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le pays réel - Page 6

  • Jean-Luc Coronel de Boissezon : une décision politique du Conseil d’État ?

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    Cet article est paru le 25 janvier dernier dans le site Boulevard Voltaire sous la signature de Marie d'Armagnac.

    Nous avons attendu pour le publier de connaître l'arrêt de la Cour d'appel de Montpellier qui devait se prononcer sur le volet pénal de l'affaire. Nous devons, avec une grande satisfaction, constater qu'elle a considérablement réduit la décision du tribunal. Il n'en reste pas moins que l'article que nous reprenons met très justement l'accent sur le caractère inique des poursuites maintenues par l'administration dans un esprit de sectarisme difficilement admissible.

    *************

    Le 18 mars 2018, une cinquantaine d’étudiants envahissaient la faculté de droit de Montpellier, taguant et dégradant locaux et matériels : pour ces étudiants extérieurs à la faculté, il s’agissait de manifester contre la loi Orientation et réussite promulguée par le gouvernement. Une façon de fêter dignement le cinquantième anniversaire de Mai 68. À Montpellier comme partout en France, à Lille, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Paris, les manifestants avaient ainsi bloqué et saccagé les locaux universitaires, au grand dam de ceux qui voulaient tout simplement étudier.

    Curieusement, à Montpellier, les appels du doyen Pétel à la préfecture pour faire rétablir l’ordre sont restées lettre morte, laissant la situation se pourrir davantage. Las ! Un groupe d’une quinzaine d’individus cagoulés fait irruption dans un amphi pour y déloger les squatteurs et rétablir l’ordre public, l’État faisant défaut, comme trop souvent dès qu’il s’agit d’aller chatouiller du gauchiste. Le professeur d’histoire du droit Jean-Luc Coronel de Boissezon assiste à la scène, prend quelques coups et se défend.

    Coronel.jpgIl ne sait pas encore que sa carrière universitaire vient de prendre fin. Lâchés par le président de l’université, Jean-Luc Coronel et le doyen Philippe Pétel terminent en garde à vue : première étape d’un processus qui consacre l’inversion des valeurs en matière de maintien de l’ordre (sur ordre des autorités). Ce sont les deux universitaires qui sont poursuivis, désignés tout autant à la vindicte populaire qu’à l’opprobre de l’université. Il leur est reproché de ne pas avoir laissé les fauteurs de troubles agir en toute impunité. Leur faute : avoir réagi. Le péché capital de Jean-Luc Coronel de Boissezon : avoir des idées non conformes, c’est-à-dire être conservateur. Et pourtant, jamais ses compétences sur le plan universitaire ne sont remises en cause. On l’accuse plutôt d’avoir participé au « commando de la fac de droit ».

    Le 7 février 2019, Jean-Luc Coronel est sanctionné par l’Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche : il est révoqué de l’enseignement supérieur et interdit d’exercer dans tout établissement public. À l’époque, il avait réagi au micro de Boulevard Voltaire.

    Saisi en appel, le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) modifie cette sanction, la révocation se transforme en suspension de quatre années, sans traitement évidemment. Cependant, fin décembre 2022, le Conseil d’État annule cette sanction à la demande du ministre de l’Enseignement supérieur qui s’est pourvu en cassation : « Article 1er : la décision du 23 mars 2022 du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche, statuant en matière disciplinaire, est annulée. Article 2 : l’affaire est renvoyée au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche, statuant en matière disciplinaire. »

    Le Conseil d’État estime en effet que "la sanction infligée par le CNESER, qui correspond au 5e niveau de sanction possible, est trop faible par rapport à la gravité des fautes de Jean-Luc Coronel de Boissezon. C’est pourquoi le Conseil d’État renvoie l’affaire devant le CNESER qui devra revoir la sanction à prononcer, les deux autres niveaux de sanctions possibles étant la mise à la retraite d’office ou la révocation."

    Le Conseil d’État, échelon suprême de la juridiction administrative, pratique ici une belle inversion de l’État de droit. Le fauteur de troubles est celui qui a voulu rétablir l’ordre. Dans une tribune parue dans Le Figaro, Anne-Marie Le Pourhiet, constitutionnaliste et professeur de droit public, et François-Xavier Lucas, professeur de droit privé, évoquent "le malaise [qui] vient aussi de l’ignorance délibérée du contexte par le juge administratif. […] Aucune mention n’est faite des carences manifestes du président de l’université et du préfet à l’origine de la détérioration de la situation, alors que dans d’autres facultés, les forces de l’ordre étaient requises pour protéger les locaux et garantir les cours. Faut-il comprendre qu’un rétablissement de l’ordre musclé tendant à rendre un amphithéâtre à sa vocation naturelle est une faute disciplinaire capitale méritant, même en l’absence de dommages corporels, l’éviction définitive de l’université française ?" Ils rappellent également qu’"aucune action n’a d’ailleurs, bien entendu, été engagée contre les étudiants auteurs de voies de fait, que ce soit au plan civil, pénal ou disciplinaire. Jean-Luc Coronel de Boissezon ne faisant de surcroît pas mystère d’idées politiques conservatrices, il était le coupable idéal, le "briseur de grève" à offrir en sacrifice. »

    Les casseurs, Black Blocs, zadistes en tout genre ou « syndicats étudiants » peuvent dormir tranquilles : alliés objectifs du pouvoir macroniste dans l’entreprise de destruction de la société française – ici, l’université -, ils ne seront jamais inquiétés. Quant à ceux qui résistent, leur destin est scellé : c’est la mort sociale. De quoi alimenter la défiance et le ressentiment des Français vis-à-vis de leurs institutions.   

    Marie d’Armagnac

    Journaliste à BV, spécialiste de l’international, écrivain

  • Livre - Notre sélection : Covid 19 , ce que révèlent les chiffres officiels

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    Quand le silence se fait sur un événement quelconque, on ne risque pas de se tromper en estimant qu'il y a quelque chose à cacher. Ce livre est sérieux ; les chiffres et analyses sont tirés d'organismes officiels. Il est bien évident que si tout ce qui est avancé était inexact, les grands esprits politiques et scientifique n'auraient pas manqué de hurler au complotisme, de démonter cette étude et de prouver, a contrario la justesse des décisions prises.

    Mais… rien de tout cela. Un silence pesant s'est abattu sur ce livre. Il en devient ainsi très intéressant et apporte à tous ceux qui, dès le début, ont crié à l'imposture, les justifications qui, enfin, se font jour. Mieux vaut tard que jamais !

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    Pierre Chaillot est statisticien.
    Depuis le début de la crise du Covid, il a collecté scrupuleusement toutes les semaines l’intégralité des données officielles disponibles sur les sites d’EUROSTAT, de l’INSEE, de la DREES et des différents ministères. Mortalité, occupation des lits, positivité des tests, âges, etc…
    Deux ans d’un travail méticuleux, qu’il a rendu public régulièrement sur sa chaîne Youtube « Décoder l’éco  ».
    Qu’a-t-il constaté ? De gigantesques anomalies.
    En France comme dans tous les autres pays européens, la mortalité de l’année 2020 standardisée (c’est-à-dire étudiée par tranches d’âges et non pas en données brutes) est au niveau de celle de l’année 2015 soit la septième année la moins mortelle de toute l’histoire de France.
    Quant à la mortalité de l’année 2021, elle au niveau de celle de 2018, la troisième la moins mortelle de toute l’histoire de France.
    Les chiffres présentés par les médias et les organes publics sont partiels et tronqués, aussi bien en ce qui concerne la mortalité que l’activité hospitalière ou l’efficacité vaccinale.
    Il expose dans ce livre la totalité de ses recherches pour qu’enfin un débat scientifique serein puisse avoir lieu sur cette crise dont les conséquences sont loin d’être derrière nous.

  • Une vidéo importante : « les Américains sont probablement responsables de l’explosion des gazoducs russes »

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    Cliquez sur la photo pour suivre la vidéo

    Voilà ce que devrait être un examen réaliste de la situation.

    Jacques Baud est un ancien colonel de l’armée suisse, membre des Renseignements suisses, spécialiste du terrorisme et chef de la doctrine des opérations de la paix pour les Nations Unies. C’est dire qu’il sait de quoi il parle.

    Il donne ici un point de vue difficilement contestable sur les explosions des gazoducs Nordstream 1 et 2.

    Cette vidéo dure 55 mn, longue diront certains. Mais devant les affirmations unilatérales de la presse française et étrangère liée, comme on le sait, à tout ce que la finance compte d’universalistes, mondialistes et européistes déconstruits, il est indispensable d’écouter les voix dissonantes et empreintes de sagesse. Puissent les benêts russophobes engourdis et hystériques se faire une idée de l'engrenage dramatique dans lequel nous entraînent nos irresponsables politiciens.

    Nous vous recommandons tout particulièrement cet entretien.

  • Vous voulez passer un excellent moment ? Ne vous privez pas de ces comédies désopilantes

    Le talent de notre ami Jean-Pierre Pelaez est connu depuis longtemps par tous ceux qui ne se laissent pas séduire par les fantaisies pseudo intellectuelles auxquelles l'intelligentsia régnante nous a habituées, avec l'aide, faut-il le rappeler, de nos responsables politiques de quelque bord que ce soit.

    S'il est connu, il n'est donc pas reconnu. Le sectarisme est tel qu'il n'est même pas aidé de la plus petite subvention ou d'une aide matérielle minimum. 

    Mais maintenant vous ne pouvez plus ignorer que le bon gout et la virtuosité de l'esprit  existent.  

    Alors ne vous privez pas de ces moments où le fond quelques fois acide (tout au moins pour ceux qui passent au tamis de l'observateur) le dispute à l'humour le plus hilarant.

     

    Pélaez1.jpgL'auteur, Jean-Pierre Palaez

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  • Bernard Lugan : « À travers le rejet de la France, ce sont les “valeurs” de l’Occident que l’Afrique rejette »

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    L'entretien de Bernard Lugan, éminent spécialiste du continent africain, avec Gabrielle Cluzel, rédactrice en chef de "Boulevard Voltaire", présente un intérêt essentiel alors que la France est de plus en plus rejetée de l'Afrique.

    ***

    Gabrielle Cluzel. Bernard Lugan, vous publiez, le 9 février prochain, une Histoire du Sahel, des origines à nos jours (Éditions du Rocher) indispensable pour comprendre les menaces du monde d'aujourd’hui. Pour vous, il est important de connaître cette Histoire. Vous pensez que l’on sous-estime ce facteur ?

    Bernard Lugan. Les décideurs français n’ont pas vu que les actuels conflits sahéliens sont d’abord des résurgences « modernisées » de ceux d’hier, qu’inscrits dans une longue chaîne d’événements, ils expliquent ceux d’aujourd’hui.

    Avant la colonisation, les sédentaires sudistes étaient pris dans la tenaille prédatrice des nomades. Une donnée commune à tout le Sahel, du Sénégal au Tchad où nous retrouvons la même problématique. À la fin du XIXe siècle, la colonisation bloqua l’expansion des entités prédatrices nomades dont l’écroulement se fit dans l’allégresse des sédentaires qu’elles exploitaient, dont elles massacraient les hommes et vendaient les femmes et les enfants aux esclavagistes du monde arabo-musulman.

    Mais, ce faisant, la colonisation renversa les rapports de force locaux en offrant une revanche aux victimes de la longue histoire africaine, tout en rassemblant razzieurs et razziés dans les limites administratives de l’AOF (Afrique-Occidentale française). Or, avec les indépendances, les délimitations administratives internes à ce vaste ensemble devinrent des frontières d’États à l’intérieur desquelles, comme ils étaient les plus nombreux, les sédentaires l’emportèrent politiquement sur les nomades, selon les lois immuables de l’ethno-mathématique électorale. Les anciens dominants n’ayant pas accepté de devenir les sujets de leurs anciens vassaux, la problématique conflictuelle sahélienne était donc posée. Les premières guerres touareg éclatèrent alors dès les années 1960 au Mali, puis au Niger et au Tchad où les Toubou se soulevèrent.

    G. C. Dans votre livre, l’on suit constamment l’interaction entre la géographie et ce que vous définissez comme l’ethno-histoire. Pourquoi les décideurs français ne l’ont-ils pas vu ?

    B. L. Là est en effet le cœur de la cascade d’erreurs faite par les décideurs politiques français alors que les militaires avaient, eux, bien compris le réel du terrain, mais ils n’ont pas été écoutés. Au Mali, nous étions en présence de deux guerres, celle des Touareg au nord, celle des Peul au sud, puis, plus tard, s’y est ajoutée celle de l’État islamique dans la région des trois frontières.

    Au nord, et comme je n’ai cessé de le dire dans mes articles de L'Afrique réelle, la clé du problème était détenue par les Touareg aujourd’hui de nouveau rassemblés autour du « leadership » de Iyad Ag Ghali, chef historique des précédentes rebellions touareg. Politiquement, il eût fallu nous entendre avec ce chef Ifora avec lequel nous avions à l’origine des contacts, des intérêts communs, et dont le combat est d’abord identitaire avant d’être islamiste. Or, par idéologie, par refus de prendre en compte les constantes ethniques séculaires, ceux qui font la politique africaine française ont considéré tout au contraire qu’il était l’homme à abattre… Le deuxième conflit, celui du sud (Macina, Liptako, nord du Burkina Faso et région des trois frontières), a, lui aussi, des racines ethno-historiques et leur élément moteur est constitué par certains ensembles peul.

    G. C. Vous écrivez que le djihadisme est « le plus souvent le paravent du narco-trafic ». Les deux maux sont donc étroitement imbriqués ? 

    B. L. Une autre erreur de Paris fut d’avoir « essentialisé » la question en qualifiant systématiquement de djihadiste tout bandit armé ou même tout porteur d’arme. Or, dans la plupart des cas, nous étions en présence de trafiquants se revendiquant du djihadisme afin de brouiller les pistes. Parce qu’il est plus valorisant de prétendre combattre pour la plus grande gloire du prophète que pour des cartouches de cigarettes, des cargaisons de cocaïne ou pour le contrôle des voies de migration vers l’Europe. D’où la jonction entre trafic et religion, le premier se faisant dans la bulle sécurisée par l’islamisme. L’erreur de la France fut d’avoir refusé de voir que nous étions face à l’engerbage de revendications ethniques, sociales, mafieuses et politiques, opportunément habillées du voile religieux, avec des degrés différents d’importance de chaque point selon les moments.

    G. C. Vous expliquez qu’une autre erreur française fut d’avoir globalisé la question alors qu’il était impératif de la régionaliser.

    B. L. Très exactement car Paris n’a pas voulu voir que l’EIGS (État islamique dans le Grand Sahara) et AQMI (Al-Qaïda pour le Maghreb islamique) ont des buts différents. L’EIGS qui est rattaché à Daech a pour objectif la création dans toute la bande sahélo-saharienne d’un vaste califat transethnique remplaçant et englobant les actuels États. De son côté, AQMI étant l’émanation locale de larges fractions des deux grands peuples à l’origine du conflit, à savoir les Touareg au nord et les Peul au sud, ses chefs locaux, le Touareg Iyad Ag Ghali et le Peul Ahmadou Koufa, ont des objectifs d’abord locaux et ils ne prônent pas la destruction des États sahéliens. Paris n’a pas vu qu’il y avait une chance à la fois politique et militaire à saisir, ce que je n’ai pourtant jamais cessé de dire et d’écrire, mais en France, on n’écoute pas les avis des « hérétiques »… Résultat : les décideurs parisiens ont donc refusé catégoriquement tout dialogue avec Iyad ag Ghali. Bien au contraire, le Président Macron déclara même qu’il avait donné comme objectif à Barkhane de le liquider… Contre ce que préconisaient les chefs militaires de Barkhane, Paris s’obstina donc dans une stratégie « à l’américaine », « tapant » indistinctement tous les GAT (groupes armés terroristes) péremptoirement qualifiés de « djihadistes », refusant ainsi toute approche « fine »… « à la française »...

    G. C. Quel est le rôle de Wagner dans la région sahélienne ? 

    B. L. Je vais être très clair : je refuse cette manie d’attribuer à d’autres les causes de nos échecs. Si Wagner a pris notre place en RCA, c’est parce que Sarkozy nous a fait évacuer Birao, verrou de toute cette partie de l’Afrique que les Russes, qui eux savent lire une carte, ont tout naturellement occupée. Ensuite parce que Hollande a fait distribuer des couches-culottes par nos armées alors qu’il fallait taper et très fort la Seleka. Nous avons ainsi perdu la confiance de nos alliés locaux et tout notre prestige. Les Russes n’ont plus eu qu’à cueillir le fruit mûr que nous avions laissé sur l’arbre… Au Mali, ce fut la même chose et je l’ai longuement expliqué au début de cet entretien.

    Mais, plus généralement, à travers le rejet de la France, ce sont les « valeurs » de l’Occident que l’Afrique rejette. Le continent qui, dans sa globalité, se reconnaît dans les valeurs naturelles familiales voit avec un haut-le-cœur le « mariage pour tous », les délires LGBT ou encore le féminisme castrateur de toute virilité proposés comme « valeurs universelles » par l’Occident. Pour les Africains, il s’agit là d’une preuve de décadence. Voilà pourquoi la Russie apparaît, au contraire, comme un contrepoids civilisationnel à la broyeuse moralo-politique occidentale.

    Quant à la démocratie « à la française », elle y est vue comme une forme de néocolonialisme. D’autant plus que proposer aux Africains comme solution à leurs problèmes l’éternel processus électoral, le mirage du développement ou la recherche de la bonne gouvernance relève du charlatanisme politique... Les événements démontrent en effet constamment qu’en Afrique, démocratie = ethno-mathématique, ce qui a pour résultat que les ethnies les plus nombreuses remportent automatiquement les élections. Voilà pourquoi, au lieu d’éteindre les foyers primaires des incendies, les scrutins les ravivent. Quant au développement, tout a déjà été tenté en la matière depuis les indépendances. En vain. D’ailleurs, comment peut-on encore oser parler de développement quand il a été démontré que la suicidaire démographie africaine en interdit toute possibilité ?

    G. C. Alors, quel avenir ?

    B.L. Plusieurs dizaines des meilleurs enfants de France sont tombés ou sont revenus mutilés pour avoir défendu un Mali dont les hommes émigrent en France plutôt que se battre pour leur pays. Mais, exigé par les actuels dirigeants maliens à la suite des multiples maladresses parisiennes, le retrait français a laissé le champ libre aux GAT, leur offrant même une base d’action pour déstabiliser le Niger, le Burkina Faso et les pays voisins. Le bilan politique d’une décennie d’implication française est donc catastrophique.

    La France est aujourd’hui face à un rejet global. Si le Niger, un pays plus que fragile et où nous venons de replier nos forces, devait à son tour connaître un coup d’État, la situation deviendrait alors problématique et le repli vers le littoral une urgence. Mais par quelles voies de retrait ? Les hommes pourront toujours être évacués par voie aérienne, mais quid des véhicules et du matériel, puisque nous ne disposons pas d’avions gros porteurs ?

    L’urgente priorité est donc de savoir ce que nous faisons dans la bande sahélo-saharienne où nous n’avons pas d’intérêts, y compris pour ce qui est de l’uranium que l’on trouve ailleurs. Il nous faut donc définir enfin, et très rapidement, nos intérêts stratégiques actuels et à long terme afin de savoir si, oui ou non, nous devons nous désengager, à quel niveau et, surtout, sans perdre la face.

    Plusieurs leçons doivent être tirées d’un colossal échec dont, il faut le redire, les décideurs politiques sont seuls responsables. À l’avenir, il nous faudra privilégier les interventions indirectes ou les actions rapides et ponctuelles menées à partir de navires, ce qui supprimerait l’inconvénient d’emprises terrestres perçues localement comme une insupportable présence néocoloniale. Une redéfinition et une montée en puissance de nos moyens maritimes et de nos forces de projection seraient alors nécessaires.

    Enfin et d’abord, nous devrons laisser l’ordre naturel africain se dérouler. Cela implique que nos intellectuels comprennent enfin que les anciens dominants n’accepteront jamais que, par le jeu de l’ethno-mathématique électorale, et uniquement parce qu’ils sont plus nombreux qu’eux, leurs anciens sujets ou tributaires soient maintenant leurs maîtres. Cela choque les conceptions éthérées de la philosophie politique occidentale, mais telle est pourtant la réalité africaine. Plus que jamais, il importe donc de méditer cette profonde réflexion que le gouverneur général de l’AOF fit en 1953 : « Moins d’élections et plus d’ethnographie, et tout le monde y trouvera son compte... » En un mot, le retour au réel, le renoncement aux « nuées », ce qui passe par la connaissance de la géographie et de l’histoire, et tel est le but de mon livre et de ses nombreuses cartes.

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  • Nord Stream, on y revient : Un ancien prix Pulitzer accuse les Etats-Unis d’avoir saboté Nord Stream

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    Cliquez sur l'image pour écouter l'information relayée par TV LIBERTÉS

    Le journaliste américain Seymour Hersh, ancien prix Pulitzer, a publié sur son blog une enquête dans laquelle il affirme que le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, en septembre dernier, est le fait des Etats-Unis. La Russie s’est empressée d’appuyer ces allégations tandis que Washington a démenti avec force.

    Dans un post publié sur son propre blog, Seymour Hersh écrit que des plongeurs de l’US Navy, aidés par la Norvège, ont posé en juin des explosifs sur les gazoducs reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique, déclenchant leur explosion trois mois plus tard.

    Les Etats-Unis ont catégoriquement rejeté l’article, qualifiant ces informations de «pure fiction». La Norvège a elle aussi nié toute implication. Le Kremlin a pour sa part saisi l’occasion de se faire l’écho de cet article: « Certaines choses (dans cette publication) sont contestables, d’autres ont besoin d’être prouvées, mais l’article est remarquable par son analyse profonde et son exposé harmonieux » des événements, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

    « Il serait au moins injuste de ne pas y prêter d’attention, surtout pour un pays comme l’Allemagne qui a été privé de cette infrastructure énergétique cruciale à la suite de l’attentat » en septembre, a-t-il estimé. Pour Dmitri Peskov, l’article de Seymour Hersh montre « une fois de plus la nécessité d’une enquête internationale transparente sur cet attentat sans précédent ». « Il n’y a pas beaucoup de pays dans le monde qui puissent commettre de tels actes de sabotage », a-t-il ajouté.

    Les pays occidentaux avaient accusé la Russie d’être responsable de ces impressionnantes fuites de gaz précédées d’explosions sous-marines, ajoutant à la colère visant Moscou après le déclenchement de son offensive en Ukraine. La Russie accuse elle les « Anglo-Saxons » d’être derrière ce sabotage. Les enquêtes menées par les autorités suédoises, danoises et allemandes n’ont pas encore permis de déterminer de responsabilités.

    Dans son article, Seymour Hersh affirme que le président américain Joe Biden a lui-même décidé de faire exploser ces gazoducs afin de priver Moscou des revenus faramineux de ses ventes de gaz à l’Europe.

    L’enquêteur star désormais controversé

    Agé de 85 ans, le journaliste est l’un des plus célèbres reporters d’investigation américains. Il a notamment révélé le massacre commis par des militaires américains dans le village de My Lai pendant la guerre du Vietnam, ce qui lui a valu le prix Pulitzer en 1970.

  • "Bien fol qui s'y fie" - Midi Libre du 12 février 2023

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    Beaucoup diront que l'on pouvait se passer de cette information. En effet, c'est loin d'être un scoop. Il y a longtemps que dans de nombreux médias de la presse écrite ou parlée, dans la présente publication notamment, sont rapportées les incongruités du clan Ménard et ses changements de direction propre à donner le tournis et bien souvent la nausée. C'est peut-être ainsi qu'on a inventé le mouvement perpétuel Aujourd'hui c'est encore un retournement, modeste toutefois. Bien que tout cela ne soit pas très explicite, on comprend qu'il estime avoir eu un peu tort d'avoir eu très tort, ou inversement. Mais il se garde bien de préciser cette pensée (?) confuse. Passons sur le français très approximatif qui aide à ne rien comprendre ("Un moment de telle émotion que ça t'oblige à repenser... !).

    En réalité, après avoir donné dans le politiquement correct de la dhimmitude, et estimé que "l'immigration choisie" était une politique à privilégier, le clan s'est rendu compte qu'il avait perdu une bonne partie de l'électorat qui l'avait suivi tout au moins dans les premiers temps - cela est bien fini - et que la réalité du terrain ne cadrait plus exactement avec ses propos démagogiques. Il était donc temps d'apporter quelques modifications, mais sans trop, pour estomper légèrement l'image macroniène en voie de dégradation. Sans même se rendre compte que personne n'est dupe, une des caractéristiques essentielles du clan étant de prendre les autres pour des imbéciles ! Au moins sur ce seul point la conviction est restée constante.

    L'entrefilet du Midi Libre n'a peut-être pas attiré l'attention du plus grand nombre. Il nous est donc apparu nécessaire de le publier.

  • À savoir, la macronie c'est :"Les copains d’abord"... Et quels copains !

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    Mathias Vicherat a été nommé directeur de l’Institut politique de Paris, Sciences Po.

    Son parcours est exemplaire pour diriger l’institution. Il est ancien élève de l’école de la rue Saint-Guillaume où il a monté la première section des extrémistes d’ATTAC. Il a milité à l’extrême-gauche avec l’UNEF et auprès de Jean-Luc Mélenchon.

    Ancien directeur de cabinet de Bertrand Delanoë puis d’Anne Hidalgo, Vicherat n’a pas d’expérience dans le monde universitaire, mais ex secrétaire général de Danone et auteur d’un essai sur "l'analyse textuelle du rap français", il est un ancien camarade de promo… d’Emmanuel Macron.

    Pour sa nomination à la tête de Sciences Po, il se dit qu’il a bénéficié du discret mais réel soutien de l’Élysée… Des rumeurs certainement !

    Ainsi va la Macronie, une caste déconnectée qui "navigue en père peinard sur la grand-mare des canards. Et s’appelait les copains d’abord".

    Martial Bild 
    Directeur général TV Libertés

  • Réforme de la Police Judiciaire - L'avis d'un commandant honoraire de la PJ

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    Gérald Darmanin voudrait-il déshabiller Pierre

    pour habiller Paul ?

     

    Par Jacques Nain

    Nain.jpgEn 1907, dans le but de lutter contre la multiplication des crimes et délits dans les campagnes, le président du Conseil et ministre de l'Intérieur Georges Clemenceau, décide de la création des Brigades régionales de police mobile, communément dénommées « Brigades du Tigre ».  La Police Judiciaire était née ! On connaît la suite…

     Aujourd’hui le ministre de l’Intérieur a prévu  la suppression de  la Police Judiciaire dont les effectifs devraient intégrer les filières d’investigations unifiées de chacun de nos départements en fusionnant avec les personnels des unités de sécurité publique, ceux au quotidien, en charge de la délinquance de masse.

     Les policiers de PJ grognent.

     Face à ce projet gouvernemental, apolitique et sans étiquette syndicale, l’Association Nationale de Police Judiciaire - ANPJ - a même été créée pour défendre l’indépendance de la PJ : une première dans l’Institution. Fortement soutenus par de nombreux magistrats du siège comme du parquet, les policiers PJ entendent protéger leur outil professionnel contre la criminalité.

     En réaction à la colère des policiers, début septembre, la place Beauvau  a organisé une première réunion de concertation ; celle-ci devrait être renouvelée très prochainement. Le ministre de l’Intérieur Gérard DARMANIN serait paraît-il à l’écoute des personnels afin de maintenir les missions historiques de la Police Judiciaire.

     Il voudrait mieux !

     En effet, au-delà de toutes considérations partisantes et en totale objectivité, la réforme envisagée serait à mon sens un véritable fiasco, une désorganisation d’un savoir-faire et un sabotage de la spécificité dans la lutte contre les auteurs de meurtres, d’assassinats, de vols qualifiés, de vols à main armée, d’associations de malfaiteurs, de rackets, de tortures, d’agressions violentes, de trafics de stupéfiants, d’armes et de fausse monnaie, de proxénétisme aggravé, de blanchiments d’argent, de cyber criminalité, de terrorisme, etc.

     En 1907, face à des criminels itinérants, Georges Clemenceau avait créé une police mobile aussi, aujourd’hui,  force est de constater qu’avec la nomadisation généralisée de la société, la démocratisation et la vitesse des transports, le phénomène s’est sérieusement amplifié : la voyoucratie n’est pas exclue de ce mode de vie.  Ainsi, sur l’ensemble du territoire, Hexagone comme DROM – Départements et régions d’outre-mer -, la mission de police criminelle est omniprésente. Depuis toujours, l’efficacité de la Police Judiciaire a été sa mobilité, son dynamisme et son adaptabilité aux affaires criminelles où qu’elles se commettent. Depuis 1907, les exemples sont nombreux.  En 1991, le ministre de l’Intérieur Philippe MARCHAND répondait en ce sens à la question écrite d’un Sénateur (JO Sénat du 12/09/1991, page 1966).

     Ainsi, le maintien de la Police Judiciaire c’est l’assurance de la continuité d’un service public opérationnel de qualité  sur l’ensemble du territoire national avec, si les nécessités d’une enquête judiciaire l’exigent, la possibilité de renforts venant des DRPJ ou de la DCPJ – les Directions Régionales ou la Direction Centrale -.

     Là est le cœur du problème !

     En effet, les limites territoriales du ressort d’un département imposées à tous les officiers de police par l’article 18 du Code de Procédure Pénale sont des contraintes dont sont exempts ceux de la DCPJ et des DRPJ. Les premiers ont une compétence judiciaire sur l’ensemble du territoire national ; les seconds ont un ressort judiciaire étendu soit sur une ou plusieurs zones de défense. Ces OPJ ont donc plus de facultés,  d’initiatives, de discrétion et de rapidité pour mener à bien leurs enquêtes. Une intégration au niveau départemental supprimerait leur efficacité d’investigations.

     Et puis, stricto sensu, face à des crimes commis sur plusieurs départements et régions, quel serait le service départemental centralisant l’ensemble des éléments d’enquêtes pour coordonner avec pertinence la direction des recherches et des investigations ?

     De même, avec cette réforme que deviendraient la gestion et la mise en œuvre des interceptions de sécurité prévues dans la loi du 10 juillet 1991et autres moyens techniques d’aide aux enquêtes de Police Judiciaire ?

     Par ailleurs, le suivi des relations internationales en liaison avec les personnels du quai d’Orsay pour la mise en œuvre des réseaux Interpol, Schengen et Europol sera vraisemblablement négligé pénalisant la collaboration internationale nécessaire à la lutte contre la criminalité organisée.

     À l’évidence, cette réforme voulue par le ministre de l’Intérieur Gérard DARMANIN  n’a pas été suffisamment réfléchie et ses conséquences analysées vis-à-vis d’un fonctionnement qui a prouvé depuis plus de 110 ans son efficacité. Un ajustement est sûrement possible mais sûrement pas une réforme aussi abyssale ?

     En réalité, en souhaitant intégrer les effectifs de Police Judiciaire à ceux des départements, Gérald DARMANIN déshabille Pierre pour habiller Paul ? Une façon comme une autre de tenter de dissimuler le manque de policiers dans les commissariats de sécurité publique. En effet, son modus operandi sur les villes de Montpellier, Béziers et Perpignan où des renforts ponctuels CRS ont été récemment déployés pour les trois mois à venir démontre, si besoin était, le manque patent d’effectifs dans les commissariats de ces trois villes.

     Tout cela est d’autant plus dommageable que si la réforme de la Police Judicaire devait aboutir, elle ne compenserait en rien au niveau national cette carence d’effectifs des policiers, professionnels de la sécurité publique de nos villes,  tout en laissant le champ libre à la grande délinquance et à la criminalité organisée !

     CQFD !

     Jacques NAIN

    Commandant de Police Honoraire

    - Dix ans Inspecteur à l’Office Central pour la Répression du Banditisme à la DCPJ, au Ministère de l’Intérieur.

    - Dix ans chargé des Affaires Réservées auprès du Directeur Central de la Police Judiciaire de l’État-Major au Ministère de l’Intérieur.

    Jacques Nain a participé à la traque de l'ennemi public n° 1, Jacques Mesrine. Il le raconte dans un livre passionnant :

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  • Des conséquences désastreuses sur la sécurité et l'indépendance de la justice. L'avis du Procureur général près la Cour de cassation

    L’ancien procureur de Paris comprend les inquiétudes liées au placement de tous les services de police d’un département sous la seule autorité d’un directeur, dépendant du préfet.

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    La réforme des services de police judiciaire, qui doit être généralisée en 2023, ne va pas "dans la bonne direction", a estimé  François Molins, alors procureur générale à la Cour de cassation,  l’un des plus hauts magistrats de France.

    "Cette réforme suscite à mon avis à raison beaucoup d’inquiétudes parce qu’elle est porteuse d’un certain nombre de dangers […] Je ne pense pas que ça aille dans la bonne direction", a-t-il déclaré sur France-Inter.

    Le projet de réforme prévoit de placer tous les services de police à l’échelle du département – renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et police judiciaire (PJ) – sous l’autorité d’un seul directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.

    Actuellement, chaque service rend des comptes à sa hiérarchie.

    « Détruire quelque chose qui fonctionne »

    Les enquêteurs de police judiciaire sont ainsi sous l’autorité du directeur central de la police judiciaire (DCPJ). Le gouvernement veut les intégrer à une filière investigation, avec les enquêteurs de sécurité publique en charge de la délinquance du quotidien.

    Expérimentée dans trois départements depuis début 2021, puis dans cinq autres depuis février 2022, cette nouvelle organisation doit être généralisée début 2023.

    Le premier "risque" contenu dans cette réforme, selon François Molins, "c’est de détruire quelque chose qui fonctionne. Parce qu’aujourd’hui […] les seuls services qui sont arrivés à garder la qualité dans les enquêtes, c’est la PJ".

    Vers un renforcement de l’autorité des préfets

    "Le second risque", a-t-il poursuivi, est lié à l’échelle départementale retenue par la réforme. "La criminalité aujourd’hui, elle a beaucoup évolué, ça se joue à l’échelle des interrégions et de l’international. C’est trop petit le département, ce n’est pas la bonne échelle."

    François Molins a enfin évoqué "les risques d’interférences du politique » avec un renforcement de "l’autorité des préfets sur la police" et "une baisse de la direction des enquêtes par les magistrats qui auront moins le choix des services enquêteurs", à qui ils confient les investigations.

    Une Association nationale de la Police judiciaire (ANPJ) a été créée mi-août par des enquêteurs de police judiciaire opposés à cette réforme, qui menace selon eux le "savoir-faire » de ces policiers chargés d’enquêter sur les crimes "les plus graves" et aura des "conséquences désastreuses pour la sécurité des citoyens et l’indépendance de la Justice".

    Par L'Obs avec AFP

  • Les compétences de la PJ : des policiers spécialistes de l'investigation

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    La réforme de la police judiciaire, portée par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, menace de chambouler l'organisation et le travail des milliers de fonctionnaires de ce service prestigieux.

    La police judiciaire vit une crise sans précédent. La réforme, voulue par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, prévoit une profonde réorganisation de ce service prestigieux, fer de lance de l'investigation en France. Les milliers d'enquêteurs de la PJ craignent de perdre leur indépendance, de voir leurs compétences gâchées, et redoutent l'intervention du politique, avec le renforcement de l'autorité des préfets. Des craintes partagées par les magistrats.

    Les policiers ont déjà manifesté leur mécontentement à plusieurs reprises et de nouvelles manifestations d'ampleur sont prévues sur tout le territoire, pour dénoncer la "mise à mort" de la PJ. Plusieurs officiers ont expliqué la réalité de leur mission trop mal connue. Ces explications permettent de mieux cerner le travail de ces fonctionnaires de l'ombre et mieux comprendre les raisons de leur colère.

    Près de 4 000 enquêteurs sur tout le territoire  

    La Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) est une structure tentaculaire composée de près de 4 000 enquêteurs et plus 1 500 techniciens scientifiques et agents administratifs, répartis dans des services centraux et territoriaux. Son siège est basé à Nanterre (Hauts-de-Seine). C'est là que l'on trouve les offices centraux de la police judiciaire, à qui sont confiées les enquêtes particulièrement complexes. Leur compétence est nationale : ils peuvent donc enquêter sur tout le territoire.

    Le reste des affaires est réparti entre six directions zonales (DZPJ) découpées entre ouest, sud-ouest, sud, sud-est, est, et les Antilles. Les affaires franciliennes sont partagées entre la police de Paris, qui couvre aussi la petite couronne, et la direction régionale de Versailles, qui s'occupe du reste de la région parisienne (Seine-et-Marne, Yvelines, Essonne et Val-d'Oise). 

    "On a un ressort territorial très large, adapté à la criminalité que l'on pourchasse, qui se cantonne rarement à un seul département", souligne Stéphanie Duchatel, commandante de police adjointe à la brigade criminelle de la police judiciaire de Versailles. Les femmes et les hommes de la PJ déplorent la "départementalisation" de leur travail. La réforme entend en effet placer la PJ, comme les autres services de police, sous l'autorité d'un directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet de police. Selon eux, cet échelon ne permet pas de lutter contre la criminalité organisée qui opère le plus souvent sur plusieurs régions, voire dans plusieurs pays.
    Une fois placés sous l'autorité directe du préfet, ils craignent également de subir des pressions, voire de l'ingérence de la part du pouvoir politique. "Potentiellement, on casse une digue", s'inquiète Christophe Korell, ancien officier de police judiciaire, actuellement détaché au ministère de la Justice. "Avec cette réforme, le directeur départemental aura connaissance des investigations qui touchent les élus alors qu'il sera en contact avec le préfet. C'est très problématique", insiste-t-il.

    Des policiers spécialistes de l'investigation

    La PJ se distingue notamment de la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP) de laquelle dépendent les policiers que l'on trouve dans les commissariats. Alors que ces derniers gèrent la délinquance du quotidien (vols avec violences, conflits de voisinage, violences intrafamiliales…), les enquêteurs de la PJ sont saisis directement par un procureur ou par un juge d'instruction pour réaliser des investigations sur les infractions les plus compliquées, qui nécessitent du temps et des connaissances spécifiques.

    Les enquêteurs de la PJ ont pour la plupart le statut d'officier de police judiciaire (OPJ), ce qui leur permet de placer une personne en garde à vue, de procéder à des perquisitions, de placer une personne sur écoute ou de requérir des organismes pour avoir des informations. Les OPJ travaillent dans des brigades spécialisées. Les plus connues sont la brigade criminelle, surnommée "la Crim'", qui traite les affaires de meurtres, de viols, les enlèvements et les séquestrations, les antennes de l'Ofast (office anti-stupéfiant), les brigades financières et les brigades de répression du banditisme (BRB). Toutes sont appuyées par les brigades de recherche et d’intervention (BRI) qui peuvent aussi mener leurs propres enquêtes d'initiative.

    "Dans un commissariat, un policier peut avoir jusqu'à 400 dossiers par an, à lui tout seul. En PJ, on fonctionne souvent en binôme, voire en groupe, et on a autour d'une quarantaine de dossiers à l'année", explique Christophe Korell. Les missions des enquêteurs s'articulent autour de la criminalité organisée : ce que les experts appellent "le haut du spectre", qui va du trafic de stupéfiants au grand banditisme, en passant par les atteintes graves aux personnes, les infractions financières, le terrorisme ou la cybercriminalité. Toutes les affaires impliquant des personnalités sont également du ressort de la PJ. Stéphanie Duchatel cite l'exemple de l'agression de Kheira Hamraoui, la joueuse du PSG. "C'est nous qui l'avons traitée, du fait de la pression médiatique et politique qu'il y a autour." 

    Avec la réforme, leurs effectifs seront fusionnés avec ceux de la sécurité publique, eux-mêmes noyés sous les procédures, qu'ils n'arrivent plus à traiter. La première crainte des officiers de police judiciaire est donc de se voir attribuer une partie de ces dossiers en souffrance, leur laissant moins de temps pour traiter leurs affaires. Une inquiétude partagée par les professionnels de la justice. "On peut légitimement supposer que des officiers de PJ seront mobilisés pour travailler sur des rodéos urbains ou des violences conjugales, au détriment de leurs investigations de fond", redoute Kim Reuflet, présidente du Syndicat de la magistrature, arguant que "les directeurs départementaux et les préfets ont des objectifs statistiques avec comme priorité la baisse de la délinquance du quotidien".

    "Un travail de petite fourmi" au quotidien

    Nathalie* a passé 15 ans en sécurité publique avant de se tourner vers la PJ, au sein de la brigade criminelle de la direction zonale sud, qui couvre les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), Occitanie et Corse. Elle s'occupe quasi-exclusivement des règlements de compte "à la kalach' ou au 9 millimètres" et explique comment elle procède sur les enquêtes qui lui sont confiées. "On part toujours de la victime. Bien souvent, il y a un historique des contentieux la concernant, tenu à jour au sein de notre service : c'est l'un de nos gros points forts. Ça permet d'avoir une première idée de qui lui en veut", expose-t-elle.

    Une fois sur la scène de crime, les constatations prennent beaucoup de temps, "trois heures minimum", en comptant tous les prélèvements de la police scientifique. "C'est le moment où il ne faut rien laisser passer, le moindre élément peut être utile", insiste l'OPJ. Elle procède ensuite à une enquête de voisinage approfondie. Vient, quelques jours après, le moment de l'autopsie, qui peut apporter des éléments importants.

    "On va ensuite considérablement travailler sur la téléphonie, avec différentes méthodes, ainsi que sur la vidéosurveillance, qui nous en apprend souvent énormément, détaille-t-elle. C'est un travail de petite fourmi." Arrivent enfin l'arrestation et la mise en examen du ou des suspects. "Mais attention, ce n'est pas la finalité du dossier", prévient Nathalie. Les avocats ou les magistrats demandent souvent des actes d'enquête supplémentaires, "comme une enquête de personnalité ou l'approfondissement d'un travail de téléphonie". Selon elle, un dossier de la brigade criminelle est rarement clôturé avant un délai de deux ans.

    L'investigation est un sacerdoce. Les journées sont denses et il n'est pas rare que les filatures s'éternisent jusqu'au bout de la nuit. Les écoutes téléphoniques doivent parfois se poursuivre chez soi, pour ne pas perdre le fil. "En PJ, il faut vraiment être passionné, car c'est beaucoup de sacrifices", dit pudiquement Stéphanie Duchatel.

    Le travail des enquêteurs est d'autant plus minutieux qu'ils l'ont vu s'alourdir par des procédures pénales de plus en plus chronophages. "Tout ce qu'on fait dans une enquête de police, on l'écrit", souffle Stéphanie Duchatel. Ces dernières années, plusieurs règles ont été instaurées pour mieux faire respecter les droits des personnes interpellées ou gardées à vue, accentuant fortement la part d'administratif pour les enquêteurs. Désormais, le moindre coup de téléphone doit faire l'objet d'un procès-verbal. "Ça nous prend l'essentiel de notre temps, mais on n'a pas le choix, si on veut que l'enquête ne capote pas."

    Tiré du site de France info

  • Communiqué de l'association nationale de la police judiciaire

    L'Association Nationale de la Police Judicaire a publié un communiqué très clair que vous aurez le plaisir de lire en cliquant sur l'image. Elle prédit que la réforme envisagée est, d'ores et déjà, vouée à l'échec.

     

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  • Du rififi dans les rangs de la police judiciaire. L'avis d'un commissaire divisionnaire honoraire

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    Par Olivier Damien

    Conseiller régional de Bourgogne - Franche - Comté

    Commissaire divisionnaire honoraire

    Damien Olivier.jpgDans le silence quasi généralisé des médias, Gérald Darmanin, avec la complicité active de Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale, s’apprête à rayer d’un coup de plume plus d’un siècle d’histoire de la police. Dans le collimateur de ces technocrates implacables, la police judiciaire !

    Le crime qu’ils s’apprêtent à commettre tient dans quelques phrases contenues dans la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI) actuellement en cours de discussion au Parlement. Et plus particulièrement dans le rapport annexé à cette loi qui annonce, en son point numéro 135, la création des futures directions départementales de la police nationale.

    Présenté par leurs auteurs comme permettant dans l’avenir de mieux piloter l’action de la police au niveau territorial, cet argument ne tient évidemment pas à l’analyse. Tout d’abord à cause de la disparité de nos départements. En effet, comment une réforme d’une telle ampleur pourrait-elle être pareillement applicable à des entités territoriales aussi différentes que le sont la Lozère ou le Cantal et les Bouches-du-Rhône ou le Nord ? Dans les premiers cas, les services de police sont représentés a minima, alors que pour les deux autres, c’est l’ensemble des directions qui y sont présentes et actives. Ainsi, grâce à un coup de baguette magique, le pilotage et les choix stratégiques applicables par et pour quelques dizaines de policiers deviendraient comparables à ceux conduits ailleurs par et pour plusieurs milliers de fonctionnaires appartenant au même ministère.

    En second lieu, l’unicité de commandement n’a jamais été la garantie de l’efficacité des services. Cette réforme, pas plus que celle de même nature qui fut tentée puis annulée au début des années 1990, ne permettra qu’à quelques hauts fonctionnaires de faire une brillante carrière, mais elle se fera au détriment de l’efficacité des services d’investigation sur le terrain.

    Enfin, ce bouleversement arrive au pire moment pour la police nationale. Déjà fortement délaissée par les policiers, la mission « investigation » qui aurait besoin d’être revalorisée va se retrouver amalgamée dans la masse et finira de perdre toute attractivité.

    Il est évident que cette réforme des DDPN n’a pas été réfléchie à sa juste mesure. Exhumée du passé pour répondre à un besoin de réformer pour réformer, elle ne fera que contribuer à la mort lente que vit l’institution policière depuis plusieurs années.

    Cette agonie sera par ailleurs précipitée par les mesures également contenues dans la LOPMI qui visent à augmenter coûte que coûte le nombre des officiers de police judiciaire. Les futurs enquêteurs seront en effet formés à la va vite au cours d’une formation initiale dont la durée n’augmentera pas (elle reviendra simplement à sa durée première de douze mois). Aucune expérience sérieuse ne sera exigée de ces OPJ, puisque seulement six mois en qualité d’agent de police judiciaire seront requis.

    C’est donc à juste titre que policiers, magistrats et professionnels de la sécurité s’inquiètent d’une énième réforme de la police nationale qui risque fort d’être la dernière, tant les grands équilibres organisationnels et sécuritaires sont aujourd’hui menacés. Une réforme qui, par ailleurs, a posé au cœur de son sujet non pas la sécurité des Français, mais les préoccupations corporatistes de certains de ses promoteurs et le besoin irrépressible de communiquer d’un ministre de l’Intérieur depuis longtemps dépassé par l’ampleur de sa tâche.

    C’est donc fort de leurs convictions que de nombreux fonctionnaires de la police judiciaire, derrière certains de leurs chefs qui ont été démis ou qui ont démissionné de leurs fonctions, manifestent désormais leur mécontentement à l’instar de l’accueil qu’ils ont récemment réservé au directeur général de la police nationale à Marseille. Plus qu’une place ou un poste, c’est une mission qu’ils défendent, conscients du fait qu’une fois qu’ils auront disparu, c’est un boulevard qui s’ouvrira pour les mafias en tous genres et le grand banditisme. Et, une fois encore, les premières victimes en seront les Français.