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le pays réel - Page 27

  • Ces "Vets" sont odieux

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    Le cimetière des éléphants écologistes est plein à craquer.

    Zemour.jpgAvant Nicolas Hulot, il y avait eu Cécile Duflot, Dominique Voynet, Antoine Waechter, Brice Lalonde. Et tant d'autres, dont les noms ont déjà été oubliés. Ministres démissionnaires ou virés, présidentiables lilliputiens, apparatchiks enfermés dans leurs combines de partis, ou idéalistes victimes de querelles picrocholines, les verts n'ont jamais réussi à s'imposer dans la vie politique française, alors même que leurs thématiques, au départ marginales, étaient reprises par tous.

    Leurs habitudes groupusculaires font ressembler leur vie partisane à un dinosaure de la IVe République. Leur manie gauchiste et égalitariste coupe toutes les têtes qui dépassent. Leur millénarisme exalté de secte les rend inaptes aux compromis de la politique. Hulot n'a jamais réussi à trouver sa place sous Macron, comme Duflot (photo) n'avait pas réussi à s'entendre avec Valls, et comme Voynet avait passé sa vie gouvernementale à chouiner sous Jospin. Napoléon disait: «Je commande ou je me tais.» Les verts disent: «Je commande ou je pleurniche.»

    Les écologistes français ne s'entendent pas avec le «monde du business», a expliqué Hulot. Mais ils ne s'entendent pas non plus avec la technostructure nucléaire d'EDF, ni avec les agriculteurs utilisateurs de pesticides, ni avec les automobilistes qui veulent aller travailler, ni avec les amoureux des paysages qui refusent de les voir abîmés par les éoliennes.

    Les écologistes ne sont ni de droite ni de gauche. Ils sont contre la mondialisation capitaliste, dénoncent les traités de libre-échange avec l'Amérique du Nord ou le Japon, mais interdisent la fermeture des frontières aux migrants. Ils sont partisans du local pour les salades et du global pour les hommes. Ils exaltent le droit des peuples indiens à défendre leur identité en se fermant aux autres, mais traitent de fascistes et de racistes le peuple français ou ses voisins européens qui ont le même désir. Ils sont affolés à juste titre par l'exploitation excessive des ressources naturelles, mais se refusent à voir que la première raison en est l'explosion démographique sur la planète. Ils rejettent avec véhémence les expériences sur les animaux, mais approuvent celles sur les humains à l'image de la GPA. Ils défendent la dignité animale, mais ne disent mot de l'abattage rituel sans étourdissement pour ne pas être accusés d'islamophobie. Ils prétendent lutter contre les émanations de CO2, et vitupèrent le nucléaire, seule énergie pourtant décarbonée. Ils prétendent pouvoir gérer l'État, mais rejettent avec véhémence la nation. Leurs contradictions sont innombrables et finissent par les rendre inaudibles, incompréhensibles, odieux.  

  • Immigration : quand la gauche se réveille...

     

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    Est-ce la fin de la sacralisation de l’immigration à gauche ? Les postures humanistes sont encore bien ancrées chez les progressistes. Mais elles sont désormais ouvertement contestées par l’égérie de la gauche radicale allemande, Sahra Wagenknecht, présidente du groupe Die Linke au Bundestag. Mardi, elle a lancé son propre mouvement, "Debout" ("Aufstehen"), qui se propose de répondre aux demandes de protection d’un électorat populaire qui se tourne massivement vers la droite radicale. "Je ne veux pas laisser la rue au mouvement (anti-islam) Pegida ou à l’extrême droite", a-t-elle expliqué hier en estimant que ceux qui protestent "se sentent laissés pour compte" (Le Figarode ce mercredi). Pour elle, les électeurs de l’afD, ce mouvement populiste qui prend de l’envergure, "ne sont pas tous des nazis (…) Il y a parmi les gens qui votent actuellement afD des personnes en colère qui se sentent abandonnées". Partant de cette analyse, Sahra Wagenknecht appelle à en finir avec "la bonne conscience de gauche sur la politique de l’accueil" promue par des responsables "vivant loin des familles modestes qui se battent pour défendre leur part du gâteau". Elle ajoute : "Une frontière ouverte à tous, c’est naïf. Ce n’est surtout pas une politique de gauche", car elle estime que les milliards dépensés par Angela Merkel pour accueillir plus d’un million de migrants en 2015 "auraient permis d’aider beaucoup plus de nécessiteux en Allemagne". Difficile de contester ce bon sens, même s’il faut faire confiance à la gauche européenne pour s’accrocher à ses tabous.
     
    Reste que Jean-Luc Mélenchon ne semble guère éloigné de Sahra Wagenknecht. A Marseille, récemment, ses propos ont laissé voir une inflexion : "Oui il y a des vagues migratoires (…) Elles posent de nombreux problèmes quand certains s’en servent pour faire du profit sur le dos des malheureux (…) Nous disons : honte à ceux qui organisent l’immigration par les traités de libre-échange et qui l’utilisent ensuite pour faire pression sur les salaires et les acquis sociaux". Dans une lettre publiée dans L’Humanité le 7 janvier 1981, Georges Marchais, secrétaire général du PCF, avait déjà tenu un tel raisonnement : "Dans la crise actuelle, l’immigration constitue pour les patrons et le gouvernement un moyen d’aggraver le chômage, les bas salaires, les mauvaises conditions de travail (…) C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage". Cette quête de l’électorat ouvrier par une gauche jusqu’alors prolophobe, si elle se confirme, pourrait bouleverser le paysage politique en affaiblissant le Rassemblement national. Au premier tour de la présidentielle de 2017, 37% du vote ouvrier s’était porté sur Marine Le Pen. La gauche française, adepte de la position de l’autruche, est-elle prête à entendre prioritairement les Français plutôt que les immigrés ?
    Mardi, la gauche anglaise a dû admettre que son discours islamo-gauchiste avait généré des propos antisémites dans les rangs. Fin d’une époque ?


    Paru sur blog.lefigaro.fr/rioufol,

    Yvan Rioufol

  • Un long calvaire s’annonce pour la Grèce

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    Le troisième « plan de sauvetage » de la Grèce (Memorandum of Understanding) s'est achevé au mois d’août, même si elle n’est pas encore sortie d’affaires, comme l’a bien montré Jacques Adda. L’accord « final » conclu entre la Grèce et ses créanciers repose au fond sur trois faux-semblants : il voudrait effacer les effets sociaux de près de dix ans d’austérité aveugle ; il s’appuie sur des perspectives économiques incohérentes ; enfin, il instaure une mise en tutelle à durée indéfinie de la Grèce.

    Novlangue européenne

    L’accord a souvent été accueilli par des commentaires exprimant un soulagement obscène, compte tenu de l’état de délabrement du pays. La palme revient sans doute à Pierre Moscovici qui n’hésite pas à écrire sur son blog : « Tel Ulysse de retour à Ithaque, la Grèce arrive enfin à destination aujourd’hui, dix ans après le début d’une longue récession. Elle peut enfin souffler, regarder le chemin parcouru et contempler de nouveau l’avenir avec confiance. » C’est le coup de pied de l’âne à un peuple que l’on a délibérément maltraité, et cet étalage d’autosatisfaction a quelque chose d’intolérable. Le commissaire salue les sacrifices du peuple grec qui étaient nécessaires pour éloigner « le plus grand péril de cette odyssée » qui, pour lui, n’était ni la misère, ni le chômage, ni les maladies, ni les suicides, ni les exils, mais ce « monstre appelé Grexit. »

    Le « rapport de conformité » (Compliance Report) de la Commission européenne est lui aussi un long satisfecit qui décrit point par point la bonne mise en œuvre par le gouvernement grec des conditions associées à « l’aide » reçue. Tout au long de ce texte, une insupportable novlangue est de règle. Prenons l’exemple de la santé publique : pour la Commission, « les autorités ont rempli leur engagement de continuer à rationaliser les dépenses globales de santé. » Cette assertion est d’un cynisme effarant, au regard de la situation réelle qui est celle-ci : « le système national de santé grec a été démantelé par l’application d’un ensemble de mesures imposées depuis 2010 par les créanciers de la Grèce dans les secteurs de santé primaire, secondaire et pharmaceutique » comme l’analyse la chercheuse Noëlle Burgi, dans un article très documenté.

    Des conditions de vie dantesques

    Une enquête menée à Athènes dresse un tableau saisissant des conditions de vie. 43 % des ménages déclarent ne pas avoir les moyens de payer le chauffage de leur logement ; 52 % disent qu’ils ne pourraient faire face à une dépense imprévue de 500 euros, 49 % qu’ils n’ont pas les moyens de partir en vacances. Six personnes interrogées sur dix sont restées au chômage plus de deux ans. 10 % seulement des chômeurs sont indemnisés, à 360 euros par mois.

    Toujours à Athènes, la consommation de psychotropes a été multipliée par 35 entre 2010 et 2014, celle des benzodiazépines par 19 et celle des antidépresseurs par 11. Ces dernières données sont tirées d’un article du Monde diplomatique qui résume les résultats d’une étude originale menée sur les eaux usées de la ville.

    Comment, dans ces conditions, la Grèce peut-elle « contempler de nouveau l’avenir avec confiance » ?

    Déconomie

    Si un tel déni est difficilement supportable, les projections économiques accompagnant l’accord sont, elles, proprement hallucinantes. Le document de référence reproduit le même scénario qui a fait long feu depuis 2010. La Grèce est censée maintenir un excédent primaire élevé tout en renouant avec la croissance. L’excédent primaire - soit la différence entre les recettes et les dépenses hors intérêts de la dette - est la variable-clé, qui mesure la capacité de la Grèce à honorer ses engagements. En très bon élève, la Grèce a pour l’instant tenu, et au-delà, cet objectif. Il était de 0,5 % du PIB en 2016 et ce fut 3,9 % ; puis 2 % en 2017, et ce fut 4,2 %.

    Pour complaire à ses créanciers, le gouvernement grec a présenté une stratégie budgétaire à moyen terme entérinée par la Commission européenne dans son rapport de conformité. Elle est manifestement délirante : le scénario postule une croissance qui augmente progressivement jusqu’à 2,6 % en 2020 avant de ralentir à 1,9 % en 2022. C’est évidement optimiste, mais c’est surtout totalement déraisonnable quand en même temps l’excédent primaire devrait augmenter progressivement de 3,5 % du PIB en 2018 à 4,3 % en 2022.

    Une telle prévision sort complètement des clous et on pourrait lui adresser la formule utilisée par la Cour des comptes européenne dans son rapport sur l’intervention de la Commission dans la crise financière grecque : « La commission a établi des projections macroéconomiques et budgétaires séparément et ne les a pas intégrées dans un modèle. » Mais croire qu’il pourrait exister un modèle capable d’engendrer une telle trajectoire est une pure fiction. Tous les économistes sérieux savent qu’on ne peut maintenir longtemps un tel excédent primaire, comme le rappelait le FMI en 2016 dans son analyse de soutenabilité de la dette grecque : « un excédent primaire de 3,5 % du PIB est difficile à atteindre et à maintenir à long terme, en particulier après de longues périodes de récessions et face à un chômage structurel élevé. »

    Impossible reprise

    Plutôt que de dépenser son énergie à critiquer les supposées erreurs commises par les auteurs de ces scénarios rocambolesques, il vaut mieux mettre les pieds dans le plat et dire que ces idiots utiles n’en ont au fond rien à faire. Il s’agit d’un habillage technocratique du seul chiffre qui importe, à savoir l’excédent primaire, parce qu’il représente la capacité de la Grèce à payer ses intérêts. Il n’y a que cela qui compte. La contrepartie de cette saignée est la poursuite des réformes structurelles, notamment la baisse des dépenses sociales, en particulier les pensions dans le cas de la Grèce, ainsi que le blocage de tout investissement public.

    Cette trajectoire est incompatible avec une reprise de la croissance. Jusqu’à la crise, l’investissement tirait la productivité horaire du travail. Depuis la crise, son volume a été divisé par trois, retrouvant à peine son niveau de 1990 ; et la Grèce est l’un des rares pays européens, peut-être le seul, où la productivité horaire du travail recule, au rythme de 1 point par an. Cette tendance sera d’autant plus difficile à inverser que les forces vives sont parties : environ un tiers de la population de 15 à 29 ans, pour une bonne partie des personnes qualifiées, a quitté le pays. Cette perte de substance va encore aggraver le déséquilibre démographique et l’impact des réformes des retraites, d’autant plus que le nombre de naissances a baissé depuis le crise.

    Le commerce extérieur de la Grèce est aujourd’hui à peu près équilibré. Mais ce résultat n’a pas été atteint par une reprise des exportations qui auraient été dopées par les fameuses « réformes » : c’est l’effet mécanique de la chute des importations pendant la crise. Toute reprise véritable conduirait à de nouveau à un déficit en raison de la dépendance de la Grèce notamment en biens d’investissement, et cela dans un contexte où les capitaux étrangers seraient évidemment réticents à financer ce déficit.

    C’est en regardant du côté des exportations de la Grèce que l’on peut discerner à quoi le pays est destiné. Ses principales ressources spécifiques sont, en simplifiant un peu, la flotte commerciale (mais les armateurs grecs paient peu d’impôts et les ports seront peu à peu vendus à des groupes chinois ou autres) et le tourisme. Ce dernier est à peu près le seul secteur en expansion et représente en 2016 un quart des exportations et 7,5 % du PIB. Selon le rapport du World Travel & Tourism Council sur la Grèce, les effets induits du tourisme sur l’économie conduisent à une contribution totale de 18,6 % du PIB en 2016. Près d’un quart (23,4 %) de l’emploi total serait lié à l’industrie touristique. La stratégie est donc toute trouvée : continuons à attirer les touristes qui abandonnent les pays à risque, avec des tarifs attractifs.

    Une dette insoutenable

    Les négociations sur la dette grecque sont au fond une fantasmagorie. Personne ne croit vraiment à la soutenabilité à moyen ou long terme de la dette grecque. Le FMI s’est retiré du jeu parce qu’il n’y croit pas, et même la Commission européenne a émis de discrètes réserves. L’Eurogroupe fait semblant de croire au rétablissement de la soutenabilité de la dette grecque en prétendant que le ratio dette/PIB devrait diminuer progressivement pour passer de 188,6 % en 2018 à 168,9 % en 2020, puis 131,4 % en 2030 et 96,8 % ... en 2060.

    Mais cela, encore une fois, n’est que de l’habillage pour récuser toute nouvelle annulation de la dette. Le refus des créanciers n’est pas fondé sur la confiance dans la validité de leurs scénarios, mais s’explique par la volonté de discipliner leur débiteur grec. Leur objectif est au fond de se donner les moyens de récupérer un maximum d’argent et de reporter le plus tard possible leurs pertes éventuelles.

    Personne ne croit vraiment à la soutenabilité à moyen ou long terme de la dette grecque : les projections sont de l’habillage pour récuser toute nouvelle annulation

    Il suffit pour s’en rendre compte d’examiner l’échéancier qui vient d’être entériné (il est régulièrement compilé par trois journalistes du Wall Street Journal sur la page Greece’s Debt Due). Le profil est aberrant : après un léger retrait en 2018 (8 milliards de dollars), les remboursements bondissent à près de 12 milliards en 2019. Puis, ils baissent à 4 milliards en 2020 et 2021. Les montagnes russes s’enchaînent : un creux un peu après 2040 et puis, brusquement, cela repart comme un feu d’artifice pendant cinq ans (après une petite pause en 2051) jusqu’à l’annulation finale en 2060 !

    La Grèce, endettée... jusqu’en 2060 !

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    Cette trajectoire chaotique s’explique par le traitement différencié des dettes auprès des différents créanciers. Aujourd’hui la dette de la Grèce est de 294 milliards de dollars qui se répartissent comme l’indique le graphique suivant.

    Qui détient la dette grecque ?

    Répartition des détenteurs de la dette grecque (en milliards de dollars)

    Source : Wall Street Journal

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    Les Etats et institutions européennes, qui détiennent 80 % de la dette grecque, n’auraient-ils pas pu se concerter, ne serait-ce que pour réduire le « mur » de 2019 où « les besoins bruts de financement s’élèveront à 21 milliards d’euros en principal et en intérêts » comme le souligne la Cour des comptes européenne ? La moitié de ce besoin de financement correspond à la Banque centrale européenne, la même qui refuse de fournir des liquidités en échange de titres de la dette grecque. Une partie des profits réalisés sur les achats de titres grecs par les pays de l’eurozone sera finalement restitué à la Grèce, mais au compte-goutte. L’accord prévoit néanmoins une réserve de précaution de 15 milliards d’euros (contestée au Parlement allemand), ce qui est un moyen d’admettre que le calendrier n’est pas réaliste.

    Tout est donc en place pour que le mécanisme infernal de boule de neige s’enclenche à nouveau : la Grèce devra emprunter de nouveau sur les marchés pour faire face à ses échéances, mais à 3, 4 ou 5 %.

    Le secret de Polichinelle

    Klaus Regling, le directeur général du Mécanisme Européen de Stabilité (ESM, European Stability Mechanism), tire évidemment un bilan positif de l’action de l’Eurogroupe. Dans un discours prononcé devant l’Hellenic Bank Association, le 12 juin dernier, il commence par « féliciter le peuple grec et ses dirigeants politiques pour cette évolution vers une économie plus moderne. » L’objectif est maintenant que la Grèce ait accès aux marchés après l’achèvement du programme : c’est important pour la Grèce mais aussi, soit dit en passant pour l’institution qu’il dirige, puisque elle en est « le principal créancier. » Et il est vrai que l’agence de notation Standard & Poor’s a annoncé, le 25 juin, qu’elle relevait la note de la dette grecque B à B+, ce qui n’empêchera pas que la Grèce devra se financer à des taux élevés. On peut en effet se demander qui se risquerait à prêter à la Grèce sans une prime de risque « rassurante ».

    La surveillance de la Grèce devra être « plus serrée et plus complète que dans n’importe quel pays » a annoncé Klaus Regling, directeur général du Mécanisme Européen de Stabilité.

    Mais Klaus Regling ne dissimule pas un certain pessimisme : « Permettez-moi de dire en même temps que l’accès de la Grèce aux marchés reste fragile. Retrouver la confiance des investisseurs implique de faire preuve d’un engagement total en faveur des réformes, mais même cela pourrait ne pas suffire dans le cas de la Grèce. » Il faudra donc la surveiller, notamment grâce au Système d’alerte précoce (Early Warning System) dont dispose l’ESM et cette surveillance devra, dans le cas de la Grèce, être « plus serrée et plus complète que dans n’importe quel pays. »

    Quelques jours plus tard il livre le fond de sa pensée, dans une interview assez incisive et reproduite sur le site de l’ESM. A la question de savoir si la dette de la Grèce pourrait être déclarée soutenable à long terme, Klaus Regling répond par la négative, suivie d’une formule ampoulée sur le rôle des mesures à moyen terme. Et combien de temps faudra-t-il, lui demande-t-on, que la Grèce fasse des réformes pour rassurer les marchés ? Là encore, la réponse en dit long : « la mise en œuvre des réformes est une tâche permanente. Elle n’est jamais achevée. C’est vrai pour tous les pays du monde, pour tous les pays de l’Union européenne et donc aussi pour la Grèce. Peut-être un peu plus dans le cas de la Grèce, en raison de l’histoire récente de l’économie grecque qui met fin à une période d’ajustement difficile. »

    Pas de sortie de crise à l’horizon

    Le chef de l’ESM se fait encore plus précis : la surveillance de la Grèce, via le Early Warning System « devra durer jusqu’à ce que tout l’argent soit remboursé ». Jusqu’en 2060 ? demande l’interviewer et Regling répond : « Oui. La Commission arrêtera quand 75 % auront été remboursés, mais pas nous. Nous surveillerons jusqu’à l’échéance finale ». Et il y aura même une « surveillance renforcée » avec « une évaluation tous les trois mois » mise en place pendant « un certain nombre d’années. »

    La Grèce reste sous tutelle

    La déclaration finale de l’Eurogroupe du 22 juin, contient d’ailleurs une clause de revoyure : « L’Eurogroupe examinera à la fin de la période de grâce du FESF, en 2032, si des mesures supplémentaires sont nécessaires. » Cette surveillance sert à vérifier que « les engagements sont honorés et qu’il n’y a pas de retour en arrière sur les réformes importantes qui sont nécessaires pour ramener la Grèce sur un sentier de croissance plus élevé. » Bref, la Grèce reste sous tutelle.

    Le simili-accord conclu entre la Grèce et ses créanciers européens a été présenté comme une sortie définitive de la crise. C’est doublement faux. L’accord ne peut pas effacer les dommages systématiquement infligés à la société grecque et dont les effets ne sont pas effacés. Il n’ouvre pas non plus une nouvelle trajectoire pour l’économie grecque. Et ces deux constats ne sont pas sans rapport.

  • V-Défense et illustration de notre patrimoine

    Pour cette rentrée, revenons à notre patrimoine. Il nous rappelle constamment que nous sommes une nation à l'histoire ancienne et glorieuse, et que nous avons le devoir de le préserver. Tous les jours les signes de sa disparition sont de plus en plus précis.

    Nous poursuivons ainsi l'étude archéologique réalisée par notre ami Jean-Paul Wiegant, ancien responsable du service archéologique de la mairie de Béziers. Il s'agit de la quatrième publication relative aux arènes romaines.

    (Cliquez sur les photos et images afin de les consulter plus facilement.)

     

    Les anciennes arènes romaines - 5

    Réhabilitation du site et archéologie (1987à 2005)

     

    Photo 21 - Fondation de la façade extérieure ouest de l'amphithéâtre

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    Photo 22 - Observation de l'assise de l'arcade ogivale médiévale

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    Images 21 et 22 : Au niveau des sous sols de ce secteur de la terrasse de l’îlot médiéval les vestiges antiques les plus significatifs se résumeront principalement par la mise à jour du soutènement d'une courte section de la fondation, en gros appareil, de l'ancienne façade externe de l'amphithéâtre antique sur laquelle s'appuie une double arcature ogivale médiévale en cours de dégagement pour une compréhension des méthodes employées par les bâtisseurs médiévaux.

    Photo 23 - Observation de l'assise de l'arcade ogivale médiévale

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    Photo 23 : Vue d'ensemble des zones de sondages et de recherches effectuées, en 1999, entre les immeubles médiévaux conservés en élévation et en cours de réhabilitation dans le respect de leurs constructions et allures d'origines sous le contrôle de plusieurs architectes spécialisés.


    De rares indices de constructions antiques, essentiellement enfouis au dessous d'humbles restes d'habitations ou d'enclos médiévaux, parsemant les alentours, seront observés dans cette zone lors des fouilles et des sondages archéologiques.


    **Notes : La rareté des éléments architecturaux antiques observés dans l'ensemble de ce secteur de la colline Saint Jacques témoignent, ici encore, d'une longue durée de pillage des matériaux pouvant être réemployés ou vendus pour bâtir ou entretenir les remparts, bâtiments civils ou religieux, notamment pendant les diverses poussées d'extensions économiques qu'a connu la cité fortifiée du moyen-âge.

    Photo 24 - Fin de la première phase de sondages sur l’Îlot Médiéval

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    Photo 24 : Cliché des premiers sondages et fouilles archéologiques exécutés dans la zone de la terrasse de Îlot médiéval, localisée entre le niveau supérieur de la bordure des gradins surplombant l'arène elle même et deux arcades ogivales, toujours en élévation, derniers témoignages d'un ancien grand immeuble médiéval.
    Ces interventions vont nous apprendre qu'une occupation humaine de la préhistoire n'est que très peu représentée sur cette partie de la colline St Jacques, jusqu'à l'arrivée, aux alentours du Véme siècle avant J.C., d'une population inconnue ou indigène qui occupera ce secteur pendant un temps indéterminé.

    Photo 25 - Observations des traces d'habitats protohistoriques

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    Photo 25 : La fouille méticuleuse entreprise sur l'espace laissé par la démolition des bâtiments parasites et vétustes apporte les premières preuves attestant la présence d'un peuplement protohistorique, à cet endroit précis, par la trouvaille de divers fragments de céramiques attestés du Véme siècle avant J.C. et mêlés de déchets culinaires étalés parmi les nombreuses traces d'habitations et de silos affleurant le centre d'un large fossé elliptique.


    **Notes : Il sera également encore confirmé que les indices d'habitations antiques autres que les ruines de l'amphithéâtre, sont généralement étonnamment absents de ce secteur.

    Photo 26 - Finalisation des relevés archéologiques sur l'Îlot Médiéval

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    Photo 26 :   Relevés et mesures effectués par l'équipe des archéologues après un nettoyage méticuleux afin de mettre plus clairement en évidence et en relation l'ensemble des structures et indices mis à jour.  
    En raison de la complexité des enchevêtrements chronologiques des vestiges et indices existants au milieu des bouleversements successifs du terrain, l'opération sera longue et délicate pour établir une interprétation fiable de l'ensemble des découvertes.

    Photo 27 - État des sondages en cours en septembre 1999

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    Photo 27 : Cliché du 22 septembre 1999 rassemblant, sur un même niveau de l'îlot médiéval, un amalgame d'empreintes et de diverses fondations de murs, d'enclos, de silos, de foyers et fosses de déchets culinaires échelonnés sur plusieurs siècles incluant la protohistoire, l'antiquité, le moyen-âge ainsi que le XIXéme siècle

    Photo 28 - Vue panoramique de l'arène antique et du jardin en 2006

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    Photo 28 :  Cliché de 2006 exposant la partie basse du coté ouest de l'ambulacre elliptique de l'amphithéâtre formant l'assise des immeubles médiévaux qui bordent l'ouest de l'arène et qui, à ce moment, est encore momentanément inaccessible car en attente d'une consolidation avant une réhabilitation interne permettant une future ouverture sécurisée au public en relation avec le musée du Bitterrois et l'Office du Tourisme qui, nous l'espérons, devrait être effective d'ici quelques mois.

     

    Récapitulatif des interventions majeures

    sur les arènes romaines et l'Îlot Médiéval

     

    - 1841, E. Sabatier entreprend les premières fouilles fournissant une base sérieuse pour les  études postérieures des vestiges de l'ambulacre.


    - 1952, J. Gondard fait réaliser des tranchées de sondage sous la partie basse des gradins.


    - 1984, C. Martinez, procède à une enquête minutieuse des sous sols alentours et propose un premier plan de masse ovulaire des structures de l'amphithéâtre


    - 1987, Suivi de travaux Place du Cirque, par J-P Wiegant, responsable de la Mission Archéologique de la ville de Béziers, et découverte de portions ruinées de la galerie principale dont une base de pilastre angulaire monolithe en calcaire finement agencé.


    - 1991, C. Olive, ingénieur archéologue D.R.A.C-S.R.A du Languedoc-Roussillon, réalise un sondage rue du Moulin à l'Huile sur la parcelle LX 320 située à l'est de l'assiette déjà repérée de l'amphithéâtre ou des ruines de démolitions sont atteintes vers 3,50 m de profondeur.


    La D.R.A.C-S.R.A, fait réaliser une série de sondages électromagnétiques laissant apparaître des portions de structures encore non répertoriées, C. Olive et J.-L Massy, direction du S.R.A, effectuent des investigations dans les caves et les rez-de-chaussées des immeubles médiévaux ceinturant le centre de l'arène et situent ou confirment l'existence de structures antiques. A. Levin, élève géomètre et C. Olive (S.R.A), réalisent un relevé topographique des structures visibles.

    - 1992/1993, O. Ginouvez archéologue, (Responsable scientifique d'opération pour l'A.F.A.N) et son équipe réalisent une série de sondages archéologiques pour repérer l'impact et le niveau d'enfouissement des vestiges éventuels. Devenue propriétaire, la Municipalité de Béziers fait démolir les garages modernes présents au sud-ouest de l'arène et au devant de l'ambulacre.


    - 1993/1994, O. Ginouvez (A.F.A.N) et son équipe entreprennent le relevé et la vérification de la stabilité des parties hautes des gradins (Cavea) surmontant la paroi de l'ambulacre.  

     
    - 1997/1998, O. Ginouvez (A.F.A.N) et son équipe dégagent les fondations des gradins (Cavea) situés au dessus de la paroi sud de l'ambulacre restée en élévation en limite de la terrasse en surplomb regroupant plusieurs immeubles du moyen-âge. Intervention suivie d'une série de fouilles et de sondages archéologiques préalables à l'aménagement du jardin destiné au public depuis la partie sud de l'arène centrale, elle même, jusqu'à la base de la paroi du mur intérieur sud-ouest en élévation de l'ambulacre.


    - 1999, Une équipe d'archéologues dirigée par C. Olive, (S.R.A.) réunissant D. Ugolini (C.N.R.S.) spécialiste des céramiques protohistoriques, O. Ginouvez et des agents de l'A.F.A.N., J-Paul Wiegant de la Mission Archéologique de la Ville de Béziers, appuyé  d'emplois jeunes en collaboration amicale avec plusieurs collègues des Services Techniques Municipaux de la Ville de Béziers, entreprend les sondages sur les parcelles LX 274, 283 et 286 libérées suite au curetage des immeubles vétustes par la S.E.B.L.I.


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    Documents réalisés d'après des archives rassemblées par J-Paul Wiegant (2017)

     

     

     

     

  • Ils nous ont rappellé "les heures les plus sombres" des IIIe et IVe républiques !

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    Nos professionnels de la politique piaffaient d’impatience depuis un an. Emmanuel Macron leur avait brulé la politesse. Inconnu, démagogue, sans parti, énonçant "en même temps" une suite d’idées contradictoires, il les avait remisés au fond du placard où finissent les oubliés de l’histoire. Quelle injustice, eux qui travaillaient depuis des années à décrocher une place !

    Pourquoi cette aigreur ? Parce qu’ils n’avaient pas compris, et apparemment n’ont toujours pas compris, qu’il n’était pas un candidat puis un président comme les autres, mais un simple instrument aux mains d’une oligarchie financière et mondialiste, maitresse de la presse et donc de l’opinion ; eux qui s'imaginaient et qui s'imaginent peut-être encore que la démocratie est une garantie de la liberté d'opinion ! Certains même en sont venus à admirer sa prise de pouvoir, attirés par les lumières de l’imposture, comme un enfant à qui un pédophile vient de donner un bonbon.

    La jalousie, le ressentiment, l’impatience, alimentés par la mécanique du système, les plaçaient à l’affut de l’occasion à saisir.

    Ils pensaient l’heure arrivée parce qu’un barbouze maladroit avait malmené un jeune manifestant. Encouragés par la chaudière de l’emballement médiatique qu’ils ont vite alimentée à pleine pelletés de postures choquées et de propos scandalisés, ils ont cru apercevoir le bout du tunnel sans réaliser, ni même soupçonner, le ridicule de la situation. Il suffit de parcourir l’histoire de nos républiques successives pour égrener la liste des véritables affaires d’État qui les ont assombries, du scandale des décorations en 1887, à l’affaire Busines France en 2017, en passant par Panama, Stavisky, les Piastres, la Garantie Foncière, Urba, Broglie, Robert Boulin, Botton, Kadhafi et autres emplois fictifs de la mairie de Paris ou ventes d’armes à l’Angola. L’inventaire est loin d’être limitatif. Mais ce n'est pas cet absurde fait divers qui allongera la liste.

    Et que dire du pitoyable spectacle des commissions parlementaires de l’Assemblée Nationale et du Sénat. La première, présidée par une députée manifestement dépassée et incontestablement à l’écoute attentive de l’Élysée et la seconde par un sénateur plus mesquin que pointilleux estimant que sa minute de gloire approchait, chacun donnant la parole à des intervenants aux allures de Raminagrobis distingués, espérant que la subtilité et la perversité de leurs questions feraient la une du Vingt heure. Et le grotesque se termina par des dépôts de motions de censure votées par tous, pour ou contre, dans le joyeux désordre d’une cour de récréation.

    Mais furent encore plus plus déplorables les "interrogatoires" de style commissariat de quartier des plus hauts personnages de l’État et des patrons des institutions régaliennes. On peut penser ce que l'on veut de ces ministres et hauts fonctionnaires, et nous ne nous privons pas ici de le dire, le spectacle n'était rien d'autre que dégradant pour le pays lui-même. Quelle image, pour l'étranger, d'une nation qui fut, dans d'autres temps, le phare de la civilisation !

    Des danses transgenres de l’Élysée lors de la fête de la musique, au spectacle navrant des parlements, la vie politique sombre, jusqu'à s'y noyer, dans les égouts peu ragoutants de la République.

    Avec plus de trois millions de chômeurs, minée par des projets monstrueux de PMA–GPA ou autres desseins eugénistes, dans une situation économique désastreuses menacée par un mondialisme macroniste au service de capitaux étrangers, incapable de déterminer une politique extérieure cohérente, envahie sans résistance par un islam radical déterminé à sa perte, la France mérite mieux que ces pitoyables joutes politiciennes.

     

    Henri Bec

    ____________________________________

     

    Pour ajouter à ce qui vient d'être écrit ci-dessus, il est intéressant de prendre connaissance de la tribune de François d'Orcival dans le Figaro magazine du 3 juillet, sur le véritable scandale du 1er mai.

    D'Orcival.jpgUn 1er mai peut en cacher un autre. De celui de M. Alexandre Benalla on sait tout, minute par minute, image par image. Mais l'autre 1er mai, le vrai, qu'en est-il ? Pourquoi, le soir de cette journée de défilés, les communistes réclamaient-ils déjà une commission d'enquête ? Parce qu'ils accusaient le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris d'avoir, non pas couvert des violences policières, mais laissé le cortège syndical dégénérer en un « 1er mai des black blocs » !

    D'avoir sous-estimé la capacité destructrice des 1200 casseurs cagoulés décidés à en découdre, et retenu l'action des CRS devant l'ultra-violence, les feux d'artifice tirés à bout portant et l'explosion des vitrines. Les porte-voix de l'opposition dénonçaient alors ce « jamais vu », cette « faillite de l'État », ce « défi à l'autorité ». Et puis ? Le préfet de police précisait l'autre jour qu'il avait fait procéder à 280 interpellations, à 109 gardes à vue. Pour quelles sanctions ? Il n'y a pas eu de commission d'enquête. On ne le saura pas.

    Ce 1er mai a été suivi par une « fête à Macron », le 5, sans « black blocs », puis par d'autres manifestations jusqu'à la « marée populaire » du 26 mai qui faisait pschitt. En était-ce fini des vitrines brisées et des voitures incendiées ? Cela recommençait de plus belle la nuit du 14 juillet, et celle du 15, après la victoire de la Coupe du monde. Malgré un dispositif impressionnant de quelque 110.000 gendarmes et policiers, de 44.000 sapeurs pompiers, on allait dénombrer 845 véhicules incendiés à Paris et en province ; on avait laissé dévaster et piller le Drugstore des Champs-Élysées, le magasin Intermarché de l'avenue de la Grande-Armée, etc...

    Le ministère de l'Intérieur annonçait 508 gardes à vue le 14 juillet, 327 interpellations le 15. A quoi cela servait-il d'autre qu'à grossir des fichiers si les individus en cause n'étaient pas dissuadés de recommencer ? Gérard Collomb se félicitait de ce que cela ne concerne qu'une « infime minorité ». Encore heureux !

    Mais c'est cette infime minorité dont le citoyen entend être protégé. On a fait un scandale d'État d'une faute grossière commise par un « chargé de mission » de l'Élysée, ce serait un scandale d'État d'une tout autre dimension que l'exécutif ne réponde pas de son impuissance à garantir la sécurité publique. Il paraît que les rappels au règlement des députés l'exaspèrent. En voici un de plus. 

    François d'Orcival

    Figaro magazine

  • Il y a vingt-sept ans, le régime des mollahs tuait Chapour Bakhtiar en France

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    Chapour Bakhtiar. Wikipedia. Ali Khamenei, successuer de Khomeyni et Guide de la Révolution iranienne. Sipa. Feature Reference: 00171027_000007.

    Le 6 août 1991, l’assassinat en France de l’ancien Premier ministre du chah Chapour Bakhtiar enterrait l’opposition iranienne. Depuis qu’il a sapé toute opposition crédible, le régime des mollahs survit aux différentes crises qu’il traverse. Rappel des faits. 

     

    Par Lina Murr Nehmé

    Causeur

    L’islamisation massive des Iraniens commença à Paris, le 6 octobre 1978, quand l’ayatollah Khomeyni s’installa à Neauphle-le-Château. On l’a reproché au président Giscard d’Estaing. À tort : il a reçu l’ayatollah en accord avec le chah d’Iran, qui négociait alors avec son opposition. Mais en autorisant l’installation de Khomeyni si près de Paris, l’État français facilitait ses contacts avec la presse et lui procurait ainsi une tribune de premier plan. Et la proximité de l’aéroport d’Orly permettait à Khomeyni de recevoir des agents et de leur distribuer les consignes, les bakchichs et la littérature incendiaire qui étaient propagés dans les mosquées.

    Khomeyni chouchou des médias tricolores

    Plus grave, la couverture que les médias publics français procurèrent à Khomeyni fut si démesurément favorable et contraire à la réalité du terrain qu’elle s’apparentait à de la propagande. Ils lui consacrèrent une large portion de leurs journaux, même aux heures de grande écoute. Ils le présentèrent comme un héros romantique représentant le peuple iranien face à un chah dictatorial. L’effet de cette propagande était si fort que la plupart des étudiants qui défendaient le chah en arrivant d’Iran, se mettaient à défendre Khomeyni après avoir passé quelques semaines à Paris.

    En Iran, en tout cas, Khomeyni était très minoritaire : lui et les communistes rassemblaient quelques centaines de manifestants sur 37 millions d’Iraniens. Et malgré toute la publicité mondiale dont il bénéficia durant des semaines (notamment de la part de la BBC qu’on captait en Iran), son retour au pays rassembla un million de personnes — badauds et communistes compris. Un événement historique et politique de cette envergure aurait pu attirer bien plus de monde : Téhéran, le bastion de l’opposition, comptait alors 8 millions d’habitants.

    Bakhtiar et Bazargan, destins croisés

    Khomeyni bénéficia aussi des trahisons de personnalités iraniennes qu’il acheta pour des prix divers. Il réussit même à faire tomber Mehdi Bazargan qui, avec Chapour Bakhtiar, était un des piliers de l’opposition laïque. Les deux hommes avaient fait leurs études en France : Bazargan était centralien, et Bakhtiar, titulaire de plusieurs doctorats de la Sorbonne. Tous deux avaient, durant la Seconde Guerre mondiale, milité dans les rangs de la Résistance française contre les nazis. Ils avaient ensuite servi le gouvernement de Mossadegh, et tenu tête au chah Mohamed Reza Pahlavi. Tous deux avaient été plusieurs fois emprisonnés par ce dernier, et ils pensaient le plus grand mal de Khomeyni, que Bazargan qualifiait d’« animal féroce ». Ce dernier passa pourtant dans le camp de Khomeyni, auquel il fournit un brevet en droits de l’homme.

    Le chah demanda à Chapour Bakhtiar, fin 1978, d’être son Premier ministre. Celui-ci exigea une liberté de gouvernement totale. Le chah accepta et quitta le pays. Bakhtiar tira des dossiers des oubliettes et fit voter un grand cycle de réformes par le Parlement. Il donna liberté aux journalistes d’écrire ce qu’ils voulaient et de refuser l’entrée de leurs locaux à tout policier qui voudrait contrôler leurs publications. Il fit dissoudre la terrible police secrète (Savak) et libéra les 900 prisonniers politiques.

    Le retour de Khomeyni

    Mais l’ampleur des manifestations ne diminua pas. Les islamistes s’étaient alliés aux nombreux hommes politiques et marchands corrompus auxquels nuisaient les réformes. Tout ce monde avait des moyens de propagande formidables, notamment les mosquées et le bazar de Téhéran, par le biais desquels ils pouvaient propager des rumeurs… et distribuer des pourboires. Bakhtiar fut ainsi renvoyé de son parti pour avoir accepté de participer au gouvernement — alors qu’il appliquait les réformes réclamées par ledit parti.

    Après le départ du chah, Khomeyni annonça qu’il allait revenir en Iran. Bakhtiar ne pouvait matériellement pas s’y opposer, à moins de provoquer un carnage. En outre, Khomeyni était citoyen iranien, et à ce titre, il avait droit à résider dans le pays : « S’il se conduit mal, il sera jugé par un tribunal compétent… [et] subira sa peine comme tout autre citoyen », dit Bakhtiar, qui affirme avoir seulement « sous-estimé sa férocité ».

    Khomeyni revint le 1er février 1979, et une foule en délire l’accueillit à l’aéroport. Mais quand on lui demanda quelle impression cela lui faisait de revenir au pays après tant d’années d’exil, il répondit : « Rien. »

    Deux gouvernements iraniens en même temps !

    Le 5 février, il nomma Mehdi Bazargan Premier ministre du gouvernement islamique qui accepta de lui servir de caution contre son le gouvernement laïque dirigé par son ami Bakhtiar. Cela faisait deux Premier ministres, et chacun des deux était hors-la-loi pour une partie de la population. Et les intrigues se poursuivaient dans les coulisses : le 10 février, le commandement de l’armée informa Bakhtiar que l’armée resterait neutre face à une tentative de coup d’État de Khomeyni. Donc la grande manifestation que celui-ci avait organisée pour ce jour serait aussi celle de l’avènement de l’État islamique.

    « Je suis convaincu, écrit Bakhtiar dans son livre Ma fidélité, qu’avec deux ou trois semaines d’appui de l’armée, Khomeyni aurait été prêt à transiger et j’en ai une preuve : mes amis décidèrent d’organiser des contre-manifestations. La première fois, il vint 5 000 personnes ; la semaine d’après, malgré les voyous de Khomeyni, les Palestiniens et les Libyens qu’il avait introduits, malgré les assassins qui infestaient les rues, il y en avait 20 000. La troisième contre-manifestation rassemblait 50 000 personnes. Ce sont des faits que tout le monde a pu vérifier. »

    L’exfiltration de Bakhtiar

    Bakhtiar céda la place et quitta le palais gouvernemental. Mais Bazargan ne put pas y arriver dans le calme : la populace prit le palais d’assaut, tua les domestiques et jeta les automobiles dans la piscine. Bakhtiar demeura caché pendant six mois chez des amis. Pendant ce temps, Khomeyni faisait arrêter tous les officiers supérieurs qui lui avaient livré leur pays, et il les tua presque tous. Bazargan couvrit tous les assassinats de Khomeyni, mais s’arrêta à la prise d’assaut de l’ambassade des États-Unis. N’ayant pu libérer les otages américains, il démissionna le 6 novembre 1979.

    De sa cachette, Bakhtiar avait entre-temps pris contact avec le gouvernement français, qui accepta de l’aider. Il quitta l’Iran sous un déguisement et s’installa à Paris, où des policiers furent chargés de sa protection. Il voulait organiser une résistance à partir de la France, comme l’avait fait Khomeyni. Mais l’ayatollah avait réussi grâce aux bakchichs, à la propagande dans les mosquées, à la complicité de la presse et du monde politique en Occident, et aux trahisons. Bakhtiar ne disposait de rien de tout cela. Il ne disposait même pas de l’appui de l’ensemble de l’opposition à Khomeyni. Les partisans du chah salissaient sa réputation en prétendant qu’il était à la solde des Anglais et que Khomeyni l’était aussi. Si Bakhtiar avait été à la solde des Anglais, la BBC l’aurait aussi bien traité que Khomeyni…

    Deux tueurs à Suresnes

    Les partisans du chah prétendent aussi que Bakhtiar a permis la Révolution islamique en autorisant le retour de Khomeyni et en libérant les prisonniers politiques. C’est un moyen de cacher la responsabilité que le chah, durant des décennies, a eue dans la montée de Khomeyni. Enfin, c’est le chah et non Bakhtiar qui a autorisé l’installation de l’ayatollah en France où il pouvait être interviewé directement par la BBC que captaient les Iraniens. Auparavant, Khomeyni ne pouvait atteindre ces derniers que par le biais d’enregistrements ou d’imprimés. Et à partir du moment où Khomeyni pénétrait ainsi dans des millions de foyers iraniens, les 900 opposants politiques libérés par Bakhtiar ne pesaient plus très lourd. Surtout que nombre d’entre eux étaient des laïques et non des islamistes. Et il était impensable d’arrêter Khomeyni au milieu d’une foule d’un million de personnes.

    Bakhtiar s’installa à Suresnes, dans une villa dont l’État français assura la protection. Mais Khomeyni avait acheté l’Iranien qui avait installé le réseau électrique de la demeure — et qui, après une semaine de travail, connaissait la villa par cœur. Il accepta de collaborer avec la police secrète de Khomeyni, et elle lui envoya deux tueurs pour lesquels il obtint un rendez-vous avec l’ancien Premier ministre.

    Mort par strangulation

    Le 6 août 1991, les deux agents furent fouillés par les policiers qui gardaient Bakhtiar. S’étant assurés qu’ils n’étaient pas armés, les policiers téléphonèrent pour avertir de leur venue. Bakhtiar déclara qu’il les attendait.

    Les deux agents traversèrent quelques mètres et pénétrèrent dans la propriété. Quand ils furent reçus dans le salon de l’ancien Premier ministre iranien, ils l’étranglèrent et tuèrent aussi son secrétaire. Puis l’un des assassins alla chercher des couteaux à la cuisine. Avec un couteau à viande, il larda le corps de Bakhtiar de 13 coups. Puis il lui coupa la gorge et le poignet avec le couteau à pain. Ensuite, les meurtriers s’emparèrent de la main coupée, et s’en allèrent après avoir décroché le téléphone.

    Ils passèrent devant les policiers français qui ne remarquèrent pas leurs vêtements pleins de sang. Puis ils allèrent se changer derrière les arbres au bois de Boulogne, et jetèrent leurs vêtements ensanglantés dans une poubelle.

    Pendant 36 heures, il n’y eut aucun signe de vie dans la demeure de Bakhtiar. L’écran géant de sa télévision ne s’éclaira pas aux heures du journal télévisé, dont il poussait habituellement le son très fort. Aucun repas ne fut livré chez lui, et aucune lumière ne s’alluma. Il y eut un orage la nuit, et la porte battit au vent, mais personne ne la ferma.

    Inquiète de ne pas l’avoir au bout du fil, la famille vint frapper à sa porte de la victime, mais personne ne lui ouvrit. Elle exigea de faire forcer la porte, et c’est alors qu’on découvrit l’horrible spectacle.

    Petits arrangements diplomatiques

    Remonter au commanditaire de l’assassinat n’arrangeait pas le gouvernement français, qui avait reconnu la République islamique. Il ne le fit donc pas. Pourtant, fait remarquer le petit-fils de Bakhtiar, « le ministre [iranien] des Renseignements Ali Fallahian… ne cache pas la politique de liquidation menée à l’égard des membres de l’opposition par la Vevak [police secrète ayant remplacé la Savak] qu’il dirige. Lors d’une interview à la télévision d’État iranienne le 30 août 1992, il se vante : “Nous les traquons également à l’extérieur du pays. Nous les maintenons sous surveillance. L’année dernière, nous sommes parvenus à infliger des coups fondamentaux à leurs plus hauts dirigeants”. »

    Ainsi disparaissait dans la violence et le sang, le dernier espoir d’une opposition iranienne laïque libre, pour trente ans au moins.

    Les années 2010 ont vu le tchador laisser place au voile en Iran, le voile tomber peu à peu, et les femmes dévoilées parler à visage découvert devant caméra. La police sévit parfois, arrêtant des dizaines de personnes. Mais le mouvement d’opposition est large et populaire. Le jeûne du ramadan lui-même est de moins en moins bien observé. Le pouvoir préfère souvent laisser faire pour ne pas avoir une nouvelle révolution sur les bras.

    Voyant tout cela, on reste rêveur quand on imagine ce qu’aurait été l’Iran si Chapour Bakhtiar était resté au pouvoir, ou si, réfugié en France, il avait réussi son come-back à la manière de Khomeyni, au lieu d’être assassiné par ce dernier à Paris, le 6 août 1991, dans un silence général.

  • Montpellier. Trafic de drogue et guerre des gangs autour d’un centre d’accueil de migrants à Plan Cabanes

     

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    A Montpellier il ne se passe pas désormais une semaine sans qu’un événement dramatique se produise dans le quartier de Plan Cabanes. En cause, un trafic de drogue particulièrement juteux qui fait l’objet d’une véritable guerre entre deux gangs.

    Coups de machette et de couteau à Plan Cabanes, les victimes refusent de porter plainte

    Dans la nuit de jeudi à vendredi, trois personnes ont été attaquées à l’arme blanche dans la rue Daru à Plan Cabanes. Les victimes, transportées aux urgences, n’ont subi que des blessures légères et ont pu sortir au bout de quelques heures du CHU de La Peyronnie. Fait troublant, aucune des trois personnes n’a souhaité déposer plainte au commissariat.

    Ce nouvel acte violent semble s’inscrire dans une longue liste d’agressions et de bagarres qui se sont déroulées ces derniers mois dans le quartier de Plan Cabanes, à proximité immédiate du centre-ville. La raison de ces violences : une guerre des gangs pour le trafic de drogue et de cigarettes de contrebande.

    A Plan Cabanes, l’arrivée des migrants albanais sème la zizanie

    Dans ce quartier où une grande partie de la population est originaire du Maghreb (la mosquée El Nour a été la première mosquée de Montpellier), l’arrivée depuis trois ans de migrants albanais soulève d’importants problèmes.

    Nouveaux arrivés, certains de ces migrants ont cherché à prendre le contrôle du trafic de cannabis dans le quartier. Une « offensive » qui génère d’innombrables actes de violence.

    De son côté, la police intervient régulièrement dans le quartier en menant des opérations anti-drogue sans parvenir pour autant à mettre fin au problème. Certains habitants réclament désormais l’installation d’un commissariat permanent au sein même de Plan Cabanes.

    Squats et locaux d’associations pro-migrants, base arrière du trafic de drogue ?

    L’arrivée des Albanais dans le quartier de Plan Cabanes n’est pas due au hasard. Ces derniers ont implanté leur « QG » dans un ancien temple protestant, situé au 9 rue Gambetta, qui est désormais transformé en squat. Un « quartier général » qui se trouve à quelques mètres des locaux de l’association Gammes, une association d’aide aux migrants située au 6 rue Saint Barthélémy et présidée par Daniel Constantin, ancien préfet de l’Hérault.

    Cette association subventionnée (voir ci-dessous) a en charge un certain nombre de ces migrants originaires d’Albanie et du Kosovo. En novembre 2017, les policiers avaient mené une opération au sein même des locaux de Gammes afin d’interpeller des Albanais accusés d’une attaque à l’arme blanche.

    Lengadoc-info.com, 2018

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    Département de l’Hérault : 110 000 € de subventions supplémentaires pour les migrants

    09/12/2016 - Trois semaines après le vote d’une subvention de 2,5 millions d’euros pour les mineurs isolés étrangers, le Conseil Départemental de l’Hérault a  voté de nouvelles subventions afin de venir en aide aux migrants dans le département.

    Trois nouvelles subventions pour des associations d’aide aux migrants

    Le lundi 12 décembre, les conseillers départementaux ont été appelés à se prononcer sur trois nouvelles subventions pour un montant global de 110 000 €. Ces subventions seront attribuées à des associations.

    La première subvention, d’un montant de 90 000 €, est au profit du Réseau Accueil Insertion Hérault, une association chargée d’animer une permanence d’accueil de jeunes mineurs étrangers isolés dans le département.

    La deuxième subvention doit être versée à l’association Césam Migration Santé. Cette association située à la Paillade, a pour vocation « de contribuer à la promotion de la santé des migrants, de leurs familles, et de toute personne en situation de précarité ». Le département de l’Hérault devrait lui attribuer la somme de 2 975 €.

    Quand à la troisième subvention, elle ne fait pas explicitement référence à la situation des migrants. En effet, 16 150 € doivent être attribués à l’association GAMMES afin de mener des actions de « redynamisation sociale », des actions qui se déclinent en des « ateliers socio-linguistiques et des ateliers de soutien à la parentalité ». En revanche, c’est cette association, présidée par l’ancien préfet de l’Hérault, Daniel Constantin, qui gère à Montpellier le Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile (CADA) de Mermoz.

    Pas de séance publique pour le vote de ces subventions

    Ces trois subventions ont été votées en commission permanente , c'est à dire sans la présence du public.

    Disposant d’une large majorité à gauche, le président du conseil départemental, Kleber Mesquida (PS) peut également compter sur les voix des élus sauréliens. Les six conseillers départementaux de Défendre l’Hérault se sont opposés à ces subventions , mais non ceux du groupe du Centre et de la Droite. Ces derniers s’étaient abstenus lors du vote de la subvention de 2,5 millions d’euros le 14 novembre dernier.

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    Montpellier. Les locaux d’une association d’aide aux migrants perquisitionnée par la police

    14/11/2017 – Il aura fallu une nouvelle agression au couteau dans la nuit de lundi à mardi pour que les policiers de la Sûreté Départementale de l’Hérault décident de perquisitionner les locaux de l’association Gammes à Montpellier. Une association subventionnée qui vient normalement en aide aux migrants mais qui aujourd’hui semble être le repaire d’un groupe d’Albanais particulièrement dangereux.

    Plusieurs attaques au couteau depuis quelques mois

    Selon nos confrères de E-Métropolitain, une opération de police a eu lieu ce mardi matin dans les locaux de l’association Gammes, situés au 6 rue Saint Barthélémy, à côté du cours Gambetta, et présidée par Daniel Constantin, ancien préfet de l’Hérault. Une opération qui intervient après qu’un albanais a été poignardé à plusieurs reprises par d’autres albanais durant la nuit du côté du boulevard Louis Blanc.

    Si le mobile de l’agression n’est, pour le moment, pas connu, les policiers ont fini par localiser les auteurs présumés dans les locaux même de l’association Gammes. Les forces de l’ordre ont alors procédé à l’interpellation de nombreux albanais logés par l’association.

    Cette attaque au couteau n’est pas un fait divers isolé. Dans la nuit du 3 au 4 juillet dernier, une quinzaine d’Albanais avaient attaqué deux militaires de l’opération Sentinelle. L’un des deux soldats avaient alors été poignardé à plusieurs reprises à l’abdomen.

    Plus récemment, ce sont plusieurs commerces qui ont été victimes de cambriolage dans le quartier. Là encore, les Albanais du cours Gambetta sont pointés du doigt.

    Vers la création d’une enclave albanaise à Montpellier ?

    Toutes ces attaques et agressions liées aux Albanais, et qui touchent tout le centre-ville de Montpellier, proviennent de ce petit secteur du cours Gambetta. Un secteur qui s’agrandit de plus en plus et les trafics des Albanais commencent à empiéter sur Plan Cabane où les tensions sont parfois virulentes avec la communauté marocaine.

    Depuis cet été, une importante communauté albanaise occupe l’ancienne église protestante du 9 rue Gambetta. Un squat qui donne directement sur… les locaux de l’association Gammes. Ce squat, occupé rapidement en septembre par des africains, a finalement été réoccupé par des Albanais qui n’ont pas hésité à agresser ces derniers, considérant qu’il s’agissait de leur « territoire ». Encore aujourd’hui, ce squat semble toujours être occupé par les Albanais.

    Lengadoc-info.com, 2017

  • Livre - Notre sélection : Roger Nimier. Masculin, singulier, pluriel

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    « Nimier écrit en français direct vivant, pas en français de traduction, raplati, mort » proclamait Céline dans une lettre à un confrère et néanmoins ami, pour dire son estime à l’égard d’un cadet.

    Il est vrai que Roger Nimier (1925-1962), disparu comme Albert Camus ou Jean-René Huguenin dans un accident de voiture, s’était démené sans compter pour sortir Céline du purgatoire. C’est l’une des nombreuses facettes de cet écrivain attachant qu’étudie avec rigueur et sympathie Alain Cresciucci dans une biographie qui est aussi et surtout le portrait d’« une génération heureuse qui aura eu vingt ans pour la fin du monde civilisé ».

    Nimier.jpgGénie littéraire à la monstrueuse précocité, dont son condisciple Michel Tournier a témoigné, Roger Nimier publia sept livres, cinq romans (dont Le Hussard bleu) et deux essais (dont Le Grand d’Espagne), en cinq ans, avant même d’atteindre la trentaine. Un météore donc, lui aussi, qui, en quelques années, s’impose comme le chef des Hussards, ces impertinents qui se rebellent contre le règne des idéologues marxistes et des pions humanitaires – Sartre et tutti quanti. « Libertin du siècle », comme il se définissait lui-même, Roger Nimier fut le fils spirituel de Georges Bernanos, qu’il rencontra lors de son retour d’exil. Mais aussi de Malraux et de Drieu la Rochelle, et, bien plus haut, de Retz et de La Rochefoucauld. Romancier mélancolique, critique implacable, éditeur d’élite chez Gallimard (Céline et Morand lui doivent leur renaissance), dialoguiste de cinéma (entre autres pour Louis Malle dans le sublime Ascenseur pour l’échafaud), Nimier aurait pu devenir, sans cet accident stupide au volant d’une Aston Martin, l’un des maîtres de sa génération.

    Quinze ans après sa mort, son ami Pol Vandromme, inconsolable, le saluait en ces termes : « Son existence est humble et aristocratique. Il a découvert le rugby dont le goût rejoint bientôt chez lui celui des armes anciennes, du dessin, de la papeterie, des condiments, du champagne et de l’eau fraîche, tout ce qui brûle ou ce qui glace, tout ce qui fait la vie plus sage et plus virile, plus fidèle et plus forte. »

    Christopher Gérard

    Metamag

  • Conseil départemental : il y a quelques fois de bons moments ! Les colères désopilantes du président Mesquida

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    Madame LOISEAU, ministre des affaires européennes était à Montpellier le 19 juillet dernier. Elle a donné un déjeuner à la préfecture. Jusque-là rien de plus normal. Pas pour tout le monde cependant, tout au moins pour ceux que nous appelons désormais les grands « Démocrates-Républicains-Donneurs de leçons »

    Dictateurs-Mesquida-Haddock.jpgKleber Mesquida, président du Conseil départemental, s’est fendu d’un courrier adressé au Président de la République, pas moins, pour se plaindre de « la présence en nombre au côté de la ministre de militants du parti La République en Marche [ce qui] a pour le moins choqué certains participants, dont mon vice-président Renaud Calvat qui s’en est ouvert à la ministre ». Déjà empêtré dans l’affaire Benalla, voilà le pauvre Emmanuel Macron rattrapé par un dossier autrement plus grave, la dépression de MM. Mesquida-Calvat !

    À première lecture on aurait pu penser qu’il s’agissait d’une plaisanterie, une « lettre cachée », comme il y a des « caméras cachées », que notre naïveté ou notre crédulité ne nous aurait pas permis de déceler. Ou d’un trait d’humour du Président qui, emporté par la détente des vacances, avait imaginé cette farce comme celle d’un premier avril. Mais, réflexion faite et sachant par expérience que l’humour n’est pas son fort, ni celui des socialistes, on se dit qu’il n’aurait pas pu aller jusque-là et que réellement, le malheureux Renaud Calvat s’est senti isolé au milieu d’un nombre trop important de représentants d’un parti qui n’est pas le sien. Il avait peut-être oublié que notre système politique ne se nourrit que de luttes partisanes !

    Réalisant donc qu’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie, qui ne nous aurait d’ailleurs pas fait beaucoup rire, nous n’avons pas pu nous retenir d’un grand éclat de rire.

    Nos lecteurs connaissent bien maintenant le sort qui nous est réservé au département, les refus, mises à l’écart, absences d’informations et autres amabilités que nous subissons depuis plus de trois ans.

    Nous ne nous plaignons pas des discriminations que nous supportons régulièrement à l’occasion d’une réception ou d'une manifestation où nous nous retrouvons quelque fois seuls, à peine salués, quelque fois pas du tout, et mis à l’écart. Nous mettons ces médiocres attitudes sur le compte d’une piètre éducation ou sur l’amertume ressentie à la pensée que nous ayons pu être élus par une belle majorité de nos concitoyens, et ainsi mettre fin à un monopole de direction départementale, source de dangereuses opacités. Mais il ne nous est jamais venu à l’idée d’écrire au président de la République !

    Ce dont nous nous plaignons et le répétons sans cesse, c’est d'être écartés systématiquement de toute décision, de toute participation au fonctionnement des instances départementales et de toute présence dans les différents organismes de nos cantons. Ceci est autrement plus grave que le vague à l’âme ou la mélancolie de Messieurs Meskida et Calvat dans un déjeuner préfectoral... C’est d’une toute autre nature que la présence, jugée excessive, de sympathisants d’un parti différent. Sont-ils d’ailleurs si différents ? Ce n’est rien d’autre qu'un intolérable mépris à l’égard d'une grande partie de nos concitoyens et de nos cantons. C’est la mise en œuvre d’une gouvernance autocratique destinée ni plus ni moins qu’à bâillonner toute voix discordante. Tout cela, systématiquement enrobé de "valeurs de la République", "liberté d'expression", "vivre ensemble" et autres poncifs.

    C’est la raison pour laquelle la (fausse) grosse colère du président n’a pas manqué de nous amuser.

    Mais au-delà, cet exercice ridicule démontre, soit l’aveuglement du président quant à ses méthodes de direction, l'habitude du césarisme se prend vite, soit un magistral cynisme assumé et mis en œuvre de longue date, par habitude également. Je me suis laissé dire que ceux qui le connaissent bien opteraient pour la deuxième hypothèse...

    Henri Bec

  • Tout est à vendre ... car tout s'achète !

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    Par François Reloujac

    Journaliste, spécialiste des questions économiques

    Politique magazine

     

    Economie. La société issue des principes de la Révolution touche aujourd’hui à son terme. La seule valeur qui reste est « l’argent ». Balzac l’avait bien vu. Même les bons sentiments se monnaient à prix d’or. Le bétail humain fait partie du marché !

     

    Dans la société d’aujourd’hui où les quatre libertés fondamentales sont la libre circulation des biens, des services, des hommes et des capitaux, seul compte désormais le prix à payer. Et, sous l’impulsion de l’Union européenne, l’État se voit réduit au rôle de simple agent économique qui doit privilégier soit le « moins disant » quand il s’agit d’acheter quelque chose, soit celui qui propose le prix le plus fort quand il s’agit de vendre les « bijoux de famille ». Dans ce contexte, les missions d’ordre public, l’unité nationale et la dignité des personnes ne pèsent pas lourd. Il est vrai qu’aucun système matérialiste et individualiste n’est propice à la solidarité qui doit caractériser la vie en société.

    La loi Pacte

    Comme toutes les lois depuis une trentaine d’années, il s’agit d’une loi fourre-tout dans laquelle, sous prétexte de réformer, on vient agiter dans tous les sens l’organisation du cadre économique du pays au point que plus personne n’est capable de mener une politique à long terme. Constatons que cette loi de 74 articles – l’un d’eux ayant pour but de ratifier 23 ordonnances différentes – est soumise à la procédure d’urgence. Or, le projet de loi présenté aux députés et sénateurs s’étend sur 962 pages ! On se demande quel parlementaire est capable d’avoir en aussi peu de temps un avis valable sur tous les articles du texte, encore moins sur son intérêt général.

    Parmi les multiples mesures-phares que contient ce texte indigeste, il est question de « privatiser » : privatiser les ex-Aéroports de Paris, devenus le groupe ADP et dont une partie du capital se trouve déjà entre des mains étrangères, la Française des jeux et le groupe énergétique aujourd’hui baptisé Engie. En soi, une telle mesure n’est pas choquante, car ce n’est pas le rôle de l’État que de gérer des aéroports – y compris à l’étranger – ou de se conduire en tenancier de machines à sous. Quant à l’accès à l’énergie, l’État doit plus veiller à ce que l’énergie en question soit disponible toujours et partout au moindre coût plutôt que de gérer directement la société qui la distribue. Mais le motif pour lequel ces mesures sont prises est d’obtenir – dans le respect des règles imposées par l’Union européenne – le bénéfice le plus important possible, pour « financer l’innovation de rupture ».

     

    L'Aquarius : pour les passeurs, un chiffre d'affaires de plusieurs millions d'euros. Pour les « humanitaires » aussi, un marché lucratif.

    L’Aquarius : pour les passeurs, un chiffre d’affaires de plusieurs millions d’euros. Pour les « humanitaires » aussi, un marché lucratif.

     

    L’accord sur les « prêts non performants »

    Le président Macron et la chancelière Merkel se sont mis d’accord pour relancer l’intégration bancaire européenne en limitant les « prêts non performants » à 5 % de l’encours de crédit global des banques. Cela tombe bien puisque les banques françaises et allemandes ont réussi à brader auprès de fonds de pension américains la plupart de leurs créances douteuses, se déchargeant en fait sur ces fonds du soin de les recouvrer à l’échéance. Grâce à ce subterfuge, leur ratio est ainsi passé à moins de 4 % ; les pertes générées par l’opération ayant été masquées par la spéculation financière. Mais les banques italiennes, irlandaises, portugaises, chypriotes, espagnoles et grecques ne peuvent respecter cette nouvelle obligation, compte tenu de l’état de délabrement de leur système économique. Si le projet franco-allemand est adopté, ces banques n’auront qu’à vendre – au rabais – les créances qu’elles détiennent sur leurs entreprises nationales à des fonds de pension étrangers qui, eux, ne manqueront pas de faire jouer les privilèges attachés à ces créances au moment de l’échéance finale. Et nombre d’entreprises endettées passeront ainsi sous contrôle étranger sans que personne ne s’en offusque.

    Les tribulations migratoires

    Au début de l’été, divers bateaux de « migrants » ont occupé les titres des journaux. Dans quel port allaient-ils pouvoir débarquer les passagers recueillis au milieu de la mer Méditerranée, sur de frêles esquifs où ils avaient été entassés par des passeurs sans scrupules ? On a dit à ce propos qu’un bateau comme l’Aquarius – celui qui a fini à Valence – représentait pour les passeurs qui lui avaient confié ces clandestins, un chiffre d’affaires de plusieurs millions d’euros. Mais il faut voir que ce bateau qui a ainsi pris le relais des passeurs, appartient à une société qui ne vit pas que de l’air du temps, qu’il avait été affrété pour l’occasion par des associations sans lien avec la première – il faut bien diviser les risques –, pour lesquelles cette opération est onéreuse, que le personnel à bord ne se nourrit pas uniquement du poisson pêché en mer pendant son temps libre. Or comme le nombre des bateaux qui remplissent ce type de missions « humanitaires » ne fait qu’augmenter, c’est bien qu’il y a là un nouveau marché lucratif. On constate d’ailleurs que ces bateaux savent très exactement où aller récupérer ces « migrants » ; c’est d’ailleurs la raison qui a conduit ledit Aquarius à faire une « escale technique » à Marseille fin juin : « l’escale doit être faite le plus près possible de la zone de sauvetage », comme l’a précisé son capitaine.

    Les réformes sociétales

    Dans la logique des « réformes sociétales » imposées en France, sous l’égide de l’ONU et avec le soutien de la Cour européenne des droits de l’homme (sic), après le « mariage » homosexuel (lui-même préparé par le PACS), la France se dirige vers l’adoption de ce que l’on appelle pudiquement la PMA et la GPA et qui constituent, faut-il le préciser, le pendant obligatoire de ce que l’on appelle hypocritement l’IVG. Désormais tout le monde aura le droit de « supprimer un fœtus », d’acheter un enfant ou de louer un ventre. Mais si l’enfant acquis dans le cadre de ce nouveau « droit » ne répond pas aux attentes (au cahier des charges initial) ou s’il cesse de plaire à l’acquéreur, il faudra bien organiser un « marché de l’occasion »… sinon ces « déchets » humains, pour reprendre l’expression mise en avant par le pape François mais déjà utilisée par son prédécesseur, seront abandonnés.

    Les élections présidentielles

    Le 17 juin, le journal italien Il Populista a annoncé que, pour son élection, le président Macron aurait bénéficié de divers prêts venus de la part de personnes qui ne sont pas réputées pour leur désintéressement le plus total (Crédit Agricole, David de Rothschild, George Soros et Goldman-Sachs). Au moment où ces lignes sont écrites, l’information n’est encore pas vérifiée. Mais, une plainte a été déposée contre l’ancien maire de Lyon pour avoir fait bénéficier le candidat Macron de finances obtenues auprès des citoyens pour un tout autre objectif. Et cela vient après la révélation des rabais obtenus par le même candidat pour la location de certaines salles de réunion. Quoi qu’il en soit de la réalité profonde de ces accusations, le fait même qu’il y soit fait référence et que les médias officiels y donnent un certain écho, montre bien que les démocrates français vivent avec l’idée que leurs voix peuvent être vendues et donc achetées.

    Une société de spéculation

    Ces quelques exemples, mais la liste est loin d’être exhaustive, montrent qu’aujourd’hui tout se vend car tout s’achète. Hélas, là où un gouvernement devrait exercer ses fonctions régaliennes pour protéger l’ordre public et promouvoir le bien commun, où il devrait respecter les difficultés de ses partenaires européens et s’en montrer solidaire, où il devrait, avec prudence, aider ceux qui en ont besoin et dont le premier droit est celui de pouvoir vivre dignement chez eux, où il devrait se préoccuper du droit des enfants à vivre normalement et être éduqués et aimés par un père et une mère, on constate qu’il introduit partout la spéculation. On spécule sur l’économie du pays, sur les créances internationales, sur la misère des peuples, sur la détresse affective des populations, sur les résultats des élections. Les marchandises d’aujourd’hui ne sont plus des biens de première nécessité que recherchaient les Anciens mais des personnes morales ou, pire, des personnes physiques. Les réfugiés, les enfants, les femmes sont les nouveaux produits que l’on trouve sur ces marchés « réformés » par ceux que saint Augustin désignaient comme appartenant à une « bande de brigands ».

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    Tout se vend et s’achète, même les gosses. Ô démocratie !

  • Livre, notre sélection : "Manuel de l'anti-tourisme"

     

    « Le tourisme représente

    la fin de l’aventure »

     

    Entretien avec Rodolphe Christin, auteur du "Manuel de l'anti-tourisme"

     
     

    Dans son dernier livre Manuel de l’anti-tourisme, Rodolphe Christin s’en prend avec témérité à ce qui est devenu l’horizon indépassable de l’accomplissement de nos sociétés occidentales ou économiquement bien portantes : le tourisme.


    Matthieu Delaunay. Pourquoi prendre à rebours la marche du monde qui tend à rendre accessible chaque recoin de la planète qu’on appelait encore récemment ses « confins » ?

    Rodolphe Christin. Ce livre est né du constat, agacé tout de même, de l’ampleur de la mise en ordre touristique du monde. Je tente de comprendre pourquoi et comment le tourisme est devenu la première industrie mondiale. Les Français sont bien placés pour être confrontés à ce genre d’interrogation puisque la France reste une destination de choix. L’objectif du Manuel de l’anti tourisme, est de sortir du consensus dont bénéficiait la machine touristique, y compris dans les milieux les plus contestataires. Le géographe Philippe Bourdeau explique à juste titre que le tourisme, comme industrie du « bien », qui prétend faire du bien, a longtemps été une machine à dépolitiser les réalités qu’elle produit. Je suis tenté de parler au passé car il semble que, depuis quelques temps, les choses changent : on observe ici et là des mouvements d’opposition à des projets touristiques (comme dans la forêt des Chambarans, en Isère, contre l’implantation d’un Center Parcs), ou bien des vagues de contestation dans des grandes villes sur-fréquentées comme Venise, Barcelone ou Dubrovnik. Ces villes n’en peuvent plus : le tourisme rend trop souvent les territoires invivables. Les zones les plus touristiques tendent à se refermer sur elles-mêmes et leurs habitants sont contraints de fuir.

    Depuis que le tourisme existe, le monde n’est pas devenu meilleur.

    Pourquoi les gens voyagent-ils ? Est-ce que c’est seulement à cause de la publicité, ou est-ce que ça a remplacé autre chose ? Comment inciter à voyager moins ? Peut-on voyager mieux ?

    Le voyage est une structure anthropologique de l’imaginaire, pour parler comme l’anthropologue Gilbert Durand. Il signifie une logique du désir fortement enracinée qui pousse certains individus ou groupes à vouloir explorer ce qui existe au-delà de la montagne, de la vallée, de l’océan. Cette pulsion, ancienne comme l’humanité, traverse les époques et les cultures et révèle une disposition humaine au déplacement, à l’acquisition de connaissances et de nouvelles expériences, à l’exploration de nouveaux territoires de vie. Le tourisme, en tant que phénomène historique et social, est plus récent : pour aller vite, il a eu besoin de la révolution industrielle et de la généralisation du salariat pour devenir une modalité incontournable de la société de consommation. Le tourisme est le pur produit du capitalisme. Pour se déployer, ce phénomène a nécessité la création d’infrastructures et de technologies facilitant les déplacements. Pour que le tourisme se développe, le déplacement ne doit plus être une épreuve physique et psychologique. Sur ce plan, le tourisme représente la fin de l’aventure.

    Croyez-vous que la masse de touristes, chaque année plus grande, apprend de ses voyages ?

    Toutes les expériences enseignent quelque chose, les touristes apprennent comme tout le monde. Touristes et opérateurs de tourisme sont beaucoup plus opportunistes et tacticiens qu’idiots.

    Qu’est-ce que le monde peut gagner avec le tourisme ?

    De l’argent. Mais la manne est loin de bénéficier à tout le monde de manière équitable. Le tourisme brasse de l’argent grâce à des flux exogènes aux territoires d’accueil, ce qui rend l’économie touristique fragile et dépendante. Quant à la prétendue ouverture d’esprit que permettrait l’accès touristique au monde, sur ce plan rien n’est prouvé : la Méditerranée, première région touristique mondiale où la culture de l’accueil et de l’échange pourrait en conséquence être forte, est une région où la répression des migrants sait se faire impitoyable. Depuis que le tourisme existe, le monde n’est pas devenu meilleur. Le touriste sait profiter de son prochain en vacances aussi bien qu’au travail. Cette prétendue industrie du bien est une industrie aussi toxique que d’autres cracheuses de fumées.

    Quelle nuance faites-vous, si nuance vous faites, entre le voyage et le tourisme ?

    Le tourisme est le produit d’une époque tandis que le voyage relève d’une dimension anthropologique de l’esprit. Une quête le motive. On ne le trouve plus qu’en creux, au hasard de certaines expériences. En revanche, le tourisme est un acte marchand aujourd’hui incontournable. Aucun voyageur n’y échappe et le voyage n’existe plus que dans le secret de la conscience.

    Que répondez-vous à ceux qui considèrent le tourisme comme un moyen de développement sûr, rapide et efficace des populations pauvres ?

    Le tourisme n’a pas éradiqué la pauvreté, nous le saurions déjà. Son économie est fragile pour la raison avancée plus haut : trop dépendante de flux exogènes, l’économie touristique n’est pas autonome. En outre, son personnel souffre d’une indéniable précarité. Le tourisme est un anti-voyage.

    Vous écrivez que le tourisme est une « modalité du management du monde ». Pouvez-vous l’expliquer ?

    Le tourisme est une manière de faire de l’argent qui intéresse autant les opérateurs privés que les pouvoirs publics. Il est d’ailleurs étonnant de voir comment l’argent du contribuable peut être mis au service d’intérêts particuliers, sans que cela ne provoque le scandale. Le tourisme suppose une modélisation des territoires de manière à les rendre touristiquement accueillants, c’est-à-dire rentables. Le tourisme exige donc un type d’aménagement du territoire adéquat, de manière à les rendre attractifs et achetables, fréquentables pour des nombres importants de visiteurs. Si les touristes s’émancipaient de l’enchantement qui recouvre d’illusions leurs pratiques, s’ils voulaient avoir accès au dessous des affaires, s’ils découvraient qu’ils ne sont que des pions inclus dans des flux qu’il faut gérer pour faire un maximum de profit, il est probable que le plaisir du tourisme s’évanouirait aussitôt. Avec lui, la liberté des vacances est illusoire.

    N’y-a-t-il pas un paradoxe dans le terme « tourisme enfermé » que vous utilisez ?

    Vous avez raison. Si au départ le désir touristique rejoignait le désir de découvrir l’altérité, bien souvent celui-ci s’est retourné sur lui-même : le tourisme devient désir de tourisme qui adore les lieux clos où l’on vit entre soi, à l’écart des autochtones qui ne peuvent intervenir que s’ils sont au service du touriste. Voilà pourquoi je répète que le tourisme est un anti-voyage.

    Considérez-vous qu’il n’est aujourd’hui plus possible de vagabonder librement à travers le monde ? Croyez-vous qu’un voyage gratuit et pur dans ses fondements est encore possible ?

    Le voyage « pur dans ses fondement » n’existe pas, le voyage est le résultat d’un travail philosophique sur le sens de la vie, une mise en interrogation du monde. Quant à la liberté de vagabonder, cela devient difficile de la trouver dans un monde qui préfère faire circuler les marchandises que voir « librement » circuler les individus, à une exception près : tout est possible pour qui possède suffisamment d’argent, et qui donc en rapporte à d’autres.

    Causeur

  • Politique magazine de juillet est paru - Lisez l'entretien avec Emanuelle Ménard

     

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    Entretien avec Emmanuelle Ménard,

    député de la 6e circonscription de l’Hérault

     

    Ménard.E.jpgQuelles sont les affaires de liberté d’expression, récentes ou non, qui vous ont le plus étonnée ?

    Je voudrais rappeler un point très particulier : lorsque j’ai défendu la liberté d’expression dans l’hémicycle, l’été dernier, je me suis retrouvée toute seule… Souvenez-vous de cet article 1er de la loi sur la confiance dans la vie politique, qui menaçait d’inéligibilité quiconque aurait été condamné pour diffamation ou pour discrimination. Seule députée à dénoncer la véritable forfaiture qu’allait constituer une telle disposition à l’égard de la liberté d’expression – heureusement retoquée ensuite par le Conseil constitutionnel –, je n’ai pas entendu une voix pour me soutenir. Bien au contraire, mon intervention a été chahutée, à commencer par l’extrême gauche de l’Assemblée. Rendre inéligibles des hommes ou des femmes politiques qui se sont rendus coupables de délits financiers ou de conflits d’intérêts, en clair, qui ont commis des infractions liées à la probité, rien de plus normal ! En revanche, tout ce qui concerne des faits de discriminations, d’injures et de diffamation publiques, cela peut évidemment glisser très rapidement vers une condamnation politique. Vous savez bien que lorsqu’on ne se fond pas dans le moule du politiquement correct, il n’est rien de plus facile en France que de poursuivre des élus. De nombreuses associations – je peux vous en citer toute une liste – font cela très bien. Si cet article n’avait pas été retoqué par le Conseil constitutionnel, ces personnes seraient devenues inéligibles. Un moyen très efficace de se débarrasser de ses opposants !

    Quel est, pour vous, le rôle d’un journal et d’un journaliste : rendre compte, prendre position, certifier la vérité, mettre en garde…?

    Informer, tout simplement. Les éditorialistes sont là pour donner leur opinion. Les journalistes doivent rendre compte. Ils sont de moins en moins nombreux à le faire sérieusement en France. C’est dommage…

    Comment expliquer que certains médias prétendent être objectivement neutres tout en étant objectivement partisans dans le choix des sujets, des angles d’attaque, des vocabulaires employés ?

    Vous avez toujours intérêt à vous prétendre neutre et objectif pour votre image. Mais quand ce n’est pas le cas, il ne faut pas bien longtemps pour être démasqué, fort heureusement. Prenez Le Monde, un journal qui se prétend tellement « objectif » qu’il s’arroge le droit de délivrer des « pastilles » de sérieux aux autres médias. Ce même journal, il faut le rappeler, dont un des propriétaires s’est affiché en soutien d’Emmanuel Macron durant la dernière campagne présidentielle… Eh bien, c’est Le Monde qui a créé et mis en ligne le Decodex, cet « outil pour vous aider à vérifier les informations qui circulent sur Internet et dénicher les rumeurs, exagérations ou déformations ». Un journal qui s’érige en arbitre des vraies et des fausses informations, des bons et des mauvais journalistes, et qui s’auto-congratule. Car Le Monde est « en principe plutôt fiable » si l’on en croit ce même Décodex. Le Monde adoube Le Monde. On n’est jamais si bien servi que par soi-même… Plus besoin de censure, les journalistes sont véritablement conditionnés à être dans « le camp du bien », sans se poser la question de la véracité de l’information…

    Pensez-vous qu’il existe vraiment une caste médiatico-politique ?

    Oui. Il n’y a qu’à voir le décalage entre les discours politiques, relayés par les médias, et la réalité que vivent les Français au quotidien. On a parfois l’impression de deux mondes radicalement différents…

    L’État a-t-il un rôle à jouer dans la « gouvernance de l’information » : éduquer aux médias à l’école, encadrer la liberté d’expression, autoriser ou interdire une opinion, un journaliste, un média, posséder des médias d’État, etc. ?

    Lénine expliquait qu’il fallait « forcer à être libres » ces pauvres masses qui, décidément, ne comprenaient rien à rien, avaient besoin d’être mises sur le bon chemin. Vous comprenez le danger qui existe dès lors que l’État est tenté de dire, de décréter, d’imposer, à la place de ces « benêts de citoyens », ce qui est acceptable et ce qui doit être interdit… Trop stupides pour juger par eux-mêmes du caractère « vraisemblable » de telle ou telle information, nos concitoyens auraient donc besoin que nous pensions à leur place ? Je fais, moi, bien au contraire, le pari de l’intelligence.

    Est-ce à l’État de définir la vérité ?

    Poser la question, c’est y répondre. Est-il besoin de vous rappeler les grandes heures du communisme, où la vérité ne pouvait venir que de l’État ? C’est au nom de l’ordre public ou de la sécurité nationale que des États – pour le moins autoritaires – musellent la presse à l’étranger. C’est au nom de la morale ou des bons sentiments, qu’on risque, ici, chez nous, de criminaliser certaines opinions.

    Pourquoi les Français, dans leur ensemble (voir l’enquête du Cevipof) semblent si défiants vis-à-vis de la presse ?

    N’est-ce pas Xavier Niel lui-même, propriétaire du Monde, qui explique que lorsqu’un journal le dérange, il le rachète, et après « les journalistes lui foutent la paix » ? Comment voulez-vous que les Français aient confiance dans les médias dans ces conditions ?

    Est-il possible de définir précisément une fake news, ou l’imprécision du mot et la curieuse définition qu’en donnent les députés ne sont-elles pas le signe qu’il s’agit surtout d’intenter des procès d’intention ?

    Pour moi, une « fake news » est tout simplement une fausse information, un bobard. Elles ont malheureusement toujours existé ! Rappelez-vous Colin Powell, à la tribune des Nations Unies, mentant effrontément – jusqu’à montrer une pseudo-preuve de la présence d’armes biologiques en Irak – pour justifier l’invasion militaire de ce pays ? Rappelez-vous, quelques années plus tôt, l’affaire des couveuses qui a en partie justifié l’intervention occidentale pour défendre le Koweit des prétendues atrocités de Saddam Hussein ?

    Deux épisodes regrettables mais qui montrent qu’un État aussi peut être à la source de fausses informations ! Alors, qui va dire que l’information est vraie ou fausse ? Non, vraiment, il ne faut en aucun cas légiférer en la matière. Surtout avec une définition aussi floue que celle proposée par les députés de La République en Marche. Définition tellement mal préparée qu’elle a été modifiée en plein examen à l’Assemblée… Je le redis, la loi de 1881 suffit amplement. Elle permet déjà de sanctionner la diffusion de fausses nouvelles. Il est même possible de le faire en référé concernant Facebook et Twitter depuis la loi pour la confiance dans le numérique de 2004. Mais les politiques ne peuvent s’empêcher de faire voter les lois qui les arrangent et qui les servent, sans trop se préoccuper des conséquences qu’elles auront sur le long terme…

    Les Français sont de plus en plus nombreux à dénoncer les propos des autres Français : le CSA n’a jamais reçu autant de signalements que ces deux dernières années, dans des proportions qui explosent ; tous les sites d’information proposent de signaler les commentaires qui heurtent le lecteur, etc. Ce n’est pas que l’État qui cherche à museler les expressions différentes, ce sont les Français eux-mêmes qui veulent étouffer le débat ?

    La plupart du temps, il s’agit de signalements de commentaires sur Internet. Et il ne faut pas le nier, ils peuvent être problématiques : orduriers, injurieux, menaçants. Nous en avions pris la mesure quand je dirigeais Boulevard Voltaire. Et nous avons finalement fait le choix de les supprimer. Cela n’a en rien nui à notre audience…

    Facebook, Twitter, YouTube décident unilatéralement de fermer des comptes, sans que les politiques paraissent s’émouvoir de cette justice privée et orientée : l’Assemblée nationale compte-t-elle s’emparer du sujet ?

    C’est ce qui est arrivé tout récemment à TV Libertés… Non, aucune réaction à attendre de l’Assemblée. Les députés ne semblent s’émouvoir des atteintes à la liberté d’expression que lorsque ce sont leurs idées qui sont en danger… Autant dire jamais dans le système actuel. Sans vouloir se rendre compte que c’est précisément cela, la liberté d’expression : être capable de la défendre même lorsque des propos ou des opinions vous choquent…

    Quelle serait, selon vous, la bonne politique à avoir en matière d’information, à court terme et à plus long terme ?

    L’indépendance des médias et la qualité de l’information sont deux problèmes bien réels et étroitement liés. Au nom de la liberté de la presse, nous devrions supprimer toutes les aides directes et indirectes dont bénéficie la presse écrite et en ligne. Pourquoi cette presse ne fait-elle pas le pari de la qualité, qui lui permettrait de vivre… de ses lecteurs tout simplement ? Je suis toujours étonnée d’entendre des journalistes s’égosiller au nom de la liberté de la presse qui serait bafouée dès qu’on les critique, mais qui ne disent pas un mot sur leurs médias qui vivent pourtant sous perfusion des aides et subventions de l’État. Un seul chiffre : toutes subventions confondues, aides directes et indirectes, taux de TVA…, les aides de l’État représentent 32 % du chiffre d’affaire des grands groupes de presse en France ! Comment peut-on parler d’indépendance dans ces conditions ?

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  • Hommage au Tsar

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    Ekatérinbourg, vous connaissez ? C'est là où le 21 juin dernier l'équipe internationale et multiculturelle dites "des bleus" jouait contre celle du Pérou. Et pendant que quelques milliers de décérébrés hurlaient devant leur poste, la Russie réelle, fière de son passé, elle qui sait ce qu'est un épouvantable régime dictatorial, rendait un magnifique et émouvant hommage à son dernier tsar et à sa famille. Une telle procession aurait du faire la une de nos journaux. Mais nos journalistes aveugles, muets et analphabètes connaissent-ils cet épisode majeur de l'histoire ?

    Une procession a réuni à Ekatérinbourg près de 100.000 personnes pour commémorer le centenaire de l'assassinat par les bolchéviques du dernier tsar Nicolas II et des membres de sa famille.

    Procession-Tsar-2.jpgUne divine liturgie a été célébrée par une quarantaine d’évêques devant l’église de Tous-les-Saints, construite entre 2000 et 2003 - les Russes l’appellent l’église « sur le sang versé », son nom complet est : « église sur le sang versé en l'honneur de tous les Saints resplendissants dans la Sainte Russie », son autel se trouvant juste au-dessus de la cave où furent fusillés Nicolas II et sa famille.

    A partir de 2h00 du matin, le patriarche Cyrille a conduit la procession jusqu’au monastère « des saints martyrs impériaux » de Ganina Iama, à 21 km de là, construit près du fossé où l’on retrouva les restes de la famille impériale (ce que vient de confirmer, ce lundi, une analyse ADN).

    Procession-Tsar-3.jpg« Nous devons vraiment résister à toute idée ou dirigeant qui nous propose, via la destruction de notre vie, de nos traditions et de notre foi, d'adopter un soi-disant nouvel avenir inconnu et heureux », a notamment déclaré Cyrille.