Simon de Monfort, pour les juristes un procès civil et non pénal.

    Quelques jours auparavant le journal "L'Hérault de l'économie et des affaires" avait demandé à Henri Bec, qui pour l'occasion tenait le rôle du Procureur du Roi, une note sur cette partie de l'histoire de France qui a si profondément marqué notre Midi.

    C'est ce texte que nous reproduisons.

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  • Le 14 juillet 1789 ne fut pas un jour de gloire

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    Il est de bon ton de fêter chaque année, la date du 14 juillet, considérée comme fondatrice de notre République. L’État montre sa puissance en organisant un important défilé militaire, les collectivités locales, même les plus petites, y vont de leurs concerts, bals et autres feux d’artifice pour glorifier l’événement. Il s’agit bien d’un jour de célébration, visant à démontrer la communion des citoyens aux « valeurs de la République ».

    On a peu à peu instillé dans la tête des Français que la fête du 14 juillet célébrait l’anniversaire de la prise de la Bastille le 14 juillet 1789. Il n’en est rien. La commémoration du 14 juillet, qui fut votée par les sénateurs le 6 juillet 1880, n’a pas fait, loin de là, l’unanimité au début des discussions. Beaucoup estimaient qu’elle commémorait un épisode trop violent et sanglant pour symboliser l’Unité de la Nation. La date fut cependant conservée quand il fut expliqué que c’était en réalité la date du 14 juillet 1790 qui était célébrée, c’est-à-dire la fête de la Fédération au cours de laquelle se succédèrent procession militaire, messe célébrée par Talleyrand, serment du Roi à la Constitution et serment de La Fayette au Roi, avec adoption de la nouvelle devise : « La Nation, la Loi, le Roi ». Les organisateurs avaient voulu donner à cette fête le sentiment d’unité nationale après les massacres de l’année précédente. Ces bonnes intentions ne durèrent pas très longtemps…

    Mais revenons à cette date du 14 juillet 1789, prise de la Bastille, symbole déclaré de la fin de « l’absolutisme royal ». Elle est infiniment importante puisqu’elle semble symboliser le commencement de l’installation de la République. La vérité historique est autrement plus sombre.

    Dès le printemps 1789, la terreur commence à se développer un peu partout en France : assassinats incontrôlés, maisons et châteaux pillés ou brûlés, fonctionnaires royaux malmenés, cela dans presque toutes les régions de notre pays. Les États généraux, réunis à Versailles, soufflent sur les braises de la révolution qui a démarré. Le 14 juillet, Camille Desmoulins commence à haranguer les promeneurs du jardin des Tuileries. L’attroupement grossit peu à peu, et lorsque la foule lui semble suffisamment nombreuse, Desmoulins la dirige vers les Invalides pour l’armer, avec des armes volées en masse, jusqu’à la Bastille. La forteresse avait les moyens de résister, mais son gouverneur, fort de la parole des émeutiers accordant la vie sauve à ses défenseurs comme à ses quelques prisonniers, ouvre les portes de la bâtisse : tous les occupants sont sauvagement massacrés, et la tête du malheureux gouverneur promené sur une pique dans un Paris survolté.

    Ce funeste jour de violence marque un tournant décisif dans le processus révolutionnaire. En effet, jusqu’à ce jour, la terreur en était à ses premiers balbutiements, actes d'excités plus ou moins isolés. Le 14 juillet, la violence la plus sauvage prend un tour officiel. Les dirigeants des émeutiers, directement liés aux députés révolutionnaires de Versailles, donnent un signal puissant à la France tout entière : désormais, rien ne va arrêter le processus, long et tragique cortège de violences et de massacres. De grands serviteurs du royaume sont assassinés, à Paris et en province, dès que le massacre de la Bastille est connu et glorifié.

    La mise en place de la Terreur officielle date bien de ce jour, et sera poursuivie par les épouvantables tragédies des années suivantes ; pour aboutir finalement à un Empire autoritaire et guerrier auprès duquel « l’absolutisme royal » apparaît comme un conte sympathique pour enfants sages.

    Commémorer le 14 juillet pose donc question, tant sur le plan historique que sur les plans philosophique et moral. La vérité historique, remplacée désormais par un romantisme insipide et mensonger, impose pour le moins, de relever que cette sombre journée du 14 juillet 1789 ne fut pas un jour de gloire.

    Henri Bec

  • Sant Andiu a retrouvé Saint Aphrodise

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    Une cérémonie était organisée par la confrérie et les Amis de Saint-Aphrodise le jeudi 21 mars dernier pour le retour du tableau.

    C’est de "manière solennelle et significative" que le grand maître de la confrérie Sant-Andiù de la Galinière, Jean Chabrat, et le président des Amis de Saint-Aphrodise, Jacques Nougaret, avaient décidé de célébrer le retour en la basilique, du tableau restauré d’un des saints titulaires, avec Aphrodise et Guiraud, de Béziers. C’est d’ailleurs dans ces murs qu’il a été enterré au Moyen Âge.

    Un laboureur généreux

    Andiù était un laboureur du domaine de La Galinière, route de Murviel. Il possédait ses bœufs et travaillait pour un seigneur. Très généreux, il donnait à boire le vin de son barralet aux passants. Ce petit tonneau était très particulier. Il ne se vidait jamais et son vin était un véritable nectar. Andiù avait bonne réputation dans le voisinage.

    Mais, quelques jaloux sont allés voir le seigneur pour lui rapporter que le laboureur lui volait son vin pour le distribuer aux manants qui passaient.

    Pour le confondre, le noble homme décide de se déguiser en paysan et il va voir Andiù. En arrivant à sa hauteur, il lui demande à boire.

    Son laboureur s’exécute et se joint à lui pour déguster une coupe. Le seigneur s’aperçoit alors que ce n’est pas son vin qui sort de ce Barralet. Il est bien meilleur que le sien, certainement d’origine divine. Les deux hommes boivent de trop et s’endorment. Pendant ce temps, l’histoire dit que ce sont les anges qui font travailler les bœufs. Une image que l’on retrouve d’ailleurs dans le tableau. Au réveil, le propriétaire reconnaît que ses soupçons n’étaient pas fondés et ils deviennent amis.

    Saint-Nazaire ou Saint-Aphrodise

    Arrive le jour du décès d’Andiù. Un conflit éclate entre les chapitres de Saint-Nazaire et de Saint-Aphrodise. Chacun veut récupérer la dépouille du saint homme. Il est alors décidé d’atteler les bœufs, de poser son corps sur la charrette et de voir la direction qu’ils vont prendre. Les bêtes ont choisi d’aller vers Saint-Aphrodise.

    Messe chantée

    Le tableau, à l’origine, était dans la basilique Saint-Aphrodise. Il est daté du XVIIIe siècle de peintre inconnu.

    En 1992, la partie romane de l’édifice a été fermée parce qu’elle nécessitait de gros travaux de mise en sécurité. Quelque temps après, la confrérie a fait déplacer le tableau dans l’église de La Madeleine pour garder le mémorial. Depuis, il a été restauré et a repris son emplacement originel, grâce à la volonté de la confrérie et des Amis de Saint-Aphrodise.

    La cérémonie, était présidée par l’archiprêtre Bernard Boissezon, en présence du père Jean-François Guisset, chapelain de la confrérie. Henri Barthès, président de la Société Archéologique de Béziers tenait les grandes orgues au cours de la messe chantée

    À l'issue Sant Andiù a ouvert son barralet pour déguster les vins de Béziers, accompagnés des fameuses coques.

    Un confrérie créée en 1140

    La confrérie de Sant-Andiù a été créée en 1140. Elle était d’abord consacrée aux laboureurs avant de devenir bachique. Au-dessus de l’autel qui lui est consacré dans la basilique, on retrouve les symboles du travail de la terre avec une houe, une faucille, une charrue, un épi de blé…

    Dissoute pendant la Révolution française, la confrérie a été réactivée en 1968. Des recherches sont en cours pour savoir si ce n’était pas plutôt en 1920. Quoi qu’il en soit, elle est toujours dynamique aujourd’hui et perpétue l’amour du vin de son saint patron.

  • Livre. Notre sélection : Les Guerres d'Afrique de Bernard Lugan

     

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    Alors que nos héros de l’actualité récente reposent en paix, il peut ne pas être inutile de s’interroger sur la tectonique profonde de la région sahélienne, avec laquelle la France partage un peu de son histoire.

    C’est ce que fait Bernard Lugan, avec son érudition coutumière en matière d’histoire africaine, en remontant aux premiers empires de la région, s’attardant sur l’islamisation ou sur les tensions ethniques, livrant ainsi, page après page, toutes les clés de lecture nécessaires à la compréhension de la difficile situation à laquelle les décideurs de l’opération Barkhane – hier Serval – se trouvent aujourd’hui confrontés. Et si c’est la situation malienne qui a déclenché Serval, ce sont bien la complexité et l’interdépendance des pays du « G5 Sahel » qui ont justifié l’avènement de Barkhane, du nom de ce vent désertique qui se joue des frontières et des projets humains – et peut tout balayer dans un caprice du destin.

    Bernard Lugan, familier du monde militaire, n’est guère rancunier envers les chefsLugan1.jpg pusillanimes qui l’ont écarté de Saint-Cyr et de l’École de guerre, parce qu’il y disait la vérité. Il livre, en effet, à ceux qui s’engagent en terre africaine (mais pas seulement) un véritable trésor, le panorama clair et brillant d’une situation dangereuse et inconfortable qui, ici comme en Europe, met en jeu des dynamiques intemporelles, pour qui sait lire au-delà de l’immédiateté.

    Un livre à conseiller sans réserve, pour comprendre ce qui est en jeu, et pourquoi, dans ce désert qui, depuis longtemps déjà, absorbe le sang français dans la solitude des sables.

  • le 5 septembre 1914 : Charles Péguy, écrivain français, meurt au combat, à Villeroy.

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    Né le 7 janvier 1873 à Orléans, Péguy est un écrivain français. Il a aussi écrit sous les noms de Pierre Deloire et Pierre Baudouin. Également essayiste et poète, il est un artiste engagé. D'abord socialiste, anticlérical et dreyfusard, il finit par se convertir et devenir militant catholique, conservateur et royaliste. Lieutenant de réserve, il combat dès le début de la Première Guerre mondiale et meurt au début de la bataille de la Marne, le 5 septembre 1914, alors que sa femme est enceinte. Extrait d'Eve, œuvre écrite en 1913 :

    « Vous nous voyez debout parmi les nations.

    Nous battrons-nous toujours pour la terre charnelle.

    Ne déposerons-nous sur la table éternelle

    Que des cœurs pleins de guerre et de séditions.

     

    Vous nous voyez marcher parmi les nations.

    Nous battrons-nous toujours pour quatre coins de terre.

    Ne mettrons-nous jamais sur la table de guerre

    Que des cœurs pleins de morgue et de rébellions.

        

    Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,

    Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.

    Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.

    Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.

       

    Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,

    Couchés dessus le sol à la face de Dieu.

    Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu,

    Parmi tout l'appareil des grandes funérailles.

       

    Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles.

    Car elles sont le corps de la cité de Dieu.

    Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu,

    Et les pauvres honneurs des maisons paternelles.

       

    Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés

    Dans la première argile et la première terre.

    Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre.

    Heureux les épis murs et les blés moissonnés.

       

    Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés

    Dans la première terre et l'argile plastique.

    Heureux ceux qui sont morts dans une guerre antique.

    Heureux les vases purs, et les rois couronnés.

       

    Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés

    Dans ce premier terreau nourri de leur dépouille,

    Dans ce premier caveau, dans la tourbe et la houille.

    Heureux les grands vaincus, les rois désabusés.

       

    Heureux les grands vainqueurs. Paix aux hommes de guerre.

    Qu'ils soient ensevelis dans un dernier silence.

    Que Dieu mette avec eux dans la juste balance

    Un peu de ce terreau d'ordure et de poussière.

       

    Que Dieu mette avec eux dans le juste plateau

    Ce qu'ils ont tant aimé, quelques grammes de terre.

    Un peu de cette vigne, un peu de ce coteau,

    Un peu de ce ravin sauvage et solitaire.

       

    Mère voici vos fils qui se sont tant battus.

    Qu'ils ne soient pas pesés comme on pèse un esprit.

    Qu'ils soient plutôt jugés comme on juge un proscrit

    Qui rentre en se cachant par des chemins perdus.

       

    Mère voici vos fils et leur immense armée.

    Qu'ils ne soient pas jugés sur leur seule misère.

    Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre

    Qui les a tant perdus et qu'ils ont tant aimée. »

       

    Charles Péguy, Eve (1913)

  • « Non, Monsieur Macron, notre époque n'a rien à voir avec les années 30 »

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    FIGAROVOX/TRIBUNE -

    Dans les propos rapportés par Ouest-France, le Président Macron se lance dans des comparaisons historiques pour le moins problématiques: «je suis frappé par la ressemblance entre le moment que nous vivons et celui de l'entre-deux-guerres». Tout y est: «la lèpre nationaliste», «la souveraineté européenne (sic) bousculée par des puissances extérieures», «la crise économique». Et dans un élan de prophétie, véritable représentation mécaniste de l'Histoire avec son «H» majuscule grandiloquent, Emmanuel Macron nous révèle sa vision: «on voit presque méthodiquement se réarticuler tout ce qui a rythmé la vie de l'Europe de l'après Première Guerre mondiale à la crise de 1929». L'histoire, éternelle répétition du même? Emmanuel Macron, président-historien après le président-philosophe? Les permanences et les continuités de l'histoire ne sont pas des répétitions, Monsieur le Président, et les ruptures ne sont en général comprises et analysées qu'une fois survenues. Non l'histoire n'a pas le hoquet, car l'histoire n'est pas une réalité tangible qui s'opère sous nos yeux comme des bactéries visibles sous la loupe du microscope. L'histoire est modeste, elle n'est qu'une écriture, un récit humain qui se modifie sans cesse, se réécrit au fil du temps qui passe. L'histoire n'est pas un point fixe, établie une fois pour toutes. En revanche, on le sait, elle est fort utile pour servir les idéologies, servir la politique politicienne, pour jouer le «sachant» qui éclaire les ténèbres du présent en se donnant des airs de prophète d'un futur, si possible apocalyptique, sauf à suivre la marche du sauveur.

    Comparer l'Europe de 2018 à celle des années 1930 répond à cette inflation inquiétante de la récupération politicienne de l'histoire nationale et européenne, inflation qui s'accentue depuis bientôt vingt ans à mesure que nous produisons des générations d'amnésiques sortis frais émoulus avec un baccalauréat mais ignorants de leur histoire. Il faut faire un détour par l'histoire scolaire actuelle pour comprendre comment de tels propos peuvent être entendus par l'opinion en dépit de leur non-véracité. En effet, elle alimente les élèves en simplismes manichéens depuis plus de trois décennies, depuis que l'histoire postmoderne (donc postnationale) a mis la main sur l'organisation des programmes officiels. Au lieu de transmettre des connaissances simplifiées qui rendent la complexité du passé intelligible pour des élèves âgés de dix à dix-sept ans, on a réduit l'histoire scolaire à une histoire finaliste. Le passé n'est plus qu'un perpétuel combat entre des gentils et des méchants. Ce simplisme autorise tous les anachronismes. Or la simplification n'est pas le simplisme ; la vulgarisation n'est pas la platitude du binaire. L'histoire scolaire qui avait forgé, pendant près d'un siècle, chez des générations de Français - autochtones ou venus d'ailleurs - le sentiment d'appartenance nationale, aussi appelé patriotisme, s'appuyait certes sur des simplifications historiques non exemptes d'une part de mythes, mais elle ne versait pas dans les simplismes actuels où l'idéologie postmoderne affleure sous chaque thématique, où l'histoire nationale n'est plus qu'une histoire criminelle. La France a une histoire nationale. Les mémoires des groupes composant notre nation qui n'est pas fondée sur l'homogénéité ethno-religieuse, ont toujours existé mais jusqu'aux années 1990 elles n'avaient pas été valorisées au point de supplanter l'histoire nationale. En glorifiant les revendications mémorielles, souvent réinventions du passé, contre l'histoire commune, le projet poursuivi est bien la destruction de l'attachement à la nation, à cet héritage forgé par l'histoire et porté par des mœurs et des coutumes communes.

    Ni de Gaulle, ni Mitterrand n'auraient osé une comparaison aussi manichéenne, simpliste, que celle opérée par Emmanuel Macron. Et pour cause, les deux seuls «vrais» Présidents d'après-guerre avaient une vision, car ils étaient d'abord «enracinés» par une ample culture littéraire et historique - la composition de la bibliothèque de François Mitterrand en est l'illustration frappante - et ensuite parce qu'ils avaient connu l'entre-deux-guerres et la guerre. Cela fait toute la différence. Cela explique leur hauteur de vue, eux qui étaient passés par cette épreuve de la guerre, qu'ils connaissaient la complexité de cet avant-guerre, qu'ils ne réduisaient pas cette période à des caricatures binaires. L'un comme l'autre ont vu monter les périls, ils ont eux-mêmes fait des choix politiques qui ne suivaient pas toujours la ligne droite que les politiques actuels ont réinventée pour trier dans cette époque troublée les bons des méchants, pour juger les hommes du passé au regard du confort dans lequel est plongée notre Europe pacifiée, abrutie par la société de consommation.

    Personne ne viendrait nier que Staline, Hitler et Mussolini étaient des dirigeants néfastes pour leurs peuples et pour la paix du monde, que les idéologies portées par les deux premiers en particulier ont conduit à des ravages d'une ampleur inédite en Europe et au-delà et que nous sommes encore héritiers des ravages moraux qu'ils ont constitués pour l'humanité. Néanmoins oser les comparer à Orban, Salvini et pourquoi pas Morawiecki en Pologne et Kurz en Autriche, est non seulement une absurdité historique, mais une opération politique profondément anti-européenne qui attise les colères. Anti-européenne car celui qui aggrave les tensions entre partenaires européens en insultant les peuples qui ont élu les dirigeants précités, c'est le président français. Cette montée en tension n'est pas imputable au seul Emmanuel Macron, elle est à l'œuvre depuis que les progressistes autoproclamés ont décidé que l'Europe se ferait contre les peuples, c'est-à-dire depuis le non au référendum sur la Constitution européenne en 2005 qui ne fut pas respecté. Le mépris du «non», pourtant majoritaire, par les présidents Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron est fondamental pour comprendre la défiance des Français à qui on dénie toute forme d'intelligence politique quand ils ne votent pas comme on le leur prescrit. Cette atteinte profonde au contrat civique fondateur de la démocratie n'est pas le fait des partis «lépreux» que je sache.

    Plus grave, l'énormité historique suivante: l'Europe de l'entre-deux-guerres n'est évidemment pas lisible en termes politiques comme l'Union européenne des 28. Elle était composée d'États-nations souverains qui n'obéissaient pas à une entité supranationale comme c'est notre cas. En outre, aujourd'hui, l'hégémonie mondiale de l'idéologie capitaliste ultralibérale est telle qu'aucun modèle n'émerge pour s'opposer sérieusement à elle, alors que dans l'Europe d'entre-deux-guerres, des idéologies concurrentes puissantes avaient pris forme parmi les peuples (communisme, fascisme, nazisme) et se sont cristallisées politiquement dans trois pays, la Russie, l'Italie puis l'Allemagne. Autre différence et non des moindres s'agissant de menaces pour la paix : l'URSS et le IIIe Reich avaient des ambitions d'expansion territoriale, sinon d'hégémonie planétaire, et il s'agissait de nations hyper militarisées. En quoi les «lépreux» Orban et Salvini - pour ne retenir qu'eux - ont-ils une quelconque ambition belliqueuse de cette nature ? Ils souhaitent simplement se concentrer sur leurs intérêts strictement nationaux, protéger leurs frontières de flux migratoires incontrôlés par l'Europe de Schengen, refuser la société multiculturelle dont ils observent les échecs en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Belgique. C'est un choix de souveraineté politique, leurs citoyens les ont élus pour cette politique et peuvent se dédire aux prochaines élections puisque ni Orban ni Salvini pour l'heure n'ont remplacé la démocratie par l'autocratie.

    Autre aspect de cet absurde raccourci comparatif: dans les trois cas, URSS, Italie fasciste, Allemagne nazie, la prise du pouvoir n'a rien eu de démocratique à la différence des gouvernements italiens, autrichiens ou hongrois vilipendés par Emmanuel Macron. La Russie est devenue l'URSS à la suite de la révolution bolchévique qui fut pour le moins un coup de force, venue d'une minorité politique extrémiste, favorisé par le contexte tragique des défaites militaires russes, la Russie de Nicolas II étant membre de la Triple entente. Staline prit le pouvoir après la mort de Lénine en 1924 après avoir éliminé tous ses concurrents, tout aussi violents politiquement et antidémocrates que lui, mais probablement moins malades mentalement que le Petit père des peuples. Mussolini accéda au pouvoir après une forme d'itinérance au demeurant ratée, la marche sur Rome d'octobre 1922. Cette démonstration de force maquillée a posteriori par le Duce en coup d'État, aura suffi à vaincre une démocratie italienne sans boussole, minée par les conflits internes, qui s'effondrera d'elle-même laissant Mussolini instaurer sa dictature fasciste, qui servira en partie de modèle à Hitler.

    Ce dernier n'a pas été élu démocratiquement, contrairement à la doxa qui sert le discours sentencieux actuel envers les citoyens-électeurs, à grand renfort de «retour des heures sombres» et d'entrisme par les Forces du Mal au sein de notre vertueuse machine démocratique. En effet, dans l'Allemagne de la jeune République de Weimar, née de l'effondrement du Reich en 1918, l'assemblée était élue à la proportionnelle intégrale et jusqu'aux élections de 1932 le NSDAP, le Parti des Travailleurs allemands Socialiste et National, ne dépasse pas les 20 %. Hitler échoue également à l'élection présidentielle de 1932 qui voit la réélection d'Hindenburg. Cette campagne aidera en effet le NSDAP à engranger des voix aux législatives suivantes puisque le parti dépasse les 30 % des suffrages, pour autant il n'est pas majoritaire. La majorité était composée par une coalition de centre-gauche qui n'échappa pas aux luttes intestines largement alimentées par la gauche (SPD et KPD), et empêchera la nomination d'un gouvernement d'union nationale qui aurait peut-être pu réduire la puissance montante du NSDAP. C'est l'incapacité des forces politiques démocratiques (cet adjectif est-il seulement admissible pour le KPD…) à s'entendre pour gouverner ensemble qui explique aussi qu'Hindenburg dût se résoudre à nommer Hitler. Il était après tout le chef du parti qui avait obtenu, seul, 33 % des voix aux législatives, mais les démocrates, en se coalisant durablement, pouvaient faire obstacle à sa nomination au poste de Chancelier. C'est leur faiblesse qui fit sa force, et non pas un imaginaire raz-de-marée électoral laissant penser que le peuple allemand aspirait unanimement à suivre Hitler dans les années 1930.

    Quant à réduire la montée des totalitarismes dans l'entre-deux-guerres à une conséquence de la crise de 1929 comme le laisse croire le président Macron, c'est encore ne voir l'histoire par le petit bout de la lorgnette. Ce genre de raccourci ne sert à faire comprendre ni le passé, ni le présent, il sert à manipuler l'opinion pour une politique à venir décidée sans le consulter. La crise de 1929 a montré pour la première fois à l'échelle mondiale, où conduisaient le capitalisme financier et sa spéculation sans limite, les prises de bénéfices indignes des gros opérateurs financiers en plein cœur d'une crise sans précédent, son culte de l'argent-roi et déjà l'économie ouverte à tous les vents mauvais. La critique de ce capitalisme amoral, contraire aux intérêts des peuples souverains, destructeur de la nature, asservi aux machines et transformant l'homme lui-même en machine, fut étouffée pendant des décennies par les délires des théoriciens de la lutte prolétarienne. Ils ne firent qu'alimenter la puissance capitaliste qui conduira à la multiplication des crises économiques jusqu'à celle de 2008 dont aucun dirigeant n'a réellement tiré la moindre analyse qui se transformerait en action politique. Au contraire, comme dans une course vers l'abyme on alimente plus que jamais la destruction de tout ce que l'humanité a forgé en plus de cinq mille ans d'histoire. L'homme atomisé machine à consommer est le produit de cette crise, on l'endort en lui promettant comme seul horizon de bonheur «plus de pouvoir d'achat». Emmanuel Macron est l'homme de ce système: la société ouverte, inclusive, du village global, des flux sans contrôle de marchandises et des hommes - catégories bientôt synonymes. Et pourtant il ose accuser dans ces propos les «grands intérêts financiers qui dépassent parfois la place des États». On peut être stupéfait quand cela est dit par le fondé de pouvoir de la Commission de Bruxelles! Mais c'est habile pour convaincre une opinion publique rendue amnésique qu'on la protège des petits Hitler à nos portes, elle qu'on a rendue aveugle aux conséquences de l'irréparable. Cet irréparable est né quand l'économie industrielle au XIXe siècle prit le pas sur la politique au nom du Progrès, quand le capitalisme financier décréta la mise à mort des nations européennes seules capables de circonscrire sa dangerosité tant pour l'humanité que les écosystèmes. Cet irréparable est né quand des experts-comptables au service d'une oligarchie financière mondiale prirent la place des hommes d'État soucieux de défendre les intérêts de leur nation et de protéger leurs citoyens, tous leurs citoyens.

    Barbara Lefebvre, enseignante et essayiste, est l'auteur de Génération j'ai le droit, (éd. Albin Michel 2018).

  • Zemour à Béziers le 5 novembre : une excellente analyse du blog "Lafautearousseau"

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    Charles Mauras et Stephen Miller, l'Américain

     

    On a beau avoir voulu étouffer la pensée de Maurras sous des reproches d'infamie, avoir cru s'en être débarrassés en le réputant coupable d'une vilaine affaire de trahison à quoi personne n'a pu croire, sa pensée, comme une source dont on voudrait arrêter de force le jaillissement, ne cesse de se répandre, d'exercer, comme jadis, son influence sur les esprits les plus lucides, les mieux informés, les plus agiles et, finalement  les plus influents du moment parmi ceux qui refusent la perspective d'un dépérissement français définitif.   

    Il arrive même que l'impact des idées maurrassiennes atteigne les plus hautes sphères de l'appareil d'État, le sommet des rouages de la République, comme cela fut le cas sous la présidence de Nicolas Sarkozy, lorsque Patrick buisson fut son principal conseiller, en tout cas le plus écouté. En vain, mais la filiation maurrassienne de Patrick Buisson, pour qui l'a lu et a lu Maurras, est des plus évidentes. On sait que même Outre-Atlantique, de grands lecteurs de Maurras, Steeve Banon, Steffen Miller, ont entouré le président Trump, écrit ses discours ...

    Ce n'est pas un hasard si ces penseurs ou ces praticiens de la chose politique prennent les doctrines de Maurras pour l'une de leurs références. Ces gens-là ne sont pas issus des vieilles fidélités maurrassiennes qui, de toute façon, ont déjà quitté ou sont en train de quitter la scène du monde. C'est parce que ces doctrines sont une des clefs de lecture du monde actuel tel qu'il est réellement et non pas fantasmé. L'une des plus fécondes, des plus efficaces pour comprendre nombre de situations et de phénomènes contemporains.

    Zemour-Buisson-Villiers.jpgDe sorte que se reconnaître héritiers de la pensée de Maurras, comme nous-mêmes, ce n'est pas se raccrocher au passé, à une pensée d'un temps stupidement dit révolu, c'est parler de l'actualité. Et dans l'actualité.

    Les trois auteurs de livres politiques de très loin les plus lus, ceux qui font les plus grands tirages, les succès les plus spectaculaires, sont aujourd'hui Philippe de Villiers, Patrick Buisson et Éric Zemmour. Tous trois - quoique très différemment - pétris de culture et d'influences maurrassiennes et bainvilliennes. A en faire frémir d'horreur Raphaël Glucksmann et susciter ses larmes faciles. Lacrimae rerum .. ?

    Éric Zemmour, dans ses textes aussi bien que dans les innombrables débats auxquels il est invité parce qu'il est gage d'audience, ne cesse de se référer à l'Action française, au grand Bainville, à Maurras, reprenant ses analyses, ses expressions, implicitement ou explicitement. Il a même le courage de le défendre jusque dans ses aspects les plus contestés. Courage intellectuel et compétence historique qui manquent à beaucoup et jusque dans les rangs de l'Action française stricto sensu.

    Dans Destin français,  cette présence « Action Française » a aussi ému Laurent Joffrin qui s'est offert le luxe (il est né dedans, dit-on) de publier dans Libération, le 16 octobre, un article intitulé Charles Zemmour et Eric Maurras, reprenant ainsi une formule qu'il doit trouver spirituelle puisqu'il l'avait déjà utilisée en février de cette année. De cet article, la dernière phrase dit tout : « le livre s'appelle Destin français. Il y avait un meilleur titre : Action française. » Une obsession, décidément. Mais oui, pourtant, action française c'est très bien.  

    En somme, si nous parlions moins ou pas du tout de Maurras, comme on nous y invite parfois, nous finirions par être les seuls ... Qu'y gagerions-Livres Zemour.jpgnous ? Ni la bienveillance de nos adversaires, ni celle des médias, ni la considération de quiconque. Pas même la nôtre propre.

    Ignorer Maurras, ce pourrait être, après tout, une tactique. On aura compris que ce n'est pas celle que nous retenons.  

  • « Charles Zemmour - Eric Maurras » et ... Laurent Joffrin. Y a pas photo !

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    Entre Maurras et Joffrin, la différence est entre

    un maître de la pensée et un comique-troupier

    Libération étant plutôt en perdition - à vendre au premier milliardaire de passage - on est plus habitué à voir Laurent Joffrin sur les plateaux de télévision qu'à le lire dans son journal. Il y donne toujours l'impression de se payer la tête de son voisin, prend l'air supérieur, goguenard, dispensateur de leçons, définisseur du Bien et du Mal, distribue les bons et les mauvais points avec une autorité détachée des choses mineures et parle la langue de bois universelle des bobos friqués de la gauche fraternelle.  

    Nous ne commenterons pas cet article, archétype de polémique langagière et de mauvaise foi. Il faut le lire pour se faire une idée de la chose. Le lecteur appréciera, rectifiera !

    Lafautearousseau

     

    Charles Zemmour et Eric Maurras

     

    Le livre du polémiste favori de l’extrême droite se présente comme une contre-histoire. Il ressuscite en fait un récit nationaliste et autoritaire, remplaçant la haine des Juifs par la dénonciation de l’islam. 

    Cette fois la pensée de droite a franchi la ligne rouge. On le pressentait depuis que l’obsession de l’identité - que certains, hélas, encouragent à l’extrême gauche - a conduit au procès oblique de « l’idéologie des droits humains ». Avec Zemmour c’est chose faite. Son Destin Français, dernier opus du publiciste favori de l’extrême-droite, ne livre qu’un seul message : les libertés publiques sont désormais un obstacle au salut de la nation. Une phrase résume le livre (p. 191) : « Ignorant les leçons du passé et oubliant les vertus de son histoire, la France saborde son État au nom des droits de l’homme et l’unité de son peuple au nom de l’universalisme. » La liberté : voilà l’ennemie.

    Après une introduction personnelle, plutôt bien troussée, Zemmour livre un essai chronologique, de Clovis à nos jours. Le livre se présente comme une contre-histoire qui dégonfle les mythes officiels - ce qui se conçoit. Il déterre en fait l’histoire monarchiste nationaliste telle qu’elle fut diffusée par Maurras, Bainville et quelques autres entre les deux guerres. Une histoire cursive, soigneusement écrite, mais une histoire à œillères, outrageusement partisane.

    Pour Zemmour, l’histoire de France commence avec Clovis. Choix significatif. Bien sûr, le roi franc a étendu par la guerre son petit fief de Belgique à un territoire qui évoque l’actuel hexagone, il a choisi Paris pour capitale et, surtout, il s’est converti au christianisme. Pour le reste, le choix est arbitraire : Clovis n’a rien de français (il s’appelle Chlodowig et parle une langue à consonance germanique) et n’a aucunement l’idée d’un pays qui pourrait s’appeler la France. A sa mort, son royaume se désunit et il faut attendre deux siècles pour que Charles Martel reconstitue une entité hexagonale, elle-même englobée dans l’empire de Charlemagne - Karl der Grosse pour les Allemands, qui le revendiquent tout autant - puis de nouveau divisée après le traité de Verdun de 843. A vrai dire, les historiens s’accordent pour dater de Bouvines, ou de la guerre de Cent Ans, l’apparition d’un royaume qui annonce la future France, avec un début de sentiment patriotique. Le choix de Clovis n’a qu’une seule origine : la volonté de célébrer « les racines chrétiennes » du pays.

    « Pour moi, l'histoire de France commence avec Clovis choisi comme roi de France par la tribu des Francs qui donnèrent leur nom à la France...» 

    Charles de Gaulle, 1965

    Tout est à l’avenant : on met en scène un peuple catholique par nature patriote, opposé à des élites cosmopolites. Jeanne d’Arc mobilise le camp armagnac, plus conservateur, contre les Bourguignons alliés aux Anglais, pourtant tout aussi « français » que leurs adversaires. Louis XIII et Richelieu ont cent fois raison de réprimer les protestants, accusés de séparatisme ; Catherine de Médicis tente la réconciliation pendant les guerres de religion, mais bascule du côté des catholiques avec la Saint-Barthélémy que Zemmour justifie à mots couverts pour approuver ensuite l’instauration de l’absolutisme - éloge ému de Bossuet -, régime régressif qui a pour seul mérite d’unifier la future nation. Louis XIV, autre héros zemmourien, expulse les protestants, œuvre pie. Il a pourtant ruiné son peuple et mené des guerres incessantes et vaines. Pas un mot sur le Code noir et l’essor de l’esclavage organisé par Colbert au nom du Roi-Soleil.

    Louis XIV, des guerres incessantes et vaines ?

    Relire Louis Bertrand ! Et tous les historiens honnêtes … Le Roussillon, l’Artois, la Franche-Comté, l’Alsace … et surtout un prince français sur le trône d’Espagne. Louis XIV a reconnu avoir trop aimé la guerre mais les guerres qu'il a menées n'ont pas été « vaines » ...

    Les Lumières inoculent à la vieille France l’illusion universaliste qui corrompt l’identité française. Le chapitre sur Voltaire (qui avait certes des défauts) n’est qu’une démolition systématique ressuscitant le vieux réquisitoire réactionnaire contre le philosophe et son « hideux sourire ». Robespierre bénéficie d’un éloge paradoxal pour avoir incarné une République impérieuse et nationale. Sans craindre la contradiction, Zemmour porte aux nues l’insurrection vendéenne (classique de la littérature monarchiste) alors qu’elle fut massacrée sans retenue sous l’égide du même Robespierre. Bonaparte est célébré pour avoir mis fin à la Révolution et étendu sur l’Europe une tyrannie dont Zemmour passe sous silence les tares les plus évidentes. Les Anglais puis les Américains sont fustigés comme agents de la mondialisation sans âme. Le Front populaire disparaît, comme sont effacées du récit les conquêtes du mouvement ouvrier. Pétain est réévalué (réhabilité ?) parce qu’il a opposé aux Allemands son « bouclier » complémentaire du « glaive » de la France libre, vieille thèse maréchaliste qui revient à jeter aux orties le travail des historiens contemporains. La théorie du « bouclier » s’effondre d’elle-même quand on remarque que Pétain a poursuivi la collaboration jusqu’au bout pour finir à Sigmaringen après avoir prêté la main à la déportation des Juifs. Drôle de bouclier…

    Pétain a été emmené de force par les Allemands à Sigmaringen. Il y était prisonnier ...

    Bref, Zemmour ressuscite la vieille histoire maurrassienne, autoritaire, traditionaliste et antisémite, se contentant de remplacer la haine des Juifs par la dénonciation de l’islam. Le livre s’appelle Destin français. Il y avait un meilleur titre : « Action française ».   

  • Espagne. Franco à la cathédrale de Madrid ? Le gouvernement socialiste se fait battre à son propre jeu

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    Valle de los caidos

     

    Madrid (Lengadoc-info.com) – Le gouvernement de Pedro Sanchez voulait en faire l’acte politique fort de son fragile mandat, l’affaire de la dépouille de Franco est, pourtant, en train de virer au cauchemar pour les socialistes espagnols.

    Les socialistes s’attaquent à la dépouille de Franco

    Le 24 août dernier, le gouvernement espagnol a pris un décret établissant que le corps du général Franco, reposant actuellement au Valle de los Caidos, mausolée monumental dédié aux combattants de la guerre civile (1936-1939), devait être exhumé et déplacé dans un autre lieu avant la fin de l’année 2018.

    Avec ce décret, le gouvernement de Pedro Sanchez voulait ainsi que la dépouille du Caudillo soit enterrée dans un lieu plus discret et non plus dans un mausolée construit durant la période du franquisme et qui célébrait la mémoire des combattants des deux camps mais également la mémoire de Franco lui-même.

    Déplacer ainsi le corps de Franco est un geste politique symbolique qui doit permettre à Pedro Sanchez de s’assurer la sympathie de l’ensemble des forces de gauche alors que son gouvernement semble aujourd’hui particulièrement fragile.

    Le retour de Franco à Madrid… grâce aux socialistes

    Mais le projet du gouvernement ne semble pas se passer comme il l’aurait souhaité. Si la famille du Caudillo a bien accepté que son corps soit enlevé du Valle de los Caidos, celui-ci ne devrait pas pour autant reposer dans un cimetière discret mais en plein cœur de Madrid, dans la cathédrale de l’Almudena.

    En effet, la famille du généralissime dispose d’une concession au sein de la cathédrale de la capitale espagnole depuis 1987, d’ailleurs la fille de Franco y repose déjà.

    Une décision qui horrifie les membres du gouvernement qui depuis s’agitent dans tous les sens pour tenter d’empêcher cela, sans succès. Après avoir appelé la famille de Franco à être « raisonnable », les socialistes se tournent désormais vers l’Église pour qu’elle intervienne.

    La situation est telle que certains socialistes préfèreraient que le corps de Franco reste au Valle de los Caidos plutôt qu’il repose au cœur du quartier touristique de Madrid. 

    Photos : DR

    Lengadoc-info.com, 2018

  • Maurice Audin : un communiqué de Civitas

     

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     C’est avec une certaine indignation, que l’on a appris que le président Macron avait visité la veuve du mathématicien Maurice Audin pour lui confirmer que son mari avait été tué par l’armée à l’époque de la guerre d’Algérie, ce que l’on pensait d’ailleurs savoir. S’il s’agissait d’une mise au point historique, il aurait suffi d’un communiqué émanant d’un service. En revanche cette visite présidentielle en forme de repentance est scandaleuse : ledit Audin était en effet membre du Parti communiste algérien. Non content d’adhérer au parti de la trahison, il avait besoin de s’associer à un clone de celui-ci issu de la rébellion à laquelle son pays faisait alors face au prix du sang de nombre de ses enfants ! En bon français cela s’appelle une trahison. L’on peut regretter qu’Audin ait été mis à mort d’une manière irrégulière. Cependant le préjudice n’est pas grand : un beau procès avec hermines, plaidoiries et réquisitoire aurait dû, dans un Etat normalement constitué, aboutir devant un peloton d’exécution. La démarche présidentielle est donc une célébration de la trahison et une injure pour la glorieuse armée d’Algérie, victorieuse mais trahie. Il est vrai que le même président Macron, ce progressiste revendiqué, s’était déjà illustré dans l’inversion des valeurs en panthéonisant la reine des faiseuses d’anges…

         L’on peut aussi faire une analogie avec le président Nicolas Sarkozy qui, pour proposer un modèle à la jeunesse, n’avait rien trouvé de mieux que Guy Moquet, un autre communiste. Sous l’occupation allemande celui-ci, fils de député Front Popu, avait été arrêté par la police française pour propagande communiste. Emprisonné alors que l’Allemagne nazie et l’URSS s’entendaient comme larrons en foire, Guy Moquet a fait les frais de la rupture entre les deux monstres totalitaires. L’on peut lui accorder quelques circonstances atténuantes du fait que son engagement était dû à l’éducation et à l’exemple déplorables donnés par un père communiste, et qu’il n’a pas eu de chance. C’est peut-être une victime (comme il y en a eu, hélas, un grand nombre) mais certes pas un héros national. Et, aux plans littéraires, philosophique et patriotique, sa lettre n’a pas grande valeur…

         Ces présidents trouvés, nourris de technocratie et de pensée cosmopolite, sont largement étrangers aux traditions nationales, ce qui les amène à proposer en modèles de fausses valeurs, et à s’appuyer sur elles pour monter des coups politiques. Il convient de s’y opposer en rappelant qu’être communiste est toujours un dérèglement criminel, et que l’idéologie responsable de millions de morts ne saurait être considérée comme une généreuse erreur de jeunesse. Ces présidents qui se veulent comme des illustrations vivantes de la raison moderne se montrent comme des fourriers de la déraison la plus barbare. La démagogie et l’ignorance, à défaut d’être des excuses, sont des explications. Cependant aucun redressement national ne pourra venir de ces héroïsmes frelatés. Seul le mépris peut répondre à ce dévoiement de la mémoire nationale, qui opposera toujours à ces nains politiques et à leurs idoles ses gloires authentiques, de Jeanne d’Arc à Philippe Pétain en passant par Louis XIV.

    François Marceron

    NB : L’on espère, sans trop y croire, que la prochaine municipalité parisienne, rompant avec l’esprit révolutionnaire de l’actuelle équipe rose-rouge-vert, arrachera la scandaleuse plaque de rue attribuée à Maurice Audin (et quelques autres...)

  • Maurice Audin trahissait sa patrie, ses concitoyens et l’armée française

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    Voici le texte de la lettre écrite par le général Bruno Dary, ancien Gouverneur militaire de Paris, au nom du Comité National d’Entente (CNE) qui regroupe une quarantaine d’associations d’anciens combattants et adressée au président de la république à propos de l’affaire Audin :

     

    « Monsieur le président de la République,

    Le Comité National d’Entente (CNE), que je préside et qui représente plus de 40 associations patriotiques, d’anciens combattants et de victimes de guerre, soit environ 1.500.000 personnes, a suivi l’hommage que vous avez tenu à rendre à Madame Josette Audin et indirectement à son mari, Maurice. Ce rappel historique, plus de 60 ans après la mort tragique de Maurice Audin, a surpris les membres de nos associations, qu’ils soient, ou non, d’anciens de la Guerre d’Algérie ! Mais une fois passé le moment d’étonnement pour les uns, de doute pour d’autres, voire de colère pour certains, et sans occulter la réalité des faits, il faut reconnaître que votre déplacement a soulevé plus d’interrogations qu’il n’a apporté d’apaisements !

    Faut-il que le Président de tous les Français évoque la Guerre d’Algérie, à travers un cas, à la fois particulier, sombre et sorti de son contexte, dans une guerre dont les plaies ne sont pas encore refermées au sein des communautés française et algérienne ?

    Parmi toutes les missions ordonnées par le pouvoir politique à l’armée française pendant sept années en raison de l’incapacité des forces de sécurité à faire face au déferlement d’attentats aveugles, faut-il donner l’impression de ne retenir que la plus sombre ?

    Faut-il laisser entendre par cette démarche que Maurice Audin, parce qu’il a été une victime, devienne un héros, oubliant ainsi qu’il trahissait sa patrie, ses concitoyens et l’armée française ?

    Faut-il occulter que la bataille d’Alger, même si elle eut des heures sombres, a éradiqué le terrorisme qui frappait quotidiennement la population algéroise, permettant ainsi de sauver des centaines d’innocents, de femmes et d’enfants ?

    Et s’il faut reconnaître la honte laissée par la torture de Maurice Audin, faut-il oublier les centaines de Français, civils et militaires, victimes du terrorisme, kidnappés, torturés et assassinés et jamais retrouvés ? Faut-il espérer qu’eux aussi figurent dans le futur Musée Mémorial du Terrorisme ?

    Si cette démarche consistait à reconnaître les fautes de la France dans ce conflit, faut-il alors passer sous silence le désarmement de milliers de Harkis, leur abandon sur ordre du gouvernement et enfin leur massacre par le FLN ?

    Faut-il encore revenir sur la Guerre d’Algérie, qui reste une blessure vive dans la mémoire de l’Armée française, avec ses quelque 25.000 soldats morts pour une cause trahie, cette guerre perdue malgré une bataille gagnée, ses Harkis abandonnés en dépit des promesses faites, et la déchirure du putsch ?

    Faut-il entreprendre un travail historique uniquement sur les disparus de la guerre d’Algérie, et oublier l’action humaine, sociale, sanitaire, éducative de la France dans ce pays ? Et faut-il engager un nouveau travail de recherche, en faisant appel aux Français et, en raison de sa nature, à la limite de la délation ?

    Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération et de toute notre fidélité.

    Le général d’armée (2s) Bruno DARY »

  • Jean Piat : une occasion manquée de célébrer le talent

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    Décidément, nos dirigeants perdent toute raison. Et cette déraison ne manque pas, comme le sectarisme ambiant nous y habitue, d’être sélective. C’est l’émotion, le trouble, le choc, le désordre des sentiments, en un mot le romantisme, qui remplacent désormais la simple réflexion.

    La disparition d’un auteur connu et apprécié, d’un artiste célèbre et prisé, mettent la presse en émoi, qui, justement ce jour-là n’a rien d’autre à se mettre sous la caméra. Personne ne voulant être en reste, craignant de ne pas en « faire assez », chacun en rajoute d’heure en heure. C’est ainsi que cette effervescence non maîtrisée nous amène dans la cour des Invalides. Elle appelle deux observations :

    - Pourquoi ce lieu, qui ne devrait être réservé qu’à nos gloires militaires (il était tout à fait adapté à la remise de la Grand-Croix de la Légion d’honneur à Hélie Denoix de Saint Marc) deviendrait-il celui où il faut maintenant célébrer le talent artistique ? L’Académie française eut été plus appropriée pour saluer Jean d’Ormesson, Paris ne manque pas de lieux de spectacle prestigieux pour rendre hommage à nos artistes.

    Mais la cour des Invalides, avec un détachement des 3 armes, spahis, marins et aviateurs, le drapeau de la Garde républicaine et les plus hautes autorités de l’État et de l’armée française pour un chanteur, si talentueux soit-il, NON ! Pensons à nos soldats tombés par milliers sur les champs de bataille – alors que nous commémorons cette année la fin de la plus terrible des guerres – et à ceux qui, tous les jours risquent leur vie sur les différents théâtres d’opération, et pour lesquels nos responsables politiques marquent si peu d’égards. Qu’avait à voir Charles Aznavour avec le monde des armées ? Cette cérémonie n’était rien d’autre qu’inconvenante.

    - En outre, pourquoi lui et pas les autres ? Pourquoi pas Johnny Halliday qui avait peut-être une aura supérieure auprès du public, et après … qui ? Était-ce pour permettre au Président de tenter une remontée de sa côte défaillante ou mettre en exergue une immigration réussie ?

    D’autant que l’on ne peut que déplorer l’absence d’intérêt porté à la disparition récente d’artistes de très grands talents, comme Jean Piat qui a honoré sur les plus prestigieuses scènes françaises et internationales les grands textes de notre répertoire. C’eut été un hommage rendu au meilleur de notre civilisation et de notre culture, qu’il est vrai notre président se targue d'ignorer. Une cérémonie sur la place de la Comédie française n’aurait pas manqué de panache. A moins que le déploiement de tout ce faste soit interdit à ceux qui dérogent au politiquement correct ! Nous y reviendrons.

    Nous publions pour aujourd'hui une analyse d'un des chefs d’œuvre de la production cinématographique qui doit beaucoup au talent flamboyant de Jean Piat.

    Henri Bec

     

    Par Pierre Builly

    Les rois maudits de Claude Barma (1972) 

     

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    Somptueux 

     

    Plus de 1500 pages dans l'édition Omnibus ; plus de dix heures de télévision découpées en six épisodes diffusés entre décembre 1972 et janvier 1973. Du lourd, du solide, de l'abondant. Je ne connais pourtant personne qui ayant commencé à tourner les pages du Roi de fer, premier volume de la série, se soit arrêté en route ; et je ne crois pas que beaucoup de téléspectateurs qui, aux temps anciens où la petite lucarne avait des ambitions, aient décroché de l'histoire fastueuse adaptée du roman de Maurice Druon (photo) par Marcel Jullian, mise en images par Claude Barma. 

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    C'est touffu, pourtant, et c'est dense, et c'est ancien. Même en 1972, où l'on était considérablement moins ignare qu'aujourd'hui, ces histoires qui se passent au début du tragique 14ème siècle paraissaient bien anciennes. La succession de Philippe IV le Bel, les intrigues de cour, les querelles de succession, les destinées des États, tout cela pouvait paraître bien singulier et lointain. À l’inverse, il est vrai que la malédiction des Templiers, les orgies de la Tour de Nesle, l'homosexualité du roi Édouard II d'Angleterre donnaient une touche assez excitante à cette période de l'Histoire de France. 

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    N'empêche que ça a dû être drôlement difficile de condenser une myriade d'aventures, dont quelques unes sont inventées ou reprennent des légendes mystificatrices et un exposé très honnête et très intelligent des grands enjeux et des grandes orientations qui ont conduit à la Guerre de Cent ans mais surtout, et au delà, à présenter la constitution de l'État moderne. 

    Le parti a été pris, à juste titre, de ne pas dépenser de sous dans des séquences de foule ou de bataille et de concentrer les moyens, importants mais nullement démesurés, sur la richesse de l'interprétation. Dès lors, les scènes sont stylisées, épurées, dénudées, les décors ne sont qu'un simple fond et les personnages s'adressent aux spectateurs ou alors une voix off (celle de Jean Desailly) intervient dès qu'il s'agit d'expliquer un point un peu complexe ou de resituer l'action dans le contexte. 

    Cette apparente théâtralisation donne, en fait, beaucoup de rythme à la série : elle permet les ellipses narratives, va au plus juste et au plus concis de l'intrigue, montre les caractères dans leur nudité. Et, pour autant, elle ne cache rien des replis de ces récits de bruit et de fureur, assassinats, empoisonnements, étranglements, jeux tragiques du pouvoir et de la trahison. 

    Philippe le Bel, à qui  Georges Marchal prête sa parfaite stature, est un des plus grands Rois de notre France, qui en compta beaucoup. Si l'esprit national est sans doute né avec son arrière-arrière grand père Philippe Auguste et la victoire de Bouvines en 1214, c'est sous son règne que se sont établies les fondations de l'État moderne et que, avec l'aide des grands serviteurs de la Couronne, Nogaret, Marigny, Châtillon, les féodalités ont commencé à être pliées et soumises. Tout cela n'est naturellement pas allé sans une certaine vigueur dans l'action. Et puis ces temps étaient rudes... 

    Une figure superbe et catastrophique domine Les rois maudits : celle de Jean Piat, immense acteur de théâtre (photo en tête) qui s'incorpore le rôle de Robert d'Artois jouisseur, buveur, ripailleur, coureur de jupons et d'aventures dont, pour notre plus grand malheur les tentatives pour récupérer la province d'Artois, dont il a été frustré, conduiront à la Guerre entre France et Angleterre. Mais toute la distribution, qui s’appuie sur de fortes personnalités issues de la Comédie française est remarquable. 

    En premier lieu Louis Seigner (photo 1), papelard, subtil, redoutable banquierSeigner Louis.jpg siennois, Geneviève Casile (photo 2), glacialement Casile Geneviève.jpgbelle reine Isabelle délaissée par son mari sodomite et devenue la cruauté même, Hélène Duc, hautaine Mahaut (photo 3), tante et ennemie jurée de son neveu Robert. Et quelques autres, qui ne sont pas des moindres : Catherine Rouvel, sataniste empoisonneuse, Muriel Baptiste, la reine débauchée de la tour de Nesle, Henri Virlojeux, subtil pape Jean XXII... Duc Hélène.jpg

    La télévision française d'aujourd'hui donne à voir des adaptations, peut-être de qualité, de l'histoire des Borgia ou des Tudor, amples elles aussi de crimes, de sang et de sexe. Qu'est-ce qui l'empêcherait de montrer aux spectateurs décérébrés du siècle la naissance de notre pays ? 

    On peut bien dire que le poignard et le poison étaient monnaie courante sous nos Capétiens. Mais regardez leur œuvre : c'est la France.

    Article tiré du blog "Lafautearousseau"