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Le Pays réel - Page 21

  • Au coeur des cités interdites de Marseille

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    Tenus en coupe réglée par les petits caïds de la drogue, toujours plus violents, les quartiers nord de Marseille souffrent en silence. La paix sociale prime sur l’ordre public. Reportage.

    En haut de la colline, on n’a guère le temps d’apprécier la vue sur la rade, pas si lointaine. Le “checkpoint”, à l’entrée de la cité de La Savine, dans les quartiers nord de Marseille, contrôle un par un les visiteurs “extérieurs” : livreurs, médecins, artisans… C’est un passage obligé. Le “douanier” du jour, un jeune homme, torse nu, vêtu uniquement d’un short et de claquettes de plage, est en train de siroter un soda à la paille, à l’ombre d’un parasol.

    Un visage inconnu, dans une voiture immatriculée dans un autre département, et voilà qu’il saute de sa chaise en plastique et se met à courir derrière le véhicule. « Eh, eh, toi, là ! Arrête-toi ! » Dans le rétroviseur, il a déjà disparu. Deux cents mètres plus loin, la voiture est rattrapée par deux scooters… Puis bloquée devant une entrée d’immeuble. Impossible de continuer son chemin sans renverser un de ces vigiles du deal de shit.

    « Oh, gros ! Pourquoi tu t’es pas arrêté plus haut quand on te l’a demandé ? » Dans cet ensemble HLM plutôt propre, construit au début des années 1970 et récemment rénové, dans le XVe arrondissement, on est prié d’obtempérer. Le conducteur du scooter, un jeune Noir tout en muscles, vient de ranger son talkie-walkie à la ceinture de son bermuda. C’est muni de cet appareil qu’il communiquait avec le premier barrage. L’incident est quasi clos.

    « T’es journaliste ? Dégage, on n’a rien à te dire. Allez, fous le camp ! » Impossible de parlementer. Et inutile : à La Savine, on caillasse, on tabasse, on tue même, parfois. La reconduite aux frontières extérieures de la cité s’opère sous cette improbable escorte motorisée, jusqu’au pied de la colline. On se quitterait presque en bons termes.

    Car la visite des quartiers nord — plus d’une trentaine sur un territoire qui correspond grosso modo au tiers de la superficie et de la population de Marseille — se passe souvent plus mal. À La Solidarité — surnommée par les locaux “La Soli” —, toujours dans le XVe arrondissement, l’accueil est moins chaleureux, le décor aussi : les façades des immeubles sont davantage abîmées, plus crasseuses également. Le linge pend aux balcons, hérissés d’une multitude de paraboles. Une petite bande de jeunes, assis à un arrêt de bus, lance des cailloux en direction du véhicule. Un projectile rebondit sur le capot d’une autre voiture, posée sans roues sur des parpaings. À la pharmacie du coin, littéralement cernée par les guetteurs, on minimiserait presque : « Ah, tant qu’ils ont l’impression qu’on les laisse faire leur business, ils nous laissent tranquilles ! » C’est pourtant un pan entier de la ville qui est pris en otage, verrouillé de l’intérieur par cette voyoucratie toute-puissante.

    Un jeune qui contrôle l’entrée de la cité gagne 100 euros par jour

    Habitude, omerta, peur des représailles : les quartiers nord sont taiseux. Dans une boulangerie qui fait face à “La Soli”, la jeune vendeuse a son explication sur ce silence, loin de la faconde méridionale habituelle : « Peuchère, les gens, tant qu’ils habitent ici, ils ne parlent pas, ils ne dénoncent pas… Faut dire que ce sont souvent leurs minots qui font des conneries. »

    Les crimes et la délinquance baignent pourtant toujours le nord de la cité phocéenne. Ils s’affichent à longueur des colonnes des faits divers dans la Provence. Les règlements de comptes s’opèrent à balles réelles et de préférence à la kalachnikov, les morts se comptent par dizaines et, pourtant, les habitants veulent donner l’impression que “tout va bien” ou que “tout est exagéré”.

    Sur des chaises d’école, un groupe de quatre personnes s’occupant de l’Association sportive La Delorme — dans la cité Bassens, en plein XVe arrondissement — est plus bavard. Le quartier est connu comme un des “plans stup” les plus chauds de Marseille. L’un des plus mortels aussi : trois personnes sont mortes l’année dernière lors d’une fusillade. Un classique.

    L’endroit est encore désert. À cette heure matinale, seuls les anciens prennent le café, en face de leur local, non loin de quelques petites maisons mitoyennes qui tranchent avec les barres HLM avoisinantes et à quelques mètres d’un terrain de jeux pour enfants abandonné à la poussière. Non sans quelques réticences, ils consentent à parler : « Valeurs actuelles ? Vous tombez bien, ici, on n’a plus de valeurs ! » Son voisin lui dit de se taire : « Tu vois bien qu’il est là pour dire du mal des cités… » Un « mélenchoniste » — c’est ainsi qu’il se présente d’emblée — se lance : « Va falloir parler du chômage. 40 %, ici ! La vérité, monsieur, c’est que personne n’en a quelque chose à foutre de la jeunesse. Quant aux vieux, ici, ils sont déjà morts. Aucun CDI pour les Arabes, tous discriminés, et on s’étonne qu’ils basculent dans la délinquance… Et puis, vous allez commander, vous, à des jeunes de 16 ans ? »

    Les jeunes, justement. Ceux-là mêmes qui contrôlent les accès des principales cités, à raison de 100 euros par jour de “chouf”, vigies travaillant pour des “gérants”, véritables startuppers du marché de la drogue. Combien sont-ils à tenir en coupe réglée les quartiers nord ? Entre les fixes et les ponctuels, ils seraient plusieurs centaines. De vrais petits contrats de travail. Avec certains avantages : tel guetteur obtiendra de se faire livrer sa nourriture. De jour, comme de nuit.

    La Castellane, cité où a grandi Zinédine Zidane, ne dort quasiment jamais, surtout en été. Dans ce labyrinthe de béton où survivent quelque 7 000 personnes, les sentinelles sont partout et assurent aux trafiquants un chiffre d’affaires pouvant aller jusqu’à 60 000 euros par jour ! Sur les toits, la nuit, encagoulés, dominent les plus agiles d’entre eux.

    Aux abords des rues, sur les trottoirs, ils gardent en main des lampes torches, vautrés dans des canapés crevés et fumant parfois la chicha pour tuer le temps. Défense absolue, là aussi, de pénétrer dans les cages d’escalier où, en plus du deal de drogue, on propose quelques produits d’épicerie : colas, chips, baguettes de pain ! Un univers parallèle où les policiers ont, également, du mal à pénétrer. La moindre incursion des forces de l’ordre et ce sont les “arah”, hurlés à travers les fenêtres d’immeuble, qui retentissent. Un cri emprunté aux fellaghas qui avertissaient ainsi de l’arrivée des militaires français pendant la guerre d’Algérie.

    « Quand ils ne mettent pas carrément le feu à des voitures pour faire diversion », témoigne un fonctionnaire du commissariat de la division nord de Marseille. Des policiers qui ne sont pas à armes égales avec les voyous. Véhicules ayant dépassé les 200 000 kilomètres devenus des épaves, sous-effectif qui ne permet pas d’intervenir en sécurité… Leur témoignage se fait anonymement, « pour ne pas se mettre à dos la hiérarchie ». « C’est simple, nous n’intervenons presque plus que pour des différends familiaux… Quand vous interpellez quelqu’un, d’un coup 20 autres personnes débarquent. Nous, on regarde en l’air car on nous jette des rochers et on nous tire dessus au pistolet à plomb. » Inutile de faire du zèle, ce n’est pas bien vu.

    Le banditisme d’antan a disparu

    Pas étonnant que la plupart des jeunes des cités marseillaises roulent sans casque sur leurs cyclomoteurs : « La direction départementale de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône nous interdit de prendre en chasse les gens à deux-roues… Il faut éviter la “saucisse”, c’est-à-dire l’incident. Officiellement, l’administration nous dit que c’est pour nous protéger… On nous explique que la justice ne nous couvrira pas s’il y a un accident. » Résultat : « Les jeunes s’imaginent qu’on les craint. »

    Ce sentiment de paralysie, l’ex-major de la Bac (brigade anticriminalité) Gilles Tachon le connaît bien. Ce gaillard de 61 ans, sorte de Serpico local qui a balancé sur les policiers ripoux marseillais en 2012, a procédé au démantèlement, parfois musclé, de plusieurs réseaux de trafic de stupéfiants. Il s’est taillé une réputation de dur à cuire et d’encyclopédie vivante des quartiers nord, où il réside toujours. L’homme est intarissable : « Tenez, ici, c’est là que sont notées les plaques d’immatriculation des véhicules banalisés de police… Ah, j’aurais pu faire guide touristique ici… J’y ai pensé ! » Derrière la bonhomie du personnage, se cache aussi l’exaspération d’un type qui trouve qu’à Marseille, « on veut à tout prix acheter la paix sociale ». « Quand on fait tomber un réseau, les loyers des bailleurs sociaux ne sont pas payés le temps que se remette en place un autre réseau. Si on supprime cette économie parallèle, que reste-t-il ? Quelques allocations. »

    La violence, elle, s’est accentuée. Le banditisme à la papa, qui respectait un certain code d’honneur, a disparu. « Avant on se faisait la guerre entre cités. Maintenant on la fait bloc contre bloc, cage d’escalier contre cage d’escalier », note Gilles Tachon. Avec toujours davantage d’horreur… Quand on ne tue pas, il arrive qu’on torture.

    « La jeunesse délinquante s’est choisi un modèle : Scarface. Il n’est pas rare qu’on retrouve le poster de ce film dans les chambres des délinquants qui veulent une vie courte, pleine d’adrénaline, avec de la dope et des armes. C’est vrai, il y a un seuil d’acceptation de la violence ici qui n’existe pas ailleurs en France », observe Me Victor Gioia, avocat qui plaide régulièrement pour les victimes des criminels des quartiers nord. « Des victimes de guerre, en fait », souffle le pénaliste. La “guerre” : le mot est souvent employé par les habitants. Une grand-mère, dans une maisonnette près de la cité des Lauriers, se désole que la carcasse d’une petite Citroën, brûlée dix jours auparavant, soit encore dans la rue. « C’est la guerre, ici. Alors, que voulez-vous… On prie pour que les bombes tombent à côté. C’est pas glorieux mais c’est comme ça qu’on survit. Et les politiques s’en foutent ! »

    En vacances dans le très chic quartier du Roucas-Blanc, le président de la République n’aura, c’est vrai, quasiment rien vu des quartiers nord. Sinon, peut-être, au travers des vitres fumées de sa voiture. Emmanuel Macron est allé, dans le plus grand secret, s’entraîner plusieurs fois dans la salle de sport du Raid, située dans les locaux du commissariat de la division nord. À l’abri de la presse. Et de la réalité des cités marseillaises.

    Source : MetaTv

  • IV-Défense et illustration de notre patrimoine

    Nous poursuivons l'étude archéologique réalisée par notre ami Jean-Paul Wiegant, ancien responsable du service archéologique de la mairie de Béziers. Il s'agit de la quatrième publication relative aux arènes romaines.

    (Cliquez sur les photos et images afin de les consulter plus facilement.)

     

    Les anciennes arènes romaines - 4

    Réhabilitation du site et archéologie (1987à 2005)

     

    Photo 17 - Ancien vomitoire utilisé comme égout (?)

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    Photo 17 : La section de l'ambulacre antique située au sous sol de l'immeuble, cadastré LX 1001, dévoile incluse sur la paroi interne nord, l'ouverture, en anse de panier, d'un large passage antique qui parait sortir de la colline.


    Ce passage, aujourd'hui insalubre, maintes fois modifiés dans le temps et plus récemment réutilisé comme égout, pourrait être un ancien couloir de vomitoire rampant sous l'édifice. Il est actuellement obstrué 5 mètres plus au nord par des tuyaux d'évacuation d'eaux usées, des gravats et des blocs de calcaire de tailles diverses (Effondrement, gravats d'anciens travaux ?) entre lesquels dégouline une eau usée brunâtre, polluée et nauséabonde qui ne permettra pas une expertise plus poussée.

    Plan 03 - Récapitulatif des observations récentes attestées

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    Plan 03 - Plan comprenant les situations de la salle basse, du passage vomitoire faisant fonction d'égout, de la Place du Cirque d’où provient la base de pilastre prélevée et le secteur des fouilles de l’Îlot Médiéval réalisées, à partir de 1993, sur les parties hautes de la colline St Jacques formant une terrasse surplombant le sud-ouest de l'arène antique, baptisée « îlot médiéval » du fait qu'elle regroupe plusieurs grands immeubles datés majoritairement du XII au XIVéme s.)

    **Notes : Les recherches effectuées sur l'Îlot Médiéval ont apporté de nouvelles données concernant la protohistoire de Béziers et son étendue extra-muros des V et IVéme s. av. J.C., ainsi que sur les différentes étapes des réoccupations de la colline et des ruines de l’amphithéâtre romain après son abandon supposé du Bas Empire Romain.

     

    (Interventions au niveau de l’Îlot Médiéval)

     

    Photo-18 - Curetages des immeubles vétustes

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    Photo 18 : Au premier plan, entassement de gravats résultant de la démolition et du curetage des vieux logements dégradés, insalubres et inhabitables qui avaient été occupés de manière désordonnée et chaotique dans les bâtiments médiévaux froids et obscurs délaissés par des propriétaires réinstallés au centre ville ou dans la proche campagne certainement plus agréable à vivre. Au second plan on peu remarquer, en cours de travaux, les murs des logements, maintenant évacués qui avaient été antérieurement récupérés à la sauvette dans les anciens bâtiments civils ou religieux du moyen-âge dont les crépis disparus dévoilent encore des arcatures romanes ou gothiques.

     

    Photo 19 - Nettoyage au niveau des gradins en amont des relevés

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    Photo 20 - Sondages et nouvelles fondations antiques

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    Photos 19 et 20 : De 1993 à 1996, l'équipe de l'A.F.A.N, assistée par des agents détachés de la Mission Archéologique de la ville de Béziers, effectuent le nettoyage, le relevé du bâti et vérifie la stabilité des parties hautes des gradins (Cavea), toujours étonnamment soutenues par la demi-voûte conservée en haut de la section de paroi sud de l'ambulacre.


       Plusieurs sondages et nettoyages, fractionnés dans le temps, seront effectués afin d'apporter de nouvelles informations sur la conception des structures antiques allégées, autrefois porteuses des étages supérieurs et des gradins disparus, toujours présentes entre le bord de la terrasse dominant de quelques mètres le sud de l'arène centrale et la solide fondation elliptique du grand mur arrière sud de l'amphithéâtre démonté lors de l'épierrement du monument romain.

    à suivre ...

  • Livre - Notre sélection : Charles Maurras

     

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    L’œuvre de Maurras est aussi vaste que diverse. Outre la politique abordée sous l'angle d'une anthropologie fondamentale -notamment dans la Politique naturelle- ou dans les commentaires au jour le jour de l'Action française, elle comprend des essais critiques littéraire et philosophique, des récits autobiographiques, des récits de voyage, des nouvelles, un roman, de la poésie...

       Ce volume réunit les textes fondamentaux du directeur de l'Action française.

        Le choix opéré a été guidé par l'ambition de couvrir le champ le plus large possible, des textes fédéralistes de jeunesse à la somme de références que constitue Mes idées politiques (reprises presque in-extenso) en passant par la réflexion sur les rapports entre littérature et politique (L'Avenir de l'intelligence, Trois idées politiques) en philosophie et politique (Auguste Comte), mais aussi la politique étrangère et la géopolitique, avec de larges extraits de Kiel et Tanger, et le testament politique constitué par Votre bel Aujourd'hui, dans lequel Maurras revient sur la Seconde Guerre mondiale et adapte sa pensée au contexte de la guerre froide naissante, de la dissuasion nucléaire... Quant à la vingtaine d'articles de L'Action Française retenue, elle couvre les moments forts de l'analyse maurrassienne et en montre tant les grandeurs -dont la dénonciation du péril nazi dès le milieu des années 1920, non seulement comme menace géopolitique mais aussi comme aberration mentale- que les idées moins enthousiasmantes... Des extraits du procès de Maurras viennent compléter ce point.

       La partie autobiographique comprend les Quatre Nuits de Provence où Maurras conte à la fois son enfance et son initiation métaphysique, la préface à Sans la muraille des cyprès, confession d'une expérience traumatique qui lui inspire une leçon politique, la Confession de Denys Talon et des extraits d'Au signe de Flore, autobiographie politique où il explique la naissance de l'Action française.

    On trouve aussi dans le volume des textes consacrés aux arts et à la critique d'art, des récits de voyage, des méditations sur l'évolution du paysage à l'ère industrielle, de larges extraits des Amants de Venise (livre sur l'amour romantique appréhendé à travers la liaison de Musset et George Sand et même un long texte sur la cuisine provençale, et enfin la monographie consacrée à Frédéric Mistral dont il a été le maître et l'ami....

  • Le divorce est consommé entre Macron et la CFDT

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    © SIPA

    Le patron réformiste de la CFDT est un déçu du macronisme. L'absence d'écoute du pouvoir l'inquiète et son diagnostic sur la méthode du président est sévère.

    Ce vieux continent de petits bourgeois se sentant à l'abri dans le confort matériel entre dans une nouvelle aventure où le tragique s'invite." Depuis son irruption sur la scène politique, Emmanuel Macron se plaît à émailler ses discours de formules cinglantes ou provocantes. Il y avait eu les analphabètes avant son élection, puis les fainéants, les somnambules et maintenant " les petits bourgeois ", référence évidente au roman de Balzac et au mépris que l'auteur de La Comédie humaine manifestait à l'endroit de cette classe. Nul doute d'ailleurs que le chef de l'Etat souhaite que cette phrase frappe les esprits et soit retenue : ne la prononce-t-il pas dans un entretien accordé à la très prestigieuse revue La NRF à paraître au mois de mai ! Autant dire qu'elle est gravée dans le marbre d'un texte où le président, par ailleurs, se considère "comme l'émanation du goût du peuple français pour le romanesque ". Il n'est pas sûr que les 87 millions d'Européens vivant sous le seuil de pauvreté, les 18 millions de sans emploi du vieux continent et les peuples européens dans leur ensemble goûtent le romanesque de son propos balzacien.

    Petits bourgeois ", donc, tous nos voisins et les Français eux-mêmes. A commencer sans doute par tous ces représentants du vieux monde que le président, nouveau riche du pouvoir, ne semble guère considérer au terme de sa première année de mandat. Emmanuel Macron, qui déclare, toujours dans La NRF, qu'il est " une aberration " pour " le système politique traditionnel ", tient en effet à distance tous les interlocuteurs " traditionnels " des gouvernants. Un homme est en train d'en faire l'amère expérience : Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT depuis 2012. Tout devrait pourtant les rapprocher. Ils sont de la même génération, l'un, Berger, né en 1968, l'autre, Macron, en 1977. Le président, tout au long de sa conquête, s'est battu, et se bat encore, sur la nécessaire transformation du pays pour faire face aux mutations considérables du monde. La CFDT version Berger est aussi sur cette ligne de la transformation nécessaire. Certes, les rôles de chacun sont différents mais ils ont en commun de comprendre l'obligation de ne pas rester immobile sauf à se perdre.

    "On est reçu mais rarement écouté"

    Emmanuel Macron avait aussi mis au cœur de sa campagne " la bienveillance " et la réconciliation des Français, des thèmes chers depuis toujours à la CFDT, syndicat faut-il le rappeler aux racines chrétiennes. Bref, la convergence était une évidence. Or, de manière délibérée, le chef de l'Etat tient à distance ce partenaire qui paraissait tout naturel pour conduire et construire ses réformes. Il ne s'agissait pas de faire partition commune mais, par le dialogue avec le premier syndicat de France, fort de plus de 800.000 adhérents, de déminer le terrain social. La partie était d'autant plus facile que la CFDT souhaitait jouer le jeu et tendait la main au pouvoir.

    Rien pourtant ne s'est passé ainsi. C'est ce que déplore aujourd'hui Laurent Berger en dressant le bilan de la première année du quinquennat Macron. " On ne peut pas dire qu'on n'est pas reçus, confiait-il ce dimanche sur Europe 1, mais on est rarement écoutés. " La CFDT est-elle suspecte d'avoir trop dialogué avec François Hollande et toujours trouvé ouverte la porte de l'ancien président ? En tout cas, même s'il salue la volonté maintenue de transformation du pays, le patron de la CFDT constate, d'une part, qu'elle se fait sans qu'on en comprenne le sens, d'autre part, que la bienveillance a disparu en chemin. Est-il en effet bienveillant de traiter les Européens de " petits bourgeois " ? Mais le constat va plus loin. Laurent Berger dénonce à présent " la logique de centralité " du Président et sa volonté d'organiser un débat " bloc contre bloc " qui fasse émerger les extrêmes et conduise les gens raisonnables à toujours se retrouver autour de lui, incarnation de la " centralité ". Dans ce schéma présidentiel, la CFDT, de fait, ne trouve plus sa place et rien n'est fait pour qu'elle y parvienne. Alors qu'elle préfère le dialogue à la grève et l'affrontement, elle est rejetée dans le camp des syndicats purement revendicatifs. D'où cette autre critique de la stratégie du président : " Il y a une forme de négation des corps intermédiaires qui est beaucoup trop forte et dangereuse, déclarait-il encore ce dimanche sur Europe 1. Le chef de l'Etat considère qu'il peut tout et que les corps intermédiaires sont un supplément d'âme qui n'est  pas forcément nécessaire [...] C'est une profonde erreur. "

    La main tendue de Laurent Berger

    Et un mystère. Pourquoi tenir à l'écart un syndicat qui, par exemple, dans le conflit actuel d'Air France, prend résolument le parti de la direction qui, face au blocage par le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) de la négociation salariale, a décidé d'en appeler à un vote de tous les salariés sur le projet de la direction. Non seulement Laurent Berger a appelé à voter " oui " au plan salarial présenté par le patron de la compagnie, Jean-Marc Janaillac, qui a mis sa démission dans la balance, mais il fustige aussi le SNPL, son président Philippe Evain, " qui se prend pour le lider maximo ", s'alarme des 300 millions déjà perdus à cause de la grève des pilotes et critique des revendications qui mettent en péril l'avenir Air France dans la compétition aérienne mondiale. Des propos carrés qui démontrent un esprit de responsabilité et une grande lucidité sur la concurrence dans le monde actuel.

    Emmanuel Macron, qui aurait pu les tenir dans les mêmes termes, les entendra-t-il ? Répondra-t-il à la demande de Laurent Berger d'un vrai dialogue qui permettrait de sortir de la grève de la SNCF ? « On n'a pas besoin de gens qui se montrent les muscles, a-t-il dit dimanche. On a besoin de gens qui discutent du fond des sujets. » Cette rencontre sera un test pour le syndicat réformiste. On saura à cette occasion si Emmanuel Macron accepte la main tendue de Laurent Berger et si la verticalité du pouvoir qu'il revendique n'est pas, bien qu'il s'en défende dans La NRF, l'expression de son autoritarisme contre ces petits bourgeois qu'il voit partout.

  • Edition spéciale : Robert Ménard agressé physiquement. Honteux !

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    Il y a quelques jours, nous rappelions dans ce blog que « certains, toujours les mêmes n’acceptent le suffrage populaire que lorsqu’il leur donne raison. »

    Nous ne pensions pas si bien dire.

    Aujourd’hui nous avons la démonstration que les mêmes ne réclament la liberté d’expression que lorsqu’ils sont les seuls à s’exprimer.

    Robert Ménard était invité samedi 5 mai 2018 à participer à une réunion à Saint-André-de-Cubzac (Gironde). Ç’en était trop pour les censeurs professionnels. Un certain nombre d’élus et militants de LREM, du MODEM, du PS et d'EELV  ont appelé publiquement à la mobilisation pour s’opposer à cette réunion.

    La main d’œuvre classique, composée de voyous de service, s’en sont pris physiquement au maire de Béziers qui a été projeté au sol. Les blessures sont, fort heureusement sans gravité.

    Bien entendu, aucun membre des forces de l’ordre, qui, rappelons-le, sont sous l’autorité du préfet et donc de l’État, n'est intervenu. La manifestation ayant été annoncée, c’est en toute connaissance de cause que l’ordre public, et la protection d’un élu, n’ont pas été assurés, au risque de conséquences plus graves.

    Tout cela est inadmissible et démontre, s’il en était encore besoin que tous ceux que nous appelons couramment dans ce blog les « Démocrates-Républicains-Donneurs de leçons », sentant la fin de leur pitoyable hégémonie, tirent leurs dernières cartouches. L’histoire nous a toujours montré qu’ils ne savaient le faire que dans la violence.

    Les conseillers départementaux ont immédiatement assuré Robert Ménard de toute leur sympathie et la renouvellent ici.

    Toutes les marques d’estime que vous pourriez lui témoigner dans les commentaires de ce blog lui seront, bien sûr, retransmises.

    Henri Bec

    Pour visionner la vidéo, cliquez ICI

  • Canton : cela devient intolérable !

    Certains, toujours les mêmes, n'acceptent le suffrage populaire que lorsqu'il leur donne raison ! Depuis les élections cantonales du 29 mars 2018, ils s'ingénient à ignorer les conseillers départementaux qui ne reçoivent aucune information, pas plus que la moindre invitation à participer aux manifestations de leur canton. C'est une volonté délibérée de porter atteinte, non seulement à vos élus, à l'assemblée départementale, mais surtout à la grande majorité des habitants de nos cantons. Républicains, démocrates, donneurs de leçons, les déclarations d'intention sont loin de leur mise en œuvre.

    Prenez connaissance de la lettre adressé au président de la communauté de communes La Domitienne et diffusez si vous en avez les moyens.

    Auront-ils la simple correction de répondre ou plus simplement le courage de se justifier ? Tous les doutes sont permis ...

    Henri Bec

    Cliquez sur l'extrait ci-dessous.

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  • Notre sélection : "Réflexions sur la création théâtrale en France, 1981 - 2016". Un livre à ne pas laisser passer !

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    RÉFLEXIONS SUR LA CRÉATION THÉÂTRALE EN FRANCE 1981-2016 
     
    Pour une renaissance du drame
     
    Jean-Pierre Pelaez
    Préface de Christian Combaz
    LITTÉRATURE  ÉTUDE THÉÂTRALE 
     
     
    Dans cet ouvrage, à la fois essai, pamphlet et réflexion sur le théâtre de ces trente-cinq dernières années, l'auteur décrit les dérives d'une politique ministérielle technocratique, idéologiquement sectaire et qui a transformé le théâtre en un refuge pour une pseudo-élite. De faux iconoclastes et vrais carriéristes qui ont oublié que le vrai théâtre, fondé sur le drame, s'adresse à des publics, naïfs ou éclairés, plutôt qu'à des adeptes culturels.

    Jean-Pierre Pelaez, auteur dramatique, chroniqueur, a écrit de nombreux ouvrages dont Le Barillet qui a fait l'objet de milliers de représentations en France et dans une dizaine de pays étrangers. Plus récemment Le Tartuffe nouveau a été l'un des grands succès du Festival d'Avignon 2014.

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    Nous avons le plaisir de vous informer de la parution du dernier livre de Jean-Pierre Pelaez sur le théâtre actuel : c'est à la fois un pamphlet sur ses institutions, leur politisation et la censure qu'elles pratiquent, un essai et un plaidoyer pour un théâtre populaire et une renaissance du drame, étouffé par le culte de la mise en scène, et un témoignage sur le métier d'auteur dramatique aujourd'hui...
     
    Disponible directement sur commande aux Éditions de l'Harmattan - Paris (lien ci-dessous), ou en librairie (à Béziers, Librairie Clareton des Sources)
     
    http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=59341

    Broché - format : 13,5 x 21,5 cm

     

     

    ISBN : 978-2-343-14364-4 • 26 mars 2018 • 210 pages 
    EAN13 : 9782343143644

     

     

     Deux pages d'extrait. Cliquez ci-dessous

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  • L'Afrique continue à se déverser sur la France

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    Mais, curieusement, les médias français préférant ignorer les sujets qui fâchent, ne parlent plus des dizaines de milliers de ces clandestins qui continuent d’arriver sur les côtes européennes.

    Pourtant, ce ne sont pas nos proches voisins italiens ou espagnols qui s’en plaindraient. Parce que ces deux pays, situés à quelques encablures des côtes nord-africaines, subissent, journellement, les assauts des « migrants ».

    Dans un article du 20 novembre, Le Figaro révèle que ces nouveaux arrivants ne viennent pas de l’Afrique subsaharienne, mais directement d’Algérie. Et ce ne sont pas les meilleurs puisqu’il s’agirait de repris de justice renvoyés de leur pays et qui refusent catégoriquement toute inspection ou vérification d’identité.

    Ainsi donc, l’Algérie se met également à suppurer du clandestin pendant que le gouvernement français multiplie les visas pour les demandeurs de ce pays dont plus de six cent mille ont été délivrés pour la seule année 2017.

    Mais les Algériens n’entrent pas seulement par la porte italienne. L’Espagne, à portée des côtes algériennes, voit depuis quelques mois une hémorragie de clandestins se déverser sur les plages de Murcie.

    Selon un article de tsa-algerie.com, plus de 13.533 harraga sont arrivés en Espagne depuis janvier dont un millier pour le seul mois d’octobre, à bord de 824 bateaux. Le 19 novembre, sur le site espagnol ABC opinion, le journaliste Hermann Tertsch se dit horrifié par le silence des médias espagnols qui commentent ce qu’il appelle le débarquement algérien comme un vulgaire événement.

    Ce sont en effet 44 bateaux qui ont abordé, en 24 heures, vendredi dernier, déversant quelque 500 hommes, tous de jeunes arabes, sur les côtes de Murcie.

    Non. Ils n’ont plus le droit de nous taire la vérité. La Libye et son marché aux esclaves ne doivent pas cacher la réalité de l’intensification de l’invasion arabe que nous subissons.

    Et cette nouvelle invasion nous vient des pays anciennement français, l’Algérie, la Tunisie et le Maroc. Que ce soient les présidents des deux premiers ou le roi du troisième, aucun d’eux n’a la volonté réelle d’empêcher ces hommes de partir de leur pays. Au contraire, nous dirons qu’ils les encouragent à émigrer dans la clandestinité sachant que les pays européens les garderont.

    Mais, alors, que font les dirigeants européens ? Que fait la France ?

    Ils sont les complices des dirigeants africains et nord-africains. Ils sont les complices de tous ces clandestins qui débarquent chez nous. Mais ils ne veulent pas l’avouer. Ainsi, nous devrons nous laisser envahir par ces hordes de Maghrébins et Africains dont nous savons tous, pour les avoir depuis plus de 40 ans chez nous, qu’ils sont inassimilables dans notre société.

    Des dizaines de millions de ces gens-là y vivent déjà. Le chômage est toujours en hausse. Nous n’avons quasiment plus d’industrie. Nous ne pouvons pas leur offrir du travail. Le ministère de l’Immigration (et de l’Intégration !) voit son budget 2018, réduit de 1,4%.

    Qui financera et avec quoi ces charges supplémentaires ? Parce qu’il faudra les nourrir, les loger et… les subir. Nous devons nous rendre à l’évidence. Les dirigeants européens sont décidés à remplacer la race blanche par une race indéfinie, un peu africaine, un peu arabe, un peu de tout mélangé.

    Et, finalement, nous n’aurons plus de pays. Donc, plus d’identité. Rien.

    Seulement des gens pauvres et des gens riches. Les riches sont et resteront les décideurs d’aujourd’hui. Les pauvres seront plus pauvres encore parce qu’ils ne seront rien que des sujets malléables à souhait puisqu’ils seront sans race, sans identité, sans origine.

    Comment en sommes-nous arrivés à ce stade-là ? Comment avons-nous pu accepter cette déchéance ? Nous avons manqué de courage.

    Dans l’état actuel de sa situation, la France est vouée à disparaître en tant que Nation. Elle a été détruite par ceux qui ont eu la charge de la diriger. Le dernier n’étant pas le moindre artisan, elle lui devra sa disparition inexorable dans les quelques années à venir.

    © Danièle Lopez pour Dreuz.info.

  • La nouvelle génération européenne. On va finir par y arriver mais ... on en est toujours au même point !

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    "Une bande de vieux européistes, avec à leur tête Valéry Giscard d’Estaing, 92 ans, lance aujourd’hui à Bruxelles une initiative intitulée « Re-imagine Europa ». (Bien sûr c’est en anglais et le site internet est uniquement en anglais. Un hommage au Brexit, sans doute…) Le titre du discours de VGE est : « Europa : the last chance for Europe ». De son vivant, sans aucun doute. Mais comment peut-on… imaginer lancer une nouvelle initiative avec comme tête d’affiche un politicien de 92 ans ?!!!

    Bien entendu il s’agit d’une énième resucée de la propagande en faveur d’une « Europe plus intégrée ». Mais, concrètement, on apprend seulement que « Re-imagine Europa » va travailler sur deux questions clefs : « un système économique plus loyal et plus compétitif pour l’Europe », et « la démocratie dans une réalité post-factuelle ». Sic. En anglais dans le texte : « Democracy in a Post-Factual Reality ».

    Ah si, attendez, il y a aussi deux vieux dans un coin qui radotent : « Nous sommes dans une nouvelle phase de l’intégration européenne - qui appartient à une nouvelle génération - plus active, plus inventive et plus unie - qui entre dans la vie active. »

    Au fait, l’autre signataire de la bafouille, c’est Helmut Schmidt. Il est mort en 2015 (à 96 ans : même la photo est très vieille). Quelqu’un pourrait leur dire, à « Re-imagine Europa », que ça ne va pas faciliter la discussion ?

    Le problème de ces ringards, morts ou pas encore morts, c’est que ceux qui inventent l’Europe de l’avenir sont ailleurs et ont, eux, un véritable dynamisme. Et que leur vision de l’Europe est à l’opposé de leur super-Etat centralisé qui finira immanquablement dans la poubelle de l’histoire. La véritable Europe on la prépare à Budapest, à Varsovie, à Prague, à Visegrád, et à Vienne et à Milan, et à Londres... Une Europe des Etats, une Europe des nations, une Europe de la libre coopération dans le respect de l’histoire et des traditions."

  • III-Défense et illustration de notre patrimoine

    Nous poursuivons l'étude archéologique réalisée par notre ami Jean-Paul Wiegant, ancien responsable du service archéologique de la mairie de Béziers. Il s'agit de la troisième publication relative aux arènes romaines.

    (Cliquez sur les photos et images afin de les consulter plus facilement.)

     

    Les anciennes arènes romaines - 3

    Réhabilitation du site et archéologie (1987à 2005)

     

    Photo 10 - Chantier de fouilles inondé et détrempé

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    Photo 10 : Inondation des vestiges récemment nettoyés suite aux violentes averses d'automne 1998 qui ont obligé à une consolidation des ruines devenues instables.

     

    Phot 11 - Aménagement du jardin public

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    Photo 12 - Aménagement du jardin public (Suite)

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    Photos 11 et 12 : Extension mécanique de l'excavation existante en direction du centre de l'arène afin d'organiser le futur jardin public et un circuit piétonnier sécurisé autorisant la visite des vestiges antiques de l'amphithéâtre récemment sortis de terre. Le tractopelle creusera parfois bien au delà de 2,50 mètres de profondeur tout en aménageant de solides paliers dans les parois destinés à éviter l'effondrement de celles-ci sur les divers intervenants.
       
    Malgré trois semaines de fouilles dans cette zone aucun renseignement nouveau ne sera apporté en dehors de ce qui avait déjà été constaté lors d'un modeste sondage exécuté manuellement dans le sol de l'arène, au sud du mur podium en octobre 1998.

     

     Image 13 - Nouvelle inondation du chantier archéologique

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    Photo 13 : Le chantier de fouilles ayant déjà subi de grosses pluies en automne 1998 et en mai 1999 connaîtra encore une fois une détérioration des espaces fouillés complétée par une importante inondation au niveau de l'arène due à un système de pompage du pluvial, tout juste installé, mais rapidement obstrué par un afflux de graviers, de petits galets, de sable boueux produisant ainsi une forte concentration des eaux de pluies sur plus de 45 cm de hauteur qui ne disparaîtra qu'après plusieurs semaines en laissant une surface boueuse longtemps inaccessible.

     

    Photo 14 - Bague et monnaie en bronze

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    Photo 14 : Les pluies conséquentes survenues brutalement en mai 1999 obligeront à un nouveau nettoyage complet du site et du sol de la galerie qui fournira, sur quelques mètres, de minuscules éclats de sigillée éparpillés, une monnaie romaine et une petite bague en bronze en mauvais état dont le chaton est malheureusement illisible.

     

    Image 15 - Monnaies du bas empire romain

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    Image 15: Petites monnaies romaines oxydées prélevées lors du nettoyage d'un gros bloc de calcaire parallélépipède rectangle abandonné dans l'angle d'une alvéole technique et d'un couloir de Vomitoire qui desservait autrefois la galerie principale du rez de chaussée jusqu'au mur podium. Ces monnaies étaient dissimulées dans une couche d'argile enfoncée dans une encoche taillée (Trou de louve) pour y placer une pince de levage en fer et sembleraient y avoir été cachées autour du IVéme s. après J.C.

    **Notes : Il est possible que ces petites monnaies usagées témoignent du séjour d'individus ou d'ouvriers ayant participé à la récupération des pierres du bâti de l'amphithéâtre

     

    Image 16 - Extrados de la petite salle basse voûtée

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    Photo 16 : Le dégagement d'une section de l'ambulacre antique, utilisée ici comme fondation de l'immeuble médiéval dit « Hôtel de Gineste », fera apparaître à la base de sa paroi nord-ouest et à environ 1 m au dessus du sol, non encore dégagé, l'extrados voûté de l'entrée d'une petite salle aveugle ayant de faibles dimensions et comblée de gravats la rendant inaccessible pour le moment. Ses dimensions et sa destination d'origine resteront donc hypothétiques (Lieu de culte, réserve, pièce de repos ?)

    à suivre ...

  • Université de Montpellier : des bloqueurs aux méthodes de voyou

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    Témoignage d'une étudiante

    au bord de la crise de nerfs

     

    Étudiante depuis neuf ans à la faculté de droit et de science politique de l’Université de Montpellier, je me sens légitime à réagir aux événements de ces derniers jours auxquels j’ai moi-même pris part. Que s’est-il passé ? Mercredi 21 mars, nous apprenons qu’une « réunion d’information » doit se tenir à la faculté de droit au sujet du projet de loi Vidal « Orientation et réussite des étudiants ». En fait de réunion, je découvre une Assemblée générale (AG) que les syndicats des personnels de l’université ont organisée en sous-main pour s’élever contre cette réforme.

    La lettre de motivation, discriminant social ?

    Personnellement, je suis farouchement opposée à la loi Vidal qui, sous prétexte de sélection, aggrave la compétition entre facs. Cette réforme vise à modifier les règles d’inscription dans les formations initiales du premier cycle de l’enseignement supérieur. Elle prévoit la pré-inscription obligatoire des candidats sur la plateforme nationale « Parcoursup » et contraint chaque établissement à estimer sa capacité d’accueil. C’est si et seulement si le nombre de candidatures dépasse la capacité d’accueil de la faculté qu’un début de sélection pourra s’opérer en fonction du profil des candidats. Depuis un mois, la faculté de lettres Paul Valéry de Montpellier fait grève au prétexte qu’une sélection par lettre de motivation serait un facteur de discrimination sociale. Autant prétendre l’orthographe bourgeois et supprimer les notes…

    Mais là n’est pas le problème. Quel que soit mon opinion sur la loi Vidal, je suis atterrée par les méthodes autoritaires des syndicats. Au cours de l’AG, les personnels nous ont ainsi traités avec condescendance, tentant d’imposer leurs vues à un amphithéâtre majoritairement composé d’étudiants extérieurs à la fac. Ces derniers ont voté les décisions de l’AG comme un seul homme, sans craindre de s’ingérer dans les affaires de notre université.

    Une A.G. très contrôlée

    Le lendemain matin, jeudi 22 mars, aussi peu informés que la veille, nous découvrons qu’une Assemblée générale étudiante se tient, cette fois-ci, dans le grand amphi. Les grévistes crachent (littéralement) sur les étudiants qui tentent d’aller en cours. Une pluie d’insultes se déverse sur les « jaunes » que nous sommes : « sales bourgeois », « fascistes », « S.S. », « pauvres merdes de gosses de riches », et j’en passe ! Les murs de la fac ne sont pas plus épargnés que nous. Et les perturbateurs, parfois lycéens, de marcher sur les tables de l’amphi dont ils décident l’occupation nocturne. Concerts et crêpes partys sont organisés dans la faculté, sans qu’une majorité d’étudiants n’ait pu se prononcer démocratiquement sur l’occupation.

    Nous avions parfaitement le droit de ne pas être d’accord avec les actes accomplis et les propos tenus par cette minorité agissante. Il nous semblait légitime de nous défendre face à l’irrespect, l’impudence et la violence. Comme l’avait noté notre doyen Philippe Pétel, la plupart des individus cagoulés et violents qui ont semé la zizanie appartenaient au camp des bloqueurs. Arrivés en terrain conquis, ils n’ont pas hésité à piétiner nos opinions et nos lieux de travail, à insulter et à ridiculiser professeurs et doyen, par des moyens que je préfère taire.

    Haro sur les non-grévistes !

    Mais jamais au grand jamais nous n’avons usé de violence pour exprimer notre mécontentement face aux grévistes. Ces derniers nous en accusent, menacent ou molestent nos représentants étudiants en les amalgamant à la milice inconnue qui s’est introduite dans la fac la nuit du 22 au 23 mars. Cette irruption violente a abouti à l’hospitalisation de plusieurs grévistes frappés à coups de Taser et de lattes en bois. Aussi graves et consternants  soient-ils, ces faits ne sauraient justifier les accusations infondées lancées contre les autorités et le personnel de la faculté. Le doyen Pétel a été jeté en pâture puis contraint à la démission et mis en garde à vue, son nom figurant dans le top des hashtags les plus utilisés sur Twitter France. Des affiches incitant à la haine contre certaines personnes hostiles au mouvement social ont même été placardées dans l’université, les noms de mal-pensants tagués sur les murs et attaqués sur les réseaux sociaux. Traumatisés, certains doctorants, au statut matériel précaire, restent cloîtrés chez eux pour échapper aux menaces.

    Cette situation chaotique aurait dû amener la police à se rendre dans notre faculté livrée à la tyrannie de quelques-uns. Or, le préfet a refusé toute intervention. Il est tout aussi étonnant qu’aucun organe médiatique, à l’exception du Figaro, n’ait contesté la version manichéenne des bloqueurs qui nous traînent dans la boue à longueurs de presse. Dans ces conditions, beaucoup d’étudiants montpelliérains se sentent abandonnés aussi bien par les médias que par l’Etat.

    Laure Estaque pour Causeur

  • Le jury de l’ENA décrit des candidats moutonniers, incapables de penser par eux-mêmes

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    Dans son rapport sur le concours d’entrée 2017, la prestigieuse ENA, école des haut fonctionnaires régulièrement critiquée pour perpétuer une forme de pensée unique, s’inquiète de manière particulièrement appuyée de l’incapacité des aspirants énarques à produire une réflexion originale, voire à penser par eux-même…

    En 1967, Jean-Pierre Chevènement pointait dans un essai offensif les membres de « l’énarchie » comme des « mandarins de la société bourgeoise ». Un-demis siècle plus tard, sans aller jusque-là, l’École nationale d’administration – la fameuse ENA – se préoccupe enfin de la question du conformisme de ses étudiants. Ses craintes transpirent du rapport publié par l’école faisant le bilan de son concours d’entrée 2017.

    Coordonné par la préfète Michèle Kirry, le jury y dresse sans langue de bois un bilan des épreuves écrites et orales sur lesquelles ont planché les 1.368 candidats aux différents concours d’entrée à l’ENA. Et le bilan n’est pas rose, malgré le haut degré d’exigence requis pour intégrer l’institution qui donne accès aux postes les plus prestigieux de la haute fonction publique.

    Uniformité et références hors-sol

    Concernant l’épreuve de droit, le jury pointe ainsi « une certaine unicité de vues entre les candidats », et même une « frilosité » qui empêcherait les aspirants énarques de « proposer une réflexion, une vision personnelle du sujet ». Les correcteurs relèvent l’uniformité des candidats, qui préparent quasiment tous les concours dans les mêmes établissements, utilisent les mêmes références… et régurgitent donc les mêmes connaissances lors des épreuves. En clair : des clones ânonnant une pensée unique. « D’une manière générale et très regrettable, les candidats ont fortement tendance à construire leur devoir à partir de fiches toutes préparées par thèmes », regrette le jury, qui se désespère de « traquer l’originalité comme une denrée rare », alors que les candidats ambitionnent de devenir l’élite administrative de la nation.

    Parfois, les correcteurs s’amusent même du caractère monochrome des copies : ils croient parfois trouver une référence sortant du lot… « jusqu’au moment où elle apparaît dans les mêmes termes sous la plume de plusieurs candidats, trahissant la fiche de lecture ». Lors de l’épreuve de questions européennes, pas moins de cinq individus ont ainsi utilisé l’interrogation de Henry Kissinger : « L’Europe, quel numéro de téléphone ? ». Sauf que plusieurs se sont montrés « ensuite incapables d’expliquer et de justifier leur affirmation » !

    Peut-être craintifs à l’idée de froisser le jury d’une école déjà réputée pour son conformisme, les candidats à l’ENA ont également été très prudents à l’heure de donner leur avis sur les sujets pourtant éminemment politiques qui leur ont été soumis. Jusqu’à totalement escamoter l’actualité lors de l’épreuve de questions contemporaines, qui portait pourtant sur un sujet tout chaud : la confiance envers les pouvoirs publics. Il en ressort l’impression que « le candidat [imagine] la copie idéale comme un texte éthéré, où n’apparaîtraient surtout pas les sujets délicats », poursuit la préfète, qui parle « d’autocensure ».

    CICE, Europe, voies sur berge… ils pensent tous pareil

    Cela ne surprendra peut-être pas mais les candidats ont également fortement rechigné à critiquer le crédit d’impôt en faveur des entreprises mis en place par François Hollande… « Il est tout à fait possible de penser et d’écrire […] que le bilan du CICE est très en deçà des ambitions d’origine ou même que l’accorder à toutes les entreprises sans s’assurer de son utilisation a été une erreur », se voient obligés d’insister les membres du jury ! Même tendance à l’uniformité au moment de traiter l’Union européenne, considérée par les candidats « comme un ordre établi qui ne pourrait être différent ». Lors de l’oral consacré à des questions d’actualité, « la fermeture des voies sur berge a quasi systématiquement donné lieu à une réponse d’adhésion totale, sans prise en compte des inconvénients possibles », regrettent encore les examinateurs. Pas de quoi modifier l’image d’une technocratie hors-sol…

    Pour remédier à ces problèmes, le jury indique qu’il a choisi de mettre en avant les critères d’authenticité, de sincérité et de sens critique dans sa sélection des 80 lauréats du concours. « Une tête bien faite valant mieux, dans tous les univers professionnels et sous tous les cieux, qu’une tête trop pleine », le jury explique avoir privilégié les individus capables de penser par eux-mêmes plutôt que des singes savants de la technocratie. Et Michèle Kirry d’exhorter les ambitieux voulant intégrer l’ENA à l’avenir au « courage qui consiste à faire une analyse personnelle », loin des « raisonnements formatés ». Allez, les futurs énarques : courage, pensez !

    Source : Marianne.net

  • Pour se souvenir

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    Lisez ce très beau discours prononcé en décembre dernier lors de la rentrée solennelle de la Conférence du Stage (c’est la grande fête annuelle des Avocats à laquelle viennent assister des représentants des Barreaux du monde entier - 1 000 personnes environ) par le premier secrétaire ; la tradition veut que le 1er secrétaire fasse l’éloge d’un personnage célèbre, et le second secrétaire relate un procès tout aussi célèbre.

     

    Mère, voici vos fils et leur immense armée.

    Qu'ils ne soient pas jugés sur leur seule misère.

    Que Dieu, mette avec eux un peu de cette terre

    Qui les a tant perdus, et qu'ils ont tant aimée.

    Tu as raison, c’est drôle un nom de famille.

    Parfois ça ne veut rien dire mais ça dit tellement de choses sur celui qui le porte.

    Un patronyme on le reçoit à la naissance, on le transmet un peu plus tard, on en est pas vraiment propriétaire.

    Du coup, c’est précieux, ça s’entretient ; c’est la dernière richesse de celui qui n’a rien, et tant qu’on a un nom, on est encore, quelqu’un.

    Chez nous tu vois on en évoquait plein des noms tout le temps : Nom de scènes, de plume, d’emprunt, des noms à coucher dehors, de jolis noms qui rappelaient des comptoirs et des rivages lointains.

    Bon faut dire qu’à la maison, y avait des noms qu’on n’avait pas le droit de prononcer en vain ; et bizarrement, qu’on prononçait souvent, en vain.

    Et parmi tous ces patronymes l’un d’entre eux m’étonnait par sa sonorité, c’était un nom étrange et à rallonge, qui ne m’était pas familier, il ne ressemblait pas à ceux qu’on entendait.

    Et pourtant sa seule évocation, suggérait qu’il recelait des trésors.

    Denoix de Saint Marc ! Un drôle de nom celui d’un chevalier d’un corsaire ou d’un aventurier.

    Quand on est grand on le sait, Denoix de Saint Marc, c’est un nom de Ministre ou de commission, un nom qui fleure bon l’administration.

    Bref ! Denoix de Saint Marc c’est un nom de gens sérieux un nom de gens bien …

    Un nom, pour lequel on fait des éloges, pas des procès.

    Et pourtant !! Ministère Public contre Denoix de Saint Marc, ce procès là j’le connais par cœur, je le connais si bien que j’en ai presque des souvenirs,

    Ecoute, écoute le grésillement des transistors.

    "Non rien de rien, … »

    21 avril 1961, depuis quelques mois on diffuse cette chanson ; Edith Piaf l’a dédiée aux légionnaires engagés en Algérie depuis 7 ans déjà.

    Dans les maisons bourgeoises, on entend des airs de swing et de jazz qui se mêlent aux chants traditionnels arabo-andalous que crachent les gargotes alentours.

    Soudain, la musique s’arrête et la radio éructe un message incompréhensible

     « Le 1e REP quadrille Alger avec à sa tête le Commandant Hélie Denoix de Saint Marc, le Général de Gaulle ! déclare l’état d’urgence ! ». Le reste des noms et des informations se perd au milieu des ondes.

    A Bordeaux un ancien résistant se souvient d’un jeune camarade idéaliste.

    A Rennes, et à Paris des anciens déportés revivent avec émotion une nuit de décembre 1943.

    Un jeune partisan vietnamien réchappé miraculeusement de l’enfer des vietminh lui ! pense à ce commandant rencontré dans les vallées du Tonkin.

    Ce 21 avril 61, le Général Challe arrivé clandestinement à Alger avait convoqué Hélie Denoix de Saint-Marc pour lui révéler son plan, et lui proposer de prendre part à un coup d’État.

     « Notre action n’a rien de fasciste ou d’antidémocratique, nous souhaitons contraindre De Gaulle à revoir sa position et à négocier. »

    Denoix de Saint-Marc a 39 ans, l’acte est grave quelles qu’en soient les raisons, il le sait bien. Pourtant en moins d’une heure son choix est fait, il prendra part au putsch. Ce soir-là il réunit ses hommes et leur dévoile le plan, pas un ne refuse.

    Ni dans les marches ni dans le danger, ni même dans les défilés, personne ne sépare la légion.

    En une nuit le 1er REP s’est emparé des places fortes, l’aéroport, l’hôtel de ville, la radio.

    Challe prend la parole : « Je suis à Alger pour tenir notre serment, celui de garder l’Algérie. L’armée ne faillira pas à sa mission et les ordres que je vous donnerai n’auront jamais d’autres buts. »

    En réalité, De Gaulle à Paris est serein, il sait tout du complot, il sait que Challe n’a pas d’appui et que le projet est voué à l’échec. Il laisse faire, le coup est un prétexte idéal pour s’arroger les pleins pouvoirs, et déclarer l’Etat d’urgence.

    Le lendemain il prononcera pour la forme une allocution évoquant à tort « un quarteron » et non un quatuor « de généraux en retraite ».

    Retiens, le pouvoir, c’est d’abord une parole, une voix.

    Le coup est un échec, les putschistes sont lâchés ; les soldats doivent déposer les armes et rentrent dans leur caserne. Ils sont immédiatement mis aux arrêts, et transférés au fort de Nogent.

    Le soir les gardiens les entendent chanter à tue-tête cette chanson de la môme dont ils ont amendé quelques strophes.

    « Ni le bien qu’on m’a fait, ni la prise du corps d’Armée d’Alger. »

    Sous le feu, quand un camarade tombe, en marchant, et même au fond d’une geôle, à la légion ! On chante !

    L’officier lui, est loin de ses hommes.

    5 juin 1961 Imagine, Paris, l’île de la cité,

    Imagine, une salle comble, on est venu de partout pour voir l’homme que le Roi veut déshonorer.

    Le procès passionne autant qu’il divise et la beauté du lieu elle, tranche avec l’ambiance de la salle.

    Les hautes fenêtres laissent passer la lumière d’un bel après-midi ; au plafond, une toile de Bonnat, la Justice pourchassant le crime.

    La salle d'audience de la 1èrevChambre de la Cour d'appel de Paris est un choix qui ne doit rien au hasard. L’endroit est si beau et si solennel qu’aujourd’hui encore Magistrats, avocats et greffiers y prêtent serment.

    Cette salle c’est un symbole, 15 ans plus tôt on y avait condamné Laval et Pétain.

    C’est ici qu’on juge les traitres.

    Depuis un mois on s’affaire, en 30 jours à peine, tout a été refait pour l’occasion.

    Là des spots de lumières au cas où les audiences viennent à s’éterniser, ici des micros pour les témoins.

    Pas de place pour le doute, tout le monde doit comprendre de quel côté se trouve la justice.

    Transféré depuis la prison de la santé dans un camion grillagé, Hélie Denoix de Saint Marc est entravé, et pourtant les quelques escortes qui le croisent se mettent machinalement au garde à vous.

    Ses grands yeux bleus scrutent la salle, il n’a pas peur.

    A la Légion on ne baisse jamais la tête ni devant la mort, ni devant Dieu.

    Fils d’avocat, il le sait bien, la justice a quelque chose de théâtral : il faut humilier l’accusé, le contraindre à la pénitence.

    Mais l’officier refuse la mise en scène imposée

    Béret vert, uniforme d’apparat, et décorations sur la poitrine, pas question de perdre la face dans cette passe d’arme, dans ce duel entre l’épée et les robes.

    Tant pis pour le résultat.

    A côté du décorum, le verdict non plus n’est pas négligé.

    Tout a été pensé, réfléchi pour aboutir à une condamnation exemplaire.

    L’institution d’abord, au lendemain de la reddition De Gaulle commande un « Haut Tribunal militaire » sorte de juridiction ad hoc pour juger les félons.

    Pas de recours possible, le Haut Tribunal militaire juge en dernier ressort.

    Retiens ! La justice politique ne se déjuge jamais, elle ne supporte pas la contradiction. Seul espoir envisageable, une grâce absurde présentée à celui-là même qui avait créé cette institution.

    En un mois à peine l’instruction, le déféré, l’acte d’accusation, tout est bouclé sur ordre, les rares interventions des juges ne sont que de pure forme.

    Retiens dans les procès politique c’est le Prince qui juge pas la justice.

    Le Tribunal aussi est composé sur ordre,

    Maurice Patin qui officie habituellement à la Chambre criminelle de la Cour de cassation est choisi pour présider les débats, il est flanqué d’éminents juristes des Présidents de Cour d’appel, et de militaires de haut rang.

    Quelques jours plus tôt on avait déjà jugé Challe et Zeller les architectes du putsch.

    Le cas Denoix de Saint Marc lui, est différent, il n’a pas le profil convenu du réprouvé ; il n’est ni un idéologue ni un factieux.

    Le Président Patin pose quelques questions pour la forme parce qu’il faut bien faire semblant toujours le même rituel:

    • Nom : Denoix de Saint Marc
    • Prénom Marie Joseph Hélie
    • Avez-vous déjà été condamné ?
    • Oui par les Allemands.

    Patin est furieux, cette marque d’arrogance, n’annonce rien de bon. Il reste pourtant impassible pas question d’engager un débat sur la légitimité des causes que chacun défend. Il faut absolument éviter que le putsch ait son martyr ou son héros.

    C’était pourtant juste, issu d’une vieille famille du Périgord, Hélie Denoix de Saint Marc n’a que 18 ans lors qu’indigné par la défaite, il entre en résistance.

    Ici même dans cette salle nombre d’anciens camarades de toutes tendances politiques confondues sont venus témoigner pour dire qui est Hélie Denoix de Saint Marc. Les témoignages s’enchainent chacun raconte ce qu’il sait de l’accusé. Par petite touche, un portait, se dessine.

    Monsieur le Président nous avons rencontré Hélie Denoix de Saint Marc une nuit de juillet 43.

    Alors que nous tentions de rejoindre la France libre nous avons été dénoncés par notre passeur, arrêtés, livrés à Gestapo puis déportés dans des wagons plombés, envoyés au camp Buchenwald et affectés dans un camp de travail.

    Buchenwald, une longue valse avec la mort.

    Dans cet enfer, on perd son nom, on n’est plus personne

    Hélie Denoix de Saint Marc lui, a disparu : Il n’est plus que le Matricule 20543.

    Enfin, lorsque ce 11 avril 45, les américains libèrent le camp, ils découvrent des cadavres entassés dans des fausses communes à peine recouverts par la terre.

    Et pourtant, du bout du camp émanent des râles d’agonie.

    Les libérateurs aperçoivent les corps décharnés de ces vivants en sursis. Saint Marc est de ceux-là, gisant inconscient parmi les mourants dans cette baraque putride.

    23 ans, 42 kg, rongé par la dysenterie, il a perdu la mémoire et oublié jusqu’à son nom.

    30 survivants sur un convoi de 1 000 déportés ; renvoyé chez lui, il n’en parlera plus.

    Et comme pour conjurer le sort il intègre l’école des officiers de St Cyr, et choisit de commander des régiments de la légion étrangère dont le gros des troupes est composé d’anciens de la Wehrmacht de la SS.

    Pas le temps pour la rancœur ou la haine. La légion est une patrie, où l’on pardonne presque tout .

    « Monsieur le Président ! Notre génération n’a pas connu de valeur fixe nous avons appris à nous fier à notre conscience seule ; cela avait conduit notre camarade en déportation en 43, cela le conduit aujourd’hui à la prison de la Santé. »

    A la barre on évoque également l’Indochine et ses traumatismes, des mois à sillonner un pays, à former des partisans contre les Vietminh à se battre et à mourir avec eux.

    Et puis un jour fin de mission. Ordre d’évacuer la zone. « Jamais, jamais nous n’oublierons l’incompréhension et la peur sur les visages des villageois à l’annonce de notre départ. Le cauchemar des coups de crosse sur les doigts des irréductibles incrédules s’accrochant aux rebords des camions français.

    Des coups de crosses sur les doigts de nos frères d’armes, finissant par lâcher pour s’écraser dans la poussière ».

    « C’était les ordres ! ».

    Pour le Général Ingold membre du jury, chancelier de l’ordre de la Libération, déporté-résistant et Gaulliste de la première heure, cette histoire a quelque chose de familier.

    Sollicité quelques jours plus tôt par des proches de Saint Marc, Ingold avait accepté d’intercéder en sa faveur à condition qu’il fasse pénitence et présente ses regrets.

    L’accusé avait remercié ses amis mais catégoriquement refusé. « Je ne regrette rien, j’ai agi en conscience, et je le dirai à l’audience ».

    Dans son coin, l’Avocat Général reste silencieux, il note méthodiquement ce qui est dit en attendant son heure.

    Jean Reliquet n’a pas été choisi au hasard ;

    Ancien procureur général à Alger, il a parfaitement en tête, les enjeux historiques liés à ce procès.

    L’Algérie. Une terre meurtrie, une terre qui mange ses enfants.

    Des attentats, dans les cinémas, aux terrasses de cafés, dans les salles de concert,

    On tue pour trois lettres,

    M.N.A.,

    F.L.N.,

    O.A.S.

    On tue pour venger Guelma, on tue pour venger Sétif, on tue pour la Nation, on tue pour être libre sur sa terre.

    On tue au nom du tout puissant du miséricordieux ; on guillotine, aussi, au nom de la France.

    Imagine une guerre où l’ennemi est sans uniforme agissant parfois sous le masque d’un vieillard, d’une jeune fille ou d’un enfant.

    La grande muette veut faire parler, elle torture.

    Pour Reliquet, cette pratique est indigne de la République, il alerte ses supérieurs, interpelle sa hiérarchie.

    Aucune réaction, l’homme est seul avec ses convictions, les impératifs sécuritaires l’avaient emportée sur ceux de la justice.

    L’épée l’avait emporté sur la robe.

    Retiens bien ! L’histoire finit toujours par condamner les peuples, qui sacrifient leur droit pour leur sécurité.

    Appelé pour rétablir l’ordre et la souveraineté nationale De Gaulle avait fait volteface, pour lui l’égalité risquait d’entrainer un exode massif des algériens en métropole.

    « La France est un pays de clocher, hors de question de rebaptiser Colombey ».

    Seule solution rationnelle : l’indépendance.

    La métropole le soutiendra, elle a les yeux rivés vers l’Amérique et la consommation elle se désespère de voir sa jeunesse périr dans une guerre qui ne dit pas son nom L’Armée ne comprend pas.

    Depuis sa cellule, l’accusé lui, a préparé une déclaration

    « Monsieur le Président Ce que j’ai à dire sera simple et court. Depuis mon âge d’homme, j’ai vécu pas mal d’épreuves Résistance, Gestapo, Buchenwald, l’Indochine, Suez et l’Algérie ».

    Saint Marc explique comment on en arrive là, comment on passe d’officier exemplaire à celui de soldat perdu.

     « Un jour, on nous a dit qu’il fallait envisager l’abandon de l’Algérie. L’angoisse a fait place au désespoir et nous avons pleuré en nous souvenant de l’évacuation de la Haute-Région, Diên Biên Phû, l’entrée du Vietminh à Hanoï, des villages abandonnés et des habitants massacrés ».

    Nous pensions à toutes ces promesses solennelles faites sur cette terre d’Afrique, à tous ceux qui avaient choisi la France à cause de nous et qui, à cause de nous, risquaient une mort affreuse. Nous pensions à notre honneur perdu.

    On peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier, pas de se dédire, de tricher ou de se parjurer. Oh ! je sais, Monsieur le président, il y a l’obéissance, il y a la discipline.

    Depuis quinze ans, je suis Officier de Légion. j’ai vu mourir pour la France des légionnaires, étrangers peut-être par le sang reçu, mais français par le sang versé. C’est en pensant à mes camarades, à mes sous-officiers, à mes légionnaires tombés au champ d’honneur, que le 21 avril, j’ai fait mon libre choix.

    Terminé, Monsieur le président. »

    Patin reste impassible pas question d’accorder à cet instant une quelconque solennité

    Ironie de la scène la justice est aux ordres, le militaire lui, est libre.

    Les consignes sont presque dictées pas d’acquittement.

    L’Avocat Général Reliquet, l’homme qui s’est opposé à la torture et dressé contre l’armée tient peut-être sa revanche.

    Depuis des jours il est encouragé par sa hiérarchie, et par les plus hautes personnalités pour requérir une peine exemplaire.

    Dans cette pièce commandée par De Gaulle il joue le dernier acte.

    Messmer alors Garde des sceaux le convoque ; lui parle des intérêts de la Nation et du danger que représentent les fanatiques.

    Retiens ! On invoque toujours les intérêts de la nation pour insulter la justice

    On lui enjoint de requérir une peine de 20 ans

    20 ans pour punir, pour venger un affront.

    20 ans pour effacer une cause et un nom.

    Problème : Reliquet, croit au droit pour tous et en tout temps en Algérie contre le FLN et les communistes, en métropole contre les putschistes, il pense que Code pénal est suffisant et qu’on n’a pas besoin de loi d’exception pour satisfaire les puissants ou l’opinion publique.

    La peine envisagée contre Denoix de Saint Marc n’est ni juste ni adaptée.

    Puisque Reliquet s’entête Michelet Ministre des armées et Messmer lui ordonnent par courrier de requérir la peine évoquée. Pas d’objection possible les ordres sont les ordres et il faut obéir.

    Tant pis, l’Avocat Général se lève prend un bloc de feuille et s’approche du Président.

     « Article 33 du Code de procédure pénale le Ministère Public est tenu de prendre des réquisitions écrites conformes aux instructions qui lui sont données,

    Voici mes conclusions. »

    Posant le tas de feuille sous le nez du Président, il poursuit immédiatement

     « Elles sont fidèles aux consignes qui m’ont été données vous y trouverez la peine exigée… »

    « J’entends pourtant, au terme du même article conserver ma liberté de parole… et requérir autrement »

    « La plume est serve certes, mais la parole est libre »

    L’instant est rare et surprenant on n’a presque jamais vu ça.

    Les murmures de réprobation dans la salle laissent à présent place à un brouhaha.

    « Silence ! Silence dans la salle ! »

    Patin réprouve manifestement la démarche de Reliquet qui enchaine :

    « La faute si lourde soit elle, ne saurait effacer 20 ans d’héroïsme ».

    Il faut une peine juste et adaptée, juste et adaptée.

    « 4 à 8 ans de réclusion criminelle ».

    Et Reliquet de conclure « beaucoup plus que cette peine l’abandon du métier des armes sera une sanction bien plus terrible pour ce soldat héroïque ».

    A ce moment précis l’espoir est permis, Reliquet semble avoir entrouvert la porte et la défense tient quelque chose.

    Le mot acquittement se murmure dans la salle.

    L’instant est incroyable !!

    Au tour de la Défense de prendre la parole, les chances sont minces, mais il faut s’engager dans chaque interstices tout exploiter, ne rien laisser au camp d’en face.

    Cette plaidoirie je la connais par cœur !

    La procédure d’abord ! Un Tribunal spécial, c’est une marque de défiance envers le peuple.

    L’accusé comparait devant un Tribunal fantoche créé par l’article 16 spécialement pour punir et jeter l’anathème.

    Quelle différence avec Riom, ou les sections spéciales ? Par sa forme et par son but il est discrédité.

    De plus comment considérer ce jury comme impartial et ce procès comme équitable alors qu’on a déjà condamné Challe et Zeller quelques jours plus tôt pour les mêmes faits.

    Les faits ! La Vème République est un coup d’État née d’un coup d’État ; le pouvoir a sciemment laissé faire pour asseoir une légitimité qui lui faisait défaut et engager des réformes institutionnelles.

    Le putsch avorté a été instrumentalisé pour servir les intérêts du pouvoir en place.

    Les faits encore ! l’homme a agi par fidélité à un serment, redoutant nous dit-il un massacre à venir.

    L’histoire dira comment la France aura traité les pieds noirs et les harkis.

    Un mot pour les juges enfin, leur rappeler que 20 ans plus tôt ces militaires, avaient eux-mêmes désobéis.

    Un mot pour l’homme peut être aussi enfin, la vie d’Hélie Denoix de Saint Marc est une tragicomédie qui veut qu’au gré des caprices des puissants, on porte pour les mêmes faits,tantôt un uniforme d’officier et tantôt celui  d’un bagnard.

    Mais rien de tout cela n’a été dit.

    Cette plaidoirie c’est la mienne.

    On avait laissé à l’accusé deux jours seulement pour choisir son conseil, deux jours pas plus.

    Jacques Martin-Sané un fidèle du Maréchal s’était proposé spontanément ; les proches de Saint Marc l’avaient pourtant mis en garde sur le profil de son avocat.

    Qu’importe, il avait donné sa parole d’officier.

    Me Martin-Sané n’a pas saisi la main tendue par le parquet, et s’est contenté d’une plaidoirie grandiloquente et un peu surannée pour réclamer l’absolution.

    Peut-être n’avait-il pas vraiment compris qui, était Hélie Denoix de Saint Marc.

    Oui je sais le soleil se couche, mais écoute encore un peu.

    Imagine la Cour des Invalides, des hommes en Képi blanc au garde à vous, réunis autour d’un vieil homme.

    Cassée par les rhumatismes la silhouette a perdu de sa superbe, mais le regard lui, est resté le même.

    Ses grands yeux bleus, scrutent l’horizon.

    Déporté à 20 ans, dégradé, et emprisonné à 40, Hélie Denoix de Saint Marc a été successivement gracié, amnistié, puis réintégré dans son grade de commandant.

    Non par décision de justice, mais par décrets successifs ; des caprices de Prince.

    Aujourd’hui, 28 novembre 2011, il est fait Grand-croix de la légion d’honneur. « À titre militaire et au titre de l'Algérie ».

    Soudain tout le monde se fige.

    Aux morts !

    A quoi pense-t-il ?

    Quelques vers de Péguy que je t’ai récité sur les fils et sur la terre,

    Une peine de 10 ans prononcée à la hâte ce 5 juin 1961, A tous ces hommes morts pour la France, par la France.

    Ministère Public contre Denoix de Saint Marc, c’est l’histoire d’un procès qui n’aura duré qu’une après-midi et le procès d’une histoire, une histoire d’homme aussi.

    Tu as raison c’est drôle un patronyme mais ça dit tellement de choses sur celui qui le porte.

    Je ne comprenais pas vraiment pourquoi mon père me contait ce récit, peut-être qu’avocat lui-même, il me donnait tout simplement une leçon d’homme et de justice.

    Peut-être aussi, parce que là-bas dans un vieux cimetière près de Constantine notre nom, est encore inscrit sur quelques pierres tombales laissées à l’abandon.

    Un nom enraciné dans une terre qu’il n’a jamais revue que je ne connais pas et dont je me souviens.

    Ce que je sais en revanche c’est que cette histoire tu la raconteras à ton tour, en lui donnant le sens que tu voudras.

    Il est tard, maintenant, dors mon fils

  • Les écoles hors-contrat hors-circuit ?

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    «L’esprit qui nous anime, c’est l’esprit de liberté » dit JM BLANQUER. Qui l’eut cru ? Au moment même où il « veut en finir avec les écoles hors contrat » (sic), écoles entièrement privées, entièrement libres, ne bénéficiant à ce titre d’aucune subvention de l’Etat ou des collectivités territoriales, écoles reconnaissant seulement devoir répondre à une obligation de résultat académique préétablie et s’y soumettant d’autant plus volontiers que leur but est précisément de cultiver l’excellence.

    Pour cette raison, elles refusent de devoir se calquer sur les délires anti-pédagogiques de l’Education Nationale dont l’indigence des programmes et la nocivité des méthodes n’est destinée qu’à produire des citoyens incultes et manipulables au gré de ceux qui nous détruisent.

    Au nombre de 1300 en France, scolarisant environ 65 000 élèves – alors que les dispositifs d’ « éducation prioritaire » qui cultivent également l’excellence mais pour les élèves issus de l’immigration, scolarisent 1 200 000 élèves – le gouvernement a entrepris de mettre la main sur ces écoles hors contrat.

    Raisons invoquées de la mainmise

    Mais…pourquoi vouloir mettre la main sur des écoles qui se développent chaque année davantage et qui, dans l’immense majorité des cas, satisfont pleinement les parents ?

    La raison officielle est celle de « lutter contre la radicalisation » en clair, de vouloir contrôler les écoles islamiques ! C’est clairement se moquer du monde, jouant sur la peur des Français pour les abuser de la façon la plus éhontée, leur faisant croire que la lutte contre la radicalisation passe par là alors que… l’Etat a déjà tous pouvoirs pour faire fermer une école islamiste et qu’elle ne le fait pas, …les principaux foyers de radicalisation se situent essentiellement dans les lieux d’enseignement non déclarés en lien avec des lieux de prières eux-mêmes non répertoriés, que prévoit le ministère pour les détecter quand il suffirait de contrôler tous azimuts et les lieux de prière et les écoles coraniques ?

    Rien ne peut justifier la mainmise sur toutes les écoles hors contrat sous ce prétexte.

    Par ailleurs, pour apporter une justification supplémentaire au renforcement du contrôle des écoles hors contrat, est évoqué le constat de « vraies failles pédagogiques » dans ces écoles: il ne faut pas manquer d’aplomb quand l’Education Nationale est la première à faillir, à fournir à tour de bras des illettrés et des incultes et que JM BLANQUER – grand enfumeur devant l’Eternel - n’a pas du tout l’intention de changer de braquet contrairement à ce que ses déclarations pourraient laisser à penser et s’il y a un lieu où nos enfants sont réellement en danger, c’est bien à l’Education Nationale, ce qui explique d’ailleurs le succès grandissant des écoles hors contrat qui contrarie la politique destructrice de Monsieur BLANQUER.

    Raisons réelles de la mainmise

    Mais…ne nous laissons pas abuser. « En toutes choses il faut considérer la fin » concluait Jean de la Fontaine dans la fable « le renard et le bouc ». Quelle fin considère le renard BLANQUER ?

    Mondialiste et immigrationniste impénitent comme son maître MACRON, il entend, à la suite NV. BELKACEM, « mettre au pas » de l’Ecole de la république les écoles hors contrat afin d’empêcher la transmission de la culture française et l’émergence d’une élite française et ce, au bénéfice de l’émergence d’une élite issue de l’immigration formée dans les R.E.P. (réseaux d’éducation prioritaire) et autres structures qui leur sont réservées, voulant contraindre ces écoles hors contrat à suivre les mêmes « programmes » et les mêmes délires anti-pédagogiques de l’Education Nationale que les parents fuient de plus en plus et que les professeurs – les vrais - supportent de moins en moins malgré le silence-radio des syndicats complices.

    Moyens de la mainmise

    Jusqu’à ce jour, une école hors-contrat pouvait être créée librement par simple déclaration avec possibilité d’opposition de la part de l’administration mais pour des raisons non pédagogiques, une entière liberté étant laissée aux créateurs d’écoles à cet égard.

    Le gouvernement précédent représenté par NV.BELKACEM a voulu restreindre la liberté de créer des écoles hors-contrat en faisant voter une loi substituant au régime de déclaration, un régime d’autorisation ; cette loi a été invalidée par le conseil constitutionnel le 25 janvier 2017.

    BLANQUER prend le relais de NV. BELKACEM poursuivant le même objectif mais s’y prenant autrement. Une loi votée par les sénateurs le 21 février 2018 par 240 voix contre 94 voix vise à restreindre la liberté de création et de fonctionnement des écoles hors contrat. Bien que proposée par une sénatrice UDI Françoise GATEL, les négociations se sont en réalité faites directement avec JM.BLANQUER qui a confié être « très attaché à cette loi ». Le texte va être soumis au vote de l’assemblée nationale.

    Contenu de la loi

    Dans le Figaro du 11/02/18, Anne Coffinier souligne que « l’hostilité des services du ministère de l’Education Nationale envers les écoles hors contrat est en contradiction totale avec les déclarations publiques du ministre ». En effet ! Ne soyons pas dupes !

    L’apparence de simplification pour présenter un dossier de création d’école ne signifie pas pour autant une plus grande facilité de création, bien au contraire !

    Par ailleurs, le texte de loi révèle ce qui était le plus à redouter : un obligatoire alignement des écoles hors contrat sur les contenus et les méthodes de l’Education Nationale, autrement dit, ce texte signe la mort des écoles hors contrat.

    Le « diable étant dans les détails », il a fallu aller « à la pêche » dans l’article 4 nouveau de la loi qui fait référence à l’article 227-1-1 du code pénal mais n’en énonce que la partie modifiée, et c’est précisément là que le bât blesse. Désormais, l’article 227-1-1 du code pénal stipule :

    « Le fait, par un directeur d'établissement privé accueillant des classes hors contrat, de n'avoir pas pris, malgré la mise en demeure de l'autorité de l'Etat compétente en matière d'éducation, les dispositions nécessaires pour que l'enseignement qui y est dispensé soit conforme à l'objet de l'instruction obligatoire, tel que celui-ci est défini par l'article L. 131-1-1  du code de l'éducation et permette aux élèves concernés l’acquisition progressive du socle commun défini à l’article 122-1-1 du même code (partie du texte modifiée par la proposition de loi) et de n'avoir pas procédé à la fermeture de ces classes est puni de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende. En outre, le tribunal peut ordonner à l'encontre de celui-ci l'interdiction de diriger ou d'enseigner ainsi que la fermeture de l'établissement »

    La loi votée par le sénat renforçant les contrôles des établissements hors contrat par un contrôle systématique la première année d’exercice et des contrôles inopinés par la suite, cela signifie que ces contrôles s’effectueront forcément en référence à l’ « acquisition progressive du socle commun » et donc, les écoles hors contrat devront calquer méthodes et contenus sur ceux, désastreux de l’Education Nationale dont nous savons que, dans le cadre de la refondation de l’Ecole pour nos enfants, l’axe principal est l’acquisition et la soumission aux valeurs dites de la République.

    Ce n’est pas recevable ! Comme vient de souligner le rapport de la Cour des Comptes  :

    « …L’évaluation n’a pas été conçue au sein de l’Education Nationale pour qu’elle devienne grâce à elle, une organisation « apprenante » tirant les enseignements de ses succès comme de ses échecs appréhendés selon des méthodes clarifiées, validées et fondées sur le recueil de données sur les acquis et les besoins des élèves… ».

    Conclusion

    En réalité, la volonté diabolique de JM BLANQUER de tuer l’enseignement privé hors contrat est manifeste et s’inscrit dans une logique engagée par ses prédécesseurs. De plus, dans le dernier projet de loi de finances, le ministre de l’éducation a également « gelé » les postes financés dans l’enseignement privé sous contrat : aucun poste ne lui a été attribué, contrairement à l’accord conclu en 1992 qui astreint l’Etat à assurer 20% dans le privé et 80% dans le public. Pour conclure, notons le cynisme sans cesse renouvelé de JM BLANQUER devant le Sénat au moment de la présentation du texte :

    «… Ce qui se passe à travers cette proposition de loi, c’est tout simplement de conforter la liberté d’enseignement (!!!) en évitant, comme pour toute liberté, que l’abus de cette liberté ne vienne abimer cette liberté… (Applaudissements !... à croire que les sénateurs sont totalement décérébrés !)…toute liberté en effet, peut comporter des abus, et c’est en étant soigneux vis-à-vis de ces abus qu’on est soigneux vis-à-vis de ces libertés… ».

    Le choix des mots est « soigneusement » choisi pour apparaître protecteur. « …Conforter la liberté d’enseignement… », autrement dit « davantage contrôler pour plus de liberté », nous avons déjà entendu cela avec NV. BELKACEM, ce qui est d’autant plus compréhensible que l’un et l’autre s’abreuvent à la même source ! Mais ne nous laissons pas abuser ! Notre volonté à nous, défenseurs de l’avenir de nos enfants, est au contraire celle de libérer tous les enfants, tous les jeunes, du joug destructeur de l’Education Nationale et nous devons nous y employer.

    Analyse de Claude Meunier Berthelot (Juriste de formation. A fait toute sa carrière dans l’Education Nationale) pour les lecteurs du Salon beige :

  • Jean-Yves Le Gallou à Béziers le 10 avril : "La réinfosphère leur fait peur car elle leur a fait perdre leur monopole"

    Le Gallou-2.png

    Nous vous avons déjà informé (ICI) de la venue de Jean-Yves Le Gallou le 10 avril prochain à Béziers. Celui-ci a récemment donné un entretien au quotidien Présent

     

    "Pourquoi avoir choisi de vous consacrer à la désinformation ? Comment y êtes-vous venu ?

    Très tôt. Quand je suis entré à Sciences-Po (il y a près d’un siècle…) un ami m’a expliqué qu’il fallait lire Le Monde, « le quotidien de référence », tous les jours, alors il m’a bien fallu fabriquer des anticorps ! D’autant que dans mes interventions dans la vie intellectuelle (au Club de l’Horloge au début) puis dans la vie politique (au Front national), j’ai très vite été confronté à la désinformation et à la diffamation. Au-delà de ces expériences personnelles irritantes, je me suis aussi intéressé à la désinformation à travers les romans de Vladimir Volkof : celui-ci a d’abord décrit les méthodes soviétiques avant d’analyser celles des Atlantistes – encore pires – lors des guerres de Yougoslavie.

    Le fondateur de Présent, Jean Madiran, auteur d’un remarquable Le Monde et ses faux, a aussi beaucoup fait pour mettre en garde les élus du FN, dont j’étais, contre les médias dominants. Mais il était difficile de s’en passer et d’échapper à leur chantage : « Vous nous critiquez ? Nous ne vous inviterons plus ! » ; « Vous voulez un droit de réponse ? Nous vous boycotterons ! ». Au début des années 2000, j’ai été sorti de la vie électorale (par l’échec du MNR de Bruno Mégret) et internet est apparu. C’est alors que j’ai fondé Polémia avec notamment Grégoire Tingaud, Françoise Monestier et Philippe Christelle. Et tout de suite nous nous sommes attachés à la critique sans complexes et sans merci des médias de propagande. Et nous avons décrit et dénoncé « la Tyrannie médiatique ». C’était possible puisque nous n’avions plus besoin des médias officiels et qu’internet offrait un champ d’expression nouveau. [...]

    Pourquoi la réinfosphère leur fait-elle peur à ce point ?

    La réinfosphère leur fait peur car elle leur a fait perdre leur monopole. Le monopole de la présentation des faits. Et bien souvent dans leur cas, de la présentation mensongère des faits. Les médias de propagande publient des articles sous l’angle politiquement correct mais la réinfosphère donne d’autres points de vue. Les médias de propagande occultent des faits (des manifestations des crimes ethniques, par exemple) mais la réinfosphère les fait connaître.

    Les médias de propagande mentent mais leurs mensonges ne restent plus impunis. Bref la réinfosphère sape leur crédit. Comme ils refusent de se réformer, car ils sont là non pour informer mais pour déformer, ils ont choisi de dénigrer ceux qui les contestent. Avec une méthode simple, celle de l’amalgame : ils prennent un tweet douteux d’un twittos inconnu, pour jeter le discrédit sur un ensemble de sites et de comptes sociaux parfaitement sérieux. Bien sûr ils mobilisent les petits sectaires du corps enseignant au service de leur cause.

    La France, c’est la Corée de l’ouest : on apprend aux petits enfants à croire aveuglement ce que dit la presse du régime. Pardon pour ma comparaison qui diffame peut-être la … Corée du Nord. Car pour ce pays aussi, la désinformation bat son plein : sa délégation aux jeux olympiques a été conduite par une chanteuse dont les médias français et occidentaux nous avaient dit en 2013, qu’elle avait été… fusillée !

    Tout comme Emmanuelle Ménard, vous militez pour la suppression de l’aide publique à la presse à faible ressource publicitaire. Vous n’ignorez pas que cette suppression aurait pour conséquence immédiate de faire mourir Présent. Nous supportons les charges énormes, les contraintes et les dépenses d’un quotidien papier, il n’y a aucune raison, sinon celle de l’arbitraire politique le plus total, pour que notre quotidien ne bénéficie pas de cette subvention. Tous nos journalistes ont également une carte de presse et il suffit de nous lire chaque jour pour se rendre compte que cela ne bride en rien notre liberté, notre indépendance et notre insolence. Faut-il jeter Présent avec l’eau du bain ?

    Non il ne faut pas jeter Présent avec l’eau du bain ! Et Présent vivra grâce au ressort de ses abonnés et donateurs. Notre salut terrestre, à nous gens du politiquement incorrect, c’est l’économie du don, de la générosité, pas de la subvention. Ce sont les subventions publiques et la publicité qui expliquent que les médias français mainstream, contrairement aux médias anglais par exemple, se moquent de leurs lecteurs. C’est ce qui explique la diffusion modeste de la presse française : dix fois moins que la presse anglaise, pas plus que celle du Danemark, pays qui a dix fois moins d’habitants que la France. J’ajoute qu’il est choquant de voir les contribuables subventionner des journaux qui sont la propriété de milliardaires : Niel et Pigasse pour Le Monde et L’Obs, Arnaud pour Les Echos et Le Parisien, Pinault pour Le Point, Drahi pour L’Express et Libération, Dassault pour Le Figaro, Lagardère et l’émir du Qatar pour Paris-Match. Liste non exhaustive ! [...]

  • Hélène Carrère d’Encausse : un autre regard sur la Russie de Poutine

     

    Carrère d'Encausse Hélène.jpg

     

    Difficile de trouver en ce moment dans nos médias un commentaire, un mot, une tendance favorable ou au minimum objectif à propos de Poutine.

    Vincent Trémolet de Vilers a publié pour le Figaro une longue et passionnante interview d'Hélène Carrère d'Encausse qui offre (enfin) une autre perspective.

    Un document un peu long, mais la finesse d'une analyse ne se réduit pas à des slogans médiocres comme nos politiciens nous y habituent trop souvent.

    La Russie est-elle encore une démocratie ?

    Lorsque nous parlons de démocratie, nous le faisons avec un regard français, forts d’un siècle et demi d’expérience démocratique. La Russie quant à elle n’a connu que deux brèves tentatives de démocratisation : d’abord entre 1860 et 1880, quand Alexandre II a voulu, ayant aboli le servage, créer des pouvoirs locaux, les zemstvos, son assassinat en 1881 y mit fin. Après la révolution de 1905, il y eut l’amorce d’un système de monarchie constitutionnelle, condamné dès 1917 par la révolution. Ce n’est qu’en 1991 que la Russie instaure la démocratie ! Vingt-cinq ans, cela ne pèse pas bien lourd au regard d’une histoire millénaire ! Pourtant, depuis 1993, la Russie s’est dotée d’une Constitution et d’institutions démocratiques. Cette Constitution de 1993 a été rédigée avec l’aide de grands constitutionnalistes français, et Vladimir Poutine s’est refusé à la modifier en 2008 pour pouvoir prétendre à un nouveau mandat en dépit d’un accord populaire réel sur ce point. À partir de là, nous entrons dans un autre débat : celui du fonctionnement des institutions et de la conception de la démocratie des dirigeants. La situation de la Russie est très particulière : l’immensité de l’espace russe (17 millions de kilomètres carrés) fait que la préoccupation première du pouvoir russe est de s’imposer à la totalité de cet espace et d’une population multiethnique et multiculturelle difficile à rassembler.

    Le but était d’installer un État fort ?

    En arrivant au pouvoir, Poutine a rendu publics ses objectifs prioritaires. D’abord sauver la Russie, telle qu’elle était sortie de la décomposition de l’URSS, et préserver l’État, qui n’existait presque plus, d’un effondrement total. Pour accomplir ces tâches immenses, puis pour reconstruire l’ensemble russe et l’État et les maintenir ensuite, il fallait un pouvoir fort, autoritaire. Un pouvoir se réclamant des valeurs traditionnelles de la Russie, l’idée russe, la puissance, le sens de l’État et la solidarité sociale.

    Quels sont les modèles de Poutine ?

    Le premier modèle dont il s’est réclamé était Pierre le Grand, l’homme de la volonté d’ouvrir la Russie à l’Occident et d’occidentaliser son pays. C’est ce qu’a essayé de faire Vladimir Poutine jusqu’en 2004. Puis d’autres figures ont gagné en importance dans son discours : Stolypine, premier ministre de Nicolas II, qui fut l’homme de la transformation sociale de la Russie et du développement de la propriété privée ; mais aussi, d’une certaine façon, Alexandre III, qui disait que les meilleurs alliés de la Russie étaient « sa flotte et son armée ». Mais c’est surtout le projet de Pierre le Grand de construire un État russe, et le rêve de puissance, développé par tous les tsars, qui inspirent aujourd’hui Vladimir Poutine. Rappelons qu’il manifeste peu de sympathie pour Lénine dont il n’a même pas inauguré l’exposition lors du centenaire de la révolution. Il se réclame en revanche clairement et toujours du passé impérial.

    Est-il nostalgique de l’ère soviétique ?

    Il est courant de citer, à ce sujet, la phrase bien connue de Poutine : « Celui qui ne regrette pas l’URSS n’a pas de cœur ; celui qui souhaite son retour n’a pas de tête. » Mais ce n’est pas réellement le système soviétique qu’il regrette, c’est la puissance internationale de son pays et le prestige acquis par son rôle décisif dans la victoire sur le nazisme. Pour le soixante-dixième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, les chefs d’État occidentaux ont refusé de participer aux commémorations à Moscou, de même que Poutine n’a pas été invité à célébrer la libération d’Auschwitz, qui était pourtant le fait des troupes soviétiques… Cependant on ne peut contester que son premier mandat a été ouvert sur le monde occidental, Vladimir Poutine entendait alors coopérer avec l’Union européenne et il a soutenu la création de quatre espaces de coopération – économie, recherche, justice et sécurité, sécurité extérieure – qui ouvraient de vastes perspectives au développement des relations Europe-Russie. De même, il a envisagé une participation de son pays à l’Otan et, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, il a spontanément offert son aide aux États-Unis et leur a ouvert des moyens stratégiques de riposte. Mais les révolutions de couleur de 2003-2004 – « révolution de la rose » en Géorgie et orange en Ukraine – ont brisé cet élan. Poutine y a vu une intervention des États-Unis à la périphérie de la Russie et la volonté d’en éloigner des pays de l’ex-URSS. Moscou entre alors dans une période de confrontation dont les projets de coopération Europe-Russie seront victimes.

    A-t-il transformé son pays ?

    Certainement, même s’il y a des zones d’ombre. À son actif, on peut lui attribuer le mérite d’avoir sauvé l’espace russe de la désagrégation en brisant la rébellion tchétchène, en rétablissant une certaine paix dans le Caucase du Nord et en remettant le contrôle de la région à Kadyrov. Il a restauré partout l’autorité de l’État après l’avoir reconstruit. Il a par ailleurs opéré une centralisation considérable de l’État. Celle-ci commence dès 2000 lorsque Poutine pour l’unifier crée sept « super-gouverneurs » (polpred) qui mettent un terme au pouvoir exorbitant des gouverneurs des 89 régions du pays. Il a ainsi placé sous contrôle ces gouverneurs, dont il a ensuite réduit l’autorité en supprimant leur élection, qui sera rétablie en 2012, mais avec de nombreuses limitations. Notamment les gouverneurs ne siègent plus à l’Assemblée fédérale et n’ont donc plus d’immunité parlementaire. En revanche, Vladimir Poutine n’a pas réussi à réformer l’économie russe, qui a été dépendante de la rente pétrolière jusqu’en 2014. L’économie n’a été réellement ni diversifiée ni modernisée. Enfin, Poutine n’a pas su réduire la corruption, cette vieille tradition russe qui empoisonne le pouvoir et que Medvedev et lui n’ont cessé de dénoncer. La corruption indigne toujours la société russe.

    Quelle vision Poutine a-t-il des valeurs de la Russie ?

    La question démographique joue un rôle décisif dans ses conceptions morales. Au début des années 2000, la natalité était toujours très basse et la mortalité, notamment masculine, alarmante. L’accent mis alors sur la famille, la mise en place d’une politique nataliste est une réponse à cette urgence, et c’est ce qui explique l’intolérance de Poutine et souvent de la société russe à l’égard des évolutions sociétales occidentales. Ce rejet n’est pas tant le fruit d’une religiosité réelle ou supposée du chef de l’État, mais d’abord d’une nécessité politique. De plus, en matière de valeurs morales et familiales, le système soviétique, c’est-à-dire le Parti, avait toujours prétendu guider les comportements : après 75 ans d’encadrement autoritaire des individus par le système autoritaire, celui-ci s’effondrant brutalement, le pouvoir a considéré que la religion orthodoxe pouvait être comme un substitut permettant de maintenir un certain ordre social et les valeurs dont il se réclame.

    Quid de l’opinion publique russe ?

    Elle a surtout un souvenir horrifié du chaos des années 1990. Elle est donc obsédée par la volonté de voir préserver la stabilité. Certes chaque Russe est favorable à la démocratie, mais ce qui le préoccupe d’abord, c’est de vivre mieux. Or Poutine s’est donné pour objectif majeur pour son prochain mandat de réduire de moitié la pauvreté, tout en garantissant à ses administrés une stabilité politique. Avec Poutine, les Russes espèrent éviter de nouvelles périodes de chaos.

    Quel est son bilan géopolitique ?

    En 1999, les Russes pensaient leur pays comme effacé du monde. Les bombardements de la Serbie en 1999 par l’Otan ont accentué ce sentiment, car la seule chose qu’avait conservée la Russie de son statut de super-grand, c’était d’être membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Or à l’époque, les bombardements ont été décidés sans consultation de l’ONU pour éviter un veto russe. Poutine en a conclu et il l’a répété que sa mission était de rendre à la Russie son statut. C’est ce qu’il a exprimé en 2007 à la Conférence de Munich où il a dit que désormais la Russie devait accorder la priorité à sa sécurité et à son intérêt national. Et c’est ce qu’il a redit le 1er mars 2018 dans son discours à l’Assemblée fédérale. C’est aussi ce que traduit en 2008 la guerre de Géorgie, qui a permis à Medvedev et à Poutine de donner un coup d’arrêt à l’hypothèse d’une entrée de l’Ukraine et de la Géorgie dans l’Otan, hypothèse inacceptable à la Russie. En Syrie, depuis 2015 Poutine a pris l’initiative, et les bénéfices qu’il en retire pour la Russie sont réels. Les Russes en sont désormais à la troisième manifestation de la démonstration de leur puissance, après la Géorgie en 2008 et le rattachement de la Crimée à la Russie en 2014. En Syrie, ils ont fait la preuve de leurs capacités militaires et démontré qu’il n’y a pas de solution sans eux au Proche-Orient. En sauvant Bachar el-Assad, Poutine inverse le cours des événements et répète que la stabilité des États est l’arme la plus efficace pour freiner les progrès du terrorisme.

    Comment Poutine répond-il à la question de l’islam ?

    Le pouvoir postsoviétique affiche, dans ce domaine, une réussite remarquable. Les musulmans (environ 15 % de la population de Russie) sont rassemblés dans des régions symboliques, en Tchétchénie, au Nord-Caucase, le long de la Volga, au Tatarstan, qui est véritablement un État musulman prestigieux. Poutine a fait édifier à Moscou « la plus grande mosquée d’Europe », qui rivalise donc avec celle de Saint-Pétersbourg, qualifiée jusqu’à présent de même ! On constate une réelle coopération entre les autorités musulmanes, l’Église orthodoxe et le pouvoir. Enfin, pour l’heure, et malgré la très forte présence à ses abords d’États musulmans agités – Afghanistan notamment – la Russie ne s’inquiète pas de phénomènes extrémistes. Les musulmans sont dans ce pays russes et musulmans, mais surtout citoyens de Russie.

    Certains prêtent à Poutine une influence sur les élections occidentales…

    Il y a beaucoup de naïvetés sur ce sujet. Pour l’élection française, ce qui est avéré c’est que Poutine a reçu Marine Le Pen et que les banques russes lui ont prêté de l’argent pour sa campagne. Pour le reste, quelles ont été les intentions et l’influence réelle, nul ne le sait vraiment. Ce qui est certain en revanche, c’est que la manipulation des élections dans un pays étranger n’est pas une exclusivité russe. En 1996, les États-Unis ont manipulé la réélection de Boris Eltsine et leurs interventions, ou pressions dans maintes situations électorales ne relèvent pas du secret ! Pour ce qui est de la présidentielle américaine, il est incontestable que Poutine s’inquiétait de l’hostilité de Hillary Clinton, et que Trump lui semblait plus proche des intérêts russes, donc certainement plus souhaitable. Cependant, le résultat final est que la Russie est perçue aux États-Unis comme l’acteur premier de la campagne de Trump, ce qui impose à ce dernier une posture hostile à la Russie et entraîne une sérieuse dégradation de la relation Russie – États-Unis.

    Le Royaume-Uni accuse Poutine d’empoisonnements successifs…

    Sur la réalité des empoisonnements et des commanditaires, impossible de se prononcer avec certitude et l’on ne pointe en Occident que « la responsabilité quasi certaine » de la Russie. Mais l’URSS avait une tradition remarquable d’empoisonnement des ennemis de l’intérieur et de l’extérieur. Un historien russe a même assuré que Staline avait fait empoisonner la veuve de Lénine. Durant la guerre froide les incidents du type « parapluie bulgare » n’ont pas manqué. Ce passé inspiré par le « laboratoire des poisons » stalinien, et aussi la riche histoire des espions doubles ou triples « retournés », tout particulièrement en Angleterre, John le Carré est à cet égard un excellent témoin, expliquent la sensibilité et la vigilance britannique aujourd’hui sur le thème. La conséquence en est une dégradation spectaculaire des relations russo-occidentales. Pour autant, évoquer à ce sujet une nouvelle guerre froide est excessif. La guerre des « sanctions » n’a rien à voir avec la menace nucléaire d’hier, elle témoigne de crises récurrentes, du malaise des Occidentaux devant la puissance montante d’une Russie qui revendique le droit à une interprétation souveraine de la démocratie.

    Y a-t-il une volonté d’établir une hégémonie culturelle russe ?

    Dans les années 1990, Eltsine a compté sur une politique d’influence dans les pays de l’ex-Union soviétique pour créer une communauté d’intérêt, à la façon du Commonwealth britannique. Cette politique a complètement échoué. La Communauté des États indépendants n’a qu’une existence réduite, et l’idée d’une zone d’influence postsoviétique à la périphérie de la Russie a périclité. La Russie a aussi essayé de développer un espace de la langue russe, inspiré de la francophonie, sans plus de succès. En revanche, une autre idée, plus récente, est apparue : il s’agit de développer une politique d’influence intellectuelle à travers le monde, étranger historiquement à la Russie. Ainsi l’Institut Pouchkine à Paris est peut-être conçu à Moscou comme une réplique des instituts Goethe dont le prestige et l’influence sont réels.

    Comment jugez-vous les relations entre Macron et Poutine ?

    L’idée d’engager une politique de la main tendue, ou de réconciliation franco-russe en invitant le président russe à Versailles pour l’exposition consacrée à Pierre le Grand était fort subtile. Pierre le Grand lors de son périple français a réconcilié Paris et Saint-Pétersbourg, mis fin à l’ignorance réciproque des deux pays et ouvert à jamais la Russie à l’Occident et à son influence. Le président Macron a probablement à l’esprit une vision nouvelle de l’Europe. Les États-Unis se consacrent désormais à leurs intérêts propres, « America First » selon le président Trump, et l’Europe est davantage livrée à elle-même. L’Europe va, disait le général de Gaulle, de l’Atlantique à l’Oural, aujourd’hui il dirait de l’Atlantique au Pacifique, car c’est vers l’Asie que le poids géopolitique glisse. La Russie est le lien, le pont entre cette Asie triomphante et l’Europe. Ignorer la Russie, lui tourner le dos signifie pour l’Europe se couper de l’Asie, c’est-à-dire rester à l’écart du grand basculement géopolitique du XXIe siècle. Peut-être faut-il regarder les crises actuelles qui nous opposent à la Russie à la lumière de ce bouleversement. Et aussi juger le pouvoir autoritaire de Poutine non seulement à l’aune de nos critères, mais aussi en prenant en considération l’évolution spectaculaire du pouvoir en Chine, pays vers lequel la Russie tend à se tourner dès lors que l’Occident la repousse